Cette semaine, Alexandre Delpérier reçoit Barbara Humbert, recordwoman du monde de course en 24 heures (125km) à 82 ans. Emma Brunel, championne de ski nautique et Anne-Lise Rousset, traileuse et détentrice du record féminin sur le GR 20 en 35h50.
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00:00...
00:18-"Parce qu'il y a les femmes, parce qu'il y a le sport",
00:21bienvenue dans votre rendez-vous dédié aux femmes dans le sport,
00:24bienvenue dans La victoire est en elle,
00:26avec des femmes inspirantes et même époustouflantes.
00:29Sommaire, à 82 ans,
00:32elle vient de battre le record du monde des 24 heures en courant.
00:36Barbara Humbert a parcouru 125 km en courant à 82 ans.
00:40La francilienne compte plus de 50 marathons.
00:42Elle ne compte pas s'arrêter là.
00:44Ensuite, Emma Brunel sera avec nous depuis les Antilles.
00:47C'est déjà une ancienne championne de ski nautique,
00:50plusieurs fois médaillée sur la scène internationale.
00:53Elle vit en Californie et rêve de devenir avocate.
00:55Enfin, une femme encore inspirante,
00:57elle a broussé, a dompté le GR20 en moins de 36 heures.
01:00C'est le nouveau record féminin sur ce tracé mythique de Corse.
01:03La jeune maman a tout simplement écrit l'histoire en Corse cette année.
01:07Soyez les bienvenues. Je vous demande d'accueillir Barbara Humbert.
01:11Bonjour, ma chère Barbara.
01:12Je suis désolé d'insister, mais il est important de préciser,
01:16permettez-le-moi, que vous avez 82 ans, 83 ans en fin de semaine.
01:20-"Samedi, j'aurai 83 ans, le 9 juillet."
01:23Vous êtes allemande. -"Je suis allemande."
01:25Vous êtes allemande au tout début de la guerre.
01:28-"Oui, juste avant, un tout petit peu avant."
01:31La vie vous a ensuite amenée en France
01:33et aujourd'hui, vous êtes extraordinaire, exceptionnelle.
01:3782 ans. -"Je cours pour la France."
01:39Le mois dernier, vous avez fait parler de vous
01:41en décrochant le record du monde de courses en 24 heures
01:44dans la catégorie des 80-84 ans, pardon, c'était à Brives-la-Gaillarde.
01:49125 km.
01:51Votre mari m'a dit tout à l'heure, en coulisse,
01:53plus elle court. Qu'est-ce qui vous arrive ?
01:56-"Mais il m'arrive que ça me plaît et que c'est une forme de liberté.
02:02Je n'ai besoin de personne pour courir.
02:04Je peux courir dans la forêt, dans les rues."
02:07-"Mais c'est incroyable." -"Je m'entraîne."
02:11-"Ah, vous vous entraînez." -"Oui, voilà."
02:13-"Ce record du monde des 24 heures que vous avez battu l'autre jour,
02:17c'était pour l'association Face au cancer du sang,
02:19organisée par le journaliste et coureur Julien Bigorne.
02:22C'était pour récolter des fonds pour l'association Cassiopéa.
02:26Comment est né ce projet ?
02:27Quand on voit tous les marathons que vous avez faits,
02:30plus de 50, je le disais, bon, OK, des marathons, déjà.
02:33-"J'ai 54 marathons, mais j'ai fait 200 km.
02:37200 km, et puis là, les 125 km des 24 heures."
02:40-"Je comprends rien. Comment ça, 200 km ?"
02:43-"J'ai fait 100 km pour mes 70 ans.
02:45J'ai fait les 100 km de Millau et pour mes 80 ans,
02:48en 2019, j'ai fait encore une fois les 100 km de Millau."
02:52-"Pour vos 90 ans, vous avez prévu quelque chose ?"
02:54-"Ah, mais ça, je n'ose pas prévoir encore, ça."
02:58Ils rient.
03:00-"Pendant 24 heures, vous n'avez jamais arrêté de courir.
03:04Votre mari, Jacques, me disait
03:06que vous étiez obligés de lui donner à manger."
03:08-"Oui, parce qu'il était là pour le ravitaillement.
03:11Il m'obligeait de m'arrêter pour manger un peu.
03:14J'ai mangé un peu de purée. Elle était très bonne, la purée."
03:18-"Vous tournez à quoi, Barbara ?"
03:20-"Je ne sais pas. Je tourne...
03:22Je tourne par la volonté, par la force,
03:25par mon corps qui court et mon mental qui suit.
03:28Je n'ai jamais arrêté le marathon, je n'ai jamais abandonné.
03:32Je n'abandonnerai pas, jamais."
03:34-"Vous êtes certaine que ce n'est pas votre mental
03:37qui vous fait courir ?"
03:39-"Je pense que le mental, en général,
03:42prend le dessus quand on est fatigué, quand même, à la fin."
03:45-"A 82 ans, vous avez le droit d'être fatiguée
03:48au bout de 125 km ?" -"Voilà.
03:50Même avant, je peux être fatiguée."
03:52-"Vous avez souffert après ces 125 km ?"
03:54-"Non, pas du tout. J'étais très bien.
03:57On est allées manger le soir dans un resto,
03:59on a fait une bonne petite bouffe,
04:01avec Julien et les autres coureurs et coureuses."
04:04-"Incroyable." -"Non, mais ça allait très bien."
04:07-"J'aimerais que vous me livriez une anecdote
04:11sur le marathon que vous avez fait au printemps dernier.
04:15Vous êtes allée chercher votre dossard, votre maillot,
04:18et puis...
04:19-"On a pris le dossard le 31 mars
04:22pour la course du 4... -"C'était le marathon d'où ?"
04:25-"Le marathon de Paris." -"D'accord."
04:28-"Et puis, bon, mais..."
04:31-"C'était combien de jours avant le départ du marathon ?"
04:34-"Le marathon, c'est le 4, et on cherchait le dossard le 31 mars."
04:37-"Donc, cinq jours avant." -"A peu près cinq jours,
04:40parce que la nuit, c'était jeudi, le vendredi à samedi,
04:44Jacques commençait à tousser,
04:46moi aussi, vendredi à samedi, je commençais à tousser.
04:49Le samedi à dimanche aussi,
04:51je toussais pendant tout le trajet du marathon.
04:54Et à la fin, j'étais très fatiguée,
04:57plus que normal, et froid.
04:59J'avais très, très froid.
05:01Alors je me suis dit, c'est quand même bizarre,
05:03c'est quand même bizarre.
05:05Puisque Jacques était très fatigué aussi,
05:07le lundi, j'ai traîné encore, le mardi,
05:09et puis j'ai fait le test le mercredi, positif.
05:13Mais le jeudi...
05:14Vous avez fait le marathon de Paris en ayant le Covid.
05:17En début de Covid, mais j'étais pas fatiguée.
05:20Le jeudi, c'était fini pour moi.
05:22Le jeudi, c'était fini.
05:24Vous habitez dans le Val-d'Oise.
05:26Vous êtes licenciée au club de Saint-Brice Athlétisme.
05:29Voilà, oui.
05:30J'aimerais qu'on comprenne votre parcours.
05:32Vous avez commencé la course à seulement 40 ans ?
05:35À 43 ans.
05:36Pourquoi ?
05:37Parce que ma fille aînée,
05:39qui était en train de faire du sport pour le bac,
05:41elle est revenue, elle a dit qu'on avait fait de l'endurance.
05:45J'ai dit comment c'est.
05:46Elle m'a dit que j'avais fait le tour de bouffement.
05:49A l'époque, on habitait à Bouffement.
05:51Ce tour, ça faisait combien ?
05:54Quelques kilomètres.
05:55Mais 3-4 ou 5-8 ?
05:56Non, maximum 2-3.
05:59D'accord.
06:00Maximum 2-3.
06:01J'ai fait le tour, et puis après, on va plus loin.
06:05Et puis, on a envie de faire plus.
06:07Et puis, j'ai lu qu'il y avait 84...
06:09Il y avait le marathon des femmes,
06:11par la société cosmétique avant,
06:14qui organisait des marathons pour les femmes
06:17pour permettre aux femmes de courir.
06:19Mais ça, c'était combien de temps
06:20après avoir décidé de courir autour de votre village ?
06:23C'était l'année d'après.
06:25D'accord. Pendant un an, vous avez commencé à courir ?
