• il y a 2 mois
Jacques Pessis reçoit Gabrielle Lazure. La comédienne publie son premier roman, l’histoire d’une femme qui, à 60 ans, décide de retrouver le désir de l’amour grâce aux sites de rencontres.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-10-17##

Category

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité, la comédienne que vous êtes
00:08a montré ses talents dans bien des univers.
00:10Vous entamez aujourd'hui une carrière de romancière en évoquant la recherche d'un
00:14plaisir perdu pour votre personnage, mais pas ce plaisir pour celle et ceux qui se plongeront
00:18dans ce livre avec plaisir justement.
00:20Bonjour Gabriel Lazur.
00:21Bonjour Jacques.
00:22Alors on se retrouve, vous avez fait tellement de choses, on vous avait reçu dans les clés
00:26d'une vie tout au début, mais là j'ai trouvé d'autres angles, d'autres dates
00:30pour parler de vous.
00:31Et puis on parlera de ce livre à la recherche du plaisir perdu chez Héloïse Dormesson
00:35qui est un livre assez étonnant.
00:36On garde la surprise pour tout à l'heure.
00:39Alors, je reviens à des dates, c'est le principe des clés d'une vie et j'en ai trouvé
00:42une étonnante, c'est le 26 novembre 76, c'est le jour où vous êtes devenue fille de ministre.
00:47Ah oui c'est vrai, mon père était pédopsychiatre à la base, dirigeait des hôpitaux psychiatriques
00:53et puis aussi il a été ministre des affaires sociales et de la santé pour le premier gouvernement
00:57de René Lévesque, c'est lui qui a créé le Parti québécois pour la souveraineté
01:02du Québec.
01:03C'était Denis Lazur je crois son nom et puis il avait essayé de se présenter aux élections
01:07et là il devient ministre.
01:08On ne sait pas très bien ce que ça veut dire d'ailleurs, être ministre pour les Québécois,
01:11est-ce que ça ressemble à la France ou pas du tout ?
01:13En fait le Québec évidemment c'était pas un pays, mais bon c'est quand même un peu
01:17plus qu'une province, c'est quelque chose qui a une identité propre et oui ça reste
01:22un ministre mais c'est pas, on va dire les hommes politiques là-bas sont un peu plus
01:26cool peut-être qu'ici, ici on a été ministre ou président c'est vraiment littéralement
01:30avis on a l'impression et là-bas c'est quand même un peu plus relax quoi.
01:34Et la souveraineté du Québec c'était un événement à l'époque ?
01:38Oui on parlait au début d'indépendance, tout ça après ils ont dit souveraineté,
01:41mais c'est vrai que même si ça n'est pas produit, il y a eu deux référendums qui ont
01:45été très proches mais qui finalement ne sont pas passés, mais ça a quand même fait
01:49prendre conscience je pense aux Québécois de leur identité nationale et tout et moi
01:54je trouve que c'était une bonne chose.
01:55Oui et puis c'est encore le débat aujourd'hui où on essaye de préserver la langue française.
01:59Exactement, en France on en a encore plus conscience parce qu'il y a de plus en plus
02:02de choses en anglais même pour les comédiens et tout même si je suis moitié aussi américaine
02:06mais je défends la langue française quand même.
02:09Et votre père aussi a été champion de hockey je crois ?
02:11Champion je sais pas mais il a fait un record de prix quand il était à l'université
02:17de Montréal dans une partie de hockey, c'est notre sport national aussi un peu quand même.
02:22Les ligues d'improvisation sont nées sur les terrains de hockey ?
02:25Exactement, c'est le même principe.
02:27Alors vous avez grandi à Montréal mais vous êtes née à Philadelphie Gabriel Lazur, c'est bizarre ?
02:32Mon père terminait ses études en fait de pédopsychiatrie là-bas, il a rencontré
02:36ma maman qui elle était américaine de Philadelphie et donc je suis née là-bas aux Etats-Unis
02:42et une fois qu'il a eu fini ses études on est retournés tous les trois à Montréal.
02:46Philadelphie d'ailleurs, c'est la déclaration d'indépendance des Etats-Unis le 4 juillet 1776
02:52et la signature de la constitution américaine 1787.
02:55Exactement, bravo !
02:57Alors ce combat pour le Québec, ça a changé votre vie un père ministre finalement Gabriel Lazur ?
03:04En fait ça correspondait à peu près au moment où moi je venais en France,
03:08puis c'est vrai que je ne vivais pas avec mon père, mes parents étaient en divorcée,
03:11je le voyais régulièrement, enfin toutes les semaines et tout mais je ne vivais pas non plus avec lui.
03:15Il était sans erreur entre Montréal et Québec, il avait quand même beaucoup de boulot etc.
03:20et j'ai eu un petit frère qui est né à peu près à ce moment-là aussi, fils de mon père
03:25et moi je suis arrivée en France en 1978 donc ça faisait que deux ans.
03:29Mais il y a eu une année rigolote où je pense que c'était en 1983 où j'avais deux films sélectionnés
03:35au Festival des Films du Monde à Montréal et lui à l'époque était ministre toujours
03:40et donc c'était marrant parce qu'on avait chacun notre chauffeur et tout ça
03:43puis il était venu voir les films, c'était sympa.
03:46À cette époque-là moi je suis passé au Québec et il y a une chanson qui a marqué le Québec, c'est celle-ci.
03:51C'est une langue belle à l'autre bout du monde, une bulle de France au nord d'un continent
04:00La langue de chez Yves Duteil, c'est Félix Leclerc qui avait conseillé à Yves Duteil d'écrire
04:05et c'est devenu un hymne national, je me souviens avoir vu Yves Duteil au Théâtre Saint-Denis
04:09et la foule debout comme si c'était la Marseillaise.
04:12Ah oui, c'est vrai que c'était des chansons très populaires.
04:16Alors vous êtes français par votre père anglais, par votre mère Gabrielle Lazure
04:22mais votre mère vous lui avez consacré un livre qui a eu un grand succès finalement.
04:28Je sais pas, en tout cas ça m'a donné le goût de l'écriture aussi, j'ai découvert,
04:32j'ai trouvé que c'était vraiment super d'exprimer l'énergie créative autrement
04:38et comme quand on est comédien on ne travaille pas sans arrêt,
04:41en tout cas dans mon cas je suis pas non-stop sur les plateaux non plus,
04:44donc c'est super de pouvoir canaliser cette énergie créative
04:48et comme ça on ne devient pas aigri, il y a toujours quelque chose qui travaille
04:51et l'énergie elle reste fraîche.
04:54Et je me souviens que dans ce livre, vous aviez raconté qu'elle attendait les extraterrestres
04:59finalement elle était en avance sur son temps parce qu'aujourd'hui
05:02il y a un congrès qui prépare l'arrivée des extraterrestres à Limoges
05:06et il y a 3000 personnes qui sont allées aux zéniths de la ville pour préparer cette arrivée.
05:10Il y a plein de gens qui y croient, il y avait des professeurs d'université,
05:12plein de gens très sérieux qui y croient dans ces choses-là.
05:15Alors au départ vous devez devenir médecin, Gabrielle Leger.
05:18J'avais envie d'être médecin, j'ai entamé des études de psychologie,
05:21mon père ne voulait pas m'envoyer aux Etats-Unis pour étudier ce que je comprends tout à fait aujourd'hui
05:25vu le prix que ça coûte déjà, et puis c'était trop long à Montréal
05:28et j'ai commencé un peu psycho et puis finalement c'est ma mère qui est partie
05:31et je me suis rendu compte que c'était pas vraiment pour moi
05:34donc j'avais commencé à prendre aussi un peu des cours de théâtre
05:37et je me suis toujours intéressée au cinéma déjà comme cinéphile
05:40et donc voilà, je suis arrivée à Paris pour au départ prendre un peu une pause,
05:44je m'étais dit bon je vais rester peut-être quelques mois
05:47et j'avais demandé à la fac un semestre de break
05:51et puis finalement je ne suis jamais retournée.
05:54Votre premier cours de théâtre c'était à 12 ans au Québec ?
05:56Oui.
05:57C'était quoi ?
05:58Les bonnes recherches.
05:59Oui je prenais des cours dans le YMCA, un truc un peu associatif
06:03et puis mon prof m'a fait jouer dans une pièce d'ailleurs avec des adultes
06:07en fait j'avais un petit rôle mais c'était sympa,
06:09c'était quelque chose un peu comme c'était l'époque 68 et tout,
06:12le Vietnam c'était le côté un peu hippie, baba cool, contestataire
06:16mais c'était The Plot to Overthrow Peter Rabbit,
06:19quelque chose comme ça un peu absurde et ça m'avait bien amusée quand même.
06:24Le goût de la scène est venu de là finalement ?
06:26Peut-être, peut-être, c'est vrai que mes parents n'étaient pas du tout là-dedans,
06:31c'est vraiment venu de moi comme ça, j'aimais le cinéma,
06:34j'aimais le fait de pouvoir s'exprimer comme ça.
06:36Mais le théâtre au Québec est important,
06:39moi je me souviens au Québec quand j'y allais il y avait des pièces partout à l'affiche.
