Enquêtes criminelles - Affaire Hélène Pastor et Affaire Staub
L'affaire Hélène Pastor est un fait divers tragique qui a marqué la Principauté de Monaco en 2014. Hélène Pastor, riche héritière monégasque, a été assassinée à son domicile le 6 mai 2014, à l'âge de 59 ans. Son fils, Wojciech Janowski, a été grièvement blessé lors de l'agression.
L'enquête a été longue et complexe, mais elle a finalement permis d'identifier et d'arrêter les auteurs du crime. Vojin Vucetic, un ancien boxeur serbe, et son complice, Milos Deretic, ont été condamnés à la réclusion à perpétuité en 2018.
L'affaire Staub est une affaire criminelle française qui a eu lieu en 2011. Pascal Staub, un homme d'affaires français, a été assassiné à son domicile à Paris le 9 novembre 2011. Sa femme, Nathalie Vauclair, a été accusée du meurtre et condamnée à 20 ans de réclusion criminelle en 2014.
L'affaire Staub a été très médiatisée en France en raison du profil des protagonistes et des circonstances du crime. Plusieurs éléments de l'enquête ont été controversés, notamment la mise en cause de Nathalie Vauclair, qui a toujours clamé son innocence.
L'enquête a été longue et complexe, mais elle a finalement permis d'identifier et d'arrêter les auteurs du crime. Vojin Vucetic, un ancien boxeur serbe, et son complice, Milos Deretic, ont été condamnés à la réclusion à perpétuité en 2018.
L'affaire Staub est une affaire criminelle française qui a eu lieu en 2011. Pascal Staub, un homme d'affaires français, a été assassiné à son domicile à Paris le 9 novembre 2011. Sa femme, Nathalie Vauclair, a été accusée du meurtre et condamnée à 20 ans de réclusion criminelle en 2014.
L'affaire Staub a été très médiatisée en France en raison du profil des protagonistes et des circonstances du crime. Plusieurs éléments de l'enquête ont été controversés, notamment la mise en cause de Nathalie Vauclair, qui a toujours clamé son innocence.
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00:00:23 Une personne surgit et tire avec un fusil de chasse.
00:00:27 [Explosion]
00:00:28 À Monaco, c'est un véritable séisme.
00:00:31 Hélène Pastor, c'est pas n'importe qui.
00:00:33 C'est l'héritière d'un grand empire immobilier.
00:00:36 On ne peut rien faire à Monaco sans l'aval de la famille Pastor.
00:00:41 [Musique]
00:00:47 Ils agissent à visage découvert.
00:00:49 [Explosion]
00:00:50 Il ne s'agit pas d'un contrat avec des tueurs à gage,
00:00:53 mais d'un crime commis par des péniclés.
00:00:56 [Explosion]
00:01:00 Hélène Pastor, elle a toujours eu des doutes sur votre chèque Janowski.
00:01:04 Janowski a pris la main sur la comptabilité de la famille.
00:01:07 Il a quand même détourné en 18 mois 7 millions et demi d'euros.
00:01:11 [Explosion]
00:01:12 [Musique]
00:01:18 Bonsoir à tous et bienvenue dans Enquête Criminelle, votre émission des faits divers.
00:01:23 C'est une affaire retentissante, médiatique, hors du commun,
00:01:27 dont on parle ce soir, l'affaire Pastor.
00:01:30 Elle a pour théâtre monaco, pour victime, une milliardaire proche de la famille Princière,
00:01:35 et pour ressort dramatique, la pas du gain et la haine.
00:01:39 En 2014, Hélène Pastor, richissime héritière à la tête d'un groupe d'immobiliers monégasques,
00:01:45 est tuée dans sa voiture à la sortie de l'hôpital de Nice où elle rendait visite à son fils.
00:01:50 Son chauffeur aussi meurt sous les balles de l'assassin.
00:01:54 Dans ce dossier, rien n'est ordinaire.
00:01:57 Du mobile jusqu'à l'issue du procès.
00:02:00 C'est une enquête signée Anne-Laure Larget.
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00:02:06 Nous sommes à Monaco, ce petit état qui concentre le plus de milliardaires par kilomètre carré au monde,
00:02:13 et qui pour tous symbolise le luxe, l'élégance et la sécurité.
00:02:19 Alors nul n'aurait pu imaginer que dans ce pays surnommé la perle de la Méditerranée,
00:02:25 un tragique fait divers puisse survenir.
00:02:29 La légende dit qu'à Monaco, on peut laisser une rivière de diamants sur le siège arrière de sa voiture,
00:02:34 ne pas verrouiller les portières, et qu'il n'y a absolument aucun risque de se la faire voler.
00:02:39 Donc c'est un des états les plus sécurisés du monde.
00:02:43 Il y a des caméras partout, une police omniprésente.
00:02:47 Et pourtant, le 6 mai 2014, le rocher comme on le surnomme est frappé en plein cœur.
00:02:56 On va à Monaco où le rocher est tondeuillé après la mort d'Hélène Pastor.
00:03:00 Le prince Albert a exprimé sa profonde compassion.
00:03:05 Pour l'avoir vécu en direct, à ce moment-là, c'est l'incompréhension.
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00:03:13 Hélène Pastor, c'est pas n'importe qui. C'est l'héritière d'un grand empire immobilier qui s'appelle Pastor.
00:03:20 D'ailleurs, on appelait Hélène Pastor la vice-princesse.
00:03:25 Le fait qu'elle se fasse assassiner dans des conditions quand même atroces,
00:03:30 on a l'impression que c'est un vulgaire règlement de compte,
00:03:34 tout ça fait que c'est vraiment une affaire qui sort de l'ordinaire.
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00:03:42 Là, on est au cœur de l'horreur, non seulement on tue Hélène Pastor,
00:03:46 on tue le chauffeur aussi qui n'a rien à voir dans tout ça.
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00:03:52 À Monaco, c'est une affaire d'État, le décès d'Hélène Pastor.
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00:03:57 Il faut tuer la veille, il faut me trouver les gens pour tuer la veille.
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00:04:02 Le fric est au rendez-vous du crime.
00:04:04 500 000 euros, un demi-million d'euros, c'est de la las.
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00:04:18 Monaco, le paradis des milliardaires.
00:04:22 Nous sommes le 6 mai 2014,
00:04:25 derrière les fenêtres du très chic immeuble portant le nom de sa famille,
00:04:30 Hélène Pastor, une richissime femme d'affaires âgée de 77 ans,
00:04:36 règle les dernières affaires urgentes de la journée.
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00:04:41 L'après-midi est déjà bien avancé.
00:04:44 Au pied de l'immeuble, son chauffeur et homme de confiance,
00:04:48 Mohamed Darwish, l'attend.
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00:04:57 Mon père il travaillait à peu près depuis 15 à 16 ans chez Hélène Pastor.
00:05:00 Et c'est quelqu'un, je crois, qui a toute la confiance d'Hélène Pastor,
00:05:05 qui est à la fois son cuisinier, son majordome, son chauffeur,
00:05:11 peut-être même son confident.
00:05:13 En ce 6 mai 2014, Mohamed Darwish, le majordome,
00:05:18 qui connaît parfaitement les habitudes de sa patronne,
00:05:21 sait exactement où il doit la conduire.
00:05:24 Car depuis 5 mois, tous les jours à la même heure,
00:05:27 Hélène Pastor et son chauffeur quittent Monaco
00:05:30 pour se rendre à une vingtaine de kilomètres de là.
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00:05:37 Ici, à l'hôpital Larcher de Nice,
00:05:40 où est hospitalisé Gilles Daup, le fils de Madame Pastor.
00:05:45 Il a 47 ans et il vient de subir un grave accident vasculaire.
00:05:50 Elle venait tous les jours.
00:05:53 C'était son habitude.
00:05:58 Et voilà. Moi, je ne pouvais pas parler et j'étais allongé.
00:06:06 Il faut vous dire que je ne marchais pratiquement pas.
00:06:10 Je ne parlais pas, pas très bien du moins.
00:06:14 Mais elle venait me voir tous les jours, une heure.
00:06:18 Ce 6 mai, il est 19 heures
00:06:21 lorsqu'Hélène Pastor s'apprête à prendre congé de son fils.
00:06:27 À cet instant, ni l'un ni l'autre ne se doutent qu'à l'extérieur,
00:06:32 deux hommes viennent de prendre position sur le parking de l'hôpital.
00:06:38 Le compte à rebours vient de commencer.
00:06:42 Dans quelques secondes, le monospace noir
00:06:45 va être la cible d'une terrible attaque à main armée.
00:06:51 Et à l'instant où il sort du parking et qu'il tourne à droite pour emprunter la route,
00:06:56 une personne surgit et tire avec un fusil de chasse.
00:07:01 Alors deux coups de feu.
00:07:03 Le premier en direction d'Hélène Pastor.
00:07:06 Et le second va rentrer en partie le canon dans la voiture
00:07:09 pour tirer sur M. Darmisch.
00:07:13 La riche héritière et son chauffeur
00:07:16 viennent de tomber sous les balles d'un commando.
00:07:20 À quelques dizaines de mètres de là, cloué sur son lit,
00:07:24 Gildo, le fils d'Hélène, comprend très vite
00:07:27 que quelque chose de grave vient de se produire.
00:07:31 Je sens une sorte de panique. Je ne comprends pas ce qui se passe.
00:07:36 Et puis un garde, enfin un homme de la police
00:07:41 se met à travers ma porte et bloque l'accès.
00:07:49 Et puis j'appelle la directrice et elle me dit
00:07:56 "Le chauffeur de votre mère et votre mère ont été touchés."
00:08:02 Je suis hyper inquiet.
00:08:07 Mon épouse vient me voir et elle me dit
00:08:12 "J'ai parlé avec la directrice et il faut que tu t'en ailles."
00:08:18 Le personnel de l'hôpital est sur les dents.
00:08:22 Gildo n'est pas n'importe qui.
00:08:25 Propriétaire de l'écurie de course automobile de Monaco,
00:08:29 c'est surtout un proche du prince Albert.
00:08:32 De manière très secrète, il a été décidé,
00:08:36 tant par la famille que par les autorités de Monegasque,
00:08:40 qu'il vaut mieux qu'il rentre à Monaco pour sa sécurité.
00:08:45 Quant à Hélène Pastor et Mohamed Darwish,
00:08:49 ils sont immédiatement transférés au service de réanimation
00:08:54 d'un autre hôpital niçois.
00:08:57 Leur pronostic vital est gravement engagé.
00:09:01 Et pour des raisons de sécurité,
00:09:06 Hélène Pastor sera admise sous un faux nom.
00:09:11 Sur les lieux de la fusillade,
00:09:14 moins d'une demi-heure après la tragédie,
00:09:17 la scène de crime est gelée.
00:09:20 Les experts de la police scientifique inspectent minutieusement
00:09:26 le moindre millimètre du monospace noir d'Hélène Pastor.
00:09:31 C'est une affaire très délicate.
00:09:34 Le ministère de l'Intérieur est au courant très rapidement.
00:09:37 Les policiers vont prendre toutes les précautions sur la scène de crime.
00:09:41 Grâce aux impacts de balles,
00:09:44 les experts en balistique déterminent que l'arme du crime
00:09:47 est un fusil à canon scié comme celui-ci.
00:09:51 Une arme qui ne ressemble pas à celle utilisée par le grand banditisme.
00:09:56 C'est une arme de chasse qui est utilisée.
00:10:00 Généralement, les règlements de compte à Nice, c'est du 1143.
00:10:05 Là, c'est de la chevrotine. C'est un peu curieux.
00:10:09 Étrange, en effet.
00:10:16 D'autant que l'hypothèse du crime grappuleux va elle aussi être écartée.
00:10:20 Car sur le siège passager de la voiture,
00:10:23 les enquêteurs retrouvent le sac à main d'Hélène Pastor
00:10:26 qui contient une petite fortune.
00:10:29 Ils vont découvrir dans le sac d'Hélène Pastor,
00:10:34 des armes de 100 euros qui n'ont pas été dérobées.
00:10:37 Ils vont donc exclure assez rapidement le crime grappuleux.
00:10:40 Alors, si ce n'est pas un règlement de compte lié au grand banditisme,
00:10:44 ni un crime grappuleux qui a mal tourné,
00:10:47 quel était le mobile de cette fusillade ?
00:10:50 Et surtout, qui en était la cible ?
00:10:53 Hélène Pastor ?
00:10:56 Ou bien son fidèle chauffeur Mohamed Darwish ?
00:11:01 Pour le savoir, la police judiciaire
00:11:04 oriente dans un premier temps ses investigations
00:11:07 sur l'entourage du majordome.
00:11:11 - J'ai été entendu 3 ou 4 fois à la police à Nice.
00:11:14 Ils m'ont posé des questions sur mon père.
00:11:17 Au début, il avait commencé comme maître d'hôtel
00:11:20 et dernièrement, c'était devenu aussi son chauffeur.
00:11:23 Le rapport, il s'est passé très bien.
