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Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Guillaume Durand, journaliste, pour son livre "Bande à part" aux éditions Plon.
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00:00Vous écoutez Culture Média sur Europe à 9h30, 11h avec Thomas Hill et votre invité ce matin Thomas.
00:06Oui je reçois ce matin le journaliste Guillaume Durand, vous rassemblez dans un livre intitulé
00:10Bande à part, des portraits de personnalités du monde politique ou culturel. Vous dites qu'il n'y a
00:15jamais vraiment eu de différence entre votre métier et votre vie et ça se ressent assez bien dans ce
00:21livre qui est le fruit d'entretiens assez informels finalement avec toutes ces personnalités, parfois
00:25chez eux, au resto, c'est comme ça que vous arrivez à avoir des confidences, vous dites je n'y
00:29interview plus, je converse. Alors c'est vrai maintenant, ce n'était pas au début puisque j'étais
00:34là à votre place Europe 1 donc j'ai aimé passionnément cette station, j'étais un petit
00:40prof et tout d'un coup le journalisme c'est un endroit où je me suis senti extrêmement à l'aise,
00:46on était en 78, législative, la gauche a failli passer puis après il y a eu 81, donc j'ai adoré,
00:53j'ai bossé comme un malade, j'ai changé totalement d'environnement, j'ai abandonné l'enseignement
00:58et puis au bout de certains nombres d'années je faisais du grand reportage, mes enfants sont nés,
01:04j'avais pas envie de mourir parce que je ne voulais pas laisser tout seul, après j'ai présenté les
01:10journaux, après j'ai fait les matinales et puis c'est une phase de long processus, j'ai rencontré
01:15évidemment tout le monde, non pas parce que je suis un héros mais parce que j'ai survécu à peu
01:19près à tout, y compris à toutes les formes de plonge politique qui peuvent exister dans les
01:24rédactions et donc ça donne une certaine forme de proximité avec les gens mais alors moi la
01:29caractéristique numéro un, si je dois m'adresser un seul compliment, c'est que c'est vrai que cette
01:35proximité existe mais que mon indépendance d'esprit est fondamentale, c'est-à-dire que des gens qui
01:42sont non pas des amis mais des gens que je connais très bien, je peux me fâcher à mort avec eux pour
01:46pour des histoires diverses et variées à caractère politique et ça veut pas dire qu'aujourd'hui je
01:52les vois pas avec un énorme plaisir mais à un moment, si vous voulez, quand on pose la grande
01:56question qui est celle de l'indépendance des journalistes, pour moi c'est une question
01:59personnelle, on sait ou on ne sait pas si on est indépendant. Vous le dites par exemple au sujet de
02:04Nicolas Sarkozy parce qu'il y a un long entretien avec lui et que vous avez rencontré à son bureau.
02:07J'aime beaucoup et qui est certainement une des parties les plus intéressantes du livre.
02:12Exactement et vous expliquez que vous ne l'avez pratiquement pas vu pendant son quinquennat et que
02:16c'est même sous sa présidence que votre contrat avec France Télévisions s'arrête donc façon de
02:20dire qu'il n'y a aucune connivence entre vous, c'est ça ce que vous vouliez souligner ?
02:23Je l'ai connu, il était fleuriste à Neuilly et lui me dit dans l'entretien, moi je ne sortais pas,
02:31je travaillais comme un malade et toi tu sortais, c'est vrai j'allais au Buspalladium à l'époque et
02:35j'écoutais du rock'n'roll donc c'est une longue vie en commun même si c'est une vie qui n'est pas
02:44une vie ensemble, on avait la même fascination pour le garderie, pour la résistance justement
02:48et puis à un moment quand il est arrivé au pouvoir, bon moi j'ai une nature de lèche-cul qui
02:54est quand même voisine de zéro donc il y a eu des différends notamment au moment de l'affaire
03:02Clairstream et puis j'en ai pris mon parti et on se revoit avec beaucoup de plaisir aujourd'hui mais
03:07c'est normal, c'est-à-dire accepter de se fâcher avec des hommes politiques...
