• l’année dernière
Avec Maria De Almeida, membre du Comité de vigilance des enfants placés ; Anniela Lamnaouar, étudiante à Sciences Po Paris.

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##LE_FACE_A_FACE-2024-06-26##

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Transcription
00:00Sud Radio Bercov, dans tous ses états, le face-à-face.
00:0513h07 sur Sud Radio, on vous présente ce face-à-face justement, on parle des enfants placés,
00:09vous l'avez dit André, vous recevez deux femmes aujourd'hui qui viennent nous voir,
00:13Maria de Almeida, membre du comité de vigilance des enfants placés, et Agnella Lamenoir.
00:17Bonjour à toutes les deux.
00:18Bonjour.
00:19Alors bonjour à vous, oui, bonjour Maria de Almeida, bonjour Agnella Lamenoir.
00:24Et on va parler de quelque chose, de quelque chose, d'un fait, d'un état de fait, d'une réalité,
00:30que, évidemment, comme beaucoup de réalités, on préfère...
00:34Je suis pas caché, mais écoutez, tant que ça ne me touche pas à moi, c'est pas très grave.
00:39En France, près de 400 000 jeunes font l'objet d'une mesure de protection, de l'enfance bien sûr.
00:46Pour la moitié d'entre eux, donc près de 200 000, il s'agit d'un placement en foyer.
00:51Il y a eu des décès, on va en parler, il y a eu des drames.
00:54Et bien une commission d'enquête sur les manquements politiques de protection de l'enfance,
00:58c'est une première, a été lancée en mars 2024, c'est-à-dire il y a trois mois.
01:04Voilà, donc ce comité de vigilance des enfants placés,
01:09à suivre effectivement les travaux parlementaires, et voilà, nous vous accueillons donc, et merci d'être là.
01:15Maria de Almeida, vous êtes donc membre de ce comité de vigilance,
01:18et Aniela Noir, vous êtes étudiante de la Sciences Po, et vous avez étudié effectivement cette situation.
01:24Alors, moi je voudrais d'abord qu'on fasse l'état des lieux, peut-être vous-même, Aniela.
01:30Où on en est aujourd'hui ? Quelle est la situation en France ?
01:34Alors vous l'avez très bien dit, la situation c'est que c'est quand même beaucoup d'enfants en France
01:40qui ont des mesures de placement, des mesures de placement qui ne sont pas forcément aujourd'hui effectives.
01:45Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ? C'est-à-dire qu'il y a un juge qui va instruire, qui va constater qu'en effet,
01:50il y a besoin de retirer un enfant de son cercle familial, mais derrière, il n'y a pas possibilité de réellement
01:57soit les mettre en famille d'accueil, soit les mettre en foyer.
01:59Alors attendez, attendez, ce que je veux y comprendre, qui constate qu'il y a un problème et qu'il faut placer l'enfant ?
02:04Ça démarre comment ?
02:06Ça démarre par le fameux numéro, le 119, où ces dernières années, il y a eu une grosse politique de communication
02:12auprès autant de l'éducation nationale qu'aussi le grand public, c'est-à-dire que quand on constate, quand on entend,
02:19tout comme les violences faites aux femmes ou les violences intrafamiliales en général, il faut le signaler.
02:24Ce n'est pas normal, des enfants qui subissent des coups...
02:26Donc il y a le 119 ?
02:27Il y a le 119. Par la suite, le 119 s'est recueilli, c'est ce qu'on appelle la CRIP, c'est les cellules de recueillement
02:34des informations préoccupantes. Et là, ça va être évalué, il va y avoir plusieurs constats, voir s'il y a eu plusieurs plaintes, etc.
02:41Puis ça va aller auprès de ce qu'on appelle les juges aux affaires familiaux, et donc là, ce sera décidé les mesures.
02:48Est-ce qu'il y a des visites qui sont accordées aux parents, ce qu'on appelle les visites médiatisées, une mesure en foyer, en famille d'accueil, etc.
02:56Et le placement alors ? Ce qu'on appelle placement se décide à quel niveau ? C'est le juge qui décide du placement ?
03:02Oui, il faut savoir que la protection de l'enfance en France, elle est plutôt bien faite en théorie.
03:06On a des placements qui sont dits judiciaires, donc dans le cadre de maltraitance et justement d'informations préoccupantes,
03:12mais on a aussi de l'aide à la parentalité, c'est ce qu'on appelle les placements administratifs.
03:16Il s'agit de venir aider, voir comment améliorer, comment faire du lien aussi avec le droit commun, les aides sociales, etc.
03:23Malheureusement, aujourd'hui, au vu de la dégradation des services publics en général, on le sait, mais aussi de la protection de l'enfance
03:31qui est très invisibilisée, on se retrouve avec énormément de placements qui deviennent judiciaires, sans même passer la case de l'accompagnement à la parentalité.
03:40Énormément de drames, entre la suroccupation dans les foyers ou encore les familles d'accueil qui sont de moins en moins nombreuses,
03:47parce que l'attractivité du social...
03:49Parce qu'il faut être volontaire pour que les familles d'accueil soient... Mais elles sont subventionnées, enfin, elles sont aidées.
03:53Les familles d'accueil, depuis quelques années maintenant, elles passent un diplôme avec une formation.
03:59Leur vrai titre, c'est assistant familiaux.
04:01Ça nécessite aussi tout un cadrage au niveau de l'environnement, c'est-à-dire il y a des visites pour voir s'il y a bien une chambre par enfant, etc.
04:09Donc c'est un des seuls métiers qui est 24h sur 24, chez soi, et qui est pourtant difficilement reconnu, autant financièrement qu'humainement.
04:19Et c'est pour ça, peut-être que Maria, tu voudras développer là-dessus, qu'aujourd'hui, il y a eu aussi une proposition de loi
04:24d'avoir la possibilité de cumuler le travail d'assistant familiaux avec un autre emploi, si, bien évidemment, ça permet, au vu des accompagnements.
04:34Alors justement, quelles ont été, Maria de Almeida, il y a eu effectivement, on a parlé suite à des décès, suite à tout ça...
04:40Qu'est-ce qui a fait qu'on a la nécessité de ce comité de vigilance ?
04:48Eh bien en fait, le comité de vigilance des enfants placés est venu à la suite de cette commission d'enquête.
04:59Cette commission d'enquête a été lancée suite au décès de ces enfants-là.
05:04Il y a eu deux enfants, effectivement, dont une qui s'est suicidée, qui s'est pendue dans un hôtel.
05:16Parce qu'il faut savoir que tous les enfants ne sont pas forcément placés en foyer ou dans des familles d'accueil.
