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Le maire de Garges-lès-Gonesse

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00:00Et c'est un maire qui est avec nous justement ce matin, on est très heureux de vous recevoir, Benoît Giménez, bonjour !
00:05Bonjour !
00:05Vous êtes maire de Garges-Légonès, dans le Val-d'Oise, 40 000 habitants, maire UDI, maire centriste depuis 2020, tout est correct ?
00:13C'est bien ça !
00:14Si je vous pose la question, est-ce que c'est devenu le pire métier du monde ?
00:17J'ai une petite idée de la réponse, parce que vous avez quand même un large sourire ce matin, vous avez l'air plutôt en forme.
00:22Mais alors, maire, c'est difficile ?
00:25Maire, c'est peut-être difficile par moment, mais c'est d'abord avant tout une belle mission, parce que le mandat de maire, vous le disiez, c'est celui qui est le plus apprécié des Français,
00:34c'est aussi le mandat qui permet de façon très concrète de pouvoir changer la vie des gens, de pouvoir aussi changer le visage d'une ville,
00:43de pouvoir porter des projets concrets qui s'incarnent dans la vie de tous les jours, dans le quotidien.
00:49Donc ça reste tout de même une belle mission.
00:50Qu'est-ce qui vous rend fier, vous ?
00:52Ce qui me rend fier, c'est de façon très concrète de pouvoir porter des projets qui changent la vie.
00:56Dans votre ville concrètement ?
00:57Dans ma ville, je peux prendre à titre d'exemple la création d'un pôle culturel de 10 000 m² qui permet de faire la parabelle aux arts numériques,
01:05qui s'appelle le cube-garge, et dans lequel des milliers de gargeoises et de gargeois peuvent venir tous les jours, mais pas que.
01:10C'est aussi de pouvoir porter un réseau de chaleur urbain qui permettra de chauffer pendant les 25 prochaines années,
01:15d'avoir le réseau de chaleur urbain qui soit le plus propre de France et aussi le plus économique,
01:19puisqu'il permettra de faire des économies de plus de 25%.
01:22Voilà deux exemples sur deux secteurs qui n'ont rien à voir l'un et l'autre, mais qui, de façon très concrète, peuvent changer la vie des gens.
01:29Mais on dit aussi que les maires sont en première ligne, à portée d'engueulades, à portée de baffes, c'est vrai ?
01:35Vous aussi, vous le subissez ?
01:37Par définition, un maire, il peut être bon ou moins bon, mais en moins, il a quand même les pieds sur terre.
01:43Il est au contact permanent, de façon quotidienne, des gens.
01:47Et moi, je le vois dans ma ville de Garges-les-Gonesse, au travers de nombreuses associations.
01:51Et puis là, la période de mai-juin, où on a toutes les fêtes de fin d'année, les kermesses, etc.
01:55Eh bien, c'est le moment privilégié pour rencontrer tout un tas de personnes.
01:59J'étais encore hier soir avec des parents d'élèves sur la scène du Cube Garges,
02:03devant 600 parents qui venaient voir leurs enfants se produire en spectacle de fin d'année.
02:07Eh bien, c'est aussi le moment privilégié pour pouvoir échanger.
02:10Alors à portée de baffes, oui, mais la réalité, c'est que 99,9% du temps, ce sont quand même des encouragements,
02:16ce sont quand même des moments qui sont plutôt chouettes, plutôt sympas et positifs.
02:20Après, effectivement, il peut y avoir des mécontentements, mais on les gère avec humanité, bienveillance.
02:25Et c'est aussi à cela qu'on sert.
02:26– Et beaucoup d'optimisme dans votre discours ce matin, Benoît Jiménez.
02:30On part au standard tout de suite, parce qu'on pose aussi la question à nos auditeurs au 01.42.30.10
02:36si ça vaut encore le coup d'être maire aujourd'hui.
02:39– Est-ce que selon vous, par exemple, vous aimeriez devenir maire ?
02:42Pourquoi pas vous lancer dans votre commune ? Est-ce que vous le croisez, votre maire ?
02:45Parfois, les maires d'arrondissement, par exemple, on ne les voit pas beaucoup.
02:48Armelle, bonjour. – Oui, bonjour.
02:51– Vous êtes, vous, à Issy-les-Moulineaux ? – Oui, c'est ça.
02:54– Vous êtes à la retraite ? – Alors, pas encore tout à fait, mais bientôt.
02:58– Mais est-ce que c'est une fonction que vous auriez occupée volontiers, par exemple, la fonction de maire ?
