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Anne Fulda reçoit Valérie Abécassis pour son livre «Place des otages» dans #HDLivres

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Transcription
00:00Bienvenue à l'heure des livres, Valérie Abé-Cassis, on est ravis de vous recevoir.
00:05Vous êtes journaliste, vous vivez entre Paris et Tel-Aviv,
00:10et vous venez de publier un livre qui s'appelle Place des otages,
00:13un livre qui est paru aux éditions du Serre,
00:15un livre qui est un témoignage inestimable sur ce qui est arrivé le 7 octobre,
00:22et surtout sur les répliques, notamment dans le pays, en Israël,
00:26un livre dans lequel vous avez vous livré aussi sur votre propre condition et statut,
00:33avec sincérité, émotion, et parfois de l'humour aussi,
00:37vous qui êtes une Française installée en Israël, et ce n'est pas toujours facile,
00:42mais vous racontez surtout le chaos, la peine, les familles endeuillées,
00:46parce que vous étiez en Israël le jour du 7 octobre,
00:50votre livre commence par ces phrases,
00:51ce samedi-là, le monde a chuté, la sirène est entrée dans mon sommeil et dans celui d'Ava,
00:56je le sais, parce qu'on a fait la même chose en même temps,
00:58toutes les deux, les mêmes gestes en même temps, sans se parler,
01:00et même avec une forme de solennité, il était 6h30, vous cherchez un abri,
01:04c'est une habitude, vous ne prenez pas tout de suite conscience de l'ampleur,
01:07cette fois, de ce que signifie l'attaque qui a eu lieu ?
01:11C'est une habitude, parce que lorsque les roquettes sonnent,
01:15elles sonnent tout le temps dans le nord, elles sonnaient tout le temps dans le sud,
01:19depuis des années, et là, les gens ont seulement 30 secondes pour se mettre à l'abri,
01:24nous, à Tel Aviv, nous avons 1 minute 30, et lorsqu'elle a sonné cette première alerte,
01:29Ava et moi, sans vraiment réfléchir, sans se parler, c'est ce que j'écris,
01:34on est descendus en disant, il n'y en avait qu'une,
01:36puisqu'au mois de mai déjà, il y en avait eu sur Tel Aviv,
01:39à la deuxième, la troisième, la quatrième, on s'est rendu compte de la mesure, de la gravité,
01:46quand ma fille est arrivée dans l'appartement, elle a dit, il faut qu'on s'en aille tout de suite,
01:50c'est très dangereux, on est exposés,
01:52là, j'ai commencé à comprendre que quelque chose de très grave était en train de se passer,
01:56mais j'étais en dessous de tout, comme l'ensemble du pays d'ailleurs,
01:59on a pris la mesure de cet effroi, que quelques jours après,
02:04parce que c'était un chaos total, les images arrivaient en direct,
02:08des victimes, des gens qui étaient terrés dans leurs abris,
02:11terrés dans des cactus, dans des bois,
02:15les jeunes de la Nova Fest qui se filmaient, qui appelaient à l'aide leurs parents,
02:20les parents appelaient à l'aide les médias,
02:22c'est un tout petit pays, Israël, c'est 10 millions d'habitants,
02:25c'est des frontières vraiment toutes limitées par rapport à cette région,
02:31donc assez rapidement, des messages d'effroi, des SOS, des appels aux médias sont sortis,
02:39et là, voilà, on a commencé à réaliser,
02:42et le soir, quand vous regardez qu'il y avait plus de 1200 terroristes
02:47qui sont entrés dans le sud du pays par plusieurs points d'entrée,
02:52les gens se sont dit, mais ils sont remontés vers Tel Aviv,
02:55ils vont remonter vers le nord, il y en a partout,
02:57donc les gens étaient barricadés, en direct à la télé, en direct à la radio,
03:01c'était effroyable.
03:02Avec, justement, j'allais utiliser le mot d'effroi,
03:04un effroi d'autant plus important que Tsahal, l'armée que l'on croyait invincible,
03:10ne l'est pas, elle semble faillir.
03:13Votre livre ne raconte pas ça, mais raconte, en revanche,
03:17vous qui êtes journaliste culturelle, avez animé une émission culturelle,
03:21mais en fait, vous muez en reporter de guerre, vous allez sur le terrain,
03:25comme on dit, vous visitez une maternité, vous allez dans beaucoup d'endroits en Israël,
03:33quel est le moment qui vous a le plus marqué,
03:37ou le reportage qui vous a le plus marqué dans ces incursions que vous avez faites ?
