• il y a 5 mois
Anne Sinclair, journaliste et femme engagée contre l’extrême droite, était l’invitée du Live Switek pour évoquer la situation politique de la France, à 13 jours de la fin de campagne des législatives. 

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Transcription
00:00Bonjour Anne Sinclair. Bonjour Maxime Souzet. Vous n'avez rien dit depuis l'annonce de la dissolution, aucune interview, donc merci beaucoup d'être avec nous ce matin sur BFM dans ce live, pas d'interview, vous que l'on sait, journaliste évidemment, de gauche je le disais, et engagé depuis toujours contre l'extrême droite.
00:16On va en parler et parler dans une seconde du favori de ces législatives, le camp du Rassemblement National, de Jordan Bardella, de Marine Le Pen, on verra ce que vous dites à ceux qui ont envie, et on les entendra, ceux qui ont envie d'essayer le RN.
00:28On parlera de l'union à gauche, est-elle pour vous synonyme d'espoir, vous qui avez déjà eu des mots durs contre la France insoumise, contre Jean-Luc Mélenchon, on verra ça.
00:36Mais une chose avant, je disais que vous ne vous êtes pas exprimé depuis une semaine, c'était simplement pour prendre le temps de la réflexion ou pour faire retomber la colère ?
00:46D'abord, Maxime, je ne suis pas une femme politique, et si vous m'avez demandé de venir et merci de cette invitation, c'est que je suis en effet une femme engagée qui regarde la vie publique depuis très longtemps.
01:01Oui, j'ai voulu attendre, pas pour faire retomber la colère, parce que je vais vous le dire, je suis très en colère et très inquiète.
01:08Mais parce que je voulais que les choses se clarifient, et elles le sont à peu près, et nous avons deux semaines devant nous, deux semaines de campagne avant le premier tour, plus une avant le deuxième tour, et ne jouons pas le deuxième tour avant le premier tour.
01:25Oui, je suis en colère parce que le président de la République a commis un acte que je trouve, moi, impardonnable et irresponsable.
01:38On a la guerre en Europe, on a une élection aux États-Unis très incertaine, et peut-être l'élection de Donald Trump qui va laisser l'Europe toute seule, on a les Jeux Olympiques dans un mois, avec le monde entier, des centaines de milliers de téléspectateurs qui nous regardent.
01:59Et le président de la République qui dit qu'il ne voulait pas donner les clés au Rassemblement national en 2027 risque de les donner en 2024.
02:11Donc la colère, elle est d'abord contre lui, contre le président ?
02:13La colère, elle est contre la situation qui est créée et qui fait que tout le monde est pris de court et tout le monde a peur.
02:22Moi je voudrais simplement qu'on prenne du temps, et qu'on prenne le temps de se poser, de la réflexion, et qu'on soit raisonnable.
02:31On va prendre le temps ce matin.
02:33Nous sommes pris en otage, on n'a pas à répondre quand on est pris en otage, très vite.
02:41Les partenaires européens de la France sont sidérés et aussi énouvois, et qui en ce moment rigole ? C'est Vladimir Poutine, devant la déstabilisation.
02:51Alors surtout, pas de déstabilisation.
02:53Pourquoi le RN aujourd'hui est en position de force ?
02:58C'est facile, ils n'ont jamais gouverné comme vous dites, on a tout essayé.
03:03Les gens se disent on a tout essayé, pourquoi on n'essayerait pas cela ?
03:07Mais parce que cela, c'est l'inconnu, c'est le vertige, c'est le précipice.
03:15On ne peut pas confier les clés de la France à ce parti qui est un parti xénophobe,
03:24qui est contraire à ce que la France représente depuis 250 ans,
03:31qui est un parti qui a été fondé par des anciens collabos,
03:35par des anciens de l'OAS, je le dis pour les plus jeunes, qui ne le savent pas toujours.
03:40Et on cache ceux qui sont gênants au fur et à mesure.
03:44C'est un parti qui est ami avec ce qu'il y a de pire en Europe, Poutine et ses amis.