06:28Non, c'était en 82, je commençais à courir,
06:31et puis en 84, j'ai fait le premier marathon.
06:34C'est donc la seule vie des femmes à Paris.
06:36J'ai besoin de comprendre une chose.
06:38C'est génétique ? Votre papa, votre maman faisaient beaucoup de sport ?
06:42Mon père était assez sportif en étant jeune homme.
06:46Il était... Oui, pendant ses études aussi.
06:49Et ma mère était très sportive aussi.
06:51OK, donc il y a peut-être un truc génétique au-delà de ça.
06:54Ma mère, toute jeune, elle faisait du ski de fond
06:57dans le Taounous, derrière Francfort,
06:59dans les montagnes, toute seule.
07:01Il y avait de la neige à l'époque.
07:03Elle partait pour des heures de randonnée toute seule.
07:06Donc elle était assez courageuse.
07:10Avant que votre fille vous dise
07:12que vous avez fait un peu d'endurance,
07:14vous faisiez déjà du sport ?
07:15Oui, je faisais donc, comme je disais,
07:18en hiver, du sport, du ski.
07:20En été, la natation, mais bon.
07:22Et puis, la gym-dance,
07:25comme beaucoup de jeunes mamans qui ont des petits-enfants,
07:28on fait de la danse gym,
07:30et souvent, les petits-enfants viennent avec.
07:34J'ai besoin de comprendre une chose.
07:36Aujourd'hui, vous avez 54 marathons en votre actif.
07:38Comment, un, vous vous voyez votre mari ?
07:40Comment, deux, vous voyez vos trois filles ?
07:43Vous avez trois filles.
07:44Pauvre mari au milieu de toutes ces femmes.
07:46Et encore, vous auriez aimé en avoir plus ?
07:49J'aurais pu en avoir cinq filles, mais bon...
07:51On choisit pas le sexe des enfants.
07:53Entre nous.
07:54Bref, comment votre famille vous voit,
07:57vous juge, à 82 ans,
07:58enchaîner des courses de 125 km ?
08:00Je pense que ça leur plaît, ça les étonne même plus.
08:04Je pense qu'arrêter, ça les étonnerait beaucoup plus.
08:07Ma fille aînée qui est médecin,
08:09elle a parfois des questions,
08:12elle dit parfois, ça va toujours,
08:14mais elle sait très bien que je n'ai pas de problème de santé,
08:17alors elle dit, tu cours, tu cours, tu cours,
08:19jusqu'à ce que la vie s'arrête ou quelque chose se passe.
08:24J'adore votre optimisme, c'est merveilleux.
08:27Mon petit-fils, l'aîné de mes enfants, de mes petits-enfants,
08:30qui a 32 ans, en août,
08:33il a dit, j'ai parlé l'autre jour avec maman
08:36pour voir comment tu cours.
08:37Je lui ai dit, elle court jusqu'à un moment donné,
08:40pendant la course, clac, boum, c'est fini,
08:43elle va courir jusqu'à la fin.
08:45C'est vrai.
08:4654 marathons, vous avez fait 10 fois le marathon de Paris,
08:49le marathon de New York pour vos 60 ans,
08:51celui de Caen, de Berlin, de Rome, d'Alsinki, d'Oslo,
08:55de Stockholm, de Copenhague, de Lisbonne, de Munich, d'Athènes.
08:58Vous avez fait des marathons partout.
09:00Oui, Barcelone, en Espagne,
09:03Venise...
09:04Venise... Qu'est-ce que j'ai dit ?
09:06En Italie, Venise.
09:08Qu'est-ce que j'ai dit ? Rome et Florence, en Italie.
09:11Quel est le plus beau marathon que vous aviez fait ?
09:14Chaque marathon a sa...
09:17Il y a toujours quelque chose qui vous...
09:21qui vous revient.
09:23Je ne peux pas dire qu'il y a un marathon plus qu'un autre.
09:26À New York, il y a tous les enfants dans la rue qui viennent.
09:31Il y avait les synagogues qui...
09:34Il y avait les petits-enfants juifs qui sont si mignons,
09:38habillés là, et les petits garçons qui étaient là,
09:41qui claquaient les mains, ça m'a beaucoup touchée.
09:44Je vois des étincelles dans vos yeux quand vous en parlez.
09:47Et puis, il y a tellement...
09:51Il y a Rome aussi, quand on partait,
09:55il y avait le Vatican, il y avait la place.
09:58Il y avait là une petite fontaine,
10:01il y avait un coureur avec son chien,
10:03et le coureur s'est arrêté,
10:04parce que le chien a voulu boire dans la fontaine.
10:08Et voilà, il y a des petits souvenirs qui viennent et qui restent.
10:13Montrez-moi les médailles que vous avez amenées.
10:15Qu'est-ce que c'est ?
10:16Alors, là, ça, c'est avant...
10:18Montrez-les à la caméra.
10:19Avant la Covid.
10:21Ça, c'est le marathon que j'aime beaucoup.
10:23Mettez-le plus devant vous.
10:24On ne bouge pas, on les voit.
10:26Ça, c'est quoi ?
10:27C'est le marathon du vignoble d'Alsace.
10:29Ah, et là, Jacques, il était à la buvette ?
10:31Jacques, il m'attendait, il m'attendait, il m'attendait.
10:34Si, si. Non, non, pas à la buvette.
10:36Mais il était entouré d'autres parents qui attendent.
10:41Bien sûr.
10:42Alors, ça, c'était avant la Covid,
10:47en septembre, en juin, en juin 2019.
10:50Dites donc, d'ailleurs,
10:52comment vous avez fait pendant trois mois enfermés ?
10:54Pendant la Covid.
10:55Moi, je courais tout le temps.
10:58On avait le droit de s'éloigner un kilomètre.
11:01Alors, j'ai préparé mon parcours autour de la maison.
11:04Je pouvais faire 10 km en restant toujours à 1 km de la maison.
11:08Donc, vous faisiez 100 fois le tour de la maison ?
11:09Mais non, j'avais des rues.
11:11J'ai préparé un parcours dans les rues, derrière.
11:14Et maintenant, je cours au sud 10, 15,
11:17même 20 km en restant dans les rues.
11:20Montrez-moi les autres médailles, s'il vous plaît.
11:22Alors, ça, c'est une très belle médaille de Paris,
11:24le marathon de Paris.
11:25Elle est superbe. C'est quelle année, ça ?
11:27C'était en 2019...
11:29En 2021, c'est l'octobre, la reprise après la Covid.
11:33C'était en octobre de l'année dernière.
11:36Donc, ce n'est pas le marathon où vous avez attrapé le Covid ?
11:38Pas cette année, non.
11:39Non, justement, parce que la médaille est très, très belle, celle-là.
11:42C'est pour ça que je...
11:43C'est d'accord. Elle est magnifique.
11:45En général, elles ne sont pas aussi belles.
11:46Et là, ça, c'est donc ma médaille du championnat de briefs Lacaillarde.
11:51Donc, ça, c'est le fameux record d'il y a quelques jours.
11:54Il y a un mois.
11:5524 heures.
11:56125 kilomètres.
11:58Oui, un mois et une semaine, oui.
11:59J'ai du mal à croire, Barbara,
12:01qu'après 125 kilomètres en courant à 82 ans,
12:05vous arriviez et que vous n'ayez pas de problème,
12:07j'en sais rien, d'articulation, d'alimentation ?
12:10Non, même pas.
12:11Et puis, j'étais tellement bien qu'une semaine après,
12:14j'ai fait le trial de l'ESSEC, de Pontoise.
12:20Combien ?
12:21Urban trial, 11 kilomètres.
12:23J'ai fait les 11 kilomètres, mais assez difficile
12:26parce qu'à Pontoise, ça monte et ça descend,
12:28les escaliers et dans les campagnes, il y en a.
12:33Non, mais je me suis sentie bien.
12:35Bon, mais j'ai fait un peu plus de temps
12:36que pour les autres 11 kilomètres,
12:38mais ça m'a fait du bien quand même
12:41de reprendre l'entraînement après.
12:44Quel défi vous aimeriez faire que vous n'avez pas encore réalisé ?
12:47Pour la course à pied ?
12:49Ce que vous voulez.
12:50Mais là, il y a Chicago, peut-être Boston.
12:53C'est quand, ça, Chicago-Boston ?