00:11:26 C'est lui qui venait le matin à la maison pour préparer le petit-déjeuner.
00:11:29 Et le soir, vers 21h ou 21h30, ça dépend,
00:11:32 il fermait la porte de la maison et rentrait à la maison.
00:11:35 - Il a été arrêté ? - Il a été arrêté.
00:11:38 - Il a été arrêté ? - Il a été arrêté.
00:11:41 - Il a été arrêté ? - Il a été arrêté.
00:11:44 - Il a été arrêté ? - Il a été arrêté.
00:11:47 - Il a été arrêté ? - Il a été arrêté.
00:11:50 - Il a été arrêté ? - Il a été arrêté.
00:11:53 - Il a été arrêté.
00:11:56 - Il a été arrêté.
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00:12:02 - Il a été arrêté.
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00:15:41 - C'est ce qu'Ellen Pastore raconte aux enquêteurs sur son lit d'hôpital.
00:15:47 - Je suis montée dans la voiture.
00:15:50 J'ai vu sur le côté droit un noir avec une arme qui l'a levée sur moi.
00:15:55 - Elle décrit cette arme qu'il mit sur la porte pour tirer un autre coup.
00:16:02 - La milliardaire a des choses à dire.
00:16:05 Mais à cause de la fatigue, l'audition doit s'arrêter.
00:16:10 - J'ai peur.
00:16:13 Je veux vous revoir car j'ai des choses à dire.
00:16:17 - En réalité, ce seront les derniers mots de l'audition d'Ellen Pastore.
00:16:23 Car la riche héritière va perdre connaissance sans avoir trouvé la force de désigner son assassin.
00:16:31 Elle ne se réveillera jamais.
00:16:35 - On va à Monaco où le rocher est endeuillé après la mort d'Ellen Pastore.
00:16:41 Le 21 mai 2014, Ellen Pastore décède des suites de ses blessures.
00:16:47 L'annonce de la mort de la riche héritière inonde immédiatement les ondes et fait les gros titres des journaux du monde entier.
00:16:55 - À Monaco, c'est un véritable séisme.
00:16:58 Il faut savoir que c'est le ministre de l'intérieur monégasque qui alerte la famille Pastore.
00:17:05 C'est une affaire d'Etat, le décès d'Ellen Pastore.
00:17:10 Avec la mort d'Ellen Pastore et de son majordome, la vie de la riche héritière est en danger.
00:17:25 Avec la mort d'Ellen Pastore et de son majordome, c'est toute la police de Nice qui est mobilisée.
00:17:31 Il faut vite retrouver les meurtriers.
00:17:35 Des moyens colossaux sont déployés, dignes d'une chasse aux terroristes.
00:17:40 Pourtant, personne n'imagine que ce sont des amateurs qui ont manigancé le double assassinat.
00:17:48 - Très rapidement, les policiers vont avoir la preuve qu'il ne s'agit pas d'un contrat avec des tueurs à gage hyper professionnels, mais d'un crime commis par des pieds nickelés.
00:18:00 C'est l'exploitation des caméras de surveillance du parking de l'hôpital qui leur offre une première surprise.
00:18:14 Sur ces images, les policiers voient distinctement l'homme qui a tiré.
00:18:20 Et ce n'est pas tout. Il y a un deuxième homme, un peu plus loin, coiffé d'une casquette rouge, vraisemblablement chargé de faire le guet.
00:18:33 - Ils agissent pratiquement à visage découvert. Et donc, ça va permettre de faciliter en partie le tracé, notamment par l'exploitation de toutes les vidéosurveillance.
00:18:47 L'étude approfondie des bandes de vidéosurveillance de l'hôpital va fournir aux hommes de la PJ une autre surprise de taille.
00:18:58 - Ils vont voir à 18h34 un taxi déposer un premier personnage qui arrive avec une casquette rouge.
00:19:08 Et puis, 13 minutes plus tard, un individu tout de noir vêtu arrive avec un autre taxi.
00:19:15 Deux malfaiteurs armés qui arrivent en taxi, c'est du jamais vu dans une enquête de police.
00:19:23 - Dans le grand banditisme, quand on veut faire ce genre de choses, on vole une voiture, on vole une moto, et après, on la brûle. On connaît là qu'ils vont y aller en taxi.
00:19:33 Cet amateurisme est une aubaine pour les enquêteurs qui se procurent auprès de la centrale de taxi les deux numéros de portable qui ont servi à commander les voitures.
00:19:46 Et c'est ainsi, grâce au bornage des téléphones, que les hommes de la PJ vont reconstituer minute par minute l'itinéraire du commando le jour du meurtre.
00:19:57 Tout commence ici à Marseille, le 6 mai 2014, le jour du guet-apens avec l'achat par les suspects des deux téléphones portables.
00:20:13 Dans cette boutique.
00:20:16 - Les deux téléphones sont activés sur la Canbière, donc toujours à Marseille, 12h12, 12h18. On va les voir progresser jusqu'à la gare Saint-Charles.
00:20:30 Sur les images de vidéosurveillance de la gare de Marseille, on aperçoit d'ailleurs très distinctement les deux hommes qui montent dans le TGV 6821 à destination de Nice.
00:20:42 A leur arrivée, les suspects sont à nouveau repérés à 15h39 par les caméras de vidéosurveillance de la gare.
00:20:57 Une demi-heure plus tard, c'est une fois encore leurs téléphones qui les trahissent. Ils activent un relais implanté à quelques mètres de cet hôtel.
00:21:09 - Ils vont aller prendre une chambre, ils vont rester à l'hôtel, prendre une douche. C'est une des choses où on n'a pas eu vraiment d'explication.
00:21:21 Certains pourraient dire avant de passer à l'acte qu'il fallait prendre une bonne douche de manière humoristique, mais c'est vrai qu'avec un peu de cynisme.
00:21:29 50 minutes avant l'attaque à Maharmé, comme on le voit ici, l'homme à la casquette rouge, le guetteur, part le premier de l'hôtel en taxi. Il est alors 18h18.
00:21:45 Puis, 7 minutes plus tard, c'est au tour du tueur de quitter l'hôtel et de prendre lui aussi un taxi pour se rendre à l'hôpital.
00:21:55 - Et la suite, les policiers la connaissent. À 19h, les deux hommes sont en place. À 19h05, Hélène Pastor descend pour prendre sa voiture.
00:22:06 - Et vers 19h10, le tueur va tirer à deux reprises. Une fois sur Hélène Pastor, une fois sur Mohamed Darwish.
00:22:14 Grâce à la téléphonie et aux caméras de vidéosurveillance, l'enquête sur les meurtres d'Hélène Pastor et de Mohamed Darwish vient de faire un bon spectaculaire.
00:22:28 Il ne reste plus aux policiers qu'à mettre un nom sur le visage de ces deux hommes, coupables du double assassinat. Et là encore, ça ne va pas être très difficile.
00:22:42 - Quand les policiers s'aperçoivent que les suspects ont réservé une chambre d'hôtel tout près de la gare de Nice, ils se dépêchent d'aller évidemment perquisitionner. Et là, ils ont une chance incroyable.
00:22:56 - Ils vont découvrir un flacon de gel douche dans une des deux chambres. Et sur ce flacon de gel douche, il y a de l'ADN.
00:23:07 - Et bingo, ça match dans les fichiers avec un homme qui est connu et qui habite Marseille.
00:23:13 Cet homme, c'est Saïd Ahmed, un Marseillais de 24 ans déjà condamné par le passé pour trafic de stupéfiants.
00:23:22 Les enquêteurs connaissent désormais le nom de celui qui a tiré sur Hélène Pastor et Mohamed Darwish.
00:23:33 Reste à savoir qui est son complice, l'homme à la casquette rouge, celui qui était chargé de faire le guet au moment de la tuerie.
00:23:41 - Les policiers vont identifier le deuxième individu parce qu'il continue à utiliser son téléphone portable, celui qui était dédié normalement à son crime.
00:23:52 - Il s'appelle Hamadi, il a 31 ans et il est connu aussi des services de police.
00:24:00 Le guetteur à gauche et le tireur du parking de l'hôpital à droite sont désormais identifiés.
00:24:07 Mais quel peut être le lien entre ces deux petits délinquants des cités marseillaises et Hélène Pastor, la milliardaire monégasque ?
00:24:17 La réponse ne va pas tarder à arriver.
00:24:20 - Les policiers avaient l'image, ils vont maintenant avoir le son parce qu'ils vont placer ces deux hommes sous écoute.
00:24:26 Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils sont très, très bavards.
00:24:30 - Et là, ils vont intercepter, notamment avec Hamadi, un certain nombre de conversations où presque à chaque fois, on parle du blanc.
00:24:39 Le blanc, c'est lui qui a l'argent, c'est lui qui décide. On a un peu l'impression que le blanc, c'est le chef d'orchestre, en tout cas, que ce serait le commanditaire.
00:24:46 De fil en aiguille, grâce à la téléphonie et aux filatures, les policiers identifient ceux qui semblent être en contact avec le guetteur et le tireur.
00:24:57 Et notamment celui que l'on surnomme le blanc, alias Pascal Doriac, 46 ans.
00:25:03 Et chose incroyable, c'est un proche de la famille Pastor.
00:25:08 - Doriac, c'est un coach sportif, c'est un garçon qui a l'air plutôt équilibré, sain, qui a une clientèle plutôt aisée sur Monaco.
00:25:23 Et parmi la clientèle de Doriac, il y a un couple. Et c'est pas n'importe qui, ce couple.
00:25:29 Lui, c'est Janevski, elle, c'est Sylvia Pastor, la fille d'Hélène Pastor.
00:25:35 Dès lors, l'affaire Pastor que tout le monde voyait comme un sordide fait divers bascule vers une tragédie intrafamiliale.
00:25:48 Et tous les regards se concentrent maintenant sur le gendre de la riche héritière, Volzhek Janevski, le compagnon de la fille d'Hélène Pastor.
00:25:58 L'homme a 65 ans, il est polonais. A Monaco, il est d'ailleurs conçu l'honoraire de son pays.
00:26:05 Au-delà de ce titre prestigieux, Janevski est surtout à la tête de la 5e raffinerie de pétrole polonaise.
00:26:17 Janevski a une trajectoire quand même assez incroyable, puisqu'il quitte la Pologne très jeune et il débarque à Londres avec 100 livres sterling.
00:26:26 Et très rapidement, il fait une carrière tout à fait honorable dans les casinos de Londres.
00:26:34 Puis il se retrouve quand même directeur de la SBM, la société des bains de mer, qui gère le casino de Monaco.
00:26:41 Et dans le petit monde très sélectif, mais le petit monde de Monaco, au bout de très très peu de temps, on l'accueille un peu partout, on le reçoit un peu partout.
00:26:52 Et donc c'est à la faveur d'un dîner, un de ces dîners mondains qu'on organise à Monaco souvent et volontiers, qui va faire la rencontre de Sylvia.
00:27:02 Sylvia Pastor a déjà un enfant d'un précédent mariage.
00:27:08 Ensemble, ils vont avoir une fille. Cette union va durer près de 28 années, sans une ombre au tableau.
00:27:14 En apparence seulement. Car Hélène Pastor, la mère de Sylvia, ne voyait pas en Janevski le gendre idéal.
00:27:22 C'est le moins que l'on puisse dire.
00:27:25 Hélène Pastor, elle a toujours eu des doutes sur votre Janevski.
00:27:30 Par amour pour sa fille, elle ne s'est pas complètement opposée à cette liaison.
00:27:37 Mais elle a eu des doutes.
00:27:40 D'ailleurs, Hélène Pastor n'était pas la seule à douter de l'honnêteté de Janevski.
00:27:45 Même son fils Gildo se méfiait de ce mythomane invétéré.
00:27:50 Car si côté pile, le consul honoraire de Pologne se présente comme un businessman à succès,
00:27:58 côté face, c'est en réalité un industriel raté.
00:28:05 La raffinerie en Pologne, c'est un désastre complet. Il a tout perdu, il a perdu tous ses procès.
00:28:12 Toutes ses affaires sont en néant.
00:28:14 Il n'y a pas de réalité d'affaires, il n'y a pas de réalité de raffinerie. Tout ça c'est du ventre.
00:28:19 La raffinerie de Janevski est donc un fœtu de paille, mais il y a plus grave.
00:28:26 En Pologne, l'homme est sous le coup d'une enquête pour escroquerie et blanchiment d'argent.
00:28:33 Et les enquêteurs se demandent si le gendre n'a pas voulu faire main basse sur la fortune de la famille Pastor.
00:28:40 En épluchant les comptes bancaires de Janevski, les policiers s'aperçoivent que ce dernier se sert abondamment
00:28:52 de l'argent que la milliardaire Hélène Pastor verse tous les mois à ses enfants.
00:28:58 Elle est tellement riche cette femme qu'elle donne à ses enfants par mois de l'argent de poche à hauteur de 500 000 euros.
00:29:13 500 000 euros, un demi-million d'euros.
