• il y a 5 mois
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Caroline Eliacheff, pédopsychiatre et psychanalyste, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils reviennent sur l'adoption de la proposition de loi sur l'encadrement des transitions de genre avant 18 ans.

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Transcription
00:00 Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin la pédopsychiatre Caroline Eliachef.
00:05 Bonjour Caroline Eliachef, bienvenue sur Europe 1.
00:08 Le Sénat a adopté mercredi dernier une proposition de loi pour encadrer les transitions de genre avant l'âge de 18 ans.
00:16 C'est un sujet qui vous intéresse beaucoup, vous avez coécrit un livre sur le sujet, voici deux ans avec Céline Masson.
00:21 Je le montre à la caméra, ceux qui nous regardent sur Europe 1.fr, "La fabrique de l'enfant transgenre" s'est parue aux éditions de l'Observatoire.
00:28 Ce livre vous a valu beaucoup d'ennuis avec la communauté trans, Caroline Eliachef, on va en parler.
00:33 Vous avez aussi accompagné le groupe de travail sénatorial qui a précédé la rédaction de ce texte, porté par une sénatrice, Les Républicains.
00:41 Texte qui prévoit l'interdiction des traitements hormonaux avant la majorité, sauf cas exceptionnels,
00:47 et le contrôle strict des prescriptions de bloqueurs de puberté.
00:51 Je prends le temps de dire les choses lentement, parce que pour beaucoup d'auditeurs, je pense que ce sont des choses nouvelles, qu'ils ne connaissent pas forcément.
00:57 On est un peu sur un sujet de niche, un sujet de pointe.
01:00 Peut-être pour commencer, c'est quoi les bloqueurs de puberté, Caroline Eliachef ? On n'est pas très familier de ces protocoles.
01:06 - Bien sûr, alors les bloqueurs de puberté, ce sont des hormones de synthèse qui bloquent la puberté.
01:12 C'est-à-dire qu'elles bloquent l'apparition des caractères sexuels secondaires, qui sont évidemment différents chez les garçons et chez les filles.
01:21 Alors quand sont-ils utilisés ? Ils sont utilisés depuis de très nombreuses années,
01:26 dans un cas particulier qui est une pathologie, c'est les pubertés précoces.
01:31 Qu'est-ce que c'est qu'une puberté précoce ?
01:33 C'est généralement, ce sont les filles, majoritairement, qui entre 6 et 9 ans déclenchent une puberté.
01:42 Vous voyez bien que c'est une pathologie.
01:44 - Oui, parce que ça bloque la croissance en fait. Quand la puberté arrive, la croissance ralentit, voire s'arrête.
01:48 - Bien sûr, et donc dans ces cas pathologiques, il est tout à fait normal de donner des bloqueurs de puberté
01:55 pour permettre à ces petites filles d'atteindre un âge, 10-11 ans, où la puberté normale va se développer.
02:02 Alors les bloqueurs de puberté, pour les mineurs, alors il y a d'autres indications,
02:07 pour les adultes, il y a par exemple l'endométriose, certains cancers, etc. Donc je ne parle pas des adultes.
02:13 Maintenant, quand on parle des jeunes qui prétendent qu'ils voudraient changer de sexe,
02:20 les bloqueurs de puberté sont donc donnés à des enfants parfaitement sains physiquement.
02:25 Donc ce n'est pas du tout le même contexte.
02:29 Et donc, ça permet pendant un an ou deux, on va dire, d'attendre. C'est-à-dire, c'est ce qui est "vendu".
02:36 Pourquoi on dit bloqueur de puberté ? On dit "on met sur pause", comme si les enfants étaient des ordinateurs.
02:41 On met sur pause, on attend.
02:43 - L'apparition des caractères sexuels qu'on dit secondaires, c'est-à-dire la poitrine, la voix, la pilosité, etc.
02:48 - La taille. Et donc, voilà, on dit "on met sur pause", on attend, et ça leur permettrait de savoir ce qu'ils veulent faire, etc.
02:57 En réalité, on dit également que c'est totalement réversible.
03:02 Alors qu'est-ce qu'il y a ? Évidemment, il y a des choses qui sont réversibles.
03:05 C'est-à-dire, quand le traitement s'arrête, la puberté reprend.
03:08 Mais pendant un an, deux ans, trois ans, voire quatre ans,
03:12 un jeune parfaitement sain, un garçon ou une fille, ne grandit pas.
03:17 Et ne grandit pas à aucun point de vue.
03:21 Et en particulier, psychiquement. Il reste un enfant.
03:26 À une période où grandir, c'est assez formidable, quand même.
03:30 La période de la puberté, grandir, ça veut dire des choses absolument extraordinaires, qui sont donc empêchées.
03:36 - Et vous considérez que l'initiative des sénateurs les Républicains,
03:40 qui n'est pas adoptée dans le marbre de la loi, c'est une proposition de loi adoptée au Sénat,
03:44 on ne sait pas ce que le texte va devenir à l'Assemblée, on ne sait même pas s'il sera examiné d'ailleurs,
03:47 mais vous considérez que c'est une mesure de bon sens, de limiter ces traitements pour ce qui concerne les mineurs ?
03:54 - C'est une mesure de prévention.
03:56 C'est une mesure de prudence. Pourquoi ?
