• il y a 6 mois
Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place Publique pour les élections européennes, répond aux questions de deux primo-votantes sélectionnées par France Inter : Melika de Drancy (93), 19 ans, étudiante en double licence de sciences politiques et d'histoire et Julie de Strasbourg (67), lycéenne. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-03-juin-2024-6233242

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00:00 France Inter, la radio des européennes, Nicolas Demorand.
00:05 Et c'est la suite de cette matinale grand format, nous sommes depuis 8h20 en compagnie
00:10 de la tête de liste PS Place Publique, Raphaël Glucksmann, et heureux maintenant d'accueillir
00:17 dans ce studio deux jeunes citoyennes qui vont voter pour la première fois aux européennes
00:21 le 9 juin prochain, Julie et Mélika, bonjour !
00:26 Bonjour !
00:27 Soyez les bienvenues au micro d'Inter, Julie vous avez 18 ans, vous êtes en classe de
00:32 terminale à Strasbourg et on me dit là dans le casque et dans l'oreille que vous venez
00:37 d'être reçue à Sciences Po Paris ?
00:39 Oui c'est ça !
00:40 Et bien félicitations à vous ! Mélika, vous avez 19 ans, vous êtes étudiante en double
00:45 licence Sciences Politiques et Histoire, vous vivez à Drancy en Seine-Saint-Denis.
00:51 Alors, je donne toujours un chiffre avant de commencer le dialogue que vous allez avoir
00:58 tout de suite avec Raphaël Glucksmann, un chiffre, un sondage, celui-ci c'est un sondage
01:05 Ipsos pour Brut que vous connaissez j'imagine la plateforme, Brut, site internet, Instagram,
01:14 page Instagram.
01:15 Ipsos pour Brut et nos amis de France Info, près de 60% des moins de 30 ans se disent
01:22 potentiellement abstentionnistes, potentiellement abstentionnistes.
01:27 C'est un sondage, on verra ce qu'il en est dans les urnes dimanche.
01:32 Mais pour vous, question rituelle là encore, Julie et Mélika, c'est fait, vous êtes sûre
01:37 et certaine d'aller voter Mélika ?
01:39 Oui, pour moi c'est sûr !
01:40 Vous avez fait votre choix ?
01:41 Oui !
01:42 On peut savoir ?
01:43 C'est pour la gauche !
01:44 Ah, il y a du monde !
01:46 Il y a du monde à gauche !
01:48 Est-ce que vous voulez être plus précise ou respecter le secret des urnes ?
01:54 Je vais préférer respecter la secrétation.
01:57 Écoutez, vous avez évidemment le droit.
01:59 Julie, vous allez aller voter, c'est sûr et certain ?
02:02 C'est sûr et certain, j'ai aussi déjà fait mon choix, mais je respecte aussi le
02:06 secret.
02:07 Le silence et le secret des urnes.
02:08 Comment vous avez fait pour faire votre choix d'ailleurs ? Vous vous êtes informée comment
02:14 ? Vous avez lu les programmes ? Regardé les émissions de télé ? Écouté les émissions
02:20 de radio ? On ne va pas s'oublier quand même au passage ? Comment vous avez fait Mélika ?
02:25 Pour ma part, c'est ça.
02:27 C'est donc analyser les programmes, les étudier, suivre les actualités.
02:33 Et ça fait déjà plusieurs années que je m'intéresse un peu à la politique, à tout
02:39 ça, et donc en discutant aussi avec mes amis, avec mon entourage, en suivant l'actualité,
02:46 en comparant les programmes, on s'en rend compte.
02:48 Donc l'idée que les jeunes ne s'intéressent pas à la politique, ça ne marche pas pour
02:53 vous.
02:54 Vous vous intéressez à la politique depuis longtemps ?
02:55 C'est ça.
02:56 Et vous alors, dites-nous Julie, comment vous vous êtes informée ? Comment vous avez
03:02 pu faire votre choix ?
03:03 Moi, c'est vrai que j'aime bien les grands formats, type reportage ou matinale sur France
03:10 Inter, les podcasts, etc., les interviews.
03:13 Je trouve que c'est une bonne façon de s'informer et de connaître les candidats.
03:18 J'ai aussi lu une partie des programmes.
03:20 C'est vrai qu'en période d'examen, c'est un peu compliqué, les échéances sont difficiles
03:25 pour les étudiants.
03:26 Et quand on vit à Strasbourg, c'est plus simple de voter aux européennes et de savoir
03:32 ce qu'il en retourne ?
