• il y a 10 mois
Avec David Lisnard, maire LR de Cannes et président de l'AMF

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##L_INVITE_POLITIQUE-2024-02-29##

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Transcription
00:00 - Bonjour, bonjour à toutes et à tous, merci d'être avec nous, les français veulent savoir, parlons vrai ce matin avec David Lyssenaar qui est maire de Cannes,
00:07 président de l'association des maires de France et de Nouvelle Énergie. David Lyssenaar, bonjour. - Bonjour.
00:13 - David Lyssenaar, vous revenez d'Ukraine, vous revenez du Donbass, vous êtes rentré dans la nuit de lundi à mardi,
00:17 vous êtes sans doute le seul homme politique français à être réellement allé sur le front.
00:24 Pensez-vous, c'est une première question que je vous pose, pensez-vous que les ukrainiens se sacrifient pour nous ?
00:30 - Je crois qu'ils se sacrifient pour l'Ukraine. Je le dis clairement, en tout cas la population ukrainienne très majoritaire pro-ukrainienne,
00:38 parce qu'il y a aussi une partie qui est notamment nord-est qui est pro-russe, mais les ukrainiens sont admirables, réellement, de résistance, de courage.
00:48 Je vous le voyais hors du front quand vous allez à Lviv à Unbroken, donc très loin du front, ce qui est fait en termes de réparation,
00:56 parce que c'est le terme utilisé, des soldats, des victimes, des enfants qui reviennent des zones de guerre, des centaines d'amputés,
01:03 les gens sont concentrés, sont très dignes, et puis sur le front, des militaires admirables. Je crois qu'ils se battent pour l'Ukraine,
01:10 qu'il y a cette volonté de ne plus se laisser faire par la Russie. J'ai connu ce pays il y a une vingtaine d'années, il y avait déjà la mémoire de l'automort,
01:17 vous savez, le génocide des années 30, l'Ukraine, la Pologne, sont des pays qui ont une histoire très violente, très tourmentée avec la Russie,
01:26 et puis ils ont conscience aussi que malgré les imperfections de l'Ukraine, qui est un pays où il y a de la corruption, etc., c'est une démocratie,
01:33 et qu'aujourd'hui, le fait de se battre pour leur indépendance, leur souveraineté et leur liberté, et pour la démocratie, leur apporte un supplément de vitalité
01:44 et de courage qui doit un peu nous inspirer. - Nous inspirer. Ils se battent pour nous, s'ils se battent pour la démocratie.
01:51 Non, je vous dis ça parce que le débat est engagé depuis lundi, je vais vous poser des questions à ce propos, vous voyez où je veux en venir.
02:00 Vous dites "il est temps de passer des discours aux actes". - Oui. - Ça veut dire quoi ?
02:06 - Non, quand on dit "ils se battent vraiment pour l'Ukraine", et leur discours se régénère par la défense de la démocratie.
02:15 Deuxième élément, il faut bien comprendre aujourd'hui qu'on est dans un entre-deux géopolitique, on est dans un entre-deux périodes,
02:23 et qu'on ne sait pas ce qu'elle sera la prochaine période. Mais le déclin de l'Occident, qui a fait de nombreuses erreurs,
02:29 dans le Levant, qui a eu une vision très variable du droit international, qui nous est très reproché, à juste titre d'ailleurs,
02:36 aujourd'hui l'Occident est en fragilité. Mais que l'enjeu pour nous, c'est évidemment de défendre nos démocraties,
02:41 qui sont attaquées de l'extérieur par des empires qui se reconstituent, et de l'intérieur par nos faiblesses morales.
02:47 La Russie et l'Iran sont très soudés, très liés. S'ajoute la Chine, qui est un ennemi de la Russie, qui un jour attaquera la Sibérie,
02:55 mais qui aujourd'hui, la Chine veut récupérer Taïwan, et donc il y a une alliance circonstancielle, un axe des empires,
03:02 qui sont des dictatures, Iran, Russie, Chine. Vous avez la position ambiguë de l'ancien empire ottoman.
03:08 Donc ce sont des empires, dont on découvre à nouveau, il y a eu beaucoup de naïveté en Occident, qu'ils sont reptiliens,
03:14 qu'ils sont expansionnistes, même quand ils ont un déclin démographique, comme la Russie. Et il y a une vision...
