La psychologue pour enfants et adolescents Caroline Goldman publie "Pourquoi ? Petites leçons de psychologie pour les 8 - 11 ans". Elle aborde des sujets complexes à travers des leçons illustrées, comme la famille, les sentiments, l’argent, la méchanceté. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-16-mai-2024-8354067
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00:00 Il est 8h24.
00:03 France Inter.
00:06 Nicolas Demorand.
00:08 Le 7-10.
00:09 Et l'invité du grand entretien ce matin est psychologue pour enfants et adolescents,
00:14 elle publie « Pourquoi ? » point d'interrogation, petite leçon de psychologie pour les enfants de 8 à 11 ans.
00:19 C'est aux éditions Duneau, illustrées par Anne-Gaëlle Causs.
00:24 Je vous laisse vos questions, je les attends, et nombreuses, au 01 45 24 7000 et sur l'application de France Inter.
00:31 Caroline Goldman, bonjour.
00:33 Bonjour Nicolas.
00:34 Et bienvenue à ce micro que vous connaissez, notamment à cause de votre série de chroniques l'été dernier,
00:41 série qui avait suscité des téléchargements de podcasts massifs et des réactions d'auditeurs massives également.
00:49 Vous le savez, vos prises de position, notamment sur l'éducation positive, font énormément réagir,
00:55 mais c'est parce qu'on aime le débat d'idées, vifs, respectueux, qu'on est heureux de vous inviter ce matin
01:01 et de vous faire dialoguer avec les auditeurs d'Inter.
01:04 Avant ce dialogue, votre livre, j'en redonne le titre « Pourquoi ? » petite leçon de psychologie pour les enfants de 8 à 11 ans.
01:11 Vous aviez consacré un volume aux enfants de 4 à 7 ans, désormais donc les 8-11 ans.
01:18 Qu'est-ce qui se joue à cet âge-là ?
01:21 Chez les 8-11 ans, ce qui se joue, c'est l'émancipation de la pensée, la construction de l'esprit critique,
01:29 la formation du tempérament, des avis.
01:33 J'ai beaucoup insisté dans ce livre sur l'élaboration de ces mouvements d'émancipation de la pensée,
01:42 la liberté de penser, les influences qui peuvent imbiber chaque enfant en fonction de son environnement culturel, de l'essence.
01:52 Vous listez d'ailleurs dans une courte préface l'ensemble des interrogations qui vous ont assaillis pendant votre propre enfant.
02:01 Je vais vous citer « La nature humaine est-elle bonne ou mauvaise ? Qu'est-ce qui détermine qu'une vie sera heureuse ou non ?
02:07 Pourquoi tout semble si facile pour certains, si difficile pour d'autres ?
02:12 Si les femmes exerçaient le pouvoir, le monde serait-il plus doux ?
02:16 Comment expliquer que l'on se nuise à soi-même ou à ceux que l'on aime,
02:20 parfois précisément de la façon dont on nous a nuits autrefois ? »
02:26 Vous vous posiez vraiment ces questions-là ?
02:28 Je m'en posais mille fois plus encore !
02:31 Elles sont lourdes, massives, théoriques, métaphysiques, ça se formulait comme ça ?
02:35 Peut-être que tout n'est pas arrivé en même temps !
02:37 Ce n'est pas le jour de mes 4 ans que tout a jailli !
02:41 Mais c'était le bien, le mal ?
02:44 En fait la violence, je trouvais le monde extrêmement violent et je ne comprenais pas qu'on en parle si peu d'abord
02:50 et qu'on n'apporte pas des réponses très claires aux enfants à ce sujet.
02:55 La clochardisation, ça m'angoissait énormément.
03:00 Comment des gens peuvent vivre dehors, ne pas manger, ne pas dormir ?
03:04 Pourquoi tout le monde les laisse dans cette situation ?
03:07 Les capos dans les camps de concentration qui n'étaient pas des mauvais, qui au départ étaient des prisonniers
03:10 et qui sadisaient encore plus les détenus, tout ça me terrifiait d'abord
03:16 et évidemment m'a intéressée par la suite. J'ai voulu comprendre.
