• il y a 5 mois
Avec Fabrice Epelboin, enseignant, entrepreneur, spécialiste de l'influence sur les réseaux sociaux.

Retrouvez Alexis Poulin sans réserve tous les vendredis de 12h à 13h sur #SudRadio.
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Transcription
00:00 Alexis Poulin, sans réserve, l'invité.
00:04 Notre invité c'est Fabrice Eppelboin, enseignant entrepreneur spécialiste de l'influence sur les réseaux sociaux.
00:09 Bonjour.
00:09 Bonjour.
00:10 Alors avec vous on va parler de cette censure qui est dans le package de l'état d'urgence pour la Nouvelle-Calédonie.
00:18 Censure de TikTok, le réseau problématique, systématiquement dès qu'il y a des émeutes,
00:23 on a l'impression que c'est grâce à TikTok ou à cause de TikTok.
00:26 On se rappelle en juin, c'était déjà le réseau social qui avait été montré du doigt avec Snapchat.
00:31 Pourquoi en particulier ce réseau-là ?
00:33 Et quel est le rôle réel d'abord des réseaux sociaux dans ces phénomènes d'émeutes ?
00:39 Et puis ensuite on se posera la question de la validité d'une censure d'une telle plateforme.
00:44 Et puis surtout pourquoi TikTok et pas Snapchat ?
00:46 Et voilà.
00:47 Alors les réseaux sociaux dans des émeutes c'est une vieille histoire.
00:49 Ça a commencé au printemps arabe, ça a même commencé avant, dans la Révolution verte en Iran en 2009.
00:54 Donc il n'y a rien de nouveau.
00:56 Ce qui est nouveau c'est que les jeunes d'aujourd'hui, ceux qui participent aux émeutes,
01:00 ils ne sont plus sur Instagram, ils ne sont pas sur Facebook, ils sont sur TikTok.
01:03 Donc c'est là que ça se passe.
01:04 Et la spécificité de TikTok c'est que autant des réseaux sociaux américains,
01:09 il y a des communications qui peuvent s'établir,
01:11 il y a des compromis qui peuvent se faire en dehors de Twitter qui est un peu particulier avec les autres,
01:15 il suffit de passer un coup de fil.
01:17 Et on voit bien aujourd'hui que sur Facebook il y a une censure de tous les sujets politiques,
01:21 ce qui fait que ça n'est plus un territoire propice aux émeutes.
01:24 Par contre sur TikTok, effectivement, la modération est beaucoup plus légère,
01:27 comme sur Twitter d'ailleurs, et on y trouve des jeunes.
01:29 Donc c'est évident qu'en cas d'émeute, TikTok et Snapchat sont les deux premiers visés.
01:35 TikTok parce qu'il permet de lancer une dynamique,
01:39 de rendre public ses exploits et d'inciter d'autres à les suivre,
01:42 et Snapchat parce qu'il permet de se coordonner,
01:45 sans avoir besoin de leader dans une organisation qui fait des émeutes, qui fait des billages.
01:49 Et il n'y a absolument pas besoin de leadership,
01:51 Snapchat fait office de coordination d'un groupe.
01:54 Mais il y a aussi la question de l'ingérence étrangère,
01:57 Gérald Darmanin pointait du doigt l'Azerbaïdjan,
02:00 aussi le risque d'ingérence en Nouvelle-Calédonie,
02:06 la Chine qui est souvent pointée du doigt, TikTok c'est un réseau chinois.
02:10 C'est un réseau chinois, on est dans une zone d'influence chinoise.
02:12 Donc là ça multiplie les risques aussi peut-être ?
02:14 La Chine apparaît comme une évidence,
02:16 ils ont des intérêts géopolitiques à s'insérer là-dedans.
02:19 L'Azerbaïdjan c'est plus tordu comme histoire,
02:22 l'Azerbaïdjan c'est grosso modo une représaille face à des ingérences français en Arménie.