03:50Mais on va revenir à Sinclair là-dessus dans un instant,
03:53parce que beaucoup vont vous répondre que le RN a changé.
03:56Ce n'est plus le RN des années 80 ou 90, il a changé, mais on va revenir là-dessus.
04:00Je reviens simplement sur votre première colère, la première colère.
04:04Ce soir-là, le soir de la dissolution, quand vous voyez Emmanuel Macron
04:08qui annonce sa dissolution, qu'est-ce que vous avez envie de lui dire à ce moment-là ?
04:11J'ai envie de lui dire qu'un président de la République, c'est un rempart
04:14et que là, il nous jette au contraire dans la déstabilisation.
04:18Il parle de clarification et il nous jette dans le chaos.
04:22Il n'était pas obligé de dissoudre, absolument pas.
04:26Il vous dit le contraire Emmanuel Macron, il vous dit qu'il était bloqué
04:30et que de toute façon, si ce n'était pas maintenant, c'était dans trois mois.
04:33Eh bien, d'abord, on avait trois ans déjà pour préparer la présidentielle,
04:37on avait trois ans pour penser l'après Macron
04:41et on avait quelques mois avant qu'on constate le blocage.
04:45Le blocage, pour l'instant, il a gouverné.
04:47Il a gouverné avec une majorité relative, avec sans doute des erreurs
04:51puisqu'il aurait pu l'élargir.
04:53J'ai entendu Édouard Philippe, et c'est très intéressant ce qu'il disait à Pauline de Balerbe.
04:57En effet, c'est un peu tard, il aurait peut-être pu y penser avant.
05:01Et donc, on avait le temps de s'organiser, on avait le temps de penser.
05:05Là, dans l'urgence, dans l'urgence, il précipite.
05:09Comme il dit, j'ai voulu clarifier, j'ai voulu jeter une grenade des goupillets.
05:13Mais qu'est-ce que c'est ? Il n'a pas joué avec nous.
05:15Alors cette expression-là, elle est réfutée.
05:17Elle était donnée par le journal Le Monde qui maintient ces informations
05:19en disant qu'Emmanuel Macron a expliqué à un grand patron qu'il a croisé la semaine dernière
05:23qu'il avait jeté une grenade des goupillets pour voir comment tout le monde s'en sortait.
05:26L'Elysée dément cette phrase-là et cette expression de grenade des goupillets.
05:30Très bien, mais on voit bien la situation.
05:33On avait besoin de calme. On avait besoin de solidité.
05:36On avait besoin de stabilité.
05:38Et là, on est devant l'inconnu.
05:40Et ça, il n'était pas obligé de le faire.
05:43À la limite, s'il avait voulu dissoudre,
05:46quand il y aurait eu des motions de censure à la rentrée,
05:49motion de censure sur motion de censure,
05:51il aurait mis les gens devant le fait accompli en disant
05:53« Vous voyez bien qu'on m'empêche de gouverner. »
05:55Là, à ce moment-là, la dissolution était une réponse.
05:58Elle est conçue dans la Constitution comme une réponse au blocage.
06:02Elle n'est pas conçue comme une décision
06:05qui n'avait absolument pas lieu d'avoir lieu.
06:08C'était des élections européennes.
06:10François Ruffin a parlé du taré de l'Elysée.
06:12Oui, François Ruffin, son propre langage.
06:15D'autres ont dit « On est chez les fous ».
06:18Et vous ?
06:20Moi aussi, j'ai dit « On est chez les fous ».
06:22Le président est fou pour vous.
06:24C'est une décision folle, en tout cas.
06:26Je vous l'ai dit, pour moi, c'est une décision irresponsable
06:29et impardonnable.
06:31Il y a une chose.
06:32Quand vous lisez les récits de la manière dont la dissolution
06:35a été décidée, avec visiblement un groupe de conseillers
06:37autour du président qui réfléchissait dans le secret
06:39avec un Premier ministre, Gabriel Attal,
06:41qui avait été tenu à l'écart de ce secret-là,
06:43est-ce que ça ressemble à l'exercice du pouvoir
06:46tel que vous l'avez vu, commenté, vécu ?
