• il y a 7 mois
Mettez vous d'accord avec Lucas Jakubowicz, Lucas Veran, Frédéric Fougerat et Anne Durez

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##METTEZ_VOUS_D_ACCORD-2024-05-17##

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News
Transcription
00:00 [Musique]
00:02 Sud Radio, le 10h midi, mettez-vous d'accord, Christine Bouillaud.
00:06 Ravi de terminer cette semaine avec nos quatre débatteurs, ils sont en train de s'installer, que je salue.
00:13 On va bien sûr revenir sur tous les faits d'actualité.
00:16 De ce jour, Lucas Jacobovitz, bonjour, journaliste politique, rédacteur en chef de Décideur Magazine et auteur de "Un animal pour les gouverner tous", c'est chez Arc Editions.
00:26 Lucas Véran, bonjour Lucas.
00:28 Bonjour Christine, bonjour à tous.
00:30 Agent Omer de Neuilly-sur-Seine, Frédéric Fougera, bonjour Frédéric.
00:34 Président de Tintin Paris, l'agence de communication, co-fondateur de l'agence Cogiteur et auteur de "Anthologie de la com" aux éditions Bréel Studi Rama.
00:42 Et va nous rejoindre dans un instant Anne Durez, présidente de l'association Femmes de loi.
00:47 Alors évidemment, on va revenir sur la dernière info de la matinée, cette attaque de la synagogue de Rouen ce matin sur les coups de 6h30.
00:56 Un homme qui a tenté d'y mettre le feu, il était armé d'une barre de fer et d'un couteau.
01:00 Il a été menaçant vis-à-vis des policiers qui l'ont neutralisé en l'abattant.
01:04 On va se poser bien sûr la question sur la flambée de ces actes antisémites dans le contexte général actuel.
01:10 Il y a encore quelques jours, ici même, on parlait notamment de ce vandalisme du mémorial de la Shoah à Paris.
01:16 En Nouvelle-Calédonie, la nuit a été plutôt calme, dit le commissaire général sur place, mais la situation reste très fragile.
01:25 Avec aussi des problèmes sanitaires et d'approvisionnement.
01:28 Et question, comment on va sortir de cette crise qui a surpris tout le monde, sauf les connaisseurs du dossier ?
01:34 Tiens, tiens, faut-il faire du retour à l'ordre un préalable avant toute reprise de négociation ?
01:39 Ou faut-il négocier pour parvenir à un retour à l'ordre ?
01:42 C'est cette réponse à la violence qui réglera peut-être la question de la Nouvelle-Calédonie.
01:48 Faut-il aussi un médiateur ? Pourquoi pas Dominique de Villepin ce matin,
01:52 invitée de Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, l'ancien Premier ministre,
01:57 effectivement suggérer la nomination de Jean-Marc Ayrault, Emmanuel Valls ou Édouard Philippe,
02:02 les anciens premiers ministres, qu'on fasse une tribune, peut-être un médiateur.
02:05 Ou sont aussi les représentants du gouvernement, qui pour l'instant, certains disent,
02:09 ils brillent par leur absence sur ce territoire à 20 000 kilomètres de Paris.
02:15 Les propos aussi sur la Nouvelle-Calédonie, cette gauche qui est en contradiction avec les événements,
02:21 est-ce que ça ne vient pas rajouter du désordre à quelque chose qui est extrêmement compliqué ?
02:28 Et puis ce sondage, ce matin, que nous vous donnions,
02:31 le sondage IFOP-File du ciel pour Sud Radio, 34% des Français se disent favorables
02:36 à une intervention militaire en Ukraine. Qu'est-ce que ça vous inspire ?
02:40 Alors il y a différents commentaires, on verra ça tous ensemble.
02:43 On va commencer par vos coups de cœur et vos coups de gueule de l'actualité.
02:47 Luc1, on va commencer par un fait d'actualité cette semaine.
02:52 On l'a un peu sorti des radars, mais c'était cette attaque contre le Premier ministre slovak.
02:59 C'était mardi ou mercredi, je crois.
03:01 Oui, c'est censé être mon coup de cœur ou...
03:03 Votre coup de gueule !
03:04 Ah non, mon coup de gueule, c'était pas ça.
03:06 Ah c'était Luc1 !
03:07 Ah je me trompe, pardonnez-moi ! Je vous regarde. Non, non, tout à fait.
03:11 Non, effectivement, c'est... Dans le contexte de montée des violences en matière électorale parfois,
03:19 la limite peut être plus que dépassée. C'est effectivement le cas de Robert Fico,
03:25 dirigeant slovak, qui a été ciblé par une tentative d'assassinat, touché par balle,
03:33 qui était en convalescence, qui finalement pourra sans difficulté rester d'une part en vie,
03:40 et puis reprendre le chemin de sa vie.
03:43 La Slovaquie, c'est un petit pays, 5,5 millions d'habitants,
03:50 mais finalement, avec ce qui a eu lieu là, c'est une belle expression du théâtre de montée des violences,
03:57 où ce dirigeant d'une gauche nationaliste, qui a fait alliance avec l'extrême droite,
04:02 effectivement a polarisé le débat, ce qui ne veut pas tout dire qu'il est responsable de ce qui est arrivé,
04:09 et se retrouve ciblé par cette personnalité-là.
04:14 Je pense que c'est un bon élément pour rappeler que, quelles que soient les divergences,
04:20 quelles que soit la violence des positions des uns et des autres,
04:23 en fait, pour reprendre l'expression de Voltaire, je ne suis pas d'accord avec vous,
04:27 mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit d'en parler,
04:31 et je pense qu'il faut répéter ça.
04:33 Tous les dirigeants démocrates, tous ceux qui, au sein de l'Union Européenne et bien au-delà,
04:38 sont attachés à l'idée de l'altérité, de la pluralité d'opinion,
04:41 en fait doivent se mobiliser et doivent s'insurger,
04:44 et j'ai été surpris de la faiblesse des réactions de la classe politique par rapport à cet événement,
04:49 qui pour moi, au sein de l'Union Européenne, est assez significatif.
04:53 Il faut effectivement retenir ce fait-là, la polarisation des débats, justement,
05:01 la tension que l'on ressent.
05:03 Lucas, je me dresse à vous, vous êtes adjoint en maire,
05:06 vous rencontrez des gens dans la rue, sur les marchés, j'imagine également,
05:10 sur les campagnes électorales, et on sent ce que disent ceux qui tractent,
05:14 on sent que c'est difficile de discuter, que c'est extrêmement tendu.
05:19 Oui, et puis il y a une statistique qui est intéressante,
05:22 vous parlez des mandats locaux, c'est le nombre de démissions des maires,
05:27 l'AMF recense ces démissions-là, il y a plusieurs milliers, il y a 35 000 communes,
05:32 or il y a plusieurs milliers de maires, je crois 4 000, qui ont démissionné
05:36 depuis les présentes élections municipales en 2020,
05:39 ce qui montre une vraie difficulté, on dit souvent "le maire est à portée de baffe",
05:43 et parfois c'est vrai, parfois ils sont victimes de violence,
05:46 et donc exercer des mandats locaux, fort heureusement ce n'est pas du tout mon cas,
05:51 mais dans des situations, ça relève du défi.
05:54 Est-ce que pour vous, on peut encore débattre dans nos démocraties sereinement,
05:59 de manière apaisée ?
06:01 On peut débattre la preuve, puisque c'est ce que nous faisons aujourd'hui,
06:06 mais a priori on ne peut plus débattre n'importe où, avec n'importe qui,
06:10 de n'importe quoi.
06:11 Je pense notamment aux réseaux sociaux.
06:12 Les réseaux sociaux, je ne suis pas certain que ce soit un lieu de débat,
06:14 c'est un lieu de défoulement, ça pourrait, ça devrait être un lieu de débat,
06:17 mais c'est avant tout un lieu de défoulement,
06:19 je pense que les débats ont beaucoup lieu dans les médias,
06:21 et les médias, finalement, se nourrissent, se gargarisent,
06:24 parfois même alimentent cette violence, cette radicalité,
06:27 c'est beaucoup plus intéressant d'avoir un invité qui vient faire le clash,
06:31 qui vient tenir des paroles inappropriées,
06:35 que tous les autres vont pouvoir reprendre,
06:37 et dont chacun va pouvoir commenter, à nouveau se gargariser.
06:42 Il y a une forte responsabilité collective, mais comme le disait Lucas,
06:45 la violence, la violence, la violence,
06:48 je pense que la violence va être un peu le fil rouge de tous les sujets
06:51 dont nous allons parler aujourd'hui,
06:53 et le résultat de la violence,
06:54 mais ça met en cause notre démocratie,
06:55 ce n'est pas juste un mot,
06:56 et ce n'est pas uniquement une façon d'aborder la société,
07:00 et finalement de nous distraire,
07:01 c'est aussi un risque majeur pour nos démocraties,
07:04 et nos démocraties, ce n'est pas du virtuel,
07:07 c'est le pays, l'organisation dans laquelle nous vivons.
07:10 Donc nous nous mettons en danger nous-mêmes,
07:12 si nous ne réagissons pas,
07:13 et si nous nous satisfaisons que la violence fasse partie de notre quotidien,
07:17 et si nous l'alimentons nous-mêmes.
07:19 On salue Anne Dures qui vient d'arriver, bonjour Anne.
07:21 Bonjour à tous.
07:22 Par rapport à tout ça, par rapport à cette polarisation,
07:24 on va revenir certainement dans d'autres sujets aujourd'hui,
07:27 mais on sent qu'on parle de l'attentat commis contre le Premier ministre slovak,
07:32 la place du politique aujourd'hui en démocratie est compliquée.
07:38 Alors, avoir un discours apaisé en démocratie aujourd'hui,
07:42 est-ce qu'il est encore audible ?
07:44 Alors, il faut que les discours apaisés soient audibles.
07:48 Vous l'avez souligné, notre société est fracturée, polarisée.
07:52 La juriste que je suis, et avocate, moi j'ai longtemps plaidé devant les tribunaux,
07:56 notre rôle, et j'ai été formée à cela,
08:00 c'est à ce qu'on appelle la contradiction que nous connaissons sur votre plateau,
08:04 que tout le monde devrait connaître,
08:06 et je pense qu'y compris les enfants, à l'école, les étudiants,
08:12 beaucoup font des exercices d'improvisation,
08:14 mais cet esprit de contradiction, non pas pour s'opposer à,
08:19 mais pour exprimer son raisonnement, l'articuler,
08:23 tout cela doit être enseigné, il faut retrouver le goût du débat.
