• il y a 9 mois
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Dominique Reynié, politologue et directeur général de la Fondapol, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de la faiblesse politique face à la montée de la violence comme à Cachan, des proviseurs menacés de mort, de la popularité du Rassemblement national et de la position de la France et d'Emmanuel Macron concernant la guerre en Ukraine.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:06 - Bienvenue et bonjour Dominique Rennier.
00:08 - Bonjour Sonia Marbrouk.
00:09 - Merci de votre présence et votre grande interview sur CNews Europe 1.
00:11 Vous êtes politologue, directeur général de la Fonds d'Appolle.
00:14 Hier, Dominique Rennier, ce sont de véritables scènes de guérilla urbaine
00:18 qui se sont déroulées devant le lycée de Cachan dans le Val de Marne.
00:22 Véritablement, c'est un lycée qui a été pris d'assaut.
00:24 Les groupuscules, en tout cas groupes en cas goulé, ont blessé des policiers et renversé une voiture.
00:29 Il y a eu une seule interpellation.
00:31 Comment est-ce que tous ces délinquants se permettent cela aujourd'hui dans notre pays ?
00:35 Est-ce que c'est la faiblesse de l'État de manière générale ?
00:38 - Alors, il y a bien sûr, quand vous citez un événement comme celui-là,
00:42 il y a des éléments que moi je n'ai pas.
00:44 Il va y avoir des explications, il y aura des causes particulières et je les ignore.
00:50 Donc ce que l'on peut peut-être dire pour ne pas trop spéculer,
00:55 c'est que de toute façon, cette scène prend place dans une société
00:59 dont on sait maintenant qu'elle n'a plus de principe de régulation.
01:03 Il n'y a plus d'autorité régulatrice.
01:05 Ce n'est pas simplement l'État qui est en effet lui-même très inhibé,
01:10 et qui, le législateur, l'État, la classe politique,
01:13 toute sensibilité confondue est très inhibée sur la question de l'autorité et de l'ordre,
01:20 comme si nous n'en étions plus capables.
01:22 Mais c'est aussi l'ensemble de ce qui fait tenir une société,
01:25 et ça c'est plus grave je dirais.
01:27 Alors la liste, on la connaît bien, ce sont les familles qui sont déstructurées,
01:30 ce sont les partis qui n'ont plus d'influence,
01:34 les syndicats qui en réalité sont des groupes très minoritaires maintenant
01:38 et très isolés au sein du monde social.
01:40 C'est aussi la religion qui n'a pas le même visage et qui n'a pas la même fonction.
01:45 Ce sont les réseaux sociaux qui hystérisent la vision du monde et les rapports.
01:52 Et puis c'est aussi une hyper-violence historique.
01:56 Nous sommes dans un monde hyper-violent.
01:58 Nous ne cessons pas de voir, et en particulier à nouveau sur ces médias continus,
02:04 qui sont à la fois un progrès et puis un défi,
02:07 nous ne cessons pas de voir des scènes extrêmement violentes.
02:11 Et ça ce sont des spécialistes psychiatres, psychologues, neurologues qui pourraient en parler,
02:17 mais ça a évidemment des effets, parce que maintenant ça fait un quart de siècle que ça existe,
02:21 ça a des effets sur la psyché de nos enfants, la psyché des jeunes qui deviennent adultes,
02:29 et même ça a des effets sur les plus anciens qui se sont mis à ce régime médiatique.
02:33 Mais quelle leçon politique, Dominique Irénier,
02:36 parce que malgré tout il y a quand même une responsabilité évidemment première de l'État.
02:39 Par exemple, est-ce qu'on a tiré, moi quand j'ai vu ces images hier,
02:42 ça m'a rappelé peu ou prou les émeutes qui ont secoué le pays il n'y a pas si longtemps,
02:46 et d'ailleurs plus largement en 2005, on vit des sortes de rémanences,
02:50 de ces sortes de scènes de violences urbaines.
02:52 Est-ce qu'on a tiré quand même les conséquences dans notre pays de tous ces épisodes ?
02:56 Moi je ne trouve pas, je ne trouve pas qu'on en a tiré des conséquences.
02:59 En tout cas si ça a été fait, ça n'a pas été dit,
03:02 ce qui est la moitié du chemin je dirais qu'il fallait faire, il fallait nous l'expliquer.