06:50Je me méfie des récits rapportés par la presse.
06:53Mais en tout cas, ce qu'on sait,
06:56et Lionel Jospin le dit très bien dans une interview au Monde,
06:59c'est que la Constitution oblige le président,
07:02qui l'a fait, à consulter le Premier ministre
07:05et les présidents des deux assemblées.
07:07Les trois étaient contre.
07:09Il avait le droit de décider contre leur décision.
07:11C'est ce qu'il a fait.
07:12Mais il l'a décidé seul.
07:14Et si on croit en effet ce qu'on lit,
07:17mais encore une fois, je fais toujours des réserves
07:20sur ce qu'on lit et ce qui est rapporté,
07:22mais ce n'est pas très à la hauteur
07:25de la situation et de la France
07:27d'avoir un petit groupe de conseillers
07:29qui se croient des grands stratèges.
07:30Je voulais vous montrer une image, Anne Sinclair, ce matin.
07:32L'image de ces manifestations ce week-end,
07:34notamment samedi.
07:35250 000 personnes partout en France selon la police.
07:39On est très loin, on voit ces images-là,
07:42on est très loin du raz-de-marée de 2002
07:44quand Jean-Marie Le Pen était arrivée au second tour.
07:48Qu'est-ce qui a changé pour vous ?
07:50Ce qui a changé, c'est qu'en 2002,
07:53il y avait un million de personnes dans la rue
07:57et Jean-Marie Le Pen n'avait aucune chance
08:00d'accéder au pouvoir.
08:01Et nous avons, moi qui ai toujours voté à gauche,
08:04j'ai voté Chirac pour la première fois
08:06comme 82% des Français.
08:09Et donc, à l'époque,
08:11il n'y avait aucune chance qu'ils arrivent au pouvoir.
08:13Aujourd'hui, ils sont aux portes du pouvoir.
08:16Ils ont le vent en poupe,
08:17ils étaient en tête aux élections européennes,
08:20élargement,
08:21et vous voyez les discours,
08:24les prises de position,
08:26la tranquillité affichée
08:29pour pouvoir gouverner demain.
08:31Eh bien ça, je le refuse de toute mon âme.
08:36Mais est-ce qu'il n'y a pas chez vous,
08:38comment dire ça,
08:39une forme de cécité ?
08:42À ne pas voir qu'il y a toute une partie de la France,
08:45des électeurs français,
08:46et on l'a encore vu aux européennes,
08:48qui ont envie du Rassemblement national,
08:50qui ont envie de tester.
08:51On va les écouter.
08:52Châtelaillon-Plage, en Charente-Maritime,
08:55voici ce que nos reporters ont recueilli
08:57de ces électeurs du Rassemblement national.
08:59On écoute.
09:01Je pense qu'ils font des efforts,
09:03beaucoup d'efforts,
09:04pour arriver à faire quelque chose en France,
09:06quelque chose de bien.
09:07On n'a jamais essayé
09:09ce côté soi-disant extrême,
09:12mais je pense qu'il fallait le faire.
09:14On n'a pas toujours voté RN.
09:16On n'a pas voté RN.
09:19On a voté pour Macron la dernière fois,
09:21mais bon, on n'est pas satisfaits.
09:23Il y a une France silencieuse
09:24qui ne s'exprime pas,
09:25qui travaille, qui vote,
09:26qui paie ses impôts,
09:27et puis à côté,
09:28on voit des exactions
09:29qui ne sont pas punies
09:30à la hauteur qu'ils devraient.
09:31Donc, ça fatigue les Français.
09:32Ils en ont marre.
09:33Donc, par réaction,
09:34effectivement, on votait RN.
09:35Ils ne vont pas nous assassiner.
09:36Ils ne vont pas nous envoyer en Libye,
09:38en Syrie.
09:39On n'est pas des migrants.
09:40On n'est pas millionnaires.
09:41Ils ne vont pas nous prendre notre argent.