02:27 Et donc en représailles des ingérences françaises,
02:31 ils s'ingèrent dans les affaires françaises, c'est de bonne guerre j'ai envie de dire.
02:34 Même si la Nouvelle-Calédonie est à l'autre bout du monde,
02:38 y compris pour l'Azerbaïdjan,
02:39 mais contrairement à la France,
02:40 vraiment elle n'a absolument aucun intérêt stratégique dans cette zone.
02:44 C'est vraiment une guerre d'ingérence,
02:48 et ce qui est intéressant dans ce cas de figure,
02:50 c'est qu'on a une dissymétrie complète des puissances.
02:52 L'Azerbaïdjan c'est un tout petit petit pays,
02:54 avec un budget militaire assez ridicule,
02:57 en tout cas par rapport à la France,
02:59 et malgré tout, malgré cette taille, malgré cet inconvénient,
03:02 elle est capable de jouer à ce jeu de l'ingérence
03:04 qui jusqu'à il y a peu de temps,
03:07 était officiellement réservé aux grandes puissances comme la Russie.
03:09 Mais la réalité c'est que la barrière à l'entrée est très basse,
03:12 et que tout le monde joue à ce jeu.
03:13 Et grâce aux réseaux sociaux d'une certaine façon,
03:15 c'est ce qui a fait baisser la barrière ?
03:17 Alors l'Azerbaïdjan, pas uniquement grâce aux réseaux sociaux,
03:19 ils ont organisé un consortium de,
03:24 on va dire colonies françaises, dans cette vision là,
03:27 qui sont les départements d'outre-mer,
03:30 territoires d'outre-mer,
03:31 qui ont tous des courants sécessionnistes en leur sein,
03:36 et ils essayent de fédérer tout ce petit monde,
03:38 ils leur offrent une couverture,
03:42 une capacité de rayonner à l'étranger
03:44 que la France évidemment ne leur offre pas.
03:46 Donc c'est pas juste les réseaux sociaux de l'Azerbaïdjan,
03:48 c'est beaucoup plus, on va dire old school.
03:51 Oui, avec des accords, avec les indépendantistes,
03:54 apparemment, il y a eu des tractations,
03:56 sans doute des financements aussi...
03:58 Sans doute des financements,
03:59 mais des accords qui valent ce qu'ils valent...
04:01 C'est plutôt des accords qui vont permettre à des gens de se rencontrer,
04:07 éventuellement de se fédérer,
04:09 et peut-être un jour de faire corps,
04:10 pour l'instant on n'en est pas là,
04:11 mais clairement l'Azerbaïdjan joue cette carte.
04:13 Il y a eu TikTok qui revient souvent
04:17 sous le feu des critiques des différents gouvernements,
04:20 particulièrement aux États-Unis,
04:21 où le Congrès se posait la question
04:24 d'interdire purement et simplement TikTok
04:26 sur le territoire américain.
04:27 Oui, il est interdit en Inde,
04:29 c'est tout à fait légitime,
04:31 les Américains sont extrêmement bien placés
04:32 pour savoir à quel point on peut faire de l'ingérence
04:34 avec ces outils-là.
04:36 Il y a eu l'épisode comme JTK,
04:38 il y a eu l'épisode des Twitter Files,
04:40 beaucoup moins publicisé,
04:41 mais qui est tout aussi intéressant en termes d'ingérence,
04:44 notamment vis-à-vis de l'Europe.
04:46 Sur les agences de renseignement américaines
04:48 qui avaient la main finalement...
04:49 Les agences de renseignement qui avaient la main,
04:51 peut-être pas la main,
04:52 mais qui avaient une influence sur la modération de Twitter,
04:55 et puis Twitter en tant que telle,
04:57 qui était une organisation très politisée,
04:59 contrairement aux autres réseaux sociaux,
05:00 Twitter a toujours été très très politisée.