06:42Oui il y a beaucoup de théâtre au Québec, oui.
06:44Et je sais que le Québec a connu ses premières heures de gloire au Québec
06:49à la fin du XIXe siècle avec le vaudeville à l'américaine et l'importation de Broadway.
06:54Ah oui c'est possible, mais les Québécois de manière générale sont assez,
06:59moi je sais quand j'étais ado, tous mes potes ils faisaient de la guitare, du piano,
07:04enfin les gens ont la musique et tout ça, c'est quelque chose de peut-être plus répandu
07:07que dans la moyenne des gens que je rencontre ici.
07:10On dit toujours que les Québécois sont des Français qui travaillent à l'américaine.
07:14Ah c'est vrai, la mentalité est beaucoup plus à l'américaine,
07:17moi je suis toujours à l'heure et tout, alors que les Français en général
07:20ont minimum 10 minutes, un quart d'heure de retard,
07:22quand on arrive à l'heure des fois on regarde de travers.
07:25Et puis il y a le québécois, vous avez appris le québécois qui est une langue très particulière ?
07:29Ah oui, mais je ne parle pas bien le québécois en France,
07:32parce que regarde, toi tu ris là, tout le monde rit,
07:34donc je ne suis pas un clown non plus.
07:36Mais on l'apprend déjà.
07:37Je ne l'ai jamais bien eu, parce que je l'ai entendu autour de moi,
07:41mais avec ma mère on parlait en anglais,
07:43donc je n'avais pas vraiment l'accent québécois,
07:45mais je peux le prendre un petit peu, ça m'est déjà arrivé dans des films,
07:48même je fais une petite passie dans le dernier film de Peff,
07:52et je joue une Québécoise aussi, on a bien rigolé,
07:55il y avait toute une bande de Québécoises, c'était sympa.
07:58Il y a une chanteuse, ça faut qu'on la reçue, voici quelques temps,
08:00qui a fait croire au début, pour passer à sa première audition chez Mireille,
08:04à la télévision, qu'elle était Québécoise.
08:06Et ça a marché, personne ne l'a remarqué.
08:08Elle est super, ça faut.
08:09Il se trouve aussi que, moi j'ai vu des pièces en québécois,
08:12un jour à Montréal, je n'ai pas compris un mot.
08:14Oui, Michel Tremblay par exemple, ça c'est une écriture quand même un peu,
08:17ça va loin dans la langue québécoise,
08:19mais comme il y a des régions en France aussi,
08:22quand on va dans le fin fond de l'Auvergne, ou je ne sais où,
08:24il y a des dialectes presque, où on ne comprend pas tout.
08:28Mais en fait, la langue québécoise, c'est la langue française
08:30qui s'est développée différemment, vu que ce n'était pas au même endroit.
08:33Mais il y a plein de choses, j'ai un ami qui avait étudié le français médiéval,
08:37et il y a plein de sons, comme les mouets, toué,
08:39tout ça, ça vient du vieux français aussi.
08:41Et puis il y a le cinéma, car très jeune, vous découvrez le cinéma,
08:44Gabrielle Lasure, en voyant beaucoup de films.
08:46Oui, j'ai toujours eu un amour du cinéma.
08:49Je crois que mon premier film d'adulte, juste après Mary Poppins,
08:52c'était 2001, Odyssée de l'espace.
08:54Alors ça m'avait fait vraiment un gros choc.
08:56Mais je suis allée beaucoup voir à Montréal,
08:58il y avait quand même pas mal aussi de salles de cinéma indépendantes,
09:01des salles d'art et d'essai.
09:02J'allais voir les films un peu des années 70, italien,
09:05tout ça, Lina Vertmuller, enfin plein de films, Fellini et tout,
09:09et j'aimais beaucoup.
09:10Et le cinéma québécois, je me suis un petit peu renseigné aussi.
09:13Les premiers films, l'église était toujours au cœur de ces films-là.
09:17Et le premier film sonore au Québec, c'est En Pays Neuf,
09:22réalisé par un abbé, Maurice Proulx.
09:24Ah oui.
09:25C'est vrai que l'église est très importante,
09:27même encore aujourd'hui au Québec.
09:29Oui, beaucoup moins.
09:30Il y a eu beaucoup, beaucoup d'églises.
09:32Déjà physiquement, il y a plein d'églises, même à Montréal,
09:35qui ont été transformées en malles, en centres d'achat
09:38ou en appartements, toutes sortes de choses,
09:40parce que les gens fréquentent quand même beaucoup moins l'église.
09:42Mais l'église, vraiment, c'est nos monuments à nous.
09:45Ça fait partie de la tradition.
09:47La mère de mon père, elle a eu douze enfants.
09:49C'était comme ça, les trécateaux.
09:51Il fallait faire des enfants.
09:53C'était comme ça.
09:54Vous auriez pu faire carrière au Québec au départ, Gabrielle Dazur ?
09:58J'avais besoin de...
10:00C'était bien pour moi de prendre des distances, déjà,
10:02par rapport à ma mère et tout.
10:03J'avais une relation difficile avec elle.
10:05D'où le titre de mon premier livre, La Maman, cet océan entre nous,
10:09que j'avais conservé cette distance comme ça.
10:12C'est vrai que j'aurais pu aussi aller aux Etats-Unis dès le départ,
10:15mais pour ces raisons-là.
10:16Et puis, je me sentais bien en France.
10:17Ce n'était pas facile au début,
10:18parce que les Parisiens ne sont pas forcément très accueillants
10:21quand on n'est pas soi-même Parisien, même si on parle la langue.
10:24Ce n'était pas simple.
10:26Mais j'avais besoin d'être seule,
10:28de me construire un peu d'une manière autonome.
10:30Et voilà, ça m'a sauvée.
10:32Vous pouvez aussi rester deux ou trois mois en France.
10:34Oui, je ne pensais pas rester si longtemps.
10:36Et c'est depuis 1978 quand même.
10:38Donc, j'ai passé la majeure partie de ma vie ici.
10:41Et qu'est-ce qui a fait le déclic que vous avez décidé de rester ?
10:44Ah, je ne sais pas.
10:46Est-ce que c'est le vin, le fromage, les monuments, la beauté de la ville ?
10:51Au départ, ce n'était pas les Français en tous les cas,
10:53parce que j'ai eu un peu du mal à m'accoutumer.
10:55Mais maintenant, je trouve que les Français sont devenus plus sympathiques.
10:58Oui, et ils vous accueillent avec plaisir,
11:00ils vous retrouvent toujours avec plaisir.
11:02Et nous, on va se retrouver dans quelques instants
11:04avec une autre date de votre carrière,
11:06le 5 novembre 1981.
11:08A tout de suite sur Sud Radio, avec Gabriel Lazur.
11:11Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
11:14Sud Radio, les clés d'une vie.
11:16Mon invité Gabriel Lazur, nous parlerons de ce livre étonnant
11:19à la recherche du plaisir perdu,
11:21chez Héloïse Dormesson.
11:23Et on revient à votre carrière.
11:25Et j'ai trouvé la date du 5 novembre 1981,
11:28car en Italie sort un film
11:31qui est Rosa, chaste et pure,
11:34qui est le premier film dans lequel vous êtes apparu à l'écran.
11:36Ah oui, c'est vrai.
11:38C'est un film italien un peu particulier,
11:40parce qu'en fait, j'avais jamais connu ça.
11:42Déjà, c'était mon premier plateau de cinéma,
11:44mais il n'y avait pas de son direct.
11:47A l'époque, en Italie, même dans les années 60, 70,
11:49Fellini, tout ça, les acteurs ne parlaient pas en vrai.
11:52Ils disaient, non mais dites des chiffres, dites n'importe quoi.
11:55Donc il y avait des acteurs qui parlaient italien,
11:57il y avait Fernando Rey qui parlait espagnol, et moi en français.
11:59Tout ça, c'était un joyeux mix.
12:01Vous arrivez en France et vous tournez en Italie.
12:03C'est bizarre quand même.
12:04C'est comme ça, il faut voyager.
12:06Oui, mais c'est la première fois que vous étiez à l'écran,
12:08dans un petit rôle, et je crois que c'était Laura Antonelli
12:10qui était la star du film.
12:12Exactement.
12:13Et à l'époque, elle ne vivait pas encore avec Belmondo.
12:15Elle commençait à vivre avec Belmondo.
12:16Oui, ils étaient déjà ensemble.
12:18C'était une liaison passionnée et assez tumultueuse.
12:21Alors, c'était un certain Salvatore Samperi
12:24qui avait mis en scène.
12:26Mais en même temps, il a fait d'autres choses célèbres depuis.
12:29Le film sort en 1984 en France, bizarrement.
12:31Mais vous avez fait d'autres choses entre-temps,
12:33dont Le prix du danger avec Yves Boisset,
12:35qui est un film qui a beaucoup marqué votre carrière
12:37et qui a marqué le public.
12:39Oui, ça a marqué le public et ça a marqué,
12:41parce que même le réalisateur, Yves,
12:44il a fait aussi même un procès,
12:46parce que c'était une chose qui a été reprise
12:48un peu par les Américains.
12:49Après Running Man, la même idée.
12:50C'était vraiment précurseur.
