Un agent de police irréprochable

  • il y a 5 mois
Petits arrangements avec la procédure et histoire abracadrabantesque !

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Personnes
Transcription
00:00 La jeune Robyn Bishop, 23 ans, était partie de Las Vegas pour rendre visite à un ami
00:05 à Los Angeles. Robyn espérait devenir une actrice. Son ami lui dit que si elle était
00:10 vraiment décidée, qu'elle devrait songer à venir vivre à Los Angeles. Robyn reprit
00:14 le chemin de Las Vegas pour organiser son déménagement. Elle était excitée des changements
00:19 qui s'annonçaient. À Barstow, en Californie, elle s'arrêta pour appeler sa mère et manger
00:23 un sandwich. En retournant à sa voiture, le patrouilleur George Gwaltney la remarqua.
00:28 Cet agent de police respecté de ses collègues et de ses amis avait en fait un passé trouble.
00:33 Il arrêtait les femmes pour excès de vitesse. Si elles acceptaient de répondre à ses avances,
00:37 il leur promettait de ne pas leur donner de contraventions. C'est ce qui arriva ce soir
00:40 du 11 janvier 1982. Il mémorisa la marque et le modèle de la voiture de la jeune femme.
00:46 Il remarqua également qu'elle avait une plaque d'immatriculation du Nevada. Puis,
00:50 Gwaltney aperçut un garçon du quartier qu'il connaissait. Ce dernier pourrait lui servir
00:54 d'alibi. Il fit monter Preston Olsen à bord de sa voiture et lui offrit de le raccompagner
00:58 chez lui. Il déposa Preston et salua ses parents. Maintenant, la jeune femme qu'il
01:02 avait aperçue était sûrement sortie de la ville. Il prit la direction du Nevada par
01:05 l'autoroute 15. Cette autoroute était moins achalandée qu'à l'habitude. Il rattrapa
01:10 la jeune femme à l'est de Barstow. Il alluma son gyrophare et sa sirène pour qu'elle
01:14 se range sur le côté de la route. Robin Bishop avait eu plusieurs contraventions
01:18 pour excès de vitesse. Elle finissait son année de probation et avait reçu un avertissement.
01:22 Au prochain excès de vitesse, on lui retirerait son permis. Sans voiture ni permis de conduire,
01:28 Robin aurait du mal à devenir actrice à Los Angeles. Elle laissa ses clés dans le
01:32 contact et son sac à main dans la voiture. Robin était sans doute surprise qu'on lui
01:36 demande de monter dans la voiture de patrouille, mais elle obtempéra. Malheureusement, Gwaltney
01:40 avait d'autres projets que celui de lui donner une contravention. Il l'empêcha de
01:44 bouger pendant qu'il lui passait les monotes. Il la fit ensuite asseoir sur la banquette
01:49 arrière. La jeune femme était sans doute effrayée et confuse. Pourquoi l'agent l'avait-il
01:54 menottée et où la conduisait-il? Gwaltney retourna à la voiture de la jeune femme pour
01:58 prendre son sac à main. Au même moment, un automobiliste le croisa. Gwaltney saisit le
02:03 sac à main, retourna à sa voiture et partit, laissant l'automobile de la jeune femme sur
02:08 l'accotement de l'autoroute. Il en sortit par une bretelle qui donnait accès à une
02:12 voie rarement utilisée. Cette voie était parallèle à l'autoroute. Il avait l'habitude
02:16 de l'emprunter quand il avait une pause. De ce poste d'observation isolé, il pouvait
02:20 voir 120 mètres d'autoroute dans toutes les directions. Après avoir menacé Robin
02:24 de lui confisquer son permis de conduire et de la faire emprisonner, il la viola. Quand
02:28 il eut terminé, il appela le poste de police pour signaler la présence d'une voiture
02:32 abandonnée sur l'autoroute. Il savait qu'un automobiliste l'avait vue s'approcher de
02:35 la voiture de Robin. Ensuite, il conduisit sur la voie d'accès pour se rapprocher de
02:40 la voiture de Robin. Il lui retira ses monotes et la fit descendre de la voiture de patrouille.
02:45 Pour Gwaltney, le plan marchait comme sur des roulettes. Il avait obtenu ce qu'il désirait
02:50 et il s'apprêtait à la laisser partir. Mais au moment où, assise au sol, elle allait
02:54 remettre ses bottes, quelque chose se produisit. Maintenant qu'il l'avait relâché, peut-être
02:58 la colère remplaça-t-elle la crainte. Peut-être le menaça-t-elle de le dénoncer. Son frère
03:02 était procureur au Nevada. Ce serait sa parole contre celle du patrouilleur. Puis, alors
03:07 que l'agent était debout contre sa voiture, il fut soudain éclairé par le projecteur
03:10 de l'auto d'un policier qui passait. Ce policier avait sans doute aperçu la voiture
03:14 de Gwaltney de l'autoroute. Gwaltney ignorait s'il avait été reconnu. Tout d'un coup,
03:18 les menaces de Robin semblèrent de plus en plus vraisemblables. Comment pourrait-il expliquer
03:22 qu'il se trouvait sur cette voie d'accès ? Pris de panique, l'agent George Gwaltney
03:27 décida de faire taire Robin à jamais. Il était maintenant trop tard pour revenir en
03:30 arrière. Gwaltney mit rapidement un plan au point. Il communiqua avec le poste de police
03:35 et rapporta avoir trouvé un corps, possiblement la victime d'un suicide. Il savait qu'il
03:40 ne disposait que de quelques minutes avant l'arrivée des agents. Il fouilla sous la
03:43 tête de la jeune fille pour retrouver le projectile qui l'avait tué. Si cet indice
03:47 tombait entre les mains des autorités, il serait à coup sûr fini. Malheureusement,
03:50 la balle n'était pas ressortie. Le détective Milt Rose de la police de San Bernardino fut
03:55 envoyé sur les lieux pour enquêter au sujet du corps découvert par l'agent Gwaltney.
