Dans ce numéro d’A vos marques, Maxime Brami s'intéresse aux sports urbains et à la glisse adaptée. Avec ses invités, il évoque la promotion et de la valorisation des sports de glisse et les sports à sensation pour tous en se basant sur des associations comme Pratikable.
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00:00Bonjour à toutes et bonjour à tous, ravi de vous retrouver pour ce nouveau numéro
00:18d'Avomark.
00:19Votre programme 100% en e-sport et sport adapté, comme vous le savez, à retrouver tous les
00:23mardis à 19h sur nos trentaines.
00:25Cette semaine, nous sommes ravis de vous faire découvrir les sports urbains et la
00:29glisse adaptée et pour vous les faire découvrir, nous avons le plaisir de recevoir Léo Bricout.
00:34Bonjour Léo.
00:35Bonjour Maxime.
00:36Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:37Vous êtes vice-président de l'association Praticable et nous sommes accompagnés de
00:41Wilfried Panatier, le président de l'association Praticable.
00:44Bonjour Wilfried.
00:45Bonjour.
00:46Messieurs, vous connaissez le principe de l'émission, je vais partir à la découverte
00:50de votre univers, de vos disciplines et ce sera mon défi de les comprendre.
00:55Dans ce nouveau numéro d'Avomark, nous partons donc à la découverte des sports
01:04urbains et de la glisse adaptée, des sports parfois qualifiés de dangereux, d'extrêmes.
01:09Nous allons en parler avec vous Léo, la première question, elle est toute simple, qu'entend-on
01:14par glisse urbaine adaptée ?
01:16Alors, c'est assez large au final, c'est un spectre extrêmement large mais qui va
01:21regrouper finalement tous les sports dits à sensation ou les sports extrêmes dans
01:25lesquels on va avoir une notion d'adaptation pour le handicap.
01:29Donc, on va avoir effectivement des disciplines qui vont se pratiquer avec le fauteuil, on
01:33va avoir des disciplines qui vont se pratiquer avec les mêmes outils que pour le sport valide.
01:37Le spectre est tellement large qu'on regroupe ça finalement sous la dénomination glisse
01:42urbaine adaptée puisque chaque discipline a son propre nom bien évidemment mais on
01:46va dire que c'est une grande famille.
01:47Alors concrètement, est-ce que vous pouvez nous citer quelques disciplines qui font partie
01:50de cette grande famille de la glisse adaptée ?
01:52Alors, on voit beaucoup monter le skate adapté, le skate avec des particularités en termes
01:58de handicap.
01:59On a aussi le WCMX qui est sans doute le plus spectaculaire et le plus connu aujourd'hui
02:04on va dire à travers le fait de pratiquer en skate.
02:08On va en parler davantage dans cette émission, le WCMX c'est le wheelchair motocross, wheelchair
02:13voulant dire fauteuil.
02:14C'est ça, c'est en lien avec le BMX, le nom vient de là, cette discipline a eu plein
02:20de noms lors de sa création quand elle a été développée par l'américain Aaron
02:25Fonteringham.
02:26Tout à fait, surnommé Will, c'est pour ça que je l'appelle tout le temps comme
02:29ça.
02:30Dont on reparlera parce qu'il fait quand même des choses assez extraordinaires ce
02:32garçon.
02:33Clairement.
02:34On l'appelle le Godfather finalement de la discipline.
02:36Il a propulsé ça en fait suite à l'avoir voulu rencontrer les gens dans un skatepark.
02:45Son frère qui fait du BMX l'a beaucoup stimulé à l'idée d'aller dans un skatepark
02:50et il le fait depuis le début des années 2000.
02:53Est-ce que lui-même est en situation de handicap ? Quel type de handicap a-t-il ?
02:57Il a une spina bifida, une pathologie qui s'appelle la spina bifida qui est en fait
03:01une limitation, je vulgarise très franchement, mais c'est un problème de développement
03:07des membres inférieurs.
03:08Où est-ce qu'on en est de la renommée de la discipline ? Est-ce que c'est une discipline
03:13qui existe depuis longtemps ? Est-ce qu'elle est aujourd'hui connue et pratiquée en France ?