12:52C'était en avant de son temps.
12:53Parce que jusqu'où aujourd'hui il va,
12:55parfois avant certaines de ses émissions de télé-réalité
12:58où les gens sont prêts à se mettre en danger
13:00pour obtenir quelque chose.
13:02Il y avait vraiment ce thème-là dans le film
13:04et c'était à fond.
13:06J'ai beaucoup aimé.
13:07Puis la rencontre avec Michel Piccoli aussi,
13:09j'adorais cet acteur.
13:10Oui, c'était un homme d'une gentillesse extraordinaire.
13:13Vraiment super.
13:14Mais c'est vrai que c'est la première fois
13:16qu'on parlait de télé-réalité alors qu'elle n'existait pas.
13:19C'est ça, c'était vraiment bien avant.
13:21C'était incroyable.
13:22Il y a aussi ce film avec Alain Robb-Grillet
13:26que vous avez tourné,
13:27qui lui aussi a fait scandale.
13:29Oui, La Belle Captive.
13:30C'était moi qui débarquais un peu.
13:32Ça faisait quand même deux ans que j'étais en France.
13:34Mais je ne savais pas ce que c'était.
13:36Le sadomasochisme et tout ça.
13:38Et en fait, c'est des années après,
13:40je me suis rendu compte de ce que ça racontait.
13:42C'est pour ça que j'ai pu jouer le rôle
13:43d'une manière très candide, comme ça, à fond.
13:46J'étais, oui, c'est une vampire.
13:48Il y a le truc.
13:49Ah oui, ils l'ont attrapé.
13:51Elle est prisonnière et tout ça.
13:52Mais je n'avais pas du tout compris
13:53qu'il y avait ce truc un peu de domination.
13:56Mais c'était très beau.
13:58J'aimais beaucoup l'image aussi.
13:59Il y avait un côté poétique.
14:01Henri Halkan, le chef opérateur,
14:03qui avait filmé La Belle et la Bête de Cocteau.
14:05Enfin, c'était très artistique.
14:08C'était très inspirant.
14:09Mais quand les critiques sont parues
14:10et ont justement évoqué tout ça,
14:12ça ne vous a pas surpris, Gabrielle Azur ?
14:14Sur le coup, oui, c'est ça.
14:16J'étais un peu...
14:17Finalement, j'avais participé à quelque chose
14:19sans vraiment savoir dans quoi je m'engageais.
14:23Cela dit, je ne me suis pas du tout sentie.
14:25Il n'y avait pas d'agression,
14:26comme en ce moment, il y a plein d'actrices
14:28qui parlent de comment elles ont été abusées
14:29quand elles étaient jeunes actrices.
14:31Mais oui, mis à part qu'Alain Robrié,
14:34il arrivait et me mettait le corps
14:36dans une certaine position
14:37parce que tout était par rapport à des références.
14:39C'est très intellectuel comme ça.
14:41Mais non, ça va.
14:44Ils ont été...
14:45J'étais nue à un moment,
14:46mais ce n'était pas une scène d'amour.
14:48C'était tellement bien éclairé.
14:49J'avais le sentiment presque
14:50d'être habillée par la lumière.
14:52Je n'ai pas eu vraiment de problème avec ça.
14:55J'ai compris l'enjeu artistique.
14:57J'étais déjà majeure
14:58et j'avais déjà fait des études de psycho.
15:00Je n'avais pas 15 ans non plus.
15:02Moi, je me souviens, France Gall,
15:03qui, un peu avant, avait chanté les sucettes
15:06sans se rendre compte.
15:07Sans se rendre compte, exactement.
15:08Elle était plus jeune aussi.
15:10Elle a compris quelques années plus tard,
15:12mais elle n'était pas contente, je crois.
15:13J'imagine, oui.
15:14Il se trouve qu'Alain Robrié,
15:16c'est un personnage assez sulfureux.
15:18À l'époque, je crois qu'il donnait des cours
15:20en plus à New York régulièrement.
15:21Oui, régulièrement.
15:22Il était là-bas.
15:23Moi, j'ai ma tante,
15:24la sœur de ma mère,
15:25qui vient à New York depuis toujours.
15:27Je voyais aussi des trucs arriver.
15:30Il allait faire des lectures,
15:32des conférences dans les universités.
15:34Il était très apprécié des intellectuels américains.
15:37Le Nouveau Roman, tout ça.
15:39Il a été élu à l'Académie française,
15:41mais il a refusé d'y aller
15:42parce que c'était trop vieux,
15:43ce que les académiciens ont très mal pris d'ailleurs.
15:45J'imagine, parce qu'il devait être plus âgé qu'eux.
15:47Exactement.
15:48Il se trouve aussi qu'il y a un film
15:50qui vous a rendu aussi très populaire,
15:51c'est La Crime de Philippe Labreau,
15:53Gabriel Lazur.
15:54Oui, c'est vrai que ce film-là,
15:56peut-être comme Philippe est très journaliste,
15:59comme vous, à la base,
16:00il connaît bien la com.
16:01Il y a eu une manière de sortir ce film
16:05par rapport à la presse.
16:07Ça a fait beaucoup de bruit.
16:09On l'a beaucoup vu dans la presse.
16:13Et puis, c'est passé très souvent à la télévision,
16:16après, je crois aussi.
16:17Et puis, il y a eu quand même Claude Brasseur,
16:19Jean-Louis Trintignant, Jean-Claude Brialy.
16:21Vous étiez en bonne compagnie.
16:22Ah, c'est clair.
16:23Et pour vous-même, c'était une façon
16:25de progresser encore en France ?
16:27Oui, certainement.
16:28En tout cas, au niveau du public,
16:29je pense que c'est ce qui m'a fait connaître
16:30parce que le film de Rob Grillet,
16:32c'était moins commercial, on va dire.
16:33Et ça, La Crime, c'est vrai que c'est un peu
16:35ce qui m'a fait connaître.
16:36Et ça a changé votre carrière ?
16:39En fait, la seule chose qui m'a un peu dérangée
16:41avec ce film-là, c'est qu'il y avait une image
16:43justement très précise qui était voulue
16:46par le réalisateur.
16:48Une femme assez sophistiquée, finalement.
16:50Et moi qui suis plus d'un univers d'acteurs,
16:53de jeux d'acteurs plus réalistes,
16:55on va dire, dans le côté authentique,
16:57un peu acteur studio et tout ça.
16:58J'ai joué une journaliste de Libé
17:00et je trouvais ça bizarre qu'elle soit habillée
17:02dans un tailleur comme ça,
17:03avec sa petite jupe.
17:04Et je me sentais pas...
17:06J'ai fait de mon mieux, on va dire,
17:07pour me mettre à l'aise visuellement
17:10dans ce personnage tel qu'il le concevait.
17:12Mais c'était...
17:14J'étais pas hyper à l'aise.
17:16Et après, on m'a comme cantonnée dans ce rôle-là
17:18de femme sophistiquée et tout,
17:19alors que je m'habille pas trop comme ça dans la vie.
17:22Enfin, j'étais plus rock'n'roll dans la vie.
17:24Donc, c'est un peu une image
17:26que j'ai traînée par la suite.
17:28Oui, mais en même temps,
17:29ce film a bien marché.
17:32Vous n'avez pas pris le cours de théâtre
17:34ou de cinéma depuis le Québec ?
17:35Si, si, j'en avais pris...
17:36Pas au Québec, j'en avais pris en France,
17:38à Paris.
17:39Et puis après, j'en ai pris aussi à New York.
17:41Donc, j'avais quand même pris des cours de théâtre.
17:43Non, je n'étais pas trouvée dans la rue.
17:45Ça n'existe pas beaucoup, ça peut arriver.
17:48Mais non, j'avais fait un chemin pour arriver là.
17:52D'ailleurs, il y a quelqu'un qui est né dans la rue
17:54et dont une chanson est liée à un film aussi
17:56qui a marqué votre carrière.
17:58Souvenir, souvenir
18:00De nos beaux jours de l'été
18:03Lorsque nous partions cueillir
18:06Mille fleurs, mille baisers
18:08Johnny Hallyday, Souvenir, souvenir.
18:10Une de ses premières chantes.
18:12Alors, c'est qu'il a chanté cette chanson
18:14en première partie de Raymond De Vos,
18:15l'humoriste à la Lambra.
18:17Il s'est fait huer
18:18à tel point qu'on a voulu le vider,
18:20le virer le lendemain.
18:21Et Raymond De Vos, qui était une star à l'époque,
18:23a dit, s'il s'en va, je m'en vais aussi.
18:25Il a défendu, c'est génial.
18:27Et Johnny ne l'a jamais oublié.
18:28Et aux 80 ans de Raymond De Vos,
18:30il est venu dans les bras de De Vos en disant
18:32sans toi, je ne serais pas là aujourd'hui.
18:34Ah, c'est génial.
18:35C'est bien, il a de la mémoire.
18:36Et Souvenir, souvenir.
18:37Effectivement, c'est un film qui a aussi marqué
18:39votre carrière, Gabrielle Nazur.
18:40Et qui raconte ça.
18:41D'ailleurs, dans le film, on voit le jeune
18:43chanteur qui essaie, des fois,
18:45il se fait huer.