03:58 En route vers la scène du crime, le répartiteur du poste de police lui demanda d'examiner
04:03 la voiture abandonnée en même temps. Comme le corps était à une courte distance de la
04:07 voie d'accès, il y avait tout lieu de croire que le véhicule et le corps étaient reliés.
04:10 Il n'y avait aucun signe évident d'un quelconque problème mécanique. Les pneus étaient tous
04:15 en bonne condition. Le véhicule était en parfait état de fonctionnement. La clé
04:20 était dans le contact. Je ne comprenais pas pourquoi le véhicule se trouvait à cet endroit.
04:23 L'agent Gwaltney avait eu le temps de retrouver son calme. Il décrivit comment il avait retrouvé
04:28 la victime. Il avait pris son pouls et fouillé dans son sac à main pour trouver ses pièces
04:32 d'identité. Le nom inscrit sur le permis de conduire était Robin Bishop. Elle était
04:36 la propriétaire du véhicule abandonné découvert un peu plus tôt. L'agent Gwaltney déclara
04:40 qu'il croyait à l'hypothèse d'un suicide, mais le détective Rose élimina immédiatement
04:44 cette possibilité. La victime avait reçu un projectile à la nuque à bout portant.
04:48 Puis elle avait été déplacée. A environ 7 centimètres de sa tête, il y avait une
04:52 traînée de sang sur le sol. A n'en pas douter, il s'agissait d'un homicide.
04:55 Le sol était humide à cause de récentes averses. On pouvait aisément discerner les
04:59 empreintes de pneus et des chaussures de Gwaltney. Le premier agent arrivé sur la scène critiqua
05:03 Gwaltney pour le grand nombre d'empreintes qu'il avait laissées. La scène du crime
05:07 avait été contaminée. Contrairement à son habitude, l'agent Gwaltney avait fait
05:11 preuve de négligence. En effectuant un examen plus poussé, j'ai
05:14 remarqué des marques sur les poignets de la victime. Les policiers ont l'habitude
05:17 de ce genre de blessure. Deux marques main sur le dessus des poignets et une autre en-dessous.
05:22 Ce sont les marques que laissent des monotes. En examinant le contenu du sac à main de
05:25 la jeune femme, Rose remarqua qu'on ne lui avait rien volé. Cependant, ses papiers
05:30 d'identité étaient sur le dessus, comme si elle avait dû les montrer à quelqu'un
05:33 et les remettre rapidement dans son sac. Un policier, ou du moins quelqu'un qui se
05:37 faisait passer pour un représentant de la loi, était impliqué dans cet homicide. Il
05:41 n'y avait sur la scène du crime que des amis ou des collègues de Gwaltney. A ce stade-ci,
05:46 personne ne croyait qu'il était impliqué dans ce crime.
05:48 On pratiqua une autopsie. Les résultats confirmèrent que la victime avait été déplacée légèrement
05:53 après le coup de feu et que les blessures à ses poignets avaient été causées par
05:57 des monotes. La balle meurtrière était restée coincée dans la mâchoire de Robin.
06:00 Elle était du même calibre que celui des balles utilisées par la police, mais d'une
06:04 marque différente. L'autopsie permit également de déterminer que la victime avait eu une
06:08 relation sexuelle dans les 24 heures avant sa mort, mais rien n'indiquait qu'elle
06:12 avait été violée. La première chose que nous devions faire,
06:15 c'était d'éliminer de notre liste toutes les personnes qui s'étaient trouvées
06:18 près de la scène du crime. Pour déjouer les policiers, Gwaltney devait
06:22 toujours avoir une longueur d'avance sur eux. Lorsqu'il termina son quart de travail,
06:26 il s'empressa de retirer le canon de son revolver. C'eût été la preuve formelle
06:30 de son implication dans le meurtre. Gwaltney savait par expérience que le canon avait
06:34 laissé des marques identifiables sur le projectile qui avait tué Robin Bishop.