05:22Il y a beaucoup d'enfants qui sont placés dans des hôtels, qui sont livrés à eux-mêmes.
05:29Il y a une proportion non négligeable qu'on met à l'hôtel parce qu'il ne faut pas qu'ils restent...
05:35Il n'y a plus de place, en fait. Le problème, c'est qu'il n'y a plus de place dans les foyers, il y a un taux de 140%.
05:41C'est un chiffre que j'ai vu dans une étude.
05:46Donc 140% de taux alors que les capacités sont à 100.
05:51Il n'y a pas plus de chambres, pas plus de moyens, pas plus de personnel.
05:54Donc en fait, il y a un vrai problème de manque de moyens, il y a un vrai problème de familles d'accueil.
06:01Parce qu'il faudrait que ces familles d'accueil soient volontaires, par essence.
06:04Exactement. C'est tout un ensemble.
06:09Il manque de structure, il manque de personnel, il manque de moyens financiers.
06:13Il y a aussi le côté, le volet judiciaire où il y a un véritable manque de juges aussi.
06:19Est-ce qu'il faut savoir qu'un juge, normalement, c'est en moyenne 350 dossiers ?
06:24Pour un seul juge ?
06:26Pour un seul juge.
06:27Vous parlez de 350 dossiers uniquement d'enfants placés ?
06:29Exactement, oui.
06:31Vous voulez dire qu'un seul juge a 350 dossiers dans ce domaine ?
06:35Normalement, mais à l'heure actuelle, les juges sont à 500 voire 700 dossiers.
06:41Il faut savoir qu'il y a 3300 enfants qui sont en attente d'un placement.
06:45Des enfants, des décisions judiciaires.
06:48Donc il y a des juges qui ont statué comme quoi ces enfants étaient en danger,
06:54mais ces enfants ne peuvent pas être placés.
06:57Donc c'est vraiment dramatique.
06:58Ils sont chez eux en attente.
07:00Donc il y a ces enfants-là...
07:02On va en parler après une petite pause, et on va reprendre tout ça,
07:07parce que c'est effectivement un état des lieux qu'on connaît mal.
07:11Un véritable sujet que les hommes et les femmes politiques de notre pays doivent prendre à bras le corps.
07:18Ainsi soit-il.
07:33Les Français parlent au français.
07:35Je n'aime pas la blanquette de veau.
07:39Je n'aime pas la blanquette de veau.
07:42Sud Radio Bercov dans tous ses états.
07:44Prendre un enfant par la main pour l'amener... Pour l'amener vers quoi ?
07:49Pour l'amener vers où ?
07:51Quand il s'agit d'un foyer détruit ou dévasté.
07:54Quand il y a 400 000 jeunes qui font l'objet de mesures de protection de l'enfance,
07:59qui sont placés comment ?
08:01On en parle depuis quelques minutes avec Maria de Almeida et avec Aniela Lamenoir,
08:06membre du comité de vigilance des enfants placés.
08:09Maria de Almeida, en fait, hors antenne, vous donniez certains chiffres
08:15qu'il serait bon de donner, justement.
08:17Alors oui, exactement. Il y a certains chiffres qui sont quand même édifiants.
08:20Il faut que les gens sachent qu'il n'y a que 1% des enfants placés qui font des études supérieures,
08:27que 70% des enfants de l'ASE sont sans diplôme.
08:31ASE, j'appelle aide sociale à l'enfance.
08:34Exactement, aide sociale à l'enfance.
08:36Et que 45...
08:37Combien sont sans diplôme, vous disiez ?
08:3870%, c'est énorme.
08:41Sans diplôme, c'est-à-dire même pas le bac, même pas le brevet des collèges.
08:44Oui, d'accord.
08:46Après, il faut savoir que 45% des jeunes issus de l'ASE finissent SDF.
08:52Donc, c'est pas rien.
08:54Vivent dans la rue, quoi.
08:56Vivent dans la rue, voilà.
08:58C'est plutôt édifiant.
09:00Il faut savoir aussi que ces enfants-là ont 20 ans d'espérance de vie, moins que nous.
09:07C'est énorme, c'est hallucinant, ça.
09:09C'est hallucinant parce que ce sont des enfants qui vont être plus sujets à des pathologies,
09:13à des maladies, à des suicides,
09:16dû à un manque de suivi médical,
09:20parce que les enfants qui sont en foyer ne sont pas pris en charge médicalement correctement.
09:25Pour différentes pathologies, par exemple, je vous donnais un exemple parfait,
09:32un enfant qui allait à l'école, qui était en échec scolaire,
09:36et en fait, on s'est rendu compte que l'enfant était sourd.
09:40On ne s'était pas rendu compte, pas du tout.
09:44Il n'y a pas de suivi.
09:47Il n'y a pas de suivi médical, on sait très très bien qu'il y a déjà une pénurie pour les gens
09:53en temps normal, donc pour ces enfants-là, dites-vous bien qu'il n'y a rien.
09:57Alors autre chose, enfin une dimension supplémentaire, Agnéla Lamenoir,
10:01je lisais la note que vous avez envoyée,
10:06il y a quelque chose de...
10:08On dit les politiques de protection de l'enfance, puisqu'il y a une politique, pas du tout.
10:12Depuis la loi de décentralisation de 1983, c'est-à-dire plus de 40 ans,
10:16la protection de l'enfance est une compétence confiée aux conseils départementaux,
10:21exclusivement, c'est bien ça.
10:23Autrement dit, il existe autant de politiques de protection de l'enfance
10:28qu'il existe de départements en France.
10:31Pour donner une idée précise, il y a 101 politiques de protection de l'enfance pour 101 départements.
10:37Ça donne quoi, ça ? C'est quoi les conséquences ?
10:41C'est toute la difficulté aujourd'hui de la protection de l'enfance,
10:44à savoir qu'il y a beaucoup de rapports, beaucoup de lois.
10:46La dernière loi, c'est la fameuse loi Taquet de 2022,
10:49et tout à l'heure, on parlait des hôtels et des nombreux drames qu'on retrouve.
10:53Il faut savoir que depuis 2022, c'est interdit par la loi Taquet
10:57d'avoir des enfants, des mineurs, dans les hôtels.
10:59Et pourtant, aujourd'hui, par cette disparité, c'est interdit.
11:03Et pourtant, avec cette disparité, malheureusement, et avec toutes les difficultés sur le terrain,
11:08c'est des choses qui continuent à se faire,
11:10et on le voit avec, malheureusement, les décès de nombreux d'entre nous.