09:43Alors, pourquoi pas ?
09:45Eux, on ne les a pas essayés.
09:46Cette phrase d'âle revient en boucle.
09:48On en a marre, disent-ils,
09:50mais on ne vote pas
09:51parce qu'on en a marre.
09:54C'est la clé de la France,
09:56tout simplement,
09:57parce qu'on en a marre.
09:58Et on comprend que des gens
09:59soient exaspérés.
10:01Les gens sont, en effet,
10:02il y a des malheureux,
10:04des gens qui ont un pouvoir d'achat
10:06qui est entamé,
10:08des gens qui ont
10:10des situations de déclassement,
10:12qui se sentent mal.
10:14Tout ça est très compréhensible.
10:16Mais on ne donne pas
10:18le pouvoir à des gens
10:20dont on sait qu'ils ne résoudront
10:22pas ces problèmes
10:23et qu'ils les aggraveront.
10:25Je vous donne un exemple.
10:27Un exemple de santé publique.
10:29Le Rassemblement National
10:31va supprimer l'AME.
10:33L'AME, c'est l'Allocation
10:35Médicale d'Urgence
10:37pour les travailleurs
10:39irréguliers en France.
10:41Ça veut dire qu'on ne
10:43soignera plus des gens malades
10:45même si, aujourd'hui,
10:47ils peuvent être en situation
10:49irrégulière, mais qu'ils peuvent,
10:51aujourd'hui, dans le monde mondialisé,
10:53propager les maladies.
10:55C'est irresponsable.
10:57La préférence nationale
10:59à tous les étages,
11:01c'est contraire à tout ce que
11:03la France représente depuis 250 ans.
11:05Moi, je ne peux pas.
11:07Je comprends qu'on soit
11:09en colère. Il y a des tas de façons
11:11d'exprimer sa colère. Aujourd'hui,
11:13il y a mille façons.
11:15Avant le premier tour, il y a le choix.
11:17Les gens ont le choix.
11:19Ils peuvent voter pour un socialiste,
11:21pour un écologiste, pour un communiste,
11:23pour une majorité présidentielle.
11:25Ils peuvent voter pour des républicains
11:27de droite qui ne s'est pas ralliés
11:29au Rassemblement national.
11:31Ils ont été nombreux. J'ai entendu Edouard Philippe.
11:33Il a un discours responsable.
11:35La majorité, aujourd'hui,
11:37essaie de dire
11:39que les républicains ne présenteront pas
11:41de candidats.
11:43C'est une attitude responsable.
11:45Les gens ont le choix.
11:47Prenez le temps
11:49de réfléchir
11:51à qui vous voulez donner
11:53les clés.
11:55Est-ce que le RN a changé ?
11:57Deux personnalités se sont exprimées ces dernières heures.
11:59Nicolas Sarkozy, hier dans le JDD,
12:01qui combat le Rassemblement national,
12:03mais qui dit que le RN a fait
12:05un travail sur lui-même qui est indéniable.
12:07Le point de détail de Jean-Marie Le Pen, c'est du passé.
12:09Serge Klarsfeld,
12:11défenseur des déportés juifs
12:13que vous connaissez.
12:15Lui est plutôt RN que LFI.
12:17Car le RN, c'est ce qu'il dit,
12:19a fait sa mue et soutient les juifs.
12:21Nicolas Sarkozy,
12:23je crois que je n'ai jamais été
12:25d'accord avec lui.
12:27Et ça ne changera pas ce matin.
12:29Ça ne changera pas ce matin.
12:31Serge Klarsfeld, j'ai beaucoup de respect
12:33pour tout le travail,
12:35pour toute sa vie.
12:37Je ne souhaite pas commenter
12:39ce qu'il a dit, parce que
12:41mon Dieu,
12:43on ne peut pas aujourd'hui,
12:45au terme d'une vie qui a été,
12:47au soir d'une vie qui a été
12:49glorieuse, magnifique,
12:51résistante,
12:53dire qu'aujourd'hui,
12:55le RN n'est pas un danger.