06:38 Le lendemain matin, il se rendit chez un armurier pour s'acheter un nouveau canon. Ainsi,
06:42 les experts en balistique ne pourraient prouver sa culpabilité en analysant son arme. Mais
06:47 la pièce n'était pas en stock et devait être commandée. Gwaltney fit ensuite nettoyer
06:51 son uniforme et il apporta son holster pour le faire reteindre. Il ne lui restait plus
06:55 qu'à essayer de gagner du temps en espérant que l'armurier reçoive le canon au plus
06:58 vite. A Barstow, Rose organisa une réunion entre les divers services de police pour discuter
07:03 de l'enquête. Il demanda à tous les agents en service, au moment du meurtre, de remettre
07:07 leurs armes au service balistique afin qu'on puisse procéder aux analyses et les éliminer
07:12 de la liste des suspects potentiels. Gwaltney était présent à la réunion lorsqu'il
07:16 apprit que la balle avait été retrouvée. En fin de journée, il était le seul agent
07:19 à n'avoir pas encore remis son arme à feu. Les détectives se rendirent chez lui
07:23 pour la lui demander. Gwaltney revint les mains vides. Il leur dit que sa maison avait
07:27 sans doute été cambriolée. L'arme avait disparu. Les déclarations de l'agent étaient
07:31 suspectes, mais comme Gwaltney était un policier respecté, le détective Brian English du
07:37 service de police de San Bernardino était enclin à le croire. Gwaltney accepta de se
07:50 rendre au quartier général pour y subir un interrogatoire. Les détectives fouillèrent
07:54 également son casier, mais son arme à feu n'y était pas. Deux jours s'étaient écoulés
07:58 depuis le meurtre de Robin Bishop. L'arme manquante de Gwaltney et son comportement
08:02 étrange avaient éveillé les soupçons des enquêteurs. On l'eut à l'agent ses droits
08:06 constitutionnels. Il était le suspect principal dans cette affaire de meurtre, mais il n'y
08:11 avait cependant pas assez d'indices pour procéder à son arrestation. Gwaltney maintenait
08:14 qu'il était innocent. Il accepta que l'interrogatoire soit enregistré. Il déclara que le 11 janvier,
08:20 il effectuait sa patrouille sur l'autoroute comme d'habitude. Après son repas, il avait
08:23 aperçu le jeune Preston Olsen qui rentrait chez lui à pied. Il l'avait fait monter
08:27 à bord de sa voiture et l'avait déposé chez lui vers 20h50. A 21h15, il avait trouvé
08:33 la voiture abandonnée, avait effectué les vérifications d'usage pour savoir si elle
08:37 était volée, puis il avait emprunté la voie d'accès. Il avait alors aperçu une
08:41 forme dans l'obscurité et s'était arrêté. C'était le corps de la victime, Robin Bishop.
08:45 Ses réactions ne correspondaient pas à celles de quelqu'un qu'on vient d'accuser de
08:49 crime. À sa place, j'aurais exigé qu'on prouve ma culpabilité. J'aurais été très
08:56 en colère. L'agent Gwaltney demanda à maintes reprises à subir un test polygraphique.
09:01 On le lui fit finalement passer. Il dut répondre à plusieurs questions dont la plus importante,
09:07 avait-il tué Robin Bishop ? L'analyste ne parvint pas à démontrer que l'agent avait
09:11 menti. Dans cette course à obstacles, Gwaltney venait encore de gagner de l'avance.
09:16 Nous avons conduit George de Barstow à San Bernardino pour l'interroger une nouvelle
09:20 fois. C'est à ce moment-là qu'il a consenti à ce que nous fouillons sa résidence.
09:24 Les agents cherchaient des traces du cambriolage dont avait parlé Gwaltney, mais il n'y avait
09:28 aucune trace d'entrée par effraction. Les détectives du service des homicides commencèrent
09:32 alors leur travail. À l'aube, ils découvrirent la carcasse d'un revolver Smith & Wesson,
09:37 modèle 19 de calibre .357, à l'intérieur de la camionnette de Gwaltney. La carcasse
09:42 était endommagée. Il y avait des marques d'outils. L'arme semblait avoir été démontée
09:46 par quelqu'un qui s'y connaissait peu en la matière. Le canon qui devait servir au
09:49 test de balistique avait disparu. On ne pouvait donc pas effectuer d'analyse. L'arme était
09:56 enregistrée au nom de George Michael Gwaltney. Il n'y avait qu'une explication au fait
10:00 que cette arme avait été démontée. Gwaltney fut mis en état d'arrestation. Mais les
10:04 preuves étaient indirectes. On devait maintenant trouver les outils utilisés pour démonter
10:09 l'arme. Les détectives fouillèrent à nouveau la résidence de Gwaltney. Ils recueillirent
10:12 des pinces et un étau derrière le garage sur lesquels il y avait des marques encore
10:15 fraîches de métal. On les avait donc utilisées récemment. Dans le placard de la chambre
10:20 à coucher, les détectives trouvèrent cinq boîtes de munitions portant le logo de la
10:24 police. Parmi ces munitions se trouvaient 27 balles de calibre .357 de marque Remington,
10:30 soit la marque du projectile qui avait tué Robin Bishop. L'épouse de Gwaltney était
10:35 en état de choc. Elle ne croyait rien à tout ça. Lors de son interrogatoire, elle
10:39 déclara que son mari avait le même comportement qu'à l'habitude. C'était un bon père
10:44 et un bon mari. La nouvelle de l'arrestation de l'agent secoua la population de Barstow.