00:29:17 C'est un don mensuel que cette riche mère fait à son fils et à sa fille, et libre à eux d'en disposer comme elle le souhaite.
00:29:28 Sur les 500 000 euros que verse chaque mois Hélène Pastor à sa fille, la majeure partie de cet argent est siphonée par Janevski.
00:29:37 Janevski a pris la main sur la comptabilité de la famille. C'est lui qui s'occupe des comptes.
00:29:43 Il y a quelques exemples qui sont significatifs. Il achète un yacht pour la famille et il fait croire à Sylvia que le yacht coûte combien ?
00:29:56 Le yacht coûte 4 millions d'euros alors qu'en réalité il n'en coûte que 3.
00:30:00 Il fait croire à Sylvia que les études des enfants coûtent 500 000 euros, en réalité c'était 150 000.
00:30:09 Il a quand même détourné en 18 mois 7 millions et demi d'euros.
00:30:15 Cela ne fait plus de doute, Janevski est un escroc. Mais l'escroc se doublerait-il d'un assassin ?
00:30:25 Les policiers vont amasser d'autres éléments qui accablent un peu plus le genre.
00:30:31 Car 3 mois avant la mort d'Hélène Pastor, les comptes bancaires de Janevski affichent plusieurs centaines de milliers d'euros de retrait, tout en liquide.
00:30:42 Février 77 000 euros, mars 74 000 euros et avril 97 000 euros, le tout en espèces, en cash.
00:30:53 Les enquêteurs acquièrent la conviction que cette somme d'argent, plus de 200 000 euros, est le prix du contrat payé par Janevski pour faire assassiner sa belle-mère.
00:31:04 Et que son complice dans cette entreprise criminelle n'est autre que son coach sportif, Pascal Doriac.
00:31:12 L'analyse des relevés téléphoniques des deux hommes révèle des échanges au moment clé de cette affaire.
00:31:20 Au moment de l'assassinat, il y a des textos qui sont échangés, des appels.
00:31:24 Au moment du décès d'Hélène Pastor, il a à peine sorti de la chambre d'hôpital, il envoie un SMS à Doriac.
00:31:32 On ne sait pas ce qu'il se raconte, mais la chronologie est pour le moins troublante.
00:31:38 De l'argent détourné, des retraits en liquide, des contacts téléphoniques suspects, autant d'éléments qui mis bout à bout, semblent confirmer que Janevski pourrait bien avoir commandité le double assassinat.
00:32:01 Alors, pour savoir ce qui s'est réellement passé, quel est le rôle exact de chacun dans cette pièce macabre, les enquêteurs opèrent un vaste coup de filet.
00:32:11 Le 23 juin 2014, six semaines seulement après la fusillade, tous les suspects de l'affaire et leurs compagnes sont interpellés en même temps et placés en garde à vue à la caserne Auvard de Nice.
00:32:28 Un casting assez improbable puisque ça va du consul honoraire de Pologne, de Monaco, qui est placé en garde à vue à un petit délinquant de Marseille.
00:32:37 À arrestation exceptionnelle, garde à vue exceptionnelle.
00:32:45 Les enquêteurs ont quatre jours pour déterminer le rôle de chacun, comme dans une affaire de terrorisme.
00:32:56 Et forcément, celui que les policiers attendent tous au tournant, c'est le gendre de la famille Pastor.
00:33:03 Et dès le début de son audition, Janevski donne le ton.
00:33:08 Sûr de lui, dominateur, voire écrasant. Et pour être vulgaire, il tient la dragée haute au service de police.
00:33:19 Quand par exemple, les enquêteurs le pressent de question sur la fusillade, Janevski est catégorique.
00:33:26 Êtes-vous impliqué de près ou de loin avec ce double meurtre ?
00:33:31 Non, catégoriquement non.
00:33:34 Ce que le gendre ignore, c'est que dans la salle d'audition d'à côté, Pascal Doriac, son coach sportif, est en train, lui, de se mettre à table.
00:33:47 Pascal Doriac, il dit tout. Il dit tout, sans aucune réserve, sans aucune nuance. Il passe aux aveux, il dit qui a fait quoi.
00:33:56 Et au coach sportif de se lancer dans une incroyable histoire.
00:34:01 Celle d'un homme ordinaire, qui sous l'emprise de son riche patron, va devenir un assassin.
00:34:12 C'est à Monaco, derrière les fenêtres du luxueux appartement de Janevski et de sa compagne Sylvia Pastor, que tout commence.
00:34:21 Lors d'une séance 18 mois avant le double meurtre, Doriac reçoit les confidences de son employeur.
00:34:30 Janevski explique à Doriac que Sylvia est très malade, ce qui est une réalité puisqu'elle est atteinte d'un cancer.
00:34:39 Que c'était une tragédie familiale, quotidienne.
00:34:42 Et il impute ce cancer au caractère de sa belle-mère. Il explique à Doriac que Sylvia va mourir sans doute à cause d'Hélène Pastor.
00:34:55 Et donc il lui dit de l'aider, il faut qu'il lui trouve une solution.
00:35:02 Voici exactement ce que déclare Doriac aux enquêteurs.
00:35:07 Il y a environ un an et demi, en 2012, monsieur Janevski m'a expliqué que sa belle-mère Hélène Pastor était un monstre.
00:35:14 Il m'a demandé si je pouvais lui trouver une arme pour éliminer sa belle-mère.
00:35:19 Pascal Doriac peut tétaniser parce que c'est son patron, il ne répond pas bien entendu et il s'en va.
00:35:26 Les deux hommes se revoient deux jours plus tard.
00:35:30 Janevski ne lui parle plus de rien, il n'est plus question d'arme, il n'est plus question de la belle-mère encombrante, etc.
00:35:36 À un point que Doriac se dit "mais j'ai rêvé".
00:35:39 Mais ce que Pascal Doriac ne voit pas venir, c'est la manipulation dont Voljek Janevski va faire preuve pour le mettre sous sa coupe.
00:35:50 Car à partir de cet épisode, son riche patron lui propose de venir travailler chez lui trois fois par semaine.
00:35:59 Et au fil de ces trois rendez-vous hebdomadaires, leur relation prend un tour plus intime.
00:36:06 Monsieur Janevski a commencé à être familier avec lui, à lui tenir des discours du genre "vous êtes le fils que j'aurais pu avoir".
00:36:20 Pascal Doriac, il est à la fois fasciné par la trajectoire de Janevski.
00:36:27 Pour lui, c'est un milliardaire qui a tout réussi.
00:36:30 Et d'un seul coup, il est très flatté d'être l'ami, presque l'intime de Janevski.
00:36:36 L'homme qu'il a en face de lui est devenu son ami, est devenu son guide.
00:36:44 C'est là où Janevski est très fort, c'est que pendant plusieurs mois, il est en train de manipuler son coach sportif.
00:36:56 Comme un gourou qui parviendrait à convaincre son fidèle de l'aider.
00:37:01 Et face aux hommes de l'APJ, Doriac va expliquer que Janevski ne s'est pas arrêté à ses belles paroles.
00:37:09 Car son patron va le couvrir de somptueux cadeaux.
00:37:14 Une montre, des billets à l'opéra et même des voyages.
00:37:19 Et c'est là que le coach aurait flanché.
00:37:24 Et Pascal Doriac explique qu'il n'était plus dans la position de refuser ou de s'opposer à Janevski.
00:37:30 Janevski qui transforme en or tout ce qu'il touche, Janevski qui est du domaine du dieu.
00:37:35 Janevski lui dit "Maintenant j'en peux plus, c'est plus "trouve-moi une arme", c'est mon petit Pascal, il faut me trouver les jambes pour tuer la veille".
00:37:44 Et ce serait ainsi que Doriac aurait succombé au supplice de son patron.
00:37:50 D'autant qu'il lui paraissait possible qu'Hélène Pastor puisse martyriser sa fille.
00:37:55 Il s'aperçoit qu'au quotidien, Hélène Pastor est une femme pas très facile, qui harcèle un peu sa fille.
00:38:02 Donc il en est témoin, il y a à la fois ce quotidien qui est pas très facile, et d'un autre côté il y a je pense aussi la paix du gain et l'espoir d'une vie meilleure.
00:38:17 140 000 euros en liquide, c'est ce que Doriac aurait reçu de Janevski pour le débarrasser d'Hélène Pastor.
00:38:24 Quelques semaines seulement avant le double assassinat, pour l'aider à trouver les membres du commando, Pascal Doriac aurait fait appel à son beau frère qui habite dans une cité marseillaise.
00:38:47 Et c'est ainsi qu'Amadie, souvenez-vous l'homme à la casquette rouge, chargé de faire le guet devant l'hôpital, débarque dans cette histoire.
00:38:56 Amadie le guetteur, il a plus un sou, il a plus d'argent, c'est pour ça qu'il va dire oui.
00:39:01 Mais il a besoin d'un autre homme, la pièce principale, le tueur.
00:39:06 Il va courir dans tout Marseille, il va aller dans la cité de la Joliette, et parmi les jeunes qui traînent, qui tiennent le mur, et bien il va en trouver un.
00:39:15 Il s'appelle Saïd Ahmed, le tireur qui va abattre Hélène Pastor et Mohamed Darwish.
00:39:22 Dans les locaux de la police judiciaire de Nice, il ne reste donc qu'à Janowski à passer aux aveux.
00:39:35 Mais l'homme résiste, et face aux accusations portées par son coach, il a une explication.
00:39:44 Janowski finit par admettre qu'il a payé Doriak, mais que ce n'était pas du tout pour exécuter sa belle-mère.
00:39:51 Il va expliquer aux enquêteurs qu'en fait il a été victime d'un chantage de la part de son coach sportif depuis maintenant deux ans.
00:40:00 Janowski dit "Doriak me menaçait, menaçait mes proches, et j'ai été contrainte de lui donner de l'argent pour assurer ma sécurité".
00:40:11 Seulement les policiers n'en croient pas un mot.
00:40:14 Mais plutôt que de le contredire, les enquêteurs choisissent de prêter une oreille attentive à ses propos.
00:40:21 Une stratégie qui va s'avérer payante.
00:40:25 Pendant quatre auditions, il va raconter sa vie.
00:40:29 En se contredisant un petit peu, parce qu'il a toujours cette volonté de vouloir présenter un profil extraordinaire, de businessman extraordinaire.
00:40:40 Donc il va parler, qu'il gagne plusieurs millions d'euros par an de revenus.
00:40:44 Le policier va dire "Bon maintenant on n'est pas à Disneyland, il va falloir un peu nous raconter la réalité".
00:40:51 Au bout de trois jours d'interrogatoire, l'homme plus habitué aux hôtels de luxe qu'à une jôle de garde à vue va s'écrouler.
00:41:04 Et donner une autre version.
00:41:09 Et à Janowski d'expliquer alors qu'il aurait agi pour sauver sa compagne, Sylvia, la fille d'Hélène Pastor.
00:41:25 Il était dans un état psychologique épouvantable, parce que non seulement sa femme était rongée par ce cancer, mais elle était aussi rongée par la totale indifférence des siens.
00:41:38 Vrai ou pas vrai, là encore ça n'a pas été démenti.
00:41:47 Hélène Pastor, qui aimait certainement sa fille, mais ne l'a pas ménagée.
00:41:58 Elle était semble-t-il toujours aussi agressive, exigeante avec sa fille alors qu'elle traversait ce moment extrêmement difficile.
00:42:15 Il explique qu'en réalité il souffrait de voir que sa compagne était soumise aux volontés et aux pressions de Madame Hélène Pastor, que cette souffrance lui était devenue insupportable.
00:42:31 Il considérait que là on avait atteint un point de non-retour et qu'il ne pouvait pas accepter ce mépris qu'on manifestait à celle qui partageait sa vie.
00:42:39 Et puis ce que dit aussi Wojnick Janowski pendant cette audition là, c'est que les médecins et en particulier celui qui a suivi le plus assidûment Sylvia, attribué la cause du cancer au stress, et le stress c'est Hélène Pastor.
00:43:04 Janowski ajoute que Pascal Doriac se serait chargé seul du sale boulot.
00:43:09 Car au vu de sa position plus que respectable, il ne pouvait en être autrement.
00:43:16 Et c'est à ce moment que le genre va lâcher aux enquêteurs une phrase totalement surréaliste.
00:43:29 J'ai délégué et j'attendais le résultat. C'est comme quand je travaille avec mes collaborateurs. C'est le même principe que le management.
00:43:38 Les hommes de la PJ viennent de recueillir les aveux de celui qui est bien le commanditaire du meurtre de sa belle-mère et de son chauffeur.
00:43:51 Des aveux qu'il va d'ailleurs renouveler le même jour dans les couloirs du commissariat à sa compagne Sylvia, autorisée à lui parler quelques minutes.
00:44:01 Ma soeur est pleurée et elle m'a dit, il m'a avoué à moi, il m'a dit qu'il avait en gros mis ma mère, je ne sais pas le dire.
00:44:20 Qu'il avait en gros fait tuer ma mère.