11:14Je voudrais juste rajouter un petit point sur le comité de vigilance.
11:17C'est fait, et je pense que c'est important aussi d'apporter un point un peu plus positif.
11:24On est tous passés par un parcours de protection de l'enfance.
11:28Moi-même, j'ai été placée, d'autres personnes ont été aussi placées.
11:31Ah, vous-même, vous avez été placée ?
11:32Exactement.
11:33Et l'idée, c'est de pouvoir parler au grand public, tout comme aux parlementaires,
11:38par cette expérience issue du vécu.
11:40Absolument, mais c'est très important.
11:42À partir de notre très jeune âge, on savait qu'est-ce qu'était un juge pour enfant.
11:48On savait qu'on allait avoir, soit tous les ans, soit tous les deux ans, comme le veut la loi,
11:54un rendez-vous avec le juge pour décider de notre situation.
11:58Donc en fait, à partir de très petit,
12:00on est déjà dans un environnement qui est totalement à part alors qu'on est au sein de la société.
12:05Et forcément, avec tous les manquements qu'on va avoir,
12:09les 20% de moins d'espérance de vie, ça vient aussi des maltraitances inventiles
12:14qui peuvent continuer pendant très longtemps, surtout quand les mesures ne sont pas appliquées.
12:18Et c'est aussi, du coup, avoir des rendez-vous
12:21chez l'orthophoniste, avoir des rendez-vous chez le médecin,
12:24avoir ces visites médiatisées, ces rendez-vous au tribunal
12:27qui font que ça peut empiéter sur l'éducation, sur la scolarité.
12:31Et tout cet effet, ces conséquences directes sur notre vie, déjà très atypiques,
12:37parce que pour être placée, c'est qu'il y a eu, malheureusement, de grosses difficultés auparavant,
12:43entraînent et expliquent aussi les chiffres assez désastreux qu'on a entendus.
12:46Aujourd'hui, moi, j'ai la chance de pouvoir faire des études,
12:48mais encore une fois, l'étude supérieure...
12:50Vous êtes à un Sciences Po Paris aujourd'hui.
12:51Exactement.
12:52Mais juste, Daniela, est-ce que vous pouvez nous dire un peu
12:56qu'est-ce que vous, vous avez ressenti, sans donner de détails,
12:58sur votre existence à vous ?
13:00C'est important parce que, sans généraliser,
13:03c'est-à-dire que c'est quoi au départ ?
13:05Il y a eu une sensation d'exclusion, au-delà de la souffrance...
13:11Qu'est-ce que vous avez-vous ressenti ?
13:13Ce qui est assez marquant, quand on est entre nous et qu'on échange,
13:17c'est certaines anecdotes.
13:18Par exemple, le tribunal.
13:20C'est quelque chose où, pendant longtemps, on a été très marqués
13:23parce qu'un enfant à six ans qui passe les portions d'un tribunal,
13:27tous les ans, tous les deux ans, sans forcément d'explication,
13:31de ce n'est pas toi qui es jugé, mais c'est pour te protéger, etc.
13:35Et parfois, confronter aux parents maltraitants dans la salle d'attente.
13:39C'est toute cette ambiance...
13:40Ah oui, parce que vous les voyez, parce qu'ils sont là...
13:42Parfois, il y a des mesures, il peut y avoir des auditions séparées, etc.
13:45Mais c'est des choses qui ponctuent notre vie.
13:48C'est, par exemple, se retrouver fin juillet, début août,
13:51en plus, c'est la période bientôt,
13:54tous les enfants de foyers et de familles d'accueil
13:56dans les mêmes colonies,
13:57et pratiquement qu'entre enfants de l'aide sociale à l'enfance,
14:01parce que les familles d'accueil et les foyers ferment.
14:04C'est toute cette vie très atypique qui est aujourd'hui la nôtre,
14:09et dont on peut s'en sortir.
14:11C'est aussi le message du comité.
14:13On veut être...
14:14Si jamais il y a des jeunes qui nous entendent, c'est possible,
14:17mais on a besoin aujourd'hui d'être accompagnés.
14:19Et cet accompagnement, il passe aussi par des prises en charge psychologiques,
14:23il passe aussi, qui sont au bon moment,
14:25et de manière globale, sur une attention centrée sur l'enfant.
14:29Et l'enfant, quand il a vécu des maltraitances,
14:31à 18 ans, quand tout s'arrête, quand il n'y a plus de lien,
14:34c'est terrible.
14:36Ça donne les chiffres sur les jeunes surreprésentés à la rue.
14:40À 18 ans, ça veut dire, par exemple,
14:42plus de pouvoir séjourner à l'hôtel dans une famille,
14:47tout est fini.
14:48On ne vous aide plus, on dit,
14:49bon, maintenant, débrouille-toi, c'est à ce point ?
14:51Ce qui se passe à 18 ans,
14:53c'est quand on arrive majeur.
14:56Deux mois avant la date de naissance,
14:58deux mois avant notre majorité,
15:00on a un rendez-vous avec l'Aide sociale à l'enfance.
15:02Évidemment, on l'a dit,
15:04il y a plein de politiques de protection de l'enfance,
15:06donc les rendez-vous peuvent être oubliés, pas faits, etc.
15:10Mais nous, on le sait.
15:11On nous a dit, deux mois avant, il y aura un rendez-vous.
15:13Et là, on a possibilité d'avoir un accompagnement jusqu'à 21 ans.
15:18Depuis la loi Taquet, il y a eu une grande mobilisation
15:22et aussi des points d'alerte sur certains départements
15:25qui, systématiquement, ne donnaient pas
15:27ce qu'on appelle les contrats jeunes majeurs,
15:29de manière très viguère.
15:30Qui restaient à 18 ans, qui ne faisaient pas le reste.
15:32Exactement.
15:33Ce qui faisait la surreprésentation
15:35et finalement, ce qui est une problématique,
15:37puisque ça vient aussi impacter les centres d'aide d'urgence,
15:42ça vient impacter aussi la prise en charge psychologique
15:46dans les services psychiatriques, etc.
15:49Donc, il y a eu un effort.
15:50Mais aujourd'hui, jusqu'à 21 ans, ce n'est pas obligatoire.
15:53Et donc, on a un peu le jeu assez déloyal
15:56parce qu'on parle d'enfants, encore une fois,
15:58de donner un contrat de un mois, de deux mois, de six mois.
16:02Ce qui met une véritable épée de Damoclès sur nos têtes
16:07et ce qui conduit aussi à nous pousser vers
16:10des études très professionnalisantes de trois ans, par exemple.
16:13Oui, pour avoir un boulot, pour avoir un job.