12:55Chicago, c'est là, maintenant, en octobre.
12:57Je crois que c'est le 7 ou le 9 octobre.
12:59Est-ce que vous avez une préparation particulière
13:01pour les marathons ou non, parce que vous en faites tellement ?
13:03Pour le marathon, je cours quand même
13:06minimum 45 kilomètres de course à pied par semaine,
13:09plus le vélo.
13:10Donc, un jour, je cours, un jour, je fais du vélo intérieur.
13:14Et puis, je rajoute aussi de la natation
13:18quand je prépare un triathlon.
13:21Attendez, quoi ? Vous faites des triathlons aussi ?
13:22J'ai fait, l'année dernière, un petit triathlon.
13:26Un triathlon olympique ?
13:27C'était 800 mètres de natation,
13:2920 kilomètres de vélo et 5 kilomètres de course à pied,
13:32à chantier.
13:34Pardon, je me permets, cette question un peu provoque.
13:39Vous ne voulez pas faire un Ironman ?
13:43Certainement, mais je ne pourrais pas rester dans les limites,
13:47dans les temps limites, certainement, je ne sais pas.
13:49Oui, mais est-ce que faire 2 kilomètres de natation ?
13:53C'est 3,5 kilomètres de natation, 180 de vélo
13:56et puis un marathon.
13:58C'est trop, ça, pour vous ?
14:00C'est beaucoup.
14:01Il faudrait un entraînement vraiment très spécifique.
14:05Mais vous pourriez vous lancer ce défi ?
14:08Je voudrais bien, mais tout le monde me dirait,
14:10à ton âge, c'est trop tard, tu ne pourrais pas.
14:13Mais je...
14:16Si, pourquoi pas ?
14:17Mais non, je ne crois pas, ce ne serait pas raisonnable.
14:20Les JO de Paris, ça vous inspire ?
14:22Oui, je voudrais participer au marathon des JO olympiques,
14:28le marathon populaire.
14:29Marathon pour tous ?
14:30Pour tous, là, je voudrais bien participer.
14:32C'est dans un an et demi, deux ans, pardon.
14:34Oui, mais en deux ans, c'est vite fait.
14:36Oui, c'est pour ça.
14:37L'année prochaine et encore, et puis là, ça se fait.
14:40Je voudrais bien faire ça.
14:43Je voudrais comprendre une chose, Barbara.
14:45Vous vous entraînez seule ?
14:46Oui.
14:47Vous n'avez pas de copines ou de copains de votre âge ?
14:50Non.
14:51Vous avez le sentiment ou vous avez conscience
14:53d'être extraordinaire ?
14:55Non, parce que je crois qu'il y a beaucoup de femmes,
14:58je parle de femmes,
14:59qui pourraient faire pareil, mais qui n'osent pas.
15:01Ou parce qu'on leur dit, non, ce n'est plus de ton âge,
15:04ou c'est plus bon pour ta santé.
15:07Mais je crois qu'il y aura beaucoup de femmes
15:09qui voudraient le faire, mais qui n'osent pas.
15:12Quel regard vous avez sur cette société
15:14où il y a de plus en plus d'obésité,
15:15de moins en moins de jeunes qui font du sport ?
15:18Moi, je trouve ça assez regrettable.
15:21C'est une question de santé énorme
15:26pour ces gens-là, pour la souffrance.
15:28Quand je les vois, ces pauvres femmes,
15:30quand je fais des courses, je dis, mon Dieu, mon Dieu,
15:32je souffre à les voir, parce que quand il fait chaud,
15:35elles peinent à avancer, elles peinent.
15:39C'est dramatique, c'est triste.
15:41Je suis très triste pour ces femmes-là.
15:43En même temps, vous vous êtes, si je peux me permettre,
15:46réveillée à 42 ans.
15:47Oui.
15:48Oui, oui, mais enfin, j'ai déjà été avant...
15:51Non, mais je veux dire, la dimension exceptionnelle
15:54de votre activité, elle date, certes, d'il y a 40 ans.
15:5740 ans, 40 ans, oui.
15:5840 ans, oui, il faut...
16:00Moi, j'ai arrêté, une fois, à 3 ans,
16:02j'ai arrêté à 3 ans de 90, après le marathon d'Oslo.
16:06J'ai arrêté à 3 ans...
16:07Pourquoi ?
16:09Parce que j'avais un problème dans la hanche,
16:11et je continuais l'entraînement, mais je n'osais pas courir.
16:15Maintenant, je sais que j'avais tort,
16:17parce qu'on peut toujours continuer, même.
16:20Même avec un sciatique,
16:22j'avais pendant un an et demi un sciatique
16:25qui était très désagréable.
16:26Je pouvais courir un kilomètre,
16:28il fallait m'arrêter pour faire des étirements,
16:30et je fais deux marathons, quand même,
16:32parce que je voulais être plus forte que la maladie.
16:37Je voulais pas me laisser...
16:38Est-ce que vous considérez que vous êtes une sportive de haut niveau ?
16:42Je trouve que c'est...
16:44Non, je pense que...
16:46À mon niveau, non, je crois pas.
16:48Il y a des hauts niveaux, oui,
16:49comme la jeune femme qui a traversé en 35 heures le GR20.
16:54Ça, c'est du haut niveau, ou alors...
16:56Vraiment, non, moi, je pense que je suis une sportive...
17:04amatrice.
17:06Expliquez-moi une chose.
17:07L'âge, c'est quoi, dans la vie ?
17:10Je pense que l'âge est souvent dans la tête.
17:13Bien sûr, il y a des gens qui ont des problèmes,
17:16mais il ne faut pas trop écouter les maladies.
17:18Il faut s'écouter soi-même.
17:21Il faut à la fois s'écouter soi-même
17:22et ne pas trop s'écouter non plus.
17:24Oui.
17:26Il ne faut...
17:27Comment dire ?
17:28Il ne faut pas écouter les voix qui disent
17:32ne fais pas ceci, ne fais pas cela, ce n'est plus de ton âge,
17:35ou tu fais uniquement ça pour rester jeune.
17:38Mais oui, pourquoi pas ?
17:39Pour rester jeune ou pour vieillir jeune ?
17:41Pour rester jeune en vieillissant, en fait.
17:45Comment dire ?
17:46Est-ce que vous avez une alimentation particulière ?
17:48Est-ce que vous avez un suivi ?
17:49Est-ce qu'il y a un médecin ou quelqu'un,
17:51une sorte de staff médical qui vous...
17:53Je suis une très mauvaise patiente pour n'importe quel médecin.
17:58Parce que j'écoute toujours et je fais ce que je veux faire.
18:02Ma vie...
18:03La semaine qui précède un marathon, vous faites quoi ?
18:06Je ne fais rien du tout.
18:08Je bois beaucoup d'eau.
18:10Je bois beaucoup d'eau.
18:11Je m'oblige à boire jusqu'à 2 litres d'eau.
18:14Ça, oui.
18:15Mais sinon, manger, bien sûr, peut-être un peu plus de pâtes,
18:20comme on dit.
18:22Mais sinon, nous mangeons beaucoup de...
18:24Oui, sucre lent.
18:26Nous mangeons beaucoup de légumes et de salades.
18:28Niveau technologie,
18:31est-ce que vous avez des chaussures du dernier cri ?
18:34Faites-vous attention à ces choses-là ?
18:36Il me faut des chaussures larges, parce que mon pied...
18:40Je porte des semelles orthopédiques,
18:44et là, il me faut que la chaussure soit large.
18:46J'avais une certaine marque avant,
18:48mais dans les semelles, maintenant, elles ne me conviennent plus,
18:50donc je varie.
18:52Il y a à Hermand, une boutique marathon,
18:56et le monsieur me conseille très, très bien, donc...
18:59Il doit sourire quand vous rentrez, non ?
19:00Ah, voilà Barbara !
19:02Je ne sais pas, peut-être que...
19:03Vous consommez combien de chaussures par an ?
19:05Une paire, maximum.
19:07Une paire, peut-être un an et demi.
19:10Mais j'ai une paire pour le trail, pour la nature,
19:13et une paire pour la ville, pour les routes.
19:16Le trail, c'est des chemins dans la montagne ?
19:18Oui, c'est des chemins caillouteux, de terre,
19:22en forêt de Montmorency...
19:23En forêt de Montmorency, qui ont un profil beaucoup plus prononcé.