05:03 Et avant même le rachat par Elon Musk.
05:05 Bien avant, depuis le départ.
05:06 En 2009, révolution verte en Iran,
05:09 Twitter, on est à tout début, début, début.
05:11 La seule technologie qui permet aux Iraniens
05:14 de rendre publique aux yeux du monde
05:16 le début de révolution qui a lieu en 2009,
05:19 c'est Twitter.
05:20 Au point que Hillary Clinton,
05:21 qui était secrétaire d'État à l'époque,
05:24 a demandé à Twitter de repousser des mises à jour
05:26 de façon à ne pas interrompre la communication
05:28 des opposants iraniens.
05:30 Donc Twitter, dès le départ,
05:32 était quelque chose de très politique.
05:33 Il l'est toujours.
05:35 Il a juste changé de main,
05:36 mais ça a toujours été très politique.
05:37 Et à l'occasion de ce changement de main,
05:39 Elon Musk a révélé les opérations d'ingérence
05:42 qui avaient lieu avant son arrivée.
05:44 Sur la censure notamment.
05:46 La censure, le filtre à...
05:47 Le filtre à, c'est beaucoup plus chiadé
05:49 que de la censure.
05:50 C'est vraiment une organisation très précise
05:52 des flux d'informations,
05:54 avec certains flux d'informations
05:56 qui sont complètement invisibilisés,
05:59 d'autres qui sont beaucoup plus mis en valeur.
06:01 Et puis une intoxication de la presse mondiale
06:03 à travers un trucage total des trending topics
06:05 qui sont un peu la météo du buzz,
06:07 qui donne une indication à toutes les rédactions de la planète
06:10 sur le sujet qu'il faut traiter
06:12 si on veut rencontrer un public.
06:13 Tout ça a été truqué,
06:15 ça a été révélé,
06:16 c'est la énième opération d'ingérence
06:18 à travers les réseaux sociaux.
06:19 La spécifique de celle-là,
06:20 c'est qu'elle ne vient pas du camp des méchants.
06:22 Comme Jéétika, c'était les méchants, c'était Trump.
06:24 - Entre guillemets, oui, voilà.
06:25 - Oui, c'était Trump,
06:27 donc c'était très facile de dénoncer
06:29 les ingérences du camp des méchants.
06:31 Là, c'est le camp des démocrates,
06:33 donc c'est les gentils.
06:34 Du coup, c'est beaucoup plus compliqué
06:35 pour la presse qui est largement du côté des démocrates,
06:37 aussi bien en France que aux Etats-Unis,
06:39 de dénoncer les turpitudes des démocrates.
06:41 Mais c'est la même chose.
06:42 - Oui, c'est le pouvoir qui utilise
06:44 ses réseaux sociaux d'une certaine façon.
06:46 - Sur sa population et sur des pays étrangers.
06:48 - Oui.
06:49 Et justement,
06:51 on a vu aussi
06:53 cette volonté de censure de TikTok,
06:55 déjà, et de Snapchat,
06:57 lors des émeutes de juin en France,
06:58 du moins dans l'Hexagone.
07:02 En Nouvelle-Calédonie, c'est possible,
07:05 parce que la Nouvelle-Calédonie
07:06 est en dehors des accords européens.
07:08 Il y a des accords particuliers.
07:09 - C'est pas l'Europe.
07:10 C'est pas le territoire européen.
07:11 Donc, la Commission européenne
07:13 n'a pas son mot à dire,
07:14 le Parlement, pas plus.
07:16 Et du coup, on est
07:18 en effet en capacité
07:20 d'interdire de façon
07:22 arbitraire, il n'y a pas de décision de justice.
07:24 C'est vraiment le fait du prince
07:26 d'interdire des réseaux sociaux,
07:28 comme dans n'importe quel pays africain.
07:30 Et on le fait, parce qu'effectivement, c'est efficace.