10:48 Ses collègues le connaissaient et le respectaient depuis des dizaines d'années. Malgré les
10:52 preuves contre Gwaltney, il ne pouvait croire à sa culpabilité. Même les enquêteurs
10:56 avaient du mal à se résoudre à cette possibilité. Mon intuition me disait qu'il ne l'avait
11:01 pas fait, que c'était impossible puisqu'il était patrouilleur. Mais les preuves continuaient
11:05 à s'accumuler. On retrouva des traces de sperme sur la banquette arrière de la voiture
11:08 de police de Gwaltney et sur les jeans de Robin. L'agent Roger Kaufman déposa un rapport
11:13 d'une importance cruciale. Il était parti quelques jours à l'extérieur de la ville
11:17 et venait d'apprendre la nouvelle de l'arrestation de Gwaltney. Il était passé en voiture à
11:20 l'endroit exact de la scène du crime au moment du meurtre. De l'autoroute, il avait
11:24 aperçu les phares d'une voiture sur la petite route secondaire. Il avait dirigé son projecteur
11:28 sur l'auto et avait alors aperçu un agent de police debout contre le véhicule. Malheureusement,
11:33 il conduisait trop vite pour l'identifier. Quelques minutes plus tard, il avait entendu
11:37 Gwaltney à la radio signaler un suicide. Il avait été surpris d'entendre la voix
11:41 agitée de Gwaltney parce que ce dernier était reconnu pour son sang-froid. Il n'y avait
11:45 plus repensé jusqu'à ce qu'il apprenne la nouvelle de son arrestation. À mesure
11:49 que l'enquête progressait, il devenait apparent que Gwaltney avait tiré avantage de son expérience
11:53 pour empêcher les détectives d'accumuler des preuves contre lui. Son uniforme avait
11:57 été nettoyé et son holster avait été reteint sous prétexte qu'une inspection
12:01 devait bientôt avoir lieu. Toute trace de tissu humain ou de sang sur l'arme avait
12:05 été effacée. De plus, ses empreintes de pas avaient contaminé la scène. Les détectives
12:10 interrogèrent les propriétaires des armureries du secteur afin de vérifier si Gwaltney avait
12:15 tenté de remplacer le canon de son revolver de service. Personne ne se souvenait l'avoir
12:19 vu dans son magasin. Après plusieurs mois d'enquête interne, Gwaltney fut démis de
12:22 ses fonctions de patrouilleur. Les détectives étaient maintenant convaincus qu'il avait
12:26 commis ce crime crapuleux même s'ils étaient encore incapables de prouver que l'agent
12:30 mentait. De plus, ce dernier avait l'appui de son épouse et de ses amis.
12:33 Neuf mois plus tard, le procès débuta. Même si les preuves contre Gwaltney étaient indirectes,
12:38 le procureur Betty Kennedy espérait qu'il serait inculpé rapidement. Lors de sa déclaration
12:42 d'ouverture, l'avocat de la Défense, George Porter, déclara au jury que George
12:47 Michael Gwaltney était victime d'un complot, possiblement de quelqu'un qui travaillait
12:51 dans le même service de police que lui. Quelqu'un avait bien arrêté Robin Bishop tel qu'il
12:55 allait le démontrer, mais il ne s'agissait pas de George Gwaltney. La Défense présenta
12:59 un ouvrier de la voie ferrée comme témoin. Dennis Gubler avait aperçu la voiture de
13:03 Robin Bishop sur l'autoroute au cours de la soirée. Il y avait une voiture de couleur
13:06 claire garée environ 20 mètres derrière elle. Gubler décrivit au jury un homme muni
13:10 d'une torche électrique s'approchant de la voiture de Bishop. Sa description ne correspondait
13:15 pas à celle de Gwaltney. L'avocat de la Défense demanda à ce que les enquêteurs
13:19 cherchent de nouveaux suspects. De son côté, le procureur avait procédé à une reconstitution
13:24 des événements du 11 janvier, du dernier appel de Robin à sa mère à Barstow jusqu'à
13:28 l'appel radio de Gwaltney lors de sa découverte du corps. Tous les gestes connus de Gwaltney
13:33 avaient trouvé leur place dans cette reconstitution qui ménageait par ailleurs aux policiers
13:37 le temps requis pour commettre le meurtre. La poursuite était convaincue d'avoir une
13:41 cause solide. On avait tout calculé, les trajets dont la promenade avec le jeune Olsen,
13:45 l'agent qui avait aperçu Gwaltney ainsi que les communications radio. Mais l'avocat
13:49 de la Défense riposta en faisant comparaitre des dizaines de témoins, des collègues et
13:53 des amis de l'accusé. Tous parlèrent du passé irréprochable de Gwaltney. L'avocat
13:57 se servit même de la reconstitution des événements déposés par la poursuite pour mettre en
14:02 doute certains de ces événements. Comment son client avait-il pu commettre tout ce
14:05 dont il était accusé en aussi peu de temps ? La Défense n'eut aucun mal à contester
14:09 la validité des analyses scientifiques des échantillons de sperme recueillis dans la
14:13 voiture et sur la victime. Les analyses en matière d'ADN ne seraient acceptées en
14:17 cours que 6 ans plus tard. De plus, Porter parvint à semer le doute sur l'analyse des
14:21 marques d'outils, sur la carcasse de l'arme et sur les outils réquisitionnés dans le
14:25 véhicule et la résidence de Gwaltney. Néanmoins, la poursuite espérait que le projectile et
14:29 l'arme démontée suffiraient à convaincre le jury.
14:32 L'indice le plus important que nous avions en main était la carcasse de l'arme. Comment
14:39 pouvait-on expliquer qu'elle se trouvait dans son véhicule ? Pourquoi cette arme avait-elle
14:45 été démontée ? Et pourquoi le canon manquait-il ? Et la crosse ? Le marteau ? Et la détente
14:51 ?
14:52 Gwaltney avait tout prévu. Il était impeccable. Il fournissait à la Défense son meilleur
14:58 témoin, lui-même.
14:59 Il avait réponse à toutes les questions. Et ses réponses étaient cohérentes. La
15:12 technique de la Défense consistait à semer le doute sur toutes les preuves présentées
15:16 contre lui. Et c'est ce que l'avocat a fait. George a fait un excellent travail lorsqu'il
15:24 a témoigné.
15:25 En dépit des 50 témoins provenant de 30 champs d'expertise qui avaient comparu, les
15:30 preuves accumulées contre Gwaltney ne convainquirent pas le jury. Après quatre jours de délibération,
15:34 le procès fut ajourné pour défaut d'unanimité. Huit des douze jurés étaient en faveur de
15:39 l'acquittement. George Gwaltney était un homme libre.