03:20 Vous pensez que ça vous est propre ou que ce niveau d'élaboration théorique
03:25 est celui qui correspond à cette tranche d'âge 8-11 ans ?
03:29 Je pense que j'avais une famille qui m'autorisait ces questionnements
03:32 et qui m'offrait suffisamment de douceur et de tendresse
03:35 pour que ça vienne effracter mon appareil psychique.
03:38 Toutes ces violences relatées venant du monde.
03:41 Je pense que c'est un mélange des deux.
03:44 Mais évidemment, les enfants, si on leur parle de la méchanceté, ça les intéresse.
03:47 Si on leur parle du malheur, de la folie, ça les intéresse.
03:50 Comme ça intéresse souvent les parents aussi d'ailleurs.
03:52 Caroline Goldman, ce livre est structuré autour de 16 leçons,
03:56 des notions qui peuvent avoir trait à la famille, les frères et sœurs, les parents.
04:01 Il y a les sentiments, l'amour, la jalousie, les peurs des enfants.
04:05 Il y a aussi l'argent, les dangers d'Internet, les écrans, le harcèlement.
04:09 À chaque fois, les enfants sont invités à réagir avec des questions.
04:15 Ils sont sollicités eux-mêmes.
04:17 Mais dites-nous, comment vous avez choisi ces thèmes ?
04:21 Je les ai choisis parce qu'ils me sont venus.
04:23 Je ne peux pas faire de réponse plus honnête.
04:26 Je parle toute la journée depuis 20 ans à des enfants.
04:29 C'est vraiment mon cœur de métier.
04:31 J'ai à peu près une idée de ce qui se passe dans leur tête et de ce que j'ai envie de leur dire.
04:36 Pour les éclairer et rendre leur vie plus confortable.
04:39 Tout ça m'est venu, évidemment, encastrer avec les 16 thèmes du tome précédent.
04:45 Qui abordaient la folie, la colère, la méchanceté, la gentillesse,
04:49 l'importance de la première année du bébé, d'autres réalités qui me semblent fondamentales.
04:54 Vous dites aussi que ce livre sert à dénoncer des contre-vérités qu'on entend souvent dans la psyché collective.
05:02 Qui n'a jamais entendu, par exemple, qu'il fallait laisser pleurer les bébés pour leur éviter de devenir capricieux ?
05:08 Que certaines personnes naissaient simplement méchantes ?
05:11 Que chacun pouvait, un jour ou l'autre, et sans raison, glisser dans le malheur ou la marginalité ?
05:16 En quoi ces assertions sont-elles des contre-vérités ?
05:21 Elles sont des contre-vérités et elles donnent lieu à des angoisses inutiles et des malheurs inutiles.
05:27 Laisser pleurer un bébé avant un an, c'est un malheur inutile pour son destin.
05:31 Dire que quelqu'un peut devenir tout à coup marginal, c'est terrible.
05:38 Parce que du coup, l'enfant va penser que tout est de sa faute,
05:42 que la foudre l'a frappé de façon anarchique et que rien n'a à voir avec des sources éthiologiques
05:48 qui l'ont bâti avec cette fellure-là.
05:51 Je trouve que ça rend justice aux enfants de savoir tout ça.
05:55 Qu'ils sont le fruit d'une éducation, d'une histoire, de fonctionnements psychiques parentaux
06:00 ou plus larges, environnementaux, qui les ont façonnés avec leurs ressources et leurs fellures.
06:05 À partir du moment où on a cette voie de compréhension, je trouve que la vie est beaucoup plus douce pour soi.
06:12 Moi, je passe mon temps dans mon cabinet à expliquer aux enfants, qui ont honte de leurs symptômes,
06:17 si tu es symptomatique, c'est parce qu'il y a un conflit psychique à l'intérieur de toi.
06:21 Et si tu as ce conflit psychique, c'est parce que ton environnement ne s'est pas ajusté à tes besoins normaux.