00:44:24 Sylvia, la fille d'Hélène, était loin d'imaginer ce scénario dramatique.
00:44:33 Anéantie, voici ce qu'elle dira aux enquêteurs.
00:44:37 Je ne comprends pas, parce que même si ma mère était parfois pas très gentille, elle avait un bon fond et était généreuse.
00:44:48 Je ne vois pas ce qui a pu pousser mon mari à faire une chose pareille.
00:44:52 On avait une vie magnifique.
00:44:57 Pour les hommes de la PJ, ces aveux sonnent comme le dénouement d'une enquête hors norme.
00:45:10 Six semaines après le double assassinat, les policiers ont réussi à obtenir les aveux des principaux suspects.
00:45:18 A l'issue de ces garde à vue, Janowski et Doriak, ainsi que le tireur et le guetteur sont mis en examen pour assassinat en bande organisée et écroués.
00:45:30 Avec eux, quatre autres intermédiaires finissent eux aussi en prison.
00:45:37 Dès le lendemain, ce nouvel épisode judiciaire défraie la chronique.
00:45:42 Volsjeck Janowski est passé aux aveux pendant sa dernière nuit de garde à vue.
00:45:50 Et l'encre n'a pas fini de couler, car Janowski va surprendre tout le monde.
00:45:56 En effet, après être passé aux aveux, le genre se rétraite.
00:46:04 Lors de sa première comparution devant le juge d'instruction, Janowski affirme désormais que ses aveux lui auraient été extorqués sous la menace.
00:46:17 Voici ce qu'il déclare.
00:46:20 J'ai vu beaucoup de choses horribles à cause de la deuxième guerre mondiale.
00:46:24 Torture, camps de concentration, et là, c'était pire.
00:46:30 Il explique qu'il était sous pression, qu'il a été malmené, qu'il a été maltraité.
00:46:36 Et à partir de là, il va constamment clamer son innocence.
00:46:40 Mais pour la justice, ce n'est que le discours d'un homme qui veut sauver les apparences.
00:46:47 D'autant que le mobile semble clair, il n'a pas du gain.
00:46:54 Janowski avait une vie au plan matériel assez avantageuse, grâce à Sylvia et à la famille Pastor.
00:47:02 Mais il n'était pas marié avec Sylvia.
00:47:04 Et puis à un moment donné, il a pris conscience que sa compagne était atteinte d'un cancer.
00:47:09 Que si elle était atteinte d'un cancer et si elle venait à décéder, lui se retrouverait sans revenu.
00:47:15 Et que par conséquent, ça n'était fini de ce mode de vie.
00:47:19 Fini la vie de prince, fini les yachts, fini les belles soirées.
00:47:22 Et ça pour lui, ces 28 années à monter chaque barreau de l'échelle sociale,
00:47:28 à accumuler cette fortune, cette notoriété, cette respectabilité,
00:47:32 étaient hors de question pour lui de retourner dans le caniveau.
00:47:43 Le 17 septembre 2018, le procès très attendu du double assassinat d'Hélène Pastor et de Mohamed Darwish
00:47:51 s'ouvre devant la cour d'assises des Bouches du Rhône.
00:47:54 Toute la presse judiciaire s'est donnée rendez-vous pour couvrir l'événement.
00:47:59 Et la foule se masse à l'entrée du palais de justice.
00:48:03 Tout le monde s'attend à assister à du grand spectacle.
00:48:09 D'autant plus qu'un nouvel avocat a rejoint la défense de Janowski,
00:48:13 le très médiatique Éric Dupond-Moretti,
00:48:16 qui envers et contre tous, dénonce une erreur judiciaire.
00:48:21 Éric Dupond-Moretti dénonce un acharnement judiciaire, une enquête à charge.
00:48:27 Et donc évidemment, ça fait salle pleine, déjà parce que c'est Dupond-Moretti,
00:48:31 mais également parce qu'il promet quelque part des rebondissements.
00:48:37 Dans le box, dix accusés aux profils très variés.
00:48:42 Et sur les bancs des parties civiles, le fils et la fille d'Hélène Pastor font face séparément.
00:48:51 - Ce qui est marquant, c'est également Gildo et Sylvia Pastor,
00:48:55 qui manifestement sont irréconciliables.
00:48:59 Ils ne s'adressent pas la parole, ils sont toujours séparés par des avocats.
00:49:05 L'indifférence de Gildo à l'égard de sa soeur était assez impressionnante.
00:49:08 Moi, c'est ce que j'ai ressenti.
00:49:11 Quant à Janowski, il n'en démord pas.
00:49:15 Il le dit, le répète, il est innocent.
00:49:19 - Janowski, il a un axe de défense qui est assez simple,
00:49:25 c'est que ses aveux lui ont été extorqués.
00:49:29 Donc il met en cause la probabilité des enquêteurs, les méthodes de la police.
00:49:35 - Il se radicalise, il tente de faire une forme de scandale judiciaire pour dire,
00:49:41 et c'est son seul élément, en réalité, tout ce qui s'est passé en garde à vue, ce sont des pressions.
00:49:46 - On lui a tout fait, il dira, sauf à m'avoir arraché les ongles.
00:49:50 Les accusations du gendre finissent par agacer la cour.
00:49:57 Alors, 13 jours après le début du procès, le président décide de donner le coup de grâce à Janowski.
00:50:04 Il demande que soit diffusée dans la salle d'audience l'enregistrement de ses aveux passés en garde à vue.
00:50:12 - Je pense que ça a surpris la défense, ça a surpris tout le monde, mais oui, c'est bien,
00:50:17 à un moment donné, on va voir effectivement ce qui s'est passé.
00:50:20 Le procès bascule, car les jurés, le public,
00:50:26 tout le monde découvre méduser les images d'un Janowski visiblement très détendu,
00:50:31 qui passe aux aveux face à des policiers parfaitement courtois.
00:50:36 L'extorsion des aveux ne tient pas la route.
00:50:39 - Et là, il y a un véritable décalage entre ce que Janowski a prétendu
00:50:43 et la façon spontanée, apaisée dont il va donner les réponses relativement à sa participation.
00:50:49 Dans la salle d'audience, l'effet est dévastateur.
00:50:55 La défense de Voljek Janowski vient de voler en éclats.
00:50:59 - La défense est devenue à partir de cet instant intenable et insoutenable.
00:51:08 Et du coup, Eric Dupond-Moretti va claquer la porte du tribunal furieux de la tournure que prennent les choses.
00:51:16 Le lendemain, les débats reprennent.
00:51:21 Malgré le film de ses aveux dévastateurs, Janowski continue de clamer son innocence.
00:51:27 Et là, un moment rare va se produire.
00:51:31 Signé Eric Dupond-Moretti.
00:51:35 - On attendait que cette vérité surgisse du prétoire, que, enfin, il libère sa parole.
00:51:41 Il apparaissait à le faire, Janowski.
00:51:43 C'est son avocat qui voyait que la situation devait être désastreuse,
00:51:48 et bien je vais le dire à sa place parce qu'il ne sait pas le dire et je vais vous l'expliquer.
00:51:52 - C'est-à-dire que c'est maître Eric Dupond-Moretti qui, au moment de sa plaidoirie,
00:52:00 explique qu'effectivement, Voljek Janowski a commandité le meurtre d'Hélène Pastor.
00:52:07 En revanche, la défense nie catégoriquement l'implication de Janowski dans l'assassinat de Mohamed Darwish, le chauffeur.
00:52:18 Le 17 octobre 2018, c'est le dernier jour.
00:52:24 Les jurés ont délibéré, après cinq petites heures.
00:52:29 Le coach sportif Pascal Doriac est condamné à 30 ans de prison.
00:52:35 Pour Amadi, le guetteur, pour Saïd Ahmed, le tireur,
00:52:42 et pour Janowski, le commanditaire, la cour a choisi la prison à perpétuité.
00:52:48 Maître Dupond-Moretti est sous le choc.
00:52:53 - La condamnation de Janowski pour l'assassinat de sa belle-mère, on s'y attendait, on l'avait même appelé de nos voeux.
00:53:01 En revanche, la condamnation de Janowski pour Darwish est pour nous une condamnation au bénéfice du doute.
00:53:07 Contre lui, il y avait les déclarations de Doriac et rien d'autre. Absolument rien d'autre.
00:53:12 Le 16 octobre 2018, le juge est condamné à 30 ans de prison.
00:53:16 - Ce verdict correspond totalement à ce que nous espérions, la perpétuité.
00:53:26 Je suis très content.
00:53:33 - Excusez-moi, c'est pour Janowski une condamnation exemplaire.
00:53:40 Mais pour la justice, l'affaire Pastor n'est pas encore terminée.
00:53:46 Il y aura un second procès, car Janowski, le commanditaire, Doriac, l'organisateur, Amadi, le guetteur et Saïd Ahmed, le tueur, ont interjeté appel.
00:54:01 Pour l'heure, et n'ayant pas été définitivement condamnés, ces 4 accusés restent présumés innocents.
00:54:10 - Pour prolonger cette affaire, sur ce plateau, Joseph Cohen-Saban, avocat, et François Vignole, spécialiste police au sein du groupe M6.
00:54:22 Je vous pose la question à tous les deux. Est-ce que l'enquête aurait été menée différemment si la personnalité de la victime n'avait pas été celle-là ?
00:54:31 Si ça n'avait pas été Hélène Pastor, proche de la famille princière de Monaco ?
00:54:36 - Elle aurait été effectuée, elle se serait faite, parce que chacun d'entre nous a le droit à une enquête, mais certainement différemment.
00:54:42 Il faut savoir que la victime pèse 12 milliards d'euros, et c'est rapidement ce qu'on appelle une affaire signalée.
00:54:48 C'est-à-dire que le ministère de l'Intérieur appelle la police judiciaire, la police judiciaire appelle la PJ à Nice,
00:54:55 et ils doivent avoir des résultats très très rapidement, au vu de la notoriété de la victime,
00:55:02 et aussi parce qu'on est dans une principauté à Monaco qui est un autre État, et ils ont dû déployer des moyens incroyables.
00:55:08 Il y a eu 5 millions d'analyses des différents contacts téléphoniques qui ont été passées dans toute la région et même en France,
00:55:14 ce qu'on ne ferait certainement pas pour une autre enquête.
00:55:16 - Comment expliquer l'amateurisme des hommes qui ont mené cette action ?
00:55:21 Vous qui avez défendu des personnalités du grand banditisme, Joséphe Fréle-Saban.
00:55:28 - Non, je crois que ça signe d'une certaine manière, l'amateurisme des auteurs signe la personnalité du comanditaire.
00:55:36 Quand on appartient au grand banditisme, on recrute des gens du grand banditisme.
00:55:40 Quand on n'appartient pas au grand banditisme, on peut récupérer des bras cassés qui s'affirment capables de faire quelque chose,
00:55:47 et je crois que dans ce dossier-là, c'est le Guinness Book des records des bras cassés.
00:55:52 - Oui, ils ont semé des petits cailloux blancs presque partout sur leur chemin en fait.
00:55:57 - Oui, ça part très vite parce qu'ils ont deux noms, le tueur et le guetteur.
00:56:00 La difficulté ensuite, c'est quand même de savoir qui a commandité le meurtre,
00:56:05 et pour ça, il va falloir placer en garde à vue un certain nombre de personnes et arriver à Janowski.
00:56:10 - Alors justement, Janowski, il est au cœur de ce dossier, il est aussi au cœur de ce procès.
00:56:15 Il a d'abord avoué en garde à vue, puis alors lors du procès, il se tait, il nie,
00:56:21 et là, fait incroyable devant une cour, c'est son avocat qui prend la parole et qui dit "je vais prononcer les mots qu'il n'arrive pas à prononcer".
00:56:28 Est-ce que c'est quelque chose de rare, ça, Joseph Cohen-Saban, vous qui êtes avocat ?
00:56:32 - De rare, non, ça a peu arrivé. En règle générale, on préfère que ce soient nos clients qui disent ces choses-là que nous-mêmes,
00:56:40 ne serait-ce que parce qu'eux ont une défense à assurer avant que nous n'assurions la leur.
00:56:47 Maintenant, dans des cas de figure spécifique comme c'était le cas cette fois-là, je crois qu'Eric Dupond-Moretti a eu la seule bonne réaction qu'il fallait avoir.
00:56:54 Il était dos au mur, il ne pouvait plus faire autrement.
00:56:57 - Mais un avocat peut aller à l'encontre de la ligne de défense que son client souhaite ?
00:57:01 - Pas tout à fait. Il y a une pratique, c'est écrit nulle part tout ça.
00:57:06 Quand on dit à notre client, et ça c'est notre boulot, qu'il est mort, qu'il est cuit, que c'est rapé,
00:57:13 on lui dit "Attention mon vieux, si vous ne vous expliquez pas, vous allez droit dans le mur et à de très gros ennuis."
00:57:18 Et on rencontre effectivement des gens qui, face à l'énormité de leur acte, n'arrivent pas à le formuler
00:57:25 parce qu'il y a la victime dans la salle d'audience, sa famille, etc.
