• il y a 5 mois
Malheur ! Dans l’édition 2023 du rapport mondial de l’ONU sur le bonheur, la France est sortie du top 20 des pays les plus heureux –à la 21e place. Ce constat n’aurait pas manqué d’interpeler le regretté Daniel Cohen. Dans son ultime livre, Une brève histoire de l’économie, il consacre un chapitre entier au bonheur. [...]

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00:00 [Musique]
00:08 Malheur, dans l'édition 2023 du rapport mondial de l'ONU sur le bonheur,
00:13 la France est sortie du top 20 des pays les plus heureux, à la 21e place.
00:17 Ce constat n'aurait pas manqué d'interpeller le regretté Daniel Cohen.
00:22 Dans son ultime livre, Une brève histoire de l'économie,
00:25 il consacre un chapitre entier au bonheur.
00:28 Car, écrit-il, le monde moderne peut quasiment se définir
00:32 par l'idée que le bonheur sur Terre est le but de l'humanité.
00:37 C'est le sujet de mon billet libéral.
00:40 Le constat de Daniel Cohen ouvre des questions abyssales.
00:43 Comme celle-là, comment comprendre le paradoxe d'une société
00:47 qui se donne un but, le bonheur, qu'elle manque toujours ?
00:51 Une autre manière de l'exposer,
00:53 pourquoi le bonheur semble-t-il plus difficile à atteindre aujourd'hui qu'hier,
00:57 alors même que, en France notamment, la richesse matérielle est beaucoup plus élevée ?
01:03 La première réponse est bien connue des politiques.
01:05 Boucher avalé n'a plus de goût.
01:07 En d'autres termes, les humains sont malheureux parce qu'ils s'habituent à tout.
01:12 Daniel Cohen précise cependant avec malice,
01:15 « Ce n'est pas nécessairement décourageant,
01:17 car ce trait est aussi celui qui permet à l'homme
01:20 de garder intact sa foi en un avenir meilleur ».
01:25 Alors, l'argent ne fait peut-être pas le bonheur,
01:27 mais c'est bien la situation financière, suivie de la famille et de la santé,
01:32 que les ménages mettent le plus souvent en avant.
01:35 Et pourtant, la situation financière ne saurait tout expliquer.
01:39 Une fois de plus, les Français sont beaucoup plus riches que depuis l'après-guerre
01:43 et cependant, ils ne sont pas plus heureux.
01:46 Comment l'expliquer ?
01:47 La première réponse, le paradoxe d'Easterlin.
01:51 Il s'énonce ainsi, au-delà d'un certain seuil,
01:54 la poursuite de la hausse du revenu ne se traduit pas nécessairement
01:58 par une hausse du bonheur individuel.
02:00 Pour l'école néoclassique, l'accroissement de la richesse
02:03 permet d'augmenter le bien-être, c'est-à-dire l'utilité.
02:07 Le paradoxe émerge lorsque l'on observe que,
02:10 au-delà d'un certain niveau de revenu,
02:12 l'accroissement marginal de l'utilité est de plus en plus faible
02:16 ou « inexistante » avec la hausse du revenu.
02:20 Seconde réponse, le syndrome du beau-frère.
02:23 Il s'énonce ainsi, une femme aura une plus grande probabilité de travailler
02:28 si le mari de sa sœur gagne plus que son propre mari.
02:32 Vous l'avez compris, l'envie est un élément clé.
02:36 On jouit de réussir mieux que les autres.
02:38 Nombre d'études montrent d'ailleurs que l'on est prêt à perdre
02:41 une part de ses propres gains pour réduire
02:43 ceux des autres participants à un même jeu.
02:46 Quelle conclusion en tirer ?
02:49 Elle est simple et brutale, nous dit Daniel Cohen.
02:51 La croissance donne à chacun l'espoir, même éphémère,
02:55 de sortir de sa condition, de rattraper les autres,
02:58 de dépasser ses attentes.
03:01 C'est l'amélioration de la situation qui rend une société heureuse.
03:05 Et l'auteur ajoute, les sociétés modernes
03:08 sont avides de croissance davantage que de richesse.
03:13 C'est une analyse lourde de conséquences
03:16 alors que la transition écologique appelle la sobriété,
03:20 pire alors que certains demandent la décroissance.
03:25 [Musique]

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