Blocage à Sciences Po : Noam Ohana dénonce «la trahison» de la gauche française envers la gauche israélienne

  • il y a 5 mois
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Noam Ohana, gestionnaire d’un fonds de Venture Capital et réserviste dans une unité d’élite de commandos parachutistes au sein de Tsahal, répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
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Transcription
00:00 7h-9h, Europe 1 matin. Il est 7h11 sur Europe 1. Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le réserviste franco-israélien Noam Oana.
00:08 Bonjour Noam Oana.
00:10 Bonjour.
00:12 Bienvenue sur Europe 1, Noam, vous avez 45 ans, vous habitez Tel Aviv dans le civil, vous êtes gestionnaire d'un fonds international de capital risque.
00:21 Nous vous avions reçu sur Europe 1 au mois de janvier, Noam Oana, alors que vous étiez de passage à Paris.
00:26 Vous étiez venu nous raconter les opérations militaires à Gaza, auxquelles vous avez participé en tant que réserviste.
00:32 Alors, vous êtes revenu vers nous, Noam, hier, à propos de Sciences Po, votre ancienne école.
00:37 Il va y avoir ce grand débat, ce Town Hall sur la guerre à Gaza, ce matin, à la demande des étudiants après les blocages qu'ils ont menés la semaine dernière.
00:45 Est-ce que c'est le Sciences Po que vous avez connu, Noam Oana, ce Town Hall qui a lieu aujourd'hui ?
00:52 Non, non. Je pense que dans le Sciences Po qu'on a connu il y a déjà plus de 20 ans, il y avait quand même un goût pour la confrontation des idées, la confrontation politique,
01:07 mais il y avait encore la volonté d'avoir des débats directs, de pouvoir se parler face à face, et avec quand même un peu de sérénité, même sur des sujets compliqués.
01:19 Mais ce n'est pas le cas, le fait qu'il y ait un grand débat, que les étudiants aient demandé justement à pouvoir discuter avec la direction, avec leurs profs, entre eux-mêmes,
01:26 il y a quand même cette idée de confrontation des idées, c'est un petit peu ça, cette idée, non ?
01:32 Alors, je ne pense pas que ce soit le cas, parce que déjà, ce Town Hall a été obtenu dans des conditions un peu rocambolesques de chantage à l'administration,
01:46 avec la volonté aussi de rompre les liens avec les universités israéliennes, qui ont une demande un peu absurde,
01:53 venant d'une famille qui se réclame de gauche, alors qu'on sait que ces universités israéliennes sont le vivier de la gauche et du combat pour la paix en Israël.
02:04 Et donc, non, ce n'est pas vraiment les conditions d'un débat serein qui auraient pu être décidées de part et d'autre, je ne pense pas qu'on puisse dire ça.
02:11 Est-ce qu'on en parle en Israël, d'ailleurs, Noam Oana, de ces mobilisations en cours dans les universités en France, à Sciences Po, mais aussi aux États-Unis, Columbia, UCLA, dans les facs américaines, ça bouge énormément.
02:24 On en parle beaucoup et on en parle avec consternation, parce que moi, à titre personnel, je peux le dire, parce que je suis réserviste,
02:33 j'ai fait, donc, j'étais trois mois à Gaza, mais j'étais surtout 12 mois à manifester contre le gouvernement de Netanyahou dans la rue.
02:44 Et donc, on a du mal à comprendre un peu la trahison de cette famille de gauche à Sciences Po, à Columbia et dans les grandes démocraties.
02:56 Trahison ?
02:57 Ah oui, c'est une trahison, parce que le 7 octobre, ce sont les communautés les plus à gauche de l'État d'Israël qui ont été massacrées.
03:07 Les gens qui ont été massacrés le 7 octobre dans les kibous, les collectivités agricoles du sud du pays, ce sont des gens qui votent à 80% pour Méretz, pour l'extrême gauche.
03:16 S'ils étaient en France, ils seraient dans la rue contre Macron et la Macronie.
03:21 Donc, ces gens qui ont des noms qu'on a complètement oubliés à Sciences Po et ailleurs, c'est la famille Simantov, avec Tamar,
03:33 qui voulait devenir maire de toutes ses collectivités et qui a fait une campagne qui est encore en ligne et qui est morte avec ses trois enfants,
03:41 ses deux jumelles de 5 ans, son fils de 2 ans et son mari brûlés vives.
03:45 C'est Chaim Katzmann qui était un DJ et qui a fait son doctorat sur les tentatives de paix et qui est mort de manière atroce.
03:59 C'est Viviane Silvert qui avait 74 ans, qui a passé toute sa vie à militer pour la paix, contre la déshumanisation des Palestiniens et qui est morte
04:10 et dont on n'a même pas pu retrouver le corps parce qu'il ne restait que des restes.