18:46C'était comme ça à l'époque, les concerts
18:48où l'on applaudit
18:50maître, pardon, et
18:52où il reste, où il part.
18:54Oui, c'était un, donc,
18:56Dariel Zetoun. Moi, j'ai beaucoup aimé tourner dans
18:58ce film aussi. C'était une belle aventure.
19:00Et j'ai adoré
19:02la rencontre, même si elle était brève, avec Annie
19:04Girardot, qui était tellement une femme
19:06et une actrice exceptionnelle.
19:08Mais oui, il y a eu plein de choses qui m'ont plu
19:10sur ce tournage aussi.
19:11Et puis, vous avez été professeur
19:13de musique dans ce film, je crois.
19:14Oui, exactement.
19:15Et justement, la musique, ça fait partie de votre vie.
19:31Petit bateau, chanson interprétée
19:33par Gabrielle Lazure. Ça, c'est aussi une autre
19:35de vos activités.
19:36Oui, la musique, en fait, j'avais
19:38sur un autre tournage, peu de temps avant
19:40Souvenir, Souvenir et un petit peu avant
19:42Lacrime, il y avait un film qui s'appelle
19:44Sarah, où il y avait Jacques Dutronc
19:46et Gabriel Liarède, qui est un grand compositeur
19:48de musique, qui faisait la musique du film et qui
19:50était présent sur le tournage. Et c'est un peu grâce
19:52à lui que j'ai commencé à m'intéresser
19:54à la musique. Il m'a dit, ah, si t'as envie de faire
19:56de la chanson, il faut que t'apprennes un peu la musique, etc.
19:58Et c'est vrai que j'avais
20:00fait un film avec Denis Berry, qui est
20:02un CD maintenant qui s'appelait Last Song
20:04où je chantais aussi un peu dans le film.
20:06Un film français, mais en langue anglaise.
20:08Et voilà, donc j'ai fait plusieurs
20:10petites aventures musicales
20:12au fur et à mesure. Et
20:14le petit bateau, là, ça c'est extrait du petit album
20:16que j'avais fait en 90, où j'avais fait
20:18après une tournée de concert et tout.
20:20Mais oui, j'aime bien.
20:22La tournée de concert, c'était aussi quelque chose
20:24d'important. C'était très rock'n'roll
20:26la tournée de concert.
20:27Oui, c'était génial. J'ai adoré faire ça. C'est
20:29épuisant, je trouve, parce qu'en plus on se
20:31met plus en danger pour moi quand on
20:33chante, surtout quand j'étais... ou des chansons
20:35que j'avais choisies, que j'interprétais ou que
20:37j'avais écrites moi-même. Mais émotionnellement,
20:39il n'y a pas ce filtre du
20:41personnage et du scénario. On est
20:43directement, on raconte quelque chose un peu
20:45plus en prise directe et
20:47c'est plus troublant, je trouve.
20:49C'est un autre investissement.
20:51Et la pochette aussi a fait scandale, non ?
20:53Il y a deux pochettes, en fait. Parce qu'il y avait
20:55une première pochette qui est apparue au Japon
20:57où je suis nue, mais je suis
20:59prise en photo par une de mes amies où
21:01le corps est nu, mais on ne voit pas, on va dire,
21:03les parties intimes. Et après,
21:05la Maison 10 a voulu, pour la France,
21:07on a fait une autre version, une autre
21:09pochette avec juste un portrait
21:11plus sage, on va dire. Parce que pour moi,
21:13la photo nue, c'était parce que justement, la chanson
21:15c'était une sorte de mise à nu, c'était où je me
21:17révélais plus ma vraie personnalité,
21:19etc. La mise à nu, elle est
21:21uniquement morale dans les Clés d'une Vie.
21:23Et on va se retrouver avec une autre date
21:25importante dans votre vie aussi, le 27
21:27août 2018. A tout de suite
21:29sur Sud Radio avec Gabriel Lazur.
21:31Sud Radio, les Clés d'une Vie,
21:33Jacques Pessis. Sud Radio, les Clés
21:35d'une Vie, mon invité Gabriel Lazur,
21:37on a parlé de vos débuts au Québec,
21:39de votre arrivée en France, de vos premiers films,
21:41de la chanson, et on parlera tout à l'heure
21:43de À la recherche du plaisir perdu,
21:45ce livre étonnant chez Élise Dormeson,
21:47avec encore une nouvelle activité
21:49et une nouvelle facette de Gabriel Lazur.
21:51J'en reviens au 27 août 2018,
21:53premier épisode de ce feuilleton.
21:57...
21:59...
22:01Ainsi grand soleil,
22:03dont vous avez été une pionnière, Gabriel Lazur.
22:05Oui, j'étais dans, je faisais
22:07partie de la première saison, donc une des
22:09deux familles qui étaient présentes au tout début
22:11de ce feuilleton, et
22:13c'était une belle aventure, j'avais jamais travaillé
22:15sur un feuilleton quotidien,
22:17c'était intéressant, c'est une sorte de gymnastique,
22:19parce que tout va très vite, et
22:21beaucoup de caméras, et ça bouge tout le temps,
22:23plusieurs plateaux, etc.
22:25Au final,
22:27comme un accord,
22:29je n'ai pas continué pour la suite,
22:31mais
22:33justement,
22:35comme j'ai joué une grand-mère là-dedans,
22:37et que pour moi, le personnage était un petit peu
22:39caricatural quand même, dans le truc,
22:41elle fait à manger,
22:43la mamie quoi,
22:45Mamie Nova style,
22:47je ne m'identifiais pas trop là-dedans,
22:49et c'est vrai, quand on fait quelque chose qui est récurrent,
22:51je trouve qu'il faut,
22:53on devrait s'inspirer de la vraie personnalité
22:55des acteurs, parce que c'est plus simple aussi
22:57à incarner, et c'est un peu tout ce qui
22:59m'a donné aussi les petits,
23:01où je m'étais créé un petit personnage mémé
23:03point G, j'ai dit attends, mais les vieilles, elles ne sont pas là
23:05que pour faire la bouffe, elles peuvent faire autre chose aussi,
23:07et tout ça, c'est des choses qui
23:09ont permis aussi, peut-être le roman
23:11de germer aussi, de défendre
23:15l'identité de la femme mûre,
23:17autrement que dans des clichés de grand-mère.
23:19Enfin, ce feuilleton,
23:21c'est très populaire dès le départ.
23:23Oui, il est toujours, je pense, ça marche bien.
23:25Mais là, en plus, c'était des tournages où il fallait
23:27apprendre les textes rapidement, c'est très particulier.
23:29Oui, tout va très vite, c'est à Montpellier,
23:31en plus, il fallait faire les allers-retours tout le temps.
23:33Alors, à la fin, je crois que vous partez au Canada.
23:35Oui, ils ne m'ont pas tué,
23:37c'est gentil au moins, je ne suis pas morte.
23:39Oui, vous pouvez revenir.
23:41Alors, justement,
23:43les feuilletons au Québec, c'est très différent de la France,
23:45c'est des feuilletons de longue durée,
23:47c'est plus que le sitcom,
23:49je crois que le premier, La Famille Plouffe,
23:51était en 1953.
23:53Et puis, il n'y a eu jamais 200 toits avant que ce soit en France.
23:55Et Un gars, une fille, quand c'est...
23:57Oui, c'est eux qui ont créé Un gars, une fille,
23:59ça a commencé là-bas, oui.
24:01C'est vrai que c'était particulier, les feuilletons de votre enfance au Québec ?
24:03Moi, je ne regardais pas beaucoup, beaucoup la télé.
24:05Notre mère n'était pas très pour la télé.
24:07Elle appelait ça « the idiot box ».
24:09Et puis, voilà, c'était pas
24:11encouragé, on va dire, à la maison.
24:13Je sais, je regardais une fois par an
24:15comment c'est « The Yellow Brick Road »,
24:17là, comment s'appelle ce petit
24:19conte de fées, un peu des enfants...
24:21Enfin, bon, je regardais des films
24:23comme ça de temps en temps, mais je
24:25ne regardais pas... Si, j'avais une série
24:27américaine que j'aimais bien, c'est
24:29« Green Acres », les arpents verts, parce que j'aime bien
24:31les cochons. Et il y avait un petit
24:33cochon, là-dedans, Arnold Ziffel,
24:35il s'appelle, il y avait Zaza Gabor,
24:37et puis c'était une sorte de famille qui vit sur
24:39une ferme, et au lieu d'avoir un
24:41chien, ils ont un cochon. Et ce cochon,
24:43il fait tout ce que fait le chien, il apporte le journal
24:45comme ça, dans sa bouche,
24:47les chaussures, et je trouvais
24:49que ce cochon était magnifique.
24:51Donc, c'était mon émission préférée.
24:53Voilà, et en même temps, vous aviez le temps de lire, d'étudier,
24:55de penser au théâtre.
24:57Et voilà. Alors, il se trouve que
24:59vous avez fait aussi d'autres apparitions
25:01dans des séries télévisées, comme « Camping Paradis »,
25:03« Le Bureau des Légendes ». À chaque fois,
25:05vous vous apparaissez pour quelques scènes.