03:02– Écoutez, oui. Moi, c'était en fait un de mes projets, mes objectifs,
03:06où je me disais qu'en fait, quand j'aurai un peu plus de temps,
03:09c'est vraiment une fonction que j'aurais aimé accomplir, remplir.
03:14Il se trouve que maintenant, vu un peu l'environnement,
03:18j'ai l'impression que ce sont des élus qui sont bien laissés seuls,
03:24et notamment peut-être plus dans les communes rurales,
03:27et que, en fait, vous disiez justement, à portée de base,
03:31je pense que c'est devenu une fonction qui est extrêmement difficile.
03:36Et votre invité parlait de porteurs de projets tout à l'heure.
03:39Moi, je me demandais dans quelle mesure ils sont encore porteurs de projets,
03:43dans quelle mesure ils ont encore la latitude de gérer leur commune d'une manière libre,
03:49et sur ce, en plus, vient s'ajouter tout ce qui est violence.
03:56– Ah oui, violence, c'est ça.
03:58– Oui, parce qu'en fait, je dirais que l'agressivité est peut-être un nouveau facteur, maintenant,
04:03et j'aurais bien aimé que votre invité nous parle un petit peu de l'évolution de cette fonction,
04:09et donc du lien et de la relation qu'il a avec le pouvoir.
04:13– Vous savez quoi, Armelle, c'est toute la force de France Bleu Paris chaque matin,
04:16vous intervenez, et Benoît Giménez, le maire de Garges-les-Gonaises,
04:19vous a écouté attentivement, donc il va pouvoir vous répondre directement.
04:23– Oui, Benoît Giménez, est-ce qu'il y a effectivement une évolution ?
04:25Vous constatez, vous, une montée peut-être des problèmes de ces violences,
04:30de ces rixes, de ce climat un petit peu plus agressif en tant que maire,
04:34et comment vous vous y confrontez ?
04:36– D'abord, Armelle a raison de dire qu'être maire d'une commune comme la mienne,
04:41une ville de 40 000 habitants, dans laquelle je peux aussi disposer
04:44d'un certain nombre d'équipes pour pouvoir m'appuyer tout au long de l'année,
04:48ce n'est pas la même chose que d'être maire d'une petite commune rurale, d'un village,
04:52ce n'est pas la même chose effectivement d'être maire de Garges-les-Gonaises,
04:54d'être maire d'ici les Bolinaux, là où habite Armelle,
04:56ou d'être dans un petit village du Plessis-Guiassou,
04:58de Fontenay-en-Parisie, dans le Val-d'Oise par exemple.
05:01– Vous êtes moins seul face aux problèmes ?
05:02– Absolument, il faut bien avouer que d'être maire d'une ville de 40 000 habitants,
05:05on est moins seul face aux problèmes.
05:07Je ne perçois pas moi dans ma ville des sujets de violences
05:10ou de montées de violences au sein de ma commune.
05:13Néanmoins, c'est un sujet qu'il ne faut pas éluder,
05:15parce que de façon très précise, on le voit dans l'actualité,
05:18des maires qui de plus en plus se font alpaguer, se font parfois menacer,
05:22et parfois même violenter, on a vu des sujets qui sont même très inquiétants
05:25et qui sont grandissants.
05:26Des collègues maires également qui démissionnent,
05:29on n'a jamais eu autant de démissions de maires que depuis ce mandat-là.
05:32Donc si moi je ne le perçois pas forcément au sein de ma ville,
05:35c'est quand même un vrai sujet Hermès, la raison de le pointer du doigt.
05:37– Au quotidien, vous n'avez pas ce climat d'agression, d'incivilité,
05:43vous n'êtes pas pris pour cible vous, en tant que maire au quotidien ?
05:46– Je ne l'ai pas vécu moi de façon directe, et tant mieux.
05:50Néanmoins, j'ai des collègues effectivement,
05:52j'ai aussi l'honneur de pouvoir siéger à la région Ile-de-France,
05:54de pouvoir côtoyer un certain nombre de maires aussi
05:56au sein de ma communauté d'agglomération Croix-Six-Pays-de-France,
05:58là où se trouve l'aéroport Rossy-Charles-de-Gaulle,
06:00et un certain nombre de mes collègues effectivement sont confrontés
06:03à ce à quoi ils n'étaient pas précédemment confrontés,
06:06à savoir parfois des insultes, parfois de la violence, parfois des menaces,
06:10c'est quelque chose qui existe et qu'il ne faut évidemment pas éluder.