12:57Alors oui, on n'est plus autant
12:59de Jean-Marie Le Pen.
13:01Jean-Marie Le Pen a été mis sur le côté.
13:03Et d'ailleurs, dès qu'il y a
13:05quelqu'un... – Je rappelle que vous refusiez de le recevoir,
13:07lui et les autres du Front national à l'époque de 7 sur 7.
13:09– Absolument.
13:11En effet, il y a longtemps.
13:13Et en effet, c'était probablement
13:15pas justifié. Enfin,
13:17si justifié à mon sens, oui. Mais c'était probablement
13:19pas une bonne stratégie.
13:21Parce que ça les mettait sur le côté.
13:23Mais en tout cas, c'était ce que
13:25je ressentais.
13:27Et je serais aujourd'hui dans la même situation,
13:29je le referais.
13:31Mais le problème n'est pas là.
13:33Le problème est de dire, aujourd'hui,
13:35c'est un...
13:37Le RN a fait le ménage
13:39sur un certain
13:41nombre de sujets, c'est vrai.
13:43Il reste aujourd'hui
13:45des gens qui, tout d'un coup, apparaissent
13:47comme pas très présentables,
13:49pas très respectables.
13:51Et on les écarte très vite.
13:53Avec qui ils sont amis en Europe ?
13:55C'est intéressant de voir avec qui ils sont amis.
13:57Ils sont amis, en effet, avec
13:59M. Poutine. Ils sont amis avec
14:01M. Orban. Ils sont amis avec des gens
14:03qui, aujourd'hui, piétinent
14:05les libertés. Ils sont amis
14:07avec...
14:09Jusqu'au mois dernier, avec
14:11l'AFD. L'AFD, c'est le parti
14:13d'extrême-droite en Allemagne,
14:15où il y a des néo-nazis.
14:17Vous voyez, la Marine Le Pen dit on coupe les peaux.
14:19Ah oui ? Comment ça ? Le mois dernier ?
14:21Alors, on regarde les gens
14:23en fonction de ce qu'ils sont aujourd'hui,
14:25ou on a un regard sur
14:27leur histoire, leur passé.
14:29On est comptable
14:31de son passé. On est comptable
14:33de son histoire. Et ça,
14:35moi, j'oublie pas.
14:37Quel est le plus grand danger pour vous, ce matin,
14:39le RN ou la FI ?
14:41Le sujet
14:43ne se pose pas comme ça.
14:45Il va se poser pour beaucoup d'électeurs.
14:47Oui, au deuxième tour, peut-être, dans certains cas.
14:49Moi, j'ai toujours voté à gauche.
14:51Je suis...
14:53J'ai toujours voté à gauche, sauf quand il a fallu
14:55justement faire barrage au FN.
14:57J'ai voté Chirac. J'ai voté Macron.
14:59Là, j'ai voté Glucksmann.
15:01J'ai voté Glucksmann
15:03comme 14% de Français.
15:05C'est pas le Parti
15:07socialiste qui a fait 14%.
15:09C'est Raphaël Glucksmann,
15:11un homme courageux, sincère.
15:13Et pourquoi j'ai voté Glucksmann ? Parce que, justement,
15:15j'ai voté pour une Europe puissante face à la Russie.
15:17J'ai voté pour des choix clairs.
15:19J'ai voté pour la laïcité
15:21et pas pour le communautarisme.
15:23J'ai voté contre
15:25la gesticulation à l'Assemblée,
15:27ce que vous avez vu pendant des deux ans.
15:29Ça a servi le FN
15:31d'un comportement irresponsable
15:33de député de la France insoumise.
15:35Justement, là, pour certains de nos téléspectateurs
15:37ce matin, le choix va devoir se faire
15:39entre le RN et
15:41le Nouveau Front Populaire et LFI.
15:43Et LFI dans ce Front Populaire. Si vous étiez dans
15:45cette situation-là, que feriez-vous ?
15:47Ça, c'est le choix du deuxième tour.
15:49Pour l'instant, je répète.