08:27 En fait, le débat doit être un plaisir, on s'enrichit les uns des autres.
08:31 Alors j'ai l'air peut-être comme cela d'enfoncer une porte ouverte,
08:33 mais c'est comme cela que les idées avancent.
08:36 Quand on pense aux sociétés grecques,
08:39 qui faisaient du débat un fondement de la démocratie,
08:43 il faut que nous retrouvions les fondamentaux de la démocratie.
08:46 - Lucas Jacobs, est-ce que vous, en tant que journaliste politique,
08:50 vous sentez quand même une prise de conscience à un moment donné
08:53 des politiques sur ces notions-là, pour éviter de polariser
08:58 et de créer des tensions, d'en arriver jusqu'à une extrême
09:02 où quelqu'un est contre un candidat et un tente à sa vie ?
09:05 - Moyennement. Moyennement, et de toute façon,
09:08 c'est lié au fait qu'il est de plus en plus difficile de débattre dans la société.
09:12 Vous pointiez tout à l'heure le rôle des réseaux sociaux.
09:15 Effectivement, sur les réseaux sociaux, c'est impossible de débattre.
09:18 C'est impossible de débattre parce que c'est basé sur des algorithmes
09:20 qui nous enferment dans des bulles et qui nous donnent ce qu'on a envie d'entendre.
09:24 Il y a aussi le fait que l'anonymat est permis,
09:27 donc forcément, on ne peut plus se lâcher.
09:29 Il y a aussi le fait qu'on peut s'exprimer, mais sur des formats très courts,
09:33 c'est-à-dire des vidéos qui vont être très limitées dans le temps,
09:35 un nombre de signes qui va être énormément restreint,
09:37 et donc, effectivement, on ne peut pas faire preuve de nuance.
09:40 Tout ça, ça crée un écosystème qui rend le débat très difficile.
09:44 Le problème, c'est qu'on a tendance à dire que les réseaux sociaux sont une bulle
09:48 et qu'ils ne vont pas dans la vie réelle. En réalité, ce n'est pas vrai.
09:51 Les réseaux sociaux, les buzz sur les réseaux sociaux, les clashs sur les réseaux sociaux,
09:55 ensuite, on en débat dans la réalité.
09:57 On en débat dans la réalité avec des responsables politiques, associatifs,
10:01 des intellectuels qui sont eux-mêmes influencés par les réseaux sociaux.
10:05 - Il y a un autre point qui est important à souligner sur tout ce qui est les débats,
10:08 c'est que le débat, ça nécessite du temps, ça nécessite de l'empathie,
10:12 ça nécessite de l'écoute, ça nécessite du vocabulaire.
10:15 Aujourd'hui, on a l'impression que les gens ne sont plus du tout habitués
10:19 à s'écouter, à échanger. Il y a aussi une sursensibilité.
10:23 On est toujours indignés, froissés de tout.
10:26 Et donc, oui, effectivement, le débat est de plus en plus difficile
10:29 à cause des réseaux sociaux, mais aussi, je pense,
10:31 à cause de l'évolution des mentalités et de la société.
10:34 Et moi, personnellement, en tant que journaliste, ça m'inquiète
10:37 parce qu'un journaliste est attaché au débat,
10:39 est attaché à la démocratie, et le manque de débat,
10:42 ça engendre forcément un manque de démocratie.
10:45 Et du reste, on voit que dans les sociétés occidentales en général,
10:48 il y a une sorte de demande d'autoritarisme, notamment de la part des plus jeunes.
10:53 Et donc, oui, à mon avis, le manque de débat est un poison
10:56 et on va le payer cher dans les années qui viennent.
10:59 - Allez, on va continuer, Anne, avec vous, dans les tours de table
11:02 des coups de cœur et des coups de gueule de l'actualité.
11:05 Vous vouliez parler de la déclaration, à l'occasion du Festival de Cannes,
11:09 d'un grand acteur français, c'est Vincent Lindon.
11:12 - Oui, mon coup de cœur porte sur l'expression par Vincent Lindon
11:17 d'une solidarité envers les femmes qui sont victimes
11:21 de violences sexistes et sexuelles.
11:23 Et j'ai été, j'allais dire, interpellée, pas par ce comédien,
11:28 mais par la question qu'il a posée à Judith Godrech,
11:32 qui porte ce juste combat dans le milieu du cinéma.
11:36 Il lui a dit "Mais alors, moi je suis prêt à aider",
11:38 et je pense qu'il est tout à fait légitime pour prendre la parole,
11:41 parce que c'est un acteur dont on connaît la filmographie,
11:44 très engagé pour défendre des justes causes.
11:46 Et il a donc demandé à Judith Godrech "Je suis prêt à aider,
11:50 comment puis-je aider, comment puis-je m'impliquer,
11:53 quelle est votre feuille de route ?"
11:54 Donc ça a fait un petit peu sourire.
11:56 Au-delà de cette expression, je voulais tout d'abord saluer
11:59 l'implication affichée d'un homme parmi d'autres hommes.
12:03 Je trouve que c'est très important, parce que ce combat
12:06 contre les violences sexistes et sexuelles,
12:08 on ne peut le mener qu'avec les hommes,
12:10 qui doivent aussi prendre leur part dans ce combat.
12:12 Moi je n'oppose pas les uns aux autres.
12:14 Donc je voulais souligner cet engagement.
12:16 Et deuxièmement, ce que je voulais dire aussi,
12:19 c'est que tous les hommes et les femmes,
12:22 quelles que soient les générations,
12:23 je pense qu'il est important que nous réfléchissions
12:26 au ravage que peut faire le culte de la beauté.
12:29 Alors, c'est une industrie glamour,
12:31 et c'est normal qu'au cinéma, l'image ait son importance.
12:35 Mais quand je dis que nous devons tous, selon moi,
12:38 réfléchir à l'image, au regard que nous portons sur,
12:42 notamment les femmes, pas que les femmes,
12:44 mais notamment les femmes, passer un certain âge,
12:47 on sait que le culte de la beauté, du physique,
12:50 l'image est importante,
12:51 et pas que dans le milieu du cinéma,
12:53 mais notamment dans ce milieu-là.
12:55 Et je crois qu'on le voit dans le monde du travail,
12:57 qu'en passée la cinquantaine,
12:58 les femmes sont plus souvent que les hommes,
13:01 mises de côté.
13:03 Je pense qu'il y a une véritable réflexion
13:05 à mener collectivement.
13:06 Nous devons tous nous sentir responsables,
13:08 pour que les femmes et les hommes,
13:11 mais on parle notamment des femmes,
13:12 qui sont souvent des victimes,
13:14 heureusement pas toujours,
13:16 pour que ce regard porté sur les femmes
13:19 prennent de l'âge, change.
13:21 Et à part quelques icônes, et j'en terminerai là,
13:24 à part quelques icônes qui sont des...
13:27 enfin des, j'allais dire,
13:30 des stars dans le monde du cinéma,
13:32 des stars internationales,
13:34 je pense que les uns et les autres,
13:35 nous n'avons pas beaucoup de noms à l'esprit,
13:38 de comédiennes, femmes,
13:40 qui ont des rôles de femmes qui vieillissent,
13:43 et je trouve que ça c'est important,
13:45 et le monde du cinéma doit donner l'exemple.
13:47 Je rajouterai même le monde de la télévision,
13:49 est-ce que vous connaissez des présentatrices
13:52 de plus de 60 ans à l'antenne ?
13:54 Il n'y en a pas beaucoup, hein ?
13:56 Je pense qu'elles sont rares.
13:57 Il y a beaucoup d'hommes,
13:58 mais il n'y a pas beaucoup de femmes.
13:59 Elles sont rares.
14:00 La dictature de l'image, effectivement.
14:02 Donc il y a toute une réflexion,
14:04 en tous les cas, peut-être que ça correspond
14:06 un tout petit peu plus à la réalité du terrain.
14:08 Aujourd'hui, à 50 ans,
14:10 on est encore très très jeunes,
14:12 je le dis ça en passant.
14:13 Christine, c'est une dictature de l'image,
14:15 mais qui est quand même très sexuée,
14:17 puisque des hommes de plus de 50 ou 60 ans,
14:19 on en voit beaucoup, alors que des femmes, non.
14:21 Oui, dans les castings, etc.
14:23 Il suffit de regarder les présentateurs.
14:25 À la tête d'émissions de télé, de JT, au cinéma,
14:28 l'homme a sa place à tout âge.
14:31 C'est plus facile.
14:32 Dans notre représentation de la société,
14:34 la femme c'est beaucoup plus compliqué.
14:35 Voilà.
14:36 Depuis 6 mois de signoré.
14:37 Oui, tout à fait.
14:38 Allez, on va s'arrêter un court instant,
14:40 parce qu'il y a les infos qui arrivent,
14:42 et les pronostics également.
14:43 La sélection de Jean-Paul Delperrier
14:45 pour les courses aujourd'hui.
14:46 Puis on se retrouve tous les 4,
14:48 Lucas Djokovic, Lucas Véran, Frédéric Fougera et Anne Durez,
14:51 pour débattre tous ensemble, jusqu'à midi.
14:53 À tout de suite.
14:54 Sud Radio.
14:55 Parlons vrai.
14:56 Parlons vrai.
14:57 Sud Radio.
14:58 Parlons vrai.
14:59 Sud Radio.
15:01 Le 10h midi, mettez-vous d'accord.
15:03 Christine Bouillaud.
15:04 Toujours en compagnie de Anne Durez,
15:06 présidente de l'association Femmes de Loi,
15:08 Frédéric Fougera, président de TANCAN Paris,
15:10 cette agence de communication cofondateur de l'autre agence Cogiteur,
15:13 et auteur de Anthologie de la Com'
15:15 Lucas Véran, adjoint en maire de Neuilly-sur-Seine,
15:18 et Lucas Djokovic, journaliste politique,
15:20 rédacteur en chef de Décideur Magazine,
15:22 auteur de "Un animal pour les gouverner tous".
15:25 C'est aux éditions Arc.
15:27 On revient rapidement sur votre coup de cœur sur Anne,
15:32 sur ce que a dit Vincent Lindon,
15:34 à l'occasion du Festival de Cannes,
15:36 et donc de l'engagement et de la visibilité
15:38 qu'on donne aujourd'hui au combat de Judith Godrej.