06:26 Mais tu aurais été un autre enfant dans ce même environnement, tu aurais développé les mêmes symptômes.
06:31 Donc, je passe mon temps à les rassurer sur le fait qu'ils ne sont pas fautifs de ce qui leur arrive
06:36 et que c'est juste le fil d'une histoire et qu'on va essayer de résoudre ça ensemble.
06:41 Chacun des chapitres se termine par une sorte de petite morale. Il faut une morale ?
06:48 Je ne me rends pas compte que ça finit par une petite morale.
06:52 Une phrase en tout cas, une sorte de précepte qui monte en généralité.
07:00 Autant leur faire partager la sagesse de ceux qui savent.
07:06 Et surtout à la fin de ce deuxième tome, il y a vraiment un petit questionnaire avec un espace
07:12 pour qu'ils puissent répondre aux questions et qu'ils puissent s'approprier la leçon.
07:17 De quelle façon ils ont compris, ça a trouvé un écho avec eux-mêmes
07:22 et comment ils se sont sentis éclairés par cette leçon.
07:28 Ça moi j'aime bien pour ce deuxième tome.
07:30 Parmi les différents thèmes, j'ai choisi l'amour qui est quand même un des concepts les plus difficiles à appréhender
07:36 même quand on a dépassé depuis longtemps l'âge de 8 ans.
07:39 Vous le définissez Caroline Goldman, l'amour, comme le fait d'aimer quelqu'un, un enfant ou une grande personne.
07:46 Aimer quelqu'un, c'est avoir envie qu'il aille bien. Expliquez-nous.
07:52 Ce n'est pas très compliqué. L'amour, c'est peut-être limité.
07:56 L'amour, sur un plan psychique, c'est tout à fait clair.
08:01 La définition de l'amour en psycho, en psychanalyse, c'est quand même...
08:05 Bon alors, tout est simplifié pour des enfants de 8 à 11 ans.
08:09 Mais c'est grosso modo souhaiter le bonheur de l'autre. C'est ça aimer.
08:13 Et je trouve qu'il y a beaucoup de confusion encore aujourd'hui sur cette définition.
08:18 Souvent, on voit des amours narcissiques d'emprise.
08:23 On entend des parents mettre une pression monstre à un enfant pour qu'il soit performant sur le plan scolaire ou sur le plan d'une autre activité.
08:31 Bon, et qu'ils appellent ça de l'amour, moi je suis un peu dubitative.
08:35 Et je suis contente que des enfants entendent que non, c'est pas là l'amour.
08:39 L'amour, c'est pas de façonner un petit tête qui va être gratifiant pour soi.
08:43 L'amour, c'est se préoccuper de est-ce qu'il y prend du plaisir, est-ce qu'il y trouve son compte, est-ce qu'il y en est satisfait.
08:49 Par exemple.
08:50 Mais il y a des formes d'ambivalence dans l'amour.
08:53 Ça c'est un autre sujet l'ambivalence. Que l'amour est habité de haine, ça c'est un autre sujet.
08:58 Bien sûr, mais là c'était pas l'objet et je trouve que c'est fin.
09:01 Vous savez, j'ai deux autres tomes à écrire, il faut que je garde un peu de...
09:04 Un peu de matière.
09:05 Oui, et puis surtout de nuances pour des âges plus avancés. Il faut que ce soit digeste là, pour des enfants.
09:11 Vous consacrez aussi un développement très intéressant aux traits de caractère des enfants.
09:16 En tout cas, ce qu'on en dit.
09:19 Voilà, ce qu'on en dit. Dans certaines familles, on a tendance à figer ces traits de caractère.
09:24 Ton frère est travailleur et calme, toi tu es dissipé et colérique.
09:28 Vous dites "attention, ça enferme les enfants" alors qu'à vos yeux, ces traits de caractère ne sont ni innés ni immuables.
09:36 Figés, absolument. Oui, ça on le sait aussi en psycho.
