• il y a 6 mois
Adriana Karembeu, mannequin et actrice, était l’invitée du Live Switek pour parler de la sortie de son livre “Libre” au travers duquel elle accuse un “célèbre réalisateur français” de tentative de viol et parle des violences subies par son père. 

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Transcription
00:00Bonjour, ça va ?
00:02Ça va, et moi je suis très content de vous avoir...
00:03J'ai eu peur, j'ai eu peur.
00:05Vous avez eu peur ?
00:06Mais peur, parce que je vous voyais un tout petit peu en retard là.
00:08Non, je suis là. Est-ce que je suis en retard ? Non.
00:10Non, vous êtes là, c'est parfait, c'est parfait.
00:12Je suis ravi de vous avoir en tout cas avec moi en plateau ce matin.
00:15Je lisais enfin vous raconter votre vie, toute votre vie,
00:18dans ce livre libre aux éditions Le Duc.
00:21Alors il y a beaucoup de glamour, il y a beaucoup d'amour, il y a beaucoup de paillettes.
00:24On va en parler évidemment.
00:25Il y a aussi pas mal de choses sombres aussi, on va le dire, on va y revenir tout de suite.
00:29Les violences de votre père, la fameuse page 126,
00:33qui fait beaucoup parler depuis deux jours maintenant,
00:35parce que vous portez des accusations contre un réalisateur français.
00:38On va y revenir.
00:40Libre, le titre, parce que vous êtes enfin libérée.
00:43Vous avez pu tout raconter là ce matin, ça va mieux d'une certaine manière ?
00:46Quand on écrit, quand on pose les mots sur le papier,
00:50c'est vrai que c'est une espèce de libération.
00:53Oui, je pense qu'il faut extérioriser ce qu'on a en soi.
00:57Cette fois-ci, c'est un récit qui est quand même positif vers la fin.
01:02C'est quelque chose, c'est mon histoire que je voulais écrire pour ma fille.
01:06Du coup, j'ai vraiment pris le temps et c'est sans filtre.
01:10Pour Nina, à qui vous dédiez ce livre, c'est sans filtre effectivement.
01:13Libre, heureuse, on va raconter les moments heureux,
01:16les rencontres qui ont bouleversé votre vie.
01:18Mais si on revient au début, on parlait des choses sombres.
01:21Vous êtes née en 71, je ne me trompe pas, en Tchécoslovaquie.
01:24Régime communiste très dur.
01:26Vous grandissez d'abord loin de votre mère,
01:28qui pendant plusieurs années va faire ses études de médecine.
01:31C'est votre starka, je prononce bien.
01:34Starka, ça veut dire grand-mère en Slovaque.
01:36C'est la grand-mère qui va en grande partie vous élever à ce moment-là.
01:39Votre père, lui, est d'une cruauté terrible.
01:42Il y a des pages absolument terribles sur votre père.
01:44Qu'est-ce qu'il vous fait subir quand vous êtes petite ?
01:47C'est souvent des humiliations,
01:54des remarques que je suis nulle,
01:57que je suis bonne à rien,
01:59que ma vie va être terrible.
02:04J'ai l'impression que je n'existe pas,
02:07et que je ne devrais pas exister.
02:09Quand on est un enfant, c'est compliqué de se défendre.
02:12En fait, on ne peut pas.
02:14Surtout que je l'ai cru.
02:18Je pensais vraiment à quoi ça sert d'être là,
02:22puisque mon futur est tellement pitoyable.
02:27J'ai ressenti, pas la haine contre lui,
02:31mais plutôt la peine pour moi-même pendant longtemps.
02:36Vous parlez d'humiliation, vous donnez des exemples.
02:39Je lis vos mots.
02:42« Si j'ai le malheur d'oublier d'éteindre la lumière en quittant une pièce,
02:45il me fait écrire 200 fois cette phrase interminable.
02:48Aujourd'hui, 12 février, quand je suis sorti de ma chambre,
02:51je n'ai volontairement pas éteint la lumière et je suis parti dans la salle de bain.
02:54Ce n'est pas bien. »
02:55Ça, c'était tous les jours ?
02:56Non, pas tous les jours.
02:59Je savais qu'il rentrait à 15h50.
03:03Jusqu'à l'arrivée de ma maman à la maison,
03:06c'était une atmosphère tellement pesante.
03:11La crainte soit d'humiliation, soit de rabaissement, soit de violence physique.
03:19Pas tous les jours, mais cette attente entre deux événements
03:22qui était finalement la plus compliquée.
03:25L'arrivée de votre mère, vous racontez à quel point elle vous soulage tous les jours à 15h50, me semble-t-il ?
03:30Mon père, il arrivait à 15h50 et elle arrivait à 18h30.
03:34Ça, c'était le soulagement.
