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NewsTranscription
00:00 9h-11h, Europ1, Culture Média, Thomas Hill.
00:04 Alors, Quentin Dupieux, Raphaël Kenard, Sophie Mianic,
00:08 est sorti en salle cet été en même temps que deux mastodontes,
00:11 il faut le dire, Oppenheimer et Barbie, le même jour.
00:13 Et malgré un budget légèrement inférieur,
00:16 vous avez réussi quand même à bien vous imposer
00:19 en dépassant déjà les 300 000 entrées, c'est ça ?
00:22 Vous êtes à plus de 300 000 maintenant.
00:24 Vous vous attendiez à un tel succès ou ça a été une surprise pour vous aussi ?
00:28 Non, après tout ça c'est relatif, mais effectivement,
00:30 quand on a tourné, on savait qu'on tenait une petite pépite.
00:33 Vous le sentiez ?
00:34 On le sentait, après on sait jamais si ça va être partagé ou pas.
00:37 C'est-à-dire que parfois on fait des pépites et tout le monde s'en fout.
00:40 C'est vrai, ça vous est arrivé déjà ?
00:43 Oui, tout le temps, tous les ans.
00:47 Non, là on savait, puisqu'il s'est passé un truc quand même assez particulier,
00:50 c'est un film assez spécial dans sa conception.
00:53 On va raconter sa conception qui est unique.
00:55 On a senti qu'on avait un truc, après on ne pouvait pas imaginer
00:58 qu'en sortant le 2 août, on allait effectivement battre mon meilleur score au cinéma, etc.
01:03 Donc c'est super, on est super content.
01:04 Et alors, ratio budget-nombre d'entrées, je pense que c'est super.
01:08 Je pense qu'on les éclate.
01:09 Ah bah, vous êtes plus rentable que Barbie, je pense.
01:13 Et vous êtes moins cher que Margot Robbie.
01:14 On va commencer à rendre des poupées Yannick,
01:17 ça va être disponible dans cet été, grande surprise.
01:20 Ça y est, les produits désignés, suggestion de Raphaël Kenner ce matin.
01:23 C'est l'anniversaire quand même de Sébastien Chassagne qui joue dans le film.
01:26 Tu crois qu'il écoute Europe 1, Chassagne ?
01:29 Bah il a intérêt.
01:30 Boucher Drucker écoute Europe 1, donc on le sait.
01:32 De lui également.
01:33 Alors pour ceux qui étaient au Brésil, peut-être cet été,
01:38 et qui n'ont pas forcément entendu parler de Yannick,
01:41 il faut expliquer quand même d'abord ce que c'est.
01:42 C'est un huis clos qui se passe dans une salle de théâtre où on assiste
01:47 à une pièce de boulevard qu'on peut qualifier de...
01:50 Moyenne, médiocre.
01:52 Fatigué.
01:54 Fatigué pour la première.
01:56 Bon, ça nous est tous arrivé à vous aussi, j'imagine,
01:58 de vous retrouver dans cette situation.
02:00 Sauf que là, il y a un des spectateurs qui est joué par vous,
02:04 Raphaël Kenner, qui décide de se lever.
02:06 Tu veux que je me suicide ? C'est pas possible !
02:08 Et c'est quoi la suite du programme ?
02:10 Tu vas m'annoncer que t'es enceinte ?
02:12 Ouais.
02:13 Ouais.
02:14 Pardon.
02:14 Je pense qu'il y a un pépin dans votre histoire.
02:16 J'ai du mal à accepter qu'un spectacle qui s'est censé remonter le moral,
02:20 ça me fait l'effet inverse.
02:21 Non mais je pense que vous n'êtes pas du tout en train de vous rendre compte,
02:23 monsieur, mais en fait, là, ça se fait pas du tout ce que vous faites.
02:26 Vous écoutez ce que je raconte, là, ou je suis en train de pisser sur un violon ?
02:29 Il n'y a pas moyen que ça continue.
02:31 Vous voulez me torturer ou quoi ?
02:32 Mais monsieur, vous voulez qu'on fasse quoi, en fait, exactement ?
02:34 Vous voulez qu'on fasse quoi ?
02:35 C'est un truc qui vous est déjà arrivé, ça ?
