Anne Fulda reçoit Valérie Tong Cuong pour son livre «Voltiges» dans #HDLivres
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00:00 Bienvenue à l'heure des livres Valérie Toncouang, on vous connaît, vous avez écrit déjà une dizaine de romans,
00:06 parmi lesquels Par Amour, Un Tesson d'éternité, vous venez de publier Voltige, un livre au très joli titre,
00:13 et un beau livre également paru chez Gallimard, un roman qui est juste et sensible, avec du suspense également,
00:20 un côté un peu fantastique, et qui examine finalement à la loupe les conséquences que peut avoir au sein d'une famille,
00:27 cette micro société, un mensonge, de l'extérieur c'est familial idéal, il mène une vie qui semble être sans histoire,
00:37 jusqu'à ce que le père apprenne qu'il a été trahi par son associé, que son cabinet conseil est en faillite,
00:43 et en fait c'est son monde qui s'effondre, au delà de son monde professionnel, tout s'effondre.
00:49 Ce livre traite de la liberté, du contrôle que nous exerçons ou pas sur nos vies, et puis aussi de la nécessité impérieuse
01:00 que nous avons d'affronter la réalité du monde dans lequel nous évoluons.
01:05 Ce qui m'a beaucoup interrogée, ce que j'ai voulu travailler, et qui amène cette situation, ce sont deux axes.
01:16 D'abord le dérèglement global du monde, par dérèglement global j'entends à la fois le dérèglement climatique, environnemental,
01:26 mais aussi le dérèglement social, collectif, le dérèglement des liens entre les êtres,
01:32 et le dérèglement intérieur que nous vivons, nous explorons aussi nous-mêmes dans ce monde en perpétuelle transition,
01:41 cette impermanence que nous connaissons. Et puis il y avait donc le choix de nos vies, comment nous construisons nos vies.
01:50 Et je remarque que bien souvent on va construire nos vies non pas en regard, en fonction de nos désirs profonds,
01:59 de nos aspirations profondes, de nos êtres profonds, mais plutôt en regard d'assignations, de programmations,
02:07 qui vont prendre soit la forme d'injonctions sociales ou familiales, et là c'est le cas d'Eddie,
02:12 Eddie et sa femme Nora, ils sont issus tous les deux d'un milieu bourgeois très codifié,
02:18 et donc ils vont répéter des schémas, soit alors parfois, et là ça concernera les autres personnages,
02:25 ces choix de vie se font parfois par défaut, en fonction je dirais de peurs qui vont nous contrôler en fait, nous déterminer.
02:36 Dans le cas d'Eddie, Eddie s'est construit avec l'idée enracinée que la réussite d'un homme, c'est sa réussite matérielle,
02:46 et la fonction première d'un homme c'est la fonction de protecteur de sa famille.
02:50 Lorsqu'il apprend qu'il est ruiné brutalement, c'est son identité qu'il perd en fait, le sol se dérobe sous ses pieds,
03:00 bien qu'il y ait beaucoup d'amour entre sa femme et lui-même, il y a beaucoup d'amour dans cette famille, entre les parents, l'enfant,
03:07 et bien malgré tout ce ne sera pas suffisant, il va préférer mentir pour sauver les apparences en espérant peut-être trouver une solution,
03:16 évidemment c'est une idée folle parce qu'il va s'enfoncer dans ce mensonge.
03:21 Parce qu'on peut se dire qu'il y a des points communs un peu avec l'adversaire, où là effectivement le héros faisait semblant de se rendre à son travail,
03:27 là ce qu'il fait c'est qu'il invente un mensonge et finalement il dit "je veux être près de vous", il revient à la maison,
03:33 et tout est bâti sur le mensonge en fait, c'est ça qui dérègle la machine.
03:38 Absolument, c'est là qu'on va avoir ce double dérèglement, puisque le mensonge entraîne évidemment des modifications profondes dans cette famille,
03:48 parce que lui-même change de comportement, il est très mal à l'aise, il a honte, il est malheureux de vivre ça,
03:56 et en même temps rien n'y fait, il ne peut pas avouer, donc il va s'enfermer dans son mensonge et devenir de plus en plus irascible, odieux.
04:04 Quant à sa femme évidemment, elle ne comprend pas pourquoi son mari a changé, puisqu'elle n'a pas les clés pour ça.
04:09 Donc on va avoir effectivement cette famille, ce mensonge qui gangrène peu à peu l'équilibre de la famille,
04:15 et donc qui se dérègle, alors qu'à côté se dérègle aussi le climat et la nature.
04:22 On voit des phénomènes étranges, climatiques notamment, qui proviennent.
04:28 Tout ça c'est finalement une variation autour du fait que comment un petit grain de sable peut complètement dérégler une machine qui paraissait tellement bien humilée.
04:35 C'est un thème classique, mais c'est toujours efficace, et c'est vrai que ça l'est là, on est pris par la tension qui monte,
04:43 et puis on voit aussi que ça révèle les caractères en réalité.
04:47 Oui c'est ça tout à fait, les grains de sable qui viennent souvent entraîner de grands fracas dans les vies,
04:53 et c'est ce qui va se passer parce qu'un événement majeur, massif, va s'abattre sur eux,
04:57 et bien ce grain de sable qui est venu auparavant, trois ans auparavant, les aura fragilisés.
05:03 Et donc quand ça se produit, ce sont des moments où nous mettons à jour à la fois nos failles,
05:11 c'est-à-dire ce qui nous a mené jusque là, parce que si on s'écroule aussi facilement, c'est souvent que justement on manquait de fondation,
05:17 mais c'est aussi ce qui révèle la force de caractère, la capacité à tirer le bilan, etc.
05:25 En tout cas je vous conseille de le lire, ça s'appelle "Voltige", c'est paru chez Gallimard.
05:29 Merci beaucoup Valérie Toncourt.
05:31 Merci beaucoup Anne.
05:32 [Musique]
05:36 [SILENCE]