03:36Vous dites qu'il n'y avait pas de haine contre votre père.
03:38Il n'y avait pas de haine à l'époque.
03:40A l'époque. Aujourd'hui, vous ne citez jamais son prénom.
03:43Et vous dites, par exemple, quand votre fille Nina arrive,
03:47vous espérez qu'elle n'aura absolument pas les traits de son grand-père.
03:50Ça, je n'avais pas envie qu'elle le voie.
03:53Parce que le mal qui m'imposait, je n'avais pas du tout envie qu'elle croise son regard.
04:01C'est terrible.
04:02Mais cette haine est revenue avec la naissance de ma fille.
04:05Parce que c'est là où je me suis rendue compte à quel point c'est abominable
04:10d'avoir ce genre de comportement envers son propre enfant.
04:13Je ne comprenais plus. Là, j'avais la haine.
04:17Je le disais, il y a la page 126 dont on va parler.
04:22J'ai retenu ce chiffre-là.
04:24Mais vous racontez votre arrivée en France, vos années, vos débuts dans le mannequinat.
04:30Dans le mannequinat, vous n'avez pas vécu, pas connu de choses sexistes, d'agressions.
04:37Dans ce monde-là, dans ce milieu-là, vous ne l'avez pas vu, vous ne l'avez pas vécu ?
04:40J'avais énormément de chance.
04:42Je me dis avec le recul, mais pas du tout.
04:45Ma carrière était plutôt tranquille.
04:49Je n'avais pas de rencontres négatives, sauf une.
04:56On parle de cette rencontre.
04:58Vous racontez qu'on vous conseille de rencontrer un réalisateur de cinéma qui est connu en France
05:04pour vous lancer éventuellement dans une carrière au cinéma.
05:08Qu'est-ce qui se passe ce jour-là ?
05:10J'ai rencontré un réalisateur pour un film.
05:13Je ne sais même pas s'il est connu. Je n'ai pas son nom.
05:16J'ai oublié, ça fait il y a 20 ans.
05:18C'est une tentative peut-être de quelque chose, mais ça n'allait pas jusqu'à l'enfer.
05:31Je me suis défendue.
05:34Je n'avais pas 20 ans, j'avais entre 30 et 35 ans.
05:37Je me suis défendue, je trouvais ça dégueulasse et je suis partie.
05:41J'ai mis cette histoire de côté, ce que je regrette aujourd'hui.
05:45À l'époque, je me suis dit « c'est un pauvre type, ce n'est pas grave ».
05:49Je suis quelqu'un qui a une carapace, donc j'ai mis de côté.
05:55J'ai pris une douche et j'ai mis de côté.
05:57Je précise, il n'y avait pas d'acte.
05:59Mais aujourd'hui, je me dis que c'est déjà un geste de trop.
06:02C'est déjà quelque chose qui ne devrait pas du tout arriver à personne.
06:06Je regrette de ne pas le dire.
06:08Je pensais à ma fille aussi, ou à toutes les jeunes filles qui peuvent se retrouver dans la même situation
06:12et qui n'ont pas forcément un caractère comme moi,
06:17et qui auraient pu mal vivre, très très mal vivre.
06:21Vous racontez dans le livre qu'il pose d'abord une main sur votre genou,
06:26qu'il se jette sur vous, qu'il vous embrase de force,
06:29vous donnez l'espace de quelques lignes, des détails,
06:33et vous dites à l'instant « c'était une tentative de quelque chose ».
06:36Dans le livre, vous posez des mots.
06:38Vous dites « c'était une tentative de viol ».
06:40Puisque je me débat, on n'en a pas jusqu'au acte.
06:44Mais peut-être qu'il y avait ce but-là.
06:47Vous ne donnez pas son prénom ?
06:49Parce que je ne l'ai pas.
06:51Vous ne l'avez pas ?
06:52Je ne l'ai pas.
06:53Comme j'ai balayé l'histoire, j'en ai parlé à mon agent de l'époque,
06:56mais 20 ans plus tard.
06:58Donc elle me dit « je ne sais plus qui c'était,
07:00mais je me souviens que j'ai entendu des histoires après toi similaires ».
07:04Avec le même réalisateur ?
07:06Ce que je regarde aujourd'hui, il y a un prédateur qui est en liberté.
07:10Peut-être qu'il a fait des choses similaires à d'autres personnes.
07:14Je regrette de ne pas le dire, vraiment.
07:17Vous dites « c'est pour ma fille ».
07:19C'est à ce moment-là que ces choses-là sont ressorties.
07:22C'est pour elle aussi que je le raconte.
07:24Vous dites « j'avais 35 ans et pas 20 ».
07:26C'est ça qui vous a permis d'avoir la force de résister, de le repousser ?