15:41 Rien n'est jamais sûr. On ne sait jamais de quel côté le jury va pencher et quelle
15:48 preuve le juge va accepter ou refuser. Je ne suivais pas le procès de près et j'ai
15:54 donc été très surpris d'apprendre que George avait été acquitté.
15:57 Le procureur était cependant toujours convaincu de la culpabilité de Gwaltney et refusait
16:01 d'abandonner. Moins d'un an après l'ajournement du procès, Gwaltney fut semé à comparaitre
16:06 en cours supérieur. Mais il y avait peu de nouveaux éléments de preuve. Le procès
16:10 se termina par un autre ajournement. Cette fois-ci, sept jurés étaient en faveur de
16:14 l'acquittement. George Gwaltney échappait à nouveau à la justice.
16:17 Nous étions convaincus que George avait tué cette femme et que nous devions le faire condamner
16:23 pour ce qu'il avait fait. Le juge rejeta la requête du procureur de
16:26 tenir un autre procès, déclarant qu'il s'agissait de harcèlement.
16:29 Depuis l'arrestation de Gwaltney, le FBI suivait l'affaire avec intérêt. Lorsqu'un
16:34 homicide implique un agent de police, le FBI a le mandat de suivre l'enquête. Après
16:39 le second acquittement de Gwaltney, le public fit main de pression afin que le meurtrier
16:43 de Robin Bishop soit retrouvé. Les agents du bureau du FBI de Los Angeles décidèrent
16:48 qu'il était temps pour eux d'intervenir. George Gwaltney ne pourrait plus jamais comparaitre
16:52 devant la cour de Californie pour le meurtre de Robin Bishop. Mais en cour fédérale, on
16:57 pouvait peut-être le faire accuser d'avoir violé les droits civiques de la jeune femme.
17:00 En tuant Robin Bishop pendant qu'il était dans l'exercice de ses fonctions, George
17:04 Gwaltney avait contrevenu à la loi fédérale. Il avait violé ses droits civiques. On n'avait
17:08 jamais présenté ainsi un homicide en cours auparavant, mais le FBI et le procureur fédéral
17:13 étaient convaincus que cette affaire était une occasion idéale de le faire. L'enquête
17:17 fut assignée à l'agent spécial Michael Randolph.
17:20 Gwaltney était comme le loup dans la bergerie. Les enquêteurs ignoraient que l'auteur du
17:26 crime était parmi eux. Il s'arrangeait toujours pour garder une longueur d'avance sur eux
17:31 en éliminant les indices. C'est pourquoi les enquêteurs n'avaient pas réussi à
17:37 le faire inculper. Ils ignoraient à qui ils avaient affaire.
17:40 L'agent Randolph examina soigneusement les photographies de la scène du crime. L'une
17:44 d'elles retint son attention. C'était la photo du contenu du coffre arrière de la
17:48 voiture de police de Gwaltney le soir du meurtre. Il y remarqua une petite boîte de munitions.
17:52 Il envoya les photos au laboratoire pour les faire agrandir et examiner.
17:56 Le laboratoire du FBI nous a informé, après l'analyse des photos, qu'il s'agissait
18:00 d'une boîte de munitions magnum de calibre 357. Ces munitions sont illégales et Gwaltney
18:09 avait déclaré qu'il n'en avait pas en sa possession le soir du meurtre. Je crois
18:13 également que c'était la même boîte de munitions recueillie par la suite chez lui.
18:17 L'agent Randolph venait de prouver que George Gwaltney avait menti.
18:20 Nous savions donc qu'il avait menti au cours des deux procès. Nous voulions maintenant
18:23 vérifier s'il avait menti à propos d'autre chose.
18:25 En travaillant étroitement avec le bureau du shérif de San Bernardino et la patrouille
18:29 de l'état de Californie, l'agent Randolph examina à nouveau toutes les preuves présentées
18:33 au cours des deux procès.
18:34 Plutôt que de traiter cette affaire comme une enquête criminelle normale, nous avons
18:38 pris une approche plus large. Un peu comme si on effectuait les vérifications du vol
18:43 800 de la TWA, c'est-à-dire examiner chacun des rivets, chacune des vis.
18:50 La montagne de rapports, de transcriptions, de photos et des indices physiques furent
18:54 examinés un à un par les experts du laboratoire du FBI et les agents des bureaux locaux.
18:58 Nous avons renvoyé au laboratoire les éléments clés comme la carcasse de l'arme. Cette
19:04 dernière avait été recueillie par la police et ils avaient effectué une analyse des marques
19:08 d'outils. Ils n'étaient pas parvenus à déterminer qui l'avait démontée.
19:13 La carcasse fut envoyée aux experts du laboratoire du FBI à Washington. Ce laboratoire est unique
19:18 au monde. On y trouve une collection de 2000 armes à feu, du pistolet de John Dillinger
19:23 jusqu'aux fusils d'assaut militaires les plus récents. On y trouve également des
19:26 échantillons de tous les projectiles existants depuis les 50 dernières années. Comme les
19:31 armes, ces balles servent aux analyses et aux comparaisons. Les experts se servent de
19:35 la pièce insonorisée du service de balistique pour tirer et recueillir les projectiles.
19:39 Ils ont également recours à des stéréoscopes pour examiner les canons des armes à feu.
19:43 Mais l'atout principal de ce laboratoire, ce sont sans contredit les spécialistes d'expérience
19:49 qui ont l'habitude de cas aussi complexes que celui du meurtre de Bishop.