09:40 On le sait à partir du moment où on écoute les gens parler. À partir du moment où des parents ou un environnement affigeaient un enfant dans ses traits,
09:50 il y a de fortes chances pour qu'il reste assigné.
09:53 Alors que moi je me souviens, j'ai quatre enfants et j'ai...
09:56 Évidemment que les enfants nous offrent à voir des compétences et des difficultés.
10:02 Et on a tendance, après, même à orienter nos interactions du côté de l'entretien de la compétence de l'un et au renoncement à faire progresser l'autre dans ce secteur.
10:14 Et c'est vraiment un piège contre lequel on doit lutter.
10:17 Donc moi, par exemple, j'avais un de mes enfants qui était un super interlocuteur marrant.
10:21 J'avais envie de lui raconter les histoires marrantes qui m'arrivaient.
10:23 Et bien, je faisais attention de continuer à le raconter aux autres.
10:27 Ou un enfant qui est particulièrement habile de ses mains, on a tendance à lui demander de nous couper l'étiquette ou de mettre le fil dans une aiguille.
10:35 Et bien non, je faisais attention à bien laisser l'autre déployer ses compétences, lui donner une chance.
10:40 Et si ça n'est pas figé, ça veut dire qu'un enfant colérique à 7 ans peut devenir calme à 12 et à l'inverse, un rêveur contemplatif peut changer ?
10:49 Ça, c'est une évidence !
10:52 Moi je suis psy, donc toute la journée on m'amène des enfants qui ont des change-pens.
10:57 Mais ils changent parce qu'ils viennent vous voir ou parce que c'est la vie qui fait changer ?
11:02 Alors, puisqu'ils viennent me voir, je ne saurais pas vous dire.
11:04 Mais ils peuvent croiser aussi la route de quelqu'un qui va les faire changer de perspective, eux ou l'enfant.
11:11 Mais ce qui est une certitude, c'est que le développement possède une part de surprise.
11:18 Ça, je crois qu'on en est tous convaincus.
11:21 Je suis devenue mauvaise élève, je suis devenue studieuse en Master 2.
11:24 Il y a plein de surprises dans les destins d'enfants, à partir du moment où on n'éteint rien.
11:31 Il faut conserver le patrimoine d'évolution des enfants.
11:35 Et pour ça, il ne faut pas les assigner à une posture, à une attitude, à un tempérament.
11:40 Et il ne faut pas non plus voiler les perspectives.
11:43 Expliquez cette idée de patrimoine. C'est quoi le patrimoine des enfants ?
11:46 C'est ce que je vous disais, c'est par exemple quand vous avez un enfant qui est nul sur le plan moteur,
11:52 ne pas lui dire "ah non, mais toi, ça ne sert à rien d'essayer de faire du vélo".
11:56 Jamais on dit un truc comme ça.
11:58 "Non, mais lui, il n'aime pas faire du ski, on ne l'inscrit pas".
12:01 Ne faites jamais ça, en fait. Jamais.
12:03 On va ouvrir le dialogue avec les auditeurs d'Inter.
12:07 Hélène nous attend au standard. Bonjour.
12:10 Oui, bonjour.
12:11 Bienvenue, on vous écoute.
12:13 Bonjour, je suis avocate en droit de la famille depuis 35 ans
12:16 et je suis très intéressée par votre émission dans la mesure où les juges commencent à entendre les enfants vers 8-11 ans, justement.
12:23 Quelle est la liberté, puisque je viens d'entendre notre interlocutrice qui parle d'apprendre la liberté d'opinion, de pensée.
12:30 Quelle peut être la liberté des enfants quand on les met en arbitre du lieu de résidence ?
12:37 Et quel est l'impact que cela peut avoir des structeurs sur leur psychisme
12:43 quand il y a un combat de cet ordre-là et qu'il y a une pression des deux parents ?
12:47 Lieu de résidence après séparation, c'est ça Hélène ?
12:50 C'est ça, exactement.
12:51 Merci pour votre intervention, Caroline Goldman.