06:13– Mais vous avez quand même vécu les émeutes en juin dernier,
06:18vous faites partie des communes pas mal touchées avec votre hôtel de ville,
06:22votre mairie qui a complètement été incendiée,
06:26d'ailleurs on en est où, c'est toujours fermé ?
06:27– L'hôtel de ville est effectivement toujours fermé,
06:29les travaux démarrent dans deux semaines et pendant un an et demi,
06:33deux travaux, ouverture novembre-décembre 2025,
06:35vous avez raison de dire que la ville de Garges a été quand même
06:39une des villes les plus ciblées par les émeutes urbaines avec ce symbole…
06:42– Et là vous ne vous êtes pas dit, un cap a été franchi ?
06:44– Un cap immense a été franchi sur le symbole de la République
06:49qui représente une mairie au cœur même de la ville,
06:51donc c'est quelque chose qui est extrêmement gravissime.
06:54– À ce moment-là vous vous êtes dit, là j'ai un doute,
06:59je me pose des questions sur mon rôle et sur ce que je dois faire,
07:02si je dois continuer ?
07:03– Bien sûr, le sujet le soir même est extrêmement grave,
07:08la question effectivement de la remise en jeu du mandat,
07:11elle s'est effectivement posée.
07:13Quand j'ai eu la première ministre de l'époque à 2h du matin,
07:17Elisabeth Borne, pour échanger sur ce sujet-là,
07:19effectivement c'était à peu près ça la teneur de mes propos.
07:23Très rapidement, à la fois elle a su aussi me remobiliser,
07:26mais puis surtout les messages et l'élan de solidarité des gens
07:29qui dès le lendemain matin se sont mobilisés, se sont rassemblés,
07:33sont venus sur le parvis de l'hôtel de ville pour pouvoir nous soutenir,
07:36et finalement cet élan populaire, ces gens, ces femmes et ces hommes,
07:39ces associations qui font en sorte justement de nous remobiliser,
07:42de nous encourager, a pris le dessus sur le reste,
07:45et finalement cette immense majorité des gens qui nous soutiennent,
07:49c'est quand même cela qu'il faut valoriser,
07:51et ne pas se laisser abattre par quelques personnes
07:53qui effectivement nous voudraient du mal.
07:55C'est ça qui vous fait tenir Benoît Gimenez,
07:58parce que maire en fait c'est plus qu'un métier,
08:00c'est quand même un sacerdoce, c'est H24, 7 jours sur 7,
08:03vous êtes appelé pour tout et n'importe quoi,
08:06c'est un engagement, une vocation.
08:10Comment vous faites pour partir en vacances par exemple ?
08:11Eh bien moi j'aime bien utiliser l'expression de la délocalisation du bureau en fait.
08:14Je dis à mes équipes, je délocalise le bureau,
08:16ils comprennent que je serai plus ou moins absent, mais toujours joignable.
08:20Et tout cet engagement, vous trouvez qu'il est assez cher payé ?
08:24En termes de compensation, vous gagnez combien ?
08:27En tant que maire de Gare-Gégonnais, je touche 3400 euros net,
08:31c'est une grille en fait qui est selon la fac de la ville,
08:34qui peut être majorée selon que l'on est chef de canton,
08:39ou alors ville politique de la ville par exemple.
08:413400 euros net pour gérer tous les emmerdes à H24, 7 jours sur 7.
08:45Absolument.
08:46Est-ce qu'il faut payer plus les maires ?
08:48Je pense que le sujet de l'indemnité est un vrai sujet.
08:52On le disait tout à l'heure, être maire d'une petite commune ou d'une grande commune,
08:56ce n'est pas la même chose.
08:57Et moi je veux aussi tirer mon chapeau,
08:59parce qu'avec 3400 euros, c'est à la fois beaucoup et aussi très peu
09:03pour gérer effectivement, comme vous le dites, toutes ces emmerdes.
09:06Néanmoins, imaginez un peu le maire du petit village.
09:09C'est deux fois, trois fois, quatre fois moins.
09:11Et lui, pour le coup, il est parfois celui qui va sur les chemins,
09:16qui va sur la route pour aller dresser des procès-verbaux
09:19aux véhicules qui sont mal stationnés, etc.
09:21Donc il faut commencer par augmenter ces maires-là ?
09:23Oui, je pense qu'il faut d'abord être en appui des maires des petites communes,
09:26des villages, mais aussi effectivement avoir quelque chose
09:30qui soit à la fois de l'indemnité mais aussi plus largement
09:33du statut de l'élu qui est aussi un vrai sujet,
09:36pas seulement le sujet de l'indemnité.
