Ce matin, Anne-Cécile Mailfert nous parle des mères isolées, dont la situation ne risque pas de s’améliorer…
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-cecile-mailfert-en-toute-subjectivite
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00:007h21 en toute subjectivité avec vous Anne-Cécile Maïfert et ce matin vous nous parlez donc
00:05des maires isolés.
00:06Ces maires isolés dont la situation ne risque pas malheureusement de s'améliorer.
00:10Et pourtant il s'en est fallu de peu, mais un amendement au projet de loi de finances
00:13visant à défiscaliser les pensions alimentaires a été rejeté par les macronistes, la droite
00:17et les abstentions du Rassemblement National.
00:20Présenté par Philippe Brun et Céline Thiebault-Martinez du groupe socialiste, il aurait grandement
00:24soulagé les familles monoparentales et même les finances publiques.
00:27Les deux à la fois, expliquez-nous ça !
00:29Les pensions alimentaires contribuent aux besoins d'entretien et d'éducation de l'enfant.
00:33Elles sont décidées au moment de la séparation et premier scandale, leur montant est calculé
00:37en fonction des revenus du père et non des besoins réels de l'enfant ou des revenus
00:41de la mère.
00:42Je parle ici de père et de mère et non de parent parce que c'est une réalité sociologique.
00:4692% des parents qui reçoivent les pensions alimentaires sont des femmes.
00:49En moyenne il s'agit de 190 euros par mois, ce qui est très loin de compenser ce que
00:54coûte un enfant.
00:55L'adresse estime à minima à 625 euros le coût moyen si on prend tout en compte.
00:59De la chambre en plus, aux activités scolaires en passant par la nourriture, les baby-sitting,
01:04les vêtements, assurances et vacances, les mères assument seules la différence.
01:08Et on comprend alors pourquoi les familles monoparentales sont les plus pauvres en France.
01:12Et cela impacte aussi les finances publiques ?
01:14Oui, car sur ce scandale s'engreffe un second, l'État.
01:17Les pensions alimentaires sont défiscalisées pour les pères et de l'autre côté, l'État
01:23demande aux mères de déclarer les montants reçus.
01:25Pour cent, ce ne sont pas des revenus pour les mères mais pour l'éducation des enfants.
01:29Résultat, certaines femmes deviennent imposables et se voient refuser des APL ou le RSA.
01:34Pour ne pas y perdre, certaines refusent de demander des revalorisations de pensions aux
01:38pères qui ne doivent pas s'en plaindre.
01:39Fiscalisé d'un côté, défiscalisé de l'autre, on pourrait y voir une mesure neutre
01:44pour l'État.
01:45Et bien même pas.
01:46Comme les pères sont en moyenne plus riches que les mères, ils payent des impôts et
01:49elles pas toujours.
01:51La défiscalisation offerte aux premiers parents coûte donc, au bas mot, 400 millions d'euros
01:56à la société française qu'elle ne récupère pas.
01:58La raison de cette gabegie, les députés qui ont rejeté l'amendement l'ont rappelé
02:02pour inciter les pères à payer les pensions alimentaires.
02:05Qui sont quand même, en vrai, 40% à ne pas assumer l'entretien de leurs enfants.
02:09C'est pas tout.
02:10Lorsque les mères ne reçoivent pas ce qu'elles devraient de leur cosex conjoint, la CAF
02:14vient à la rescousse et verse une allocation de soutien familial.
02:17Ce système sauve de nombreuses familles mais la CAF le paye très cher car elle ne recouvre,
02:22auprès des parents défaillants, que 73% des montants qu'elle avance ainsi.
02:26Les 36% restants, ce sont à nouveau des millions d'euros.
02:30Et vous nous dites qu'on pourrait faire plus simple Anne-Cécile ?
02:33Oui, si on calculait les pensions alimentaires sur les besoins réels des enfants.
02:36Et comme au Canada, si on les prélèvait automatiquement à la source chez le premier parent, puis
02:40qu'on les versait directement à l'autre.
02:41Et au lieu de payer pour l'irresponsabilité paternelle, on pourrait utiliser cet argent
02:46public pour d'autres choses très utiles comme la lutte contre les violences faites
02:49aux femmes.
02:50Comme quoi si Michel Barnier manque d'idées, on peut faire des économies en faisant le
02:53choix de l'égalité.
02:54Encore faut-il ne pas se tromper.