15:40 Frédéric, vous vouliez revenir dessus,
15:42 vous vouliez rajouter quelque chose.
15:44 Je voulais juste compléter,
15:46 enfin pas compléter, je ne me permettrais pas de compléter,
15:48 mais plutôt revenir sur un propos de Camille Cotin
15:50 sur le même sujet.
15:52 Quand elle a, à un moment de la cérémonie d'ouverture,
15:55 elle a rappelé aux jeunes comédiennes
15:57 que les rendez-vous le soir et la nuit
15:59 dans les chambres d'hôtels des réalisateurs
16:01 ne faisaient plus partie des pratiques.
16:03 Et là, quand on voit les caméras qui filment le public,
16:05 on sent entre rire jaune et malaise,
16:07 ce qui je pense en dit quand même long,
16:09 sur l'omerta qu'il y avait sur ce sujet
16:11 dans ce métier depuis des années et des années.
16:13 - Oui, c'est clair.
16:15 C'est effectivement une phrase qui est passée un peu inaperçue,
16:17 mais qui est quand même lourde de sens
16:19 quand on l'a dit sur le tapis
16:23 de la cérémonie d'ouverture
16:25 devant tout le gratin du cinéma français.
16:27 - Ça semblait parler à beaucoup.
16:29 - C'est ça. On continue. Frédéric, vous avez la parole.
16:31 On reste dans le cinéma,
16:33 et on reste à Cannes, quelque part.
16:35 - Je reste à Cannes, totalement.
16:37 C'est un coup de gueule qui se transforme en coup de cœur,
16:39 mais quand même.
16:41 J'ai envie de dire "Kering 1 LVMH 0".
16:43 Je ne sais pas si vous voyez où je veux en venir.
16:45 - Oui.
16:47 - Si je dirigeais une grande marque de luxe,
16:49 j'aurais tout fait pour être le premier
16:51 pour habiller l'humoriste, comédien
16:53 et réalisateur, Artus,
16:55 et toute l'équipe de son film, un petit truc en plus,
16:57 équipe qui va monter les marches
16:59 du Festival de Cannes, mercredi prochain.
17:01 Eh bien non, finalement,
17:03 aucune marque prestigieuse n'a voulu les habiller
17:05 pour leur prêter des tenues.
17:07 C'est la pratique à Cannes, au Festival de Cannes.
17:09 C'est aussi une formidable vitrine pour les couturiers.
17:11 Alors pourquoi ?
17:13 Est-ce qu'ils ne sont pas assez valorisants
17:15 pour l'image des grandes marques ?
17:17 J'avoue que j'ai eu du mal à y croire.
17:19 J'ai même imaginé, vérifié l'info,
17:21 le hasard a fait que, samedi dernier,
17:23 dans la rue, je tombe sur Artus dans Paris
17:25 et je lui ai posé la question.
17:27 Et malheureusement, c'était bien vrai, aucune marque
17:29 ne voulait prêter de vêtements à cette équipe de films.
17:31 Et l'argument du groupe ?
17:33 Il n'y a pas d'argument précis.
17:35 Qu'est-ce qu'ils ont avancé comme théorie ?
17:37 Il n'y avait plus assez de vêtements ?
17:39 Pas de réponse, pas d'argument.
17:41 Parce que l'argument, malheureusement,
17:43 on l'imagine. Mais heureusement, la situation
17:45 a évolué cette semaine. C'est pour ça que mon coup de gueule
17:47 devient un coup de cœur.
17:49 Et finalement, c'est donc Kering qui a décidé
17:51 d'habiller l'équipe du film.
17:53 Alors, est-ce que ce sera Saint-Laurent, Gucci
17:55 ou d'autres marques du groupe ?
17:57 Ça sera la surprise le 22 mai.
17:59 On va davantage en parler que pour
18:01 toutes les autres personnes qui montent les marches,
18:03 parce que là, on va y prêter une attention particulière.
18:05 On peut aussi faire un clin d'œil à
18:07 d'autres marques qui finalement s'étaient portées candidate
18:09 comme Hugo Bosque ou Paul Lacoste,
18:11 Amy ou Ralph Lauren. Là, ce n'est pas de la pub,
18:13 c'est de l'information. Mais je pense que c'est
18:15 aussi important de le dire. Et pour finir,
18:17 ce coup de gueule
18:19 qui se transforme en coup de cœur, il me permet
18:21 de passer un message.
18:23 Ce message, c'est que si notre société
18:25 veut changer de regard sur le handicap,
18:27 peut-être faut-il arrêter de penser
18:29 que les personnes handicapées ont quelque chose
18:31 en moins. Peut-être faut-il les voir
18:33 comme le disent les anglophones,
18:35 comme les appellent les anglophones "people of determination".
18:37 Ils ont quelque chose
18:39 en plus, une capacité en plus,
18:41 la détermination. Et je trouve
18:43 que ça fait plutôt bien le lien avec
18:45 le titre du film d'Artus, "Un petit truc en plus".
18:47 C'est un gros loupé
18:49 de la part de la LVMH. Je ne sais pas qui s'occupe
18:51 de la RS là-dedans. - Pas plus LVMH que d'autres, en tout cas.
18:53 C'est une bonne récupération de Kiering, en tout cas.
18:55 Mais il aurait été préférable
18:57 d'être le premier à se porter volontaire,
18:59 plutôt que de venir rattraper le coup. Mais il faut quand même noter
19:01 le fait qu'ils ont
19:03 la chance, l'opportunité,
19:05 le bonheur de porter de belles
19:07 tenues, comme tous les autres comédiens
19:09 et que toutes les autres comédiennes
19:11 de ce festival, ou ce moment un peu
19:13 magique, j'imagine, à vivre
19:15 cette montée des marches, ce tapis rouge,
19:17 cette nuée de photographes. On a envie
19:19 d'être beaux, elles ont envie d'être belles,
19:21 et ça va être leur cas, j'espère.
19:23 - Oui, en sachant qu'en plus,
19:25 leur plus belle victoire, c'est le carton du film
19:27 d'Arthus au cinéma, un petit truc en plus
19:29 qui est un formidable film. Vous l'avez vu
19:31 autour de la table, pas encore ? - Pas encore.
19:33 - Pas encore, il y a un long week-end qui se profile
19:35 et à mon avis, il va rester longtemps sur les écrans.
19:37 Vu le succès,
19:39 on le recommande chaudement.
19:41 Donc, on passe d'une
19:43 séquence "people"
19:45 à une autre,
19:47 avec
19:49 quelque chose de pas très reluisant, dans ce que
19:51 vous allez nous raconter. - Pas vraiment, je vais vous
19:53 parler de quelqu'un qui s'appelle Poupette Kensa.
19:55 - Alors déjà, s'appeler Poupette Kensa, ok.
19:57 - C'est un nom de scène.
19:59 - Nom de scène, nom
20:01 de réseau sociaux. - Nom de réseau sociaux,
20:03 pour ceux qui ne la connaissent pas, c'est une influenceuse.
20:05 Et c'est une des influenceuses les plus
20:07 connues de France, puisque pour vous donner
20:09 un ordre d'idée, sur Instagram, elle a 1,2
20:11 million de followers. Donc c'est
20:13 vraiment quelqu'un de très influent,
20:15 notamment auprès de la jeunesse.
20:17 Mercredi 15 mai, dans une vidéo,
20:19 elle a tenu des propos clairement antisémites,
20:21 puisqu'elle a dit qu'elle ne travaillerait
20:23 avec aucune personne
20:25 sioniste ou juif, et qu'elle n'aurait
20:27 jamais aucun partenaire sioniste
20:29 ou juif. Donc déjà, il y a un mélange
20:31 de deux notions. - Deux notions.
20:33 Est-ce qu'on peut faire, Lucas, pour que nos auditeurs comprennent
20:35 de quoi on parle ? On a l'extrait,
20:37 on va l'écouter, et vous allez
20:39 continuer d'argumenter. Écoutez.
20:41 - Moi je vous dis, et moi c'est clair et net,
20:45 je suis une pro-Palestine,
20:47 une pro-Palestinienne. Je ne travaille
20:49 pour aucune personne
20:51 sioniste ou juive.
20:53 J'ai aucune marque
20:55 avec qui je travaille
20:57 comme ça. Je n'ai aucun
20:59 partenaire, je n'ai aucun agent qui est
21:01 juif ou quoi que ce soit. Je travaille
21:03 avec mes marques. Je ne vais pas dire que c'est
21:05 tous des rebeus, mais c'est tous des gens de notre communauté.
21:07 Et remdouli.
21:09 - Voilà. Alors je voyais Anne
21:11 qui avait l'air de découvrir
21:13 la séquence, mais atterrée.
21:15 Je suis aussi atterrée que quand je l'ai entendue.
21:17 - Entendue la première.
21:19 Donc il y a eu ça, et derrière, qu'est-ce qui s'est
21:21 passé ? - Donc évidemment coup de gueule,
21:23 parce que ça met en avant quelque chose...
21:25 - Enfin je mélange tout là. - Oui, oui.
21:27 Mais c'est très important sociologiquement
21:29 et politiquement, parce que ça met en avant quelque chose
21:31 de très important, c'est la banalisation
21:33 des clichés antisémites dans la jeunesse.
21:35 Il faut savoir qu'il y a deux semaines, il y a un sondage
21:37 qui a été publié par l'IFOP, qui montre
21:39 un chiffre qui moi, personnellement, m'a fait bondir de la chaise,
21:41 c'est que 34% des
21:43 18-24 ans estiment
21:45 qu'il est justifié
21:47 de prendre à partie un français
21:49 considéré comme juif, parce qu'il
21:51 est supposé supporter
21:53 Israël et le gouvernement de Netanyahou.
21:55 Donc quand on prend les chiffres de ce sondage
21:57 et ce que dit Poupet Kenza, on voit qu'il y a
21:59 quand même un problème dans une partie de la jeunesse,
22:01 en fait, il y a une sorte de gloobie-boulga,
22:03 tout est mélangé, c'est-à-dire qu'on mélange
22:05 les notions de juif, de sioniste,
22:07 on essentialise, on communautarise
22:09 à tour de bras, et d'ailleurs
22:11 c'est en partie attisé par
22:13 une partie de la classe politique qui voit
22:15 potentiellement un gain électoral, donc évidemment
22:17 coup de gueule là-dessus,
22:19 petit coup de coeur quand même, parce que
22:21 la DILCRA a porté
22:23 plainte, la ministre
22:25 a porté plainte, et pour le moment
22:27 le compte de
22:29 Poupet Kenza a été suspendu.