07:32 On a derrière nous 15 ans
07:34 de censure de réseaux sociaux un peu partout en Afrique
07:36 qui montrent qu'effectivement, c'est efficace.
07:38 Et qu'on peut éteindre les lumières pour
07:40 régler une situation de façon
07:42 plus ou moins violente, pour les réallumer
07:44 derrière. C'est un peu
07:46 ce qu'on fait en Nouvelle-Calédonie,
07:48 à ceci près qu'évidemment, on peut difficilement
07:50 imaginer, j'espère,
07:52 massacrer des opposants politiques pour
07:54 ensuite rétablir les réseaux sociaux et faire comme si
07:56 de rien n'était. On n'en est pas là.
07:58 - Oui, ce qui a été le cas en Iran par exemple.
08:00 - Ce qui a été le cas dans une multitude de pays d'Afrique.
08:02 - Oui, et là, il y a aussi le cadre de l'état d'urgence
08:04 qui n'est décrété que pour 12 jours.
08:06 Il faut un vote ensuite pour le reconduire.
08:08 Donc, de toute façon,
08:10 c'est une question.
08:12 On va en parler en deuxième partie d'entretien
08:14 de toute façon, de cette question de la
08:16 légalité de la censure des réseaux sociaux
08:18 et aussi de ce climat
08:20 de censure ou de surveillance des réseaux sociaux.
08:22 Si vous souhaitez réagir ou poser
08:24 des questions à notre invité Fabrice Epel,
08:26 0 826 300 300.
08:28 On se retrouve dans un instant
08:30 sur Sud Radio. À tout de suite.
08:32 - Sud Radio
08:34 midi 13h.
08:36 Alexis Poulin, sans réserve.
08:38 Sud Radio
08:42 midi 13h. Alexis Poulin
08:44 sans réserve.
08:46 - Et on se retrouve tout de suite
08:48 avec notre invité Fabrice Epelboin pour parler
08:50 de l'état d'urgence en Nouvelle-Calédonie, de la censure
08:52 de TikTok, la question des
08:54 réseaux sociaux et leur place dans les
08:56 phénomènes d'émeute. Si vous souhaitez
08:58 poser des questions ou réagir, 0 826
09:00 300 300 pour le standard.
09:02 Quelle est
09:04 l'utilisation de l'état d'urgence
09:06 pour censurer les réseaux sociaux ?
09:08 Est-ce que c'est pas là
09:10 dépasser un peu du cadre et
09:12 faire rentrer des mesures qui sont
09:14 clairement attentatoires aux libertés
09:16 en les faisant passer pour normal ?
09:18 - C'est le concept de l'état d'urgence.
09:20 C'est un état d'exception temporaire dans lequel
09:22 on fait des choses qui, en temps normal, seraient totalement
09:24 liberticides, mais on a fait une petite
09:26 pause, une petite parenthèse enchantée
09:28 dans l'état de droit.
09:30 - On fait ça pour les JO par exemple.
09:32 On a la loi JO qui permet maintenant
09:34 d'arrêter la liberté de circuler.
09:36 Enfin, c'est une histoire de
09:38 double QR code pour se balader dans Paris
09:40 pendant la semaine de l'ouverture.
09:42 - C'est vraiment l'introduction
09:44 dans la population
09:46 générale d'un concept
09:48 qui sont des frontières temporaires
09:50 et qui demain seront des frontières personnalisées
09:52 qu'on a déjà connues avec le QR code pour les restaurants.
09:54 - Et ça, ça va se généraliser
09:56 aussi parce que le retour des frontières
09:58 c'est assez inévitable.