02:37 Quand du pieu, je demandais si c'était un fantasme que vous aviez,
02:40 de vous lever pendant un mauvais spectacle
02:43 et de le dire aux acteurs directement.
02:44 Non. Non, parce que c'est hyper violent.
02:46 Et en fait, ce que fait Yannick dans le film,
02:48 c'est qu'il arrive à construire un discours.
02:51 Se lever pour dire c'est nul, c'est embarrassant.
02:54 Puis en fait, ça dérange tout le monde.
02:56 Et puis en fait, il n'y a rien derrière.
02:57 Moi, je ne serais pas capable de dérouler à ce point là,
03:00 mon idée jusqu'au bout et de ne pas lâcher le morceau,
03:02 parce que c'est ce qu'il fait, en fait.
03:03 C'est ce qu'il fait.
03:04 Et l'histoire bascule à partir de ce moment-là.
03:06 Et on assiste à une prise d'otage du public,
03:09 à la fois drôle et malaisante.
03:11 Et on va en reparler.
03:12 Prise d'otage bienveillante, évidemment.
03:14 Bienveillante, bien sûr.
03:16 Bon, ça, c'est pour l'histoire, mais il faut que vous nous expliquiez
03:18 comment vous avez tourné ce film.
03:20 On se retrouve dans deux minutes sur Or.
03:21 Culture Média sur Europe jusqu'à 11h avec Thomas Hill et vos invités.
03:27 Thomas, vous recevez le réalisateur de Yannick,
03:29 Quentin Dupieux et l'acteur principal, Raphaël Connard.
03:32 Et alors, vous dites que Yannick, je le disais tout à l'heure,
03:35 c'est un film pirate.
03:36 Qu'est-ce que vous voulez dire par là, alors ?
03:38 C'est quoi un film pirate ?
03:39 Ça veut dire plein de choses.
03:40 Ça veut dire un film déjà qui se fait en dehors des radars,
03:43 sans prévenir personne, sans prévenir l'industrie, en fait.
03:45 Vous avez fait dans votre coin.
03:47 On l'a fait dans notre coin avec des producteurs quand même.
03:49 Hugo, Céliniak et les frères Verag,
03:52 qui ont supporté en fonds propres le financement.
03:55 En fait, pour expliquer, vous n'avez pas fait un plan de financement
03:58 avec les chaînes de télé ?
03:59 On a été voir personne.
04:00 Normalement, on essaie toujours d'aller chercher une chaîne de télé,
04:03 un distributeur.
04:04 Là, on l'a fait seul.
04:05 Et pourquoi ?
04:06 Parce que pour être dans une énergie nouvelle,
04:09 pour faire un truc un peu en dehors des rails,
04:11 parce qu'effectivement, moi, je fais un film par an dans le circuit
04:15 et ça devient un peu automatique.
04:17 C'est chouette, je me régale, mais je voulais un peu casser les règles.
04:20 Et puis, parce que je sais qu'on travaille différemment,
04:23 on peut trouver quelque chose ailleurs.
04:25 En fait, on peut trouver une pépite, encore une fois,
04:27 en creusant un trou ailleurs.
04:30 Et on l'a tourné effectivement en six jours
04:33 parce que c'était un enjeu financier.
04:34 On voulait faire un truc qui ne coûte pas trop cher.
04:38 Donc, on a fait le travail.
04:39 Au théâtre de Jazzel, c'est ça ?
04:40 Oui, au théâtre de Jazzel.
04:40 On a fait travailler les comédiens un mois avant,
04:43 évidemment pour qu'ils aient le texte en bouche parfaitement,
04:45 puisque le texte est très précis.
04:48 Donc, il fallait qu'ils...
04:48 Comme une pièce de théâtre, en fait, il fallait qu'ils...
04:49 Il y a un gros travail de répétition, en fait.
04:51 Voilà.
04:51 Vous aviez organisé un casting avec plein de comédiens
04:54 ou vous avez choisi directement les comédiens que vous vouliez ?
04:55 Non, j'ai écrit pour Raphaël, ça c'est certain.
04:58 Et puis ensuite, très vite, j'ai trouvé Pio et Blanche et Sébastien.