03:07 Et ce que je dirais c'est qu'il faut aussi prendre du recul historique,
03:11 se dire que quand ce genre de scènes se passent,
03:15 ça signifie pour moi inévitablement qu'il y a une sorte de recherche du point d'ordre
03:22 au cœur de la société et que l'on avance au fur et à mesure,
03:26 qu'au fond on ne rencontre pas la résistance que l'on s'attendait à rencontrer.
03:31 C'est intéressant, donc ce sont des coups de boutoir en réalité.
03:33 Ce sont des coups de boutoir.
03:34 On est aussi loin qu'il y a une forme d'impuissance et d'inhibition en face.
03:37 Absolument, et je dirais même, je le dis avec une forme d'assurance,
03:40 parce que pour moi c'est de la logique sociale.
03:42 Nous irons jusque à un chaos dramatique,
03:46 ou bien si nous ne réussissons pas à agir avant, jusqu'à une réaction hyper autoritaire,
03:52 mais il ne sera pas possible de demeurer dans une situation
03:57 qui continuerait ainsi, comme nous le voyons, année après année,
04:01 à produire des phénomènes que nous ne connaissions pas,
04:04 qui sont mal expliqués, pas expliqués du tout,
04:06 et qui sont cependant inacceptables.
04:08 Il est certain, ça c'est à la fois, je dirais, la psychologie, l'éducation,
04:13 mais aussi la société, l'ordre, le gouvernement, au sens fort,
04:17 il est certain que si l'on ne craint pas l'autorité, ça ne tient pas.
04:21 Il faut que la crainte revienne parmi les individus qui sont gouvernés.
04:26 C'est très intéressant, Dominique Grigny, vous avez employé, j'allais dire, le mot magique "autorité".
04:29 D'ailleurs, tous les responsables politiques disent "autorité, autorité, autorité".
04:32 Mais quelle autorité ? Autorité de l'État ? Autorité parentale ?
04:35 Autorité professorale ? Sans cesse remise en cause.
04:38 On a vu ce cas de ce proviseur qui a demandé à une élève d'ôter son voile,
04:42 et qui a été la cible de menaces de mort dans le pays de Samuel Paty, de Dominique Bernard.
04:47 Comment aujourd'hui ? Voilà, ce sont ces coups de boutoir aujourd'hui.
04:50 Oui, à chaque fois. En fait, nous n'avons pas réagi suffisamment.
04:55 Je ne veux pas être injuste avec ceux qui font des efforts, que ce soit la police, le corps enseignant,
05:00 les différents ministères, parce qu'on est toujours un peu rapides là-dessus.
05:03 Il y a des gens qui travaillent tous les jours à faire en sorte que ça ne se produise pas,
05:06 ou que ça ne se reproduise pas.
05:08 Mais il n'en demeure pas moins qu'il y a de grandes logiques, de grands mécanismes,
05:13 et que de toutes parts, j'aimerais par exemple, moi, avoir la statistique, je ne l'ai pas,
05:19 peut-être que c'est une vue personnelle, mais je suis frappé de voir le nombre d'automobilistes
05:23 qui grillent les feux rouges. Et donc je me dis, est-ce que c'est simplement ici ?
05:28 Est-ce que c'est un phénomène général ? Est-ce qu'il y a un irrespect de ce type de règles fondamentales
05:32 qui mettent en péril la vie des autres, etc. ?
05:34 Donc c'est en tout sens que ça va se produire.
05:36 Et là, logiquement, ce qui n'est pas interdit devient autorisé.
05:42 Ce qui n'est pas sanctionné devient possible.
05:45 - Il n'y a pas... - Ou même revendiqué, assumé,
05:48 et parfois même, j'allais dire, porté fièrement.
05:50 Absolument. Dès lors que vous n'avez pas... En réalité, c'est l'absence de risque qui fait qu'on avance ainsi.
05:55 Ce n'est pas la naissance du courage, c'est l'absence de risque.
05:58 Et donc nous devons avoir une réponse étatique et sociale,
06:03 mais là, ça appelle chacun aussi à sa propre responsabilité,
06:06 de part en, dans son métier, dans son rapport aux autres, dans le débat, etc.
06:10 La société ne se tient plus, en fait, je trouve.
06:13 Ça, c'est le point, moi, le plus inquiétant, parce que jusqu'ici, j'avais plutôt le sentiment
06:16 que la société continuait à se tenir, mais si ça se délite,
06:20 parce que l'État, les pouvoirs publics, les gouvernants, nos pouvoirs,
06:24 ne sont pas, semble-t-il, capables, je ne sais pas ce qui s'est passé dans leur tête,
06:29 ils ont l'air de craindre d'en appeler à...
