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Thierry Thuillier, le directeur de l’information du groupe TF1, donne des précisions sur l’interview présidentielle qui aura lieu en direct de Caen, à l’occasion des 80 ans du débarquement en Normandie

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Transcription
00:00 Votre invité média, Céline Baydercourt, est donc le directeur de l'information du groupe TF1.
00:04 Il a décroché avec France 2 une interview d'Emmanuel Macron.
00:07 Jeudi prochain, le président de la République sera en direct de Caen
00:10 à l'occasion des 80 ans du débarquement en Normandie.
00:13 Bonjour Thierry Tuilier.
00:14 Bonjour Céline.
00:15 Ce sera 20h15 pour évoquer l'actualité internationale,
00:17 comme les guerres en Ukraine et au Proche-Orient.
00:19 Emmanuel Macron sera-t-il aussi interrogé sur les élections européennes ?
00:23 Nous serons à trois jours du scrutin.
00:25 Forcément.
00:26 La question est de savoir évidemment si ça va durer beaucoup de temps, moins de temps,
00:31 parce que la question du temps de parole des listes concurrentes de celles de la majorité
00:36 va être posée forcément.
00:38 Et donc on pense que ça va occuper un temps limité de l'interview,
00:43 mais il y aura quand même des questions sur cette actualité politique.
00:47 Il faudra rééquilibrer le temps de parole avec les autres partis, il ne vous restera que 24h.
00:50 Le groupe TF1, comme toujours, et je pense que d'autres médias le feront aussi,
00:55 respectera cet équilibre de temps de parole.
00:58 C'est une obligation de l'Arkhom.
01:00 L'Arkhom va d'ailleurs sans doute comptabiliser ce temps de parole du président de la République,
01:04 qui n'est pas régalé.
01:05 Et nous devrons, nous, derrière, aux 13h et aux 20h,
01:08 on pense que c'est tout à fait possible d'équilibrer ce temps de parole.
01:10 Au moment où on se parle, à TF1 comme à LCI, vous êtes dans les clous au niveau du temps de parole ?
01:14 Tout à fait dans les clous.
01:15 Comment s'est monté cette interview d'Emmanuel Macron ?
01:17 Écoutez, nous avons eu un échange avec l'Elysée,
01:20 j'imagine que nos confrères de France de l'Ontario ont eu le même,
01:22 fin de la semaine dernière, donc au vendredi,
01:25 et ça s'est confirmé dans le cours du week-end.
01:28 Alors il y a une actualité, incontestablement,
01:30 notamment internationale, vous avez évoqué l'Ukraine ou Gaza,
01:33 et donc c'est vrai que c'est ce qui a déclenché,
01:35 avec la journée de commémoration, cette interview.
01:38 Mais il est évident qu'il y aurait plein de commentaires, on les voit,
01:41 et de débats autour de cette prise de parole à quelques jours de l'élection présidentielle,
01:46 pas tout à fait, mais européenne.
01:48 Et c'est l'Elysée qui impose le fait que France 2 soit là aussi ?
01:51 En tout cas c'est un choix voulu par l'Elysée, certainement,
01:54 et puis sans doute qu'il y avait eu la même démarche côté du service public,
01:59 et donc vous savez que c'est une tradition,
02:01 alors est-ce qu'il faut la remettre en cause ?
02:03 Est-ce que c'est une entorse à la règle de l'équilibre des temps de parole ?
02:07 Mais toujours est-il qu'un président de la République,
02:09 en général, quand il s'exprime en interview,
02:11 dans un cadre de 20 heures, est codiffusé.
02:14 C'est la différence avec le débat à Thal Bardella, par exemple.
02:17 Ah tiens, c'est un petit tac, vous auriez aimé l'avoir, ce débat.
02:20 Nous avons refusé la codiffe.
02:22 Oui, mais vous auriez aimé l'avoir tout seul.
02:24 Pourquoi pas, mais à partir du moment où on refuse la codiffe,
02:27 et que le choix du Premier ministre est d'aller sur France 2...
02:29 Mais pour quelle raison ?
02:30 Parce que nous considérons, ce que je viens de vous dire,
02:33 c'est que cette forme-là d'interview est réservée généralement,
02:39 notamment dans l'entre-deux-tours de la présidentielle,
02:42 entre deux candidats, ou du président de la République.
02:44 Il y a une autre interview qui a fait beaucoup de bruit,
02:46 c'est celle de Benjamin Netanyahou, qui a été diffusée sur LCI la semaine dernière.
02:49 Ça vous a valu une manifestation à l'appel de la France Insoumise,
02:52 devant les locaux TF1, 2500 personnes qui trouvaient indigne
02:55 de donner la parole au Premier ministre israélien.
02:57 Vous n'avez pas hésité une seconde ?
02:59 Pas une seconde. On assume totalement ce choix.
03:02 Alors pourquoi ?
03:03 Parce que, tout d'abord, et permettez-moi rapidement de rappeler ce qu'est être journaliste.
03:07 Et journaliste, c'est tout simplement poser des questions contradictoires
03:11 pour obtenir des informations.
03:13 Et il se trouve que Darius Rochebin, qui est un excellent intervieweur,
03:16 a fait ce travail parfaitement.
03:18 Parce qu'obtenir ces informations d'un chef de gouvernement,
03:22 d'un État démocratique, finalement,
03:24 c'est l'usage classique d'une interview, quelle qu'elle soit.