19:29Les entorses, tout ça, pas de problème ?
19:33J'ai tout eu au début, oui, j'ai eu des entorses.
19:37Oui, mais ça passe.
19:39C'est incroyable.
19:40Et maintenant, je n'ai plus mal nulle part.
19:43Ma dernière sciatique date d'il y a dix ans.
19:48C'était justement après un marathon de Molsheim,
19:50où j'avais une terrible sciatique, mais je l'ai surmontée, enfin.
19:55Est-ce que parfois, vous intervenez dans des entreprises
19:58ou je ne sais où, pour montrer, entre guillemets, l'exemple ?
20:01Ou ça ne vous intéresse pas,
20:03parce que vous n'avez pas l'impression
20:05de faire quelque chose d'exceptionnel ?
20:07Pour moi, ce n'est pas exceptionnel.
20:09Comme je disais, beaucoup de gens sont capables de faire pareil,
20:12sauf qu'elles n'osent pas, parce qu'on ne les encourage pas
20:16ou parce qu'on les décourage.
20:17Mais je pense que je peux être l'exemple
20:20pour mes petits-enfants et les amis des petits-enfants.
20:24Vous avez des surnoms dans la famille ?
20:27Euh...
20:28Mes petits-enfants m'appellent Bouba.
20:30Rires
20:33Bouba, c'est quoi ? C'est le petit ourson ?
20:35Non, mais c'est une abréviation de...
20:40...de Bouba.
20:41C'était Paja, c'était... Mon mari, c'est Paja, c'est Papa Jacques.
20:45Oui.
20:46Et c'était Mouba, c'était Mouti, Mouti, Barbara, Bouba.
20:51Et puis, ils ont transformé ça en Bouba.
20:54Vous craignez le jour où il faudra s'arrêter ?
20:57Non, pas du tout, parce que pour l'instant, je m'arrête pas.
21:01Je ne vois pas du tout le jour où je m'arrête.
21:05Mais je pourrais peut-être faire un peu plus de natation,
21:09me concentrer plus sur le triathlon,
21:12pour faire un triathlon peut-être plus grand.
21:13Le triathlon, il faut courir aussi.
21:15Il faut courir aussi, mais c'est aussi la natation et le vélo.
21:19J'ai commencé le crawl,
21:22mais le crawl, il faut beaucoup d'entraînement pour être rapide.
21:25Vous commencez le crawl, c'était quand ?
21:27En 2017.
21:29Et aujourd'hui, vous nagez combien en crawl ?
21:31Je suis toujours plus rapide en brasse coulée.
21:35C'est pour ça que je fais le triathlon en brasse coulée.
21:39J'ai compris. Merci infiniment, Barbara, d'avoir été avec nous.
21:42Vous êtes incroyable.
21:43Merci à vous.
21:44Incroyable. Et embrassez Jacques, surtout.
21:46Merci.
21:47Alors, il vous supporte ? Il est très actif ?
21:51Il supporte difficilement parfois.
21:53Quand je m'entraîne ou quand je viens le soir,
21:56parce qu'il n'aime pas faire la cuisine.
22:00Oui, Barbara, vous pouvez faire un marathon et cuisiner derrière.
22:02Oui, je m'entraîne et je fais la cuisine après.
22:06Il n'est pas toujours content quand j'arrive seulement à 9h du soir.
22:11Ou en hiver, quand il fait nuit,
22:14et je rentre avec une lampe frontale, donc il n'y a pas de problème.
22:18Merci, Barbara. On va parler de ski nautique dans quelques minutes.
22:21Continuez.
22:22Oui, merci.
22:23A bientôt.
22:24On parle ski nautique.
22:29Encore une championne, encore une femme impressionnante.
22:32Elle a 23 ans, direction Saint-Martin.
22:35Et on est en ligne avec Emma Brunel. Bonjour, Emma.
22:38Bonjour.
22:39Je suis ravi de t'accueillir dans La victoire est en elle.
22:42On va revivre ton parcours.
22:44Et 23 ans, évidemment, t'as encore toute la vie.
22:46Je voulais juste que l'on rappelle ton palmarès.
22:49Tu as été vice-championne d'Europe en U21, en saut en 2018,
22:53en ski nautique, parce que c'est la discipline qui te concerne.
22:56Tu as été médaillée de bronze au championnat du monde de saut en 2017,
22:59médaillée de bronze au championnat du monde open par équipe en 2019.
23:02Finalement, t'as décidé de tout arrêter, mais tu vas nous expliquer tout ça.
23:05D'abord, toi, t'es natif de Bordeaux. Quelle belle ville.
23:08Oui, quelle belle ville.
23:10La meilleure, mais je suis biaisée.
23:14Oui, puisque tu es partie.
23:17Explique-moi une chose.
23:18T'as commencé le ski nautique pourquoi et à quel âge ?
23:21J'ai commencé à l'âge de 3 ans.
23:23Mes parents sont passionnés. Ils en font encore, d'ailleurs.
23:26Et j'ai commencé à l'âge de 3 ans.
23:29J'étais sur les plans d'eau dès mon plus jeune âge.
23:32Et donc, dès que j'ai pu monter sur des skis,
23:35mes parents m'ont fait essayer.
23:36Et au début, j'avais un peu peur.
23:38Et puis, tous les étés, j'en refaisais.
23:42Et après, j'ai continué.
23:44Et je me suis lancée dans cette carrière.
23:47Va pas trop vite, Emma.
23:48Tu te souviens du 1er jour où t'es montée sur des skis à 3 ans ?
23:51Tu t'en souviens de ce jour-là ou pas vraiment ?
23:54Je pense que c'est un amalgame de souvenirs photos
23:57et de l'idée que je me suis faite.
24:00Je sais pas si c'est possible de se souvenir de ce qu'on fait à 3 ans,
24:02mais je me souviens être à la barre, accrochée au bateau
24:07et me prendre toute l'eau dans la figure
24:10et regarder la berge, un peu peureuse au début.
24:14Mais au final, ça m'a plu.
24:16Et j'ai continué.
24:17Et tu te souviens des sensations de la toute petite fille ?
24:21Même si c'était 6 mois après, ce dont tu te souviens.
24:23Tu te souviens des sensations ? C'était quoi, de la vitesse, du jeu ?
24:27Oui. Beaucoup de vitesse, beaucoup d'eau dans la figure,
24:31surtout proche d'un gros bateau.
24:32J'ai pas commencé avec un petit bateau,
24:34mais vraiment le gros bateau de compétition
24:37derrière lequel j'ai skié après toute ma carrière.
24:40Donc, c'était impressionnant. Je pense que c'est le mot.
24:43C'est...
24:45Surtout pour une petite fille,
24:47mais c'était de la sensation qui donnait envie
24:49juste de remonter sur les skis dès que c'était fini.
24:52Et c'est ce que t'as fait. T'as commencé la compétition à 6 ans.
24:55Il y a 3 disciplines, le slalom, les figures, le saut.
24:59Sur quoi t'étais le plus à l'aise à cet âge-là ?
25:04Alors, à cet âge-là, j'ai vite commencé les figures.
25:06C'est comme des sabonnettes, ça glisse dans tous les sens.
25:10Et à la base, c'est cette discipline qui fait que
25:13je prends goût, j'apprends des figures.
25:16J'ai peur au début. Je suis pas une casse-cou de base.
25:20Et j'apprends toutes ces figures.
25:22Et c'est la discipline sur laquelle je me démarque
25:25au début de carrière.
25:27Tu te rends compte à quel âge ?
25:28Et ça fait continuer avec le slalom.
25:30Et c'est plus tard que vient le saut.
25:32Tu te rends... À quel âge tu te rends compte
25:34que tu aimes la compétition ?
25:37La première fois qu'on m'a laissée participer à une compétition,
25:41je pense que c'était à l'âge de 6 ans,
25:44on m'a laissée ouvrir la compétition.
25:48J'étais la première à faire mon passage.
25:50Et à la fin, on m'a donné un petit trophée.
25:53Et après, j'ai vu tout le monde avoir ses médailles,
25:56monter sur le podium.
25:57C'était une petite compétition à Cazaux.
26:00Et j'ai aimé ça.
26:02Et j'ai eu envie de moi-même, après, participer à des compétitions
26:06et à m'entraîner et à vraiment pousser à fond
26:11pour faire des performances et regagner des médailles, si possible.