16:18On va parler de tout cela, on va continuer après une petite pause.
16:21Et 0826-363, Estéban.
16:24On attend vos témoignages,
16:25vos appels 0826-300-300 pour poser toutes vos questions.
16:29On parle d'enfants placés.
16:30Aujourd'hui, à tout de suite sur Sud Radio.
16:55Je suis avec Almeda et avec Aniela Lamnaouar
16:58du, effectivement, de ce comité de vigilance des enfants placés.
17:03Alors je rappelle, je rappelle, c'est intéressant parce que
17:06après vraiment des accidents, des incidents et des drames,
17:10une commission d'enquête parlementaire
17:13sur les manquements politiques de protection de l'enfance,
17:16vaste programme, a été lancée donc en mars dernier.
17:20Et donc, en parallèle de la création de cette commission d'enquête,
17:23donc l'association Les Oubliés de la République
17:25a lancé le comité de vigilance des enfants placés.
17:29Donc suivre les travaux parlementaires, les informer, etc.
17:32Alors cette commission, aujourd'hui,
17:34donc si j'ai bien compris, on en parle hors antenne,
17:36vous êtes indépendant, vous n'avez pas de subvention,
17:39vous êtes absolument, vous êtes lié avec l'association
17:42Les Oubliés de la République, et c'est tout.
17:44Et vous êtes combien, comment vous travaillez ?
17:46Alors là, à l'heure actuelle, ça a commencé par un petit noyau.
17:50Ils étaient 30.
17:52Aujourd'hui, on est plus de 300.
17:55Et je lance un appel aujourd'hui à tous les enfants qui ont été placés
18:01de rejoindre ce comité.
18:04Voilà, l'union fait la force.
18:05Bien sûr, comment ils peuvent vous joindre ?
18:09On est à l'antenne ?
18:09Alors sur les réseaux, sur Twitter, il y a un compte Twitter,
18:14sur les réseaux sociaux.
18:15Mais comment ça s'appelle ? Vous l'avez lu ?
18:16Alors ça s'appelle le comité de vigilance des enfants placés.
18:20Le comité de vigilance des enfants placés.
18:22Et pour ceux qui veulent vous joindre ?
18:24Mais qui n'hésitent pas, qui n'hésitent pas à se rapprocher de ce comité.
18:33Donc vous êtes 300 partout, et comment vous fonctionnez ?
18:37C'est-à-dire, comment vous faites ? Votre travail consiste en quoi ?
18:42Exactement.
18:44Ça a été vraiment un regroupement et un appel très rapide.
18:48C'est-à-dire que quand le Parti socialiste a utilisé son droit de tirage
18:51pour cette première commission,
18:53on s'est dit que c'était une chance, qu'on ne devait pas louper
18:57et qu'on allait être intransigeants et intransigentes
18:59sur cette commission d'enquête.
19:03On a commencé par déjà faire la liste de tous les députés
19:06qui étaient membres de cette commission.
19:09On a également parlé avec eux pour expliquer notre action
19:14et l'importance aussi d'avoir les premiers et premières concernées
19:19au cœur de cette commission d'enquête.
19:22Comment ça se traduit concrètement ?
19:23C'est par exemple, parfois, on tenait des permanences à l'Assemblée nationale
19:28où les parlementaires pouvaient venir nous voir
19:30juste avant ou juste après les auditions
19:34pour nous demander concrètement, voilà, quand tu es...
19:38Tu vas peut-être avoir un amendement, quelque chose à voter,
19:40qu'est-ce qu'on fait ? Oui, quand tu es...
19:41Quand tu es en foyer, comment ça se passe, par exemple, pour acheter tes vêtements ?
19:47Ou quand tu as les parents qui ont encore l'autorisation parentale,
19:51comment tu fais pour aller dormir chez les copains ou copines ?
19:54Est-ce que c'est long, etc. ?
19:55En fait, essayer, notre objectif, c'est vraiment par notre vécu,
19:58par notre expertise, parce qu'au fur et à mesure,
20:00on commence à très bien connaître et très bien étudier la protection de l'enfance.
20:05C'est de pouvoir donner ce qu'il n'y a pas
20:08et ce qui ne peut malheureusement pas transparaître dans les rapports
20:11directement aux parlementaires.
20:12Parce que finalement, quand il y a le PLF,
20:16finalement, il y a des choses...
20:18Projet de loi finance qui passe chaque fois, pardon.
20:22Il y a des financements qui vont concerner les départements,
20:24qui vont nous concerner.
20:25Quand on parle de la sécurité sociale, il y a des choses qui nous concernent.
20:29Et malgré le fait qu'on soit invisibles,
20:30finalement, on est présents et présentes partout.
20:33Et il est important qu'il y ait cette expertise aussi au niveau des parlementaires.
20:36Vous donnez vos témoignages, vos expertises aux parlementaires.
20:39L'idée, c'est d'aller au-delà du témoignage.
20:40Déjà parce qu'on est très jeunes pour la plupart dans le comité
20:44et qu'on est aussi en pleine reconstruction.
20:46Et qu'il est important aussi de savoir pouvoir transmettre l'expertise
20:53tout en conservant sa propre histoire et sa dignité, si je puis le dire.
20:56Ce qui n'est pas forcément facile quand on a été placé.
20:59Parce que dans les services, tout le monde connaissait nos histoires.
21:02On avait toujours cette étiquette-là.
21:04Donc, c'est important pour nous d'aller au-delà du témoignage,
21:07mais de s'appuyer sur ce vécu-là.
21:09Alors justement, juste au sujet qu'on parle vécu, Agnéla,
21:12vous dites justement, on sait qui on est.
21:17Est-ce qu'on a une étiquette ?
21:19Est-ce qu'on a intériorisé cette étiquette ?
21:24Oui, totalement.
21:25Je pense que déjà la barrière, et c'est pour ça que j'espère qu'il y a des jeunes qui nous écoutent.
21:29Et qu'on peut donner aussi cette image-là.
21:33Dans les films, on a souvent le voyou qui est de la protection de l'enfance, etc.
21:38Et c'est un peu le but aussi de notre comité.
21:41C'est de lutter contre ces stéréotypes et les clichés.
21:45Et aussi donner de l'espoir.
21:47On peut faire des études supérieures, c'est très dur.
21:49Parce qu'on n'a pas cet accompagnement, que ce soit financier, émotionnel, etc.
21:53Mais on peut, et c'est tout notre engagement qui porte là-dessus,
21:56pour avoir une vraie égalité des chances.