03:42Écoutez, je me suis effectivement transformée en reporter de guerre,
03:45et le livre raconte, et vous le dites, ça parle de moi, ça parle de mon rapport,
03:49ça raconte aussi l'histoire d'une Française qui se retrouve là.
03:53Il y a deux endroits qui m'ont... En fait, il y en a plein, tous les chapitres.
03:59Il y a cet hôpital dans le sud qui est consacré aux amputations,
04:04où j'ai vu des gamins de 19 ans à qui manquait un bras, un pied,
04:09qui m'expliquaient... Vous savez, si l'armée était arrivée plus vite,
04:12si les secours étaient arrivés plus vite, ces jeunes se sont faits des garots,
04:17leurs membres auraient pu être sauvés, et ils n'avaient aucune amertume,
04:22bien au contraire, ils ne demandaient qu'une chose, c'était de retourner au combat.
04:25Et ça continue, la guerre continue, et il disait,
04:27« We don't have another place », on n'a pas d'autre endroit,
04:30et nous devons protéger notre pays.
04:33Mais j'ai d'autres souvenirs aussi, lorsque je me suis retrouvée sur la place Abima,
04:37par exemple, il y avait une centaine de petits lits d'enfants,
04:40et à côté de chaque lit d'enfants, il y avait une actrice célèbre,
04:44ou un chanteur célèbre israélien, qui racontait une histoire pour endormir
04:47un enfant qui n'était pas là et qui avait été capturé.
04:50J'ai été aberrée, j'ai été à l'aéroport, j'ai été dans les hôpitaux...
04:55Vous êtes marquée, non pas seulement par les gens qui partent, mais ceux qui arrivent.
04:59Oui, mais c'est ce que je raconte, justement.
05:01Vraiment, c'est mon rapport à tout ça, parce que j'ai grandi dans un pays sans guerre,
05:05j'ai grandi en France, donc j'ai vu ce qu'il se passait.
05:08C'est vrai que les départs, c'est toujours épouvantable,
05:10mais lorsque je suis descendue aux arrivées et que j'ai vu ces gamins de 19 ans,
05:14ça m'a fait pleurer aux larmes, parce que je me dis, mais ils vont...
05:18Ils vont peut-être...
05:21Oui, mais ce qui vous fait dire que, quand même, cette société a toujours
05:24cette solidarité et le désir de se battre.
05:27On n'a pas le temps, mais c'est vrai que ce qui est intéressant,
05:29c'est que vous avez aussi un regard amusé et distancé sur la société israélienne.
05:33Vous dites à un moment que c'est le pays du presque.
05:35Juste dernière question, qu'est-ce que vous voulez dire par là, exactement ?
05:38Je l'ai dit au début, c'est almost, c'est un pays presque.
05:41On l'a vu, c'est un pays presque défini.
05:44Les frontières, où elles sont ?
05:46C'est un pays dans lequel il y a une langue qui est presque compréhensible.
05:48Il n'y a pas de voyelle dans l'hébreu.
05:50Il y a d'autres langues dans lesquelles il n'y a pas de voyelle.
05:52Ce que l'on dit, c'est un petit chapitre un peu amusant.
05:55Ce que l'on dit, ce n'est pas ce que l'on entend.
05:57Vous voyez Ebbing-Virol écrit de dix façons différentes tout le long du...
06:01C'est un pays presque en paix.
06:03Maintenant, plus du tout.
06:04C'est un pays presque sécuritaire.
06:07C'est un pays presque ouvert.
06:09C'est un pays presque religieux.
06:11C'est un pays presque laïc.
06:12C'est un pays presque démocratique.
06:14C'est un pays qui est presque...
06:15Quand on n'est pas attaqué, comme on l'a été le 7 octobre,
06:18qu'il n'y a pas tous ces morts, ces carnages, ces viols.
06:21On peut s'amuser.
06:22C'est ce que je dis.
06:23Je voulais écrire.
06:24Je serais revenue.
06:25J'aurais écrit un livre là-dessus.
06:26Malheureusement, je n'ai fait qu'un chapitre.
06:28Et c'était ma façon à moi de dire que c'est un pays vraiment étrange.
06:31Et ce que je raconte dans le livre, c'est ça.
06:33En tout cas, je vous conseille de lire.
06:34Parce qu'effectivement, il y a ces reportages sur le 7 octobre.
06:37Mais aussi le reste, des flashs sur ce qu'est la société israélienne.
06:41Ça s'appelle Place des otages.
06:42C'est paru aux éditions du CERN.
06:43Merci beaucoup Valérie Abégassis.
06:45Merci à vous.

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