05:02 Et puis après, on a les comédiens qui sont dans la salle également.
05:05 Après, on a fait le travail classique qu'on fait sur un film.
05:08 On a cherché des comédiens.
05:09 Mais j'imagine que pour vous, Raphaël Könner,
05:10 c'est la première fois que vous tournez comme ça un film
05:12 où vous tenez en plus le rôle-titre en six jours seulement.
05:15 Vous démarrez le lundi, vous finissez le samedi.
05:17 C'est incroyable, ça, pour vous.
05:18 J'avais fait un autre film en impro total et tout ça,
05:21 mais qui, malheureusement, n'a pas pu sortir la tête de l'eau.
05:25 Et il n'est pas sorti des...
05:27 Il n'est jamais sorti en salle.
05:28 Et là, il n'y a aucune improvisation ?
05:30 Il n'y a zéro improvisation.
05:31 Vous avez appris, je crois, 60 pages de texte ?
05:33 C'est ça ?
05:34 75, non ?
05:35 C'était lourd, quoi.
05:35 Ne commencez pas à minimiser, Raphaël.
05:38 75 pages de texte, d'accord, à dérouler comme ça.
05:42 On avait une répétitrice.
05:44 Moi, d'ailleurs, j'en profite pour remercier Kim Barouk,
05:47 qui est une répétitrice extraordinaire.
05:49 Et donc, Pio et Blanche, chacun aussi.
05:51 Pio Marmaille et Blanche Gardin.
05:52 Et Sébastien Chassagne.
05:54 Ils ont gagné le plus de textes.
05:56 Et pour être aussi à l'aise et pour pouvoir travailler rapidement,
06:00 c'était inévitable, en fait.
06:02 Parce qu'en plus, vous tourniez des morceaux très longs,
06:03 ce qui ne se fait pas du tout au cinéma.
06:05 Vous faisiez des tronçons de 10-15 minutes, c'est ça ?
06:07 C'était un autre enjeu du film pirate, c'était de faire du non cinéma.
06:10 C'est-à-dire qu'au cinéma, le temps est vachement recomposé.
06:13 Il y a toujours des ellipses, on coupe.
06:15 Il y a une musique qui vient ponctuer, etc.
06:16 Moi, je voulais faire l'inverse de ça, du temps réel.
06:19 Et donc, jouer du temps réel, ça ne se fabrique pas.
06:22 En fait, c'est dans la main des comédiens.
06:23 Ce n'est pas un truc qu'on recompose au montage.
06:26 Ensuite, c'est évidemment qu'il y a du montage.
06:27 Le film est monté, mais les comédiens avaient besoin de jouer des tronçons très longs
06:31 pour qu'on ait cette sensation d'être dans la salle avec eux.
06:34 Sinon, c'était comme un film.
06:36 Sinon, ça devenait une comédie.
06:37 C'est plus agréable pour nous quand le tronçon s'étale un peu dans le temps.
06:43 C'est plus confortable pour nous aussi, rentrer dans l'humeur de la situation,
06:50 se laisser bercer et baigner dans la séquence.
06:56 Plutôt que de jouer 3 sur 3.
06:58 Avec le système des chants, des contre-chants.
07:00 C'est vrai que c'est très long au cinéma d'habitude.
07:02 Là, vous avez plus l'impression de jouer.
07:04 Vous avez l'impression presque de jouer une scène de théâtre, une pièce de théâtre.
07:08 Ni plus ni moins.
07:09 Absolument.
07:10 Ce qu'il faut dire, c'est qu'à l'arrivée, le film ne dure qu'une heure.
07:14 Ce qui est quand même très habituel.
07:15 Une heure 7, vous minimisez.
07:17 Il rabote.
07:19 Il rabote.
07:20 Il rabote.
07:21 Alors, une heure et 7 minutes.
07:23 Le spectateur n'aura pas le temps de s'ennuyer.
07:25 Oui, mais est-ce que vous n'avez pas peur qu'il soit un peu frustré à l'arrivée ?
07:28 Parce que c'est une question que vous étiez posée.
07:30 On a beaucoup de messages avec Raphaël.
07:32 C'est génial, c'est la première fois que ça m'arrive et je suis très fier.
