Regardez Lenglet-Co avec François Lenglet du 29 mai 2024
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00:00 Et elle m'attend !
00:02 Il est 7h38, Langue d'Echo avec vous François Langley.
00:04 Bonjour à tous.
00:05 Les français, François, auraient vu leurs impôts locaux baisser de 340 euros en moyenne entre 2017 et 2023,
00:12 si l'on en croit un député de la majorité.
00:14 Oui, et pas n'importe lequel, c'est Jean-René Cazeneuve, qui est le rapporteur du budget à l'Assemblée, membre du parti présidentiel.
00:21 Alors, ces calculs ont été publiés par le journal Les Echos d'hier.
00:25 Cette économie, c'est la conséquence de la suppression de la taxe d'habitation décidée par Emmanuel Macron à son arrivée à l'Elysée.
00:33 Alors, ça pose une question, c'est ce chiffre est-il crédible ?
00:35 Écoutez, comme toujours, c'est une moyenne.
00:37 Les grands gagnants, ce sont les locataires, c'est-à-dire plutôt les ménages modestes,
00:42 qui n'acquittent plus la taxe d'habitation et donc plus du tout d'impôts locaux.
00:48 Pour les propriétaires, l'affaire est moins bonne parce que les taxes foncières qu'ils continuent à régler
00:53 ont sensiblement augmenté dans l'intervalle, pour compenser.
00:57 Et puis, de nouveaux prélèvements sont apparus sur les logements vacants, les résidences secondaires par exemple.
01:02 Car le gouvernement a rallongé la liste des communes autorisées à lever ce nouvel impôt.
01:09 Pour les multipropriétaires, qui possèdent donc au moins deux logements, l'économie n'est donc que de 2% par rapport à 2017.
01:17 - Au total, est-ce que c'est quand même une bonne opération pour les Français ?
01:20 - Ecoutez, ce que ne dit pas le rapporteur du budget, c'est que ça n'a quand même pas beaucoup de sens de ne considérer que les impôts locaux.
01:26 Si on veut faire le vrai bilan de l'opération, il faut élargir la vocale.
01:30 - Qu'est-ce que vous voulez nous dire ?
01:32 - D'abord, les communes qui recevaient le produit de cette taxe d'habitation se plaignent de ne pas avoir été compensées correctement par l'État.
01:40 Il manquait un peu plus de 2 milliards sur la seule année 2023.
01:43 Bon, les élus forcent un peu la note parce qu'ils comptent là-dedans la suppression du bouclier tarifaire, qui les protégeait contre l'augmentation des tarifs de l'énergie.
01:52 Mais il y a plus sérieux, ce sont les autres impôts et la révolution.
01:56 - Que d'autres impôts ont augmenté au même moment ?
01:58 - Écoutez, si on compare le taux de prélèvement obligatoire global de 2016, dernière année avant l'élection de Macron,
02:06 à celui de 2022, dernier chiffre publié par l'OCDE, c'est la Bible,
02:10 et bien ce taux a augmenté de 0,7 point de PIB.
02:13 Ça fait quand même 20 milliards d'euros par an d'impôts en plus !
02:17 - Là on est curieux, quels sont les impôts qui ont augmenté ?
02:19 - Si on en croit l'OCDE, ceux qui frappent le revenu dans le produit sur la même période, 2016-2022,
02:26 est passé de 8,5% du PIB à près de 10%.
02:30 Sacré bon !
02:31 Qui explique que les Français n'aient guère de gratitude fiscale pour l'exécutif.
02:35 Et tout ça sans compter l'évolution d'un autre paramètre, le déficit public.
02:41 - Pardonnez-moi, mais quel est le rapport avec le déficit public ?
02:43 - Yves, le déficit c'est la dette.
02:45 Or, la dette, ce sont des impôts futurs sous une double forme,
02:48 la charge d'intérêt des emprunts qu'on fait, payable chaque année,
02:52 et le montant du capital à rembourser à l'échéance.
02:55 Depuis 2016, ce déficit s'est creusé, il est passé de 3,5% du PIB à 5%.
03:02 Et ça s'explique justement, en partie, par le fait que nous n'avons pas trouvé les économies nécessaires
03:08 pour financer cette suppression de la taxe d'habitation.
03:10 C'est-à-dire que, si on résume, au moins pour une part,
03:14 nous avons échangé de l'impôt actuel contre de l'impôt futur.
03:18 - Ah là là !
03:19 - Pardon, mais est-ce qu'il y a vraiment de quoi tirer un feu d'artifice, monsieur Kesselhoff ?
03:22 - Vous venez de donner la réponse, merci beaucoup, François.