21:58Et par exemple, pour le vécu très concret,
22:01j'ai une information un petit peu personnelle,
22:04mais que je trouve assez percutante à donner.
22:06Je suis la troisième génération d'enfants placés.
22:08Ma mère a été placée, j'ai été placée,
22:10ma grand-mère a été dans le système à l'époque de la DAS.
22:13Et c'est aussi ça qu'on représente et qu'on incarne.
22:17C'est aujourd'hui, il faut que ça change.
22:19Aujourd'hui, ce n'est pas possible, même d'un point de vue financier.
22:21C'est un gouffre financier, l'ASE, actuellement, dans son fonctionnement.
22:24Ce n'est pas possible de ne pas investir dans l'avenir.
22:27Bon, normalement, je suis la dernière et je devrais être contribuable.
22:30Mais c'est là-dessus aussi qu'on veut jouer.
22:33Mais quand vous dites contribuable, votre mère ou votre grand-mère a travaillé aussi, non ?
22:38Oui, plus ou moins.
22:40C'est-à-dire qu'il y a eu des parcours à la rue,
22:42il y a eu des parcours de prostitution,
22:44on en parlera malheureusement après,
22:46mais la question du foyer,
22:48il y a un très beau film qui est sorti
22:50qui s'appelle Comme si j'étais morte,
22:52qui traite de la prostitution des mineurs dans les foyers,
22:54où aujourd'hui, il y a tout un système
22:56qui est réellement construit
22:58et qui continue.
23:00Où les proxénètes tournent autour des foyers
23:04pour récupérer les jeunes qui fuguent
23:06et leur dire,
23:08regardez, en échange d'argent,
23:10ce qu'on peut faire.
23:12Oui, on voulait avoir beaucoup d'argent, etc.
23:14Et ce système continue de perdurer.
23:16C'est très important.
23:18Oui, c'est Elisabeth qui nous appelle
23:20depuis l'Ariège, 0826 300 300.
23:22Bonjour Elisabeth.
23:24Oui, bonjour.
23:26J'ai été éducatrice
23:28aux familles d'accueil
23:30et c'est super ce qu'elle dit, cette jeune personne.
23:32Merci Elisabeth.
23:34Oui, voilà.
23:36De mon point de vue à moi,
23:38j'ai été face à une grande
23:40incompétence éducative
23:42de la part des supérieurs
23:44hiérarchiques dans l'ASE.
23:46Par exemple,
23:48des directrices qui n'avaient jamais travaillé
23:50avec des enfants, qui étaient plus fonctionnaires
23:52qu'éducatives
23:54et qui prennent des décisions
23:56comme ça parce qu'elles ont le pouvoir
23:58qui très souvent vont à l'encontre
24:00du bien de l'enfant.
24:02J'ai entendu des choses hyper choquantes
24:04de la bouche des travailleurs sociaux
24:06avec un espèce de dénigrement des enfants
24:08et des familles d'accueil
24:10où certaines, pas toutes bien sûr,
24:12mais font un boulot.
24:14Moi, il se trouve que je suis restée en contact
24:16avec les deux dernières jeunes que j'ai eues
24:18et heureusement, parce que du coup,
24:20elles s'en sortent pas trop mal.
24:22Moi, je pense qu'il y a vraiment
24:24un problème dans la hiérarchie.
24:26Mais attendez, Elisabeth,
24:28quand vous dites dans la hiérarchie,
24:30elles n'ont pas été formées ou c'est plutôt
24:32de la mauvaise volonté ou de la négligence ?
24:34Moi, ce n'est pas la formation,
24:36c'est l'expérience qui manque.
24:38C'est l'expérience. Je veux dire qu'il y a
24:40des choses qui sont inéluctables.
24:42Moi, je veux dire, on m'a enquiquinée parce que la plus petite
24:44voulait absolument m'appeler maman
24:46et elle me disait, j'ai besoin d'appeler quelqu'un maman.
24:48Et non, c'était...
24:50Vous vous embêtez pour ça en disant, non, non,
24:52vous laissiez vous appeler maman, c'est ça ?
24:54Voilà, on me reprochait qu'elle s'attachait trop à moi.
24:56Alors qu'aujourd'hui, je suis capable
24:58d'appeler la maman et de dialoguer avec elle.
25:00Et ça s'est fait en dehors
25:02complètement des travailleurs sociaux.
25:04Parce que
25:06c'est des gens qui ne savent pas travailler avec les familles.
25:08Il y a des trucs
25:10hallucinants, quoi.
25:12J'espère que ce n'est pas généralisé. J'espère qu'il y en a qui
25:14savent travailler avec les familles.
25:16Oui, bien sûr, mais avant, vous aviez, au niveau des DAS,
25:18donc avant c'était la DAS,
25:20il y avait des inspecteurs des DAS
25:22qui, avant, avaient été éducateurs.
25:24Ils avaient été sur le terrain.
25:26Là, maintenant, c'était des gens humains.
25:28Ils avaient de l'humanité, ils avaient de quoi parler.
25:30Aujourd'hui, c'est des gens qui sortent
25:32des écoles administratives, pas tous,
25:34bien sûr, mais
25:36c'est terrible, quoi.
25:38D'accord, merci Elisabeth.
25:40Je ne sais pas, vous voulez commenter
25:42Aniela ou Maria ?
25:44Alors, moi j'entends ce que dit
25:46cette dame, ça ne me choque pas.
25:48Parce que, malheureusement,
25:50je crois que c'est une maladie française.
25:52Ce que cette dame est en train de dire,
25:54ça vaut dans toutes les administrations.
25:56Voilà, on est dirigé par des personnes
25:58qui, malheureusement, n'ont aucune expérience
26:00du terrain. D'où cette volonté
26:02du comité de mettre
26:04des enfants
26:06lors de cette commission.
26:08Voilà, il est important de mettre...
26:10Mettre des enfants dans cette commission.
26:12Dans cette commission, qui apporte leur expertise,
26:14leur expérience. Et ce que
26:16dit cette femme-là, et cette dame-là,
26:18excusez-moi, est totalement vrai, en fait.
26:20C'est que les gens qui prennent des décisions,
26:22les gens qui vont vous dire comment devoir
26:24travailler, ne connaissent rien au terrain.
26:26Ne connaissent pas la réalité du terrain,
26:28les dangers du terrain,
26:30les difficultés du terrain, les manques
26:32du terrain. Voilà.
26:34Donc, ils viennent, ils vous disent comment faire
26:36sans savoir.
26:38On sait que ça se passe dans beaucoup de domaines.
26:40Merci beaucoup, Elisabeth.
26:42On a Marie Angélique qui nous appelle depuis Agen. Bonjour Marie Angélique.
