Marc Bruschet, président de la branche concessionnaire de Mobilians, répond aux questions de Victor Pourcher. Alors que les ventes de voitures neuves sont en baisse, les concessionnaires attendent toujours le remboursement des aides de l'État dans le cadre du leasing social pour les voitures électriques.
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00:00 - C'est une première depuis deux ans et ce n'est pas forcément une bonne nouvelle pour les acteurs de l'automobile.
00:07 Le marché du neuf recule -2,9% le mois dernier par rapport à mai 2023.
00:15 Alors les voitures neuves n'ont-elles plus la cote ?
00:18 Alors aussi accidents de parcours ou tendance inquiétante ?
00:21 - Eh bien, on vous en parle avec votre invité Victor Pourchet.
00:23 Il s'agit de Marc Bruchet, président de la branche concessionnaire de l'organisation patronale Mobilianz.
00:28 - Bonjour Marc Bruchet. - Bonjour.
00:31 - Je précise que vous êtes aussi à la tête d'un réseau de concessionnaires auto dans le sud-est de la France.
00:36 Cette baisse après deux ans de bons résultats, est-ce que c'est une surprise ?
00:43 - Alors d'abord, ce n'est absolument pas une surprise.
00:46 Et vous avez dit après deux ans de bons résultats, ça c'est un peu faux parce que la baisse de référence était très faible.
00:52 Bon alors premièrement, ce n'est pas une surprise et deuxièmement, c'est inquiétant.
00:56 Alors ce n'est pas une surprise parce que le marché 2024, il était anticipable à une valeur pivot qui se situe à 1,8 million d'unités.
01:06 Ce qui veut dire simplement que le marché français va connaître en 2024 sa cinquième année consécutive de crise,
01:15 ce qui ne s'était jamais vu depuis que les statistiques existent sur le marché français du véhicule neuf.
01:20 - Alors si elle était attendue, si on pouvait l'anticiper, pour quelle raison ?
01:25 - Alors pour quelle raison ? C'est très simple. Vous prenez le marché des commandes en 2023, il s'est situé à 1,637,000.
01:36 Pour un marché IMAT, à 1,772,000. Mais 1,637,000 en commandes, c'est le plus bas niveau jamais enregistré depuis que la CEA et maintenant la PFA ont construit l'indice, c'est-à-dire en 2015.
01:52 Il reste qu'on avait un portefeuille de début d'année qui était amoindri par rapport à celui qu'on avait l'année dernière,
02:01 mais qui nous permettait de tenir à peu près les 3-4 premiers mois de l'année.
02:05 - Ce qui n'est plus le cas maintenant. Marc Bruché, je rappelle, vous êtes président de la branche concessionnaire de l'organisation patrinal Mobilianz.
02:12 Parlons de la part de l'électrique, peut-être pas forcément des bonnes nouvelles, mais elle ne chute pas dans ses résultats, elle stagne, est-ce que c'est quand même un point positif ?
02:20 - C'est une mauvaise nouvelle, s'il vous plaît. Il y a 3 choses inquiétantes, au-delà du caractère non surprenant, il y a 3 choses inquiétantes dans les IMAT de mai.
02:28 La première chose, c'est que le marché a été artificiellement gonflé, puisque vous avez eu 2 pics d'immatriculation, le 14 et le 15 mai.
02:36 Pourquoi ? Parce que le 15 mai, c'était la date butoir de livraison pour pouvoir bénéficier des bonus 2023 qui étaient plus avantageux que les bonus 2024.
02:45 14 et 15 mai, c'est 2 jours, 10% des IMAT du mois. Et surtout 30 et 31 mai, c'est-à-dire la fin du mois, 20% des IMAT du mois sur les 2 derniers jours du mois.
02:56 Et ça, c'est constant depuis le début de l'année 2024. Alors avec des différences, vous avez des constructeurs comme les marques du groupe Stellantis qui sont plutôt entre 30 et 40% des IMAT sur les 2 derniers jours du mois,
03:11 et à l'inverse, vous avez des constructeurs comme Renault ou Toyota qui sont à moins de 10%. Alors ça, c'est inquiétant, parce que vous avez vraiment un marché qui a été gousseté.
03:20 Deuxième chose inquiétante, c'est que vous avez atteint, vous dites sur le marché électrique, on a atteint un plateau qui est très décevant,
03:28 parce que vous avez quand même les ventes de véhicules électriques sur mer ont continué d'être goussétées par le leasing électrique.