15:51Je vais répondre. Je répondrai.
15:53Pas faire de langue de bois comme tous les politiques qui le disent depuis la semaine dernière.
15:55Non, non, on verra au deuxième tour.
15:57Je veux répondre. Mais en tout cas, pour l'instant,
15:59au premier tour, on a le choix.
16:01On a le choix
16:03de parti républicain
16:05ou pas.
16:07Et le pas, c'est le RN.
16:09Donc moi, je suis
16:11à gauche. Je considère
16:13que la gauche
16:15a toujours été claire
16:17depuis l'affaire Dreyfus
16:19sur un sujet qui m'importe,
16:21qui est l'antisémitisme. L'antisémitisme,
16:23c'est pas l'affaire des Juifs.
16:25C'est l'affaire des Français.
16:27Et de tous les Français.
16:29Donc moi, je n'oublie pas
16:31ceux qui ont fait campagne
16:33pendant des semaines sur des thèmes
16:35qui ont nourri l'antisémitisme.
16:37Et je ne voterai pas
16:39pour un parti, je pense à
16:41LFI, si je me trouvais dans la situation
16:43de voter pour LFI.
16:45Je ne voterai pas pour un parti
16:47qui a sciemment alimenté
16:49la haine anti-juive en France.
16:51On avait juste raison,
16:53on demande au RN,
16:55je vous le disais à l'instant,
16:57d'être comptable de son histoire.
16:59Et on ne demanderait pas à un parti
17:01d'être comptable de ce qu'il disait
17:03la semaine dernière.
17:05Je n'oublie pas qu'ils n'ont pas pu
17:07condamner le Hamas comme organisation terroriste.
17:09Il a fallu là qu'il concède
17:11que les massacres
17:13commis le 7 octobre
17:15étaient des massacres terroristes.
17:17Mais l'organisation terroriste, ils ne l'ont toujours pas dit,
17:19il n'était pas à la manifestation
17:21contre l'antisémitisme
17:23qui rassemblait l'ensemble des Français.
17:25– Mais donc ce front populaire, il ne fallait pas le faire
17:27avec la France insoumise ?
17:29– J'aurais aimé qu'il y ait
17:31un front populaire
17:33qui rassemble
17:35ceux qui ne sont pas
17:37de la France insoumise, oui.
17:39– Est-ce que ça fait une majorité à gauche ?
17:41– Le problème
17:43ce n'est pas forcément
17:45de gagner à tout prix,
17:47le problème c'est d'être cohérent
17:49et d'avoir
17:51une position
17:53qui soit claire,
17:55cohérente et honnête.
17:57Le vrai
17:59front populaire, celui de 1936,
18:01il y avait Léon Blum,
18:03il y avait le parti socialiste,
18:05les radicaux, toutes les organisations antifascistes.
18:07En effet Léon Blum,
18:09il a fait un accord avec les staliniens à l'époque
18:11mais il était majoritaire.
18:13L'union de la gauche, François Mitterrand
18:15en 1981, d'abord il y avait
18:17François Mitterrand et puis les partis socialistes
18:19étaient dominants.
18:21Donc là, la France insoumise
18:23risque dans le front populaire
18:25à plus de circonscriptions
18:27et risque d'être dominant.
18:29Je vous l'ai dit, ça ne me convient pas.
18:31Il reste que je voterai
18:33à gauche si le candidat
18:35n'est pas un candidat LFI.
18:37– François Hollande dit
18:39on a des divergences très fortes
18:41mais on en parlera après d'une certaine manière.
18:43D'abord c'est l'union,
18:45l'union avant tout à gauche et après
18:47on ressortira les cadavres du placard.
18:49– Eh bien je trouve que…
18:51– Là l'expression est de moi, pas de François Hollande.
18:53– Oui, oui, j'ai bien compris.