03:20 La Russie, Poutine, certains le disaient fou, il n'est pas fou du tout. Il est très rationnel, mais il est déraisonnable.
03:27 Parce que nous on le confond parfois en Occident, mais les terres qu'il a conquises en Ukraine sont des terres à haut enjeu stratégique.
03:34 Aujourd'hui, la Russie est importatrice de blé. Aujourd'hui, elle est exportatrice. Si la Russie nous vire d'Afrique,
03:41 c'est là où il faut défendre nos intérêts, et pas simplement être sur la posture morale.
03:44 L'intérêt de la France, c'est que la Russie ne gagne pas cette guerre. Pourquoi on est mis hors d'Afrique ?
03:50 Parce que la Russie, aujourd'hui, nourrit une partie de l'Afrique. C'est pas que Wagner, c'est le blé qu'ils ont pris aussi
03:57 dans ce qu'on appelle les terres noires de Russie et d'Ukraine. Donc, nous devons retrouver la force morale, la force militaire,
04:06 de défendre nos intérêts, ce qui ne veut pas dire nous laisser embarquer dans des escalades, y compris sémantiques,
04:14 puisque c'était votre question. - Oui, c'était ma question sur les propos d'Emmanuel Macron.
04:18 Propos d'Emmanuel Macron très discutés, très commentés, très contestés, notamment par Joe Biden et Olaf Scholz.
04:27 Mais d'un autre côté, je vais vous poser la question à l'envers. N'est-ce pas catastrophique de dire qu'on n'en verra jamais de troupes en Ukraine,
04:35 comme l'ont fait Joe Biden et Olaf Scholz ? - Joe Biden l'avait déjà dit il y a deux ans, et l'erreur, elle était là.
04:41 Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'en diplomatie, les mots sont encore plus importants que dans tout autre domaine.
04:50 Et que lorsqu'on brandit une menace potentielle, et qu'on évoque l'ambiguïté stratégique, comme l'a fait Emmanuel Macron,
04:57 et qu'on n'est pas en mesure de concrétiser cette menace, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, de toute façon,
05:03 on a d'excellents soldats, parmi les meilleurs au monde, mais nous n'avons pas les réserves de munitions pour envoyer notre armée.
05:08 - De toute façon, on n'en verra jamais de troupes, ce sont des conseillers... - Sauf que la façon dont il le dit, il dit qu'il n'exclut rien.
05:13 - C'est ambigu. - Et il ne faut jamais rien exclure. Mais quand vous dites, je le fais au nom, je vais essayer,
05:18 de l'ambiguïté stratégique, déjà vous n'êtes plus dans l'ambiguïté stratégique, parce que ça ne s'évoque pas,
05:22 c'est comme si vous jouiez au poker, vous vous dites "je bluffe, je suis dans l'ambiguïté stratégique".
05:26 - Oui mais la dissuasion nucléaire doit être... - Moi je trouve que l'initiative d'Emmanuel Macron était bonne.
05:32 Je trouve qu'il y a longtemps qu'on n'avait pas pris une initiative diplomatique positive de réunir les pays, de dire comment on définit des objectifs de guerre,
05:38 qui n'ont toujours pas été définis, et quels moyens on met en face. En revanche, d'utiliser cette arme a obligé les autres pays à se positionner,
05:47 et pour le coup, il n'y a plus d'ambiguïté stratégique. Et donc on a affaibli la position de l'Occident.
05:52 Et là, la diplomatie ça nécessite du professionnalisme. Et surtout, la diplomatie sans les armes, c'est la musique sans les instruments.
06:02 C'est une phrase de Bismarck. Donc aujourd'hui l'urgence pour l'Ukraine, c'est d'envoyer des armes. Déjà de les produire.
06:08 Quand il exhorte l'industrie de l'armement à produire, mais qu'elle... Pardonnez-moi, mais puisque ça s'appelle "parler vrai", c'est un peu de la posture.
06:17 Pourquoi ? Parce que c'est simple, il y a des producteurs, Arnaud Dargent, député européen, l'a très bien dit hier au Parlement européen,
06:23 les producteurs, ce sont les industries, c'est eux qui produisent les armes. Mais il n'y a qu'une seule commande, c'est les Etats.
