Lettre à Gisèle Pélicot - En toute subjectivité, Anne-Cecile Mailfert - Vidéo Dailymotion

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Ce matin, Anne-Cécile Mailfert, présidente de la fondation des femmes, écrit à Gisèle Pélicot…  Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-cecile-mailfert-en-toute-subjectivite

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00:007h21 et en toute subjectivité avec vous Anne-Cécile Maïfert et ce matin vous écrivez à Gisèle Pellicot.

00:07Chère Gisèle Pellicot, le monde vous a découvert à la faveur du procès Mazan en photo à la une des journaux.

00:12Déterminée derrière votre frange rousse et vos lunettes fumées.

00:15Mais derrière les verres, on voit des yeux grands ouverts.

00:17Des yeux qu'on ne vous forcera plus jamais à fermer, maintenant vous voyez, maintenant vous êtes réveillée.

00:22En refusant le huis clos du procès de vos 50 violeurs, dès les premiers jours vous l'avez gagné.

00:26Mais votre combat est plus grand.

00:28Avec votre fille Caroline Darrian, c'est la société que vous voulez changer.

00:31Sur cette photo, vos yeux nous fixent, nous interrogent.

00:34Est-ce que nous aussi nous sommes capables, derrière la fumée, de voir ce sur quoi la société préfère garder les yeux fermés ?

00:39Allons-nous admettre que le plus grand danger habite dans le foyer ?

00:42Allons-nous saisir que la pornographie ancre la haine des femmes dans ce qui fait bander ?

00:46Allons-nous comprendre que le viol ce ne sont jamais des pulsions mais une planification, une organisation.

00:52Qu'il se passe souvent sans violence physique ni menace et qu'on ne peut parler de consentement face à celui qui assure sa domination ?

00:58Allons-nous voir enfin que la culture du viol bénéficie de la solidarité masculine et de l'impunité de nos institutions ?

01:04Gisèle, votre visage est partout maintenant.

01:07Cette photo est muette et pourtant il nous parle tant.

01:09Avec vous, le monde entier le répète, la honte change de camp.

01:13Il est mis en cause qui, dans les premiers jours du procès arrivé Gognard, baisse maintenant la tête et détourne le regard.

01:18Pendant ce temps, la chaise de l'accusé principal est vide.

01:21Il se tord le bide depuis le fond de sa prison.

01:23Et si cette photo est muette, y répondent deux silences de plomb.

01:27Le silence des hommes d'abord.

01:29Où sont-ils ? Pourquoi ne disent-ils rien ?

01:31Pourquoi ne sont-ils pas avec nous ?

01:33Elle est où leur colère ?

01:35Ne sommes-nous pas leurs sœurs, leurs amis, leurs enfants ou leur mère ?

01:38Quand ils voient ces forums, ces blogs et ces vidéos et tous ces salauds, pourquoi ferment-ils les yeux ?

01:42Pourquoi ne demandent-ils pas aussi que les viols cessent ?

01:45Sommes-nous donc les seuls à croire en leur humanité ?

01:48Et puis le silence de nos politiques.

01:50Ils montrent leurs gros bras pour des petits dealers mais sont incapables d'empêcher les sites pornos de diffuser des horreurs à des gamins mineurs.

01:56Incapables de faire retirer les vidéos de viols sur lesquelles se branlent des milliers de Dominique Pellicot.

02:01Incapables pendant plus de 20 ans de fermer les sites comme Coco.

02:04Incapables de donner suite à 94% des plaintes pour viol.

02:08Incapables de trouver le budget pour que les victimes soient accompagnées.

02:11Incapables enfin de voter une loi intégrale qui pourrait faire reculer l'impunité.

02:16Gisèle, il y a une semaine nous avions de la compassion pour vous, nous ressentons maintenant de l'admiration.

02:21Il y a vous, il y a votre fille, vos belles-filles et toutes les autres derrière vous.

02:25Celles qui viennent au procès, celles qui seront là demain dans les manifestations de soutien.

02:29Comme en Inde, en Iran, en Argentine, aux Etats-Unis et partout dans le monde, ce sont les femmes qui se lèvent et nous invitent à garder l'espoir.

02:35À ceux qui disent que MeToo va trop loin, nous répondons que le combat contre l'impunité ne fait que commencer.

02:40Merci Anne-Cécile Maïfert, présidente de la Fondation des femmes et à vendredi prochain.

Lettre à Gisèle Pélicot - En toute subjectivité, Anne-Cecile Mailfert

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