18:55Mais les cadavres du placard, il faut les regarder
18:57tout de suite et faire le tri
18:59tout de suite. Et moi je voudrais
19:01être claire, je vous le dis
19:03clairement, je vote à gauche
19:05mais je ne voterai pas pour un candidat
19:07LFI. Et si au bout du compte
19:09parce que je ne vais pas faire
19:11la langue de bois, si je me trouvais demain
19:13au deuxième tour, on n'y est pas
19:15au deuxième tour, entre un candidat
19:17du Front Populaire,
19:19un candidat qui soit LFI
19:21et un Rassemblement National,
19:23je voterai blanc.
19:25– François Hollande de retour, qu'est-ce que ça vous inspire ?
19:27– De la stupéfaction.
19:29On sait
19:31exactement ce qu'il pensait
19:33des frondeurs, de la France
19:35insoumise et
19:37François Hollande à côté
19:39de Philippe Poutou du NPA,
19:41je trouve ça baroque.
19:43– Par rapport à ce que vous dites ce matin,
19:45le problème c'est LFI ou Mélenchon ?
19:47– Mélenchon,
19:49je crois que
19:51les dirigeants
19:53de LFI veulent
19:55le mettre de côté, d'ailleurs vous avez remarqué
19:57il se fait relativement discret.
19:59Il y en a d'autres qui se font discrets,
20:01Rima Hassan,
20:03l'égérie de la France insoumise,
20:05l'égérie
20:07qui a fait une campagne
20:09sur Gaza
20:11qui est devenue un référendum
20:13sur Gaza, on ne la voit plus ?
20:15Elle a disparu ?
20:17Moi ce que je demande simplement
20:19c'est qu'on n'efface pas en 3 jours
20:21ce qui a été
20:23plusieurs mois de campagne.
20:25On n'efface pas en 3 jours
20:27ce qui a été la position
20:29de 3 mois.
20:31– Mais ce matin,
20:33vu ce que vous nous décrivez, je me mets à votre place,
20:35j'ai l'impression que vous avez face à vous 3 impasses,
20:37un Macron solitaire,
20:39le Rassemblement national,
20:41évidemment vous dites non, ça a toujours été votre position,
20:43la gauche, ça dépend du candidat,
20:45quand on l'entend,
20:47vous l'avez cité à plusieurs reprises,
20:49Édouard Philippe qui était tout à l'heure face à Pauline de Malherbe,
20:51dire que lui veut construire une nouvelle majorité,
20:53une nouvelle coalition, ça veut dire quoi ?
20:55Ça veut dire que ça tiendrait
20:57une majorité, une coalition
20:59de la droite modérée jusqu'à
21:01François Hollande, voire Fabien Roussel,
21:03puisqu'il n'y a pas de candidat de la majorité contre Fabien Roussel,
21:05ça a un sens, ça aurait un sens ?
21:07Ça a un sens, ça s'appelle l'union nationale
21:09contre le danger
21:11qui nous menace, et je suis
21:13très heureuse d'entendre Édouard Philippe
21:15tenir ce discours, j'aurais
21:17bien aimé qu'Emmanuel Macron
21:19nous le tienne depuis 2022,
21:21il avait 2 ans pour essayer
21:23de faire ça, il n'a pas essayé.
21:25Il y en a d'autres qui parlent d'union,
21:27Éric Ciotti,
21:29qui parle d'union, d'union des droites,
21:31ça vous fait sourire, avec Jordan Bardella,
21:33Marine Le Pen et le Rassemblement national.
21:35Éric Ciotti, tout le monde sait ce qu'il pense,
21:37et tout le monde savait ce qu'il pensait,
21:39donc moi je salue les républicains
21:41qui ont dit qu'ils ne suivraient pas Éric Ciotti,
21:43mais il y a, avouez-le,
21:45une forme d'hypocrisie extraordinaire,
21:47parce qu'en élisant Éric Ciotti,
21:49il avait déjà dit qu'il préférait
21:51Zemmour à Macron, et bien on préfère
21:53pas Zemmour à Macron, voilà.
21:55Mais sauf qu'au moins les choses,
21:57on parle des clarifications, les choses sont plus claires.