06:28 Donc il ne suffit pas de clamer depuis des mois et des mois "on se met en économie de guerre", il est temps de passer commande,
06:34 et vous remarquerez que dans les 10 milliards d'économies qui ont été proposées, qui s'attaquent qu'au muscle et pas à la Grèce administrative,
06:42 eh bien il y a une réduction de dépenses militaires. Donc on ne peut pas jouer sur tous les tableaux.
06:46 - Alors, nous allons regarder de près ce qui va se passer, ou ce qui pourrait se passer en Transnistrie, c'est à l'est de la Biavie,
06:52 il va falloir être très attentif. Est-ce que selon vous, la Russie est une menace directe et immédiate pour la France, comme le dit Gabriel Attal,
07:01 face à Vladimir Poutine, faut-il montrer sa force ? Une menace, la Russie ?
07:05 - C'est une menace, c'est une menace pour l'Occident, c'est une menace... - Pour l'Europe ?
07:09 - Oui, mais c'est une menace parce qu'il y a ces alliances que j'ai évoquées tout à l'heure avec l'Iran,
07:14 et qui est faible à l'intérieur, donc qui à un moment donné pourra tenter quelque chose pour se ressouder à l'intérieur, et avec la Chine.
07:21 Et puis il y a ce concept de guerre hybride. Il ne s'agit pas d'être contre la Russie, la Russie est un grand peuple, une grande culture, la question n'est pas là.
07:29 Mais quand Vladimir Poutine nous traite de dégénérés, il ne faut pas qu'on lui donne l'occasion de nous penser dégénérés.
07:36 Donc il s'agit de créer des rapports de force. Et le rapport de force le plus favorable aujourd'hui à l'Ukraine,
07:42 pour essayer de trouver une paix, une situation gelée, mais qui ne peut être que sur un rapport de force.
07:48 Et donc il est temps, maintenant, moi je les ai vus, j'ai vu l'officier qui commande la 42ème brigade motorisée sur le front du Donbass,
07:57 c'est Anne Quiland, colonel, et ce qu'il nous dit c'est "on a les munitions d'armes légères, etc."
08:03 Mais il nous faut vraiment tout de suite des obus, tout de suite. Aujourd'hui ils sont descendus à moins de 2500 obus par jour,
08:09 alors que les Russes en envoient 20 000 par jour. Ils n'en ont plus, il leur faut des drones.
08:13 Ils perdent sur cette zone de combat 50 drones par jour, dont 10 drones d'observation.
08:17 Si la Russie gagne ici, c'est un signe supplémentaire de faiblesse des démocraties.
08:22 La démocratie ne doit pas être une faiblesse. Et si on ne crée pas les rapports de force qui nous permettent d'assurer notre paix future,
08:29 et quand j'entends certains qui disent, y compris l'extrême droite, "rien n'est pire que la guerre",
08:33 oui la guerre c'est dégueulasse, c'est affreux, c'est du sang, c'est de la douleur, c'est du deuil, c'est du métal, c'est sale.
08:41 Sauf que la soumission c'est peut-être pire. Et qu'on ne peut pas être souverain, se dire souverainiste en France, et être contre...
08:47 - Vous pensez qu'elle est fille, qu'elle est reine aujourd'hui, sont soumis ?
08:51 - Mais ils sont dans un irénisme, soit dans une logique de faux pacifisme, soit de complicité à l'égard de la Russie,
08:57 qui à mon avis est très grave.
08:59 - Complicité à l'égard de la Russie ? Est-ce que vous avez suivi le discours ?
09:04 - Complicité politique ! J'ai pas aimé la façon dont Gabriel Attal... Parce que, en fait, pourquoi j'ai pas aimé ?
09:09 Parce que c'est de la posture politique. C'était à l'Assemblée, d'abord il fallait faire oublier quelques loupés,
09:13 du Salon de l'Agriculture, puis Diplomatique, voilà. Et ensuite, il y a une espèce de volonté de surenchérir,
09:21 de résumer la vie politique à un conflit entre la Macronie et toutes ses nuances, et le Rassemblement National.
09:28 Et c'est la meilleure façon de faire monter le Rassemblement National. Donc je pense que c'est une...
09:31 - Est-ce que vous avez suivi le discours de Yulia Navalnaya au Parlement Européen ?
09:36 - Non, je n'ai pas suivi.
09:38 - C'est la veuve de Navalny, qui a accusé Vladimir Poutine d'être le chef d'une organisation criminelle.