03:17Alors en France, elle n'a pas de reconnaissance au sens propre, elle est pratiquée plutôt
03:22à la marge.
03:23On a quelques pratiquants qui sont en train de faire leur preuve, mais c'est vrai qu'en
03:29France, par rapport à nos voisins européens par exemple, et par extension encore dans
03:32le monde, on a un train de retard sur le sujet puisqu'il existe des athlètes, il existe
03:37de la compétition internationale.
03:39On a par exemple dans nos amis de l'association le vice-champion du monde 2019 de la discipline
03:46qui est aux Pays-Bas, on a en Angleterre Lily Rice qui a été la première européenne
03:51à faire un backflip, donc un salto arrière en fauteuil à 13 ans, quand même on va dire
03:57que la discipline aujourd'hui elle est visible.
03:59Un salto arrière avec un fauteuil qu'on branche, c'est hyper dangereux non ?
04:04C'est fait en sécurité, il y a tout un accompagnement, c'est comme dans tous les sports.
04:09On ne commence pas tout de suite à courir un marathon si on n'a jamais couru de sa vie,
04:12là c'est un peu la même logique, c'est qu'il existe dans des infrastructures de
04:15ce qu'on appelle des bacs à mousse, ce qui va permettre de travailler sa réception
04:19dans de la mousse, donc qu'on arrive sur la tête, sur l'épaule, ce n'est pas dramatique.
04:23Une fois qu'on maîtrise bien son mouvement, on va passer sur des revêtements qui vont
04:26absorber le choc, éviter que le fauteuil rebondisse, donc on s'est utilisé même dans
04:30le skateboard, dans le BMX et dans d'autres sports de skatepark d'ailleurs.
04:34Une fois qu'on travaille assez bien ses réceptions, qu'on maîtrise ce moment-là,
04:38on peut passer, mais ça demande des années de travail bien évidemment.
04:41Wilfried Pazantier, c'est vous qui avez fondé l'association Pratiquable,
04:46alors est-ce que vous pouvez m'en parler un petit peu plus de cette association ?
04:50D'où vous est venue cette idée ?
04:53Le constat principal c'est surtout que moi j'ai eu un accident en faisant du surf il y a 15 ans,
05:02mais au fond de moi, je reste un passionné de sport de glisse et quand j'ai dû reprendre
05:07mes études, j'ai eu un cas d'école qui s'est posé, c'est-à-dire que je devais
05:12créer un magazine pour mon école, pour mon projet d'études et à l'époque, le constat
05:19ça a été de me dire, moi personne en situation de handicap, fan de glisse, qu'est-ce qui
05:25me parle à moi ?
05:26Est-ce que j'ai des choses qui vont être en rapport avec le fait de trouver des indiques
05:33qui fassent des choses un peu engagées et partant de là, j'ai commencé à faire mes
05:40recherches un peu de fourmis et comme le disait Léo, je me suis rendu compte qu'il y avait
05:46des initiatives plus ou moins développées à droite à gauche, mais que ça restait
05:50assez marginal et surtout très très peu et sous-estimé et pas du tout mis en avant,
05:59alors que l'impact en termes d'images est lui, a contrario, énorme.
06:04Donc finalement, l'objectif de base c'était de dire, moi je veux pouvoir donner une tribune
06:11à tout ça, je veux pouvoir donner un média à tout ça, parce que ça mérite d'être
06:16connu et reconnu.
06:18– Ça c'était pour votre magazine, est-ce que l'association est un magazine ou finalement
06:21vous faites quand même beaucoup d'événementiel ?
06:23– Alors en fait, c'est vraiment, ça a été un cheminement, c'est-à-dire que le média
06:29à un moment donné ne suffisait pas et il a fallu qu'on devienne acteur de tout ça,
06:33moi je ne me voyais pas, je voyais qu'il y avait plein de choses à faire et en même
06:37temps que les choses évoluaient très peu et du coup, elle l'association après s'est
06:44développée et s'est développée à partir de différents axes, notamment l'événementiel,
06:49la sensibilisation, l'accès au matériel, donc tout ça, ça ne s'est pas fait en un
06:54jour, mais oui maintenant on est présent, on a une approche beaucoup plus globale des
06:59disciplines.