03:35 Or, la part de marché de l'électrique sur le marché total des véhicules neufs en mai isolé, mai 2024, c'est 16,80%.
03:47 C'est-à-dire qu'on est sur une part de marché qui est quasiment identique à celle qui a été constatée sur l'ensemble de l'année 2023 et qui se situe à 16,80%.
03:58 Pour mémoire, sur décembre 2023 isolé, la part de marché de l'électrique est supérieure à 20%. Donc on a un vrai problème là-dessus.
04:06 Et troisième chose inquiétante, c'est qu'on a une déformation des ventes par canal de vente.
04:11 C'est-à-dire ?
04:12 C'est-à-dire que vous avez dansé -3% sur mai isolé. Bon, ça peut arriver, mais ce qui est inquiétant, c'est que vous avez une baisse de 2% des ventes à particulier,
04:24 et vous avez un décrochage de 13% des ventes à société. Les ventes à société ont commencé à reculer au T1 2024.
04:34 Oui, au premier trimestre.
04:35 On était à -0,4, -0,30 sur l'ensemble du T1 2024, et là, sur mai isolé, on est à -13%.
04:44 Alors, quel est le fait que globalement, on est qu'à -2,9% ? C'est que vous avez eu un replâtrage de la performance globale par les IMATs tactiques,
04:54 c'est-à-dire les loueurs courte durée qui ont augmenté de 2,5%, les véhicules de démonstration qui ont augmenté de 9,5%,
05:03 et les IMATs directs des constructeurs qui ont augmenté de plus de 20 points.
05:06 Oui, donc on entend votre inquiétude et ce gonflement un peu artificiel des chiffres.
05:10 Vous parliez du leasing social, je voulais vous poser la question. Leasing social, on rappelle pour nos auditeurs qui ne seraient pas au fait,
05:17 c'est cette aide pour bénéficier d'une voiture électrique en leasing, une aide jusqu'à 100 euros par mois.
05:24 Sauf que ces aides-là, elles ne sont pas arrivées toutes...
05:28 C'est pas une aide jusqu'à 100 euros par mois, c'est une aide de 13 000 euros à l'achat, qui permet d'avoir un loyer qui est de l'ordre de 100 euros par mois.
05:36 100 euros par mois, exactement. Toutes ces aides, elles ne sont pas arrivées jusqu'au concessionnaire, on en est où à présent ?
05:42 Alors, à présent, on en est l'état des lieux.
05:48 Au contraire, c'est que l'ensemble des réseaux de distribution avait un gap de 320 millions d'euros.
05:57 C'est-à-dire que l'État leur devait 320 millions d'euros.
06:01 C'est énorme.
06:01 Sur les 320 millions d'euros, vous avez à peu près 50% qui sont dus à des retards de paiement sur le bonus écologique "normal",
06:13 et l'autre moitié, entre 150 et 160 millions d'euros, qui est due à des retards de paiement sur le bonus électrique, le leasing social.
06:23 Et ça vous inquiète aussi, en deux mots ?
06:25 À votre avis ?
06:26 J'imagine, j'imagine.
06:28 Bien sûr, c'est-à-dire que les trésoreries sont extrêmement tendues.
06:32 Le réseau risque, c'est une crise de trésorerie qui serait due à la défaillance de la puissance.
06:44 Ceci étant, après plusieurs réunions avec la DGEC et l'AFP, on a obtenu plusieurs choses.
06:52 D'abord, ce retard...
06:54 En deux mots, Marc Bruché, le temps nous est compté.
06:56 Ce retard est dû au fait qu'on ne pouvait plus déposer nos dossiers sur le portail de l'État qui nous permet d'être payés.
07:05 Ce sont des choses qui vont être arrangées, on arrive au bout du temps, Marc Bruché ?
07:10 C'est arrivé. C'est arrangé à partir du 30 mai, le portail a réouvert.
07:14 Donc nous avons pu déposer nos dossiers.
07:17 Pour l'instant, on est dans l'attente.
07:21 Le portail a l'air de tenir le choc.
07:23 Il y a quand même 42 000 dossiers en retard.
07:25 On suivra l'avancée.
07:27 Merci beaucoup Marc Bruché.
07:29 Je rappelle que vous êtes le président de la branche concessionnaire de l'organisation patronale Mobiliens.
07:35 Europe 1, il est 6h05.