22:31 A voir s'il sera durable ou pas, mais peut-être
22:33 quand même souligner quelque chose
22:35 que Poupet Kenza ne sait pas,
22:37 c'est que si elle est corréente avec elle-même,
22:39 sa carrière d'influenceuse est terminée.
22:41 Il faut quand même préciser
22:43 que Instagram est dirigée
22:45 par Mark Zuckerberg,
22:47 qui est d'origine et de confession
22:49 juive, il possède également
22:51 Facebook, donc déjà
22:53 pour elle, Facebook et Instagram
22:55 c'est terminé. J'aimerais lui dire aussi
22:57 que Google c'est terminé,
22:59 puisque Google a été créé
23:01 par Larry Page et Sergey Brin,
23:03 qui sont tous les deux d'origine juive, dont un
23:05 est originaire de Russie et a
23:07 immigré ensuite aux Etats-Unis.
23:09 WhatsApp, mauvaise nouvelle pour elle,
23:11 c'est terminé.
23:13 WhatsApp a été fondé par quelqu'un qui s'appelle Yan Koun,
23:15 qui est un juif ukrainien qui a aussi
23:17 immigré aux Etats-Unis.
23:19 Donc finalement sa carrière d'influenceuse
23:21 si elle est cohérente est
23:23 terminée, et sa carrière sur Internet
23:25 est également terminée,
23:27 puisque j'aimerais lui préciser qu'un des fondateurs
23:29 d'Internet s'appelle Larry Kleinrock,
23:31 professeur à MIT,
23:33 qui est également d'origine juive.
23:35 Est-ce que ça relève
23:37 quand on écoute, parce qu'elle a présenté
23:39 des excuses, elle a tenté de rattraper
23:41 le coup en faisant une autre vidéo
23:43 que moi j'ai entendue, Luc Averran,
23:45 où on a l'impression quand même que
23:47 c'est le degré zéro des connaissances
23:49 et du sujet
23:51 et de l'intelligence.
23:53 J'imagine que c'est des avocats qui sont venus en renfort
23:55 pour lui dire "là t'es allé un peu trop loin",
23:57 mais ce qu'il faut avoir à l'esprit c'est que pour tenir ses propos
23:59 initiaux, elle doit quand même baigner
24:01 dans un terreau
24:03 qui est vraiment très communautarisé
24:05 et très antisémite.
24:07 Et d'ailleurs, ses excuses
24:09 ne semblent pas très sincères, puisqu'ensuite, en off,
24:11 elle se moque de ses excuses.
24:13 - Anne, on va prendre
24:15 une réaction, on voudrait vous entendre,
24:17 et puis après on fera une pause, je vous le dis, pour la régie,
24:19 parce que le sujet est suffisamment
24:21 grave pour qu'on prenne le temps d'en parler.
24:23 - Ce qui est
24:25 effrayant, c'est
24:27 qu'il faille attendre des dépôts de
24:29 plainte pour que
24:31 le compte soit fermé.
24:33 Et moi j'en veux, dans ce cas-là
24:35 et dans bien d'autres cas,
24:37 aux plateformes qui sont censées
24:39 avoir mis en place et avoir en place
24:41 un système de
24:43 modération. On sait que les plateformes ont
24:45 des algorithmes très poussés.
24:47 Pourquoi cette modération
24:49 ne fonctionne-t-elle pas ?
24:51 Pourquoi ces publications,
24:53 vidéos ou autres, ne sont-elles pas supprimées ?
24:55 Je suis
24:57 en colère, moi. Vous voyez,
24:59 c'est un coup de colère à l'encontre
25:01 des plateformes qui préfèrent
25:03 attendre qu'on les somme
25:05 de supprimer un compte, plutôt que
25:07 de prendre l'initiative de faire.
25:09 Il y a beaucoup d'argent en jeu, etc.
25:11 Mais je trouve qu'il faut absolument
25:13 que nous,
25:15 les Européens, nous soyons forts
25:17 face à ces plateformes qui sont
25:19 toutes américaines.
25:21 Je ne dis pas qu'il faut les supprimer, c'est important.
25:23 C'est un lieu de débat, je ne sais pas,
25:25 mais il faut être intransigeant
25:27 avec les plateformes, dans ces cas-là.
25:29 On rappelle que TikTok a été coupé,
25:31 il est copresto, sur la Nouvelle-Calédonie,
25:33 pour éviter la propagation
25:35 d'informations entre les émeutiers.
25:37 Donc c'est tout à fait possible,
25:39 mais le contrôle a postériori. Et puis après,
25:41 c'est les propos que tiennent les uns et les autres
25:43 sur les réseaux sociaux. Ces fameux influenceurs
25:45 qui sont quand même assez sidérants.
25:47 Et on pourra continuer la discussion, parce qu'il y a un mouvement
25:49 aux Etats-Unis,
25:53 auprès des personnalités,
25:55 du grand public, des stars,
25:57 qui ne prennent pas position.
25:59 C'est ce que leur reproche leurs followers,
26:01 et qui leur demandent de prendre position
26:03 sur la cause palestinienne, sur le conflit
26:05 entre Israël et les palestiniens,
26:07 et qui les menacent
26:09 de se déconnecter.
26:11 Je crois que Kim Kardashian
26:13 aurait perdu, je mets bien des kymés,
26:15 quelque part comme 3 millions de followers.
26:17 Ce n'est pas ça qui va changer la face du monde,
26:19 mais ce sont des questions qu'on peut se poser aujourd'hui.
26:21 Cette guerre de l'influence
26:23 qui se fait aujourd'hui sur les réseaux sociaux.
26:25 On s'arrête un court instant, parce qu'on est obligés de faire une pause,
26:27 et on se retrouve juste après.
26:29 Tout de suite.
26:31 Sud Radio, votre attention est notre plus belle récompense.
26:33 Petite clignotée.
26:35 Sud Radio,
26:37 le 10h midi, mettez-vous d'accord,
26:39 Christine Bouillaud.
26:41 La discussion continue avec nos 4 débatteurs,
26:43 Lucas Jakubowicz, Lucas Véran, Frédéric Fougera
26:45 et Anne Dures pour terminer cette
26:47 semaine intense,
26:49 en termes, encore une fois, d'événements.
26:51 On était avec vous, Lucas Jakubowicz,
26:53 sur la question de cette
26:55 influenceuse qui a tenu
26:57 des propos qui lui valent aujourd'hui une fermeture
26:59 de son compte Instagram.
27:01 On ne va pas pleurer, parce que c'est
27:03 les règles, c'est la règle.
27:05 Et on parlait des insultes antisémites,
27:07 de cette montée...
27:09 Et Anne, vous nous disiez que
27:11 judiciairement,
27:13 il y a des choses que l'on peut faire.
27:15 On dit pourquoi les plateformes ne régulent pas,
27:17 mais vous vous dites, il y a des instruments juridiques
27:19 aujourd'hui pour, en tous les
27:21 cas, essayer de stopper
27:23 ou d'enrayer un tant soit peu la machine.
27:25 - Oui, parce que... - Approchez-vous bien du
27:27 micro, Anne. - L'exemple que vous
27:29 donnez pourrait être
27:31 constitutif. Alors, tout ça, évidemment, doit
27:33 être regardé de près au plan juridique,
27:35 mais il y a des qualifications pénales
27:37 qui existent, dans notre droit pénal
27:39 français. Alors, après, est-ce que le
27:41 parquet va s'emparer, peut
27:43 s'emparer de tout cela ? Les moyens,
27:45 on en revient toujours à cela, il faudrait
27:47 qu'il y ait des dizaines, voire des centaines
27:49 de saisines du procureur de la République
27:51 par jour. Mais je pense que
27:53 il faut continuer
27:55 à dénoncer tout cela. Et encore une...
27:57 Il y a des instruments juridiques et judiciaires.
27:59 Après, est-ce que les moyens
28:01 peuvent être mis en oeuvre
28:03 et existent pour lancer ces
28:05 poursuites, à condition, vous l'avez très bien
28:07 souligné, que ceux
28:09 qui profèrent toutes ces insultes, menaces
28:11 et qui commettent ces délits
28:13 soient identifiables aussi ?
28:15 - Je voulais revenir
28:17 sur le sondage qu'évoquait
28:19 Lucas. Effectivement,
28:21 le fait que 35%
28:23 ou 34%
28:25 des moins de 25 ans
28:27 estiment normal
28:29 que les juifs soient pris à partie
28:31 pour leur soutien réel ou supposé,
28:33 c'est là où est toute la problématique
28:35 vis-à-vis du gouvernement israélien.
28:37 La question que j'ai envie de poser,
28:39 c'est pour bien tangibiliser et sortir
28:41 de l'ambiguïté, ces
28:43 agissements-là sont antisémites, quoi qu'il arrive.
28:45 Est-ce qu'on a
28:47 le même sondage pour considérer
28:49 qu'il est normal que
28:51 la communauté
28:53 de chinois soit prise à partie
28:55 directement, intuitive personnalée,
28:57 pour les agissements
28:59 de la République populaire de Chine à l'endroit des
29:01 Ouïghours ? Je pense que tout le monde comprendra
29:03 que ce serait absolument scandaleux
29:05 de venir voir
29:07 un ressortissant chinois
29:09 ou quelqu'un d'origine chinoise
29:11 et de lui opposer
29:13 les agissements
29:15 du PCC chinois
29:17 et de Xi Jinping vis-à-vis de la communauté
29:19 Ouïghour. Donc on voit bien par cet
29:21 exemple-là qu'on pourrait multiplier
29:23 quid des civils
29:25 lors de la guerre
29:27 en Syrie, quid de 15 000
29:29 autres exemples, qu'en fait il y a une
29:31 spécificité avec les juifs
29:33 et que de ce fait-là,
29:35 ça rentre complètement dans ce qu'on peut qualifier
29:37 d'antisémite et il faut arrêter
29:39 les pudeurs de gazelle de certains responsables
29:41 politiques ou non, qui
29:43 finalement ont un discours conciliant
29:45 vis-à-vis de cette violence-là.