26:15Donc, il y avait à la fois la satisfaction de la victoire,
26:18de la performance, mais il y avait aussi la notion
26:20de « je dois travailler pour y arriver ».
26:22Oui.
26:24Et ça, ça m'a suivie toute ma vie.
26:26Donc, ça veut dire que t'aimes l'effort, la souffrance,
26:30la douleur dans le travail ?
26:32Oui.
26:34Ça peut paraître bizarre, mais c'est souvent ce qui m'a attirée.
26:37Même maintenant, dans mes études, j'aime bien le parcours.
26:41Donc, tant mieux d'un côté.
26:42Alors, tu vas vite t'entraîner, été comme hiver.
26:44À 10 ans, tu entres en équipe de France.
26:46Tu es surclassée deux fois.
26:48Ça veut dire que t'as toujours été avec des filles plus âgées que toi ?
26:51Oui, c'est exact.
26:52J'ai fait mes premiers championnats d'Europe en Autriche, en 2010,
26:57où j'étais avec que des plus grands que moi en équipe
26:59et sur la compétition.
27:02Et après, ça m'a suivie parce que je m'entraînais chez Jacques Latasque
27:04avec toujours des plus grands.
27:06Et je pense que cette émulation a participé à me donner la gagne
27:11et me montrer que, par le travail, on pouvait obtenir de bons résultats.
27:16Emma, à quel âge t'as remporté ta première grande victoire ?
27:21Ton premier titre important.
27:23Mon premier titre important...
27:27Je dirais...
27:30Qu'est-ce qui m'a marquée ?
27:36En...
27:39Au championnat de France, déjà, gagner les championnats de France.
27:42En Espagne, faire des podiums sur des championnats d'Europe.
27:48J'étais en équipe de France pendant des années.
27:51Et donc, d'enfin monter sur le podium.
27:56Ma première médaille de bronze en combiné et en saut
28:02sont des médailles qui m'ont marquée, ainsi qu'au championnat de France.
28:05Parce que ça se passe en France, ça se passe avec mes coéquipiers français.
28:11Et donc, chaque victoire est différente,
28:13mais est belle parce qu'elle témoigne d'un travail.
28:16Et ça fait du bien aussi d'être récompensée.
28:19Emma, on voit ces images de saut qui sont toujours très impressionnantes.
28:24Tu peux nous rappeler la vitesse au moment de l'impulsion,
28:27au moment de ce grand virage qui va te permettre de sauter si haut et si loin,
28:30et puis également la distance des sauts ?
28:33Alors, la vitesse, en augmentant avec l'âge,
28:37j'ai fini à une vitesse de 54 km heure, la vitesse au bateau.
28:41Mais après, il faut savoir qu'on veut avoir le plus de vitesse possible
28:45pour traverser le tremplin.
28:47Et je pense qu'on s'approche d'un impact au tremplin
28:50près des 100 km heure.
28:52Le vol est après génial,
28:56la sensation vraiment de voler, plus loin on va.
28:59Et ma meilleure performance, c'était au championnat d'Europe
29:03à Roquebrune-sur-Argent,
29:05où j'ai fait une performance de 47 mètres...
29:0830, pardon.
29:10Et la sensation était juste géniale.
29:13Quand le timing est bon, la vitesse est bonne,
29:16après, l'impact se fait toute seule.
29:19Et là, c'est juste que du bonheur, quoi.
29:21C'est vertigineux. On parle de 100 km heure sur des skis.
29:25Autrement dire que l'eau est devenue du béton.
29:28Emma nous parle d'un saut de plus de 47 mètres.
29:31C'est presque 50 mètres en l'air.
29:34Je comprends cette sensation de vol qui doit être vertigineuse.
29:38Ah oui.
29:39Ça, j'ai jamais retrouvé des sensations comme ça.
29:43Et je pense que j'en suis à la recherche maintenant,
29:45vu que je ne fais plus de ski nautique,
29:47de retrouver cette sensation de voler.
29:50Et tu vas la chercher où ?
29:53Pour l'instant, je ne l'ai pas retrouvée.
29:55Je me mets à faire du surf à un petit niveau.
29:59Je retrouve cette sensation de glisse.
30:02Mais cette sensation de vol, je ne l'ai pas encore retrouvée.
30:06Tu as brillé en 2017-2018 avec ces bronzos mondiaux,
30:10ce titre de vice-championne d'Europe.
30:12En 2017, tu intègres une université en Louisiane
30:15où tu es capitaine de ton équipe de ski nautique.
30:17Tu continues en parallèle avec l'équipe de France.
30:19Pourquoi ce choix des Etats-Unis ?
30:22Il faut savoir qu'en France, c'est très difficile
30:24de pouvoir continuer le sport à haut niveau et ses études.
30:28Et en fait, à la base, je passais les concours Sciences Po
30:32pour intégrer Sciences Po en France.
30:35Et en fait, pendant l'entraînement des championnats du monde
30:40en janvier 2016-2017,
30:44au Chili, on me démarche,
30:47des élèves de l'université de Monroe me démarchent
30:51et me disent qu'ils veulent me recruter pour rejoindre l'équipe
30:54de ski nautique là-bas, m'expliquent tout cet univers
30:57et cette possibilité d'allier études et ski nautique
31:00pendant encore quelques années.
31:02Et donc, j'ai réfléchi et je saute le pas après le bac.
31:06Je fais tous les papiers, j'envoie tous mes bulletins
31:10et je suis acceptée pour rejoindre l'équipe universitaire.
31:15Monroe, c'est en Louisiane. Tes parents, ils te disent quoi ?
31:18« Salut, 18 balais, bye bye, je m'en vais. »
31:21Il faut savoir que mes parents m'ont toujours vachement soutenue.
31:25Forcément, ils me demandent si j'ai un plan,
31:28si après les études, que vais-je faire
31:32avec un bachelor en sciences politiques aux États-Unis ?
31:35Est-ce que je vais pouvoir rentrer ?
31:37Et donc, au début, je réponds toujours en cherchant
31:43qu'est-ce que je vais pouvoir bien faire.
31:45Et c'est vraiment le premier semestre là-bas
31:47que je décide de préparer ma carrière en droit
31:52pour continuer aux États-Unis après
31:54et ne pas faire trois ans et demi, quatre ans de bachelor
32:00en devant tout recommencer à zéro en France.
32:01Donc, tu es partie en 2017.
32:03En 2019, tu fais bronze au Mondiaux par équipe en Open.
32:06Et puis, tu décides de tout arrêter.
32:08La décision, qu'est-ce qui a joué ?
32:11Qu'est-ce qui a fait qu'à un moment, tu dis
32:13« j'arrête le ski nautique », alors qu'à ce moment-là,
32:15t'as quoi, t'as 21 ans et tu peux encore imaginer
32:17plein de podiums, plein de compètes ?
32:19Alors, c'est correct.
32:21Il faut savoir que d'un côté, j'ai toujours voulu
32:24dissocier ma carrière professionnelle
32:27et le ski nautique, le sport de haut niveau.
32:30Donc, j'ai toujours fait un lycée normal, pas de sport-études.
32:34Et je savais qu'à un moment, cette décision arriverait.
32:38Et on va dire qu'elle a été facilitée par une blessure au dos.
32:41Début 2020, pendant le début du Covid,
32:46je reprends l'entraînement et j'ai une énorme douleur au dos
32:50qui m'empêche de sauter, qui m'empêche même
32:52de faire quoi que ce soit sur des skis de saut.
32:55Et j'ai fait une grosse rééducation pendant un an
32:59et ma dernière année à l'université de Louisiana Monroe.
33:03Et je me rends compte que ce n'est plus possible.
33:06Et en même temps, je sais que je vais intégrer l'école de droit
33:09aux États-Unis, en Californie.
33:12Et je sais que la première année,
33:14c'est impossible d'aussi continuer le sport à haut niveau.
33:18Donc, les deux alliés font que j'arrête le ski nautique.
33:22Tu sais, Emma, quand je t'écoute, j'ai l'impression
33:24que tu cherchais un prétexte pour arrêter.
33:26Et ce n'est pas un reproche.
33:30Je ne sais pas. Je pense que tout est arrivé au bon moment.
33:34Je n'avais pas envie d'arrêter.
33:36Je n'avais pas envie non plus de mettre de côté
33:38ma carrière professionnelle.