06:32 - Craindre le chaos, alors que peut-être par leur inaction, certains,
06:36 est-ce qu'ils ne sont pas en train de le provoquer ?
06:38 - Ah oui, moi, je pense qu'ils craignent davantage d'être craints.
06:42 - Mais c'est un cycle... - C'est absurde, parce que c'est leur rôle.
06:44 - C'est incroyable, mais oui. - Il ne faut pas venir au pouvoir pour être aimé.
06:47 On peut être reconnaissant de ce que vous faites, on peut vous reprocher, votre politique,
06:51 mais on ne peut pas, que l'on vous aime ou pas, ça n'a aucun intérêt.
06:54 Et si on a ce goût d'être aimé, il vaut mieux faire autre chose que de la politique.
06:58 Donc, ceux qui gouvernent, c'est un maire, c'est un si,
07:02 mais la société a besoin d'une direction qui réinjecte de la crainte,
07:08 fondée, bien sûr, sur des principes moraux qui nous sont communs,
07:11 sur la justice, sur la dignité et la liberté, évidemment,
07:15 qui doit prévaloir, comme principe général,
07:18 mais il faut une remise en ordre de la société.
07:21 - Là, c'est pour des défis à long terme, alors qu'il y a urgence,
07:24 et justement, Dominique Régnier, nous verrons dans quelle mesure tout cela,
07:27 tout ce que vous décrivez, va jouer et compter en vue des élections européennes.
07:30 Le RN tutoie les 30 % dans les intentions de vote, soit 10 points,
07:35 parfois même, j'ai vu, 12 points de plus que la majorité, selon certains sondages.
07:38 Et on peut remarquer, et là, votre analyse est précieuse pour nous,
07:42 que le RN capte l'électorat populaire, je veux dire ça, c'est depuis un certain temps,
07:45 mais aussi les CSP+, les fameuses professions libérales.
07:49 Est-ce que c'est devenu un parti "attrape-tout", le métro à 18 heures, comme on disait à un moment ?
07:53 - Oui, ça commence à ressembler à ça.
07:56 La comparaison n'est pas forcément aisée, mais non, parce que...
07:59 Mais il est clair que le Rassemblement national est en train de devenir,
08:05 en tant que parti beaucoup plus marqué, alors, dans son discours sur l'autorité,
08:11 l'immigration, encore que ça reste très euphémisé par rapport au passé,
08:16 parce qu'il y a cette quête de la normalisation, comme l'on dit,
08:20 c'est clairement en train de devenir un parti de la droite en France.
08:26 Toute la droite ne s'y retrouve pas, une partie reste au LR,
08:30 et notre partie, encore aujourd'hui, accrochée au macronisme et à ceux qui peuvent en sortir,
08:35 mais il est clair que le Rassemblement national est devenu un parti très solidement installé.
08:40 On va voir quand même...
08:41 - C'est intéressant, est-ce que vous le compareriez, D. Guérinier, pardonnez-moi,
08:44 au RPR à peu près des années 90, pour ceux qui s'en souviennent, c'est pour les mêmes thèmes ?
08:49 - Oui, c'est ça, justement, il manque un élément, on comparera ça,
08:53 moi j'attends ça avec intérêt, 2026, on verra si aux élections municipales,
08:57 il y a un frantisme municipal, comme il y avait autrefois un communisme municipal.
09:02 S'il y a un frantisme municipal, l'affaire est entendue, c'est fini,
09:05 la droite ne pourra plus, la droite classique ne pourra plus se remettre,
09:08 enfin très très longtemps, de ce qui lui arrive,
09:10 parce qu'elle perdra les bases qui font aujourd'hui qu'elle tient encore le Sénat, par exemple.
09:14 Mais ça va être très important, parce que voter pour le RN aux européennes,
09:19 c'est une façon de dire sa colère, peut-être même d'éprouver une forme de jubilation,
09:24 parce qu'on voit le trouble que provoque ce type de résultat électoral,
09:28 mais voter pour que sa commune soit RN, c'est différent.
09:32 Et donc là, on aura une vraie mesure, je pense, de l'enracinement ou pas du RN,
09:38 puisqu'aujourd'hui, paradoxalement, que ce soit le macronisme, le RN ou la France Insoumise,
09:43 ce sont trois forces politiques qui existent au niveau national,
09:45 qui n'ont aucune base régionale locale, tout à fait détachées de la réalité du terrain,
09:51 qu'ils évoquent pourtant très souvent.
