Pour ce neuvième épisode de « Jour de compet' », nous avons suivi l'archer Thomas Chirault lors du Grand Prix de l'Arc à Compiègne, à quatre mois des JO de Paris 2024.
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00:00 J'ai la chance de passer ma vie avec Lisa.
00:04 On partage notre chambre à l'INSEP.
00:06 Lisa a un fameux compteur pour les scores,
00:09 mais là elle s'en sert pour compter les jours avant les Jeux Olympiques.
00:13 Du coup, je l'ai aussi dans ma chambre.
00:15 En face de mon lit, j'ai un tableau sur lequel il y a marqué mon objectif pour les Jeux,
00:19 donc une médaille d'or.
00:20 Dès que je me lève le matin, je vois ce tableau.
00:22 Dès que je vais me doucher, je passe devant le scoreur.
00:24 C'est au quotidien qu'on est dedans.
00:26 Le jour où on a la chance de gagner les Jeux Olympiques.
00:30 Aujourd'hui, on a la chance, la France, de déjà avoir nos quotas pour les Jeux Olympiques.
00:42 On a trois places chez les hommes et trois places chez les femmes, qui sont le maximum.
00:46 Auparavant, il fallait remporter ses quotas.
00:52 Là, c'est parce que la France est payote,
00:54 donc on a la chance d'avoir ses quotas déjà.
00:56 Le meilleur souvenir, c'est de calculer tout ce qu'on fait.
00:58 C'est de faire une équipe ensemble.
01:00 Aujourd'hui, on est un collectif de quatre hommes et quatre femmes.
01:04 Au bout, il en restera trois hommes et trois femmes pour les Jeux Olympiques.
01:07 Là, on va partir sur toute la saison de compétition,
01:09 avec trois manches de Coupe du Monde, un championnat d'Europe et un Grand Prix européen.
01:13 À la suite de tout ça, il y aura un comité de sélection
01:16 pour définir les trois noms pour les Jeux Olympiques le 25 juin.
01:19 Derrière ça, il restera une manche de compétition.
01:21 C'est-à-dire la saison de préparation avant les Jeux Olympiques.
01:27 Je pense que je suis un peu inattendu cette année,
01:33 parce que l'an passé, je ne me suis pas sélectionné en équipe de France A suite à une blessure.
01:38 Du coup, j'ai eu une année un peu blanche sur cette équipe.
01:41 J'ai mis longtemps pour venir,
01:44 parce que pour le salon de la place, j'avais mis sur Waze d'éviter les routes à péage,
01:49 pour ne pas passer au truc à 10 balles pour rien gagner.
01:52 Je n'avais pas retiré, du coup je suis venu par les routes de campagne.
01:56 Mentalement, ça m'a aidé.
01:59 Ça n'a vraiment pas été facile, parce qu'on s'imagine bien un retour de blessure.
02:03 Du jour au lendemain, Thomas Chirot, en fait, ce n'est plus personne.
02:06 Parce que dans le monde du sport, dès qu'on n'est plus dans le coup,
02:09 notre nom disparaît très vite des listes.
02:12 Donc, ça a été plutôt dur à accepter, mais j'ai réussi à rebondir derrière.
02:16 J'ai réussi à montrer que j'avais l'écrou et que j'avais envie de revenir.
02:19 Aujourd'hui, je suis plutôt fier de ce que j'ai réussi à faire,
02:23 de par cette non-sélection.
02:25 On parle souvent d'année blanche, etc.,
02:27 parce que je ne me suis pas sélectionné en équipe de France A,
02:29 mais ça doit être une des années où j'ai ramené le plus de médailles,
02:32 notamment sur le circuit indoor.
02:33 Quasiment à chaque étape, j'étais sur le podium,
02:35 dont une victoire sur le tournoi de Nîmes au mois de janvier.
02:39 Donc ça, ça a été vraiment exceptionnel.