12:54 Écoutez, moi, d'abord, ce n'est quand même pas ma spécialité,
12:57 mais si je dois donner mon avis, je dirais que ça dépend énormément de l'âge de l'enfant
13:02 et que d'autres idées me viennent, que le drame d'un enfant, c'est la guerre entre ses parents.
13:08 Donc c'est d'abord là-dessus qu'il faut agir, par des voies de médiatisation, de consultation avec un psy,
13:14 de mobilisation aussi parfois des grands-parents,
13:17 enfin en tout cas d'instances comme ça, psychiques, qui peuvent faire autorité et contenir l'agressivité parentale.
13:24 Voilà, et puis...
13:28 Voilà, ce qui me vient spontanément, c'est vrai que ce sont des situations qui sont très difficiles,
13:33 parce qu'il y a beaucoup de syndrome d'aliénation parentale, il y a beaucoup de conflits de loyauté dans les enfants.
13:38 Le mal à éliminer dans ces affaires, c'est quand même beaucoup le conflit entre les parents,
13:44 c'est ce que j'essaye de faire.
13:45 Vous avez un conseil aux parents, demandez chaque soir à leurs enfants,
13:50 qu'est-ce que tu as préféré dans la journée et qu'est-ce que tu as moins aimé ?
13:56 Ce travail-là, il stimule quoi ?
13:58 Il stimule l'insight, c'est-à-dire l'accès à soi à l'intérieur.
14:02 Et ce n'est pas une mince affaire dans un destin,
14:05 parce que les enfants qui sont coupés de leurs affects,
14:08 donc de l'accès à leurs plaisirs et à leurs déplaisirs,
14:11 ne sauront pas faire de choix plus tard dans leur vie,
14:14 qui leur permettra d'aller vers le bonheur, en fait, rien que ça.
14:18 Donc entraîner l'enfant à savoir ce qu'il aime, n'aime pas,
14:22 sans y offrir évidemment une interface démesurée.
14:27 L'idée n'est pas de ne faire qu'écouter leur désir.
14:30 S'ils préfèrent les hamburgers aux haricots,
14:32 ce n'est pas pour ça qu'il ne faut leur faire que des hamburgers.
14:34 Mais j'aime l'idée qu'ils entraînent leur accès à eux,
14:38 à leurs plaisirs et à leurs déplaisirs.
14:40 Dans le sillage de la question de notre auditrice,
14:46 un mot de réaction à cette interview que le président de la République
14:52 a accordée à elle, Emmanuel Macron,
14:55 qui déclarait à propos des familles monoparentales
14:58 qu'il ne doit pas seulement y avoir un droit,
15:01 mais un devoir de visite des pères.
15:04 Qu'en pensez-vous ? Il faut la présence du père,
15:07 même contrainte et forcée ?
15:10 Comme d'habitude, c'est beaucoup plus compliqué que ça.
15:12 J'adore l'idée d'un tiers paternel ou autre sur le destin
15:18 et la vie quotidienne d'un enfant.
15:20 C'est fondamental parce qu'on sait que sinon,
15:22 les parents solos sont souvent noyés
15:26 parce que ce n'est pas une mince affaire d'éduquer un enfant.
15:29 On n'est vraiment pas trop deux.
15:31 Si on peut être davantage, c'est bien.
15:33 Après, la question, c'est qui est ce père ?
15:35 Il y a des pères qu'on a envie de voir s'occuper des enfants
15:39 et d'autres qu'on a envie de voir s'enfuir.
15:41 Comme il y a des mères dont on aimerait qu'elles s'en aillent aussi.
15:44 Donc, ce n'est pas simple.
15:46 Comme toutes les lois, je suppose.
15:48 Comme beaucoup de lois.
15:49 Denis, au Standard Inter, bonjour et bienvenue.
15:52 Oui, bonjour.
15:54 J'aimerais poser une question assez simple.
15:57 Nous sommes à une époque où les couples se séparent assez rapidement
16:00 après avoir fait des enfants.