03:10Il vous considérait comme un proche de Villepin pour dire les choses ?
03:13C'est-à-dire que moi je voyais Villepin pour des raisons qui n'avaient aucun rapport, c'était la
03:16littérature et l'art et à cette époque-là leur rapport à eux était très tendu donc j'ai été
03:22assimilé effectivement comme vous le dites à Dominique de Villepin et après je me suis fâché
03:26avec Villepin, je ne l'ai pas vu pendant qu'il était Premier ministre parce que lui considérait
03:29que j'avais écrit des choses ou dit des choses sur ses rapports avec Chirac donc c'est comme ça,
03:35c'est la vie, c'est pas grave du tout. Par contre ce qui est important pour les gens plus jeunes
03:40qui nous écoutent et pour les auditeurs de Rampin surtout, c'est que les journalistes on est quand
03:45même bien obligés d'aller au contact des gens parce que je trouve que trop, alors ça c'est mon
03:49seul côté gâteux si vous voulez, peut-être le petit défaut des jeunes générations c'est qu'il
03:55faut quand même les voir pour savoir ce qui se passe, c'est-à-dire que si vous ne les voyez pas
03:58ou vous pêchez les informations, aujourd'hui par exemple concernant Macron, il y a un moment
04:04il faut quand même trouver un moyen comme journaliste politique de l'approcher, de pas se
04:09contenter de ses conseillers pour savoir s'il est très très loin de la réalité de son sujet,
04:16c'est-à-dire en gros à l'ouest, ou si au contraire il a l'intention justement de reprendre la main sur
04:21une situation qui est bien devenue très compliquée, il n'y a pas d'autre moyen que d'aller le voir lui
04:26pour savoir exactement ce qui se passe. C'est d'ailleurs une des frustrations de votre livre,
04:29de ne pas avoir pu rencontrer Emmanuel Macron, je vous avais dit ni oui ni non en fait. Oui parce
04:33que j'ai été à... en fait j'avais des informations selon lesquelles la dissolution était au mois de
04:42juin dans les tuyaux, et c'est amusant parce que Pascal le matin de la dissolution, il a écrit
04:49dans le JDD, Pascal Praud tout à l'heure, alors j'avais une dissolution, mais tout le monde d'ailleurs,
04:54et moi j'avais un doute parce que j'avais des informations, etc. Et je demande à Jonathan
05:00Guémas à l'Elysée de m'intégrer dans la cellule diplomatique parce que je n'avais pas eu le temps
05:04de remplir le dossier de presse pour cet endroit qui est d'ailleurs sublime, il y avait tous les
05:09anciens combattants, cent ans, au bord de la mer, au Mahabit, il faisait énormément, enfin très très
05:14beau. Moi j'ai ce culte qui est le culte des gens de 70 ans et plus, c'est la résistance, pour moi
05:22c'est pour ça qu'on a aimé Bowie, et plutôt qu'Edith Piaf tout de suite, c'est pas simplement les
05:26guitares, c'est qu'au moins eux ils étaient clean. Et quand on arrivait là-bas et qu'on voyait
05:30ces types blancs, noirs, dans des chaises, c'était bouleversant. En plus le roi d'Angleterre, cérémonie
05:37anglaise, il avait un cancer, le président de la République n'était pas là, les cérémonies commencent
05:43en retard, et puis je me promène avec cette rumeur, donc je me dis, dès que je tombe sur lui à l'heure
05:49du déjeuner, je vais essayer de lui demander ce qui va se passer justement au soir des
05:55législatives, et puis je vois que dans l'entourage des conseillers, personne n'ose m'approcher vraiment,
06:00parce qu'il y a un déjeuner qui est offert par le maire, de la commune dont on n'est pas homard, etc, etc,
06:07et puis il me regarde, il était en chemise blanche avec une cravate noire, il me dit oui mais pas
06:13maintenant. Donc là j'ai compris, un, que je ne saurais pas exactement ce qui se passe, mais qu'en
06:21gros, deux, j'avais raison, c'est-à-dire que ce n'était pas un voyage pour rien, mais je ne pouvais
06:25pas l'écrire, parce que je n'ai pas parlé avec lui, d'où la question de tout à l'heure, je ne pouvais pas dire
06:30si jamais c'est une débat, qu'il y aura des solutions le soir même.