09:42 Tout le monde a applaudi, sauf les députés du Rassemblement National.
09:45 - Ça illustre ce que je viens de vous dire.
09:47 - Ça illustre ce que ça vient de vous dire ?
09:49 - Alors, à propos, dernière question, puis je vais passer à autre chose, mais...
09:54 - C'est tellement majeur, c'est tellement essentiel.
09:57 - Oui, à propos des avoirs russes, gelés, faut-il, il y a une...
10:03 ça va être discuté à l'Assemblée Nationale, faut-il les utiliser pour armer l'Ukraine ?
10:10 Proposition de résolution à l'Assemblée Nationale, est-ce que vous la voteriez ?
10:13 - Je sais pas, il faudrait que je regarde en détail, mais pourquoi pas ?
10:16 Ce que je veux dire, j'ai lu un grand papier, ce matin, d'un dissident russe brillant,
10:20 qui disait qu'on avait fait quelques erreurs, notamment de ne pas essayer de récupérer
10:25 tous les oligarques russes qui étaient en Occident, qui étaient prêts à être contre Poutine,
10:30 et qui étaient prêts à financer d'ailleurs la guerre en Ukraine.
10:35 Et donc, de tomber dans des postures morales, voire moralisatrices,
10:41 finalement, on s'est privé de soutien important d'une partie de la société russe.
10:45 Et on a conforté la position de Poutine en Russie.
10:48 - Vous étiez hier au Salon de l'Agriculture, vous avez croisé peut-être d'autres candidats
10:54 à la présidence de la République.
10:55 - D'autres candidats ? Qui ?
10:57 - Marine Le Pen, vous avez peut-être croisé.
10:59 - J'ai pas croisé Marine Le Pen. - Laurent Wauquiez.
11:01 - J'ai vu Laurent Wauquiez, oui. - Oui, qui est le candidat d'Éric Ciotti.
11:04 Pas de l'air, mais d'Éric Ciotti.
11:09 Nous voilà de retour en France. C'est ce qu'explique Xavier Bertrand,
11:11 qui lui aussi est candidat, qui lui aussi était au Salon, évidemment.
11:16 Alors, avec Nouvelle Énergie... - J'ai vu Monsieur Roussel aussi, du Parti Communiste.
11:19 - Oui, voilà. Avec Nouvelle Énergie, vous êtes en train de préparer 2027, franchement.
11:23 - Oui, on se prépare. Hier soir, j'ai encore travaillé tard,
11:28 en essayant de proposer encore plus d'idées, de propositions, de principes,
11:33 que j'aimerais voir dans l'offre politique, et qui me pensent être en adéquation avec les intérêts de la France.
11:40 - Que vous allez défendre en 2027 ? - Oui, que je vais défendre, d'une façon ou d'une autre.
11:43 - Vous serez candidat. - Non, c'est pas...
11:46 Mais c'est pas une coquetterie, c'est pas un truc de politicien, c'est que,
11:50 à trois ans d'une échéance, avec le fait que je suis entrant dans ce système-là,
11:59 donc c'est à moi aujourd'hui de construire, c'est comme on parlait de rapport de force,
12:03 un rapport de force qui me permet de faire entendre mes propositions sur la retraite par capitalisation
12:07 obligatoire, y compris pour les travailleurs pauvres, pour mettre un terme à cet égalitarisme scolaire
12:12 par la carte scolaire qui est en train de sacrifier les classes populaires et les classes moyennes
12:19 dans l'école publique, etc. Je veux faire entendre cette voix.
12:21 - Oui, vous voulez imposer vos choix, en 2027, pour être le candidat de la droite.
12:26 Il n'en faudra qu'un, d'ailleurs, non ?
12:28 - C'est-à-dire que dans la figure, aujourd'hui, on ne peut plus se permettre une primaire au premier tour.
12:34 Il faut la faire avant, ou alors il faut qu'il y ait un candidat qui naturellement,
12:37 ou une candidate émerge et tu le matches. Aujourd'hui, personne ne tue le match.
12:40 - Inscription d'un droit à l'IVG dans la Constitution, garantir la liberté à la femme d'avoir recours à une IVG,
12:46 vous auriez voté ?
12:48 - C'est un droit très précieux et très important. Il faut commencer par dire cela.
12:52 Et si ce droit était menacé, il faudrait le défendre ardemment, et je serais le premier à le défendre.