33:41Je me suis passionnée du droit et je savais que je voulais être avocate
33:45et que pour ça, il fallait que je sacrifie quelque chose.
33:48Donc, soit c'était le sport, soit c'était mes études.
33:51Mais en tout cas, pour un moment, je ne sais pas de quoi demain est fait.
33:55Mais pour l'instant, j'ai mis le ski en pause
33:58et j'essaie toujours de réparer mon dos.
34:03Emma, tu n'as que 23 ans et j'ai l'impression
34:05que tu as déjà beaucoup d'expérience en tant que femme.
34:08Quand je parle femme, je parle dans la tête,
34:09dans le vécu, dans l'expérience.
34:11J'ai l'impression que tout est facile,
34:13mais facile aussi parce que tu te donnes les moyens.
34:16Oui. Exactement.
34:21Je pense que rien n'est facile.
34:23Ce que je fais beaucoup, c'est d'anticiper.
34:25Dès que j'ai intégré l'université de Monroe,
34:28rapidement, je me suis fait un plan pour intégrer l'école de droit.
34:34Il faut savoir qu'aux Etats-Unis, il faut faire plein de démarches,
34:37peaufiner son dossier, passer des concours.
34:40J'ai préparé ça pendant mes années à Monroe.
34:45Quand je suis acceptée par l'université de Southern California en Californie,
34:52ça représente un travail de trois ans et demi.
34:56En même temps, la vie en Californie, ce n'est pas mal, non ?
35:00Oui. Franchement, j'avoue que la première année,
35:03je n'ai pas pu tant en profiter parce que j'étais plus dans les bouquins.
35:07T'es où ? T'es dans quelle ville ?
35:09À Los Angeles.
35:10Oh, God. J'adore.
35:13Est-ce qu'aujourd'hui, tu peux imaginer qu'à un moment,
35:17tu reviennes dans le ski nautique ou non ?
35:19T'es trop partie dans la formation pour être avocate.
35:22Il te reste combien d'années à faire d'ailleurs d'études ?
35:25Il me reste deux ans.
35:26Il faut savoir qu'aux Etats-Unis, la première année compte beaucoup.
35:30C'est-à-dire que mes notes de la première année
35:34sont tout ce qui compte pour décrocher un boulot
35:37pour mon deuxième été et pour après le droit.
35:40J'ai passé déjà des entretiens.
35:42J'ai déjà pu finaliser et booker un boulot pour l'été prochain.
35:48Maintenant, je peux souffler un peu.
35:52J'avoue qu'en soufflant, le ski nautique revient dans ma tête.
35:57Pourquoi pas reprendre dans quelques années
36:01si le travail me le permet ?
36:03Après, je sais que je serai très occupée, donc à voir.
36:07La première fois que je suis montée sur des skis de ski nautique,
36:10c'était en Californie.
36:11Il y a des plans d'eau tous les trois kilomètres, là-bas.
36:15Ah, c'était où ?
36:17À côté de Los Angeles.
36:19OK.
36:20Une famille, un échange. C'est pas mal.
36:22Écoute, bravo, parce que franchement,
36:24on a bien compris que quand on se donne les moyens,
36:26on peut arriver à faire des choses.
36:28Et j'ai bien compris également qu'on n'est pas encore au bout de nos surprises.
36:30On se reparle dans 2-3 ans et on verra à quel niveau tu es.
36:33Je parle d'avocate, mais ça peut se combiner avec d'autres choses.
36:37Salut, Emma, bravo à toi encore.
36:39Merci de m'avoir reçu, au revoir.
36:41À bientôt. Une aventurière arrive avec nous dans quelques secondes.
36:51Notre aventurière de la semaine à 33 ans, elle s'appelle Anne-Lise Rosset.
36:54Bonjour, Anne-Lise.
36:55Bonjour.
36:56Je suis ravi de t'accueillir dans La victoire est en elle.
36:58Tu es une vétérinaire, mais une vétérinaire hors du commun.
37:02Tu es une figure du trail français international.
37:05Par exemple, dernièrement, tu as battu le record du GR20,
37:09cette fameuse course en Corse,
37:11en 35 heures et 50 minutes.
37:1535 heures et 50 minutes.
37:16Tu peux nous rappeler le principe du GR20, Anne-Lise ?
37:20En fait, c'est assez simple.
37:22On part du nord de la Corse, de Calenzane,
37:24et on traverse la Corse jusqu'à Conga.
37:27Il y a 170 kilomètres et 12 400 de dénivelé positif.
37:32Et l'ascente, on suit la trace rouge et blanche.
37:37Tu peux nous rappeler combien de temps tu dors
37:39pendant ces 35 heures et 50 minutes ?
37:42Cinq minutes.
37:45Quand même.
37:47Cinq minutes d'épuisement, et à quel moment ?
37:51En fait, vraiment, la fatigue a commencé au début de la nuit,
37:56avec la fatigue forcément de la partie nord.
37:58Donc, ça faisait combien d'heures ?
37:59Ça faisait 17, 18 heures que tu marchais ?
38:02Enfin, que tu courais ?
38:04Oui, c'était à partir de 1h du matin, à peu près.
38:10Et c'est vrai que la fatigue commençait à se faire sentir.
38:13Après Avid Zavon, je me suis arrêtée un petit moment
38:16pour me ravitailler.
38:18Et c'est vraiment là où ça a commencé à être difficile.
38:21Et cette micro-sieste que j'ai attendue le 5h du matin
38:25pour la faire, avec les conseils de mes amis qui étaient là
38:30à ce moment-là.
38:31Et c'est vrai qu'elle m'a vraiment fait du bien
38:33pour repartir et embrayer avec la suite.
38:35C'est incroyable. On va revenir sur ce parcours du GR20.
38:38Je vais juste préciser quand même maintenant
38:40que tu as battu le record de 35 heures et 50 minutes.
38:44Tu as fait six heures de moins que le précédent record.
38:47Six heures sur une course de 170 km, c'est juste époustouflant.
38:51Je voudrais juste qu'on regarde à ton lactif
38:53les quelques exploits que tu as, Anne-Lise, Mme Laveto.
38:56Traversée des Aravis, record des femmes en 2020,
39:0049 km, 6 110 m de défilé positif en 10h35.
39:05Tu as terminé deuxième en 2019 de la Transvulcania,
39:08troisième de l'Olympus Marathon en 2019.
39:11Bref, tu as des records comme ça et des performances exceptionnelles.
39:15Tu as fait septième au classement général
39:17du Sky Running World Series 2019.
39:19Depuis quand tu cours, Anne-Lise ?
39:22Depuis 2013.
39:23Tu cours après quoi ?
39:26Je ne sais pas.
39:29Je cours parce que j'aime ça,
39:31parce que cet effort de se dépasser,
39:35d'aller au-delà de ce qu'on peut faire, c'est ce qui me plaît.
39:38Puis le trail, en plus, nous permet de courir dans de superbes paysages,
39:43de découvrir chaque fois plein d'endroits différents.
39:45Je pense que c'est pour ça que je cours.
39:47Mais avant le trail, tu faisais quoi ?
39:50Pas vraiment grand-chose en sport, si j'aimais courir.
39:54Mais en fait, je ne faisais pas ça sérieusement.
39:57Je courais juste un petit peu pour le plaisir.
40:00Et puis mes études m'ont fait que je n'ai pas vraiment pu…
40:02Je ne pouvais pas courir beaucoup.
40:04J'ai été un peu frustrée pendant les années de prépa.
40:07Donc non, je n'ai pas un passif vraiment de coureuse, d'athlète du tout.
40:13Loin de là même.
40:14T'es vétérinaire, c'est un métier de passion ?
40:17Oui, complètement, oui.
40:19Aujourd'hui, tu officies, t'es dans un village pas très loin d'Annecy.
40:23Pour qu'on comprenne, tu soignes quoi globalement ?
40:28Je parle de quels animaux ?
40:31Globalement, à la base, je ne faisais que les vaches
40:34et un petit peu les petits ruminants, les brelis.
40:36Quand j'ai travaillé en Aveyron,
40:38j'ai aussi une clientèle de canines, de chiens et de chats.
40:42Un peu de chevaux, mais mon cœur de métier,
40:45ce que j'aime vraiment faire, c'est la rurale.
40:47C'est les bovins et les vaches surtout que j'aime soigner.
40:51Je comprends. Pourquoi tu t'es installée à Annecy ?