25:07Vous aimez bien ça ? Oui, ça peut arriver, mais
25:09quand c'est des séries intéressantes,
25:11quand même, dans « Versailles » aussi, je fais le rôle
25:13d'une bonne sœur, une mère supérieure,
25:15et ça, j'ai adoré parce que je n'avais jamais joué ça avant.
25:17Déjà, quand on a le costume,
25:19c'est toute une expérience.
25:21Moi, je pense que même les petits rôles, même si c'est
25:23juste des apparitions, si c'est quelque chose
25:25de fort et qu'on a quelque chose d'intéressant
25:27à défendre, et dans un univers
25:29qu'on aime bien, moi, je suis pour.
25:31Mais surtout que vous avez à peu près touché à tous les genres,
25:33Gabrielle Lazure, au cinéma.
25:35Un petit peu, c'est vrai, oui. C'est pas si courant
25:37chez les comédiennes. Oui,
25:39puis là, récemment, j'ai le truc
25:41qui passe depuis le mois de janvier, là, sur Disney+,
25:43le biopic sur la
25:45mode, sur Cristobal Balenciaga,
25:47où je joue une journaliste, justement,
25:49qui faisait un peu la pluie et le beau temps à l'époque,
25:51dans les années 40-50, et là aussi,
25:53c'est tout un travail avec les perruques, les costumes,
25:55de se mettre dans une autre
25:57époque, et là,
25:59c'était la première fois que j'ai joué un personnage
26:01qui avait réellement existé,
26:03et que les gens avaient pu
26:05voir avant, et c'était intéressant
26:07aussi. Mais c'est vrai que là aussi,
26:09ça a évolué maintenant, avec toutes ces chaînes,
26:11la carrière d'une comédienne
26:13ne se termine plus à 40 ans.
26:15Ah non, puis avec les plateformes, là, c'est vrai qu'il y a
26:17d'autres possibilités,
26:19puis il y a des personnages. C'est vrai qu'on a
26:21moins de rôles en vieillissant, c'est pour ça aussi
26:23que j'ai écrit ce roman, parce que ça
26:25pourrait donner lieu à un personnage pour une
26:27actrice de ma génération.
26:29Ou pour vous-même ?
26:31Pas vraiment. Vous voyez, elle est rousse,
26:33elle a des gros seins, donc déjà, je suis pas
26:35vraiment dans le casting, je suis pas parfaite.
26:37Puis ça serait sympa que ça soit
26:39une américaine, qui est vraiment américaine
26:41à 100%, et qui parle français
26:43avec un accent, etc. Enfin, on verra,
26:45si un jour ça se fait.
26:47On va en parler tout à l'heure. Ce qui m'a étonné aussi,
26:49c'est les rôles très variés au cinéma, parce que vous avez
26:51été aussi bien dans La Révolution
26:53Française, de Robert Henrico, que dans
26:55C'est beau, une vie de la nuit, de Richard Boranger.
26:57Ce sont deux univers très différents.
26:59Oui, c'est ça qui est intéressant quand on est acteur,
27:01c'est de pouvoir rentrer
27:03dans l'univers de quelqu'un, d'être un peu
27:05malléable, et de pas toujours jouer la même
27:07chose, c'est l'intérêt. Richard Boranger,
27:09c'est un univers très particulier.
27:11Il m'avait rencontré au tout début, parce qu'il a eu ce
27:13projet il y a très longtemps.
27:15Je crois que c'est sa fille qui a joué le rôle principal
27:17au final, mais au début, il avait eu le projet
27:19et sa fille était très jeune, et il m'avait
27:21parlé du rôle principal,
27:23mais c'était des années avant.
27:25Du coup, là, je fais une participation.
27:27Il se trouve que son livre, pendant des années,
27:29il l'a proposé à tous les éditeurs.
27:31Il a galéré. Ils ont tous dit non.
27:33Jusqu'au jour de Noël, il a dit on va le sortir
27:35comme ça, et ça a fait un tabac.
27:37C'est un personnage étonnant, Boranger aussi.
27:39Poète aussi.
27:41Pour le suivre, exactement.
27:43Et puis, il y a eu un film qui a marqué
27:45votre carrière aussi, avec quelqu'un
27:47à qui on pense souvent, c'est Marie Trintignant,
27:49dans Noyade. Ah oui, ça s'est marqué, pas que
27:51ma carrière, mais ça a marqué mon cœur aussi,
27:53pour plein de raisons que vous pouvez imaginer,
27:55mais on était restés amis après.
27:57On faisait un atelier de théâtre
27:59ensemble, avec Alexis Ticovoy,
28:01on se voyait souvent,
28:03jusqu'à ce qu'elle parte vivre dans le Sud,
28:05donc je la voyais moins quand même après,
28:07mais c'était vraiment une amie, oui.
28:09C'est vraiment un gâchis, parce que c'était
28:11une grande comédienne en puissance.
28:13Grande comédienne, belle personne,
28:15c'est vraiment terrible.
28:17Je me souviens de ma première rencontre avec elle,
28:19elle devait avoir 18 ans, j'étais allé interviewer sa mère,
28:21Nadine Trintignant, à Paris,
28:23et elle était là, elle avait un regard
28:25étonnant, c'est-à-dire quelque chose
28:27de très profond qu'on ne rencontre pas souvent.
28:29Très intense, et c'est grâce à elle
28:31que j'ai fait la musique aussi, en tout cas que j'ai rencontré
28:33la personne avec qui j'ai fait mon album, parce que c'était
28:35un ami du père de son premier
28:37enfant, Richard Colinca, qui était batteur
28:39dans le groupe Téléphone.
28:41Donc ce circuit musique aussi
28:43passe par Marie.
28:45Et Richard Colinca qui continue à faire des concerts aujourd'hui.
28:47Alors il y a eu aussi un film très récent,
28:49c'est Les Vengeances de Maître Poutifard
28:51de Pierre-François Martin Laval.
28:53C'est ce que je raconte, là où je parle québécois.
28:55Mais là aussi, c'est un univers très différent.
28:57Oui, complètement différent. C'est la première fois
28:59que je fais le truc de grosse comédie, là.
29:01Mais c'était sympa, parce que moi
29:03dans la vie, j'adore rigoler, et puis on me propose
29:05jamais de comédie, donc
29:07ça m'a fait plaisir de le faire.
29:09En même temps, c'est vrai que plus on vous propose
29:11de rôles différents, plus ça ouvre des champs
29:13pour d'autres rôles.
29:14Il faut espérer, oui.
29:16Il y a eu aussi, votre côté metteur en scène,
29:18vous avez réalisé, je crois que c'était en 1996,
29:20un court-métrage
29:22qui s'appelait Regarde-moi.
29:24Oui, effectivement, avec Nathalie Cardone
29:26et Carlos Lopez, qui jouait
29:28dans Les Nuits Fauves, lui, et Nathalie,
29:30elle a fait plusieurs films.
29:32C'était une super expérience, aussi.
29:34Et Nathalie Cardone,
29:36qui est la mère de Jim Bauer.
29:38Oui, qui est devenue chanteuse, et son fils est
29:40chanteur magnifique aussi.
29:41Et elle, je crois qu'elle vit dans le Midi de la France, aujourd'hui.
29:43Très discrètement.
29:44Alors, comment c'est venu, justement, la mise
29:46en scène d'un court-métrage
29:48d'Abril Lazuli ?
29:49J'avais en fait envie de faire un long, et puis c'était
29:51une productrice québécoise qui est devenue
29:53très importante depuis, qui s'appelle Denise Robert,
29:55qui m'avait dit, est-ce que t'as fait un court ?
29:57J'ai dit, ben non, puis en fait, plus ou moins, je m'étais
29:59engueulée avec mon mec la veille, et j'ai écrit un truc
30:01vite fait, et donc ce film, il ressemble
30:03plus, on va dire, à une séquence, peut-être,
30:05qu'on aurait pu tirer d'un long-métrage.
30:07Il n'a pas vraiment la construction propre,
30:09je pense, pour être vraiment
30:11un court-métrage formidable,
30:13mais c'était un bon essai,
30:15j'avais une super équipe, et à l'époque, j'habitais
30:17à la compagne, donc on a fait ça chez moi,
30:19dans la maison, dans le jardin, et
30:21c'était une super expérience.
30:22Je crois qu'il y a eu rendez-vous, un second
30:24court-métrage aussi,
30:26qui a été en projet.
30:28J'ai vu ça sur Internet.
30:30Ah, je sais pas, non, que
30:32moi, j'ai réalisé, j'avais fait un court-métrage
30:34avec ma soeur, à Montréal,
30:36quand j'étais très jeune, que j'ai monté
30:38par la suite, que j'ai mis sur une petite
30:40chaîne YouTube, comme ça, enfin sur ma page
30:42où il y a les vidéos, mais
30:44ça s'est jamais sorti, en fait,
30:46c'était quelque chose d'un peu confidentiel.
30:48Voilà, en même temps, vous pourriez un jour
30:50faire un long-métrage, réaliser un long-métrage,
30:52pourquoi vous ne l'avez pas fait, Gabrielle Dazur ?