00:57:28 Et à ce moment-là, nous leur demandons notre liberté de parole.
00:57:32 Et c'est quelque chose qui se fait dans le secret de l'entretien avec notre client.
00:57:38 On peut y aller, oui. Et là, on ne fait pas des cris, évidemment, on se tape dans la main.
00:57:41 J'ai ma liberté de parole et à partir de là, je m'exprime et j'essaie de le faire le plus fidèlement possible
00:57:46 de ce qu'est mon analyse et non pas des propos qu'il m'a dit en dehors.
00:57:50 - Ce qui est dévastateur pour Eric Dupond-Moretti et son client, c'est que pendant tout le procès,
00:57:55 ils ont pilonné sur cette fameuse garde à vue en disant "C'était digne d'un interrogatoire de la Stasi,
00:58:01 on m'a tout fait à part m'arracher les ongles." Là, c'est ce que dit Janoski.
00:58:06 - "On m'a mis une pression incroyable, pour vous j'avoue."
00:58:08 - Et le président, c'est assez exceptionnel, va amener la vidéo de la garde à vue.
00:58:13 On le fait en fait depuis la loi de mars 2007, c'était après le fiasco d'Outreau.
00:58:19 Il dit "On va regarder tout ça." Et là, ce n'est pas du tout ça qui se passe.
00:58:22 C'est très urbain. Si la police avait un office de tourisme, elle produirait ce clip.
00:58:27 Parce qu'on a des gens, des policiers qui sont très polis, qui disent "Voulez-vous un café ?
00:58:31 Voulez-vous une serviette ? Avez-vous bien compris ce qu'on a dit ?"
00:58:35 Et ce moment-là, il est dévastateur lors de l'audition.
00:58:37 Parce que Hérédie Pomerétis se rend compte que là, il va aller à perpet.
00:58:40 Et on arrive à ce fameux entretien avec son client en disant
00:58:44 "Si on continue comme ça, c'est fichu pour nous."
00:58:47 - Merci en tout cas d'avoir été sur ce plateau pour prolonger cette affaire.
00:58:51 Et nous allons maintenant passer au deuxième dossier de notre soirée.
00:59:01 Pour cette deuxième affaire de la soirée, nous restons dans un milieu où l'argent ne fait pas défaut non plus.
00:59:06 Un riche artisan suisse, passionné de chevaux, Martin Staub, est retrouvé mort,
00:59:11 tué sauvagement de plusieurs coups et étranglé dans son hara de l'arrière-pays de Fréjus en 2003.
00:59:17 Les enquêteurs s'intéressent à sa veuve, une allemande, Rita Hug, car le couple battait de l'aile.
00:59:23 Mais également à un promoteur immobilier, endetté, avec lequel Rita voulait créer une affaire.
00:59:30 Alors qui avait intérêt à éliminer Martin Staub ? C'est une enquête de Delphine Welter.
00:59:36 Fréjus, 30 septembre 2003.
00:59:39 Il est 15h30, quand un cri d'horreur transperce la quiétude de la campagne varoise.
00:59:45 Rita Hug, 51 ans, suisse allemande, appelle la police affolée.
00:59:54 - Allô ? Police !
00:59:56 Elle explique, dans un mauvais français, qu'elle vient de découvrir son mari au milieu d'une mare de sang dans la salle à manger.
01:00:04 - Mon mari est mort !
01:00:06 Immédiatement, la police judiciaire de Fréjus dépêche le brigadier Daniel Burghier et le capitaine Bruno Frière sur les lieux.
01:00:17 Il est aux alentours de 16h, lorsque les deux hommes arrivent au domaine de la source, un hara dans l'arrière-pays.
01:00:30 Et alors arrivés, les policiers découvrent la femme qui les a alertés, Rita Hug.
01:00:36 Elle est en état de choc.
01:00:38 - Elle est en larmes. Elle est effondrée, dévastée. Elle semble véritablement sous le choc.
01:00:44 A l'intérieur de la maison, un homme gît, sans vie.
01:00:49 Il s'appelle Martin Staub. Il a 51 ans. C'est le mari de Rita Hug.
01:00:58 - Il y avait le corps qui était allongé à ce niveau-là, par terre, face contre le carrelage.
01:01:04 - Quand on arrive comme ça sur les lieux, on voit qu'il y a eu une bagarre.
01:01:07 Que la victime, qui est là, sanguinolente, parce que ce sont des traces de sang, mais des marques de sang, de part et d'autre du corps.
01:01:13 Et puis bon, les traces de coups que portait le corps.
01:01:17 On voit que la victime s'est défendue, qu'elle était maintenue sur le ventre et achevée telle qu'elle était, à plat ventre.
01:01:24 On voit qu'il y a eu bataille. On voit que M. Staub a donné sa vie, chèrement.
01:01:32 - Tu notes bien la position du corps ?
01:01:34 Martin Staub serait donc décédé sous les coups de ses agresseurs, avant d'être étranglé.
01:01:41 - Il a été frappé à la tête à de multiples reprises.
01:01:48 - Une agression très violente, puisque son crâne semble défoncé.
01:01:53 - M. Staub aurait été la victime d'une tentative d'étranglement. Il aurait pu retrouver des traces de coups multiples sur l'ensemble du corps.
01:02:00 Les agresseurs de M. Staub s'étaient littéralement acharnés sur lui, alors qu'il se trouvait au sol.
01:02:08 - Les agresseurs, ils ne sont pas les deux mains mortes, ils sont téléfranchement.
01:02:13 - Il y a des doutes qu'il s'agit d'un meurtre ou d'un assassinat, mais pas véritablement d'un accident.
01:02:21 Quant à l'arme du crime, il semble que soit un objet contondant.
01:02:26 - A priori un gourdin, une batte, en tout état de cause, un objet à bord non tranchant, mais extrêmement dur.
01:02:36 Alors, que s'est-il passé ce 30 septembre 2003 au domaine de la source ?
01:02:44 L'enquête commence. L'identité judiciaire, l'IGI, gèle la scène de crime et procède aux premières constatations.
01:02:53 - Les collègues de l'IGI font des prélèvements sur place, prélèvements ADN au niveau des taches de sang,
01:03:00 et puis au niveau des traces papillaires sur les tasses, sur les verres qui restaient dans la pièce,
01:03:06 pour faire des comparaisons entre les familliers, les gens qui occupent la maison, la victime et les éventuelles auteurs.
01:03:17 Parallèlement, les experts utilisent également le Bluestar dans toutes les pièces de la maison, afin de détecter d'éventuelles traces de sang.
01:03:27 - Ce Bluestar, c'est une lampe halogène à couleur bleue qui détecte la moindre trace de sang.
01:03:34 - Ces recherches sont avérées négatives. On aurait dit qu'un ménage avait été fait.
01:03:37 Sur cette scène de crime, les enquêteurs ne retrouvent malheureusement aucun indice, ni aucune trace pour les aider dans leur enquête.
01:03:46 Quant à l'arme du crime, elle est introuvable.
01:03:51 Les enquêteurs vont donc entendre Rita Hug, la veuve, et voici ce qu'elle va déclarer concernant les heures qui ont précédé le meurtre.
01:04:02 D'après elle, son mari, Martin Staub, serait arrivé aux alentours de 14h.
01:04:07 Ensemble, ils auraient pris un café.
01:04:12 Puis elle se serait rendue chez une amie de la famille, à 12km du Harain, pour récupérer une tronçonneuse dont son mari avait besoin pour effectuer des travaux.
01:04:24 - Elle dit au policier "Je me suis absenté parce que mon mari voulait récupérer une tronçonneuse qu'il avait lui-même amenée et il voulait la récupérer."
01:04:34 Rita Hug déclare qu'elle serait restée environ 3/4 d'heure, 1h, chez son amie, avant de regagner son domicile vers 15h30.
01:04:44 - Elle revient à son domicile et là, elle découvre le corps de son mari.
01:04:54 - Elle contacte immédiatement les secours.
01:05:00 Les policiers procèdent immédiatement aux vérifications.
01:05:07 Ils interrogent Daniel, l'ami chez qui Rita Hug s'est rendue l'après-midi du crime.
01:05:13 - Daniel, qui est une amie de Rita Hug, qui a aussi la passion des chevaux, va corroborer cet élément et elle va lui fournir son alibi.
01:05:23 Une chose est sûre, Martin Staub aurait donc été assassiné pendant l'absence de sa femme, soit entre 14h30 et 15h30.
01:05:35 Alors que s'est-il passé durant ce laps de temps ? Martin Staub aurait-il surpris des cambrioleurs ?
01:05:43 - Vu la configuration des lieux, rodeurs ou cambrioleurs, il faut vraiment y aller exprès.
01:05:51 En plus, pour prendre la fuite, vu l'endroit, il n'y a qu'un seul passage, c'était quand même assez risqué pour des cambrioleurs de venir à cet endroit.
01:06:00 - Les traces de lutte et de violence qu'il y avait dans la cuisine n'ont pas été remarquées, les placards n'avaient pas été ouverts, les tiroirs non plus, donc nous avons écarté de suite les cambrioleurs.
01:06:10 Mais alors, qui en voulait à Martin Staub au point de le tuer ?
01:06:16 Pour le savoir, les enquêteurs vont fouiller la vie privée de la victime.
01:06:20 Peut-être s'y cachent-ils des zones d'ombre qui pourraient expliquer cet assassinat.
01:06:29 Martin Staub est l'héritier d'une entreprise familiale, fabricant de four et de cheminée à Saint-Maurice, en Suisse.
01:06:35 Et ses affaires marchent plutôt bien.
01:06:39 - C'est un artisan suisse, il gagne beaucoup d'argent.
01:06:43 - C'est un chef d'entreprise, quelqu'un qui a eu une belle réussite, mais qui a un mode de vie tout à fait classique.
01:06:50 - C'était quelqu'un qui avait beaucoup de classe, qu'on admirait, qu'on respectait, c'était un homme chaleureux.
01:06:58 - Son violon d'ingres, sa passion, c'était les chevaux et les courses de chevaux.
01:07:02 - C'est un sportif, c'est un driver, c'est quelqu'un qui est dans le dynamique.
01:07:07 - A priori un homme sans histoire.
01:07:09 Martin Staub, que son entourage surnomme Tino, s'est marié une première fois en Suisse.
01:07:15 Il a trois enfants.
01:07:17 En 1997, il rencontre Ita Hug, et c'est le coup de foudre.
01:07:23 Quelques mois plus tard, il se marie à Saint-Maurice, en Suisse.
01:07:28 Les époustous partagent la même passion, celle des chevaux.
01:07:31 Ils en possèdent d'ailleurs une dizaine.
01:07:34 Le couple fréquente les champs de course, et ils se rendent fréquemment à Cagnes-sur-Mer, sur la côte d'Azur.
01:07:42 Ils tombent tous les deux amoureux de la région, et en 2001, ils décident d'acheter à Arras, le domaine de la source, que Ita restaure entièrement grâce à leur fortune respective.
01:07:54 - Aris Ita Hug est une fille de famille, fille unique, qui est née en 1955 en Suisse, qui a été, dit le rapport d'enquête, gâtée.
01:08:04 - C'est une privilégiée.
01:08:06 Elle a été élevée par des bourgeois, des gens qui avaient des moyens.
01:08:11 Son père avait une petite imprimerie.
01:08:14 Elle avait de quoi, largement de quoi vivre.
01:08:17 Elle avait des biens.
01:08:20 Seulement, en interrogeant le personnel du Haras, les enquêteurs vont vite se rendre compte qu'au fil du temps, le couple connaissait des problèmes.
01:08:28 Tino avait même récemment annoncé à sa femme qu'il voulait la quitter.
01:08:34 - Il semble que ce couple soit sur la faim.
01:08:38 C'est ce qui va ressortir d'abord tout au long de cette procédure.
01:08:48 - Monsieur Staub dit à Rita Hug, à sa femme, il dit "Bon ben, on va divorcer".
01:08:54 "Ah bon, pourquoi ?"
01:08:56 "Eh bien, voilà, j'ai rencontré, enfin, en fait, c'était la femme de ménage qui était beaucoup plus jeune que Rita Hug, avec qui Monsieur Staub s'était mis en amour."
01:09:08 Rita accuse le coup difficilement.
01:09:13 - C'est vrai qu'elle le supporte assez mal, elle se rend compte qu'elle est trompée.
01:09:18 Mais il semble que depuis quelques temps, Rita avait repris le dessus.
01:09:23 Et d'après son entourage, elle aussi a un amant.
01:09:27 Un homme beaucoup plus jeune qu'elle, qui travaillait au Haras.
01:09:31 Alors naturellement, les enquêteurs se demandent si l'amant n'aurait pas joué un rôle dans le meurtre de Martin Staub.
01:09:37 - Il y a une piste qui doit sortir, je pense, immédiatement dans l'esprit des enquêteurs.
01:09:42 C'est un crime passionnel.
