Mercredi, c’était la journée des familles, l’occasion de parler d’un type de famille dont on entend de plus en plus parler : les familles monoparentales. L'analyse d'Anne-Cécile Mailfert...
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-cecile-mailfert-en-toute-subjectivite
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00:00 En toute subjectivité, comme tous les vendredis avec la présidente de la Fondation des Femmes,
00:04 bonjour Anne-Cécile Maïfert !
00:05 Bonjour à toutes et à tous !
00:07 Ce matin, Anne-Cécile, vous nous parlez de mercredi.
00:11 Mercredi cette semaine, c'était la journée des familles et c'était l'occasion de
00:14 parler d'un type de famille dont on entend de plus en plus parler, les familles monoparentales.
00:19 Et c'est une excellente nouvelle qu'on parle enfin de ces familles invisibles.
00:22 Gilles Legeau nous révolte des banlieues, lorsqu'il y a une crise, elle se retrouve
00:25 à la lumière.
00:26 Mais encore faudrait-il que ce soit pour apporter des solutions aux problèmes qu'elles ont.
00:30 Le premier d'entre eux, c'est la précarité.
00:32 Les familles monoparentales, ou plutôt les mères seules, vivent pour 40% l'entre elles
00:36 en dessous du seuil de pauvreté.
00:37 Pour y travailler, une mission gouvernementale, un rapport d'information listent quelques
00:41 solutions.
00:42 Revoir la fiscalité et les barèmes des pensions alimentaires, créer une carte famille monoparentale.
00:47 Particulièrement concernée, la Collective des Mères Isolées demande quant à elle
00:50 la création d'un statut spécifique et alerte sur les difficultés pour se loger
00:54 quand la Fédération Nationale des Centres d'Information des Droits des Femmes et des
00:58 Familles lançait un plan d'action de 15 mesures en mars dernier.
01:00 Mais une nouvelle étude établit que, pour résoudre le problème de pauvreté des mères
01:05 seules, il faudrait peut-être aussi commencer par dignement les payer.
01:09 Et comment ça Anne-Cécile ?
01:10 Les mères isolées travaillent autant que les mères en couple.
01:13 Mais financièrement, elles s'en sortent moins bien.
01:15 L'article dans The Conversation, intitulé « Sortir les mères seules de la pauvreté
01:19 grâce à l'emploi, mais quel emploi ? » de Oriane Lanzmann et Clément Selfter,
01:23 analyse pour la première fois ce sujet crucial.
01:25 Saviez-vous par exemple que parmi les mères qui travaillent, les mères seules sont 4
01:30 fois plus pauvres que les mères en couple ? L'une des raisons jusque-là ignorées,
01:34 c'est que les mères seules sont surreprésentées dans les métiers précaires à prédominance
01:38 féminine.
01:39 Par exemple, 10% des mères seules qui travaillent sont agentes de services et nettoyeuses, presque
01:45 le double de celles en couple.
01:46 Or ces métiers proposent des salaires bas, voire très bas, et le temps partiel, déjà
01:50 très partiel, est particulièrement subi par les mères seules.
01:53 Et pourquoi donc accepter ces emplois ? Une série d'explications sont avancées
01:56 par les chercheuses.
01:57 Elles ont moins de diplômes, plus de contraintes matérielles, et puis un secteur en tension
02:02 qui embauche et qui se frotte les mains de leurs vulnérabilités.
02:05 L'étude cite même une gérante qui explique préférer recruter les mères célibataires
02:09 avec charge d'enfants, car elles, elles sont bien obligées d'aller travailler.
02:14 Pour boucler les fins de mois, ces mères seules qui travaillent ont encore plus besoin
02:17 des aides sociales qui apportent un complément vital à ces salaires indignes.
02:20 Et les entreprises souvent sous-traitantes et maltraitantes sont bien heureuses de ces
02:24 petits coups de pouce de l'Etat qui leur permettent de continuer à sous-payer cette
02:27 main-d'œuvre corvéable.
02:29 Face à cela, en France, de Montpellier à Grenoble, en passant par Rennes, des femmes
02:32 de ménage souvent accompagnées de la CGT se révoltent contre les conditions de travail
02:36 et sont victorieuses.
02:37 Toutes les mères seules ne font pas ces métiers.
02:40 Et la précarité est bien sûr multidimensionnelle, mais il n'empêche.
02:43 Si on voulait vraiment améliorer massivement et rapidement les conditions de vie des mères
02:47 isolées de leurs enfants, revaloriser financièrement ces métiers me paraît être une idée à
02:52 ne plus négliger.
02:53 Nicolas Demorand : merci Anne-Sissi Mayfair, présidente de la Fondation des femmes.
02:56 On vous retrouve vendredi prochain.