30:54J'ai eu un projet aussi, mais qui était un peu
30:56ardu, qui n'était pas simple, il y a eu différentes personnes
30:58qui s'y sont intéressées, puis finalement
31:00après, j'ai laissé tomber.
31:02Là, dans mon livre, ce qui m'intéresserait,
31:04ça serait de vendre les droits pour l'audiovisuel,
31:06mais pas forcément de réaliser, mais
31:08éventuellement de participer aux scénarios.
31:10C'est vrai que je lis beaucoup de scénarios,
31:12puis quand on vote pour les Césars aussi, on voit
31:14énormément de films, on voit une centaine de films
31:16par année, donc
31:18oui, j'adore vraiment le cinéma.
31:20Oui, mais vous pourriez être réalisatrice, parce que
31:22vraiment, vous avez la connaissance du sujet.
31:24C'est possible, on verra bien,
31:26puis après, il faut que les gens vous fassent confiance,
31:28c'est un commerce aussi, c'est un business.
31:30Alors, il y a un film que vous avez tourné aussi,
31:32dans lequel vous avez tourné, qui ne pourrait, à mon avis,
31:34pas être réalisé dans les circonstances actuelles,
31:36c'est un russo-ukrainien
31:38Igor Minaev, La robe bleue.
31:40L'Ukraine et la Russie,
31:42c'était...
31:44En fait, je pense qu'il est ukrainien,
31:46d'une part, mais comme il a étudié,
31:48à l'époque, c'était l'URSS,
31:50donc il se considère russe aussi.
31:52J'ai dit, tu bouffes à tous les rateliers,
31:54mais c'est vrai, il est un peu les deux.
31:56Oui, c'était une belle rencontre aussi,
31:58parce que c'est tout un autre univers,
32:00il y a une autre poésie, un autre langage.
32:02Là, j'étais censée être russe, justement,
32:04dans le film, mais bon, c'est une femme qui est
32:06devenue plus ou moins muette suite à un choc,
32:08donc elle n'a pas de dialogue, alors ça tombe bien,
32:10on n'entend pas mon mauvais accent.
32:12Mais vous avez quand même présidé
32:14le jury d'un festival
32:16de films russes à Rouffleur.
32:18Oui, c'est drôle, à peu près à la même époque.
32:20Qu'est-ce que c'était ce festival ?
32:22C'était déjà en Normandie, là-bas,
32:24c'était intéressant de voir des films.
32:26Moi, ce que j'adore être membre de jury
32:28dans les petits festivals comme ça,
32:30c'est qu'on voit des films qui souvent
32:32ne sortent pas dans les salles,
32:34et ça permet de voir des petites pépites,
32:36de découvrir des choses, de découvrir d'autres cultures,
32:38d'autres univers, et aussi de rencontrer
32:40d'autres personnes qui sont dans le jury,
32:42c'est convivial, c'est une bonne manière
32:44de rencontrer les gens, moi j'aime beaucoup.
32:46Et puis, il y a aussi le théâtre,
32:48et notamment avec la version
32:50à la scène de ce film célèbre.
32:56Vous avez joué
32:58au temps d'Emporte-le-Vent, à la scène,
33:00à Saint-Étienne et à Marigny, à Paris.
33:02Oui, ça c'était quelque chose,
33:04au temps d'Emporte-le-Vent, c'était presque
33:06trois heures sur scène, qui aujourd'hui n'est pas grand-chose,
33:08parce qu'aujourd'hui il y a des pièces qui durent 18 heures,
33:10voire 24 heures,
33:12mais trois heures sur scène, c'était quand même
33:14déjà quelque chose,
33:16et c'était intense, d'ailleurs l'acteur
33:18qui jouait Red Butler était aussi pas
33:20russe, mais pas loin, il était polonais,
33:22aussi avec ce tempérament slave, comme ça,
33:24très intense, et c'était
33:26Daniel Benoit qui a fait la mise en scène,
33:28et c'était mes premiers pas vraiment
33:30au théâtre, et c'était
33:32super, parce que c'était vraiment,
33:34c'est très engageant physiquement, justement,
33:36on est comme un peu le chien de Pavlov,
33:38tous les soirs on se remet un peu dans cet état,
33:40et j'ai trouvé ça magique,
33:42l'adrénaline qu'on a
33:44quand on va sur une scène, parce que même si on est malade,
33:46à crever, on trouve la force, on y va,
33:48et ça nous porte, quoi.
33:50C'est un classique, quand même.
33:52Ça n'avait jamais été monté au théâtre, mais je pense qu'il y avait aussi
33:54une raison, c'est pas évident à monter
33:56quand même au théâtre,
33:58mais c'est tellement une belle histoire.
34:00Et Olivia de la Villande,
34:02qui est morte il y a un an ou deux ans,
34:04elle a vécu à Paris,
34:06jusqu'à 104 ans.
34:08On était la même église, la cathédrale américaine.
34:10Elle habitait pendant des années
34:12entre Valéry Giscard d'Estaing,
34:14président de la République, et Jean Poiret.
34:16Elle avait l'hôtel particulier entre les deux,
34:18c'était assez étonnant quand on en allait chez elle,
34:20d'un côté il y avait Poiret, de l'autre côté le président de la République.
34:22C'était aussi une femme extraordinaire.
34:24Je pense que oui, elle était vraiment,
34:26puis elle a vécu très longtemps,
34:28et une belle vie, quoi, une vie riche.
34:30Voilà, c'est ce que je vous souhaite aussi,
34:32avec plein de choses à faire, dont ce livre
34:34qu'on va évoquer à travers la date de sa sortie,
34:36le 3 octobre 2024.
34:38A tout de suite sur Sud Radio,
34:40avec Gabriel Lazur.
34:42Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
34:44Sud Radio, les clés d'une vie.
34:46Mon invité Gabriel Lazur, on a parlé
34:48de vos débuts, de votre carrière au cinéma, au théâtre.
34:50Et puis le 3 octobre 2024
34:52est sorti un livre,
34:54à la recherche du plaisir perdu chez Léïse Dormeson.
34:56Votre premier roman,
34:58alors là c'est quand même quelque chose d'étonnant,
35:00vous avez écrit un roman érotique.
35:02Oui, alors je ne sais pas si c'est érotique
35:04vraiment, il y a une ou deux scènes,
35:06on va dire, peut-être un peu érotiques,
35:08mais c'est cru,
35:10et ça c'est un parti pris, c'est volontaire,
35:12c'est parce que justement, comme on parle des femmes
35:14à la maturité, on va dire, après la
35:16ménopause ou ça, après la cinquantaine, on parle
35:18de l'invisibilité de ces femmes,
35:20qu'elles deviennent transparentes et tout, ben moi j'ai voulu
35:22faire l'inverse, donner chair
35:24à cette femme, et comme c'est un peu
35:26tabou, et ben justement, au contraire,
35:28je montre à cette femme ce qui se passe à l'intérieur
35:30d'elle, c'est aussi comme parfois les femmes
35:32elles ont honte de la manière
35:34dont le corps se transforme et tout, ben justement
35:36c'est pour dédramatiser tout ça
35:38et enlever le tabou, et voilà.
35:40Et comment est venue l'idée ?
35:42Ben c'est plein de choses différentes,
35:44je pense, c'était venu aussi beaucoup, parce que
35:46j'ai beaucoup d'amis
35:48qui sont dans des situations où
35:50elles se retrouvent seules, parce que suite à une
35:52rupture, ou le mari est parti pour une plus
35:54jeune, ou ci, ou ça,
35:56et souvent elles disent, non mais c'est pas grave,
35:58je m'en fiche, j'ai pas besoin
36:00de ça dans ma vie maintenant, et blabla,
36:02parce que c'est vrai aussi qu'il y a une réalité
36:04qu'à partir de cet âge-là, avec les
36:06changements hormonaux et tout, on a souvent une
36:08baisse de libido, sauf qu'après
36:10chacune est libre d'en faire ce qu'elle veut
36:12et de pouvoir cultiver quand même
36:14le désir et conserver
36:16cette part de plaisir, parce que c'est même,
36:18je le dis dans le roman à un moment donné, c'est
36:20même l'organisation mondiale de la
36:22santé qui le dit, c'est bon pour la santé de
36:24jouer, alors pourquoi s'en priver ? Alors
36:26c'est un côté féministe aussi parce que
36:28les hommes, vous,
36:30la plupart des hommes, et bien ils continuent
36:32jusqu'à, pas d'âge quoi, jusqu'à la
36:34fin, les petites pilules bleues et dents et tout
36:36et je me dis, non c'est pas juste, il faut que les femmes
36:38aussi elles puissent continuer à faire l'amour.
36:40Alors il y a une chanson des années
36:4280 qui correspond exactement
36:44à la philosophie de votre livre.
36:46La vie commence
36:48à 60 ans
36:50quand on la connaît mieux
36:52qu'avant
36:54Tino Rossi
36:56qui fait son retour à 60 ans et qui dit la vie
36:58commence à 60 ans. Ah il faut que je découvre cette chanson,
37:00j'adore. Mais c'est le thème du livre finalement.
37:02Un peu oui, c'est comme dit
37:0460 is the new 16.