10:00 Nous sommes des frontières nationales,
10:02 des frontières européennes qui, pour inciter,
10:04 n'existent pas vraiment, mais aussi
10:06 des frontières beaucoup plus spécifiques
10:08 qui vont typiquement permettre de prononcer des
10:10 peines d'interdiction d'un territoire à une personne,
10:12 un mari violent par rapport
10:14 à la commune de son ex-épouse
10:16 ou une myriade de choses
10:18 et qui demain, avec la vidéosurveillance,
10:20 une fois qu'elle sera plus en mesure
10:22 de repérer chaque individu,
10:24 mais ça arrive, permettra
10:26 d'appliquer les moyens. - Tous les moyens sont là.
10:28 On a déjà la surveillance algorithmique qui est mise en place,
10:30 qui est testée au concert de Taylor Swift,
10:32 à Roland Garros, à Piaillard,
10:34 - Non, non, non, mais ça c'est psychologique, c'est de la communication.
10:36 La réalité de la surveillance
10:38 avec rocco facial,
10:40 c'est ça dont on parle, elle est en place depuis 2015.
10:42 Je vous renvoie à l'enquête de Disclose,
10:44 très clairement,
10:46 Ariane Avrieux et ses collègues
10:48 de Disclose ont mis en évidence
10:50 l'installation de systèmes de caméras
10:52 biométriques dans 200 communes
10:54 de France depuis 2015, alors que c'était parfaitement
10:56 illégal. Ce à quoi on assiste avec
10:58 Taylor Swift et Disclose Olympique, c'est de la communication
11:00 qui permet, petit à petit,
11:02 d'introduire ce concept auprès de la population
11:04 et de les familiariser avec ce concept. - Comme le QR code,
11:06 d'abord le Covid, puis les JO,
11:08 comme l'interdiction de TikTok,
11:10 etc. On a l'impression
11:12 qu'en plus ça va, plus on essaye d'habituer
11:14 les populations à du contrôle,
11:16 du technocontrôle, de la censure,
11:18 comme si c'était la vie quotidienne.
11:20 - C'est la vie quotidienne.
11:22 Les réseaux sociaux sont censurés depuis
11:24 déjà la belle durête. - Contrôlés.
11:26 - C'est bien pour ça que
11:28 tout le monde panique avec Twitter,
11:30 c'est qu'on a un dirigeant qui n'applique pas les consignes,
11:32 alors que Mark Zuckerberg
11:34 a fini par les appliquer, après beaucoup d'erreurs,
11:36 mais il a fini par les appliquer.
11:38 Du coup, il fait paniquer tout le monde parce qu'il est en mesure
11:40 de faire des bras de fer avec n'importe qui
11:42 sur un coup de tête.
11:44 Musk fait paniquer tout le monde
11:46 essentiellement parce qu'il n'applique pas
11:48 la censure qu'on lui demande d'appliquer.
11:50 Il faut regarder ça en face,
11:52 indépendamment de ce qu'on pense de Musk,
11:54 c'est quelqu'un qui n'applique pas nécessairement
11:56 la censure qu'on lui demande d'appliquer.
11:58 - En défense du "free speech", comme il appelle ça,
12:00 la liberté d'expression. - En défense de plein de choses,
12:02 notamment le "free speech",
12:04 c'est quand même assez flou,
12:06 il n'est pas non plus blanc bleu,
12:08 mais malgré tout, il n'obéit pas
12:10 au gouvernement et il ne laisse pas faire
12:12 des choses comme ce qu'il a révélé
12:14 dans les "Twitter Files", c'est-à-dire la censure
12:16 d'une opposition politique, ou la censure
12:18 d'un camp politique en particulier,
12:20 où on a la même affaire au Brésil, il y a de fortes chances
12:22 pour que la suite des "Twitter Files"
12:24 montre qu'il y a la même affaire dans tout un tas d'endroits.
12:26 - Au Brésil, ça va au-delà,
12:28 donc c'est X qui sait... - Non, c'est similaire, c'est très similaire.