01:09:43 - Il est plus jeune qu'elle, on se dit, est-ce qu'il avait intérêt, vraiment à la conception classique, tuer le mari qui a de l'argent pour pouvoir vivre avec sa maîtresse ?
01:09:54 - Les premières pensées, dans le cadre de l'enquête, pouvaient facilement glisser dans le sens du mari, l'amant, à vaudeville.
01:10:02 Les policiers partent donc sur la piste d'un drame passionnel.
01:10:06 Le jeune amant de Rita Hug est placé en garde à vue.
01:10:11 L'homme clame son innocence et voici ce qu'il déclare.
01:10:15 - Je n'étais au courant de rien. Je ne suis complice de rien, si ce n'est d'avoir aimé.
01:10:22 Les enquêteurs vont alors vérifier l'emploi du temps de l'amant pour la journée du meurtre.
01:10:32 - Les présomptions qui pouvaient peser contre lui s'écroulent immédiatement parce que à l'heure où cela s'est passé, il a été vu par X commerçants, il était au café, il a été chercher des cigarettes, ensuite il a été chez un garagiste, enfin tout le monde peut dire qu'il n'était pas là à ce moment-là.
01:10:51 L'amant a donc un alibi solide, il est mis hors de cause. La piste passionnelle s'effondre.
01:10:59 Pas d'indices, pas de suspect, l'enquête sur la mort de Martin Staub est dans l'impasse.
01:11:05 Mais elle va vite rebondir à la faveur de l'expertise médico-légale pratiquée sur la victime.
01:11:11 En effet, le rapport d'autopsie va remettre en question la version donnée par la veuve Rita Hug qui, souvenez-vous, fixait l'heure du décès entre 14h30 et 15h30.
01:11:23 Suite à l'autopsie, on se rend compte qu'il y a des incohérences. L'heure du décès ne colle pas avec l'heure avancée par Rita Hug.
01:11:33 L'heure de la mort n'est pas 14h mais midi, donc ça veut dire qu'il était arrivé bien plus tôt.
01:11:40 Les enquêteurs sont dès lors persuadés que Rita Hug ne dit pas la vérité et cachent par conséquent des éléments compromettants pour elle.
01:11:50 Rita Hug aurait-elle menti en affirmant qu'au moment de la mort de son mari, elle se trouvait chez Daniel, l'ami des Staub ?
01:12:00 Étrange, car Daniel avait confirmé aux policiers que la veuve était bien chez elle. Les deux femmes seraient-elles complices ?
01:12:11 Pour le savoir, les policiers les placent toutes les deux en garde à vue.
01:12:18 Et face aux enquêteurs, Rita et Daniel sont visiblement mal à l'aise.
01:12:23 Les dépositions de ces deux femmes nous ont mis la puce à l'oreille. On sentait que ces deux femmes tentaient de nous cacher des choses, des éléments.
01:12:36 Il y a eu plusieurs auditions de suite pour essayer de les faire craquer.
01:12:43 Finalement, sous la pression des policiers, c'est Daniel qui craque la première. Elle leur avoue qu'elle a menti.
01:12:50 Rita n'est pas venue chez elle à 14h30, le jour du meurtre, comme elle l'avait précédemment déclaré. Mais bien plus tôt.
01:12:59 Elle explique alors que ce jour-là, si Rita est venue la voir, c'est justement pour lui demander de la couvrir.
01:13:08 Je sais qu'elle est venue chez moi et qu'elle m'a dit qu'il y avait eu une grande bagarre et que pour finir, Tino était mort.
01:13:26 Mais bien sûr, elle ne me raconte pas les détails. Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé.
01:13:36 Et Rita Hugue de demander alors à son amie Daniel de lui fournir un alibi.
01:13:41 Elle m'ouvre le coffre de sa voiture, elle me montre la tronçonneuse et elle me dit "tu diras que je t'avais prêté cette tronçonneuse".
01:13:49 Pourquoi Rita Hugue a-t-elle demandé à Daniel d'inventer cette histoire ?
01:13:54 Les policiers pressent à son tour la veuve de question.
01:13:59 Rita fléchit et finit elle aussi par craquer. Elle va alors leur donner une autre version.
01:14:06 C'est là que Mme Schloub a commencé à changer de version.
01:14:13 Et elle va dire "oui bon, je vous ai menti, j'ai eu peur".
01:14:17 Une seconde version qui mettrait deux assassins, deux auteurs.
01:14:27 Les nombres étaient même établis, ils étaient deux.
01:14:29 Deux personnes qu'elle ne connaît pas et qui agissent pensant que Rita Hugue n'est pas dans la maison.
01:14:35 Rita Hugue reconnaît finalement qu'elle a été témoin de l'agression de son mari alors qu'elle était dans sa salle de bain.
01:14:43 Elle a entendu du bruit, du bruit de bagarre, son époux se faisant massacrer.
01:14:51 Rita Hugue va indiquer qu'elle sort de la salle de bain affolée, qu'elle ne peut rien faire.
01:14:56 Les deux hommes sont décrits de manière avec une corpulence importante.
01:14:59 Des hommes plus qu'inquiétants puisqu'il y en a qui s'affublent d'une cagoule.
01:15:04 Rita Hugue raconte qu'elle aurait été prise de panique et qu'elle aurait cherché à s'enfuir.
01:15:09 Mais que les deux hommes l'auraient rattrapée.
01:15:12 Elle indique qu'elle a été menacée, que l'un des deux auteurs va sortir une arme à feu.
01:15:16 En lui disant "tu fermes ta gueule, sinon je te bute, comme ton mari".
01:15:24 Un récit rocambolesque qui ne convainc absolument pas les hommes de la police judiciaire de Fréjus.
01:15:30 Et là, on l'a passé sur le grill.
01:15:36 C'était une audition un peu plus musclée, mais moralement.
01:15:44 Rita Hugue, je pense poussée un petit peu par les enquêteurs qui la mettent face à ces contradictions.
01:15:54 "Mais ils m'ont attrapée avec l'arme".
01:15:57 Elle a commencé à pleurer.
01:16:00 Je lui ai dit "non stop, il faut vous dire la vérité, il faut vous dire exactement ce qui s'est passé".
01:16:06 La veuve va leur donner une troisième version.
01:16:10 Cette fois-ci, elle indique que son mari serait tombé dans un guet-apens.
01:16:16 Et là, elle nous raconte exactement les faits, comment ils se sont déroulés.
01:16:20 Que tout un guet-apens, une embuscade avait été mise en place.
01:16:24 Pour menacer son mari, le cas échéant, lui faire peur, mais pas plus.
01:16:30 "Mais c'est pas moi, comment j'aurais pu faire ça ?"
01:16:33 Rita Hugue déclare avoir voulu juste intimider son mari pour accélérer la procédure de divorce.
01:16:39 Elle jure n'avoir jamais voulu sa mort.
01:16:42 Elle n'avait aucune haine contre lui.
01:16:46 Et elle rajoute que l'idée de ce guet-apens ne venait pas d'elle.
01:16:49 Rita Hugue va alors livrer aux enquêteurs le nom de celui qui aurait commandité le meurtre du riche artisan suisse, Martin Staub.
01:16:57 L'homme s'appelle Claude Fleury.
01:17:00 C'est un agent immobilier de 73 ans.
01:17:04 Le 3 octobre 2003, soit 4 jours après le meurtre,
01:17:11 le capitaine Bruno Friere et ses collègues se rendent au domicile de l'agent immobilier.
01:17:16 L'homme est interpellé et placé en garde à vue pour être interrogé.
01:17:23 Mais face aux accusations de Rita Hugue, Claude Fleury nie en bloc.
01:17:29 Seulement les enquêteurs se méfient, car l'homme n'a pas la meilleure des réputations.
01:17:37 Il se disait un peu homme d'affaires. Il n'était pas sain comme gars.
01:17:42 Oui, c'est un peu un personnage... Il fait un peu mafieux.
01:17:50 Un physique particulier, tout droit sorti d'un film.
01:17:55 Il est toujours avec ses lunettes noires, le cheveu bien lisse, toujours très très bien habillé. Il fait un peu le parrain.
01:18:05 La tête de l'escroc, je ne peux pas mieux dire.
01:18:08 C'est quelqu'un qui parle assez bien et qui peut séduire des personnes qu'il rencontre,
01:18:15 parce qu'il donne l'impression de connaître beaucoup de monde et de connaître tout sur tout.
01:18:20 Il a un côté attachant et en même temps il a un côté qui fait peur.
01:18:30 Claude Fleury raconte au policier que Rita Hug est une simple cliente de sa société immobilière.
01:18:36 Et il ajoute que la veuve venait d'ailleurs de lui signer un chèque de 25 000 euros d'acompte pour l'achat d'un appartement à Bandol au bord de la mer.
01:18:45 Mais une cliente pas tout à fait comme les autres tout de même, car Claude Fleury explique que ces derniers temps il était devenu le confident de Rita Hug.
01:18:55 Et que celle-ci lui avait dressé un portrait peu flatteur de son mari, c'est le moins que l'on puisse dire.
01:19:01 Au fur et à mesure de nos relations commerciales, elle a commencé par me parler de son mari.
01:19:08 Petit à petit, elle m'a convaincu de l'idée que son mari était un sale type.
01:19:15 Elle va brosser un tableau épouvantable de son mari pour se faire plaindre, dire que c'est un homme dur, qui la vole, qui a tenté de l'empoisonner.
01:19:25 Enfin, une vision apocalyptique de son mari.
01:19:30 Une personne très agressive puisqu'il est même présenté comme ayant tué des chevaux de Rita Hug en les égorgeant.
01:19:39 Et elle se fait donc passer pour une victime vis-à-vis de son mari, ce qui apparaît pour Fleury comme étant la réalité.
01:19:47 Face au policier, Claude Fleury, l'agent immobilier, se présente comme la victime d'une femme particulièrement manipulatrice.
01:19:55 Elle va lui laisser espérer que le jour où elle ne sera plus du tout en lien avec son mari, elle pourra monter une affaire avec lui en Suisse.
01:20:08 Elle lui dit il faut m'en débarrasser, sous-entendu ou expressément dit, il faut le tuer.
01:20:14 Rita Hug lui aurait dit j'ai un mari qui est très méchant, il faut le secouer ou éventuellement le tuer.
01:20:32 Et Fleury lui dit d'accord, je vais trouver quelqu'un.
01:20:38 Claude Fleury désigne donc clairement Rita Hug comme la commanditaire du meurtre de son mari.
01:20:44 C'est Rita Stobbe qui a demandé cette chose là, c'est Fleury qui lui a dit oui en pensant que ça n'allait pas plus loin, que ça n'irait pas jusque là.
01:20:52 L'agent immobilier explique qu'il a ainsi mis Rita Hug en contact avec son homme de main et garde du corps.
01:21:01 Un certain Yves Le Guet.
01:21:04 Le Guet est l'homme à tout faire de Fleury.
01:21:11 C'est un type qui était à la dérive, qui était un peu paumé et qui semble être un peu abandonné, exclu et que Fleury prend sous.
01:21:20 Qu'il prend effectivement un peu comme un factotome si vous voulez.
01:21:25 Il faut surveiller un chantier, on va surveiller le chantier. Il faut conduire Fleury dans un endroit, on conduit Fleury dans un endroit. C'est un homme à tout faire.
01:21:32 Yves Le Guet qui admire Fleury comme son père. Et d'ailleurs Claude Fleury appelle toujours Yves Le Guet fils, toujours fils. Tu verras fils, vas-y fils.
01:21:44 Les hommes de la brigade criminelle de Fréjus vont alors s'intéresser de plus près à Yves Le Guet, l'homme de main.
01:21:52 D'après leurs premières informations, l'homme à 40 ans, il est divorcé et habite dans la région.
01:21:59 Fleury nous avait dit que Le Guet conduisait un véhicule de location de marque Citroën C5.
01:22:07 Des agences qui louent à Citroën C6R.
01:22:10 A partir de cette agence, on a réussi à récupérer l'adresse de Le Guet.
01:22:15 Donc bien sûr qu'on n'a pas été sonné à la porte en disant est-ce que c'est vous ?
01:22:20 Non, si comme nous avait décrit Fleury, Le Guet faisait 2 mètres, 100 kilos, on n'allait pas aller à l'affrontement comme ça, c'était inutile.
01:22:28 Les policiers vont donc surveiller Yves Le Guet et épier ses moindres faits et gestes.
01:22:35 On a vu qu'il travaillait de nuit et qu'il rentrait tout le matin chez lui vers le coup des 7 heures.
01:22:42 Le 8 octobre 2003, les forces de police encerclent le quartier où le garde du corps réside.
01:22:50 On voulait interpeller Le Guet à l'extérieur du domicile et non pas à son domicile de peur qu'il y ait un fourche à brûle.
01:22:58 Nous avons pris un certain recul le concernant, nous avions parlé qu'il s'agissait d'un ancien légionnaire.
01:23:03 Agressif, enfin, pratiquement un fou furieux.
01:23:07 C'était une caricature mais il fallait prendre nos précautions aussi.