37:06Alors vous racontez donc l'histoire
37:08d'une femme qui est donc victime
37:10de ce que les hommes appellent le démon
37:12de midi, avec 10 ans de retard, c'est ça ?
37:14Je sais pas si c'est un démon
37:16de midi, il se trouve elle est dans son couple depuis
37:1840 ans, fidèle, et il ne se passe
37:20plus rien dans leur intimité,
37:22et elle, elle se sent
37:24à un moment ça lui convient
37:26puis à un moment ça lui convient plus.
37:28Le livre ça commence, elle va tomber sur une
37:30affiche de site de rencontre adultérin
37:32et ça va la troubler, elle ne comprend pas pourquoi
37:34ça la trouble et elle va partir sur
37:36un chemin d'aventure
37:38et d'expérience. Donc vous avez
37:40menu une enquête préalable sur les sites de rencontre
37:42pour savoir comment ça marchait,
37:44comment ça fonctionnait, Gabrielle Dazio ?
37:46J'y suis allée, je ne suis pas le personnage,
37:48bien sûr c'est une libraire,
37:50j'ai marié depuis 40 ans,
37:52moi je n'ai jamais été mariée, j'ai connu plusieurs hommes
37:54dans ma vie, en fait j'ai volontairement aussi
37:56créé un personnage qui a très peu
37:58d'expérience, elle a
38:00couché avec deux hommes dans sa vie, son
38:02premier amour au Colorado et son mari,
38:04donc d'une certaine manière
38:06pour toutes les femmes même qui ont une vie un peu sage,
38:08elles peuvent en lisant le livre se dire
38:10pourquoi pas moi ?
38:12C'est pas un mode d'emploi
38:14mais on va dire ça ouvre des portes
38:16que peut-être certaines femmes n'oseraient pas ouvrir.
38:18Justement, je crois
38:20que son mari a été juriste à Libération
38:22et le jour où il a pris sa retraite,
38:24ça a été fini ?
38:26C'est-à-dire que c'est aussi lui, j'inverse le schéma classique
38:28de la femme qui se fait délaisser,
38:30c'est lui finalement qui se laisse aller,
38:32qui a pris du poids, qui n'est plus le même
38:34qu'avant, même intellectuellement
38:36elle n'est plus du tout dans ce truc de passion,
38:38d'énergie et elle s'ennuie,
38:40elle se fait chier avec son mari,
38:42mais elle va faire comme font les hommes,
38:44il faut lire le roman pour
38:46savoir les détails, mais je veux dire
38:48elle va suivre son chemin
38:50et sans trop se soucier de
38:52voilà, elle garde l'équilibre de son
38:54couple et puis voilà, elle a le temps de faire ses expériences
38:56et voilà, après on verra
38:58jusqu'où ça l'amène mais
39:00c'est vrai qu'elle découvre une nouvelle
39:02énergie,
39:04elle est connectée d'un seul coup
39:06avec quelque chose
39:08de nouveau et c'est vrai que ces sites de rencontre
39:10c'est un phénomène sociétal mais
39:12toutes les générations, même les personnes très jeunes
39:14y vont, les gens ne se
39:16regardent plus tellement dans la rue, les gens déjà
39:18je pense avec Me Too et tout, malheureusement
39:20il n'y a que des bons côtés, pratiquement
39:22mais sauf que pour les hommes je pense que c'est pas simple
39:24ils n'osent plus brancher une femme
39:26dans la rue, on ne peut plus draguer, on ne peut plus, bon qu'est-ce qu'ils
39:28font les gens, on les voit dans le métro
39:30partout, ils regardent sur
39:32les applis, sur les sites de rencontre,
39:34ça se fait comme ça quoi.
39:36Marc Simoncini qui a créé le premier site mythique
39:38en fait il avait créé un site sur le Minitel Rose
39:40et un jour dans sa cuisine, un matin
39:42il s'est dit pourquoi ne pas aller plus loin, il a engagé
39:44trois personnes et finalement il en a engagé
39:46300. C'est devenu énorme, il y a
39:48400 employés et un chiffre d'affaires.
39:50C'est vrai qu'au début il y avait le Minitel Rose, je me souviens de ça
39:52j'étais jamais dessus mais j'avais un ami qui le faisait
39:54je trouvais ça drôle.
39:56Et c'est Xavier Niel qui aujourd'hui
39:58est le propriétaire de Free qui a lancé
40:00le Minitel Rose et qui a fait fortune grâce
40:02au Minitel Rose. Alors donc
40:04cette femme, elle suit, elle est sur
40:06tous les sites, d'abord elle fait un profil et là aussi
40:08il y a des profils très particuliers, il vous racontait
40:10et c'est utile pour les femmes
40:12qui se mettront sur ce site
40:14il y a des profils très particuliers
40:16il faut les respecter. Il y a des profils
40:18aussi qui sont, on va dire
40:20il y a beaucoup de faux profils, il y a des personnes qui mettent
40:22des photos qui ne sont pas eux
40:24donc on le voit souvent, c'est des photos
40:26c'est tellement facile de voler une identité
40:28de quelqu'un, des photos qu'on prend
40:30sur une page Facebook ou n'importe où
40:32et ça ne correspond pas, donc il y a un phénomène
40:34qu'on appelle les brouteurs
40:36qui sont des voleurs en fait, qui travaillent à distance
40:38qui ne vont jamais rencontrer leur victime
40:40et qui entretiennent une relation très intense
40:42et tout ça, et il y a
40:44toutes sortes de choses, il y en a pour tous les goûts
40:46donc je pense que vraiment, il faut savoir ce qu'on veut
40:48ce qu'on cherche, et pour pas
40:50tomber dans la gueule du loup non plus, il faut essayer
40:52de faire un petit tri
40:54et puis partir du principe que tout ce qu'on ne voit pas
40:56il y a peut-être des choses qui sont
40:58cachées volontairement, donc il faut
41:00se méfier un petit peu.
41:02Parce que les brouteurs justement, votre héroïne en est
41:04la victime, elle est tombée sur
41:06un monsieur de New York, soit disant
41:08qui va très bien, et puis il a des problèmes avec sa fille
41:10et il demande de l'argent.
41:12En fait, c'est souvent des gens qui
41:14racontent au départ
41:16pourtant c'est une femme intelligente
41:18mais elle va être sensibilisée parce qu'elle communique
41:20en anglais, qu'elle est américaine
41:22donc il y a une sorte d'intimité
41:24qui se crée, et puis
41:26sur les photos elle le trouve super, mais elle arrive
41:28jamais à le voir, comme par hasard
41:30son truc ça ne fonctionne
41:32jamais, donc
41:34elle a un doute, mais pas vraiment
41:36et puis elle fait quand même confiance, donc oui effectivement
41:38elle va se faire arnaquer.
41:40Et donc il y a dans ce livre, votre héroïne qui vit
41:42un nombre, pas considérable
41:44mais important d'aventures avec des hommes
41:46très différents, dans des situations très différentes
41:48Gabrielle Lazure.
41:50Et c'est ça qui est aussi intéressant dans
41:52l'univers des sites de rencontre
41:54c'est que si on ne met pas de filtre par rapport au revenu
41:56ou la géographie ou l'âge
41:58on peut rencontrer des gens
42:00qu'on n'aurait jamais rencontrés dans la vraie vie
42:02qui viennent de milieux totalement différents
42:04de couches sociétales
42:06différentes et tout, et
42:08elle, même intellectuellement, elle trouve
42:10ça intéressant de s'ouvrir
42:12parce qu'elle a toujours été plus ou moins avec le même type de
42:14personnes dans ses amis et tout
42:16et là d'un seul coup ça l'ouvre
42:18à d'autres expériences, mais au départ
42:20c'est une femme qui ne cherche pas, elle ne cherche pas
42:22à se caser, c'est pour ça qu'elle vit plusieurs expériences
42:24en fait, parce qu'elle ne cherche pas l'amour
42:26elle a déjà, bon, elle a son mari
42:28mais elle veut des sensations
42:30et c'est ça qui est un peu tabou aussi
42:32dans le livre, parce qu'une femme de 60 ans qui se met
42:34sur un mythique pour chercher
42:36qui a perdu son mari ou je ne sais quoi
42:38et qui cherche à refaire sa vie, ça serait plus acceptable
42:40mais une femme qui a juste envie de jouir
42:42et qui a envie de profiter de la vie
42:44ça fait un peu bizarre, mais pourquoi ?
42:46Il n'y a pas de raison.
42:48C'est une fiction qui est peut-être réalité pour beaucoup de femmes
42:50Ben voilà, les femmes, peut-être
42:52elles n'osent pas, et puis
42:54pourquoi pas, peut-être parfois, comme par exemple
42:56sur Tinder, apparemment il y a des gens qui se sont
42:58mariés, alors que ce n'est pas un site qui est voué à ça
43:00et que sur Mythique aussi, qui est plus voué
43:02à les vraies rencontres, il y a des gens qui y vont
43:04simplement pour baiser, enfin, il y a
43:06tout est possible.