07:00– Elle ressemble à quoi cette association aujourd'hui ? Vous êtes présent partout
07:05en France, vous avez combien de membres actifs au sein de l'association ?
07:10– Alors pour l'instant actuellement, on a le siège qui est en région bordelaise
07:15et on a en 2020 ouvert notre première antenne en Île-de-France qui est gérée par Léo
07:23et ensuite à l'heure actuelle, on doit avoir une dizaine de bénévoles, on va dire,
07:31sur qui on peut compter de façon régulière et après on a pas mal de petits contacts
07:39un peu partout sur le territoire en région et on inspire finalement à demain de développer
07:46assez le projet de l'association pour pouvoir répondre à toute sollicitation qu'elle
07:52soit sur le territoire.
07:53– Qu'est-ce qui est le plus difficile quand on monte une association comme celle-ci
07:57et qu'on veut porter un message, porter un projet ?
08:00– Alors ce qui est difficile c'est au début de le faire seul, c'est-à-dire que
08:07moi je me suis lancé là-dedans sans forcément avoir fait un business plan sur dix ans,
08:14donc je me suis lancé là-dedans parce que ça me donnait juste une envie de le faire
08:18et puis au début c'est pas un an comme quelque chose que je fais forcément à 100%
08:25de mon temps donc je l'ai fait vraiment par envie et après en fait c'est quand
08:31on s'est rencontré avec Léo, moi je commençais à arriver à la limite de ce que je pouvais
08:37faire tout seul et en fait le feeling qu'on a eu, la complémentarité a fait que le projet
08:45a pris un second souffle et on a pu surtout envisager d'avoir un développement plus important.
08:51– Alors Léo justement, comment est-ce qu'on va développer cette pratique au niveau national
08:56et en point concret, où est-ce qu'on le pratique en fait, est-ce qu'on le pratique
08:59sur des terrains de motocross, dans des gymnases, comment ça se passe ?
09:01– Alors très bonne question, effectivement, pour le pratiquer on a besoin d'un skatepark
09:07et aujourd'hui les skateparks ne sont pas ce qu'on estime être inclusifs,
09:12c'est-à-dire qu'ils ne permettent pas réellement de pouvoir évoluer en fauteuil roulant à l'intérieur,
09:16ils ont été pensés pour d'autres disciplines donc ce qui est logique
09:21et le fauteuil représente pas mal de défis en termes de figure puisqu'il faut prendre assez de vitesse,
09:26pouvoir la conserver, c'est un objet qui est lourd donc pour pouvoir aller en hauteur
09:30et faire des figures ça représente pas mal de défis et voilà, un skatepark aujourd'hui
09:35ça ne prévoit pas qu'on puisse avoir un fauteuil roulant en haut d'une rampe
09:38qui puisse faire demi-tour et qui puisse évoluer.
09:40– Il y en a beaucoup des skateparks en Ile-de-France ?
09:42– Il y en a pas mal, après on n'est pas un pays qui n'est pas très bien doté en skatepark.
09:47– On n'est pas un pays de skateurs ?
09:48– Il y a beaucoup de skateurs mais ils ont beaucoup skaté le marais urbain à défaut
09:53mais aujourd'hui il y a de très belles installations sur tout le territoire français,
09:56il y a de plus en plus de belles installations.
09:58En Ile-de-France il y a des choses qui sont très correctes
10:02mais par rapport à la population qui vont rencontrer quelques problèmes de saturation
10:06et tous ces beaux projets qui ont été développés pas forcément il y a très longtemps
10:09ne permettent pas tous d'avoir un accès finalement en fauteuil roulant,
10:14voire quand ça permet un accès c'est par chance et ça n'a pas été pensé ni prévu.
10:18Donc ça c'est un des gros chantiers qu'on mène nous dans l'association,
10:21c'est de pouvoir justement solliciter les collectivités territoriales, les fabricants
10:26pour justement émuler comme ça un guide de bonne pratique,
10:30voire même des normes à terme pourquoi pas,
10:31pour comment faire pour avoir un accès en fauteuil roulant, en sécurité.