12:58 C'est jamais des situations de vie faciles. Il faut les connaître, et les femmes qui sont exposées
13:03 les connaissent encore plus que leurs compagnons qui peuvent y être exposés.
13:09 C'est des situations très difficiles. Il faut défendre ce droit s'il est menacé.
13:12 Aujourd'hui, il n'est pas menacé, pas du tout. Donc je pense qu'on est aussi là dans une espèce de posture morale.
13:18 Mais pour en avoir discuté, je n'ai pas envie de fragiliser les parlementaires qui ont voté pour,
13:23 si vous voulez, dont certains me disent qu'ils pourraient être menacés un jour.
13:26 Je ne le crois pas vraiment, mais enfin, bon, voilà.
13:29 - Vous auriez voté ?
13:31 - Je pense qu'on n'aurait pas dû en faire un objet politique aujourd'hui.
13:33 - Vous auriez voté ou pas ?
13:34 - Je ne sais pas. Je pense que oui.
13:37 - Vous pensez que oui ?
13:38 - Ne serait-ce que pour ne pas perdre de temps à toujours se justifier,
13:42 et pour qu'on puisse revenir aux problèmes essentiels de la perte de compétitivité du pays, de la sécurité,
13:48 - C'est aussi un problème essentiel.
13:49 - Le problème d'immigration non maîtrisée. Mais non, ce n'est pas un problème essentiel.
13:51 Il n'y a pas de problème aujourd'hui. Je suis désolé.
13:53 Il n'y a jamais autant eu d'avortement, et personne, aucun parti politique, aucun en France aujourd'hui,
13:58 aucun ne s'oppose au droit à l'avortement. Aucun.
14:01 - Bien. David Lyssena, les problèmes essentiels.
14:03 - Donc il y a beaucoup de postures morales faciles là-dedans.
14:05 - Bon, alors dépassons les postures morales. Vous voulez, évidemment, mais Gabriel Attal dit la même chose.
14:10 Supprimer des normes, supprimer les règles, supprimer les procédures.
14:14 - D'abord, je suis ravi que...
14:16 - Vous êtes admirateur de Georges Pompidou, qui se battait contre cela.
14:19 Et vous allez écrire un livre d'ailleurs, je crois, vous allez sortir...
14:21 - Qui sera publié le 27 mars, avec Christophe Tardieu,
14:24 qui s'appellera "Les leçons de Pompidou", "Les leçons de Pompidou".
14:26 - "Pompidou", que je recommande à tous vos auditeurs.
14:29 - Bon, tout le monde finalement, tient le même discours maintenant.
14:33 - Alors d'abord, je suis ravi de...
14:35 C'est une première bataille des idées, parce que vous lisez, parfois dans le désert,
14:39 ce que je pouvais produire ou dire il y a quelques années,
14:41 et on nous traitait de populistes, hein, selon le...
14:44 Voilà, aujourd'hui c'est repris dans les discours,
14:46 mais comme toujours, vous savez, dans les gens qui nous dirigent aujourd'hui,
14:50 c'est un peu des mernards l'armide de la politique,
14:52 ils se mettent dans la coquille des autres, mais ils font pas grand-chose.
14:54 Donc je crains, je veux pas faire procès d'intention, j'espère que ça fonctionnera,
14:58 mais quand vous demandez à des gens qui sont d'un conformisme intellectuel majeur,
15:02 qui sont des gens souvent bien formés, des gens bien,
15:05 mais qui ont été formés pour produire de la règle,
15:08 produire du processus, produire de la norme,
15:10 c'est comme si vous demandiez aux dealers de faire le plan de lutte contre la drogue, quoi.
15:14 Donc je pense qu'ils vont parvenir à bureaucratiser la dé-bureaucratisation.
15:19 Vous verrez ce que je vous dis.
15:20 - Bien, si vous êtes président de la République, vous avez trois mesures à prendre.
15:24 - Oh, j'en ai plus que trois.
15:25 - Plus que trois, mais les premières mesures.
15:28 - Alors, première mesure, de faire de la dé-bureaucratisation, de la simplification,
15:32 c'est-à-dire qu'il faut réarmer l'appareil d'État.
15:34 Donc d'emblée, il faut que ce soit à l'Élysée et à Matignon,
15:37 qui est au-dessus des ministres,
15:39 pour tout de suite couper le robinet de la production des normes.