09:38Benoît Giménez, j'aimerais aussi vous faire réagir sur cette initiative
09:42du maire de Carrière-Sous-Poissy
09:45parce que c'est un peu la saison des rodéos
09:47qui commence avec les beaux jours.
09:50Eddy Haït, le maire de Carrière-Sous-Poissy
09:52qui appelle ses habitants à la délation,
09:55en tout cas à dire où se trouvent les lieux de stockage
09:58des deux roues, des engins qui font tous ces rodéos.
10:02Est-ce que c'est ce qu'il faut faire pour en finir ?
10:05Le sujet des rodéos motorisées dans nos quartiers
10:09c'est un vrai gros sujet, on le voit depuis des années
10:11Depuis deux ans, on en a beaucoup moins sur Garges-les-Gonesse
10:14pour une bonne raison, c'est que la police fait effectivement
10:17ce travail de pouvoir aller récupérer les motos
10:21dès 6h du matin, là où elles sont planquées.
10:24Et là où elles sont planquées, c'est ce qui nous permet
10:26de savoir où est-ce qu'elles sont.
10:28Donc il faut demander aux habitants
10:30de dire où sont planquées ces engins ?
10:32Je pense que sans aucun état d'âme, il faut que les habitants
10:34nous le disent, mais nous on s'est dotés à Garges-les-Gonesse
10:36d'un tout nouveau centre de supervision urbain municipal
10:40C'est un grand déploiement de réseaux de caméras dans toute la ville
10:42Et on était à l'inauguration, et ça vous permet justement
10:44de voir ces lieux de stockage ?
10:47Absolument, et en fait finalement, ça permet aussi
10:49d'éviter les drames qu'on a pu connaître
10:51pas à Garges-les-Gonesse, mais tout proche de chez nous
10:53à Villers-les-Belles, voilà quelques années
10:55où effectivement, quand un rodéo motorisé
10:58est pris en chasse par la police
11:01cela peut créer de grandes complications derrière
11:04C'est aujourd'hui non plus ce qui se fait
11:06mais on va chercher les motos là où elles sont cachées
11:09Et très honnêtement, depuis que cette pratique-là
11:11est mise en place, on en voit beaucoup moins
11:13Ce n'est pas un sujet qui est totalement réglé
11:15mais en tout cas, on avance grandement là-dessus
11:17Vous avancez grandement sur le sujet, et donc normalement
11:19encore moindre rodéo cet été avec ce centre de supervision
11:21Merci beaucoup
11:23Benoît Giménez, donc vous ne placarderez pas
11:25d'affiches pour appeler à la délation
11:28comme un carrière sous poids assis
11:30On vous laisse, merci d'avoir pris le temps
11:33parce que c'est aussi ça d'être maire
11:35c'est de répondre aux sollicitations des médias
11:38Vous avez rendez-vous au salon des maires d'Ile-de-France
11:40porte de Versailles à Paris
11:42Absolument, on va rejoindre les collègues élus sur place
11:44Est-ce qu'il y a de la relève ?
11:46Parce que là vous êtes assez dynamique
11:48mais on voit surtout des maires qui avancent en âge
11:50Est-ce qu'il y a des jeunes qui arrivent, qui poussent ?
11:52Alors oui, ça peut être un sujet générationnel
11:54mais il faut que les jeunes s'engagent
11:56d'ailleurs, peu importe pour qui
11:58vous vous mobiliserez, mais il y a des élections
12:00aussi européennes qui arrivent
12:02et on dit dans les sondages que les jeunes ne se mobiliseront pas
12:04ils n'iront pas voter
12:07il faut s'engager, ça commence aussi par l'associatif
12:09moi c'est la vie associative qui m'a amené
12:11ensuite vers le chemin politique
12:13donc engagez-vous dans l'association de quartier
12:15dans le club sportif et ça vous amènera
12:17peut-être ensuite aux responsabilités
12:19c'est ce qui a été en tous les cas
12:21mon exemple
12:23et il faut évidemment s'engager, ne pas avoir peur
12:25il y a beaucoup de contraintes, mais il y a aussi beaucoup de possibilités
12:27de changer les choses de façon concrète
12:29et c'est ce qui est passionnant dans la mission de maire
12:31et de reconnaissance
12:33merci beaucoup Benoît Giménez pour ce message très positif
12:35ce matin ça fait du bien entendre
12:37vous écoutez France Bleu Paris il est 8h30

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