19:52 Jim Cadigan du service des armes à feu et des marques d'outils du FBI fut appelé
19:56 à mener une analyse sur la carcasse de l'arme et sur les 15 outils recueillis chez Gwaltney.
20:01 Les outils d'acier laissent presque toujours des marques distinctes microscopiques lorsqu'on
20:05 les utilise. Ces marques sont aussi uniques qu'une empreinte digitale. Le laboratoire
20:10 qui analyse les marques d'outils du FBI est l'un des plus importants et des plus
20:14 sophistiqués au monde.
20:15 Dès le début, il était évident que la personne qui avait démonté cette arme à
20:19 feu connaissait la criminalistique. Elle avait pris soin de retirer toutes les pièces de
20:23 l'arme qui pouvaient être examinées par un expert.
20:26 L'agent Cadigan commença son analyse. Son but, relier les marques d'outils sur l'arme
20:30 à feu aux 15 outils recueillis chez Gwaltney.
20:33 La question de base était de savoir si l'un de ces outils avait pu servir à tenir la
20:37 carcasse pendant que le canon était retiré. En l'examinant, j'ai noté près de l'endroit
20:41 où une tige retient le barillet, une petite marque d'environ 1,5 mm. Comme si c'était
20:48 la marque de la pointe d'un petit tournevis qu'il y avait là.
20:51 La marque avait la même légère imperfection qu'un des outils de Gwaltney.
20:55 En examinant les outils de Gwaltney, j'ai remarqué sur une clé anglaise qu'une dent
20:59 était brisée par le milieu et qu'il y restait du métal. Cela ressemblait à la marque laissée
21:04 sur l'arme. En me basant sur cet indice, je me suis mis à faire des marques avec cette
21:09 clé anglaise. À l'examen au microscope, j'ai pu en venir à la conclusion que c'était
21:14 cette clé qui avait servi à créer les marques trouvées sur l'arme.
21:17 En plus des analyses de marques d'outils, le laboratoire du FBI effectua d'autres examens
21:22 sur les balles recueillies chez Gwaltney. L'absence du canon de l'arme de Gwaltney
21:26 rendait les analyses balistiques impossibles et c'est ce qui avait fait le plus mal au
21:30 procureur lors des deux procès. Le FBI décida alors de créer un nouveau type d'analyse.
21:35 C'était la première fois qu'on faisait appel à la technologie nucléaire en criminalistique.
21:39 Lorsqu'un manufacturier de plomb comme la Remington Arms fabrique un lot de plomb, il
21:44 mêle les différents éléments ensemble, un peu comme on fait quand on prépare un
21:47 pâté. Chaque lot est donc unique. Nous avions recueilli environ 200 projectiles chez George
21:53 Michael Gwaltney lors de l'enquête. Nous les avons soumis au laboratoire. On les a
21:58 alors rendus radioactifs de façon à obtenir leur poids moléculaire, leur empreinte digitale
22:02 chimique. Nous avons découvert que le plomb de 27 projectiles était identique à celui
22:08 du projectile qui avait tué la victime. Les échantillons dans le réacteur absorbent
22:12 les neutrons et deviennent radioactifs. Cette radioactivité est ensuite mesurée et fournit
22:17 une lecture précise des éléments chimiques du plomb. C'est en quelque sorte son empreinte
22:21 digitale atomique. Les analyses radioactives étaient incontestables. Les 27 projectiles
22:25 recueillis dans le placard de Gwaltney, projectiles qu'il avait juré de ne pas avoir en sa
22:29 possession, provenaient du même lot que celui qui avait tué Robin Bishop. Les analystes
22:34 du laboratoire du FBI avaient enfin établi un lien entre la carcasse de l'arme à feu
22:38 de Gwaltney et sa clé anglaise, ainsi qu'entre le projectile mortel et ceux qui avaient été
22:42 recueillis chez lui. L'agent Randolph fit ensuite dresser les profils psychologiques
22:46 de George Gwaltney et de Robin Bishop. Il fallait à tout prix que le jury comprenne
22:50 qu'elle avait été une victime. Robin Bishop avait été violée par un individu qu'elle
22:54 devait respecter et à qui elle pouvait faire confiance, un agent de la loi.
22:58 Cela nous permettait d'illustrer pourquoi il n'y avait eu aucune trace de lutte ou
23:02 de violence sur la scène du crime autre que le meurtre lui-même. Elle s'est pliée
23:06 aux exigences. Elle respectait l'autorité d'un agent de police. Elle était le genre
23:10 de personne qui accepte de se ranger, de montrer ses papiers, de sortir de son auto et de se
23:15 laisser menotter, même si tout ce qu'elle avait fait, c'était d'avoir eu une contravention
23:19 pour excès de vitesse. C'était facile d'en faire une victime.
23:21 Les experts du FBI examinèrent ensuite le passé de Gwaltney pour comprendre son comportement
23:26 envers les femmes. Ils interrogèrent une de ses anciennes maîtresses. Elles le rencontraient
23:30 chaque fois au même lieu isolé pour avoir une relation sexuelle. Ce lieu était situé
23:34 sur la voie d'accès même où Gwaltney avait conduit Robin Bishop. On contacta toutes
23:39 les femmes à qui Gwaltney avait donné des contraventions depuis les deux dernières
23:42 années. Un profil commença à émerger. Plus d'une dizaine de femmes déclarèrent
23:46 que Gwaltney leur avait fait des avances sexuelles ou les avait touchées de façon suggestive.