29:47 - Alors ce matin, on a appris
29:49 que la synagogue de Rouen,
29:51 Frédéric, vous vouliez réagir à ça, oui ?
29:53 - Oui, je voulais juste dire un mot, je ne voulais pas revenir sur
29:55 ce que vous avez appelé à très juste titre le
29:57 degré zéro de l'intelligence de ces
29:59 déclarations, je ne parle pas de la personne, je ne la connais pas
30:01 mais de ces déclarations, je voulais juste dire
30:03 que moi je trouve que ces déclarations elles sont même insultantes
30:05 pour ce qu'elle appelle
30:07 sa communauté, elle se prend comme
30:09 porte-parole des rebeus, comme elle le dit
30:11 mais non, je suis désolé, les rebeus
30:13 ne sont pas une seule communauté, ils sont
30:15 certainement, apparemment
30:17 beaucoup plus intelligents qu'elles
30:19 et ils ne tiennent pas du tout
30:21 les propos qu'elles tiennent,
30:23 c'est des communautés, des catégories
30:25 que je trouve assez compliquées
30:27 d'essayer d'utiliser
30:29 et de manipuler et je voulais
30:31 donc elle ne parle qu'en son nom
30:33 et voilà, ils sont à degré zéro de l'intelligence et elle ne parle
30:35 qu'en son nom, elle n'est mandatée par aucun rebeu
30:37 pour parler en leur nom
30:39 et je voulais juste aussi relativiser
30:41 c'est peut-être qu'une question de sémantique mais je suis désolé
30:43 je suis le communicant de service aujourd'hui
30:45 sur la notion d'influence
30:47 je ne suis pas certain que ce soit une influenceuse
30:49 c'est-à-dire que c'est pratique de la mettre dans ce genre de catégories
30:51 c'est une personne qui a une certaine popularité
30:53 vu le nombre de personnes
30:55 qui la suivent sur les réseaux sociaux
30:57 la popularité ce n'est qu'une
30:59 valeur quantitative
31:01 ensuite il y a la notoriété qui est une valeur
31:03 qualitative et là on n'est pas vraiment dans la qualité
31:05 et puis l'influence c'est plutôt une valeur ajoutée
31:07 c'est je dis quelque chose
31:09 et des gens vont me suivre, des gens
31:11 vont penser comme moi, des gens vont faire des actes
31:13 d'achat, des actes politiques
31:15 et là je pense qu'on en est très loin
31:17 donc c'est juste une personne qui a une certaine popularité
31:19 ce n'est pas bien plus
31:23 - Alors dans ce contexte-là
31:25 ce matin on a appris
31:27 que la synagogue de Rouen ce matin avait été
31:29 la cible d'un homme
31:31 qui a tenté d'y mettre le feu
31:33 les faits sont pratiquement établis par tous les témoins
31:35 il était armé d'une barre de fer, d'un couteau
31:37 il a été menaçant vis-à-vis des policiers
31:39 qui l'ont neutralisé en l'abattant
31:41 alors il y a une double enquête qui est ouverte
31:43 logiquement quand il y a
31:45 un tir de
31:47 une intervention policière comme ça pour savoir
31:49 quelle était la proportionnalité
31:51 même Gérald Darmanin en tous les cas
31:53 tout le monde a dit, tous les témoins
31:55 qu'il était menaçant, donc voilà la réponse aujourd'hui
31:57 mais dans ce contexte-là
31:59 en ce moment
32:01 on est toujours sur cet échelon
32:03 grandissant de l'antisémitisme
32:05 même si l'enquête
32:07 ne fait que démarrer
32:09 sur cette tension
32:11 qu'il y a autour des lieux de culte
32:13 des lieux de rendez-vous
32:15 de la communauté juive en France
32:17 c'est vraiment
32:19 un poison mortel que l'on vit aujourd'hui
32:21 Anne ?
32:23 - On ne peut hélas que constater
32:25 que depuis l'antisémitisme
32:27 malheureusement n'est pas nouveau
32:29 donc ça c'est un premier point
32:31 ensuite il est vrai que depuis
32:33 l'attaque du 7 octobre
32:35 les actes antisémites
32:37 partout dans le monde
32:39 et notamment en France
32:41 se sont
32:43 considérablement amplifiés
32:45 et oui vous avez raison c'est un poison
32:47 l'enquête dira exactement
32:49 ce qu'il s'est passé mais
32:51 constatez que des lieux de culte
32:53 sont pris d'assaut
32:55 sont dégradés
32:57 que des violences ont cours
32:59 non ça n'est pas acceptable
33:01 alors une fois qu'on a dénoncé cela
33:03 les poursuites, la recherche des auteurs
33:05 et les poursuites doivent être
33:07 absolument j'allais dire implacables
33:09 et les sanctions doivent être extrêmement sévères
33:11 - Lucas
33:13 qu'est-ce que vous avez
33:15 ressenti ce matin en apprenant ça ?
33:17 parce que c'est pas un fait
33:19 très courant de vouloir incendier
33:21 puisque les pompiers sont intervenus etc. il y a des dégâts
33:23 mais il y a aussi tout le choc émotionnel
33:25 pour la communauté
33:27 - J'ai rien ressenti, je suis blasé
33:29 - Vous êtes blasé en fait ?
33:31 - Oui, l'antisémitisme c'est pour utiliser une métaphore
33:33 c'est une sorte d'iceberg
33:35 une petite pointe qui dépasse de l'iceberg
33:37 on va dire que la pointe c'est par exemple
33:39 quelqu'un qui incendie une synagogue
33:41 après vous avez tout ce qu'il y a
33:43 dans l'iceberg c'est à dire 90%
33:45 du contenu qu'on voit pas
33:47 forcément, qu'on mentionne pas forcément dans la presse
33:49 ça peut être des personnes
33:51 qui ont juste le malheur d'avoir le mauvais nom
33:53 sans être croyants
33:55 sans être impliqués dans le conflit israélo-palestinien
33:57 qui vont devoir dire à leurs enfants
33:59 "change ton nom"
34:01 "ne mets pas ton étoile de David à l'école"
34:03 "ne parle pas de tes origines"
34:05 "change d'école"
34:07 "cache-toi"
34:09 "ne parle pas de toi à l'université"
34:11 il y a plein de petites vexations ordinaires
34:13 qui ont d'ailleurs été très bien mises en avant
34:15 par Johann Sfarr dans une BD qui s'appelle "Nous Vivrons"
34:17 donc effectivement
34:19 des synagogues incendiés
34:21 c'est horrible, mais c'est la pointe
34:23 immergée d'un iceberg plus vague
34:25 et moi en fait ce qui m'intéresse c'est
34:27 pas forcément les auteurs
34:29 d'actes antisémites, c'est leur motivation
34:31 il faut faire comme dans une enquête policière
34:33 une espèce d'arborescence
34:35 on prend chaque personne antisémite
34:37 et puis on regarde en fait sur
34:39 quel média elle s'informe, quel responsable politique
34:41 elle suit, où est-ce qu'elle est influencée
34:43 et ce qui me frappe
34:45 moi à titre personnel je reçois aussi beaucoup d'insultes
34:47 antisémites sur les réseaux sociaux
34:49 - Alors des insultes et des menaces ?
34:51 - Des menaces aussi, mais beaucoup de méconfrères aussi
34:53 et en fait à chaque fois quand on
34:55 alors ça peut être des responsables politiques
34:57 ça peut être des journalistes, ça peut être des acteurs
34:59 ça peut être des intellectuels qui ont juste le malheur
35:01 d'avoir le mauvais nom, ils ne prennent pas forcément position
35:03 ou s'ils le font c'est de façon nuancée
35:05 bref, ils s'en prennent plein la figure
35:07 donc arborescence
35:09 on regarde
35:11 quel est le pédigré des auteurs de menaces antisémites
35:13 il y a 20 ans ça aurait été
35:15 de la skin, des nanosies, etc
35:17 aujourd'hui quand on regarde sur les réseaux sociaux
35:19 ces personnes-là suivent en masse
35:21 on va dire Alain Soral
35:23 et beaucoup de députés, il faut le dire
35:25 vraiment clairement, de la France Insoumise
35:27 et ces députés de la France Insoumise ont
35:29 une immense responsabilité
35:31 même s'ils s'en défendent, parce que eux pour le coup
35:33 pour reprendre ce que dit Frédéric, c'est des vrais
35:35 influenceurs, ils ont une vraie notoriété
35:37 ils ont une légitimité d'élus
35:39 et ils pourrissent
35:41 la cervelle de centaines de milliers de jeunes
35:43 qui ne sont peut-être pas fondamentalement
35:45 antisémites, mais qui sont mal éduqués
35:47 qui manquent de savoir, qui manquent d'intelligence
35:49 et quand on est élu, on a une responsabilité
35:51 politique, on éduque
35:53 on dialogue
35:55 et on instille pas la haine, et c'est ce qui est en train
35:57 de se faire. - De se fracturer
35:59 de tous les côtés, merci beaucoup
36:01 on va s'arrêter un court instant parce qu'on est
36:03 obligés de faire une petite pause
36:05 et on poursuit ce débat avec vous quatre
36:07 sur Sud Radio jusqu'à midi
36:09 à tout de suite.
36:11 Sud Radio, le 10h midi, mettez-vous d'accord, Christine Bouillot.
36:15 Sud Radio, le 10h midi,
36:19 mettez-vous d'accord, Christine Bouillot.
36:21 Avec Lucas Jakubowicz,
36:23 Lucas Véran, Frédéric Fougera,
36:25 Anne Nurez, on continue d'évoquer
36:27 cette attaque
36:29 de cette synagogue ce matin
36:31 à Rouen, vive émotion
36:33 évidemment dans toute la classe
36:35 politique et on parle de cet
36:37 antisémitisme rampant
36:39 grandissant
36:41 qui est en train de faire
36:43 des ravages au sein, Lucas
36:45 quand on est un responsable
36:47 politique
36:49 le devoir
36:51 de ramener les choses à la raison
36:53 c'est un devoir
36:55 c'est une obligation
36:57 mais on en est
36:59 malheureusement parfois un peu loin.
37:01 - Et pour m'inscrire dans la suite
37:03 de ce que disait Lucas
37:05 je pense qu'il y a un processus d'escalade
37:07 qui s'est installé.