09:53 Il y a quelque chose de frappant, Dominique Grenier, par rapport à ce qui se passe en Europe,
09:56 et donc, c'est le paysage de ces élections européennes, c'est la poussée du vote.
10:00 Alors certains disent "anti-Europe", alors pour une autre Europe,
10:03 et cette fièvre, cette poussée, elle vient des pays fondateurs de l'idée même, de l'esprit européen.
10:08 Comment vous l'expliquez ? Est-ce que vous l'avez déjà remarqué en tant que politologue ?
10:13 Oui, en fait, on vient de citer le Rassemblement National, donc ça c'est la France.
10:17 On peut citer Flotel d'Italia pour l'Italie, on peut citer l'AFD pour l'Allemagne,
10:21 on peut citer le Parti de la Liberté pour les Pays-Bas,
10:24 on peut citer le Vlaams Blank, pardon,
10:27 ou l'Alliance pour la Finlande, pardonnez-moi, la Flandre libre pour la Belgique.
10:35 Donc, à part le Luxembourg, tous les pays fondateurs doivent être cités pour fournir,
10:39 et ce sont des pays peuplés, l'Allemagne, la France, l'Italie,
10:42 vont fournir beaucoup de députés européens, dont beaucoup seront, je dirais, de la mouvance,
10:48 soit de Marine Le Pen, soit de Georges Armel-Noni.
10:51 Ce sont les deux groupes qui vont progresser le plus au Parlement européen.
10:54 Moi, je pense qu'il faut faire attention à l'analyse de ce vote-là.
10:59 Il y a de la protestation, mais nous savons aussi que les électeurs de cette Europe fondatrice
11:05 comme de l'Europe actuelle ne veulent pas quitter l'Union.
11:09 D'accord, ils ne veulent pas quitter l'Union, mais, Dominique Grigny,
11:11 ils ne veulent pas d'une logique maastrichtienne, de l'Europe depuis le traité de Maastricht,
11:14 si on comprend bien.
11:15 Ils ne veulent pas quitter l'Union, ils veulent encore moins quitter l'euro.
11:20 C'était très étonnant de voir que l'euro est même plus populaire que l'Union européenne.
11:23 Alors que veulent-ils ? C'est quoi cette autre Europe ?
11:25 Plus souveraine, plus protégée des nations ?
11:27 Mon interprétation, c'est que les Européens ont tous compris
11:31 qu'ils ne pèseraient pas seuls face au monde épouvantable, impressionnant,
11:39 et qu'il fallait non plus qu'être unis,
11:42 mais qu'être unis, ça signifiait avoir une puissance publique supplémentaire,
11:47 pas nécessairement à la place des autres,
11:49 ce n'est pas le fédéralisme auquel aspirent les Européens, pas du tout,
11:52 mais une véritable puissance européenne,
11:55 une puissance en plus qui naît de cette Union et qui protège les Européens.
11:59 Vous écoutez, c'est l'Europe des nations du général de Gaulle.
12:02 Je crois que l'Europe actuelle, il lui manque trois choses pour que les Européens s'y retrouvent.
12:09 Il manque la défense des frontières, comme si c'était les frontières d'une nation,
12:14 la défense bec et ongle des frontières.
12:17 Il manque d'assumer la nécessité d'avoir une puissance commune,
12:23 militaire, policière, économique, etc.
12:27 Et enfin, d'être capable de défendre une identité européenne.
12:31 Avant qu'on parle de souveraineté européenne,
12:33 certains affirment, je ne sais pas comment vous analysez cela,
12:36 qu'il y a une contradiction entre souveraineté européenne et souveraineté nationale
12:40 parce qu'il n'y a pas de nation européenne, parce qu'il n'y a pas de peuple européen.
12:43 Alors moi, je parlais d'identité européenne.
12:44 Ah oui, c'est différent.
12:45 Mais on peut parler du mot souveraineté, vous avez raison, sans être trop long là-dessus.
12:50 Souveraineté, ça signifie pouvoir supérieur.
12:54 Il y a bien une souveraineté des Européens en tant que peuple.
12:59 Il faut bien enregistrer leurs préférences.
13:02 Et lorsque les Européens sont amenés à dire ce qu'ils veulent,
13:05 cela devient de la souveraineté populaire.
13:08 Et donc il y a une tension entre différentes souverainetés,
13:11 nationales, européennes ou populaires, mais on s'y retrouve sans difficulté.