10:35– Un skatepark existant ou est-ce que finalement
10:38vous êtes en demande d'infrastructures directement adaptées ?
10:41Est-ce qu'on peut adapter un skatepark existant ?
10:43– Alors c'est un défi, c'est un peu le même défi que quand on a un bâtiment
10:46qui reçoit du public qui n'est pas accessible et qu'on doit le rendre accessible,
10:49ça va dépendre vraiment de la configuration du lieu.
10:53Typiquement il y a beaucoup de lieux où on a découvert
10:55qu'on pouvait faire quand même des petites choses
10:56mais où beaucoup de choses intéressantes étaient verrouillées par manque d'accès.
10:59Donc aujourd'hui évidemment, mais c'est vrai dans tout le champ du handicap,
11:03pour travailler sur l'adaptation de l'environnement
11:05c'est bien mieux de concevoir directement, penser pour le fauteuil roulant,
11:09sachant que nous on a une vision très inclusive des choses,
11:12c'est que pour nous le skatepark c'est un lieu social,
11:14c'est un lieu de rencontre, c'est un lieu où on va avec les copains etc.
11:17et les copains n'ont pas forcément un fauteuil
11:19et du coup l'idée c'est vraiment de permettre comme ça des lieux
11:21qu'on qualifie d'hybrides pour permettre d'accéder à toute discipline confondue.
11:26Alors vous le disiez tout à l'heure, c'est difficile de commencer seul,
11:30c'est difficile d'être seul.
11:32Est-ce que vous avez réussi à nouer des partenariats tout au long de ces années ?
11:37Oui après il y a eu des super rencontres
11:40et surtout les choses sont en train de s'accélérer de plus en plus.
11:45Et après il y a eu quelque part le côté d'être seul qui n'est pas évident à gérer
11:53mais il y a aussi, et Léo le disait tout à l'heure,
11:56on est vraiment sur des pratiques qui sont au balbutiement des fois pour certaines,
12:04voire quasi inexistantes.
12:05Donc il y a eu le fait d'essuyer un peu les plâtres aussi
12:09et du coup de galérer à un peu creuser un sillon.
12:14Est-ce que vous êtes entendu par la région, par le département, voire le gouvernement ?
12:21En fait c'est pareil, c'est un travail un peu de longue haleine
12:25et qui demande beaucoup beaucoup de temps parce qu'en fait au début,
12:29alors quand on parle du projet, franchement à chaque fois qu'on en a parlé autour de nous,
12:35à 80% du temps on nous dit « ah c'est bien, c'est génial » et tout ça
12:40puis on fait une petite tape dans le dos et il ne se passe rien derrière.
12:43Donc le but c'est d'essayer de transformer toutes ces rencontres, tous ces contacts
12:49et notamment les institutions qui parfois ne sont pas évidentes à convaincre
12:55parce qu'il faut leur présenter les choses pour que ce soit compréhensible
13:00pour des gens qui pour la plupart sont complètement étrangers à ce type de pratiques,
13:09à cet univers-là et ça c'est du coup moins évident à les faire rentrer dans notre univers finalement.
13:15Vous parlez de droit à la sensation pour tout le monde.
13:19Est-ce que finalement ce n'est pas ça la mission principale de votre association ?
13:24Si complètement, ça fait vraiment partie des valeurs importantes qu'on veut défendre
13:31parce que c'est pareil, c'est quelque chose aussi qu'on a beaucoup entendu
13:37surtout dans les débuts, qu'on mettait des andies dans les skateparks
13:43et que pourquoi des andies iraient en plus prendre des risques ?
13:49Wilfred le dit, ça peut faire peur.
13:52Est-ce que vous organisez des sessions de découverte, d'initiation ?
13:56À quelle fréquence et où est-ce qu'on peut se rendre ?