15:42 Au moment où on se parle,
15:44 il y a des normes nouvelles qui sortent pour contraindre les agriculteurs,
15:47 alors qu'on en dit le contraire.
15:48 Au moment où nous nous parlons,
15:49 vous avez encore 14 ou 15 réglementations sur la taille des haies.
15:53 Vous avez encore l'impossibilité, contrairement aux engagements du président de la République
15:55 et du Premier ministre, de fosser, de curer un fossé quand vous êtes agriculteur.
15:58 Donc, de couper le robinet.
16:00 Tout de suite, vous pratiquez le "spoil system",
16:03 c'est-à-dire que vous donnez des objectifs très clairs à votre administration,
16:06 et les directeurs d'administration engagent leur responsabilité individuelle.
16:08 Vous créez de la responsabilité chez les managers publics,
16:12 pour créer de la performance publique.
16:13 C'est-à-dire que sur des injonctions qui sont un peu contradictoires,
16:17 comme dans tout management, comme dans toute entreprise.
16:18 - Donc des objectifs, comme dans une entreprise ?
16:20 - Bien sûr.
16:21 Mais comme on le fait dans une bonne collectivité bien tenue,
16:23 comme on le fait dans une entreprise, évidemment.
16:25 Et vous intéressez les fonctionnaires au résultat.
16:27 Vous leur dites "comment on peut moins dépenser ?"
16:29 "Comment on peut retrouver de la présence physique sur le terrain ?"
16:31 On n'a jamais autant dépensé d'argent public qu'aujourd'hui.
16:34 58% de la richesse produite, entre 56 et 58%,
16:37 et on n'a jamais aussi peu eu d'agents sur le terrain.
16:39 Pourquoi ? Parce que de même que trop d'impôts tuent l'impôt,
16:42 trop d'administrations tuent le service public.
16:44 Donc le tout, c'est de s'attaquer structurellement.
16:47 Et puis il y a d'autres domaines.
16:49 Dans la sécurité, il faut tout de suite lancer le programme de réalisation
16:51 "20 000 places de prison".
16:53 Il faut tout de suite revoir le code pénal des mineurs
16:56 pour engager la responsabilité des mineurs.
16:57 Autrement, on n'arrivera jamais à lutter contre le deal
17:00 qui est en train de gangréner même nos villages aujourd'hui.
17:03 Bref, tout de suite, il faut engager un plan d'action
17:08 qui va nous permettre de restaurer une éducation,
17:11 une instruction publique de qualité,
17:13 mettre de la liberté dans le système scolaire, de la responsabilité.
17:15 Tout de suite, il faut aller beaucoup plus loin
17:17 sur l'autonomie des universités,
17:19 que ce soit la liberté universitaire de se financer comme l'on veut
17:22 pour retrouver une ambition scientifique.
17:24 Tout de suite, il faut lancer un vrai programme français-européen
17:27 sur l'intelligence artificielle, massif.
17:30 Tout de suite, il faut mettre l'INRAE au service des agriculteurs,
17:33 puisqu'on en parlait de cela,
17:34 et sur la recherche transgénique, et notamment transgénique.
17:37 Bref, vous verrez qu'il n'y aura pas que trois mesures,
17:40 il faudra les engager tout de suite.
17:41 - Bien, David Lissnard, Bruno Le Maire veut accélérer les négociations commerciales
17:45 afin de mettre en place une taxation minimale des milliardaires.
17:53 Vous êtes d'accord ou pas ?
17:54 - C'est tellement d'hémagogue !
17:56 C'est tellement du techno-populisme !
17:57 Alors, tout le monde va dire "c'est formidable".
17:59 Vous remarquerez qu'on est toujours les champions
18:01 pour produire et proposer des taxations.
18:03 Pourquoi ça me dérange ?
18:05 Ça me dérange parce que, pendant qu'on produit...
18:07 C'est comme le protectionnisme...
18:08 - Pourtant, le patrimoine des plus riches est en voleur !
18:11 - Ces dernières années.
18:12 - Parce qu'il est trop taxé.
18:14 Donc il s'est envolé de sens du terme.
18:16 C'est-à-dire qu'il a augmenté, mais il est aussi parti.
18:18 Regardez aujourd'hui, on a un taux d'épargne très élevé en France.