16:02 Ceux-ci se retrouvent souvent en garde alternée
16:06 avec des modes d'éducation différents
16:09 selon que l'enfant soit chez le père ou chez la mère.
16:12 J'en ai vécu un peu l'expérience auprès d'amis.
16:17 Est-ce que cela ne crée pas des troubles chez l'enfant,
16:21 des troubles bipolaires,
16:23 où ces enfants doivent se situer en fonction des demandes des adultes ?
16:29 Merci pour cette question.
16:31 Caroline Goldman vous répond.
16:33 Très bonne question.
16:34 Alors d'abord, évidemment, ça ne donnera lieu à aucun trouble bipolaire de façon linéaire.
16:38 Ça n'a pas de rapport.
16:39 La bipolarité, c'est une énorme dépression négociée par des agitations maniaques
16:44 pour ne pas sombrer.
16:46 C'est vraiment une dynamique psychique très singulière
16:49 qui n'a rien à voir avec la séparation
16:51 et avec deux environnements familiaux différents.
16:54 Deux idées me viennent.
16:55 D'abord, un enfant se fiche assez que ses parents soient séparés.
17:00 Ce qu'il veut, c'est que ses parents soient heureux.
17:02 Il veut que ses parents soient heureux, soient contents,
17:05 de se lever le matin, de les retrouver le soir, etc.
17:09 Deuxièmement, avoir deux systèmes éducatifs,
17:13 ça peut être une très grande source d'enrichissement de la personnalité.
17:16 On a tous eu des couples de grands-parents très différents,
17:19 dans lesquels les règles étaient différentes,
17:21 les ambiances étaient différentes,
17:23 les compétences sollicitées étaient différentes
17:27 et on en a tous tiré un enrichissement de nos personnalités.
17:31 Ce qu'il faut, par contre, c'est une cohésion dans l'exercice de l'autorité.
17:38 Ça, c'est vraiment le truc, à mon avis,
17:41 qui doit être tout à fait cohérent d'une famille à l'autre.
17:44 Je ne parle pas du minimum syndical légal,
17:50 mais je pense que ce n'était pas le sens de votre question.
17:53 Il faut qu'il y ait de l'amour, de la sécurité, etc.
17:55 Mais il faut une cohésion dans l'exercice de l'autorité.
17:58 Si l'enfant a le droit d'insulter, de hurler et de taper d'un côté,
18:06 ce n'est pas terrible ce que je viens de dire,
18:10 mais s'il fait ça, par exemple chez sa mère,
18:14 il faut absolument que le père intervienne et se sente concerné
18:18 par le fait de faire sentir à l'enfant qu'il continue à exercer son autorité chez la mère.
18:24 Je vous donne un exemple, parce qu'il est assez fréquent,
18:26 mais évidemment, ça peut être le contraire, mais c'est rarement le contraire.
18:29 On retourne au standard. Bonjour Mehdi.
18:31 Bonjour.
18:32 On vous écoute.
18:33 Merci de prendre ma question.
18:36 Je vous souhaitais réagir parce que lorsque j'entends que l'inné n'a pas
18:41 une composante véritablement importante dans le caractère des enfants,
18:45 moi ça m'interpelle.
18:46 Étant papa de deux petites filles en bas âge,
18:49 au début je pensais qu'avant d'avoir des enfants,
18:52 que l'éducation était le plus important.
18:55 Je ne le dis pas à son importance,
18:57 mais je me suis aperçu du caractère extrêmement différent de mes filles
19:00 au bout de quelques jours.
19:01 C'est-à-dire que ce sont véritablement deux personnes différentes.
19:05 Avant que je pense que l'éducation puisse véritablement avoir un impact,
19:09 c'était vraiment deux comportements extrêmement différents.
19:12 Donc, je ne suis pas certain, en tout cas de mon point de vue,
19:15 que ce soit intéressant de ne pas prendre en considération l'inné également
19:20 dans le caractère des enfants.
19:22 Merci Mehdi pour votre intervention.