21:59Oui, si le président de la République
22:01a fait une dissolution
22:03pour qu'on sache qu'Éric Ciotti
22:05sera ministre de l'intérieur de Jordan Bardella,
22:07je trouve que c'est cher payé.
22:09On parlait tout à l'heure
22:11de votre colère,
22:13vous parliez de danger.
22:15Pour vous, quel est le plus grand danger ?
22:17Qu'est-ce qui guette les Français
22:19si le Rassemblement national
22:21a une majorité dans 13 jours ?
22:23J'ai du mal
22:25à imaginer que devant
22:27le monde entier,
22:29Emmanuel Macron inaugure
22:31les Jeux Olympiques
22:33avec à ses côtés Jordan Bardella
22:35et Éric Ciotti,
22:37ministre de l'intérieur,
22:39qui aura en charge
22:41la sécurité face aux risques terroristes.
22:43Non, ça vous voyez,
22:45je ne pouvais pas l'imaginer de mon vivant.
22:47Et c'est un cauchemar
22:49contre lequel
22:51je veux me battre. Il y a deux semaines
22:53de campagne, on va se battre.
22:55On fait comme si les Jeux
22:57étaient faits, mais les Jeux ne sont pas faits.
22:59Le choix est entre les mains des Français.
23:01Ils ont la possibilité
23:03de choisir, de réfléchir,
23:05de prendre leur temps. On ne choisit pas
23:07dans l'urgence et dans la panique.
23:09On réfléchit, on regarde qui est qui,
23:11qui a dit quoi, qui a fait quoi.
23:13C'est ce que je demande.
23:15Vous prenez la parole ce matin ici,
23:17mais votre rôle, ce sera quoi dans ces 15 jours ?
23:19Je n'ai pas de rôle.
23:21Quand on me demande mon avis, je le donne.
23:23Vous avez eu la gentillesse
23:25de le faire,
23:27modestement, à ma place.
23:29Je n'ai aucun rôle, aucune responsabilité.
23:31Je ne représente rien.
23:33Simplement une sensibilité,
23:35simplement dire, toute ma vie
23:37j'ai lutté contre le Front National.
23:39Je ne pouvais pas imaginer que mes petits
23:41enfants aujourd'hui,
23:43mes enfants et mes petits-enfants
23:45soient face à une France
23:47gouvernée par le Front National. Vous parliez de cauchemar.
23:49Est-ce que vous en avez pleuré ces derniers jours ? Oui.
23:53J'ai pleuré dimanche soir.
23:55J'ai pleuré
23:57quand j'ai vu, oui,
23:59Marine Le Pen et Jordan Bardella
24:01prêts à prendre le pouvoir.
24:03J'ai dit,
24:05je ne pensais pas que ça arriverait.
24:07Et ma colère,
24:09elle est venue de là.
24:11On avait le temps de réfléchir,
24:13on avait le temps
24:15de s'adapter,
24:17on avait le temps de voir quelle force politique
24:19pouvait naître.
24:21Et là, sur un plateau ?
24:23Non.
24:25Pas ça.
24:27Merci Anne Sinclair.
24:29Merci Maxime.
24:31Merci d'avoir été avec nous ce matin.
24:33Voilà.
24:35Pour prendre position, j'allais dire pour commenter.
24:37Non, pour prendre position
24:39après cette annonce de dissolution il y a une semaine maintenant
24:41et alors que la campagne commence.
24:43J'ajoute que tous les citoyens prennent position.
24:45Que c'est normal,
24:47on est engagés comme jamais
24:49on ne l'a été. Je pense que
24:51en juin 40,
24:53il fallait dire ce qu'on pense.
24:55Quand Kylian Mbappé et Marcus Thuram
24:57disent ce qu'ils pensent,
24:59je les salue, ils sont des citoyens.
25:01Vous parlez de juin 40, la situation est similaire pour vous ?
25:03C'est des situations
25:05de crise et de gravité.
25:07Oui.
25:09Il y a des moments où il faut se ressaisir.
25:11Merci.
25:13Merci d'avoir été avec nous ce matin sur BFM TV.

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