02:41 Et sur la saison extérieure, j'ai eu la chance de pouvoir participer à un Grand Prix européen
02:44 qui était affiché pour l'équipe B,
02:46 sur lequel j'ai remporté la médaille d'argent individuelle et en mixte.
02:48 Donc en fait, c'était une saison un peu à part, mais quand même très, très riche.
02:52 Au-delà de tout ça, ça m'a permis de me concentrer un peu plus sur mes études.
02:58 Je prépare un diplôme d'ingénieur en matériaux.
03:00 J'ai pu me dégager du coup un peu plus de temps pour avancer,
03:03 et puis pour avoir cette année-là, année olympique, plus de temps pour le tir à l'arc.
03:07 J'ai profité de cette non-sélection pour avancer quand même sur d'autres projets.
03:12 Et ça m'a permis aujourd'hui de tirer en étant plus léger.
03:15 C'est-à-dire que j'arrive à passer un peu outre la performance.
03:18 Cette année-là un peu particulière, ça m'a permis de prendre du recul par rapport à tout ça,
03:22 et ça me rend plus fort aujourd'hui.
03:24 Alors cette compétition ici à Compiègne, elle est un peu spéciale quand même,
03:30 parce qu'elle se passe en France, parce que c'est la première de l'année.
03:33 Et moi j'avais hâte que ça débute, donc je bouillonnais un peu au fond de moi pour que ça commence.
03:38 Sur les compétitions internationales, même sur celle-ci en particulier,
03:41 la veille et même la semaine avant, je me regarde dans le miroir souvent en sortant de la douche ou avant,
03:46 en me répétant du discours positif, en me disant que je peux y arriver, que je peux le faire,
03:50 que j'ai mes chances et que je vais y aller.
03:53 Je me donne beaucoup de confiance comme ça,
03:55 et ça me permet de lâcher un peu de pression et d'arriver sur le pas de tir un peu plus confiant.
04:00 Lorsque j'arrive sur le pas de tir, même avant, dès que je prends mon arc en main,
04:06 c'est le début d'une bataille contre moi-même.
04:09 C'est moi face à la cible et simplement moi.
04:12 Et vraiment ça va être de réussir à rester centré sur ce que j'ai à produire
04:16 pour que la performance derrière en découle.
04:19 C'est pas chose facile parce qu'il peut y avoir plein d'éléments à l'extérieur
04:22 qui viennent nous chambouler dans toute notre préparation de flèches.
04:25 Et du coup c'est vraiment le challenge à réussir à faire sur chacune de nos flèches qu'on va tirer.
04:30 J'ai plutôt une routine de tir qui est décomposée à chaque flèche.
04:35 C'est-à-dire qu'à chaque flèche c'est un retour à zéro et c'est reparti.
04:38 Après c'est vrai que de voir arriver une flèche au milieu de la cible,
04:42 ça donne plus de confiance pour la suivante.
04:44 Donc si ça le donne autant le prendre et s'en servir pour la suivante.
04:47 Mais par contre, s'il y a une flèche qui sort un petit peu,
04:49 ben là c'est pas grave, peu importe.
04:51 C'est là que la routine rentre en jeu et hop, je redémarre à zéro et c'est reparti pour la suivante.
04:55 C'est tout un challenge aussi de rester concentré sur chaque flèche
05:04 parce que ça se passe sur une période de temps assez longue.
05:07 Mais après il faut savoir que c'est plus une sorte de fractionné de concentration.
05:10 C'est-à-dire qu'entre les volets on peut souffler, on peut penser un petit peu à autre chose si on se le permet.
05:14 Par contre quand on remet les pieds sur la ligne de tir, là c'est de nouveau focus et c'est reparti.
05:19 C'est arriver à jongler avec cette concentration qui est super importante.
05:22 En haut encore, j'ai dit neuf en haut.
05:28 Il y a un peu d'instinct qui s'installe dans tout ça au fur et à mesure des années.
05:32 On développe des compétences à force de tirer des flèches.