18:20 Cette épargne, elle est fléchée sur des fonds d'investissement qui sont anglo-saxons.
18:25 Moi, je propose, par la recette, par capitalisation obligatoire,
18:28 entre un filet de répartition et la liberté de capitalisation,
18:32 que l'on ait un vrai fonds d'investissement français, souverain, bla bla bla, français.
18:37 Voilà. Et ça, le problème, c'est que plus on crée des taxations comme ça,
18:41 plus on imagine des protections artificielles comme le prix plancher,
18:44 moins on se pose la question fondamentale,
18:47 qui est celle de notre perte de compétitivité.
18:50 Alors qu'on a tout pour être un grand pays, compétitif,
18:53 qu'on est créatif, qu'on est imaginatif.
18:55 Mais comme on ne s'attaque pas à l'appareil d'État,
18:57 à la dysfonction publique,
18:59 notre État s'affaiblit sur ses fonctions de base,
19:01 et notre société est de moins en moins prospère.
19:03 - Prix plancher, l'agriculture, vous êtes contre ?
19:06 - Mais bien sûr !
19:07 Mais comment...
19:10 Aujourd'hui, notre agriculture, elle est exportatrice.
19:13 - Donc les traités de libre-échange sont indispensables ?
19:16 - Quand la réciprocité et les clauses miroirs y figurent, oui.
19:20 Oui. Voilà. Évidemment.
19:22 Ceux qui sont contre le libre-échange, c'est de la flatterie, c'est de la flagornerie.
19:26 En revanche, il ne faut pas être nié, il ne faut pas être naïf,
19:28 quand il ne faut pas qu'on importe des produits
19:32 qui ont des moyens de production irrespectueux de l'environnement,
19:37 alors qu'on interdit chez nous. Ça c'est évident.
19:40 Mais en revanche, aujourd'hui, il faut bien comprendre qu'il y a une agriculture française qui est exportatrice nette.
19:44 Il n'y en a plus beaucoup des secteurs comme ça en France,
19:46 qui exportent plus que ce qu'elles importent.
19:48 Donc le tout, c'est de trouver la capacité de rendre notre agriculture plus puissante.
19:53 Plus puissante. C'est ça la meilleure des productions.
19:56 C'est la compétitivité.
19:58 Et on nous dit qu'on veut simplifier.
20:01 Et on nous dit qu'on va faire un prix plancher.
20:03 Un prix plancher, c'est une usine à gaz administrative.
20:05 C'est-à-dire qu'il va falloir, produit par produit, région par région,
20:07 voir quel serait le bon produit plancher par des fonctionnaires
20:10 qui connaîtraient mieux que le marché la valeur du produit.
20:13 Donc on ajouterait de la norme et de la contrainte.
20:15 Il faut sortir de toutes ces contradictions.
20:17 Il faut arrêter d'essayer de flatter les opinions.
20:19 - J'ai une dernière question David Lissnard.
20:22 Le gouvernement veut durcir les règles de l'assurance chômage. C'est indispensable ?
20:25 - C'est une mesure qu'il faut prendre, oui.
20:28 - Oui ? - Oui, bien sûr.
20:29 - Comment ?
20:30 - Bien sûr, pour... - Durée d'indemnisation ?
20:34 - Décroissance de l'indemnisation.
20:36 - D'agressivité, oui. - Oui, d'agressivité.
20:38 - Des indemnisations. - Et puis parallèlement,
20:40 renforcer la vraie formation des personnes en difficulté
20:43 et soutenir sur le terrain les personnes qui galèrent.
20:45 Parce qu'il y a des gens en détresse.
20:47 Il y a plusieurs typologies de chômeurs.
20:51 Il y a des chômeurs aujourd'hui qui sont employables.
20:53 La meilleure façon de retrouver le sens du travail,
20:55 c'est de s'attaquer à ce que je disais tout à l'heure,
20:57 c'est-à-dire la matrice de la dysfonction publique,
20:59 des surcharges administratives,
21:01 du coût social excessif, et donc de permettre
21:03 d'avoir un salaire net plus élevé.
21:05 Aujourd'hui, le problème de la France, c'est qu'on a un salaire brut.
21:07 Parmi les plus élevés de l'Occident,
21:09 il y a un salaire net qui devient des plus faibles de l'Europe.