04:15 Tous ces gens-là, c'est le cœur battant de cette gauche israélienne qui demande à voir les Palestiniens comme autre chose qu'un ennemi.
04:27 Et ils ont été complètement oubliés, passés à la trappe par nos amis étudiants.
04:34 - On a vu ces dernières semaines Noam Oana qu'être juif à Sciences Po, ce n'était pas évident.
04:40 Il fallait un peu raser les murs, on pouvait se faire même virer de son amphi, l'amphiboutmi.
04:44 Il y a eu cette séquence il y a 2-3 semaines d'une étudiante juive qui a été recalée parce que juive et considérée comme sioniste.
04:54 Est-ce que c'était dur d'être juif à Sciences Po quand vous y étiez ?
04:58 Alors vous, c'était à la fin des années 90, vous en êtes sorti en 1999 Noam Oana.
05:03 Est-ce que déjà vous ressentiez une forme d'hostilité à votre égard ?
05:06 - D'abord, ce n'est pas simple d'être juif en France si vous me permettez.
05:12 Mais c'est quand même quelque chose avec lequel d'abord on apprend à grandir.
05:18 Comme ce n'est pas simple d'être un jeune étudiant musulman qui s'appelle Mohamed et qui cherche un emploi, c'est juste que les difficultés sont autres.
05:28 Donc nous, à l'époque, on a eu un camarade, David Gritz, qui est mort alors qu'il était en accord d'échange à l'Université Hebraïque de Jérusalem.
05:38 - C'était en 2002. - Il était parti en 2002, parti étudier l'Evinas.
05:43 Et on s'est mobilisés pour essayer de faire en sorte que l'administration, à l'époque, fasse quelque chose.
05:52 Et ça a été impossible.
05:54 Finalement, son nom figure sur une des chaises de cet amphiboutmi dont vous venez de dire un mot.
06:02 Mais ça a été très dur de faire quelque chose pour reconnaître la mémoire de ce garçon qui a publié son mémoire sur l'Evinas et le visage de l'autre.
06:09 Ça, c'était très difficile.
06:11 Et donc, effectivement, les étudiants juifs comprennent bien ce qui se joue lorsqu'on refuse l'entrée d'un amphi au motif qu'ils sont sionistes.
06:18 Alors la question, c'est juste de savoir si l'ensemble des Français comprend.
06:21 Mais nous, on a bien compris.
06:23 Alors, Europe 1 sera tout à l'heure, d'ailleurs, à partir de 8h devant Sciences Po.
06:26 On va essayer de suivre ce fameux Town Hall, voir ce qui s'y dit.
06:30 Mais a priori, c'est fermé à la presse.
06:32 Je profite de vous avoir en ligne, Noam Oana, puisque la dernière nouvelle de ça serait sur le point d'entrer dans Rafa,
06:38 donc au sud de la bande de Gaza, pour aller y chercher les dernières brigades du Hamas.
06:43 Est-ce que vous vous attendez, vous, à être rappelé pour aller vous battre à Rafa ?
06:48 Je rappelle que vous avez combattu à Ragnounès, notamment, au début de l'année.
06:51 C'est exact. Écoutez, c'est une possibilité.
06:55 On regarde avec un peu d'effroi la situation avec les otages israéliens,
07:06 dont on sait qu'il en reste assez peu en vie,
07:12 et le Hamas, qui a eu des offres après offres, dont la liste presque exhaustive de toutes ses requêtes,
07:21 et qui continue, si noir, de refuser de faire un deal,
07:25 dont cette jeune fille avec cette image de son badjogging ensanglanté,
07:31 Nahama Levy, qui, elle aussi, appartenait à un mouvement qui prenait le dialogue avec les Palestiniens,
07:37 et qui, à l'âge de ses étudiants de Sciences Po, et qui ne semble pas tellement les émouvoir,
07:41 et bien, nous, notre réalité, c'est effectivement de se demander si on va devoir quitter nos familles
07:48 pour aller se battre encore, pour peut-être protéger ces frontières qui sont les nôtres,
07:56 et on espère qu'on pourrait trouver une forme d'apaisement avec une intervention des États-Unis,
08:04 qui forcerait aussi ce gouvernement que beaucoup d'entre nous rejettent,
08:09 à faire un deal, à sauver les otages qui peuvent l'être,
08:13 et à rapporter un peu aussi de sérénité aux civils à Gaza,
08:17 qui vivent des moments extrêmement difficiles, et pour lesquels on n'a pas perdu un peu notre humanité.
08:26 Merci beaucoup Noam Oana d'avoir été en ligne avec nous ce matin sur Europe 1 depuis Tel Aviv,
08:32 nous raconter votre Sciences Po, dans lequel vous ne vous reconnaissez pas tellement, celui d'aujourd'hui.
08:37 Merci à vous Noam Oana, bonne journée.

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