01:23:10 Nous avons attendu que ce dernier sorte de son domicile, sûr qu'il ne soit pas armé, nous lui sommes tombés sur le rable.
01:23:16 L'interpellation se passe bien.
01:23:18 Dans l'ensemble, assez difficilement, ce monsieur étant un colosse, finalement nous avons réussi à l'interpeller.
01:23:28 Les policiers procèdent immédiatement à la perquisition du domicile d'Yves Le Guet et découvrent, sous l'oreiller, un pistolet.
01:23:39 Les enquêteurs se demandent à qui ils ont affaire.
01:23:42 L'homme a toutes les apparences d'un dangereux malfaiteur.
01:23:46 Il est aussitôt placé en garde à vue pour être auditionné.
01:23:51 Monsieur Le Guet va très rapidement, dans le cadre de la garde à vue, reconnaître avoir reçu une somme d'argent de la part de Rita Hug pour tuer son mari.
01:24:03 Et le garde du corps ne s'arrête pas là.
01:24:07 Il confirme aux policiers que c'est bien Claude Fleury qui l'a mis en relation avec Rita Hug.
01:24:12 Le garde du corps explique que la première fois qu'il a pris contact avec elle, c'était début août 2003, soit deux mois avant le crime.
01:24:21 Rita lui aurait alors donné rendez-vous sur le parking d'une station service.
01:24:27 Là, elle lui aurait remis une avance de 5000 euros pour donner, dit-il, une correction à Martin Staub.
01:24:36 La date est fixée. Ce sera le mardi 30 septembre 2003.
01:24:40 Et lui va déclarer dans un premier temps qu'il ne pensait pas aller jusque là, mais qu'il souhaitait simplement prendre la somme d'argent et menacer, impressionner, faire peur la victime.
01:24:55 Mais Yves Le Guet explique aux policiers que les choses ne se sont pas passées comme prévues.
01:25:02 Il raconte que le jour du meurtre, lorsqu'il arrive au Hara, un homme qu'il ne connaît pas est déjà là.
01:25:08 Un individu de petite taille, dit-il, trapu et qui portait une cagoule.
01:25:13 Il avait l'air de bien connaître les lieux et aurait proposé à Le Guet de lui prêter main forte.
01:25:19 Les deux hommes se seraient alors jetés sur Martin Staub.
01:25:25 Et ce qui devait être une petite leçon a dégénéré.
01:25:31 Une fois que c'est terminé, que c'est accompli, on s'en va et Le Guet dépose cet individu à un endroit et ne le reverra plus jamais.
01:25:38 Lors de sa garde à vue, Yves Le Guet explique aux hommes de la PJ de Fréjus que Rita Hug avait tout organisé.
01:25:46 Monsieur Le Guet nous indique clairement que Madame Staub est l'instigatrice de cet assassinat.
01:25:54 Le juge d'instruction décide alors de placer en détention les trois complices, Rita Hug, Claude Fleury, l'agent immobilier et Yves Le Guet, son homme de main.
01:26:04 Mais depuis sa prison, Rita Hug continue de nier tout en bloc et accuse Claude Fleury d'avoir commandité le meurtre de son mari avec l'aide de son homme de main, Yves Le Guet.
01:26:20 Alors, où est la vérité ? Qui dit vrai ? Au fil des témoignages, les policiers se demandent si finalement la veuve ne serait pas tombée dans un piège, savamment orchestré par Claude Fleury.
01:26:33 Car en enquêtant sur sa vie, les policiers découvrent que l'homme n'est pas un inconnu de la justice.
01:26:41 Claude Fleury a déjà été condamné par le tribunal de grande instance de Toulon à la fin des années 80 pour escroquerie.
01:26:50 Et en 2003, lorsque l'agent immobilier rencontre Rita Hug, l'homme est aux abois.
01:26:57 Ses affaires ne vont pas bien, il est même très malade.
01:27:03 Là, il se trouve en difficulté, il a des problèmes de trésorerie, il a du mal à payer son factotum.
01:27:13 Et c'est pour ça que la rencontre avec Rita Hug serait très importante pour lui, à la mesure où elle pourrait lui permettre de monter une affaire en Suisse.
01:27:20 Rita Hug propose alors à Claude Fleury de l'aider à créer une société d'import-export en Suisse.
01:27:27 Rita Hug amenait dans la société ses connaissances de la Suisse.
01:27:35 Le fait qu'il fallait une personne suisse pour créer la société, c'était obligatoire.
01:27:41 Et Fleury amenait ses connaissances du marché immobilier de la côte d'Azur.
01:27:47 Et pour lui, Rita, c'était la passerelle. C'était le moyen pour monter cette société.
01:27:55 Une aubaine pour l'agent immobilier qui espère enfin solder ses dettes.
01:28:00 Seulement, il y a un sérieux problème. Le mari de Rita Hug n'est pas pressé de divorcer.
01:28:08 Rita Stopes lui indique que ça paraît difficile compte tenu de la position de son mari, qu'il empêche de divorcer.
01:28:14 Et qui fait que les investissements qu'elle pourrait faire ne pourront pas se faire et ne pourront pas se réaliser.
01:28:20 Tant qu'ils étaient mariés, n'importe quoi que devait faire Rita, la moitié de ce qu'elle faisait allait automatiquement au mari.
01:28:29 Claude Fleury aurait donc eu tout intérêt à ce que la victime soit rapidement mise à l'écart.
01:28:37 C'est pour ça que c'était le mari. Tant qu'ils n'étaient pas divorcés, séparés officiellement, ils ne pouvaient rien faire.
01:28:43 Et pour lui, le temps prêtait parce que sa société perdait de l'argent, ils étaient pratiquement à la rue.
01:28:48 Donc il fallait faire les choses rapidement.
01:28:51 Alors Claude Fleury aurait-il orchestré la mort de Martin Stopes avec l'aide de son homme de main, Yves Le Guet ?
01:29:01 Les enquêteurs ne l'excluent pas, mais pour l'heure, l'agent immobilier réfute ces accusations.
01:29:07 Reste le mystérieux deuxième meurtrier.
01:29:12 Souvenez-vous, Yves Le Guet avait déclaré que le jour du meurtre, lorsqu'il était arrivé au Hara, un autre homme était présent.
01:29:25 Le Guet avait déclaré aux policiers qu'il ne le connaissait pas et il leur avait même donné une description plutôt sommaire.
01:29:34 Il va décrire cette personne d'un type méditerranéen, il va dire que c'est une personne de taille moyenne, de corpulence moyenne.
01:29:43 Ce dernier porte une cagoule, qu'il ait une barbe, pas gros ni maigre.
01:29:48 Cet homme détiendrait-il la clé de toute cette affaire ?
01:29:54 Pour le retrouver, les policiers de Fréjus vont éplucher méticuleusement les listings téléphoniques.
01:30:00 Ceux de Rita Hugues, la veuve, ceux de Claude Fleury, l'agent immobilier, et pour finir ceux d'Yves Le Guet, le garde du corps.
01:30:09 Et sur les listings de ce dernier, surprise, un numéro revient fréquemment le jour du meurtre, celui d'un certain Pascal Meunier.
01:30:20 Nous nous sommes penchés sur le cas de ce Meunier Pascal, qui était inconnu de nos services, une personne, une quidamme quelconque.
01:30:27 Nous nous sommes rendus compte que le jour de l'homicide, c'était là le plus important, que cet homme là, son complice l'avait contacté.
01:30:36 Reste à savoir si l'homme se trouvait dans le secteur au moment du meurtre.
01:30:41 Les policiers procèdent à l'examen du relais téléphonique le plus proche du lieu du crime.
01:30:47 La géolocalisation du téléphone de Meunier, il y a une cellule, il y a un relais qui déclenche sur la commune du Buis, sur l'autoroute.
01:30:58 Donc on se dit, il était dans le secteur ce jour là. Pour nous c'était le complice.
01:31:05 L'étau se resserre, Pascal Meunier serait donc bien le deuxième meurtrier.
01:31:13 Yves Le Guet a donc menti, il savait très bien qui était cet homme.
01:31:18 Et ce n'est pas tout, en fouillant un peu plus, les hommes de la PJ découvrent que Pascal Meunier avait travaillé par le passé, pour Claude Fleury.
01:31:29 Six mois plus tôt, l'homme avait été engagé comme gardien pour surveiller un chantier en construction.
01:31:38 Donc les trois hommes se connaissent, et les policiers finissent par localiser le fameux Pascal Meunier.
01:31:45 Nous l'avons mis en surveillance de son domicile, nous l'avons photographié pour savoir à qui nous avions affaire, connaître ses habitudes.
01:31:52 Nous avons appris que ce dernier travaillait tôt le matin, partait travailler tôt le matin, 4h du matin.
01:31:57 Le 5 novembre 2003, soit un mois après la mort du riche artisan suisse, Pascal Meunier est arrêté à son domicile.
01:32:06 Nous avons procédé à une sorte d'interpellation qui finalement s'est très très bien passée, il n'y a eu aucun problème le concernant.
01:32:11 Il dit qu'il est mis en cause à une affaire d'assassinat, il ne bouge pas, il n'a aucun geste d'étonnement de sa part.
01:32:22 Les enquêteurs perquisitionnent son domicile, et ils découvrent une liasse de billets.
01:32:31 Dans une boîte qui était posée dans le salon, nous découvrons une somme d'argent qui ne semblait pas correspondre au train de vie de ce monsieur Meunier, qui finalement a un salaire des plus normal.
01:32:42 Alors, cet argent liquide serait-il le salaire reçu pour l'exécution de Martin Staub ?
01:32:49 Placé en garde à vue au commissariat de Fréjus, Pascal Meunier est interrogé sur sa journée du 30 septembre dernier.
01:32:59 Dans un premier temps, il balade les enquêteurs comme l'on dit.
01:33:03 Il dit qu'il avait connu une femme sur une messagerie quelconque, et que ce jour-là effectivement il était venu sur Fréjus avec cette femme, pour promener.
01:33:14 Ils avaient été au restaurant, mais ils avaient passé la journée.
01:33:18 Mais il était incapable de nous dire le nom de cette femme, il était incapable de nous dire où il avait été exactement.
01:33:28 Et au bout d'un moment, il a craqué.
01:33:30 Il a dit "écoutez, ça va, je reconnais effectivement, le 30 septembre, je suis venu avec le gai".
01:33:45 Dans les locaux de la PJ de Fréjus, Pascal Meunier va alors livrer au policier le récit de la journée du meurtre.
01:33:57 Pascal Meunier très rapidement a envie de soulager sa conscience, et va expliquer en détail son rôle, ce qu'il a fait, sans contester véritablement sa responsabilité.
01:34:08 Pascal Meunier raconte au policier que le 30 septembre, il devait être aux alentours de 10h30, lorsqu'Yves Le Guet serait passé le chercher à bord d'une voiture louée pour l'occasion.
01:34:21 C'est à ce moment là qu'Yves Le Guet lui aurait expliqué ce qu'il devait faire, en échange de quelques billets.
01:34:27 Yves Le Guet va demander un coup de main.
01:34:33 C'est pour secouer, entre guillemets, un mari qui serait violent.
01:34:38 Et qu'il pourrait se faire 5000 euros.
01:34:41 Mais qu'il fallait qu'il vienne, parce que bien que Le Guet soit costaud, l'homme pourrait opposer de la résistance.
01:34:50 Pascal Meunier raconte qu'Yves Le Guet aurait ouvert le coffre, et c'est là qu'il aurait vu un manche de pioche et une cagoule.
01:34:59 Il découvre dans la voiture des cagoules, des gants, un manche de pioche.
01:35:06 Tout d'abord il panique un petit peu, et il demande à Le Guet "Mais qu'est-ce qu'on va faire ?"
01:35:09 Et Le Guet a cette phrase qui ressortira "T'inquiète, je gère".
01:35:14 Meunier aurait donc suivi l'homme de main dans cette folie meurtrière, sans réellement savoir ce qu'il attendait au départ.
01:35:21 Et c'est là que c'est dramatique. Un type comme Meunier, parce qu'il ne sait pas dire non, qu'il ne sait pas dire "Eh tête de... ça va pas non ?"
01:35:30 Il y va.
01:35:32 Ensuite, Meunier raconte que Le Guet aurait maquillé la plaque d'immatriculation, avant de prendre la route direction Fréjus.
01:35:42 Et dans la suite de son récit, l'homme va clairement désigner Rita Hug comme l'instigatrice de l'assassinat de son mari.
01:35:50 Il explique que vers 11 heures, sur la route qui mène au Hara, Yves Le Guet, le garde du corps, se serait arrêté pour appeler Rita Hug depuis une cabine téléphonique, afin de s'assurer que le plan se déroulait comme prévu.
01:36:07 La Suissesse les aurait accueillis vers midi et demi pour finaliser Le Guet à Pan.
01:36:14 Le scénario tel qu'il s'est vraiment réalisé, Monsieur Staub arrive en voiture, Meunier fait le guet, il avertit que la voiture rouge arrive.
