• il y a 6 mois
ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr
Le Général Bertrand Cavallier, expert des questions de sécurité, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. À trois jours du premier tour des élections législatives, 61% des Français redoutent des émeutes ou des manifestations violentes à l'issue de scrutin alors qu'Emmanuel Macron, lui-même, a alerté sur les risques de guerre civile en cas de victoire des extrêmes.
Retrouvez "L'invité actu" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-interview-de-7h40
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video


Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/

Category

🗞
News
Transcription
00:00Sur Europe, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le général de division Bertrand Cavalier.
00:05Bonjour Bertrand Cavalier.
00:06Bonjour.
00:07Général de gendarmerie, spécialiste du maintien de l'ordre, il y a un an, vers 8h15 du matin à Nanterre,
00:12un policier tirait à bout portant sur Nahel, 17 ans après un refus d'obtempérer, au volant d'une voiture volée.
00:18Ce drame allait déclencher les pires émeutes depuis 20 ans, plus de 1000 blessés, 1 milliard d'euros de dégâts,
00:24une marche blanche est prévue ce samedi à Nanterre.
00:27Bertrand Cavalier, à l'inquiète les autorités, dans le contexte déjà socialement brûlant des élections législatives,
00:32nous serons en effet à la veille du premier tour.
00:34Est-ce que l'on voit des signes de troubles à l'ordre public d'ores et déjà Bertrand Cavalier ?
00:39Ecoutez, s'agissant de ce qui remonte pour l'instant du terrain, notamment des banlieues,
00:45il n'y a pas d'éléments précis qui permettent de faire état de troubles importants.
00:52Mais force est de constater qu'on est face à une situation qui est déjà très déstabilisée,
00:59avec des fractures je dirais structurelles.
01:01Donc cet événement de l'année dernière révèle que nous nous sommes confrontés,
01:07la France maintenant se caractérise par notamment des territoires qui sont dans une instabilité structurelle
01:14et à tout moment des désordres de grande ampleur peuvent éclater.
01:20C'est une menace qui est maintenant permanente.
01:23Evidemment le contexte des élections peut-être renforce cette très grande sensibilité.
01:30Est-ce que les élections seraient le déclencheur pensez-vous de ces violences
01:35ou bien est-ce qu'elles seraient un simple prétexte ?
01:37Il y a quand même des mouvances, parce qu'on parle des banlieues, de ces quartiers dits populaires,
01:43il faut quand même savoir les caractériser.
01:45Ce sont des quartiers en dissidence, en sécession,
01:48ce sont des quartiers dits de reconquête républicaine.
01:52La formule est intéressante, elle est très parlante,
01:54où se sont développés des gangs de trafiquants de drogue avec des moyens considérables,
02:01mais également parfois imbriqués, mais pas systématiquement,
02:05des mouvances islamistes qui sont de plus en plus dominantes dans ces territoires
02:11et bien entendu qui sont hostiles à l'avènement notamment d'une nouvelle majorité
02:17qui serait dominée par le rassemblement national.
02:20Mais il y a également un autre facteur qui pourrait jouer,
02:22c'est celui d'une volonté d'agiter,
02:25en quelque sorte de faire de ces mouvances des troupes de manœuvres
02:29pour développer les grands désordres,
02:31et ça serait plutôt une logique dans le droit fil
02:34de ce qu'essaient de développer LFI depuis des années.
02:38Donc vous pensez, Général Cavallier,
02:40que des personnalités ou des militants d'extrême-gauche
02:43pourraient tenter d'échauffer les esprits dans les quartiers sensibles, en quelque sorte ?
02:47Écoutez, leur véritable trou de manœuvre,
02:49hormis les 5000 activistes d'ultra-gauche,
02:53il y a une alliance objective avec ce qu'ils considèrent comme un néo-prolétariat.
02:59Alors, est-ce que ça fonctionnera ?
03:03Ce n'est pas sûr, mais LFI dispose d'autres leviers pour provoquer des désordres.