12:30 C'est les instances judiciaires
12:32 du pays qui ont censuré
12:34 pendant que Jair Bolsonaro
12:36 était président, tout le
12:38 camp Bolsonaro au pouvoir,
12:40 ainsi que les militants du camp
12:42 de Bolsonaro, qui était quand même président élu,
12:44 on pense ce qu'on veut de Jair Bolsonaro,
12:46 je pense que la plupart d'entre nous
12:48 en pensent du mal, malgré tout, président élu,
12:50 et pendant qu'il était
12:52 président élu, des instances judiciaires
12:54 censuraient ses partisans
12:56 et ses élus. - En dehors de tout cadre démocratique.
12:58 - En dehors de tout cadre démocratique,
13:00 à ceci près qu'on est dans une autre
13:02 démocratie, donc je ne vais pas me prononcer
13:04 sur le respect de la démocratie brésilienne,
13:06 je ne connais absolument pas... - Non, mais parlons de l'Europe,
13:08 par exemple, l'Union européenne et Thierry Breton
13:10 qui veulent imposer aussi des lois supranationales
13:12 sur le contrôle de ces réseaux sociaux. - Oui,
13:14 alors on ne sait pas très bien comment ça va s'appliquer, pour l'instant on a
13:16 l'architecture, c'est-à-dire le DSA,
13:18 le point noir du DSA,
13:20 c'est les signalers de confiance.
13:22 - Digital Service Act. - Digital Service Act, et qui
13:24 prévoit une architecture où
13:26 chaque pays européen va avoir des
13:28 signalers de confiance qui vont remonter
13:30 aux réseaux sociaux des comptes problématiques,
13:32 qui eux seront pris en compte, contrairement à nos
13:34 signalements à nous, qui vont être noyés
13:36 dans une masse informe, qui ne
13:38 ne peuvent pas rencontrer
13:40 une modération qui n'est pas en nombre suffisante,
13:42 là, les signalers de confiance auront
13:44 une espèce de voix prioritaire de signalement,
13:46 et leur voix pèsera. - Et la question, c'est
13:48 qui sont ces signalers de confiance ?
13:50 - On n'a pas eu la réponse du jour. - L'intérêt, c'est que
13:52 ça n'est pas une opération strictement européenne,
13:54 les signalers de confiance sont nationaux,
13:56 et donc il y aura une spécificité nationale à chaque censure.
13:58 - Donc on va retrouver sans doute
14:00 les signalers de confiance habituels,
14:02 qui sont les fact-checkers, par exemple ? - Non, c'est pas très clair.
14:04 Ça va être intéressant,
14:06 j'espère que ça va être transparent, mais ça finira
14:08 nécessairement par l'être. Pour l'instant,
14:10 on n'a identifié qu'un seul signaler de confiance,
14:12 qui est l'association e-enfance, qui s'occupe de
14:14 protection de l'enfance, donc qui n'a absolument rien à voir
14:16 avec les fact-checkers ou quoi que ce soit,
14:18 qui est la seule
14:20 à s'être signalée comme étant
14:22 officiellement désignée comme telle.
14:24 Les autres, soit n'ont pas encore été signalées,
14:26 soit pour l'instant se planquent. On ne sait pas.
14:28 - Mais c'est inquiétant quand même pour les libertés.
14:30 - Ah oui, oui, de toute façon,
14:32 on est dans une période de régression, c'est clair.
14:34 C'est clairement inquiétant.
14:36 On est face à des situations
14:38 qu'on peut qualifier de pré-révolutionnaires
14:40 ou pré-émeutes.
14:42 On a déjà eu des émeutes qui n'étaient
14:44 en rien politisées, mais imaginez
14:46 la même chose politisée
14:48 dans le conflit actuel, qui est très clairement
14:50 l'Israël. - C'est le cas en Nouvelle-Calédonie par exemple.
14:52 - C'est le cas en Nouvelle-Calédonie. - Mais qui pourraient se décaler
14:54 en France sur d'autres sujets.
