Ce matin, Anne-Cécile Mailfert nous parle d’une intoxication collective...
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-cecile-mailfert-en-toute-subjectivite
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00:00 En toute subjectivité, avec la présidente de la Fondation des femmes, Anne-Cécile Maïffert, bonjour !
00:05 Bonjour à toutes et à tous !
00:06 Anne-Cécile, ce matin, vous nous parlez d'une intoxication collective.
00:10 Tous les 10 ans, 10 millions de femmes prennent ce risque, sans le savoir, à cause d'un accessoire anodin et indispensable au quotidien, la protection périodique.
00:18 Tampons ou serviettes hygiéniques contiennent, sans qu'on le sache, du glyphosate, du dioxyde, des phtalates, des pyphaces et autres perturbateurs endocriniens.
00:25 Ce sont entre autres l'ANSES et 60 millions de consommateurs qui ont dévoilé depuis 2016 ce qui se cachait dans ces produits, parce qu'avant ça, personne ne nous l'avait dit.
00:34 En 2015, une pétition avait rassemblé 300 000 signatures en quelques jours à peine pour exiger la transparence sur la composition de nos protections.
00:40 En 2020, la Fondation des femmes et les associations Règles élémentaires et Georges Edson ont pris le relais pour exiger une réglementation spécifique.
00:47 Mais on est loin d'avoir gagné.
00:48 Un décret qui entre en vigueur lundi devrait enfin faire la transparence sur ces composants.
00:53 Ce décret pour lequel on s'est battus est déceptif.
00:56 Il n'est pas exhaustif parce qu'il ne nous informera en rien sur la présence des résidus que je citais.
01:01 Par ailleurs, le résultat ne sera pas lisible.
01:02 Vous pourrez donc trouver en premier et en gros coton bio, même s'il ne s'agit que d'une infime proportion des composants.
01:09 Il exempte également les protections textiles.
01:11 Les fabricants ont fait pression.
01:13 Ce qu'ils ne veulent pas dire, c'est que pour réduire les coûts, ils ont délesté depuis bien longtemps le simple coton des premières protections.
01:19 Elles sont souvent à base de composants de pétrochimie ou de cellulose dont la couleur marron est blanchie au dioxyde de chlore.
01:25 Pour des raisons marketing, ils font maintenant des protections colorées, parfumées, augmentant la liste des produits chimiques.
01:31 Et quels sont les impacts sur la santé Anne-Cécile ?
01:34 Impossible de savoir ce qu'il en est exactement.
01:36 Car pour ça comme pour le reste, dès qu'il s'agit de la santé des femmes, c'est le grand mystère.
01:41 Les fabricants ont donc beau jeu de nous dire que la toxicité n'a pas été prouvée, la non-toxicité non plus.
01:47 Rien n'a été prouvé car rien n'a été recherché.
01:49 Ce que l'on sait, c'est que les taux ne dépassent pas les seuils autorisés pour une utilisation cutanée.
01:53 Mais quand on parle de vagin, on parle de muqueuse.
01:56 Pourtant, entre les cancers féminins et l'endométriose en hausse, on pourrait quand même se pencher sur la question.
02:01 Et les culottes menstruelles ne sont pas en reste.
02:04 La Sécurité sociale, qui va bientôt consacrer des millions d'euros pour les financer, se devrait d'investiguer.
02:09 Une marque de ces culottes vient d'être condamnée aux Etats-Unis pour la présence de PIFAS, les polluants éternels,
02:15 suspectés d'interagir avec le système hormonal et de provoquer l'infertilité.
02:19 Mais pourquoi un tel tabou Anne-Cécile ?
02:21 En matière de protection périodique, les enjeux économiques sont énormes.
02:25 Car trois multinationales se partagent ce marché à 30 milliards de dollars.
02:29 Tant qu'on ne prendra pas ce problème au sérieux, tant que les règles nous feront ricaner, la santé des femmes passera en dernier.
02:35 N'ayons pas honte, nous avons le droit de savoir.
02:38 Si les révolutionnaires en 1789 étaient des sans-culottes, notre révolution à nous, mesdames,
02:44 ne se fera pas sans savoir ce qu'il se passe dans nos culottes.
02:47 NICOLAS : Merci Anne-Cécile Maïfer, présidente de la Fondation des femmes.
02:51 Et à vendredi prochain !