03:09En tout état de cause, vous avez d'une part une France qui est fracturée,
03:13maintenant c'est une évidence, personne ne peut être dans le déni,
03:16et tout élément, tout événement, peut-être un catalyseur,
03:20peut provoquer aujourd'hui des désordres d'ampleur.
03:24D'ailleurs, quand vous parliez des émeutes de 2005,
03:28les émeutes de 2023 ont touché un plus grand nombre de villes dans le territoire
03:36et ont été d'une toute autre ampleur.
03:38Donc, on est vraiment sur une situation qui est aujourd'hui de plus en plus volcanique, il faut le dire.
03:43Alors, on observe d'ailleurs que depuis 2017, les crises sécuritaires s'empilent,
03:47et qui ne se résolvent pas toujours d'ailleurs,
03:49qui finissent par s'accumuler.
03:51Les gilets jaunes, l'activisme écolo-violent,
03:53la systématisation des black blocs lors des manifestations urbaines,
03:56les émeutes l'an dernier,
03:58ou encore la Nouvelle-Calédonie,
04:00toutes ces crises s'ajoutent les unes aux autres, Bertrand Cavalier.
04:03Vous avez raison de brosser tout cet éventail.
04:06Alors déjà, la Nouvelle-Calédonie, c'est une situation aujourd'hui insurrectionnelle.
04:10C'est un territoire qui est très éloigné,
04:14mais aujourd'hui, les gendarmes et policiers sont confrontés
04:17à une situation extrêmement difficile d'usage systématique des armes.
04:22Donc, c'est un scénario qui peut toujours être importé,
04:25si les conditions sont réunies.
04:27Pour revenir à la métropole,
04:29vous avez toujours la possibilité de provoquer des désordres sociaux.
04:33Là, c'est une hypothèse tout à fait plausible.
04:36S'agissant maintenant des black blocs,
04:39c'est une troupe qui est relativement limitée,
04:41c'est quelques milliers d'individus,
04:43difficiles à gérer parce qu'ils sont de plus en plus violents,
04:46mais l'expérience démontre qu'on arrive à les contenir.
04:50Comme ça a été le cas sur le chantier de la 69 récemment,
04:55avec quand même des dépouillements très importants de force.
04:58Non, là où il y a pour moi la menace la plus importante,
05:02c'est que c'est une réédition,
05:04mais sous une autre dimension,
05:06des meutes dans les banlieues.
05:09C'est pour moi le scénario le plus critique
05:12qui serait très grand consommateur de forces de l'ordre
05:17et qui chaque fois cause des dommages très importants.
05:20Quand on parle de guerre civile,
05:24c'est là aujourd'hui le scénario qui monte depuis des années.
05:28Vous parlez de guerre civile,
05:30les mots qu'avait employés le président de la République en début de semaine.
05:33D'autres font le parallèle avec mai 68, Bertrand Cavallier.
05:37Est-ce que ça vous paraît pertinent ?
05:39Non, mais mai 68,
05:42vous avez un facteur idéologique,
05:45c'est une révolution d'ailleurs très bourgeoise,
05:47dans une France qui est très homogène d'un point de vue culturel.
05:50Et puis là, on est sur fond d'une agitation instudiantine
05:53qui essaie d'initier une dynamique de lutte des classes,
05:57d'ailleurs qui va très rapidement être solutionnée
05:59par les accords de Grenelle, etc.
06:01Non, là on est sur une France qui s'est profondément modifiée,
06:05avec notamment, je vous le dis,
06:09cette problématique permanente et croissante
06:13de ces territoires qui sont en sédition,
06:17de ces affrontements culturels, pour ne pas dire civilisationnels,
06:21de cette insécurité croissante,
06:24de la menace héroïste qui n'existait pas à l'époque,
06:26qui était totalement marginale.
06:28Donc aujourd'hui, on est dans un contexte
06:30où il y a la conjonction de l'ensemble des menaces
06:33avec ce contexte politique très incertain.
06:36Donc je pense que la situation est beaucoup plus complexe
06:41que l'obstance qui a pu arriver en mai 68.
06:44Merci beaucoup Général Bertrand Cavalier
06:47d'avoir été l'invité d'Europe 1 matin.
06:49Bonne journée à vous.
06:50Bonne journée à vous.

Recommandations