• il y a 7 mois
Anne Fulda reçoit Valérie Benaïm pour son livre «Il n’est pas celui que vous croyez» dans #HDLivres

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Transcription
00:00 Bienvenue à l'heure des livres, Valérie Benahim.
00:02 Vous êtes journaliste, vous êtes chroniqueuse, on vous connaît bien sur ces antennes.
00:06 Vous venez de publier "Il n'est pas celui que vous croyez",
00:09 "Ces femmes amoureuses de tueurs en série", un livre qui est paru chez Fayard.
00:13 Alors c'est vrai que c'est un sujet sur lequel on ne vous attendait pas.
00:15 Vous aviez écrit un livre sur Jean-Pierre Bacry.
00:17 Alors comment vous est venue cette idée d'enquêter comme ça sur des femmes
00:21 qui ont été amoureuses de monstres finalement ?
00:23 Exactement.
00:24 Écoutez, j'étais à ma table de travail qui n'est autre que la table de ma salle à manger
00:28 puisque je n'ai pas de bureau à la maison, mais c'est là-dessus que je travaille.
00:31 Et j'ai toujours en fond sonore les chaînes d'info, comme CNews ou autres, en boucle.
00:37 Et j'étais en train vraiment de travailler et j'ai été interpellée par le journaliste
00:43 qui racontait en marge du dossier Nordal-Lelandais l'irruption d'une femme
00:48 qui était assez inconnue à l'époque,
00:50 qui aurait passé de la drogue et de l'alcool à cet homme si particulier.
00:55 Et j'ai tout arrêté en me disant "Mais qui est-elle ?"
00:58 Alors j'ai essayé d'en savoir un petit peu plus,
01:00 de regarder ce que pouvaient en dire mes confrères et consoeurs.
01:03 Il n'y avait pas d'informations à son sujet,
01:05 si ce n'est que cette femme visiblement ne le connaissait pas avant.
01:09 Et là je me suis dit qu'il fallait creuser.
01:12 Est-ce que c'était un épiphénomène ?
01:13 Est-ce que c'était un phénomène français, étranger, international ?
01:18 Et c'est le début d'une enquête.
01:19 Alors cette femme, Elisabeth, vous l'avez rencontrée.
01:24 Donc elle est tombée amoureuse de Nordal-Lelandais.
01:26 Le monstre majuscule, en une certaine façon.
01:30 Elle était d'abord une visiteuse,
01:33 et puis après il y a eu une relation amoureuse.
01:36 Vous n'avez pas hésité avant de la rencontrer ?
01:39 Et quel a été le premier sentiment lorsque vous l'avez vue ?
01:43 Le premier sentiment que j'ai,
01:45 c'est d'abord une femme qui s'est laissée à la fois glisser et griser
01:51 dans cette relation complètement folle.
01:54 Elle initie le premier pas, certes,
01:57 mais elle ne l'initie pas pour une relation amoureuse.
01:59 Elle voit à la télévision, encore une fois, le JT de 13 heures,
02:03 un journaliste qui relate le procès
02:07 et la foule qui hurle "à mort, à mort, à mort".
02:11 Et elle se dit "cet homme doit être seul, peu importe ce qu'il a fait,
02:16 je vais lui écrire un courrier simplement pour lui dire
02:19 "je m'appelle Elisabeth, si vous avez besoin d'une main tendue
02:21 ou de simplement dialoguer, je suis là".
02:24 Une forme de compassion.
02:25 Une forme de compassion, complètement.
02:26 On est vraiment dans ce que j'appellerais presque la charité chrétienne.
02:30 Je tends la main.
02:31 Et c'est le début d'un engrenage,
02:34 parce qu'il va y avoir une relation épistolaire
02:37 avec au départ simplement des échanges de "que fais-tu dans ta journée,
02:41 voilà ce que je fais dans la mienne, etc."
02:43 Et puis petit à petit, ça va se tordre, ça va se nouer,
02:48 jusqu'à avoir un début de sentiment de sa part à elle,
02:52 et puis lui, le sentiment qu'il y a une brèche qui s'ouvre
02:54 et il va s'engouffrer en lui demandant "viens me voir".
02:57 Et là, elle va devenir visiteuse et va le rencontrer pour la première fois.