26:44Bonjour Marie Angélique.
26:46Oui, bonjour. Je suis Marie.
26:48Je suis assistante
26:50sociale à l'éducation nationale.
26:52J'interviens sur plusieurs établissements.
26:54Et je suis au coeur
26:56de cette problématique, puisque moi-même,
26:58je fais parfois des signalements de justice,
27:00ou des signalements administratifs.
27:02Et je suis
27:04heurtée par le manque de moyens
27:06des foyers,
27:08le manque de formation des
27:10éducateurs des foyers, les lois.
27:12Actuellement, il y a une loi qui mérite
27:14c'est le placement éducatif
27:16à domicile. Il faut savoir qu'on
27:18peut placer des enfants maltraités dans
27:20la famille qui les maltraite.
27:22Comment ça ? Attendez, attendez. On peut placer
27:24des enfants maltraités dans des
27:26familles qui les maltraitent ? Ça veut dire quoi ?
27:28Oui, ça s'appelle un P.E.A.D.
27:30C'est un placement éducatif à domicile. C'est décidé
27:32par un magistrat. Et tout simplement,
27:34parce qu'on manque de lits, on manque de places
27:36dans les structures. Et donc,
27:38il y a ce placement où les éducateurs
27:40sont un peu plus présents que lors
27:42des AEMO.
27:44Excusez-moi,
27:46on sait que c'est une famille maltraitante,
27:48on va quand même les mettre là,
27:50mais les éducateurs vont venir plus souvent pour
27:52surveiller, c'est ça ? Oui, voilà. C'est parce qu'on manque
27:54de moyens pour avoir des placements
27:56ordinaires. On n'en parle pas,
27:58mais c'est vraiment une hérésie.
28:00Et effectivement,
28:02j'ai remarqué que les enfants
28:04issus du système de la protection de l'enfance,
28:06ils font moins d'études,
28:08quand on arrive à 18 ans, ils en ont marre
28:10de tout ça. Et des fois, ils ne veulent pas signer le contrat
28:12jeune majeur. Et je suis
28:14avec les profs, parce que j'ai la chance d'être
28:16reconnue dans les établissements
28:18où je travaille. Donc, avec les profs,
28:20les chefs d'établissement,
28:22les CPE,
28:24on s'arrache sur les cheveux.
28:26Ils sont malheureux, il y a
28:28manque de suivi en matière de santé.
28:30Et dans les foyers,
28:32les éducateurs sont un peu moins formés.
28:34Les lieux de vie, nous n'en parlons pas.
28:36Pas tous, mais beaucoup
28:38sont quand même défaillants.
28:40Et ces enfants sont des grands oubliés
28:42de la République.
28:44Marie-Angélique, merci.
28:46Ça me fascine,
28:48ça me dégoûte, j'allais dire.
28:50Il y a tellement de milliards
28:52dépensés pour rien en rien
28:54dans cette République,
28:56et pas seulement celle-là.
28:58C'est pas tel ou tel gouvernement,
29:00depuis des décennies. Mais comment on dépense
29:02l'argent ? Comment on fait ? Alors là,
29:04vous avez besoin de moyens, vous en parlez.
29:06Qu'est-ce qui vous inspire, Agnéla ?
29:08Comment on peut remettre des enfants
29:10dans des familles maltraitantes ?
29:12Ce qui est terrible, c'est qu'on est arrivés
29:14à un tel point de rupture que c'est des
29:16politiques d'urgence constamment.
29:18Et dans cette dynamique-là,
29:20ce qui devait être une bonne chose,
29:22c'est-à-dire des placements à domicile pour accompagner
29:24à la parentalité, deviennent des
29:26catastrophes et des mises en danger permanentes
29:28d'enfants. Et forcément, après,
29:30quand on voit les chiffres, on a du mal à y croire
29:32les conséquences sur les 20 ans
29:34d'espérance de vie en moins.
29:36C'est énorme et c'est hallucinant
29:38et on a presque envie de se dire que ce chiffre est grossi.
29:40Malheureusement, il ne l'est pas, parce que toutes les
29:42années, toutes les journées, toutes les heures
29:44vécues de maltraitances qui vont être
29:46imposées par manque de moyens
29:48vont avoir des répercussions
29:50sur le long terme. On le sait,
29:52les études le montrent. Céline Gréco,
29:54qui est une ancienne enfant placée, chef de service
29:56en pédiatrie à Necker,
29:58a fait énormément d'études et travail
30:00là-dedans pour montrer à quel point
30:02il est temps que nos investitions
30:04de manière générale, pour
30:06améliorer. Et surtout, en 2024,
30:08il est impensable qu'aujourd'hui, des enfants
30:10continuent à être maltraités, sans que
30:12ce soit plus connu, sans que ce soit...
30:14Aujourd'hui, ça reste des faits
30:16divers.
30:18On a reçu récemment
30:20une enquête
30:22des enquêteurs sur la peine
30:24de criminalité, c'est hallucinant.
30:26Encore aujourd'hui, il y a des choses
30:28terrifiantes. Est-ce que
30:30vous voyez toujours, aujourd'hui,
30:32vous êtes toujours en contact, évidemment, avec les enfants placés,
30:34et des personnes que vous avez connues
30:36à l'époque des tribunaux
30:38ou à l'époque des camps de vacances,
30:40vous les voyez ou pas du tout ?
30:42Les camps de vacances, un peu moins.
30:44C'était assez violent, je pense,
30:46pour tout le monde
30:48de se retrouver entre un placement
30:50en foyer, parfois, dans des quartiers
30:52très difficiles, comme à Marseille, sans vouloir stigmatiser,
30:54ou être en famille d'accueil à Clermont-Ferrand.
30:56C'est très différent,
30:58et c'est très violent quand on se retrouve
31:00que entre jeunes placés
31:02avec des traumas et des vécus très différents.
31:04Évidemment,
31:06je pense que l'école, la scolarité
31:08et notamment les prises en charge de handicap
31:10m'ont permis, aujourd'hui,
31:12d'en arriver là, de reprendre des études
31:14qui me plaisent, etc.
31:16Et on parle souvent,
31:18et j'ai hâte que ce soit plus le cas,
31:20de chance dans nos parcours.
31:22Quand on vient en témoigner,
31:24on s'investit, etc.
31:26Moi, j'ai eu de la chance, je n'ai fait que 4-5 familles d'accueil,
31:28je n'ai pas trop eu...
31:30Je suis tombée sur les bonnes personnes.
31:32Et puis, vous êtes battue, il y a aussi la volonté.