37:09 Outre le drame qui se passe
37:11 à Rouen, ce qui est intéressant
37:13 pour reprendre l'analogie avec
37:15 l'iceberg, c'est la manière dont
37:17 dans la temporalité, l'antisémitisme
37:19 se normalise
37:21 c'est-à-dire, ça débute d'abord
37:23 par de la violence verbale.
37:25 Au départ, tout le monde condamne la violence
37:27 verbale, puis ensuite,
37:29 les gens s'en accoutument, puis ensuite, certains
37:31 la soutiennent
37:33 même s'ils s'en défendent, puis ensuite, certains
37:35 la soutiennent clairement. Et donc ensuite
37:37 naturellement, quand ce stade de
37:39 violence
37:41 quand on atteint ce stade de violence
37:43 on passe à
37:45 l'étape suivante
37:47 et donc toute la problématique
37:49 est d'enrayer
37:51 ce processus d'escalade
37:53 et il n'y a qu'une seule manière
37:55 d'enrayer ce processus d'escalade
37:57 c'est d'avoir de la part de tous les responsables
37:59 politiques, mais personnalités
38:01 publiques, et pour reprendre la bonne
38:03 définition de Frédéric
38:05 tous les influenceurs qui fabriquent
38:07 la société, qu'il y ait une fermeté
38:09 la plus totale, et qu'il n'y ait pas d'ambiguïté.
38:11 Or, je crois, effectivement
38:13 pour, voilà,
38:15 voir les prises de parole des uns et des autres
38:17 qu'aujourd'hui, un certain nombre de personnalités
38:19 publiques n'assument pas
38:21 ce rôle qui devrait être le leur.
38:23 - Frédéric,
38:25 le communicant que vous êtes
38:27 dans cette guerre, parce que c'est aussi
38:29 une guerre de communication
38:31 à travers tout ça, parce que
38:33 il faut le rappeler aussi. - C'est certainement
38:35 une guerre de communication, au moins
38:37 une guerre de communication politique, moi je suis
38:39 d'accord avec tout ce qui a été dit autour
38:41 de cette table, et notamment
38:43 les deux Lucas,
38:45 et pour rebondir encore une fois
38:47 sur l'analogie de l'iceberg,
38:49 il y a l'iceberg de l'antisémitisme, et moi j'aurais
38:51 venir sur l'océan
38:53 même, dans lequel est cet iceberg, et c'est les propos
38:55 que je tenais au début de cette émission, et l'océan
38:57 c'est cet océan de violence, en fait.
38:59 Cette violence de façon générale, et pas seulement
39:01 l'antisémitisme, je ne reviens pas sur le sujet,
39:05 je pense que tout a été dit, je n'ai rien à dire de plus,
39:07 cette violence elle est quand même
39:09 légitimée, toute la journée,
39:11 sur les réseaux sociaux on l'a dit, dans les médias
39:13 aussi, on oublie un peu les médias,
39:15 peut-être parce que quand on est dans un média,
39:17 on n'a pas envie de dire du mal, mais
39:19 on est responsable aussi, nous quand on parle,
39:21 on a le privilège, la chance, la responsabilité
39:23 de parler devant un micro,
39:25 alors il n'y a aucun propos outranciers qui sont tenus ce matin.
39:27 - Oui, mais sauf que dans les médias,
39:29 il y a un contrôle de la parole,
39:31 il y a aussi des contradictions qui peuvent être apportées,
39:33 et puis il y a une autorité supérieure
39:35 qui peut éventuellement être saisie.
39:37 - Alors le contrôle de la parole,
39:39 ce n'est pas toujours le cas, l'autorité supérieure,
39:41 on court souvent derrière,
39:43 donc merci de me lancer cette perche
39:45 pour taper dessus, mais là franchement,
39:47 je pense qu'on n'est pas à la hauteur, en tout cas,
39:49 on voit que tous les jours, réseaux sociaux
39:51 et médias mettent en lumière
39:53 cette violence, chacun
39:55 relaie H24
39:57 des propos et des comportements violents,
39:59 on a notamment parlé de certains
40:01 parlementaires LFI,
40:03 ils alimentent l'actualité,
40:05 les commentaires, les débats,
40:07 mais tous les jours, tous les jours, tous les jours,
40:09 c'est l'outrance, c'est l'exagération, c'est la provocation
40:11 tous les jours, donc quelque part, leur mise
40:13 en lumière participe à ça, ça fait quoi ?
40:15 C'est que ça donne du spectacle
40:17 et de l'audience aux uns,
40:19 ça donne de l'opportunité de s'indigner
40:21 à ces pompiers pyromanes politiques
40:23 qui ne cessent d'alimenter la violence pour ensuite
40:25 la dénoncer, et tout ça avec
40:27 des intentions politiques derrière quand même,
40:29 ça fait de la peur, de l'indignation
40:31 du rejet qui se transforme
40:33 en voie électorale et qui se dirige
40:35 plutôt vers les extrêmes, donc plutôt vers le radicalisme
40:37 plutôt que vers la raison.
40:39 - Si je peux me permettre,
40:41 sur tout ce qui est les sorties
40:43 plus ou moins antisémites de certains
40:45 responsables politiques, alors moi j'ai eu la chance d'en parler
40:47 avec certains députés,
40:49 notamment de la majorité, j'aurais demandé
40:51 pourquoi les députés insoumis
40:53 sont H24 sur Gaza ?
40:55 Est-ce que c'est parce qu'ils sont fondamentalement
40:57 antisémites ? Est-ce que c'est parce qu'ils veulent des voix ?
40:59 Et en fait ces députés
41:01 que j'ai interrogés séparément,
41:03 ont tous donné à peu près la même réponse,
41:05 et je n'y avais pas pensé. C'est tout simplement
41:07 de la paresse. C'est-à-dire qu'en fait
41:09 c'est très simple de faire des tweets
41:11 autronciers sur Gaza, c'est très simple
41:13 de flirter avec l'antisémitisme.
41:15 Ça ne demande aucun travail, ça ne demande
41:17 aucun travail de recherche, aucune lecture,
41:19 rien du tout. Or quand on est
41:21 député, on a besoin de travailler.
41:23 On est en commission, on est sur des sujets techniques,
41:25 mais ces gens-là ne sont pas au niveau.
41:27 Ils estiment que pour exister, effectivement,
41:29 il est beaucoup plus simple de faire des tweets
41:31 en 150 caractères, pour prendre un peu
41:33 la lumière, que de travailler dans l'ombre
41:35 sur des dossiers techniques, complexes,
41:37 et au service de l'intérêt général.
41:39 - Alors après, est-ce que leurs électeurs sont leurs followers ?
41:41 Ça c'est une autre question, Frédéric.
41:43 - Juste, je dirais, de la paresse,
41:45 mais aussi de la facilité et du opportunisme.
41:47 - Anne ?
41:49 - Je suis d'accord avec tout ce que vous avez dit,
41:51 et surtout sur le fait que
41:53 une parole publique
41:55 doit être une parole responsable.
41:57 En privé aussi, bien sûr, qu'on doit avoir
41:59 une parole responsable.
42:01 Mais une parole responsable, ça veut dire
42:03 une parole mesurée,
42:05 argumentée,
42:07 et là je rejoins ce qui a été dit,
42:09 le débat d'idées doit prendre
42:11 le pas sur le débat d'émotions.
42:13 On peut parler des idées avec émotions,
42:15 mais le débat signifie
42:17 la consistance
42:19 des propos,
42:21 l'argumentation des propos,
42:23 le fondement de ce que l'on dit,
42:25 et la connaissance,
42:27 on l'a dit les uns et les autres sur ce plateau depuis tout à l'heure,
42:29 la connaissance
42:31 fonde l'argumentation.
42:33 Alors, tout ça,
42:35 c'est peut-être banal,
42:37 mais je pense que l'école a son rôle à jouer.
42:39 Quand on voit que les enseignants eux-mêmes
42:41 sont pris à partie,
42:43 sont menacés,
42:45 sont violentés, agressés,
42:47 pour certains, voire tués,
42:49 alors qu'ils
42:51 essaient de transmettre
42:53 l'histoire,
42:55 non pas des opinions, mais des faits,
42:57 là c'est extrêmement grave.
42:59 Donc on a tous une responsabilité
43:01 collective, et c'est vrai que
43:03 quand on prend la parole, que l'on soit
43:05 un responsable public, un leader
43:07 d'opinion, un acteur de la société
43:09 civile, on se doit d'avoir
43:11 une parole structurée
43:13 et argumentée.
43:15 C'est ça qui fait le débat et qui permet
43:17 un échange, sans être forcément d'accord
43:19 les uns avec les autres, mais c'est tout
43:21 ce qu'on doit retrouver,
43:23 et votre média le permet, et on devrait,
43:25 je trouve que tous les
43:27 jeunes aussi devraient être
43:29 invités, éduqués
43:31 à s'exercer au débat
43:33 et à la contradiction. - Je rappelle ce
43:35 chiffre donné par le Premier ministre en début
43:37 de semaine, 366 faits
43:39 qui s'est mis enregistrés au premier trimestre
43:41 de cette année, c'est une hausse de
43:43 300% par rapport aux trois
43:45 premiers mois de l'année 2023,
43:47 donc à N-1, donc ce qui est
43:49 colossal avec en plus
43:51 certainement des chiffres
43:53 qui sont en deçà de la réalité, parce que tout le monde
43:55 ne signale pas forcément, j'imagine
43:57 ce genre d'attaque,
44:00 et aujourd'hui on est
44:02 dans ce constat-là, donc ce qui est assez
44:04 terrifiant. - Et même si
44:06 tout le monde ne le signale pas, par exemple dans
44:08 le mois qui a suivi le 7 octobre,
44:10 on a enregistré et signalé 1,5
44:12 actes antisémites par
44:14 heure en France. - Le jour du
44:16 7 octobre, quand même. - Oui, dans le
44:18 mois qui a suivi, alors qu'Israël n'avait pas
44:20 encore commencé à riposter d'ailleurs.
44:22 Et ce qu'il faut aussi dire, c'est que les actes antireligieux,
44:24 il y en a 83%,
44:26 ou je crois 93, je ne sais plus,
44:28 mais en tout cas plus de 80%
44:30 qui concernent juste une religion, qui est la religion
44:32 juive, sachant qu'il n'y a pas
44:34 de statistiques religieuses ou zioniques en France,
44:36 mais la population juive, c'est
44:38 moins de 1% de la population,
44:40 et encore dans ce 1%, la plupart
44:42 ne sont pas du tout religieux. - Alors tout ça
44:44 arrive à quelques jours du commémoration
44:46 du débarquement français des 80 ans.