01:36:29 Ensuite, Pascal Meunier raconte qu'il se serait caché dans la salle de bain avec Yves Le Guet, en attendant le signal de Rita Hug.
01:36:38 Rita Hug sort, elle vient accueillir son mari.
01:36:43 Il rentre dans la maison, elle lui propose de prendre un café dans la salle à manger.
01:36:53 -C'est là. -Voilà.
01:36:55 Et puis elle s'absente dans la salle de bain.
01:37:03 Et elle leur dit "C'est bon, il est là".
01:37:07 Monsieur Staub s'est levé, il est dans la cuisine en train de rincer la tasse de café qu'il a bu.
01:37:14 Tout de suite, les deux lui sautent dessus.
01:37:18 Il va être frappé avec un manche de pioche, un coup très violent.
01:37:30 Et le mari de Rita Hug va quand même se débattre.
01:37:34 Attention, Monsieur Staub c'était quand même quelqu'un de costaud.
01:37:42 Et il va y avoir une lutte entre ces trois hommes. Le mari de Rita Hug qui a une corpulence tout de même importante, Yves Le Guet qui est très grand, et Pascal Meunier qui est beaucoup plus petit mais qui est extrêmement trapu et costaud également.
01:37:54 Meunier donne des coups au visage, des coups très très violents. Le Guet avec sa matraque lui tape sur la tête.
01:38:04 Enfin c'est un massacre, ils sont à deux dessus.
01:38:07 Il s'est défendu, il ne s'est pas laissé faire.
01:38:10 C'est deux personnes très très dures.
01:38:12 Puis sous la violence des coups, il est à moitié assommé, presque inconscient.
01:38:17 L'un des deux prend un câble, je crois que c'était le fil du téléphone, et il l'étrangle avec.
01:38:26 Et bien sûr, Monsieur Staub gît inanimé sur le carrelage de la salle à manger.
01:38:33 D'après Pascal Meunier, c'est à ce moment là que Rita Hug les aurait rejoints et qu'elle se serait mise à hurler.
01:38:40 Elle hurle, elle ne crie pas parce qu'elle voit son mari mort, non.
01:38:44 Elle crie parce qu'elle voit du sang partout, qui a giclé partout, elle voit le désordre et surtout elle voit les flaques de sang.
01:38:50 Mais selon Meunier, c'est pas le cas.
01:38:54 À l'issue de la bagarre, Madame Staub, pour confirmer le décès de son mari, s'empare d'un miroir, d'un miroir de poche qui se trouve dans la salle de bain et le place au niveau de la bouche et du nez de son défunt époux.
01:39:06 Elle veut voir s'il y a toujours de la buée, voir s'il est toujours en vie.
01:39:09 Il demande à Monsieur Leguet de toucher la carotie, de savoir si le sang va rentrer dans le sang.
01:39:13 Et puis, elle le fait.
01:39:16 Elle veut voir s'il y a toujours de la buée, voir s'il est toujours en vie.
01:39:20 Il demande à Monsieur Leguet de toucher la carotie, de savoir si le sang va rentrer dans le sang.
01:39:24 Mort ? Il est mort ? Il est mort ? Il est mort ?
01:39:27 C'est quelque chose qui est rare mais qui aggrave un petit peu le côté sordide de ce dossier.
01:39:36 Et ce n'est pas tout. Pascal Meunier raconte qu'avec Yves Leguet, ils auraient fait les poches de la victime.
01:39:44 Ils vont délester le pauvre défunt de l'argent en espèce qu'il avait apporté avec lui à la demande de Rita Staub pour mettre fin au divorce plus rapidement.
01:39:51 Il y avait à peu près 9000 euros sur lui.
01:39:54 Leguet, effectivement, il dit qu'il s'est servi sur Monsieur Staub qui était mort.
01:40:01 Donc c'est abominable comme image.
01:40:04 Les deux hommes auraient ensuite pris la fuite.
01:40:09 Sur la route, ils se seraient changés et auraient jeté leurs vêtements souillés de sang dans des poubelles.
01:40:15 Pour l'exécution de ce contrat, Meunier rajoute qu'il aurait empoché 5000 euros et Yves Leguet, 10000.
01:40:22 Quant à Claude Fleury, Meunier déclare que son ancien patron n'a joué aucun rôle dans cette affaire.
01:40:30 Les policiers jugent sincères les aveux de Pascal Meunier, d'autant que l'homme a plutôt bonne réputation.
01:40:39 Pascal Meunier est une personne sans histoire, une personne qui a une petite vie.
01:40:45 Arbite de rugby, il a dans son dossier des centaines d'attestations comme quoi c'était un gentil bonhomme.
01:40:52 À la base, c'est pas le mauvais bourg.
01:40:54 Pascal Meunier est quelqu'un qui travaille beaucoup, qui cumule divers emplois et qui malgré ces emplois n'arrive pas à sortir la tête de l'eau financièrement.
01:41:03 En procédant aux vérifications, les enquêteurs découvrent que Meunier aurait dit vrai.
01:41:08 Un appel a bien été passé le vendredi 30 septembre à partir d'une cabine téléphonique en direction du portable de Rita Hug.
01:41:18 Dans les locaux de la PJ de Fréjus, Meunier a donc livré aux enquêteurs un témoignage qui scelle le destin judiciaire de la veuve.
01:41:29 Reste maintenant à comprendre pourquoi Rita Hug aurait tendu un piège à son mari pour l'assassiner.
01:41:34 Quel est précisément le mobile ?
01:41:37 L'argent, tout simplement.
01:41:41 C'est l'argent, c'est la domination, c'est le hara. Elle voulait surtout hériter.
01:41:49 Le fait de vouloir à tout prix conserver cette propriété était une motivation.
01:41:54 De son côté, Rita Hug réfute toutes ses accusations et ne cesse de crier son innocence.
01:41:59 Mais c'est pas moi, comment j'aurais pu faire ça ? Non !
01:42:03 Nous avons pu la joindre par téléphone. Exceptionnellement, elle a accepté de répondre à nos questions.
01:42:10 J'ai jamais, jamais, jamais commandité le meurtre de Martin Stopp. Jamais. Et ça j'ai dit jusqu'aux dernières souffles de ma vie.
01:42:21 Quant au mobile avancé par l'accusation, qui serait un litige financier lié au divorce, Rita Hug le dément catégoriquement.
01:42:30 J'ai mis tout mon patrimoine dans cette mariage. Et avec son décès, j'ai tout perdu.
01:42:39 Parce que tout mon patrimoine, il est maintenant chez sa famille. Et ses enfants, ils ont hérité.
01:42:46 Et moi, j'ai tout, tout, tout perdu. Et je crois pas qu'on tue quelqu'un pour tout perdre.
01:42:54 Un point de vue partagé par une Allemande, Marion Dupré, une femme qui côtoyait quotidiennement Rita Hug dans le milieu équestre.
01:43:05 Elle ne voulait pas tuer son mari. Pourquoi elle le devait ? Elle voulait vivre en France avec des chars en paix.
01:43:15 Elle voulait gagner un peu d'argent sur des realités, parce qu'elle connaît beaucoup... Elle a déjà travaillé dans la Suisse avec des realités.
01:43:26 Elle voulait seulement vendre des realités en France. Je ne crois pas qu'elle a un cœur de stone.
01:43:35 Elle voulait avoir des avantages, mais elle ne voulait pas tuer son mari. Je suis sûre.
01:43:41 Alors, est-ce Claude Fleury qui aurait abusé de la confiance de Rita Hug ?
01:43:47 A-t-il, de sa propre initiative, organisé l'assassinat avec Yves Le Guet et Pascal Meunier ?
01:43:54 Pour la défense de Rita Hug, il n'y a aucun doute là-dessus.
01:43:57 Une tirelire ! C'est une grosse tirelire, Rita Hug. Des Suisses qui vont sur la côte d'Azur se font dépouiller.
01:44:07 Pour reprendre une expression commune, se font dépouiller. Et moi, on ne me retira pas de l'idée que l'affaire Rita Hug, ça part de là.
01:44:14 Une thèse que réfutent les hommes de la police judiciaire de Fréjus.
01:44:20 Rita Hug, tout tourne autour d'elle, c'est vraiment le centre névralgique de l'affaire.
01:44:25 Toutes les dépositions, toutes les preuves qui ont été accumulées, tout cela a permis d'établir une chose, c'est que Mme Staub a été l'instigatrice de l'assassinat de son époux.
01:44:33 Là, il n'y a pas de doute possible sur la participation, sur l'origine de cette affaire.
01:44:41 On ne change pas autant de versions. On n'avance pas des thèses aussi surréalistes. On ne se forge pas un alibi comme elle l'a fait très rapidement dès sa première déposition.
01:44:56 Le 4 juillet 2006, le juge d'instruction au terme d'une enquête rocambolesque décide de renvoyer Rita Hug, Claude Fleury, Yves Le Guet et Pascal Meunier devant la cour d'assises du VAR pour assassinat.
01:45:13 Les quatre protagonistes encourent la prison à perpétuité.
01:45:17 Le 22 janvier 2007, trois ans et demi après les faits, le procès s'ouvre.
01:45:23 C'est une ambiance un peu difficile parce que se trouve dans le box côte à côte Fleury, Le Guet, Meunier, Rita Hug, tout ça dans le même box.
01:45:31 Étant entendu que le mot est fort, mais aux assises on peut l'employer, c'est un peu la guerre.
01:45:38 Les jurés de la cour d'assises du VAR ont cinq jours pour juger de la responsabilité de chacun des quatre principaux suspects.
01:45:48 Très vite, les débats vont se focaliser sur Rita Hug, la veuve du riche artisan suisse assassinée.
01:45:55 Elle va être la star de ce procès.
01:45:59 Elle a beaucoup pleuré, elle a parlé fort parfois, parfois elle parlait à voix basse, tout y passait.
01:46:08 C'est pas une personne écrasée et c'est pas une personne qui est écrasée par le remords.
01:46:14 Elle a eu tendance à se faire passer pour une victime et à ne pas se présenter sous un beau jour.
01:46:19 Elle conteste tout.
01:46:21 Claude Fleury lui reste impassible derrière ses lunettes de soleil, rejetant en bloc l'étiquette d'escroc qu'on a voulu lui coller.
01:46:30 Il n'a pas participé au crime, il n'a pas physiquement, matériellement, il ne savait pas quand ça allait se produire, il n'a pas eu le préparatif avec lui.
01:46:43 Il n'a pas de sens sur les mêmes.
01:46:44 Quant à Yves Le Guet, l'homme de main qui a porté les coups et assassiné Martin Staub, les jurés découvrent un homme rongé par les remords.
01:46:54 Yves Le Guet a voulu prendre la parole assez longuement pour reconnaître son crime.
01:47:00 L'homme de main va alors réitérer ses aveux, mais cette fois-ci sans omettre aucun détail.
01:47:08 Et il voulait en donnant tout le détail de ce qui s'était passé et en donnant le rôle de chacun, expier sa faute tout en reconnaissant qu'il devait être condamné sévèrement pour ce qu'il avait fait et à demander pardon à la famille de la victime.
01:47:22 Le procès bascule lorsque les enfants de Martin Staub réalisent que leur père a été assassiné pour quelques milliers d'euros seulement.
01:47:31 Un moment extrêmement fort lorsque l'un des enfants Staub s'est levé à un moment donné.
01:47:41 Il est allé vers Le Guet et vers Meunier et il a pris son bracelet-montre, il a décroché sa Rolex et il a dit "Voyez, c'est ça que coûte la mort de mon père".
01:47:52 Dans le box des accusés, Rita Hugue n'arrive plus à faire face.
01:48:00 Elle est isolée, elle s'intériorise, elle reste dans une sorte de bulle totalement dépassée. C'est la catastrophe.
01:48:10 D'abord ils vont encore dire que je ne parlais pas français à cette époque-là.
01:48:15 Et en plus, je savais que je n'avais pas donné l'ordre de tuer mon mari.
01:48:23 Je remarquais la haine de la famille envers de moi. J'ai rien pu dire. C'était bloqué dans mon intérieur, c'était bloqué partout. J'ai rien compris.
01:48:35 Elle explique que les uns et les autres l'ont soit trahi, soit manipulé, soit ont cherché à profiter d'elle.
01:48:44 A l'issue des 5 jours de débat, le verdict tombe. Rita Hugue est condamnée à 28 ans de réclusion criminelle. Une peine très lourde.
01:48:55 Claude Fleury et Yves Leguet sont condamnés à 20 ans de prison. Pascal Meunier, quant à lui, écope de 12 années de réclusion.
01:49:06 Seuls Rita Hugue et Claude Fleury feront appel de la décision. Ils seront tous les deux rejugés et condamnés à 20 ans.
01:49:13 Claude Fleury a bénéficié d'une grâce médicale. Il est aujourd'hui libre.
01:49:20 C'était Enquête Criminelle. Merci de nous avoir suivis et très bonne fin de soirée sur W9.
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