31:34Mais la volonté,
31:36aujourd'hui, à l'antenne,
31:38vous nous entendez sur des bons jours.
31:40Encore à 24 ans, il y a des jours où c'est très compliqué.
31:42Encore aujourd'hui,
31:44je suis en thérapie,
31:46on est beaucoup à être en thérapie.
31:48Et ça, c'est quelque chose
31:50qui est une réalité,
31:52ce n'est pas caché, c'est totalement normal
31:54en termes de santé mentale.
31:56Mais aujourd'hui, comment on permet à ces jeunes,
31:58quand à 21 ans, tout s'arrête,
32:00au mieux, plus généralement à 18 ans,
32:02comment on permet un logement,
32:04une stabilité économique, financière, émotionnelle,
32:06pour après pouvoir se reconstruire et se penser réellement ?
32:08Et une insertion professionnelle aussi.
32:10C'est ça aussi qui est très important.
32:12C'est une insertion professionnelle.
32:14Qu'est-ce qu'on donne comme chance à ces enfants
32:16de pouvoir accéder à l'emploi ?
32:18Ça, c'est une véritable question aussi
32:20qu'il faut se poser.
32:22Une question qui est posée, oui.
32:24Encore une fois, à tous les niveaux et dans tous les domaines.
32:26Justement, venez poser vos questions
32:280826 300 300 pour témoigner
32:30ou poser justement toutes vos questions.
32:32A tout de suite sur Sud Radio.
32:34Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
32:36Appelez maintenant pour réagir.
32:380826 300 300.
32:42Ici Sud Radio.
32:44Les Français parlent au français.
32:46Je n'aime pas la blanquette de veau.
32:48Je n'aime pas la blanquette de veau.
32:50Je n'aime pas la blanquette de veau.
32:52Je n'aime pas la blanquette de veau.
32:54Je n'aime pas la blanquette de veau.
32:56Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
32:5813h49 sur Sud Radio.
33:00On parle du placement des enfants
33:02avec Maria De Almeida et Agnella Lame-Noir
33:04qui sont nos invités aujourd'hui.
33:06On accueille Patrice qui nous appelle depuis les Bouches-du-Rhône.
33:08Bonjour Patrice.
33:10Bonjour, je vous appelle
33:12parce que je ne suis pas surpris
33:14de ce qui est dit par vos deux témoins
33:16aujourd'hui.
33:18Effectivement, il y a beaucoup de travail à faire.
33:20Il y a beaucoup de travail dans l'accompagnement
33:22de ces jeunes. Nous, on se bat avec mon épouse.
33:24On a créé un petit lieu de vie familial.
33:26Où ça ?
33:28Dans les Bouches-du-Rhône, au bord de l'État de Berre,
33:30à Châteauneuf-les-Martigues.
33:32On était famille d'accueil pendant 17 ans.
33:34On s'est très vite aperçu
33:36des limites que pouvait avoir notre démarche
33:38auprès des enfants. Donc on s'est battu pour créer
33:40un propre lieu de vie pour avoir un peu plus
33:42d'indépendance. Aujourd'hui, nous avons,
33:44sans être prétentieux, 95%
33:46de réussite. Pourquoi ? Parce qu'ils ont
33:48un accompagnement familial.
33:50Parce que 21 ans, on n'en a rien à faire.
33:52On va au-delà s'il faut aller au-delà.
33:54Et je pense que nous, les gens,
33:56les travailleurs sociaux, hormis ce qu'on nous impose
33:58et qui est la loi,
34:00nous pouvons aller au-delà en respectant la loi.
34:02C'est-à-dire que moi, un gamin que j'ai gardé pendant 10 ans,
34:04il leur ordre de question qu'à 21 ans, j'ai dit
34:06« Tu peux porter valise et tu t'en vas ».
34:08C'est la vérité sociale qu'il faut avoir.
34:10Moi, je suis choqué quand j'entends
34:12« On a le droit, on n'a pas le droit ». Moi, les gamins,
34:14ils partagent en vacances avec nous, ils partagent notre vie,
34:16on partage la leur. On a un projet
34:18éducatif. Je ne prends aucun
34:20gamin, je vais être honnête, qui n'a pas de projet
34:22ni scolaire, ni éducatif
34:24ou qui ne passe même pas un projet.
34:26Quand un gamin arrive sur mon lieu de vie
34:28et ma structure, il a un contrat d'accueil
34:30qu'il vit. S'il ne le signe pas,
34:32c'est-à-dire qu'il ne veut pas adhérer à ce que je lui propose,
34:34je ne le prends pas en charge
34:36parce que ce sentiment d'abandon
34:38quand c'est des gamins qui vont de famille
34:40d'accueil en famille d'accueil, parce qu'on
34:42n'a pas la réponse adaptée à chaque cas.
34:44Je n'aime pas dire un cas.
34:46C'est une personne à part entière.
34:48C'est une vie.
34:50C'est unique, on est bien d'accord.
34:52Et c'est en ce sens-là que ça peut marcher.
34:54C'est prendre la personne
34:56dans sa globalité
34:58problématique sociale,
35:00problématique d'handicap, problématique...
35:02Moi, j'ai encore des gamins
35:04qui arrivent à 16 ans, qui ne sont pas recensés,
35:06qui n'ont pas de cardinalité,
35:08c'est inadmissible de voir ça aujourd'hui.
35:10Alors, il ne faut pas tout mettre sur le dos
35:12du conseil départemental. Il y a de très
35:14bons professionnels, il y a de très bonnes équipes.
35:16Moi, je travaille avec des gens formidables sur Marseille.
35:18Je travaille avec des gens un peu
35:20moins investis.
35:22Je veux dire qu'on a tous
35:24une responsabilité, et au niveau
35:26scolaire, on rencontre des écoles, on rencontre
35:28des équipes formidables. Pareil, dans l'éducation
35:30nationale, il n'y a pas tout le monde, il n'y a pas tout le monde.
35:32Et Patrice,
35:34vous avez tout à fait raison. En tout cas, deux choses,
35:36il ne faut jamais généraliser. Il y a des gens formidables
35:38et puis des gens qui sont moins bien, c'est clair.
35:40Et comme vous dites,
35:42après, c'est effectivement
35:44l'éthique de chacun.
35:46Vous voyez, vous dites, voilà, c'est pas l'âge
35:48qui va jouer, c'est d'aller jusqu'au bout.
35:50Et bravo pour ça,
35:52et c'est très important. Je crois
35:54qu'on est là.
35:56Il a totalement raison.