40:56Pour l'attrait des montagnes, clairement, pour la région.
40:59Ça a été un choc, un déclic ?
41:03Oui, en fait, je ne le connaissais pas.
41:05Je ne connaissais pas vraiment même les Alpes.
41:07Au début, j'allais plus à Tyrénée parce que j'avais fait mes études à Toulouse.
41:10Et ça a été un coup de cœur quand je suis venue en 2015.
41:13En fait, il y avait les championnats du monde à Annecy.
41:17Et ça a été vraiment une découverte de la région.
41:19Clairement, je me suis dit que ça serait chouette d'y vivre.
41:23Tu es coachée par ton mari. Comment ça s'organise entre vous ?
41:27Ça s'organise très bien. Il n'y a que lui qui peut me coacher
41:30parce que j'ai un rythme un peu soutenu.
41:32Et clairement, c'est lui qui m'a toujours suivie.
41:37Il a voulu que je fasse une petite infidélité.
41:39Ça a duré trois semaines.
41:41Et moi, je ne voulais pas déjà changer de coach.
41:44Il voulait se détacher un peu parce que je pense que c'est un peu de pression pour lui.
41:48Mais non, ça se passe très bien et je pense que c'est la recette qui fonctionne.
41:52Il a quoi comme formation et c'est quoi son métier ?
41:55Il fait de l'entraînement. Il est préparateur physique.
41:58Il a touché à pas mal de choses.
42:00Mais maintenant, il se consacre vraiment à l'entraînement
42:03et il se rit sur le gâteau maintenant.
42:05Depuis cet été, il est sélectionneur de l'équipe de France de trail.
42:08Donc, il vit de ça.
42:11Donc, tu n'as pas d'excuses si tu ne performes pas ?
42:13En tout cas, la prépa lui revient et ça ne fonctionne pas trop mal.
42:20Jusqu'où tu as envie d'aller, Anne-Lise ?
42:22Parce qu'aujourd'hui, tu es vétérinaire, tu as 33 ans,
42:24tes mamans, on en parlera.
42:25Jusqu'où tu as envie d'aller ?
42:28Je ne sais pas.
42:30J'ai encore de belles courses que j'aimerais faire.
42:32Après, je n'ai peut-être plus envie d'en faire
42:35autant que j'en faisais peut-être pendant quelques saisons.
42:39Mais j'ai envie de goûter à l'ultra
42:42parce qu'avec ce GR, j'ai goûté à la longue distance.
42:47Ça m'a plu, même si des fois, ça a été dur.
42:50Et j'ai encore envie de cocher quelques courses que je n'ai pas faites.
42:54Donc, on le rappelle, tu as eu le record du GR20
42:57en 35 heures et 50 minutes.
43:00Effectivement, ça doit ouvrir des portes.
43:01Je parle dans la tête.
43:03Tu as battu le record de 6 heures.
43:05D'abord, est-ce que tu arrives à prendre conscience de ça ?
43:09Et tu te dis quoi ?
43:10Tu te dis, bon, il n'y a pas beaucoup de femmes qui l'ont fait avant
43:13ou tu te rends compte que tu es une ultra-performeuse ?
43:17Non, c'était une première.
43:20Après, j'ai eu le soutien aussi.
43:22Ça a été vraiment une aventure d'équipe.
43:24Je ne sais pas si ça peut marcher.
43:25Si on est sur une course où on est finalement assez seul.
43:29Donc, non, c'est une première expérience.
43:31C'est vrai que c'était...
43:33Voilà, on l'avait préparée, surpréparée.
43:35J'ai été beaucoup aidée avec tous mes proches qui étaient avec moi.
43:38Après, est-ce que j'ai conscience ? Je ne sais pas.
43:41Je serai encore un peu la tête là-bas, c'est sûr.
43:45C'est encore un peu dans la...
43:46Voilà, on est encore un peu dans l'euphorie de tout ce qui nous est arrivé.
43:50Mais... Et puis, oui, il n'y a pas grand monde qui l'a tenté non plus.
43:53Ça ne faut pas se leurrer.
43:55Mais c'était une belle aventure.
43:57Et voilà, pour l'instant, je profite encore.
43:59Ça rend la performance exceptionnelle.
44:02On se rend compte, et on aime bien le sous-nil en cette émission,
44:05et on l'a vu avec les invitées précédentes,
44:07avec Barbara, qui a plus de 82 ans,
44:09enchaîne des courses de plus de 120 km,
44:12avec l'invitée précédente,
44:15qui, elle, a arrêté sa carrière
44:17alors qu'elle faisait partie de l'élite du ski nautique
44:19pour devenir avocate, mais elle ne sait pas si elle ne va pas y revenir.
44:21Toi, maintenant, on se rend compte que, finalement,
44:23on n'a que les barrières qu'on veut bien ériger devant soi.
44:26Oui, je pense.
44:27Honnêtement, c'est vrai que c'est dur.
44:30Parfois, il faut se mettre des sacrés coups de pieds aux fesses,
44:33mais je pense que rien n'est impossible.
44:36Et quand on a envie, on peut se donner les moyens.
44:39En tout cas, quand on se donne les moyens,
44:41je pense qu'on peut arriver à faire plein de choses.
44:43Parce que le GR20, c'était quand, les dates ?
44:48C'était le 13 et 14 juin. Enfin, le 13 et 14 juin, oui.
44:5113 et 14 juin 2022.
44:53Tu es maman depuis un an. Ton bébé est arrivé quand ?
44:57Il est arrivé le 4 juillet 2021.
45:00Ça veut dire qu'en 11 mois, tu as réussi à te préparer.
45:03Comment ça s'est organisé ?
45:04C'est un petit garçon ou une petite fille ?
45:07C'est un petit garçon, oui.
45:08À partir du moment où ton petit gars est arrivé,
45:10combien de temps après, où ça se trouve, c'était déjà prévu,
45:12tu t'es dit, dans 11 mois, il y a le GR20 et je veux taper le record ?
45:17L'idée était déjà dans la tête depuis un petit moment.
45:20Après, est-ce que c'était réalisable avec un bébé dans 11 mois ?
45:25Moi, j'en étais moins convaincue.
45:27Adrie a cru, m'a préparé pour.
45:29Après, j'ai été vraiment encadrée depuis ma grossesse,
45:33pendant ma grossesse et puis même rapidement après
45:36pour essayer d'optimiser le retour, la réathlétisation.
45:40J'ai eu de la chance que la grossesse s'est super bien passée.
45:42J'ai pu faire plein de choses encore au long terme.
45:45Ça, ça m'a aidé aussi beaucoup.
45:47Et puis, voilà, même si je...
45:49Tu es gentille, s'il te plaît.
45:51Non, tu es gentille, s'il te plaît. Tu laisses la parole à ton fils.
45:53Il a des trucs à dire, visiblement.
45:55Pendant le temps, maintenant, je me suis bien amusée.
45:58Pardon, si ce n'est pas trop indiscret,
46:01tu avais pris combien de poids pendant ta grossesse ?
46:04Oui, j'avais pris 12 kg.
46:06J'avais pris ce qu'il fallait, je pense.
46:08Oui, mais ça reste raisonnable.
46:10Oui, oui, mais je ne me suis pas privée, enfin, non, ça a été...
46:14Alors, tu dis, Adrien, Adrie, ton mari,
46:18tu as remis les chaussures aux pieds
46:20ou vous avez décidé que tu remettes les chaussures aux pieds
46:22combien de temps après la naissance ?
46:25Ben, un mois.
46:27Un mois.
46:28En fait, c'est ma cliné aussi qui m'a beaucoup orientée,
46:31qui m'a aidée.
46:32Et clairement, il y avait toute une mise en place
46:34du protocole de la clinique de coureurs, en fait,
46:37qui a mis en place des protocoles de réathlétisation post-partum.
46:41Donc, on a un peu suivi ça.
46:42Après, j'avais fait du renfaux tout le temps.
46:45J'ai continué le renfaux, là, clairement,
46:47presque le lendemain.
46:48J'exagère, mais pas loin.
46:50Et le vélo, le vélo, assez rapidement aussi, ouais.
46:53Donc, non, après, c'est vrai que les conditions, on va dire,
46:56étaient optimales aussi.
46:57Enfin, ça a été rapide après, bien sûr.
46:59Il a fallu faire la rééducation du périnée,
47:02il a fallu prendre le temps de la faire comme il faut.