03:33 Alors, pas forcément.
03:35 D'ailleurs, ça fait partie d'une de mes questions.
03:37 C'est vrai que c'est juste dans la ligne du tram E, c'est le Parlement européen,
03:42 donc on a peut-être une proximité géographique qui permet un rapprochement de l'Union.
03:47 C'est votre première question, allez-y Julie.
03:50 Oui, justement, je suis élue au Conseil académique de Strasbourg.
03:55 Et avec cette institution, j'ai eu l'occasion de faire un déplacement à Bruxelles aussi.
03:59 Et on a constaté qu'il y avait un manquement du sentiment européen et à Strasbourg et
04:03 à Bruxelles, même si ce sont deux villes où il y a les institutions européennes.
04:07 Et j'aimerais savoir, selon vous, comment est-ce qu'on pourrait rendre la jeunesse
04:11 plus européenne qu'elle ne l'est aujourd'hui ?
04:13 Raphaël Glucksmann.
04:14 Bonjour, déjà, c'est une immense question et c'est un peu le sens que j'ai essayé
04:20 de donner à mon mandat.
04:21 Moi, j'ai essayé d'impliquer des centaines de milliers de jeunes à chacun des combats
04:28 que je menais au Parlement européen.
04:30 Et franchement, sans la mobilisation des centaines de milliers de jeunes françaises et français,
04:34 et bien jamais, par exemple, le mur de silence qui entourait la déportation des Ouïghours
04:40 n'aurait été brisé.
04:41 Jamais Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, ne serait venue devant le
04:46 Parlement européen pour dire qu'il y aurait un instrument de bannissement des produits
04:51 de l'esclavage.
04:52 Jamais la question de la fast fashion n'aurait été posée au cœur du débat public européen.
04:58 Et donc, moi, j'ai essayé de structurer mon mandat autour de ces mobilisations dans
05:02 la société civile pour ensuite donner un débouché législatif à ces indignations,
05:06 à ces colères et à ces demandes.
05:09 Et donc, je crois qu'il faut faire beaucoup plus cela, montrer que finalement, on peut
05:14 agir quand on est jeune sur les institutions.
05:18 Et je pense sincèrement que moi, mon mandat aurait été totalement différent et bien
05:23 moins productif si je n'avais pas pu compter sur toute cette mobilisation.
05:27 Vraiment, la mobilisation sur les grandes marques qui bénéficient de la réduction
05:31 en esclavage des Ouïghours sur leur chaîne de production, ça a donné des résultats
05:34 législatifs concrets.
05:36 Et je pense que ce qu'il faut faire, c'est montrer que les institutions européennes
05:39 sont ouvertes à l'investissement politique, civique des jeunes.
05:43 Que finalement, vous avez du pouvoir et que vous pouvez arriver à faire changer les choses
05:49 au sein des institutions européennes.
05:51 Et jusqu'ici, les institutions européennes fonctionnent beaucoup trop dans une bulle.
05:54 Elles sont coupées même de la ville dans laquelle elles sont.
05:57 Et en fait, physiquement, on le sent.
05:59 C'est-à-dire qu'il y a le quartier européen à Bruxelles et derrière, il y a la ville.
06:04 Mais il n'y a pas de lien.
06:05 Et donc, il faut qu'on ait des institutions qui soient beaucoup plus ancrées.
06:09 Il faut démocratiser la démocratie européenne.
06:11 - Mélika, votre première question ?
06:13 - Alors moi, je voulais vous demander comment est-ce que vous souhaitez lutter contre la
06:17 précarité chez les jeunes ?
06:19 Et quelle mesure concrète est-ce que vous proposez pour nous assurer un accès stable
06:24 à l'emploi et au logement ?
06:25 Est-ce que l'Europe, elle peut être une solution pour la crise du logement ?
06:30 - Raphaël Glucksmann ?
06:32 - On a eu, ne serait-ce qu'il y a encore trois jours, on avait une grande réunion des dirigeants
06:37 sociodémocrates à l'échelle européenne et moi ce que j'ai porté, et c'est ce qu'on va faire,
06:41 c'est que la question du logement soit posée au tout début de la mandature.
06:46 Ce qu'on veut porter, c'est un grand plan Marshall sur la construction de logements
06:50 sociaux et abordables.