35:58Dans ce combat, en fait, on a tous une responsabilité
36:00collective, parce qu'il ne faut pas
36:02oublier que les enfants d'aujourd'hui seront les adultes
36:04de demain. Donc,
36:06on doit savoir
36:08comment on veut que ces adultes soient
36:10demain. Et
36:12c'est pas rien. Donc, il est important
36:14que chacun d'entre
36:16nous, en fait, se rende compte de ce qui est en train de
36:18se jouer à l'heure actuelle,
36:20de ce qui s'est joué ces dernières années
36:22et qu'on prenne réellement en compte
36:24maintenant ces enfants, leurs paroles.
36:26Vous avez donné un chiffre, quand même, est-ce qu'il est
36:28vérifié sur les émeutes, quand il y a eu les fameuses émeutes
36:30de juillet dernier, Nael, est-ce que vous
36:32avez donné un chiffre qui m'a
36:34interpellé ? Alors oui, j'ai eu une lecture,
36:36j'ai eu une lecture où,
36:38effectivement, il y avait
36:40un enfant sur trois qui a été arrêté, en fait.
36:42C'était un enfant qui était placé à l'ASE.
36:44Un enfant sur trois arrêté pendant ces émeutes ?
36:46Oui. C'est un enfant de l'Aide
36:48sociale à l'enfance, c'est ça ? Exactement.
36:50Qui a eu un parcours à l'assistance.
36:52Oui, oui, qui a eu un parcours d'assistance.
36:54Justement, Aniela,
36:56est-ce que c'est, en fait,
36:58il y a évidemment tout ce qu'on cite
37:00et que vous avez cité et que vous avez décrit
37:02et c'est très important,
37:04vraiment, ce que vous avez décrit, je crois que
37:06beaucoup de personnes qui nous écoutent
37:08vont être très concernées
37:10par cela, en tout cas,
37:12mais est-ce que ce n'est pas aussi,
37:14parce que vous avez, c'est pas aussi une question
37:16d'équation personnelle ?
37:18Ceux qui arrivent à s'en sortir sans dire rien,
37:20qui s'en sortent et qui ne s'en sortent pas, mais quand même,
37:22est-ce qu'il n'y a pas une question, justement,
37:24de volonté, d'appétit,
37:26de lutte personnelle ?
37:28Je ne sais pas.
37:30Peut-être.
37:32Honnêtement, je n'ai pas la réponse là-dessus,
37:34mais
37:36si on prend la question à l'envers,
37:38comment ça se fait
37:40que
37:42la survie d'un enfant
37:44repose, aujourd'hui,
37:46en grande majorité, sur sa chance
37:48de rencontrer des gens, comme on vient
37:50d'entendre, qui vont dépasser les limites,
37:52qui vont comprendre les besoins,
37:54qui vont aller
37:56jusqu'à créer un lieu adapté,
37:58ce qui est
38:00de la chance, de tomber sur
38:02une personne qui va avoir cette démarche-là,
38:04et sur les capacités de survie,
38:06de s'accrocher,
38:08malgré tous les obstacles,
38:10et ce n'est pas normal, on parle d'enfants,
38:12de moins de 18 ans,
38:14et s'il faut que ça tienne
38:16à arriver à
38:18avoir quelques mains tendues, un peu plus que
38:20les autres,
38:22c'est ça qui est terrible, parce que,
38:24encore une fois, on parle d'enfants,
38:26et ces enfants-là,
38:28on parle de protection de l'enfance,
38:30ce qui n'est pas le cas aujourd'hui,
38:32et en effet, il faut nuancer aussi,
38:34il y a des personnes formidables,
38:36je sais qu'il y en a beaucoup qui vont nous écouter,
38:38donc je les remercie pour chaque petite action,
38:40parce que c'est toutes ces petites actions
38:42qui nous permettent de s'accrocher,
38:44et qui sont vraiment vitales aujourd'hui,
38:46plus qu'un système qui est en train de s'effondrer,
38:48et qui a des conséquences
38:50désastreuses, parce que, parfois,
38:52honnêtement, il y a des professionnels
38:54qui vont ne pas faire de signalement,
38:56en se disant, ah oui, mais bon,
38:58est-ce que ça ne va pas être pire en foyer aujourd'hui ?
39:00Et ça, c'est pas possible !
39:02Faute de structure d'accueil, faute de ceci,
39:04on met la poussière sous le tapis,
39:06et les poussières, ce sont des enfants,
39:08des êtres humains.
39:10Pour parler de sujets un peu difficiles, mais c'est la réalité,
39:12il y a beaucoup d'agressions aussi.
39:14Alors, il y a des films et des livres qui parlent
39:16de l'agression de la part de professionnels,
39:18au sein des foyers,
39:20mais entre mineurs, il y en a beaucoup.
39:22Il y a eu une enquête récemment
39:24qui est sortie,
39:26qui montrait la part importante d'agresseurs
39:28qui sont entre mineurs, et là-dessus,
39:30aujourd'hui, c'est un vrai problème,
39:32parce que la protection de l'enfance ne peut pas avoir
39:34ces deux piliers fondamentaux
39:36entre administratif et judiciaire,
39:38et surtout, ne peut plus protéger,
39:40et la plupart des enfants
39:42ont eu des conséquences
39:44et des traumatismes liés à leur placement,
39:46alors qu'ils sont censés être protégés.
39:48Et oui, c'est tout le problème,
39:50c'est tout le paradoxe, et c'est tout le piège
39:52d'une société qui ne donne pas
39:54les moyens de se défendre, et de se défendre
39:56elle-même, d'ailleurs.
39:58Merci à vous, merci à vous deux.
40:00Merci André Bercov de nous avoir donné la parole.
40:02Donc, le comité, pour ceux qui
40:04s'adressent au site
40:06du Comité de Vigilance des Enfants Placés,
40:08c'est sur Internet.
40:10Et moi, je vais lancer un dernier appel
40:12à tous les hommes et à toutes les femmes politiques
40:14de ce pays, de s'engager auprès
40:16de nous, et de faire avec nous,
40:18de ne pas faire sans nous, et de reprendre
40:20de rétablir la commission
40:22d'enquête, de rétablir la délégation
40:24aux droits des enfants,
40:26et de respecter aussi la Convention Internationale
40:28des Droits des Enfants. Voilà, engagez-nous,
40:30engagez-vous, et soyez
40:32près de nous.
40:34Merci à tous les deux d'avoir été avec nous,
40:36Marie-Adele Médaille, Aniela Lamenoir,
40:38on se retrouve demain, André Bercov, de midi
40:40à 14h, tout de suite Brigitte Lay sur Sud Radio,
40:42à demain.

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