07:30Repousser, parce qu'à 35 ans,
07:32je suis une femme beaucoup plus forte que ce que j'étais à 20 ans.
07:35Et aussi parce que dans mon enfance,
07:38j'ai une sorte de résilience en moi
07:43où j'enlève les choses négatives parce que ça m'est déjà arrivé.
07:47Des choses désagréables ont déjà croisé mon chemin.
07:51Donc peut-être que je me défendais plus facilement que quelqu'un d'autre.
07:55Ce réalisateur français, vous l'avez recroisé quelques jours plus tard ?
07:58Oui, à peu près trois semaines plus tard,
08:00au restaurant où je suis avec mon ex-mari.
08:03Il avait vraiment l'audace de venir et de me dire « bonjour » avec un gros sourire.
08:08Je n'en ai même pas parlé avec mon mari de l'époque.
08:12Et là je me dis « non seulement il m'a fait du mal,
08:17mais je le protège de nouveau ».
08:19Parce que si mon mari était au courant,
08:21ça aurait été toute une autre histoire.
08:23Mais c'est aussi qu'il osait venir
08:26parce qu'il savait quelque part que j'étais faible.
08:30Votre mari, c'était Christian Carambeau.
08:32Oui.
08:33Je vous vois sourire à ce moment-là.
08:35C'était Christian Carambeau.
08:37Il y a un mouvement, le mouvement dans la suite de MeToo.
08:42On a un certain nombre de témoignages.
08:43Judith Gaudrech, par exemple, ces derniers temps.
08:45Et l'Assemblée nationale, par exemple, qui a décidé de lancer une commission d'enquête
08:48justement pour étudier les abus, les violences dont sont victimes les mineurs, les majeurs
08:53dans les secteurs du cinéma, de l'audiovisuel, du spectacle, de la mode également.
08:57Est-ce que vous dites là aussi « il était temps » ?
08:59Mais il était temps il y a longtemps.
09:02C'est encore un peu trop tard, mais heureusement, j'ai l'impression de dire.
09:06Parce qu'on s'habitue, on se dit, même moi à l'époque, on se dit « ouais, c'est pas grave ».
09:11Mais si, c'est grave.
09:13Donc heureusement que le MeToo est arrivé.
09:15Vous vous dites, vous vous sentez féministe ?
09:17J'ai toujours dit que pas vraiment, parce que grâce à mon métier,
09:22c'est un des rares métiers où la femme gagne plus que les hommes, déjà.
09:27Et puis dans mon parcours, j'avais tellement d'autres choses à régler,
09:32à arranger pour mener ma vie normale, tranquille.
09:36Mais quand on regarde mon parcours, c'est un parcours d'une féministe, finalement.
09:41Parce que c'est de veiller sur son chemin, de se battre,
09:46de défendre ses libertés, ses droits.
09:50En fait, c'est exactement ça.
09:52Et quel regard vous posez sur ce qu'on appelle les néo-féministes,
09:55les nouvelles féministes qui sont arrivées ces dernières années en France,
10:00et qui vont, pour certains, parfois très loin dans la dénonciation,
10:03dans l'opposition face aux hommes,
10:05face à ce que peuvent représenter le patriarcat, la culture du viol, etc.
10:09Comment vous vous positionnez par rapport à ça ?
10:11Moi, je suis une femme, j'aime les hommes.
10:14J'ai beaucoup de respect pour les hommes.
10:16Je suis peut-être éduquée un peu à l'ancienne.
10:18J'aime m'occuper de mon homme.
10:21Certains gestes ne me dérangent pas.
10:23J'aime bien la coquetterie.
10:25J'aime bien que les hommes me donnent des compliments.
10:29Donc voilà, chacun a ses moyens de s'exprimer, ses opinions.
10:36Je défends mes droits.
10:38En revanche, ils devraient être les mêmes que pour les hommes.
10:42Ça, je suis d'accord.
10:44Les hommes de votre vie, Adriana, il faut en parler.
10:47Il n'y a pas de relation intime derrière ça,
10:51mais il y a un homme qui change votre vie.
10:53Quand vous êtes à Prague, troisième année de médecine,
10:56qu'il vous voit dans la rue, qu'est-ce qu'il vous dit ?
11:00Je ne sais pas vraiment parce que je ne parle pas anglais ni français.
11:03Vous n'avez rien compris.
11:05J'ai compris parce qu'il y avait une file de filles
11:08qui attendaient dans la rue pour assister à un casting.
11:11Donc j'ai à peu près compris.
11:13Il me prend la main, il m'amène vraiment jusqu'au lieu.
11:16C'était plein de journées.
11:18C'est là où je me retrouve devant un espèce de jury
11:21et il me demande de marcher.
11:23J'ai à peu près compris.