06:52 Parce qu'en fait, cette crise du logement, cette explosion des loyers, cette précarisation
06:57 de la jeunesse, elle se retrouve en France, mais en fait, elle se retrouve partout en Europe.
07:01 Le même phénomène, le même problème de cette incapacité à pouvoir se loger.
07:06 Et donc ce qu'on veut faire, c'est un plan Marshall sur la construction des logements sociaux
07:10 et ensuite un plan sur l'allocation d'autonomie jeunesse qui permettra aux jeunes justement
07:16 d'avoir accès en priorité à ces logements.
07:19 Et je crois que c'est vraiment, à mon avis, si on veut rendre l'Europe proche des gens,
07:25 c'est typiquement ce thème-là qu'on doit prendre en charge.
07:28 Parce qu'en plus, ce n'est pas un sujet français, c'est vraiment un sujet qui se retrouve dans
07:32 toutes les jeunesses européennes.
07:33 Et ça, c'est essentiel.
07:35 Mais sinon, on a d'autres mesures, par exemple l'obligation de la rémunération des stages
07:39 ou des mesures qui sont liées à Erasmus, qui aujourd'hui fonctionnent très bien Erasmus,
07:44 mais c'est vraiment une petite minorité des jeunes qui a accès à Erasmus.
07:47 Sa généralisation, le fait que tous les jeunes de tous les quartiers doivent pouvoir avoir
07:52 une expérience européenne, sinon finalement l'Europe restera quelque chose de fondamentalement
07:56 abstraite.
07:57 Deuxième question, Julie, on y va et Raphaël Glucksmann en accélère.
08:02 Julie.
08:03 J'ai compris.
08:04 Vous avez fondé l'idée de la clause de l'européenne la plus favorisée, grossièrement que toutes
08:08 les européennes bénéficient de la législation la plus progressiste en matière de droit
08:12 des femmes.
08:13 Mais comment est-ce qu'on peut gagner ce combat dans une Europe qui devient de plus
08:16 en plus conservatrice ?
08:17 Eh bien, on a acté une chose.
08:20 Au premier jour de la négociation de l'agenda législatif des cinq prochaines années, notre
08:25 groupe posera la clause de l'européenne la plus favorisée.
08:28 Et c'est quoi la clause de l'européenne la plus favorisée ? La clause de l'européenne
08:32 la plus favorisée, c'est un projet porté, écrit, inventé, défendu par Gisèle Halimi
08:39 qui dit une chose simple.
08:40 Chaque européenne doit avoir accès à la législation en Europe qui existe, donc c'est
08:45 pas utopique, qui existe, qui est la plus favorable à l'illégalité entre les femmes
08:49 et les hommes.
08:50 Ça veut dire que chaque européenne doit pouvoir avoir accès à la politique espagnole
08:55 de lutte contre les violences faites aux femmes.
08:56 Chaque femme européenne doit pouvoir avoir accès à la politique scandinave de lutte
09:02 contre les inégalités salariales.
09:04 À travail égal, salaire égal.
09:06 Chaque femme européenne doit pouvoir avoir accès, comme les femmes françaises, au droit
09:12 à la contraception et à l'avortement.
09:14 Et ça, c'est l'harmonisation par le haut, c'est l'Europe qu'on veut construire.
09:18 Et moi, je vais vous le dire, moi je ne me sentirai jamais libre tant que l'égalité
09:23 réelle ne sera pas actée.
09:25 - Mélika, encore une question.
09:27 - Alors moi, je vais revenir sur une question qui vous a déjà été posée ce matin, concernant
09:32 la situation au Proche-Orient.
09:33 Vous êtes aujourd'hui pour un cessez-le-feu, mais pourquoi alors tu votes au Parlement
09:37 européen du 19 octobre 2023, alors que la Palestine est sous les bombes et qu'il y
09:42 a déjà 2800 morts palestiniens, dont 750 enfants ? Vous avez voté contre la reconnaissance
09:47 des crimes israéliens et tu massacres en cours.
09:50 - Non, et bien ça, je vous promets, ça c'est une fake news qui a été diffusée.
09:54 - Vous avez voté contre le cessez-le-feu, c'est un cessez-le-feu.
09:58 Je sais que vous êtes pour un cessez-le-feu.
10:00 - Non, mais j'étais déjà pour un cessez-le-feu à ce moment-là.