19:24 Et ce témoignage sur ces deux petites filles au caractère trempé,
19:29 très tôt, nous dit leur père Caroline Gollmann.
19:33 Alors, ce que vous appelez caractère, ça se questionne.
19:36 À quelques jours, l'enfant n'a aucun moyen d'emprise sur le monde.
19:39 Il ne peut que crier ou ne pas crier.
19:42 Il ne sourit pas, il ne sait pas amener sa main jusqu'à son nez qui lui gratte.
19:47 On parlait de caractère à propos d'une petite matrice corporelle pulsionnelle aussi immature.
19:53 Immature, ça me semble un peu impropre.
19:55 Après, il manifeste des choses qui ont un écho interprétatif différent d'une personne à l'autre.
20:03 Je ne veux pas nier non plus qu'il y a des compétences.
20:05 Moi, j'ai bien vu aussi qu'il y avait, parmi mes enfants,
20:08 il y en avait vraiment qui avaient des compétences hyper ciblées dans certains secteurs
20:12 et d'autres moins dans d'autres.
20:14 Ce que je dis simplement sur le plan psychique,
20:16 c'est qu'il ne faut pas les figer dans ses compétences parce qu'elles sont évolutives.
20:20 Il ne faut pas non plus les figer dans un tempérament
20:23 parce que je suis convaincue que ce sont les parents qui façonnent
20:27 les potentialités d'évolution de chacune de ces composantes.
20:31 Daniel vous demande à quand le livre sur les 12-15 ans
20:35 parce que c'est une période très intense, pas facile à gérer.
20:39 Est-ce que vous pouvez nous dévoiler quelques éléments en avant-première ?
20:43 Il va avoir besoin de conseils.
20:45 Non, je ne peux pas parce que je ne sais pas encore ce que je vais y mettre.
20:48 Mais il sortira l'année prochaine, j'en sors un par an.
20:52 Vos prises de position, Caroline Goldman, contre l'éducation positive,
20:56 vous le savez, suscitent énormément de réactions.
20:59 Il y a ceux qui vous traitent de réac, pas adaptés au XXIe siècle,
21:03 et ceux qui contestent la scientificité même de votre démarche,
21:08 comme les deux psychiatres Hugo Baup, David Masson, c'était dans l'Obs,
21:13 je les cite "la psychologue n'adopte en rien une démarche critique, mesurée, humble,
21:18 tout se passe comme si elle avait un avis sur tout,
21:21 ses propos assénés comme de grandes certitudes existentielles
21:24 ne s'embarrassent d'aucune source scientifique,
21:27 alors même que les enjeux sont grands, il en va du sort des enfants".
21:31 Que répondez-vous à ce type de critique ?
21:34 Ces gens ne sont pas psychologues pour enfants,
21:36 ils ne sont pas pédopsychiatres, ce sont des gens qui ne soignent pas d'enfants,
21:39 donc ils ne savent pas de quoi ils parlent.
21:41 Je me sens absolument totalement soutenue par la pédopsychiatrie,
21:45 je reçois des messages de soutien quotidien de tous ceux qui représentent
21:51 la petite enfance du côté du soin,
21:54 et que eux n'apportent rien au débat non plus.
21:58 C'est très facile de se draper dans un discours critique,
22:03 mais où est le contenu ?
22:05 Et par ailleurs, à propos de la scientificité du time-out,
22:08 il n'y a que pour le questionner, tout le monde est d'accord.
22:12 Regardez sur n'importe quel moteur de recherche
22:16 les consensus sur le time-out,
22:18 ils font l'objet d'un consensus international absolument indiscutable,
22:22 et ils permettent de ne pas céder à la violence éducative.
22:25 Merci Caroline Goleman d'avoir été au micro d'Inter,
22:28 d'avoir dialogué avec nos auditeurs.
22:30 Pourquoi, point d'interrogation,
22:32 petite leçon de psychologie pour les enfants de 8 à 11 ans
22:36 est publiée chez Duneau.
22:38 Merci encore.