11:25Quelques semaines plus tard, j'ai reçu ce fameux billet d'avion pour Paris.
11:30C'est là où mon destin change complètement.
11:33Quand vous faites ce casting-là,
11:35c'est ce jour-là que vous comprenez que vous êtes incroyablement jolie
11:38parce que tout le monde vous le dit à ce moment-là
11:40et tout le jury est d'accord.
11:42Incroyablement jolie, c'est gentil.
11:44Merci pour le compliment.
11:47Non, parce que dans mon pays,
11:50on n'apporte pas beaucoup d'attention sur le physique déjà.
11:54C'est quelque chose qu'on ignore presque
11:57ou même c'est mal vu.
11:59C'était mal vu si une femme s'apprête de trop.
12:05L'accent est sur l'éducation,
12:07de la manière dont on se comporte.
12:11Le métier de mannequinat n'existait pas chez nous à l'époque.
12:16Encore une fois, vous êtes communiste.
12:18J'arrive en France et je suis habillée terrible,
12:22avec des vêtements qui n'existaient pas en France.
12:26Je suis un peu humiliée
12:28et je vois cette jolie fille autour de moi,
12:30des mannequins qui faisaient des castings avec moi.
12:33Je me suis dit que ça allait être très dur pour moi.
12:38Et ça a été très dur.
12:39Vous racontez à quel point c'est difficile
12:42parce que les premiers contrats, il n'y en a pas.
12:43Vous ne gagnez pas d'argent.
12:45Je vais très vite, je passe,
12:46mais vous racontez l'épisode du Nutella
12:47où pendant 15 jours, avec votre coloc,
12:49vous vous nourrissez uniquement avec un pot de Nutella
12:51parce qu'il n'y a plus d'argent.
12:52On n'avait pas d'argent.
12:53Cette période où vous dites que c'est compliqué,
12:55c'était compliqué.
12:56Ça a duré six mois.
12:57Donc vraiment, ce n'est pas non plus hyper lent.
13:00Ça allait plutôt rapidement.
13:04Ensuite, vous vous battez,
13:05vous décrochez les premiers contrats.
13:07Il y a notamment la pub Wonderbra.
13:09Vous racontez comment vous vous battez
13:10parce que la France entière vous connaît,
13:12pardon, pour cette pub-là aussi,
13:14et le monde entier vous connaît aussi.
13:16Ne dites pas pardon.
13:17Je suis très fière.
13:18Oui, oui, c'est vrai.
13:19Je retiens le pardon.
13:20Vous avez raison.
13:21Et là, il y a une chose sur laquelle vous insistez.
13:23Vous en avez marre que certains pensent
13:25que votre carrière a décollé
13:27une fois que vous vous êtes rapprochée de Christian Carambeu.
13:30Vous dites dans le livre,
13:31attendez les mecs,
13:32j'étais déjà connue, célèbre
13:34et j'avais déjà beaucoup de succès
13:35avant Christian Carambeu.
13:37Parce que c'est vrai.
13:39Parce que c'est vrai, je travaille énormément en Italie
13:41et je suis tout à fait indépendante.
13:43Je gagne très, très bien ma vie.
13:46Mais je pense que ces liens avec Christian,
13:49c'était aussi tellement sentimentale
13:51pour beaucoup de Français.
13:53C'était une époque...
13:55C'est 1998.
13:56Voilà, c'était une époque,
13:57c'était tellement incroyable pour tout le monde.
13:59Et nous, on sort comme un couple un peu phare
14:02parce que déjà on est un couple mixte,
14:04parce qu'un couple du monde,
14:05parce qu'on était beau, je ne sais pas,
14:07il y a un truc...
14:08On voit les photos, oui, je confirme.
14:11Mais c'était tellement chouette.
14:13Vous racontez toute la vie avec Christian Carambeu,
14:16la technique de drague un peu moyenne
14:17qu'il utilise au départ.
14:18Mais il s'est bien débrouillé, je trouve,
14:20malgré cette phrase.
14:22Il vous dit, qu'est-ce que vous êtes grande ?
14:24Pas très originale.
14:26Non, pas très originale.
14:27Mais bon, les coups de foudre,
14:28ça fonctionne très, très rapidement.
14:31Et la vie avec lui, pardon,
14:33est absolument dingue derrière,
14:35votre vie à l'époque.
14:36C'est à lire dans ce livre,
14:38libre en tout cas aux éditions de Luc.
14:40Ou le Duc, pardon.
14:42Le Duc, oui, je ne me trompe pas.
14:43Le voilà, ce livre.
14:44Merci beaucoup Adriana Carambeau
14:45d'être venue chez nous.
14:46Avec grand plaisir.
14:47Ce matin, c'était un plaisir de vous avoir
14:48sur le plateau du live.
14:49Merci à vous.

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