47:04Mais j'ai pu recourir assez rapidement, ouais.
47:06J'ai pu refaire pas mal de choses.
47:08Comment on fait pour s'organiser
47:10quand on a 33 ans, que son mari est entraîneur
47:12de l'équipe de France de trail, qu'on est vétérinaire
47:15et qu'on veut battre des records
47:16comme celui exceptionnel que tu as fait dans le GR20 ?
47:19Il faut sacrément être organisé, hein.
47:23C'est ça. On s'ennuie pas.
47:24Il n'y a aucune minute qui peut être perdue.
47:26C'est vrai qu'il faut tout optimiser.
47:28Après, voilà, on s'organise et on essaye d'être vraiment...
47:32Tout est calculé, on va dire.
47:33Il n'y a pas vraiment de journée qui soit au hasard.
47:35Chaque minute compte.
47:37Non, c'est pas facile.
47:38Mais bon, ça se fait.
47:40Bien sûr. Est-ce que tu fais partie des mamans
47:41qui poussent en poussant la poussette ?
47:44Pas vraiment, non.
47:45Je crois que quand je suis avec lui,
47:47j'ai envie d'être avec lui à 100 %.
47:49Et pousser la poussette,
47:51je suis pas sûre que ça le fasse beaucoup rigoler.
47:53Enfin, courir avec la poussette, c'est pas super cool pour moi.
47:56Il aime bien, mais c'est pas non plus ce qu'il préfère.
47:59Donc, je préfère...
48:00Quand je vais m'entraîner, on prend le relais.
48:03Et je crois qu'on profite peut-être mieux comme ça.
48:05Là, il a un an, donc ça veut dire qu'il va bientôt
48:07ou il marche déjà ?
48:09Il fait un peu le feignant parce qu'il fait du quatre pattes.
48:11Et en fait, il se trouve qu'il la marche bien à quatre pattes.
48:14Donc, il marche pas encore.
48:16Non, mais je pense qu'il se dit que maman, elle court pour deux.
48:20Je sais pas.
48:21Bon, il est tonique quand même. Il est un peu actif quand même.
48:24Oui, ça, c'est normal avec les parents qu'il a.
48:25Dis-moi, explique-moi une chose.
48:26C'est quoi ton planique d'entraînement d'une semaine normale ?
48:30Quand on prépare le GR20, par exemple.
48:33Bon, il a fallu quand même faire des blocs
48:34et s'adapter pour essayer de faire quand même le volume.
48:37Sinon, quand je suis au travail,
48:39je bosse tous les jours,
48:42sauf le mardi, que j'ai toujours de repos.
48:44Donc, ça me permet d'entraîner beaucoup entre milliers d'eux.
48:48Et c'est l'intensité, comme j'ai pas trois heures devant moi.
48:51Donc, on optimise en faisant vraiment de la qualité.
48:54Et puis, dès qu'on a des jours de repos,
48:56c'est les sorties longues, c'est des blocs.
48:58Je faisais aussi pas mal de muscu le soir.
49:00On a organisé à la maison
49:01pour pouvoir diminuer les déplacements et optimiser aussi.
49:05Et puis, quand on...
49:06Moi, clairement, il a fallu aller en Corse.
49:09Il a fallu aller s'entraîner sur place.
49:11Donc, ça a été prendre des vacances aussi au moment où il fallait
49:14et faire des blocs d'entraînement là-bas aussi.
49:17Ça veut dire qu'en fait, les moments de repos,
49:18c'est les moments d'entraînement.
49:20C'est ce qui manque un peu dans l'entraînement, on va dire.
49:23C'est sûr que le repos, il est...
49:25Normalement, il est important, mais on le casse quand on peut.
49:29Anne-Lise, avec ce record exceptionnel que tu as battu,
49:31on rappelle plus de six heures d'avance sur le précédent record,
49:34sur une course de près de 36 heures, c'est juste incroyable.
49:38C'est quoi les prochains défis ? C'est quoi les prochains challenges ?
49:40Qu'est-ce que tu as envie de faire ?
49:41Est-ce qu'il y a, au-delà de l'aventure,
49:43est-ce qu'il y a d'autres records que tu as envie de battre ?
49:47De records ? Non, là, je n'ai absolument rien de prévu pour la suite.
49:52Après, comme je disais, il y a des belles courses
49:55que j'aimerais voir ce que ça donne.
49:56Lesquelles ?
49:58Voilà, si j'arrive à récupérer comme il faut,
50:01on part à la Diagonale des Fouls à fin octobre,
50:03mais ça, ça dépendra aussi de la reprise.
50:07Et il y a une course que j'aimerais cocher,
50:09qui me tient vraiment à cœur parce que je pense qu'elle est vraiment chouette,
50:12c'est la Hard Rock aux États-Unis.
50:14C'est quoi ?
50:15En fait, c'est vraiment un ultra aussi,
50:18c'est un 100 miles, 160-170 bornes,
50:22et c'est vraiment dans le cœur du Colorado
50:26et ouvré sous le Silverton.
50:28C'est en altitude, mais elle est très, très sauvage,
50:31et elle me fait bien envie, celle-là aussi.
50:33Tu as 33 ans.
50:34À quel âge on est, médicalement parlant, au top de sa forme ?
50:39Je parle physique, où ça dépend, grosso modo, des personnes.
50:42Mais la fenêtre, c'est quoi ?
50:44Je ne sais pas.
50:46Je pense que ça dépend quand même beaucoup du passif, du cours.
50:49Au final, j'ai commencé finalement assez tard.
50:53Je ne sais pas, j'espère qu'il reste encore quelques années,
50:56mais je ne sais pas, je ne sais pas jusqu'où ça ira,
50:59jusqu'à combien de temps je tiendrai.
51:01Il dit quoi, ton mari ?
51:03C'est lui qui doit avoir les ficelles de ça.
51:06Oui, il dit que comme j'ai commencé tard,
51:08peut-être qu'encore il me reste quelques années.
51:11Tu n'as pas tout cramé.
51:14Mais ça, on verra bien.
51:16Raconte-moi l'arrivée au GR20, après les 35 heures et 50 minutes.
51:22Il est où, Adrien ? Comment ça se passe ?
51:24Qu'est-ce que vous vous dites ? L'émotion ? Raconte-moi.
51:26Parce que c'est un aboutissement que vous vivez à deux, finalement.
51:31Oui, qu'on vit à deux, voire qu'on vit même à plusieurs,
51:33parce que clairement, il a été la clé de votre projet.
51:37Il a beaucoup construit.
51:39Moi, j'ai couru. Après, c'est lui qui a fait l'entraînement,
51:41c'est lui qui a beaucoup, beaucoup, beaucoup travaillé sur le projet.
51:44Donc, il était avec moi,
51:46parce que je l'ai un peu tannée pour qu'il fasse un petit bout avec moi.
51:50Donc, il a fait la dernière partie avec moi,
51:51les 17 derniers kilomètres qu'on les a faits ensemble,
51:54avec aussi Laurent, du coup, un ami très proche.
51:57Et c'est très fort, parce que, à ce moment-là,
52:02il y avait que la tête qui tenait,
52:04clairement, musculairement, il n'y avait plus rien qui tenait.
52:06Mais on sait que, voilà, ça touche au but.
52:09On commence à être submergé par l'émotion,
52:11mais il faut tenir, il ne faut rien lâcher,
52:13être vigilant jusqu'à la fin.
52:14Mais autant dire que quand on passe cette ligne qui n'existe pas,
52:17mais quand on arrive, en fait, et qu'on retrouve tout le monde à l'arrivée,
52:21là, il y a tout qui s'effondre, et l'émotion, elle est immense.
52:23On a vécu des choses qui, je pense,
52:27sera difficiles à revivre, en tout cas.
52:29C'est chouette.
52:30Emotionnellement, ça a dû être formidable.
52:32Merci mille fois, Annelise, d'avoir été avec nous.
52:34Bravo, continue, et puis on se reparle dans six mois,
52:36après la course aux Etats-Unis, où la diagonale des Fonfons, on verra.
52:41Merci.
52:41Merci à toi, et encore bravo.
52:43Merci à toutes et à tous pour votre fidélité.
52:47C'était fort, aujourd'hui.
52:48Exceptionnel.
52:49Je vous donne rendez-vous très bientôt. Salut.
53:06Sous-titrage Société Radio-Canada