04:01 Parce que depuis le nombre d'années où ces bloqueurs de puberté sont utilisés dans l'indication que nous venons de voir,
04:08 ils n'ont pas fait leur preuve.
04:10 - Il faut le dire, un peu hors protocole, parce qu'il n'y a pas d'autorisation de mise sur le marché de ces bloqueurs de puberté,
04:15 pour les cas précisément de troubles de l'identité du genre.
04:18 - Absolument. Vous êtes très bien de le remarquer, il n'y a pas d'autorisation de mise sur le marché dans cette indication.
04:24 - Et pourtant c'est toléré.
04:26 - C'est toléré, mais ça peut être toléré.
04:30 Et donc les promesses de ce traitement n'ont pas été tenues.
04:36 Et donc un certain nombre de pays, la Finlande, la Suède et plus récemment l'Angleterre,
04:43 ont diminué drastiquement les indications.
04:47 Mais ils ne sont pas passés par la loi.
04:50 - Ils sont passés par qui ? Par quoi alors ?
04:53 - Alors justement, c'est la grande différence entre ce qui se passe en France et ce qui s'est passé dans ces pays.
04:58 Ce sont les médecins qui travaillaient dans ces services et qui donc voyaient ces enfants, qui ont alerté.
05:04 Non seulement ils ont alerté...
05:05 - Donc les prescripteurs ?
05:06 - Les prescripteurs eux-mêmes ont alerté et ont produit des études montrant que les promesses n'étaient pas tenues.
05:14 - Et pourquoi c'est moins bien que ce soit le législateur en France qui fasse ça plutôt que les médecins ?
05:18 - Ça serait beaucoup mieux que ce soit les médecins, bien entendu.
05:21 C'est parce que les médecins français n'ont rien fait et ne modifient pas leurs prescriptions
05:28 qu'il y a eu cette proposition de loi qui effectivement pour le moment n'a été votée qu'au Sénat, mais c'est un premier pas.
05:36 - Alors, il y a eu une très vive opposition de la gauche au moment de l'adoption du texte au Sénat.
05:42 L'exécutif a un peu flotté pour finalement dire qu'il désapprouvait cette initiative législative.
05:49 Est-ce que le fait que ça passe au Sénat, ça politise finalement ce thème-là ?
05:52 Et c'est ce que vous déplorez Caroline Eliachef ?
05:55 Parce que vous avez été victime vous de cette politisation du sujet.
05:58 - Oui, alors je vais vous dire, moi j'ai été élevée dans une famille où on disait "on ne se plaint jamais".
06:03 Et donc je ne me plains pas, ça c'est une première chose.
06:06 Ensuite, l'opposition. Oui, elle existe, elle a été importante au Sénat, on ne peut quand même que le remarquer.
06:15 Je pense qu'il y a des visions différentes de la protection de l'enfant.
06:21 On peut penser différemment de ce qu'est la protection de l'enfant.
06:27 Nous pensons qu'interdire aux jeunes de prendre des décisions trop rapides,
06:35 ça leur donne plus de liberté. Ils auront la liberté de choisir.
06:40 - Mais à quoi ceux qui pensent que c'est une mauvaise idée d'interdire ces bloqueurs de puberté aux mineurs disent
06:46 "oui mais regardez, vous avez des enfants qui sont dans des situations de dépression très lourdes, avec des tentatives de suicide,
06:51 les bloqueurs de puberté limiteraient ces pathologies-là, Caroline Eliachef."
06:56 - Je vous livre les arguments. - Oui, absolument, vous avez raison.
07:01 D'abord, la population des personnes dites trans a changé.
07:08 On a aujourd'hui 80% de filles, et à 80% ces jeunes filles souffrent de pathologies psychiatriques avérées
07:17 précédant le problème qu'elles exposent. Et donc, que soigne-t-on ?
07:23 - Ça c'est une première chose. Ensuite, est-ce que la liberté c'est de faire ce qu'on veut quand on veut ?
07:30 - Ce sont des bonnes questions. On parle de combien d'enfants, à peu près ? Vous avez une idée, Caroline Eliachef ?
07:37 - Personnellement, je n'ai pas d'idée, parce qu'il n'y a pas de chiffre national.
07:41 - En dizaines, centaines, milliers, à peu près ?
07:43 - L'augmentation des demandes est vue absolument partout, l'augmentation du nombre des centres qui accueillent ces enfants existe également,
07:53 mais il s'agit quand même de très peu de monde. Et il y a un contraste, si vous voulez,
07:58 entre le nombre d'enfants réellement qui entreprennent ces traitements,
08:02 et le fait que tous les enfants dans toutes les classes de France connaissent le sujet en parlant entre eux,
08:10 dans toutes les familles on en entend parler. Donc voilà, il y a vraiment un contraste entre les deux.
08:16 - Merci Caroline Eliachef de vos lumières sur ces questions de transidentité, transidentification comme vous disent,
08:22 et pour ceux qui veulent aller plus loin, je renvoie à la lecture de votre livre avec Céline Masson,
08:25 "La fabrique de l'enfant transgenre", paru aux éditions de l'Observatoire.
08:29 Merci d'être venue ce matin, nous voir sur Romain, bonne journée. - Merci à vous.

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