14:56 - Ah bah sur le conflit israélo-palestinien,
14:58 très clairement. Si on a des émeutes
15:00 comme l'été dernier, mais teintées
15:02 d'une motivation politique
15:04 comme ce que cherche
15:06 à déclencher très clairement à l'EFI,
15:08 là, on a quelque chose qui s'apparente
15:10 plus à un début de révolution qu'à des émeutes.
15:12 - Sur la base de la défense
15:14 du peuple palestinien, c'est ce que vous... - Sur la base de la défense
15:16 du peuple palestinien, sur la base
15:18 d'une projection de la situation vécue
15:20 à Gaza par ce que vivent
15:22 les gens dans les banlieues, sur tout
15:24 un tas de bases, mais sur une base qui va
15:26 beaucoup, beaucoup plus loin, politiquement parlant,
15:28 que juste aller piller le magasin Nike du coin de la rue.
15:30 - Est-ce qu'il n'y a pas,
15:32 au-delà du climat
15:34 de violence, ce matin encore à Rouen,
15:36 un individu a été abattu
15:38 par la police, qu'il cherchait à mettre le feu
15:40 à une synagogue, il était armé
15:42 également, est-ce qu'il n'y a pas
15:44 encore une fois
15:46 une excuse pour avancer
15:48 encore davantage sur la censure
15:50 en disant "écoutez, le climat est tellement
15:52 volatile, tellement violent,
15:54 qu'il va falloir agir hors
15:56 du cadre de l'état d'urgence, mais légiférer
15:58 sur ces réseaux sociaux, sur l'accès, alors,
16:00 déjà l'âge, par exemple, la fin
16:02 de l'anonymat qui n'existe pas, on parle
16:04 de pseudonymat sur ces réseaux sociaux, mais on voit
16:06 aussi Paul Midi, député macroniste
16:08 qui cherche à avancer sur
16:10 ce dossier-là,
16:12 est-ce que ça ne va pas être une des priorités
16:14 finalement, le contrôle encore accru
16:16 de la liberté de parole sur ces réseaux ?
16:18 - Alors, l'initiative de Paul Midi est très
16:20 intéressante, d'abord parce qu'elle est complètement
16:22 contraire aux lois européennes, ce qui est toujours amusant,
16:24 mais surtout parce que
16:26 la réalité de
16:28 confier l'identité aux réseaux sociaux,
16:30 c'est qu'une fois qu'ils ont l'identité
16:32 et donc l'âge, ils peuvent appliquer
16:34 des mesures telles que l'interdiction en dessous de 13 ans
16:36 de s'arrêter, ce qu'ils ne peuvent pas aujourd'hui,
16:38 ils ont juste une adresse IP, ils peuvent la communiquer à la justice,
16:40 la justice, à partir de cette adresse IP,
16:42 peut remonter à une identité,
16:44 c'est pour ça que l'anonymat n'existe pas,
16:46 c'est juste du pseudonymat, mais le réseau social
16:48 ne sait pas à qui il a affaire.
16:50 Si demain le réseau social sait à qui il a affaire,
16:52 on peut, dans la foulée, lui demander
16:54 d'interdire l'accès aux moins de 13 ans,
16:56 de limiter à 2h par jour
16:58 entre 13 et 16,
17:00 et entre 16 et 18,
17:02 de monter à 3h par jour, par exemple.
17:04 Ça, aujourd'hui, on n'a absolument
17:06 pas l'architecture technique pour le faire.
17:08 Demain, si les lois de Paul Meadie
17:10 passaient, on l'aurait. Encore une fois,
17:12 c'est complètement en contradiction avec les lois européennes,
17:14 donc c'est, pour l'instant,
17:16 pas envisageable, mais c'est clairement l'intention.
17:18 - Oui, c'est une attention qui remonte
17:20 déjà aux lois Avia, qui remonte à
17:22 quelques années maintenant, ce contrôle-là.