43:07Vous avez épluché tous les sujets, vous avez regardé un petit peu
43:09Ah ben j'ai étudié, moi je suis comme vous
43:11je prépare, je fais bien mes devoirs
43:13Alors, justement, pour être
43:15remarqué, il faut un profil
43:17idéal, et ça vous l'évoquez dans le livre
43:19Gabrielle Lazur
43:20Il faut un peu, oui, trouver une petite
43:22phrase d'accroche ou quelque chose
43:24qui donne envie, quoi. Mais
43:26il faut savoir que, de toute façon, sur ces sites-là
43:28en général, il y a plus d'hommes que de femmes
43:30donc, en tant que femme, on a
43:32plus de chances, quand même, de se faire repérer
43:34peut-être qu'un homme, quoi.
43:35Oui, surtout que pour les femmes, c'est gratuit.
43:36Exactement.
43:37C'est assez particulier.
43:38Oui.
43:39C'est comme ça. Alors, il se trouve que
43:41ce qu'il y a aussi, c'est que
43:43elle est libraire, et finalement
43:45il y a d'un côté sa librairie
43:47avec sa passion pour certains auteurs
43:49et sa culture, pourquoi
43:51est-elle libraire ? Quel rapport c'est comme ça ?
43:53En fait, je me suis dit que c'était un
43:55bon métier pour ce personnage parce que
43:57c'est une Américaine qui vient en France
43:59pour étudier à la Sorbonne, qui est passionnée par
44:01la culture française, qui est curieuse
44:03donc je me suis dit que c'était intéressant
44:05qu'elle soit libraire
44:07et pourquoi pas ? J'avais pas envie d'en faire
44:09justement, une chanteuse. Je voulais pas que ça soit
44:11comme un alter-ego de style
44:13de vie comme moi. Je voulais qu'elle ait une vie normale
44:15mais quand même quelque chose un peu dans la culture
44:17et il m'est venu cette idée-là.
44:19Et puis, il y a toujours une bouteille
44:21de bruit à sa disposition.
44:23Oui, et c'est plus facile de faire
44:25ces choses-là quand on est un peu détendu, un petit
44:27verre, ça fait pas de mal.
44:29Vous pensez que plein de femmes vont se reconnaître dans ce
44:31livre ou ça va leur donner des envies ?
44:33Il y en a que ça va peut-être choquer, je pense qu'il y en a
44:35qui en tout cas, même mon éditrice, elle est de ma
44:37génération aussi, donc c'est ce qui lui a plu
44:39aussi au départ, c'est qu'on
44:41donne cher aux femmes de
44:4360 ans parce qu'on n'en parle
44:45pas beaucoup. Puis il y a eu, voilà, Yann Moix
44:47qui a parlé, qui disait qu'il pouvait pas coucher
44:49avec une femme de sa génération
44:51Dans mon roman, finalement
44:53le personnage, elle a pas trop envie de coucher avec des
44:55mecs de son âge non plus, donc ça peut être une
44:57sorte de réponse aussi à ça.
44:59Il y a des jeunes qui débarquent, venus de n'importe où.
45:01Plutôt jeunes, oui. Mais en fait, c'est souvent parce que
45:03c'est avec les jeunes que ça fonctionne, parce que dans la vraie
45:05vie aussi, souvent les hommes, à partir de
45:0740, 45, souvent ils
45:09ont envie d'être avec des femmes plus jeunes.
45:11Donc, qu'est-ce qui reste aux vieilles, finalement ?
45:13C'est les jeunes.
45:15En plus, votre héroïne a eu une éducation
45:17puritaine, donc ça la change totalement.
45:19Elle a fait l'amour qu'avec deux hommes dans sa vie.
45:21Donc, d'un seul coup, c'est vraiment tout un monde
45:23qui s'ouvre, et je pense qu'elle
45:25se dit aussi, voilà, Carpe Diem
45:27pendant que je suis encore bien, en bonne santé
45:29allons-y.
45:31Une fois qu'on commence, c'est comme, je pense, j'imagine un mari
45:33qui trompe sa femme la première fois, puis après il s'aperçoit
45:35qu'elle a rien vu, bah peut-être qu'il va
45:37continuer. Voilà. Mais là, le mari
45:39ne voit rien, en plus. Il ne voit rien.
45:41Alors, il se trouve aussi que vous évoquez
45:43l'actualité de l'époque. C'est assez étonnant.
45:45Aussi bien
45:47Mitterrand et Rocard aux élections présidentielles
45:49que la création de Radio
45:517. Ça fait partie
45:53du contexte. En fait, c'est un petit peu
45:55l'époque où je suis arrivée, moi aussi
45:57en France. Donc, moi, j'ai fait des chiffres
45:59ronds. Elle arrive en 1980.
46:01L'histoire se passe, on va dire,
46:03en 2000, un petit peu avant.
46:05C'est pour
46:07situer un petit peu. J'aime bien, quand j'écris,
46:09de situer un peu les choses dans le
46:11contexte. Et puis, il y a le confinement.
46:13Exactement. En fait, j'avais commencé
46:15à écrire le roman avant le confinement.
46:17Et après, quand le confinement est arrivé,
46:19je me suis dit, mais il faut absolument que je le prenne
46:21en compte, même si je ne voulais pas faire une histoire
46:23autour de ça. Je pense qu'il y a eu suffisamment de gens
46:25qui l'ont fait, mais
46:27je l'ai utilisé brièvement
46:29un petit peu juste parce que c'est
46:31une période qui lui a permis, justement, de faire le point
46:33sur sa relation avec son mari.
46:35Et voilà. Et aussi,
46:37moi, personnellement, pendant le confinement,
46:39comme j'avais déjà commencé à écrire, je me suis dit, si
46:41je fais un livre, comme les
46:43valeurs ont changé, je pense que cette période-là,
46:45ça nous a tous un peu remué.
46:47Et je me suis dit, si j'écris quelque chose, c'est pour aider
46:49les autres. Il faut qu'il y ait une cause un peu humaine.
46:51Et dans mon livre, c'est pas
46:53un truc que j'ai fait pour choquer. C'est pour
46:55éventuellement pouvoir aider certaines femmes qui
46:57sont un peu timides.
46:59Et il y a Jean Seberg aussi qui apparaît dans ce livre.
47:01Oui, parce que c'était mon héroïne.
47:03Nancy, elle est
47:05américaine. Donc, moi,
47:07ça me semblait logique aussi dans cette période-là.
47:09Jean Seberg. Puis en plus, dans le film
47:11de Denis Berry, qui avait été
47:13le mari de Jean Seberg aussi,
47:15La Sang, le personnage que je
47:17joue est un peu inspiré de Jean Seberg. Peut-être
47:19c'est pour ça que j'avais cette femme dans la
47:21tête. Mais oui,
47:23j'ai trouvé que c'était l'endroit où
47:25logent les étudiantes vers Montparnasse.
47:27C'est exactement à l'angle
47:29de là où ça se passe. C'est dégueulasse.
47:31La fameuse réplique dans
47:33Un bout de souffle.
47:35Donc, ça me faisait
47:37un lien aussi avec le lieu où elle
47:39habitait. Alors, ce livre va être un événement
47:41parce que c'est quand même un livre pas comme les autres.
47:43On ne vous attendait pas là-dessus. Mais en même temps,
47:45est-ce que vous rêvez
47:47d'en faire un film? Est-ce que c'est aussi le point
47:49de départ d'autre chose pour vous?
47:51Je pense que je vais continuer à écrire.
47:53Parce que quand j'étais cet été en famille à Montréal
47:55et à New York, j'ai cherché un peu une inspiration
47:57pour un prochain. Mais je pense que je vais faire
47:59quelque chose de complètement différent. Peut-être d'ailleurs
48:01écrire en langue anglaise. Parce que
48:03là, je suis en train d'essayer d'adapter le mien.
48:05J'ai commencé juste les quelques premières pages en
48:07anglais. Et je trouve qu'il y a une liberté aussi
48:09à écrire en anglais. Donc, je vais peut-être faire
48:11un autre livre en anglais. Mais
48:13là, je pense que je partirais sur un personnage
48:15beaucoup plus jeune. Peut-être 17 ans. Quelque chose comme ça.
48:17Je ne vais pas faire toujours la même histoire non plus.
48:19Voilà. Et peut-être un film, justement.
48:21Parce que les comédiennes...
48:23Voilà. Il manque de rôles pour les femmes de ma génération.
48:25Mais je verrais plus, moi, peut-être
48:27pour une plateforme, en quelques épisodes.
48:29Justement, Les Amants, ça pourrait faire des épisodes
48:31différents. Mais pourquoi pas un long-métrage.
48:33C'est la personne qui
48:35sera inspirée pour faire quelque chose avec ça.
48:37On verra bien. Voilà. L'appel est lancé.
48:39C'est tout le mal que je vous souhaite, Gabrielle Lazur.
48:41Ça s'appelle À la recherche du plaisir perdu.
48:43Chez Héloïse Dormesson.
48:45Et c'est effectivement un plaisir de le lire.
48:47Pour les femmes comme pour les hommes.
48:49Eh bien, merci, Jacques. Merci, Gabrielle Lazur.
48:51À bientôt. Les Cliques d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
48:53On se retrouve bientôt. Restez fidèles
48:55à l'écoute de Sud Radio.

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