13:15 Et on a tort de dire qu'il n'y aura pas de souveraineté européenne
13:19 parce qu'il y a des souverainetés nationales.
13:21 Il peut y avoir, et c'est ce que fait l'Europe depuis si longtemps,
13:24 une invention d'un phénomène unique, très singulier,
13:28 qui combine ces différentes formes de souveraineté.
13:30 C'est ce qui est contesté apparemment par beaucoup de peuples.
13:32 Ce que trouve aujourd'hui, ce que ressente,
13:34 alors je vous l'ai fait parler, c'est un peu rapide,
13:35 mais ce que ressentent les Européens aujourd'hui,
13:37 c'est que, je vais prendre deux exemples,
13:39 il se déploie des politiques pénibles pour les Européens
13:42 qu'ils n'ont pas demandées.
13:44 Par exemple, cette forme de transition écologique,
13:47 on l'a vu dans le domaine agricole, ça n'a pas été débattu.
13:51 Je ne sais pas à quel moment on a voté pour un programme comme celui-là,
13:54 on ne s'en souvient pas, et il est appliqué avec une ferveur incroyable.
13:57 Et de l'autre côté, il y a une demande, je l'ai dit,
14:00 de frontières, de contrôle de l'immigration et d'intégration.
14:03 Et malgré les appels répétés nationalement ou au plan européen,
14:08 et c'est très clair que tous les Européens y aspirent,
14:10 je parle des individus, ça ne vient pas.
14:12 Donc une Europe qui fait ce que vous ne voulez pas
14:15 et qui ne fait pas ce que vous voulez, ça ne peut pas aller.
14:18 Et pour conclure, face à cette Europe-là,
14:20 et on verra comment elle va se dessiner après les élections européennes,
14:23 il y a une Amérique avec un duel retour qui se dessine,
14:26 Trump-Biden et Donald Trump qui enchaînent, Dominique Régnier,
14:29 les victoires et confirment sa marche vers l'investiture américaine.
14:33 Je lisais un papier, il confirme sa marche quand même
14:36 dans beaucoup de catégories de populations,
14:38 là encore peut-être une comparaison avec le RN.
14:40 Qu'est-ce que ça vous inspire ?
14:42 C'est un grand tremblement historique qui est à l'œuvre.
14:47 Après les 370 millions d'Européens qui vont voter le 6 et 9 juin,
14:52 il y aura les élections américaines,
14:54 et nous saurons, je pense, le 6 novembre prochain,
14:57 si le monde démocratique a basculé dans le chaos.
15:01 Je le crois vraiment, c'est un moment de ce type, un grand moment.
15:04 On s'en rendra compte collectivement, j'espère pas trop tard,
15:07 parce que ça peut créer des effets d'affolement et de panique,
15:09 mais nous sommes dans une situation extrêmement grave
15:12 et il est temps de se repolitiser au sens noble du terme,
15:15 de s'intéresser fortement et vite aux affaires publiques
15:18 pour être sûrs que ce qui va nous arriver est ce que nous voulons.
15:21 C'est intéressant, pour conclure, vous dites monde démocratique.
15:23 Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères
15:25 que nous avons reçu au grand rendez-vous dimanche,
15:27 il a l'air, depuis des années d'ailleurs, sur un Occident
15:29 qui se pense encore comme centre du monde,
15:31 un monde démocratique dominant et arrogant face à un Sud global,
15:35 même s'il n'aime pas l'expression.
15:37 Il a raison.
15:38 Mais juste un mot là-dessus, l'Occident ne se pense plus rien du tout.
15:42 C'est le problème.
15:44 C'est pour ça qu'on mime, en fait, on reprend les mots
15:47 qu'on a toujours utilisés parce qu'on ne sait pas quoi dire,
15:50 on reprend les gestes qu'on a toujours eus parce qu'on ne sait pas quoi faire,
15:53 et c'est une espèce de pantomime, c'est tragique.
15:56 Si nous avions une vision de l'histoire, de notre situation
15:59 et de ce que nous pouvons faire, nous aurions des mots inédits,
16:03 des propos régénérés, et nous ferions sens.
16:06 Là, c'est assez tragique et ça a été repéré
16:08 par les pouvoirs autoritaires qui attendent leur heure.
16:10 Merci Dominique Rémy, c'était passionnant de vous écouter,
16:13 j'espère, je suis sûre que ça l'a été, pour nos auditeurs
16:15 et téléspectateurs CNews Europe.
16:17 Bonne journée et à bientôt.
16:18 Merci.

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