23:50 Cela indiquait que l'agression sexuelle n'était pas un cas isolé chez Gwaltney.
23:54 C'était sa façon habituelle de se comporter. Nous en avons conclu que lorsqu'il portait
23:57 son uniforme, il devenait une sorte de prédateur. Les témoignages des deux procès furent également
24:02 soigneusement examinés. On espérait trouver des contradictions. Dans certains cas, l'autorité
24:07 du FBI facilita les choses. L'entêtement des agents du FBI fut bénéfique dans l'affaire
24:12 Gwaltney. Les détectives de la police de San Bernardino avaient interrogé les propriétaires
24:17 des armuries de Barstow pour démontrer que le policier avait tenté d'acheter un canon
24:21 de remplacement pour son revolver le lendemain du crime. Ils avaient tous déclaré ne pas
24:25 l'avoir vu. L'un d'entre eux s'appelait William Haddington. Son commerce s'appelait
24:29 le Proudhorn. Au cours des deux procès, il avait affirmé que George Gwaltney n'était
24:33 pas venu dans son magasin le lendemain du meurtre. Mais ses relevés téléphoniques
24:37 prouvaient qu'il mentait. Nous avons trouvé des documents qui indiquaient que le lendemain
24:41 de l'homicide, après la réunion à laquelle Gwaltney avait participé, M. Haddington avait
24:47 téléphoné à sa succursale de Sacramento pour commander un canon pour une arme du même
24:52 modèle que celle de Gwaltney. Lorsque les agents du FBI montrèrent ces informations
24:56 à Haddington, ce dernier reconnut que Gwaltney était bienvenu à son commerce pour acheter
25:00 un canon le lendemain du meurtre de Robin Bishop. En reconstituant les événements,
25:05 le FBI découvrit également que Gwaltney avait créé un faux alibi pour camoufler
25:09 sa visite chez l'armurier et le cordonnier où il avait fait reteindre son holster. Il
25:13 avait déclaré être de service ce jour-là. Les déclarations de Gwaltney tombaient en
25:16 pièce. Mais la partie la plus importante de la reconstitution était l'épisode au
25:20 cours duquel le jeune Preston Olsen avait été reconduit chez lui. Le problème, c'est
25:25 qu'aucun détective n'avait pensé en parler sérieusement avec Preston Olsen. Il
25:29 avait témoigné lors des deux procès et il avait corroboré les déclarations de
25:32 Gwaltney. Mais en examinant minute par minute les événements avec Preston et sa mère,
25:37 ils réalisèrent que l'agent Gwaltney avait en fait déposé le garçon 30 minutes plus
25:41 tôt qu'il l'avait déclaré lors de son premier témoignage. Cette nouvelle information
25:45 ainsi que la reconstitution qui en résulta furent très importantes dans l'enquête.
25:49 Il ne pouvait plus changer les faits. Il avait fait les mêmes déclarations lors des deux
25:53 procès. La reconstitution des événements était donc très importante. Cela nous donnait
25:58 une période de 30 minutes pour laquelle nous n'avions jamais obtenu de compte rendu.
26:02 L'agent Gwaltney avait donc disposé de 20 à 40 minutes pour arrêter Bishop, la menoter,
26:07 la forcer à avoir une relation sexuelle, puis la tuer. On fit appel à Edward Blake
26:12 pour qu'il réexamine le sperme présenté comme élément de preuve lors des deux procès.
26:16 Il était problématique de présenter ce genre de preuve avant le développement de
26:19 l'analyse génétique. Malgré tout, les agents du FBI espéraient trouver une façon
26:23 de présenter cette preuve. Gwaltney avait subi une vasectomie, puis il avait subi une
26:28 seconde intervention pour revenir à son état antérieur. Y avait-il un moyen de se servir
26:32 de cette information pour prouver que le sperme recueilli sur la scène du crime était le
26:36 sien ? Le procureur demanda au sérologue Edward Blake s'il y avait une quelconque
26:40 avancée scientifique qui pouvait aider l'enquête. Il m'a dit "La science progresse rapidement,
26:45 n'est-ce pas, Dr. Blake ? Peut-être y a-t-il un aspect que vous pourriez regarder et qui
26:49 serait en rapport avec notre cause ?" Je lui ai répondu que je connaissais des spécialistes
26:54 en fertilité. L'un des éléments importants était que Gwaltney avait subi une vasectomie,
27:03 puis qu'il avait fait annuler par la suite. Blake apprit par la suite de ses collègues
27:07 de l'Université de Californie que cette seconde intervention provoque parfois la production
27:12 d'anticorps antisperme, le corps réagi au sperme qui entre dans le système sanguin
27:16 comme s'il s'agissait de germes. Comme ce phénomène est assez rare, il pourrait
27:19 peut-être servir à l'identification du fluide séminal. On envoya donc des échantillons
27:24 du sperme de Gwaltney au laboratoire de l'Université de Californie.
27:27 Non seulement nous avons découvert que les fluides contenaient des anticorps, mais de
27:31 plus qu'il y en avait une forte concentration. Cela nous donnait l'information qui nous
27:35 permettait d'approfondir encore plus nos analyses. Blake apprit alors l'existence
27:40 d'une nouvelle analyse en matière de fertilité. Cette analyse permettait de mesurer la présence
27:44 d'anticorps dans les échantillons recueillis sur la scène du crime.