17:24 Est-ce que
17:26 les réseaux sociaux
17:28 ont un... Vous l'aviez dit,
17:30 dans la campagne de Donald Trump, par exemple...
17:32 - Dans toutes les campagnes. - Ils ont un rôle
17:34 prépondérant ? - Dans toutes les campagnes.
17:36 Dans toutes les campagnes, particulièrement aux Etats-Unis.
17:38 - Est-ce qu'on ne leur donne pas trop d'importance ? - On ne sait pas mesurer
17:40 cette importance. Donc,
17:42 on la donne aux doigts mouillés.
17:44 Vous allez avoir des gens qui sont encore
17:46 restés aux années 2010 et qui considèrent
17:48 que ça n'a aucun impact, et des gens beaucoup plus
17:50 enthousiastes comme moi, qui ont parti pour le printemps arabe,
17:52 qui ont une expérience opérationnelle de terrain,
17:54 qui savent à quel point ça peut être efficace.
17:56 La réalité, c'est qu'on ne sait pas mesurer tout ça.
17:58 On est incapable de faire des expériences
18:00 au double aveugle, ou quelques mesures scientifiques
18:02 que ce soit de cette influence.
18:04 Maintenant, très objectivement,
18:06 les Twitter Files montrent qu'il y a
18:08 quand même des concepts américains qui ont été
18:10 extrêmement poreux. Ça a été facilité
18:12 énormément par Twitter. Je vais en prendre un qui n'est pas
18:14 vraiment controversé, qui est le MeToo.
18:16 MeToo, c'est un concept américain
18:18 qui s'est déversé sur la France,
18:20 qui a eu son adaptation française,
18:22 Balance Tempor, qui n'est pas tout à fait la même chose.
18:24 Mais on est très clairement dans une porosité
18:26 des concepts politiques
18:28 entre les Etats-Unis, vers l'Europe
18:30 et la France en particulier. Les Twitter Files,
18:32 c'est sa puissance 10.
18:34 - Ça peut arriver à n'importe quel moment
18:36 maintenant en France, c'est ce que vous nous dites.
18:38 - Ça arrive de façon quasiment
18:40 synchrone. Le mouvement qu'on voit
18:42 dans les IEP un peu partout en France
18:44 de solidarité avec Gaza,
18:46 c'est très clairement l'importation
18:48 d'un mouvement américain,
18:50 qui se fait très mal, parce que c'est un vrai
18:52 mouvement assez massif aux Etats-Unis.
18:54 C'est très anecdotique
18:56 en France et ça n'a d'importance qu'aux yeux des médias.
18:58 La réalité c'est qu'à Sciences Po, vous avez une centaine
19:00 de personnes à la Sorbonne également.
19:02 - C'est très peu, c'est amplifié par le bruit médiatique.
19:04 - C'est énormément exagéré
19:06 et amplifié par le bruit médiatique.
19:08 Par ailleurs, les journalistes ne sont pas très
19:10 regardants. Si vous regardez de près, vous verrez que
19:12 la moitié des manifestants qui sont devant la Sorbonne
19:14 ou Sciences Po ne sont pas des élèves de la Sorbonne ou Sciences Po.
19:16 Donc on est pour l'instant
19:18 à une tentative d'embrasement,
19:20 mais pour l'instant ça ne donne pas encore grand-chose.
19:22 - Merci beaucoup Fabrice Eppelboin d'avoir
19:24 répondu à nos questions sur cette censure
19:26 de TikTok en Nouvelle-Calédonie
19:28 et au-delà. Dans un instant c'est la culture
19:30 dans tous ces Etats, avec Céline Alonso
19:32 et André Bercoff qui reçoivent aujourd'hui
19:34 Sébastien Lefol pour son livre sur
19:36 les lieux de pouvoir en France.
19:38 A tout de suite sur Sud Radio.
19:40 Sud Radio, parlons vrai.

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