03:01 Et la première rencontre est assez hubuesque,
03:02 parce que dès la première rencontre, il va lui dire
03:05 "je t'aime, tu es la femme de ma vie, marions-nous".
03:08 Donc elle va se sentir râpée, elle est gênée,
03:11 en même temps elle a déjà un début de sentiment.
03:14 Et puis à partir de là, ça va...
03:16 Voilà, relation épistolaire d'une année,
03:18 et puis pendant deux ans, une relation réellement amoureuse, à proprement parler.
03:22 - Oui, qui ne se finit pas bien.
03:24 - Qui ne se finit très mal même.
03:26 - Alors, il y en a d'autres, enfin il y a d'autres femmes
03:29 qui ont été attirées par d'autres criminels,
03:31 comme Guy Georges, comme Patrice Allac.
03:33 On a envie de vous demander, est-ce qu'il y a des points communs entre ces femmes ?
03:38 Un goût de la transgression, une vulnérabilité particulière ?
03:42 - Alors, je crois que...
03:44 D'abord, pour trouver le point commun chez toutes ces femmes,
03:47 on l'a toutes, que nous ayons glissé ou pas.
03:51 C'est ce que Daniel Zaguri, éminent psychiatre,
03:54 appelle "la combinatoire et le singulier".
03:56 La combinatoire, c'est ce par quoi nous sommes tous et toutes traversés.
03:59 C'est-à-dire la main tendue, syndrome de l'avocat, de l'infirmière,
04:03 on appelle ça comme on veut, on est traversé par toutes ces choses-là,
04:06 l'idée de la rédemption, de la charité chrétienne.
04:09 Et puis il y a la singulier,
04:10 le singulier, c'est notre vie, notre grille de lecture,
04:12 par ce qu'on a vécu, par nos traumas ou pas.
04:16 Et si je devais trouver un point commun,
04:19 il y a évidemment de l'empathie, mais je crois qu'au-dessus de ça,
04:22 c'est carrément le désir féminin.
04:23 Alors quand on dit féminin, on dit un peu une bêtise,
04:26 parce qu'évidemment, nous sommes toutes singulières,
04:27 on ne va pas s'essentialiser,
04:29 mais malgré tout, dans le désir féminin,
04:31 il y a quelque chose de l'ordre du sublimatoire.
04:33 C'est-à-dire qu'on va être surpuissante
04:38 et avoir le sentiment que notre désir est tellement fort
04:40 qu'il va balayer l'image du meurtrier
04:43 pour superposer l'image de celui qu'on a envie de transformer
04:47 et qui va devenir un autre.
04:49 Et on est persuadé qu'on va, nous, réussir à changer l'autre.
04:51 - Et est-ce qu'il n'y a pas aussi quelque chose
04:53 de l'ordre de l'instinct maternel, de la protection ?
04:56 - Évidemment, il y a aussi de ça, on est traversé par ça.
04:59 Il y a le syndrome de l'infirmière,
05:02 il y a le syndrome de l'avocate,
05:05 il y a aussi l'instinct maternel protecteur, enveloppant.
05:08 Et puis il y a ce désir.
05:10 Et moi, j'ai commencé en imaginant quelque chose
05:13 un peu de l'ordre de Bonnie & Clyde.
05:15 Et je me suis retrouvée dans quelque chose qui m'a fait vaciller,
05:18 qui est plutôt de l'ordre de l'amour courtois, voire adulescent,
05:21 un amour empêché et un amour donc sublimé.
05:24 - Vous savez déjà quel est le sujet de votre prochain livre ?
05:28 - Je suis en train de y réfléchir.
05:30 Mais je vais continuer à aller voir
05:34 ce qui, moi, est à la marge de la société
05:37 et pourtant parle de nous.
05:39 - Bon, à suivre.
05:40 Alors en tout cas, en attendant, je vous conseille
05:42 "Il n'est pas celui que vous croyez,
05:43 ces femmes amoureuses de tueurs en série".
05:45 C'est un livre qui est paru chez Fayard.
05:46 Merci beaucoup Valérie Boudaille.
05:47 - Merci Anne.
05:49 - Merci.
05:50 ♪ ♪ ♪
05:53 [SILENCE]

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