"Les responsables politiques calédoniens ont joué un jeu dangereux" pour Patrick Roger (journalisyte au Monde)

  • il y a 4 mois
Avec Patrick Roger, journaliste au Monde, Auteur de "Nouvelle-Calédonie : La tragédie"

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##C_EST_A_LA_UNE-2024-05-17##

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Transcript
00:00 - Le Grand Matin Sud Radio, 7h-8h30, Patrick Roger.
00:04 - Bonjour Patrick Roger.
00:06 - Patrick Roger.
00:07 - Ah, on n'a pas entendu votre micro, on va être obligé de la refaire évidemment.
00:12 Bonjour Patrick Roger.
00:14 - Patrick Roger, bonjour.
00:16 - La Nouvelle Calédonie, la tragédie, c'est votre livre donc Patrick Roger.
00:22 Alors je le redis pour les auditeurs qui nous écoutent, qui n'étaient pas juste avant là,
00:26 nous sommes homonymes, vous avez été pendant des années au monde spécialiste de beaucoup de questions,
00:32 notamment des collectivités territoriales, de la politique,
00:36 et auteur de beaucoup de reportages en Nouvelle-Calédonie,
00:39 vous vous êtes rendu encore sur place récemment.
00:41 Et là, vous avez un sens incroyable quand même de l'actualité,
00:44 parce que ce livre sort cette semaine, "La tragédie",
00:47 au moment où la Nouvelle-Calédonie est justement en pleine tragédie, se déchire,
00:52 et on voit à vous lire que vous le pressentiez,
00:55 vous racontez tous les épisodes depuis la colonisation,
00:58 et d'ailleurs le premier drapeau français qui a été planté sur place en 1853.
01:03 On a l'impression d'être dans une impasse, dans une guerre civile.
01:08 Alors, essayons de faire simple, mais est-ce qu'on est à un point de rupture total en fait aujourd'hui,
01:14 entre des indépendantistes, certains qui pourraient être jusqu'au boutiste ?
01:19 - Je ne sais pas si on peut parler encore de guerre civile,
01:25 je ne sais pas si c'est inéluctable.
01:29 Moi j'espère encore, je connais bien ce territoire,
01:33 j'espère encore qu'on va arriver à recoller les morceaux, si on peut dire.
01:42 Mais pourquoi en étant arrivé là ?
01:47 Je crois que d'abord la Nouvelle-Calédonie depuis les années 1980 a énormément évolué.
01:54 On n'est plus dans les années 1980, on était dans un système quasiment d'apartheid.
02:02 La société aujourd'hui métissait, les jeunes de toutes les communautés
02:09 vivent ensemble, étudient ensemble, travaillent ensemble, jouent ensemble.
02:13 Et là, depuis trois ans, depuis la série de référendums qui ont eu lieu sur l'autodétermination,
02:23 l'accès sur l'indépendance, la société... - Avec un non à l'indépendance, par trois fois.
02:29 - Avec un non à l'indépendance, par trois fois, mais la société de nouveau s'est clivée.
02:31 Et les responsables politiques calédoniens ont joué, à mon sens, un jeu dangereux
02:44 en faisant systématiquement de la surenchère, en activant des mauvais réflexes.
02:56 Et ça aboutit aujourd'hui à cette explosion. On accuse beaucoup le gouvernement...
03:04 - Qui veut accélérer pour, disons, aujourd'hui ratifier ce qui a été décidé à travers le non à l'indépendance.
03:13 Et puis le dégel, alors on explique pour ceux qui n'ont pas compris, le dégel de l'interdiction de vote
03:20 pour des habitants qui sont sur place depuis quelques années.
03:23 - Voilà, c'est un problème. Enfin, la question de qui vote en Nouvelle-Calédonie,
03:31 qui a le droit de vote, est une question qui est cruciale là-bas.
03:37 Jusqu'en 1957, les canards n'avaient pas le droit de vote.
03:43 Ils étaient seulement des sujets, mais n'étaient pas des citoyens.
03:48 Donc cette question du droit de vote est une question fondamentale.
03:51 Et pour les mélanésiens, la crainte reste toujours d'être dépossédés de leur territoire.
04:08 Mais aujourd'hui, la question ne se pose plus de cette manière-là.