21:11 Entre les deux, il y a tout
21:13 le magma technique, pardon, social et administratif.
21:19 C'est à ça qu'il faut s'attaquer.
21:21 - Une réforme complète de la fonction publique ?
21:23 - C'est indispensable. - Avec quoi ?
21:25 Avec des fonctionnaires payés au mérite ?
21:27 - La fin des catégories A, B, C ?
21:29 - Alors, il faut garder une fonction publique sur tout ce qui est régalien.
21:33 Moi, je suis très attaché à un état fort sur le régalien.
21:35 Et sur le reste, il y a des fonctions à externaliser.
21:39 Et travailler avec les fonctionnaires eux-mêmes.
21:41 Moi, beaucoup de fonctionnaires me rejoignent.
21:43 Alors qu'au début, c'est un peu contre-intuitif.
21:45 Beaucoup. Parce qu'ils en ont assez d'être moins bien payés qu'ailleurs,
21:47 de coûter plus cher qu'ailleurs,
21:49 et d'avoir... Il n'y a plus de sens dans les missions.
21:51 La contradiction entre les services administratifs,
21:53 l'ADREAL, c'est la direction régionale de l'entreprise,
21:55 l'ADREAL, c'est la direction régionale de l'environnement,
21:57 qui va contredire et rendre impossible ce que dit la direction départementale de l'équipement, etc.
22:03 qui va elle-même en contradiction avec les préfets.
22:05 Donc tout ça, il faut que ça vole en éclats.
22:07 Ça ne fonctionne pas. C'est inefficace.
22:09 Ça bride notre industrie.
22:11 Ça crée de l'injustice.
22:13 Ça entretient des gens dans la pauvreté.
22:15 Moi, je veux lutter contre la pauvreté par la création de richesses.
22:17 - Et puis, dernière chose. Vous êtes président de l'Association des maires de France.
22:19 Un statut de l'élu, c'est indispensable ?
22:21 - J'aime pas le terme de statut.
22:23 Non mais oui, les conditions d'exercice du mandat.
22:25 Vous vous rendez compte que les maires qui engagent leur responsabilité pénale tous les jours,
22:29 qui bossent vraiment beaucoup,
22:31 alors il y a des exceptions, il y a des mauvais maires,
22:33 il y en a qui bossent moins, comme dans une entreprise,
22:35 qu'aujourd'hui, la moitié des 35 000 maires de France
22:38 ont une indemnité mensuelle inférieure à 1 100 euros.
22:41 Alors, ils demandent pas... c'est pas le premier sujet,
22:43 mais au moins qu'on puisse bosser
22:45 et retrouver de la capacité d'action.
22:47 - Et il faut revenir sur le non-cumul des mandats ?
22:51 - Je pense que oui, il y a un retour d'expérience
22:53 qui fait que tout le monde peut être député sauf un maire,
22:56 et que ça marchait.
22:58 Les lois étaient quand même moins hors-sol
23:00 quand vous aviez des maires qui étaient à l'Assemblée,
23:02 et en plus ça permettait d'avoir une démocratie
23:04 qui respirait par le local,
23:06 d'avoir des personnalités fortes à Paris.
23:08 Voyez, c'était quand même...
23:10 Regardez aujourd'hui dans le gouvernement actuel,
23:12 il y a très peu de fortes personnalités.
23:15 Il y en a quelques-unes, mais très peu, et ça manque.
23:17 Général De Gaulle... - Les fortes personnalités sont les maires en France, non ?
23:20 - Il y a certains maires qui sont... - Souvent.
23:22 - Oui, souvent, qui sont des gens de qualité.
23:24 - Des élus, des élus locaux, territoriaux.
23:26 - Oui, parce que ce sont des praticiens.
23:28 Parce que quand vous êtes au contact de la réalité et des gens,
23:30 vous ne pouvez pas vous contenter de posture,
23:32 sauf peut-être dans certaines grandes villes,
23:34 mais de posture et d'idéologie.
23:36 Vous devez régler les problèmes.
23:38 Donc ça forge le caractère, si vous voulez, évidemment.
23:42 - Merci David Distan. - Merci à vous.
23:44 - Merci d'être venu nous voir, 8h57.
23:46 Qu'en pensez-vous ? Allez-y, vous réagissez.
23:48 Vous êtes sur Sud Radio, on se retrouve après les infos de 9h.

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