06:34Il y en a, en revanche, que vous avez rencontré, c'est François Hollande, pour ce livre, je note d'ailleurs que vous le vous voyez, alors que vous tutoyez Nicolas Sarkozy.
06:41Je le connais moins bien, mais il est très charmant.
06:44Il vous raconte notamment qu'il a regretté d'avoir annoncé si tôt qu'il ne se représenterait pas,
06:49et surtout qu'il a l'air d'y croire encore, visiblement.
06:52Oui, totalement. Vous savez, c'est le fameux sketch sur lui, sur un malentendu.
06:57D'abord, l'homme est très brillant, ça c'est une chose, il a fait des études brillantes, il a immédiatement abandonné quand il est arrivé au Conseil d'État,
07:06tout ça pour faire de la politique, et puis, il y a un côté, un peu comme Macron, il y a un côté Ocean Eleven avec Hollande, c'est-à-dire qu'il a fallu
07:16que Strauss-Kahn dégage pour qu'il y arrive, mais lui, il s'était préparé, préparé, préparé, et à ce moment-là, quand la place a été libre,
07:25et quand il avait bien réseauté avec tous les gens du Parti Socialiste, il a pu être le candidat de la gauche, il a été très bien élu,
07:32il avait l'Assemblée Nationale, le Sénat, les grandes régions, etc., et donc très bien élu,
07:38et huit jours plus tard, détesté par les Français, la rue du Cirque, vous vous souvenez des histoires concernant sa vie privée,
07:44c'est un peu d'ailleurs ce qui est arrivé aussi à Nicolas de Sarkozy, c'était des gens de mon âge qui avaient une vie de divorce,
07:51c'est pas une vie bizarre, mais à l'époque, les Français acceptaient ça très mal, et puis les attentats, le couffon, qui est une tragédie française,
08:01il était tellement assailli par ça pendant cinq ans, que fondamentalement, c'est vrai qu'il a un peu lâché la main sur le reste,
08:07parce que tous les matins, il avait peur que le Bataclan, ça redémarre.
08:10Et ça fait partie des portraits de ce livre, j'ai noté aussi la phrase de son ami Bernard Cazeneuve, qui m'a fait sourire,
08:16François n'a pas le sens du tissu, du coup il lui offre souvent des cravates, ça fait partie des confidences de ce livre.
08:22Mais il y a une chose que je voulais dire Thomas, qui est importante, un propos de Roland Dumas, qui nous a quittés, 100 ans,
08:28ministre des affaires étrangères, donc proche de François Mitterrand.
08:32En 1956, Roland Dumas, très beau mec, quand même assez dragueur, il se casse la jambe.
08:42Il va dans un hôpital, et François Mitterrand vient le voir.
08:46François Mitterrand, c'est comme Chirac, ils avaient vraiment des réseaux, des amis, il ne les lâchait jamais.
08:51Il cassait la jambe, la porte ouvre, Mitterrand.
08:53Et Mitterrand explique à Roland Dumas, en lui faisant un dessin, comment il va prendre le pouvoir dans les années 80,
09:00c'est-à-dire en 1956, et Dumas me dit, si jamais j'avais gardé ces dessins, ils auraient une valeur historique considérable.
09:08Tout ça pour vous dire que toute la génération, parce que c'est quand même une réflexion sur la République,
09:12toute cette génération-là, Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande, François Mitterrand,
09:19ce sont des gens qui ont voulu être président de la République, très très jeunes.
09:27Il y en a un qui est très différent, c'est Emmanuel Macron, tout à l'heure je parlais d'Ocean Eleven,
09:33mais c'est vrai que l'arrivée en 2017, ça ressemble un peu à Danny Ocean et ses copains, au casino à Las Vegas,
09:40et c'est la grande différence entre ces huit présidents.
09:43Et on va continuer à en parler dans un instant de votre livre, ce sera après le journal des médias.