«La vie à mort» : Gaël Tchakaloff est l'invitée de Culture médias

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ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Gaël Tchakaloff, écrivaine, pour la sortie de son livre "La vie à mort".   Retrouvez "L'invité média" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-du-grand-direct LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video                                                                  Retrouvez-nous sur :                                 | Notre site : http://www.europe1.fr                                 | Facebook : https://www.facebook.com/Europe1                                 | Twitter : https://twitter.com/europe1                                 | Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts                                 | Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/

Transcript

00:00 avec Thomas, il est votre invité ce matin Thomas.

00:02 Oui je reçois ce matin Gaëlle Tchakaloff pour un livre enquête

00:05 qui je vous le dis franchement m'inspirait pas trop au départ Gaëlle

00:09 une enquête sur une star de la Toromachi, un monde dont je suis assez éloigné

00:13 ça me dérange pas trop de l'être

00:14 et puis en lisant votre livre j'ai découvert une femme absolument fascinante

00:19 qui vit complètement à côté du monde moderne

00:22 et en fait je me suis dit c'est elle plus que la Toromachi

00:25 qui vous a donné envie d'écrire cette enquête.

00:27 Ah oui oui complètement parce que moi d'abord j'avais jamais mis le pied dans une arène

00:31 et quand j'ai commencé à la suivre j'imaginais pas du tout qu'il fallait la suivre au corridor

00:36 parce qu'elle m'avait fascinée, je voyais qu'elle vivait avec des animaux dans une fine cas

00:40 façon Karen Blixen quoi

00:42 et entre Karen Blixen et Karlimiti Jane

00:45 parce qu'elle a des pistolets sur elle

00:47 c'est quand même un autre genre de féminité

00:50 et quand elle a accepté que je la suive je suis partie avec elle dans les arènes

00:54 et là je me suis évanouie, j'ai absolument pas supporté

00:56 donc évidemment la corrida n'est pas absente du livre

00:59 mais c'est pas mon sujet, mon sujet c'est cette femme complètement à rebours du monde

01:03 Mais est-ce que malgré tout vous vouliez vous aussi être un peu bousculé dans vos convictions

01:06 sur la corrida et la version que vous avez pour ça ?

01:09 Je voulais comprendre parce que je me disais c'est quand même très étrange

01:13 comment cette femme qui est la star internationale de la corrida

01:16 remplit autant les arènes que Beyoncé remplit les salles de concert

01:19 et pourquoi est-ce qu'il y a des foules comme ça qui vont en Amérique Latine, en Europe du Sud

01:23 se rouer dans les arènes, qu'est-ce qui s'y passe ?

01:25 Et au fond je ressors un peu avec les mêmes interrogations

01:29 j'ai compris qu'il y avait des rites, des rituels, un mélange de sacrés et de transgressions

01:33 mais surtout j'ai compris qu'il y a un espèce de besoin collectif de se confronter à la mort

01:39 Dans cette société où on parle du débat sur l'euthanasie etc

01:43 je pense que la mort est absente du quotidien

01:46 qu'on la confie aux médecins ou au thanatopracteur

01:49 et que la corrida est un endroit où des foules se confrontent immédiatement à la mort

01:54 et effectivement on sent le souffle du taureau sur la joue

01:56 je ne dis pas que c'est forcément agréable mais je dis qu'en tout cas avec cette femme

01:59 j'ai compris qu'il y avait une danse et une grâce qui m'avaient échappé jusqu'à maintenant

02:03 Et au final vous allez la suivre pendant un an pratiquement dans sa tournée des arènes

02:07 et vous allez voir que cette Torero donc, on ne dit pas Torera

02:11 est applaudie par 500 000 personnes chaque saison qui la considère vraiment comme une déesse

02:16 les gens lui font bénir des bébés, lui font des offrandes, il se tatoue à son effigie

02:21 c'est assez délirant quand même cette idolâtrie autour de cette personne

02:24 - J'ai découvert aussi ce livre, c'est évidemment sur cette femme

02:28 parce que la moitié du livre se passe dans sa fincaille dans la nature

02:31 l'autre moitié se passe en partie dans les arènes dans ce monde de lumière

02:34 où elle quitte son chant andalou, les mains pleines de glaise

02:38 - Et où c'est une toute autre personne - Elle devient une autre personne, elle devient une star etc

02:42 et j'ai découvert que dans ce monde parallèle qu'on connaît très peu en réalité

02:46 même s'il est extrêmement fréquenté

02:48 il y a une adulation mais qui est vraiment de l'ordre de la spiritualité et du sacré

02:54 et donc effectivement j'ai vu à Séville, à Madrid des gens s'allonger

02:59 se flageller devant elle, effectivement se tatouer

03:04 lui donner des bébés à bénir alors qu'elle est complètement athée

03:07 - Et puis elle est jeune surtout, elle a 39 ans - Elle a 39 ans, elle est toute jeune