44:48 Relisons un peu les faits historiques,
44:50 et voilà, l'histoire nous enseigne tout ça.
44:52 Justement,
44:54 l'histoire et l'histoire de la Nouvelle-Calédonie
44:56 qui rejaillit finalement avec
44:58 cet engrenage
45:00 de la violence. Alors, la nuit
45:02 a été calme, c'est pour la première fois depuis le début
45:04 de la semaine, c'est ce que nous dit le haut-commissaire
45:06 qui est sur place à Nouméa.
45:08 La situation, dit-il, reste très fragile.
45:10 Il y a des quartiers encore, comme il dit, à reprendre,
45:12 avec ce qu'ont aujourd'hui
45:14 des problèmes sanitaires et d'approvisionnement.
45:16 Maintenant,
45:18 on va parler de solutions politiques avec vous.
45:20 Sujet complexe,
45:22 est-ce qu'il faut d'abord
45:24 le retour au calme ? Là, il y a
45:26 1 000 militaires qui vont arriver sur zone
45:28 puisqu'on a déclaré l'état d'urgence,
45:30 on a coupé TikTok, il y a une
45:32 loi circulaire du
45:34 Pormoréti qui a été envoyée sur place
45:36 pour réprimer les émeutiers.
45:38 Est-ce que d'abord, c'est le retour au calme,
45:40 le préalable, ou est-ce que c'est le retour
45:42 de la négociation pour éventuellement
45:44 un retour à l'ordre ?
45:46 Faut-il envoyer
45:48 un médiateur ? Comment on sort de
45:50 cette crise alors que tout le monde
45:52 en métropole finalement découvre un peu ?
45:54 Mais les connaisseurs du dossier disent
45:56 que la façon dont c'était mené
45:58 ne pouvait aboutir
46:00 que à cette situation chaotique. Frédéric ?
46:02 Je pense qu'il n'y a pas d'autre
46:04 moyen que de commencer par un
46:06 retour au calme, et ce retour au calme,
46:08 il doit, il va
46:10 intervenir avec l'aide des
46:12 forces de l'ordre, mais il ne peut pas
46:14 intervenir que par la force, il ne peut
46:16 intervenir aussi que par le retrait
46:18 d'un texte qui n'a pas du tout été
46:20 préparé sur le terrain,
46:22 il n'y a pas eu de consensus,
46:24 il n'y a pas eu d'accord politique
46:26 préalable, donc
46:28 ce texte de loi, il doit être retiré
46:30 temporairement, peut-être faudra-t-il
46:32 revenir dessus, pour ce que je connais
46:34 du dossier, je ne le comprends pas,
46:36 mais là n'est pas
46:38 la question, mais je pense que oui, c'est
46:40 d'abord le retour au calme, d'abord pour
46:42 la sécurité de toutes les populations
46:44 sur l'île, donc il faut que les forces de l'ordre
46:46 aident à cela, mais il faut aussi
46:48 que le gouvernement fasse un pas pour
46:50 le permettre. Allez, on va être
46:52 faire une petite pause
46:54 dans cette émission, on se retrouve pour continuer
46:56 à parler de la Nouvelle-Calédonie, quelles solutions
46:58 politiques aussi, pour sortir
47:00 de cette crise qui
47:02 agite et en tous les cas qui touche
47:04 de plein fouet ce territoire
47:06 français à 20 000 km de Paris,
47:08 au sein de l'océan Pacifique,
47:10 territoire ô combien
47:12 important, stratégique
47:14 et je renvoie à l'interview de
47:16 Dominique Devillepin ce matin, qui était l'invité de Jean-Jacques
47:18 Bourdin, qui expliquait comment
47:20 ce caillou,
47:22 son surnom, était
47:24 stratégique aussi pour plein
47:26 de raisons. A tout de suite.
47:28 Sud Radio, le 10h midi,
47:30 mettez-vous d'accord,
47:32 Christine Bouillot.
47:34 Sud Radio, le 10h
47:36 midi, mettez-vous d'accord,
47:38 Christine Bouillot. Avec Anne Nurez,
47:40 présidente de l'association Femmes de l'Oif, Rédéric Fougera,
47:42 président de Tincane Paris et cofondateur
47:44 de l'agence Cogiteur, Lucas Véran,
47:46 adjoint au maire de Neuilly-sur-Seine
47:48 et Lucas Jacobovit, journaliste
47:50 politique, rédacteur en chef de Decider Magazine.
47:52 On est sur le dossier de la
47:54 Nouvelle-Calédonie, alors un dossier complexe
47:56 parce que finalement, ça nous renvoie
47:58 Anne, à des
48:00 décisions qui remontent
48:02 à il y a un quart de siècle.
48:04 C'est un processus qui était très long
48:06 et qui s'embrase aujourd'hui.
48:08 La question qu'on peut se poser
48:10 légitimement, c'est est-ce que cette
48:12 méthode qui a été employée depuis le début de l'année,
48:14 puisqu'on voit qu'il y a eu une accélération
48:16 de la part de l'exécutif pour que les choses
48:18 aillent vite en cette année 2024,
48:20 est-ce que cette méthode aujourd'hui,
48:22 on doit mettre les deux pieds sur le frein
48:24 pour reposer les choses à plat ?
48:26 Et pourquoi pas nommer un médiateur, par exemple ?
48:28 La sagesse,
48:30 est-ce que ça ne serait pas ça ?
48:32 - Il y a factuellement une situation
48:34 d'embrasement, peut-être pas de guerre civile
48:36 parce que les partis en présence
48:38 ne sont pas en guerre,
48:40 mais il y a une situation d'embrasement
48:42 et de violence condamnable.
48:44 Et il y a quand même eu des morts,
48:46 il faut le dire,
48:48 dans ce conflit,
48:52 cette situation.
48:54 Comment trouver une porte de sortie acceptable ?
48:58 Je ne suis pas une spécialiste de l'histoire
49:00 de la Nouvelle-Calédonie, mais ce qu'on a compris,
49:02 on en parlait un petit peu
49:04 avant de reprendre
49:06 le cours de l'émission,
49:08 le processus de décolonisation
49:12 de la Nouvelle-Calédonie
49:14 et l'élargissement du corps électoral
49:16 sont obligatoires.
49:18 Tout cela a été mis en place
49:20 par les accords de Nouméa.
49:22 Aujourd'hui, les indépendantistes
49:24 ne contrôlent pas leur base,
49:26 ce qui, hélas, a mené
49:28 à cette violence.
49:30 Comment sortir de là ?
49:32 On ne peut pas,
49:34 face à une crise comme cela,
49:36 faire en quelque sorte du chantage
49:38 aux indépendantistes
49:40 et aux partis en présence
49:42 en leur disant
49:44 "écoutez, mettez-vous d'accord
49:46 et si vous n'y parvenez pas,
49:48 comme pour la réforme des retraites et d'autres réformes,
49:50 on passera en force."
49:52 On ne peut pas sortir d'une crise de cette manière-là.
49:54 D'aucuns évoquent la nomination
49:56 de médiateurs, je pense que
49:58 des personnes indépendantes
50:00 et non pas des députés
50:02 locaux qui ont fait partie
50:04 d'ailleurs du gouvernement
50:06 de la République française,
50:08 ça ne peut pas marcher comme ça.
50:10 C'est-à-dire que des personnalités politiques,
50:12 on parle de Gérard Larcher,
50:14 de la présidente de l'Assemblée nationale,
50:16 des personnalités politiques,
50:18 connaissant le terrain, connaissant
50:20 l'histoire de la Nouvelle-Calédonie
50:22 et ce dossier, doivent de mon point de vue
50:24 être impliqués dans la gestion
50:26 de cette crise, pour mettre
50:28 les uns et les autres autour de la table,
50:30 sachant que si on fait un retour
50:32 en arrière à l'époque de Jean-Marie Djibaou,
50:34 il était venu
50:36 discuter quand même,
50:38 et en rentrant en Nouvelle-Calédonie,
50:40 on sait quel sort lui a été réservé.
50:42 Donc une négociation et une discussion
50:44 se préparent et il faut des personnes
50:46 à mon avis reconnues
50:48 par l'ensemble des partis en présence,
50:50 légitimes, je veux dire par là,
50:52 pour qu'un dialogue s'instaure.
50:54 En parallèle du rétablissement
50:56 de l'ordre. - Luc Aveyron.
50:58 - Ce qui est sûr, c'est que c'est
51:00 éminemment complexe.
51:02 Le gel du corps électoral,
51:04 pour bien que nos auditeurs comprennent,
51:06 c'est la situation dans laquelle
51:08 lors des élections territoriales
51:10 qui décident tout à la fois de l'Assemblée,
51:12 du Congrès et du gouvernement
51:14 calédonien, ces élections-là
51:16 s'organisent avec la même base
51:18 électorale que celle
51:20 qu'il y avait en 1998
51:22 pour ne pas inclure les caldoches,
51:24 donc les européens,
51:26 qui sont arrivés depuis, j'entends,
51:28 à cette base électorale-là,
51:30 ce qui créerait un effet
51:32 défavorable aux voix indépendantistes
51:34 et aux canards dans
51:36 cette base électorale-là.
51:38 Ce qui est certain, c'est que
51:40 le processus qui s'est inscrit,
51:42 effectivement, et on en discutait
51:44 le dernier référendum,
51:46 comme les autres se sont soldés par un nom,
51:48 et donc sans doute de manière prématurée,
51:50 le gouvernement a mis
51:52 effectivement
51:54 ses actifs en matière de
51:56 résultats électoraux
51:58 comme un moyen de
52:00 pression sur les indépendantistes.
52:02 La réalité, c'est que
52:04 peut-être qu'il eut juste fallu
52:06 bien davantage préparer ce terrain-là.
52:08 Je crois qu'il y a
52:10 aujourd'hui, en effet,
52:12 une nécessité de faire évoluer
52:14 la situation, parce qu'on ne pourra pas
52:16 rester encore pendant les 20 prochaines
52:18 années avec une base électorale
52:20 qui est celle de 1998,
52:22 y compris pour des questions
52:24 juridiques, le Conseil d'État,
52:26 c'est-à-dire qu'on a quand même un principe
52:28 de suffrage universel.