27:47 Nous avons préparé des échantillons à partir du sperme trouvé sur le jean que portait
27:51 Robin Bishop et celui qui avait été recueilli sur la banquette arrière de la voiture de
27:56 police. Ces échantillons ont été analysés et on a retrouvé les mêmes anticorps dans
28:07 les deux cas. Au cours de l'enquête de six mois du FBI,
28:10 tous les indices qui avaient été réexaminés et tous les nouveaux témoignages permirent
28:15 aux agents impliqués dans l'affaire d'atteindre la certitude de la culpabilité de Waltney.
28:19 Nous savions que nous détenions le coupable et que nous allions enfin gagner.
28:22 Waltney comparaîtrait à nouveau en cours. George Michael Waltney fut accusé d'avoir
28:27 violé les droits civiques de Robin Bishop et il fut mis en état d'arrestation. Il
28:31 était le premier agent de police de la Californie à être accusé en vertu de la loi fédérale
28:35 des droits civiques. À nouveau, il plaida non coupable. Mais pour la première fois
28:39 depuis la mort de Robin Bishop, les parents de la jeune fille avaient l'espoir que le
28:43 procès n'aurait pas la même conclusion. Cette fois-ci, George Waltney était en cours
28:47 fédéral et il devait affronter le FBI. Ce procès serait à coup sûr différent des
28:52 deux premiers. Le procès commençait le 17 janvier 1984 à
28:56 la cour du district de Los Angeles. George Waltney était représenté par l'avocat
29:00 Carol Douglas qui avait décidé de ne pas faire témoigner son client car le policier
29:05 était dans une mauvaise situation. Waltney savait que nous avions détruit ses
29:09 alibis, ses déclarations et qu'il devait trouver quelque chose. Il avait lui-même
29:15 bloqué toutes ses issues et nous avions bien l'intention de nous servir de cette situation
29:20 pour l'envoyer en prison. Au fur et à mesure que le procès avançait,
29:23 le FBI détruisait tous les arguments utilisés par Waltney. Le procureur déclara au jury
29:29 que Waltney avait repéré sa proie lorsqu'il l'avait vue la première fois au restaurant.
29:32 Grâce au témoignage des autres femmes qu'il avait agressées, l'image irréprochable
29:36 de cet agent tomba en pièce. Après avoir reconduit Preston Olson chez
29:40 lui, il avait ordonné à Bishop de se ranger le long de la route et de monter à bord de
29:44 sa voiture de police. Le nouveau témoignage démontrait qu'il en a vu pleinement le
29:48 temps. Puis, comme il l'avait fait à maintes reprises, il la conduisit dans un endroit
29:51 isolé et la força à avoir une relation sexuelle avec lui. Le sperme trouvé sur la
29:55 banquette arrière et dans les jeans de la victime corroborait ce fait.
29:59 Pendant qu'elle était assise et tentait de remettre ses bottes, le projecteur aveuglant
30:02 de l'agent Kaufman éclaira Waltney, prouvant que ce dernier se trouvait bien sur la voie
30:06 d'accès avec Robin Bishop. Comme il ignorait qu'il l'avait éclairé et s'il avait
30:10 été reconnu, il fut pris de panique et tua Robin Bishop. Puis encore secoué, il appela
30:14 le poste de police pour signaler un suicide. L'autopsie et les photos de la scène du
30:19 crime prouvaient qu'il ne lui avait pas déplacé la tête en prenant son coup. Le
30:23 déplacement était trop grand. Il cherchait désespérément la balle qui l'avait tuée.
30:26 Il allait ensuite tenter de cacher son crime par toute une série d'actions.
30:30 Le même soir, Waltney enleva le canon de l'arme du crime et laissa du même coup
30:33 des marques microscopiques qui correspondaient à l'un de ses outils. Mais l'analyse
30:38 du sperme fut sans doute la preuve la plus convaincante présentée en cours. On pouvait
30:42 y voir des petites billes s'agglutiner au sperme provenant des jeans de la victime
30:46 et de la banquette arrière. Ce qu'on pouvait voir sur cet enregistrement, c'était l'analyse
30:51 finale des échantillons qui contenaient les anticorps. On pouvait clairement y voir des
30:55 spermatozoïdes nagers et les billes s'y agglutiner, ce qui indiquait que des anticorps étaient
31:00 présents dans les deux échantillons. Le juge ne permit à Edward Blake que de donner
31:04 les résultats de ces analyses en pourcentage. Blake déclara que le groupe sanguin de Waltney
31:09 était celui de 12% de la population. De ces 12%, on ne retrouve des anticorps que
31:14 chez 5% des sujets. Moins de 1% de la population masculine pouvait avoir eu une relation sexuelle
31:20 avec Robin Bishop au cours de cette soirée. Même si la défense riposta en déclarant
31:25 que les preuves étaient indirectes, les analyses scientifiques étaient trop convaincantes.
31:29 Le jury en arriva rapidement à un verdict. Lorsque les jurés sont revenus, aucun d'entre
31:35 eux ne regardait Waltney. Il était évident qu'il l'avait trouvé coupable. En ce qui
31:39 me concerne, j'étais content de savoir que George allait enfin payer pour son crime et
31:44 que nous savions pourquoi Robin Bishop était morte. C'est une enquête que je n'oublierai
31:48 jamais. Waltney eut droit à la sentence la plus sévère possible, 90 ans d'emprisonnement
31:53 dans une prison fédérale et un minimum de 30 ans avant d'être éligible à la liberté
31:57 conditionnelle. 12 ans plus tard, Waltney mourut en prison des suites d'une crise cardiaque.
32:03 Jusqu'à la fin, il a déclaré qu'il était innocent et qu'il avait été victime d'un

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