04:17 Encore une fois, ce qui est important, c'est de retrouver le sens du destin commun.
04:23 L'accord de Nouméa de 1998, qui est un texte magnifique,
04:27 c'est un des plus beaux textes de la République,
04:30 disait effectivement "arriver à une souveraineté partagée, un destin commun".
04:36 C'est cela qu'il faut retrouver, ce vivre-ensemble qui a été perdu ces dernières années.
04:45 - Oui, oui, oui. Alors, il faut savoir que tous les canards ne sont pas forcément pour l'indépendance.
04:51 - Bien sûr que non, bien sûr que non.
04:53 Encore une fois, la Nouvelle-Calédonie est une terre métissée,
04:58 qui s'est construite au fil de la colonisation,
05:04 qui a été douloureuse, qui a été violente, mais par des apports...
05:09 Au départ, c'était une terre de bannières.
05:12 - Oui, bien sûr, c'est vrai.
05:14 - Et aujourd'hui, on a des descendants de ces bannières,
05:19 puis de ces travailleurs...
05:21 - Qui sont venus du territoire.
05:23 - ...walisiens, futuniens, indochinois, etc., qui ont été amenés de force.
05:29 C'est une société métissée.
05:31 Et encore une fois, c'est cette envie de vivre-ensemble qu'il faut retrouver.
05:36 Et en finir avec ces clivages exacerbés par des dirigeants politiques aujourd'hui,
05:44 qui, parfois, j'ai l'impression, ont une part de responsabilité,
05:50 deux parts leur irresponsabilité.
05:53 - Irresponsabilité avec certaines paroles, bien sûr,
05:55 et puis une situation économique qui n'a pas été bien gérée aussi localement, sur place.
05:59 Parce que là, ça c'est la crise qui débouche probablement.
06:03 - Voilà, parce qu'on parle de crise politique aujourd'hui,
06:06 mais cette crise politique, elle est sur fond d'une crise économique et sociale qui est dramatique.
06:11 La Nouvelle-Calédonie a vécu pendant des décennies,
06:16 a prospéré sur l'industrie, l'exploitation du nickel.
06:21 On a trois usines métallurgiques là-bas, sur un territoire de 270 000 habitants,
06:27 trois usines métallurgiques avec trois sources d'énergie différentes, etc.,
06:32 qui sont en train de s'effondrer littéralement,
06:34 parce que la Chine et l'Indonésie monopolisent aujourd'hui le marché,
06:40 et les cours du nickel se sont effondrés.
06:43 Les trois usines sont en train de, pratiquement, on passe de mettre la clé sous la porte.
06:50 Ce sont 70 000 personnes qui risquent de se retrouver à la rue,
06:53 sur un territoire de 270 000 habitants.
06:57 C'est de cela qu'il faut prendre conscience.
07:00 - Et puis il y a les ingérences aussi étrangères,
07:02 on en parlera d'ailleurs dans cinq minutes maintenant avec Jean-Baptiste Noé.
07:06 Un dernier mot tout de même, Patrick Roger,
07:08 avec votre livre "La Nouvelle-Calédonie, la tragédie",
07:10 vous terminez quand même, je ne vais pas tout dévoiler votre livre,
07:13 parce qu'il faut le lire, vraiment, il est passionnant.
07:16 C'est le témoignage d'une jeune canaque sur l'indépendance.
07:20 - Une jeune lycéenne. - Oui, lycéenne.
07:24 - Issue d'une famille indépendantiste,
07:27 elle dit "mon grand-père était indépendantiste, mon père était indépendantiste,
07:31 ils ont vécu les événements des années 1980,
07:35 j'ai toujours été, j'ai toujours baigné dans cette ambiance-là.
07:44 Bon, je suis canaque,
07:46 mais l'indépendance aujourd'hui,
07:49 pour moi, c'est aussi de prendre, d'avoir la liberté
07:53 de ne pas être libre,
07:58 de ne pas me battre pour l'indépendance,
08:01 pour les valeurs canaques,
08:02 mais moi aussi, ma liberté c'est de ne pas m'inscrire dans ce chemin-là.
08:07 - Oui, absolument. Merci beaucoup Patrick Roger,
08:10 "Nouvelle-Calédonie, la tragédie",
08:12 dans quelques minutes justement, on va reparler aussi des ingérences étrangères.
08:15 Hum.

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