52:30 Le sujet est éminemment complexe,
52:32 la précipitation
52:34 a sans doute
52:36 mis le feu aux flammes,
52:38 mais dans le même temps,
52:40 et je pense qu'il faut être aussi clair
52:42 sur ce discours-là,
52:44 non pas
52:46 les forces politiques, mais
52:48 les autres organisations,
52:50 dont Gérald Darmanin a qualifié
52:52 le CCAT d'organisation de voyous.
52:54 Je ne sais pas ce qu'il en est,
52:56 la réalité, c'est que
52:58 si à chaque
53:00 initiative politique
53:02 d'un parti ou de l'autre,
53:04 il y a une réponse de violence,
53:06 je ne vois pas dans quelle mesure
53:08 on aura autre chose que
53:10 le statu quo qui finalement
53:12 n'apportera ni bénéfice
53:14 à l'une ou à l'autre des partis.
53:16 - Il y a des critiques aussi sur
53:18 la non-présence d'un représentant
53:20 de l'exécutif
53:22 actuellement sur place.
53:24 Alors, est-ce que ça c'est pour l'instant
53:26 parce qu'il y a des problèmes logistiques, mais enfin,
53:28 comme le dit le ministre de la République,
53:30 j'imagine qu'on peut quand même se déplacer partout
53:32 sur la planète.
53:34 Lucas Jacobovitch,
53:36 quelle est votre analyse et lecture
53:38 de ce qui est en train de se passer
53:40 et puis surtout, comment ça pourrait...
53:42 Je mets beaucoup de conditionnels.
53:44 - Sur la venue d'un membre de l'exécutif,
53:46 je pense que le plus important, c'est de faire
53:48 rebaisser la tension.
53:50 On ne négocie pas, entre guillemets, avec un pistolet
53:52 sur la tempe, avec la pression
53:54 des manifestants, etc. Donc oui,
53:56 il faut avoir un retour calme préalable.
53:58 Ce que je trouve très intéressant,
54:00 et frappant d'ailleurs, c'est l'idée
54:02 de suspendre TikTok
54:04 en Nouvelle-Calédonie.
54:06 - Je rebondis sur ce que vous dites,
54:08 Lucas, en disant, sur la venue
54:10 d'un représentant de l'État. On voit, par exemple,
54:12 sur la crise agricole,
54:14 très rapidement, on s'est déplacé
54:16 sur le terrain, Gabriel Attal est allé
54:18 sur les barrages pour rencontrer les agriculteurs.
54:20 - Oui, mais c'était...
54:22 - Est-ce que ça place pour justement
54:24 montrer qu'il y a une volonté d'apaisement,
54:26 de discussion, et
54:28 également d'autorité ?
54:30 C'est d'y être ? Comme le dit, je crois que c'est Olivier Faure
54:32 qui le disait ce matin. - C'est un peu
54:34 de la communication. Quand Gabriel Attal
54:36 est allé sur le terrain, ça n'a pas servi à
54:38 grand-chose. En réalité, l'accord,
54:40 il a été noué entre
54:42 les techniciens ou les technocrates
54:44 du ministère de l'Agriculture de Matignon
54:46 de l'Élysée, et les syndicats.
54:48 Et là, j'imagine qu'il y a aussi des tractations.
54:50 Donc oui, faire venir un monde de l'exécutif,
54:52 c'est bien pour l'image, mais c'est pas forcément
54:54 ça qui va faire avancer les choses
54:56 sur la durée. Moi, ce qui m'intéresse pour revenir
54:58 à TikTok, c'est l'idée effectivement de
55:00 mettre en suspens les réseaux sociaux.
55:02 Ça vient en écho aussi... - Ça énerve
55:04 Mathilde Panot d'avoir coupé TikTok en Nouvelle-Calédonie.
55:06 Je vous le dis comme ça.
55:08 - C'est pas... - Non mais je le dis, c'est une erreur qui...
55:10 - Ça m'empêchera pas de reprendre du dessert.
55:12 Mais ce qui est important,
55:14 c'est de voir, en fait, le rôle
55:16 des réseaux sociaux dans des processus
55:18 de déstabilisation politique.
55:20 Et depuis quelques années, dans les universités,
55:22 en fac, dans les disciplines comme
55:24 la géopolitique ou la science politique,
55:26 il y a toute une école qui s'intéresse à la
55:28 déstabilisation de régimes
55:30 via les réseaux sociaux, via des petites minorités
55:32 décidées, et du reste, aux personnes
55:34 qui peuvent être intéressées par ça, je conseille vivement
55:36 le dernier livre de Jean-Christophe Ruffin
55:38 qui s'appelle "D'or et de jungle",
55:40 qui montre comment on peut déstabiliser
55:42 un État, en l'occurrence Brunei,
55:44 uniquement grâce aux réseaux sociaux.
55:46 Donc oui, ça me paraît un principe de précaution
55:48 salutaire de faire baisser l'attention
55:50 en suspendant TikTok pour l'instant.
55:52 Frédéric ?
55:54 Je rebondis, oui, quand le Premier ministre
55:56 face à la crise des agriculteurs
55:58 va sur le terrain, c'est de la communication,
56:00 mais la communication, c'est pas un gros mot,
56:02 la communication politique, ça fait
56:04 partie de la politique.
56:06 Se rendre en Nouvelle-Calédonie, pour
56:08 un membre du gouvernement, c'est une option,
56:10 mais peut-être que le choix de ne pas
56:12 y aller, alors qu'on critique toujours
56:14 ce que l'on voit, on ne critique pas la réflexion qui est menée
56:16 en arrière,
56:18 peut-être que le choix d'y aller, c'est aussi éviter
56:20 de prendre le risque que ça puisse paraître comme une provocation
56:22 puisque c'est un membre du gouvernement qui se déplacerait,
56:24 et ça serait donc le partisan d'un camp,
56:26 alors que là on est dans une situation de deux camps...
56:28 On en est à proposer des vidéos-conférences,
56:30 peut-être que d'y aller, ça peut permettre
56:32 peut-être, mais peut-être que ça peut être...
56:34 de rencontrer les acteurs locaux, je sais pas...
56:36 ça peut aussi être le risque d'embraser la situation et d'être pris pour cible.
56:38 Alors peut-être qu'il faut envoyer
56:40 quelqu'un, peut-être un émissaire,
56:42 mais comme vous le disiez, qui doit être
56:44 reconnu aussi par toutes les parties, et ça c'est pas simple,
56:46 plutôt qu'envoyer une personne qui représente
56:48 un camp contre un autre camp,
56:50 alors le gouvernement c'est pas n'importe quel camp,
56:52 c'est le gouvernement de la République,
56:54 mais c'est pas forcément une erreur, c'est peut-être aussi
56:56 un choix qui participe déjà
56:58 à l'apaisement, mais ça nous paraît
57:00 insatisfaisant.
57:02 - Comme on dit, loin du cœur, et souvent c'est mal vu.
57:04 - Oui, un point que je voudrais
57:06 aussi souligner, c'est que,
57:08 bon là il y a une crise
57:10 manifeste et très violente en Nouvelle-Calédonie.
57:12 Comment considère-t-on
57:14 nos Outre-mer ? Est-ce qu'il est
57:16 acceptable, est-ce qu'il est normal
57:18 que toutes ces dernières années,
57:20 notre gouvernement de la République
57:22 ait eu en son sein
57:24 je ne sais quatre ou cinq
57:26 ministres des Outre-mer
57:28 qui se relaient,
57:30 qui ne connaissent pas, et c'est pas
57:32 personnel à leur encombre ce que je vais dire,
57:34 mais qui ne connaissent pas forcément bien le terrain.
57:36 - Marie Guevenoux.
57:38 - Mais je ne veux pas faire une affaire,
57:40 enfin moi je... rien contre
57:42 Très-Goutel, mais comment considère-t-on
57:44 dans notre République nos Outre-mer ?
57:46 Ce sont nos compatriotes,
57:48 il y a une continuité territoriale
57:50 et je trouve que le jour, alors au-delà de cette
57:52 crise, je parle plus largement,
57:54 le jour où nos gouvernements,
57:56 nos gouvernants, auront
57:58 conscience de la nécessité
58:00 d'avoir une continuité,
58:02 d'abord d'avoir une vision dans notre
58:04 politique des Outre-mer. Ce sont des régions
58:06 stratégiques pour la France.
58:08 Et alors on a tendance
58:10 trop souvent à considérer
58:12 "oh là là, c'est loin, ce sont encore
58:14 des revendications", mais enfin depuis des
58:16 années, le coût de la vie,
58:18 les affaires, je ne veux pas tout mélanger,
58:20 mais on connaît hélas l'affaire
58:22 du chlordécone, la
58:24 cherté de la vie... - L'accès à l'eau.
58:26 - L'accès à l'eau, vous avez raison.
58:28 - L'accès à l'eau. - C'est déplorable.
58:30 - Ça en dit beaucoup sur la considération qu'on porte à nos Outre-mer.
58:32 - Absolument, et nos compatriotes
58:34 font vivre une partie des services publics
58:36 dans l'Hexagone.
58:38 Je déborde peut-être un peu,
58:40 mais je trouve qu'il faut
58:42 qu'on envoie ou pas quelqu'un
58:44 sur le terrain, mais il faut aussi,
58:46 ça doit être un objectif, une vision,
58:48 que nos Outre-mer soient
58:50 considérées à leur juste valeur
58:52 et non pas comme des territoires
58:54 comme ça, loin de l'Hexagone. - Absolument, il y a eu
58:56 donc dernièrement
58:58 Mayotte, Guadeloupe, Nouvelle-Calédonie,
59:00 donc aujourd'hui Guyane aussi, tous ces territoires
59:02 et départements d'Outre-mer qui ont connu des
59:04 flambées sociales ou diverses
59:06 et qui ont révélé aussi toutes les
59:08 fractures qu'il peut y avoir. Merci à tous les
59:10 quatre, Lucas Jacubovici, Lucas Véran, Frédéric Fougera,
59:12 Anne Durez, merci beaucoup.
59:14 Je vous souhaite un bon week-end prolongé.
59:16 Dans un instant sur Sud Radio,
59:18 vous avez rendez-vous avec Alexis Poulin
59:20 et à partir de la semaine prochaine, c'est le retour
59:22 de Valérie Expert. Très belle journée
59:24 et à bientôt.
59:26 - Sud Radio - Parlons vrai
59:28 - Parlons vrai - Sud Radio - Parlons vrai

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