05:35 Et pour faire dix, une flèche, il n'y a pas besoin que je la tire parfaitement.
05:39 Je sens que j'ai une marge de manœuvre pour aller toucher le dix cordon sur le bord.
05:54 J'appelle ça un petit peu la tolérance de l'arc, de la technique, etc.
05:58 Ça donne encore plus de confiance de se dire que je n'ai pas besoin d'être parfait pour la mettre en plein milieu.
06:02 Il faut vraiment tenir une ligne de conduite.
06:05 Et s'il y a un tout petit grain de sable dans la routine, ce n'est pas hyper grave parce que ça peut quand même le faire.
06:09 Comme on a dit, bien amplitude, bien souple.
06:12 L'équilibre, ça sert à ça. On peut capitaliser dessus.
06:15 À une volée de la fin, nous avons en tête Thomas Chirot avec 628.
06:22 Deuxième, Baptiste Hadis, 620.
06:25 Ensuite, deux archers à 619.
06:27 Nicolas Bernardi et Jean-Charles Maladon.
06:30 [Musique]
06:33 Allez Thomas, le process. Ça prolonge en souplesse.
06:41 Neuf en bas.
06:43 [Applaudissements]
06:46 Et donc, il y a Fabien, 684 pour le double archer.
06:53 Égalisation, il est encore devant 620.
06:56 [Musique]
06:59 C'est beau parce que le travail qui a été fait ces six derniers mois commence à payer.
07:02 Il y a des très belles performances qui sortent de l'entraînement.
07:05 Et là, aujourd'hui, c'était vraiment le test de mettre les deux pieds dans le plat et de voir ce que ça donne aussi en compétition.
07:11 En arrivant ici aujourd'hui, j'ai ressenti un peu de pression parce que je savais que c'était la première.
07:20 Parce que j'ai revu plein de personnes que je n'avais pas vues depuis longtemps.
07:24 Et que les gens me regardent. Je suis un peu attendu en fait.
07:27 Parce qu'ils sont un peu au courant des derniers scores qui sont faits aux entraînements.
07:30 Et donc, du coup, on sent qu'on a le regard un peu sur nous et qu'on nous attend un peu autour d'eux.
07:34 Si jamais ça se passe moins bien.
07:36 Je pense que mon chemin de pensée a un peu changé.
07:39 J'arrive à me centrer beaucoup plus sur moi.
07:41 Beaucoup plus, même pas sur ma performance, mais sur moi, ma technique, etc.
07:45 Et rester vraiment focus là-dessus pour réussir à produire la plus grande performance possible.
07:50 Et je pense que c'est un exercice qui n'est pas évident.
07:53 J'ai expérimenté pour la première fois aujourd'hui.
07:56 Parce que là, on sort de beaucoup de mois de travail.
08:00 Et que c'était la première vraie répétition.
08:02 C'est des tours où tu peux le faire.
08:04 Sans problème.
08:06 Plus relâché, ouais.
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09:09 Je n'avais pas trop d'objectifs pour cette journée.
09:17 Je voulais principalement faire le point d'où j'en étais.
09:19 Arriver à transposer ce que je faisais en entraînement en compétition.
09:22 Et en fait, c'est chose faite.
09:24 Puisque j'égalise mon record de France à 684 points sur les qualifications.
09:27 Et derrière, on a eu deux tours de match.
09:29 Le premier match parfait.
09:31 Score parfait.
09:32 Donc, je ne l'ai jamais fait non plus.
09:34 Et derrière, un tout petit peu plus difficile.
09:36 Mais ça passe quand même sans encombre.
09:38 Donc, une journée top.
09:40 Qui se termine en plus avec le soleil.
09:42 Donc, on ne peut pas demander grand chose de plus.
09:44 C'est le point de départ de cette saison.
09:46 Et la route est encore longue jusqu'au jeu.
09:48 Mais en tout cas, il y a une bonne direction.
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