03:12 ce qu'il faut dire aussi c'est qu'elle est sonctueusement belle

03:14 et donc ça ne gâche pas le plaisir des aficionados apparemment

03:18 - Et alors Léa Vicens elle est française donc elle a réussi à être formée par les meilleurs en Espagne

03:23 aujourd'hui elle vit dans cet immense domaine en Andalousie où elle soigne, elle nourrit notamment ses taureaux

03:28 des taureaux qu'elle va ensuite devoir tuer dans l'arène

03:32 donc en fait ce qu'elle explique elle c'est que la femme qui vit avec ses animaux et celle qui est dans l'arène

03:38 c'est vraiment pas du tout la même

03:39 et vous c'est ça aussi qui vous a intéressé, c'est ce que vous appelez une dualité paroxystique

03:44 - Oui - On ne peut pas faire plus opposé en fait

03:46 - Complètement, en fait c'est la raison pour laquelle j'ai voulu écrire ce livre

03:50 évidemment si ça avait été juste un taureau ou une tauréra qui allait tuer un animal dans l'arène

03:54 même si c'était avec toute la grâce qu'on peut imaginer

03:56 je pense que j'aurais moins vu une héroïne romanesque

04:00 le héros de roman type qui est le héros Stendhalien ou le héros de Flaubert

04:06 c'est un héros qui est rempli de paradoxes et elle en a plein et notamment le premier

04:10 c'est celui-ci, c'est-à-dire qu'elle est folle d'animaux, elle vit avec une centaine d'animaux

04:15 des cochons, des chiens, des chats, un chameau, évidemment des chevaux etc.

04:21 parce qu'elle montait, elle taurait à cheval, ça on ne l'a pas souligné

04:24 et une des premières nuits que je passe chez elle

04:27 elle avait acheté des taureaux de combat pour s'entraîner

04:30 et ils se sont blessés en se battant

04:32 et elle a passé la nuit allongée à côté du taureau à le soigner pour pas qu'il ait mal

04:36 et là je me suis dit bon ok, donc elle a un pète au casque comme on dit dans le midi

04:39 c'est-à-dire qu'elle a une forme de folie, joyeuse ou pas

04:42 mais elle est tellement attachée aux animaux qu'au fond elle est presque une espèce de Valkyrie des fauves

04:49 et son rapport aux animaux se modifie complètement quand elle est dans l'arène

04:52 quand elle est dans l'arène, elle se donne l'autorisation de les tuer

04:56 c'est comme si sa proximité incroyable aux animaux lui donnait un droit de vie et de mort sur eux

05:02 en tout cas votre livre donne vraiment matière à réfléchir sur la question de la tauromachie quand même

05:07 parce qu'on sent que vous-même d'ailleurs Gaëlle Tchakaloff, au-delà d'avoir été séduite par cette femme

05:12 vous avez été peut-être convaincue de l'intérêt de faire perdurer cette tradition de la tauromachie ?

05:18 Ecoutez, là-dessus je ne sais pas parce que moi je suis écrivain, je ne suis pas moraliste

05:24 c'est comme si on disait, je ne veux pas me comparer à Zola qui a écrit sur les prostituées dans Nana

05:29 est-ce que vous êtes pour ou contre la prostitution ?

05:32 Moi j'ai été séduite par cette femme, j'ai été séduite par sa grâce dans l'arène, sa manière de danser

05:37 son absence d'elle-même dans cet univers d'homme qu'elle a complètement conquis en se comportant comme eux

05:41 comme aurait pu le faire Frida Kahlo en son époque ou Georges Sand

05:46 mais je n'ai pas de conviction à la fin, ce que je vois c'est qu'il se passe quelque chose de transcendantale dans l'arène

05:54 qui dépasse la tuerie, qui peut dépasser la boucherie quand certains toréros manquent de grâce

06:01 et qui va au-delà, qui est presque métaphysique

06:04 donc je rebats des cartes battues et je vous refais une conversation façon café de commerce

06:09 mais il y a quelque chose d'absolument artistique et qui m'a touchée, effectivement qui m'a touchée

06:14 maintenant moi c'est telle que je trouve intéressante plus que la tauromachie

06:18 mais je pense que la tauromachie, si les arènes se remplissent de plus en plus

06:22 parce que depuis le Covid les arènes se remplissent de plus en plus

06:24 c'est sans doute qu'il se passe quelque chose qui a rapport à la nature, aux animaux

06:30 et à la confrontation à la mort

06:32 ça s'appelle la vie à mort de Gaëlle Tchakaloff et c'est disponible chez Flammarion

06:36 restez avec nous Gaëlle pour suivre l'actualité des médias

06:38 oui le journal des médias de Julien Pichenay arrive dans un instant

06:41 et on va revenir sur l'Eurovision, c'était samedi soir sur France 2

06:45 alors est-ce que ça a marché la 4ème place de Slimane à l'Eurovision ?

06:49 la réponse dans un instant sur Europe 1 tout de suite

06:51 9h30 11h

06:52 Thomas Hill sur Europe 1

06:54 Claire, bonjour ! Oui bonjour, moi les forfaits mobiles...

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