Regardez Lenglet-Co avec François Lenglet du 06 mai 2024
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00:00 *Générique*
00:03 Langue Léco avec vous François Langlais.
00:05 Bonjour à tous.
00:06 Cher François, Xi Jinping, le président chinois, est donc arrivé à Paris hier,
00:10 mais c'est le président d'une Chine déclinante que nous accueillons.
00:13 C'est vrai, l'empire du milieu n'est plus ce qu'il était quand il s'imaginait devenir la première économie mondiale
00:20 et ambitionnait de gouverner la planète.
00:22 C'est désormais un pays affaibli et pour longtemps.
00:25 Trois chiffres en témoignent.
00:26 Le premier, c'est le plus important, la part de la Chine dans l'économie mondiale diminue
00:32 pour la première fois depuis un demi-siècle, depuis l'époque de Mao.
00:35 En 2021, la Chine comptait pour 18,4% du PIB mondial,
00:40 c'est 17% aujourd'hui, bien moins que les Etats-Unis.
00:44 - Mais excusez-moi, comment est-ce possible ? La Chine est toujours en croissance, non ?
00:47 - En fait, beaucoup moins qu'ailleurs.
00:48 Près de la moitié de la croissance mondiale est faite par les Etats-Unis, on n'a pas ça en tête.
00:52 Et la seconde moitié, majoritairement par les autres émergents.
00:56 L'Inde, l'Indonésie, le Mexique, le Brésil.
01:00 La géographie de la croissance s'est déplacée après avoir privilégié la Chine pendant plusieurs décennies.
01:04 - Mais pourquoi ? Expliquez-nous.
01:05 - Deux éléments.
01:06 Un, les erreurs faites par Xi Jinping et en particulier cette politique zéro-Covid
01:11 qui a congelé l'économie, vous vous souvenez ?
01:14 Et puis la campagne contre les milliardaires, contre le business.
01:17 Deux, l'effondrement démographique du pays, c'est bien sûr le plus important.
01:22 Pour vous donner un seul chiffre, le nombre d'actifs en Chine diminue
01:25 de 7 millions de personnes par an à cause du vieillissement de la population.
01:29 Incroyable.
01:30 Moins d'actifs, c'est moins de croissance et en plus ça ne fait que commencer.
01:34 Dans 20 ans, la Chine sera un gigantesque Ehpad.
01:37 - Et les tensions avec les Etats-Unis n'ont pas joué ?
01:39 - Si, si, bien sûr. Tensions en fait avec tout l'Occident
01:42 qui voit désormais la Chine comme un ennemi indirect
01:45 parce que c'est l'allié de la Russie.
01:47 Et qui redoute une invasion de Taïwan par Pékin.
01:50 C'est ce que reflète mon deuxième chiffre.
01:52 Les investissements étrangers en Chine étaient l'année dernière de 30 milliards d'euros.
01:57 Une chute de 82% par rapport à l'année précédente.
02:02 Et le montant le plus faible depuis 1993, il y a 30 ans.
02:06 C'est le raidissement politique du régime qui explique ce désamour des investisseurs.
02:09 L'alignement de la Chine sur Moscou et puis son antagonisme avec les Etats-Unis
02:14 en font désormais un pays risqué.
02:17 - Alors quel est le dernier chiffre dont vous souhaitiez nous parler ?
02:19 - C'est celui non pas de l'inflation mais de la déflation.
02:22 Alors que le monde entier connaît une flambée de la hausse des prix,
02:25 la Chine subit une baisse des prix à la consommation.
02:28 Depuis 5 mois, entre 1 et 2%.
02:30 Et c'est même pire pour les voitures, baisse de 5%.
02:34 Pire encore pour l'immobilier qui a baissé bien davantage.
02:37 C'est le symptôme d'une économie malade.
02:39 Percluses de dettes à cause de la crise immobilière
02:42 et puis de la montée du chômage, en particulier le chômage des jeunes.
02:45 Pékin a d'ailleurs arrêté de publier l'indicateur.
02:48 Au total pour nous, une Chine affaiblie, c'est une bonne nouvelle ?
02:51 - C'est bien sûr la question importante.
02:53 Face aux difficultés, une dictature peut bien sûr se lancer dans l'aventure militaire.
02:58 L'invasion de Taïwan évidemment,
02:59 pour détourner la tension du peuple et ainsi devenir plus dangereuse.
03:03 Dans le cas de la Chine pourtant, ce n'est pas le scénario le plus probable.
03:07 Une Chine moins assurée au plan économique, plus fragile,
03:11 sera sans doute plus prudente dans sa confrontation avec l'Occident
03:15 et plus incline aux compromis.
03:17 C'est le bon moment pour lui tenir tête
03:19 et pour exiger des contreparties à l'ouverture de nos marchés européens.
03:23 - Tout cela est absolument passionnant.
03:24 Merci beaucoup François Langley.
03:26 On vous retrouve bien entendu sur le site et sur l'application RTL.