07:34 Je pense que ça arrive assez rarement.
07:36 Il y a beaucoup de gens qui vont le voir 2, voire 3 fois.
07:38 On en a même un, le record c'est 6 fois.
07:40 6 fois.
07:41 Comme c'est un petit bonbon délicieux, on y retourne.
07:45 Plutôt que de se fader 3h15 d'un truc...
07:47 Vous n'avez pas envie que les spectateurs partent en plus de votre film ?
07:51 Non.
07:53 Vous avez compris, mise en avis.
07:55 Ils ont dit que vous l'avez vu.
07:57 On n'était pas prévenu.
07:59 C'est venu de paf, d'un seul coup.
08:01 Ça m'a vite dans la tête de Marie-Juqueline.
08:03 On ne l'a pas vu.
08:05 Je pensais que c'était la dame du Titanic.
08:07 Regardez la dame du Titanic.
08:09 Ce qu'il faut expliquer, c'est que c'est aussi un film sur le mépris de classe.
08:13 On peut le dire comme ça.
08:15 Avec ses acteurs, joués par Pio Marmaille, Blanche Gardin, Sébastien Chassin,
08:19 qui sont eux sur scène et qui vont vous faire face, Raphaël Kenard.
08:23 Ils ont ce petit côté où ils se sentent au-dessus de la mêlée.
08:27 C'est le message que vous avez voulu faire passer ?
08:30 Non, pardon, je vous coupe.
08:32 Tous les gens qu'on voit dans cette salle, y compris le public,
08:36 c'est un espèce de pot où j'ai mis tout le monde.
08:40 Mais sans y penser.
08:42 Je ne me suis pas dit que je vais mettre un bourgeois en fond,
08:45 qui est méprisant, etc.
08:47 Le fait que les comédiens soient un peu prétentieux sur scène,
08:50 c'est surtout parce qu'ils sont au courant, on se rend bien compte,
08:53 qu'ils jouent de la merde.
08:55 C'est plutôt de la défense misérable que de la prétention.
09:00 Et si ça avait été une pièce bourgeoise, un prolo qui s'attaque à un grand classique bourgeois,
09:05 ça aurait été un peu plus ce que vous venez de décrire.
09:08 Là, non, c'est une petite pièce de boulevard foirée,
09:10 avec des comédiens qui savent, au fond d'eux-mêmes,
09:13 qui n'ont aucune conviction dans leurs produits.
09:15 Donc, c'est deux médiocrités qui s'affrontent.
09:17 Ce n'est pas exactement un mépris de classe.
09:19 - C'est aussi des acteurs.
09:22 Vous, vous les trouvez prétentieux dans leur façon de jouer ?
09:25 - Un peu, quand ils vous parlent.
09:27 - Ah oui, d'accord, ils s'adressent au public et tout.
09:29 - Pour moi, c'est comme ça que je le vis,
09:32 c'est qu'ils sont en défense.
09:34 On vient appuyer exactement là où ça fait mal,
09:36 parce qu'ils sont au courant de jouer un truc...
09:39 Vas-y, vas-y.
09:41 - Ce qui est goûtu dans la première phase,
09:43 quand ils jouent la pièce dont ils ont conscience
09:46 qu'elle est un peu bancalos...
09:48 - Le cocu, évidemment.
09:50 Il sortira bientôt dans la tête de la nachotier.
09:52 - On va pas dire par ça.
09:54 - Mais ils ont tous leurs petits effets,
09:56 leurs petites ficelles dans l'escarcelle.
09:58 Ils les resservent à l'envie, au public et tout.
10:01 Et ça, c'est quand même assez délicieux.
10:03 - C'est un bonheur à voir.
10:05 C'est un film très drôle, mais aussi émouvant,
10:07 notamment vers la fin.
10:09 Mais on ne peut pas tout dire non plus.
10:11 À suivre dans quelques instants.
10:13 - Restez avec nous, Raphaël Kenard et Quentin Dupieux
10:15 sont les invités de Culture Média.
10:17 Ils vont nous parler de la série de cette rentrée.
10:19 Ça, c'est Héloïse Goua qui le dit.
10:21 Elle nous en parle dans un instant.