10:02 Mais moi, j'ai voté contre un amendement, je vais vous le dire, c'était déposé le
10:05 14 octobre, et je sais, parce qu'ensuite, ça a été trafiqué sur les réseaux sociaux,
10:09 le 14 octobre, c'est-à-dire une semaine après les attentats terroristes du 7 octobre, qui
10:17 dans cet amendement prenait la suspension de l'accord d'association avec Israël.
10:21 C'est impossible pour moi.
10:24 Cet amendement a été déposé par deux personnes, Claire Dely et Mikolas, qui sont des soutiens
10:28 affichés de Bachar el-Assad.
10:30 Et tout ça s'est effacé quand c'est diffusé sur les réseaux sociaux.
10:33 Pour moi, c'est impossible de voter pour un amendement une semaine après le pire pogrom
10:39 de l'histoire d'Israël, où la conséquence, c'est la suspension et la sanction d'Israël
10:46 à ce moment-là.
10:47 On parle du 14 octobre.
10:48 Et donc, moi, c'est ce que je vous dis, c'est très simple.
10:51 Depuis le début, j'ai été extrêmement clair sur la condamnation du 7 octobre.
10:55 J'ai été extrêmement clair sur la nécessité du cessez-le-feu.
10:58 J'ai été extrêmement clair sur les pressions qui doivent être exercées sur M. Netanyahou,
11:04 sur son gouvernement d'extrême droite.
11:06 Extrêmement clair sur le fait que c'est même moi qui l'ai introduit dans notre groupe,
11:11 sur la nécessité de sanctionner les colons qui minent la perspective même d'un État
11:16 palestinien en étendant à l'infini les colonies en Cisjordanie.
11:18 Et extrêmement clair sur la nécessité de la reconnaissance de l'État palestinien.
11:22 Donc, en fait, toute cette propagande qui a entouré la question sur mes votes, ça
11:27 a été une propagande abjecte.
11:28 Je vais vous dire pourquoi.
11:29 Ils effacent même le contenu des amendements quand ils font leur visuel sur Instagram.
11:33 Ils effacent les dates des amendements.
11:36 Et ensuite, on a une perception généralisée qui est générée par du mensonge.
11:42 Et moi, j'aimerais qu'on sorte de ces mensonges.
11:44 On peut très bien ne pas être d'accord sur l'utilisation de tel ou tel terme, mais
11:48 qu'on assume de discuter et de dialoguer dans la vérité.
11:50 Merci infiniment à toutes les deux, Julie et Mélika, d'avoir joué le jeu du débat
11:55 avec notre invité Raphaël Glucksmann.
11:57 Il nous reste une poignée de secondes pour notre Euroquiz.
12:02 Question courte, réponse courte.
12:05 Comme vous l'avez vu, je ne suis pas très fort pour faire de réponse courte.
12:08 Oui, voilà, mais il va falloir y aller.
12:10 Date cruciale de l'histoire européenne ?
12:12 Date cruciale de l'histoire européenne ?
12:15 1989, la chute du mur.
12:20 La chute du mur.
12:21 Le plus grand écrivain européen et non français ?
12:24 Malheureusement, il a été exclu de l'Union européenne, mais ça reste le plus grand
12:33 écrivain européen, c'est Shakespeare.
12:35 Un monument qui symbolise l'Europe ?
12:37 Les places publiques.
12:40 Vous savez, vous pouvez vous balader partout en Europe, depuis Riga jusqu'à Lisbonne.
12:46 Ce qui façonne les villes européennes, c'est la place publique.
12:51 C'est cette organisation de la ville autour de la place publique.
12:54 Ça remonte à l'humanisme civique de la Renaissance, à l'Antiquité, et ça dénote
12:59 un rapport très spécifique au civisme, à la citoyenneté.
13:03 Ce qui vous permet de nommer votre parti politique aussi.
13:06 C'est pour ça qu'on l'a nommé comme ça.
13:07 Une figure européenne.
13:08 Ça distingue par exemple les villes européennes des villes américaines qui ne sont pas du
13:11 tout organisées de la même manière.
13:12 Une figure européenne à mettre sur une pièce de monnaie ?
13:15 Je dirais Sophie Scholl, qui est le réseau de la Rose Blanche en Allemagne.
13:29 Une étudiante qui a osé tenir tête au régime nazi et qui a été pour cela, évidemment,
13:37 tuée.
13:38 - NICOLAS ROCHEFORT - Merci Raphaël Kuczman d'avoir été à notre micro ce matin.
13:42 Prochaine matinale spéciale européenne demain avec Valérie Ayé, la tête de liste Renaissance.

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