03:29 Et en effet, contester le fait qu'on puisse interviewer
03:34 ce qui serait aujourd'hui un homme de gouvernement condamné,
03:39 mais qu'il n'est pas condamné.
03:41 Il y a un mandat d'arrêt qui a été demandé par le procureur.
03:44 Les juges vont s'en saisir, vont enquêter,
03:47 et vont peut-être délivrer un mandat d'arrêt.
03:49 Donc, nous étions parfaitement légitimes à poser toutes les questions contradictoires.
03:53 Mais s'il y avait eu un mandat d'arrêt Thierry Tuilié,
03:55 est-ce que vous auriez interviewé Benjamin Netanyahou ?
03:57 La question aurait pu se poser.
03:59 Mais, en même temps, nous préférons, au sein du groupe TF1,
04:03 la contradiction des idées plutôt que la censure.
04:07 Censurer, c'est empêcher finalement le public français de se forger une opinion.
04:11 Or, c'est bien le rôle des journalistes.
04:13 Il ne faut pas confondre les journalistes avec des hommes ou des femmes politiques
04:16 ou avec des juges. Nous sommes des journalistes.
04:18 Avez-vous le projet de faire la même chose avec l'autre protagoniste du conflit,
04:21 à savoir un dirigeant du Hamas ?
04:23 Alors, la question s'est posée, et nous l'avons écartée à ce stade.
04:26 Ça ne veut pas dire qu'on n'entend pas le Hamas.
04:28 Mais le Hamas est une organisation terroriste. Ce n'est pas un État.
04:31 En revanche, donner la parole à l'autorité palestinienne,
04:34 oui, ça, ça nous intéresse.
04:36 Je voulais quand même revenir sur les manifestations.
04:38 Parce qu'il est tout à fait logique, j'allais dire, d'être critiqué.
04:41 C'est finalement le cours des choses.
04:43 En revanche, là, on est allé un peu plus loin.
04:45 Il y a eu des appels au sabotage de la part d'un certain mouvement politique,
04:49 des collaborateurs du groupe TF1, pour empêcher cette interview,
04:53 voire des appels au boycott.
04:55 Alors, sans effet, heureusement.
04:57 Mais là, on est dans une forme d'intimidation.
04:59 Et donc, ce que je vais vous dire aujourd'hui, c'est que quoi qu'il arrive,
05:02 on continuera à faire notre boulot, on est très sereins,
05:04 et on continuera à faire notre job.
05:06 Et cette interview de Benyamin Netanyahou, pourquoi l'avez-vous diffusée sur LCI et pas sur TF1 ?
05:10 Parce que c'était, dès le départ, le deal, si j'ose dire.
05:13 Vous voyez, c'est Darius Rogement qui a fait l'interview,
05:15 donc il travaille plutôt sur LCI.
05:17 Et nous avions décidé de reprendre des extraits,
05:20 uniquement des extraits dans le cadre du journal Le 20h.
05:23 Comme on fait par ailleurs.
05:24 Alors, Darius, vous l'avez cité, il va passer en semaine maintenant sur LCI.
05:27 Vous n'envisagez pas de le mettre au 20h de TF1 ?
05:30 Je n'ai pas du tout envie de dire Gilles Boulot,
05:32 mais peut-être que lui a une lassitude, je n'en sais rien.
05:34 Gilles va apprécier.
05:35 Non, Gilles Boulot, il fait très bien le job.
05:37 Et vous savez, présenter un journal Le 20h,
05:39 c'est très différent de mener un talk ou une interview,
05:43 vous le savez ici.
05:44 Et donc, Gilles, on a des performances extraordinaires de nos journaux,
05:47 que ce soit le week-end, le 13h ou le 20h.
05:49 Donc pourquoi changer quelque chose qui marche ?
05:51 Et Darius est très heureux là où il est.
05:53 Pourquoi changer ? Peut-être parce qu'il l'a demandé.
05:55 Donc ce n'est pas le cas.
05:56 Ah, pas du tout.
05:57 Pas de changement d'incarnation des 13h et 20h à la rentrée.
05:59 Non, aucun changement.
06:01 Nos journaux n'ont jamais autant marché, fonctionné.
06:05 Encore hier, je regardais les audiences,
06:07 on a plus de 2 millions d'écarts avec notre principal concurrent.
06:10 L'audience de nos rendez-vous politiques est au sommet.
06:14 Donc pourquoi changer en effet ?
06:16 Surtout que Darius, encore une fois, est tout à fait satisfait de sa situation,
06:20 notamment par rapport à l'année prochaine.
06:22 En deux secondes, Thierry Tuilier, la matinale avec Bruce Toussaint
06:25 qui ne décolle pas vraiment, on est quoi, à 280 000 téléspectateurs ?
06:28 Vous faites la moue !
06:29 À partir de quand vous vous inquiétez ?
06:31 On ne s'inquiète pas du tout.
06:32 On est même très optimiste.
06:33 Puisque, comme vous l'avez peut-être vu la semaine dernière,
06:36 on est quasiment à 10% de part de marché.
06:38 Ce qui est très bien, c'est une progression.
06:40 Il y a une dynamique qu'on va entretenir.
06:42 Vous le verrez bientôt à la rentrée avec un certain nombre de reforts,
06:45 notamment de la matinale.
06:47 Mais pas que la matinale, il y a aussi des innovations en cours pour les journaux.
06:50 On en reparlera à la rentrée.
06:51 Merci d'être venu Thierry Tuilier.
06:52 Merci à vous et merci Céline Baillet d'Air Court.

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