14:01Alors à Bordeaux, on a des sessions régulières tous les mois à Darwin
14:05qui est l'écosystème Darwin qui a un lieu justement qui nous a accueillis
14:10très tôt finalement dans la vie de l'association
14:12qui nous a permis d'être ce qu'on est aujourd'hui clairement.
14:16Sur Paris c'est plus compliqué, on est encore en plein de challenges pour trouver des lieux.
14:21On a des sessions régulières mais pas avec une fréquence finie.
14:24On dépend pas mal de la météo parce qu'on n'a que accès pour le moment
14:26à des skateparks publics ouverts à tous.
14:28Et on va sur des skateparks qui en plus ne sont pas trop gros pour les personnes qui débutent.
14:34Là où on a fait beaucoup de sensibilisation et où ça a vraiment cartonné,
14:37c'est sur des événements qu'on a pu faire notamment à Pessac par exemple
14:40sur des vibrations urbaines ou ce genre d'événements
14:42où on ouvre en fait la discipline à tous.
14:45Et donc des enfants qui passent par là ont envie de tester parce qu'ils voient un jour.
14:48Donc on les met dans un fauteuil et puis on les fait rouler.
14:50On ne leur fait pas faire un 360° tout de suite quand même.
14:52On les sécurise bien évidemment.
14:54Qui sont valides ?
14:54Oui, ils sont valides.
14:55Donc voilà, eux veulent prendre les modules, découvrir.
14:59Ils ont l'habitude avec leur skate, leur trottinette, etc.
15:01Maintenant, c'est vrai que c'est pour eux une nouvelle expérience.
15:05Et en fait, il y a beaucoup d'enfants qui sont revenus vers nous en nous disant
15:09mais c'est trop génial, je vais demander un fauteuil à Noël, etc.
15:11Et on voyait bien que les parents étaient un peu paniqués à ce jour-là.
15:14Effectivement, ça peut surprendre les parents
15:16qu'un enfant en situation de handicap demande un fauteuil roulant à Noël.
15:22Donc voilà, c'est souvent les parents qui sont un peu plus réfractaires sur la sensibilisation.
15:25On sent qu'ils ne sont pas en confiance à l'idée de même tout simplement
15:29mettre leur enfant divalide dans un fauteuil.
15:31Il y a une sorte de carcan là-dessus.
15:34Personne n'ose trop se mettre dans un fauteuil roulant
15:36par peur de ce que ça pourrait générer alors qu'il n'y a pas de problème.
15:40J'en suis la preuve.
15:41– Juste, Wilfried, l'idée d'intégrer une fédération existante,
15:46c'est un rêve ou ce serait envisageable ?
15:50– Alors, potentiellement, ça peut être envisageable.
15:53En fait, nous, dans notre démarche, qui s'est faite aussi au fur et à mesure,
15:59mais l'objectif premier, c'était de se dire,
16:02nous, on veut déjà prendre les choses en mixité pour partager
16:07et surtout pour développer la participation sociale, le vivre ensemble.
16:13Et pour ça, on ne veut pas être cantonné à une asso pour Andy exclusivement.
16:21Voilà, c'est pour ça que souvent, on parle de glisse urbaine pour tous,
16:27de prime abord et qu'on ne met pas de suite glisse pour Andy.
16:31C'est parce que, en fait, pour nous, finalement,
16:34le chénon handicap vient se rallier à ce qui existait,
16:41c'est-à-dire BMX, skate, trottinette.
16:44Et il y avait un chénon manquant, c'est le côté skate adapté et WCMX.
16:50On a été habitué à faire des choses de temps en temps
16:54avec notamment le comité en e-sport Gironde,
16:57mais on n'est pas affilié chez eux.
17:00Et dans ces cas-là, on a plus vocation, nous, à se rapprocher des faits déexistants,
17:05mais ça va être du cyclisme, du skate,
17:09parce qu'on se sent plus proche, en tout cas, de ces familles-là
17:14qui vont avoir une culture glisse déjà un peu plus importante.
17:19Et puis, nous, c'est eux qu'on a envie de tirer vers le haut en leur disant
17:24« Bon, mais maintenant, il est temps que ce soit à vous de vous mettre à la page
17:29et que tout ça fonctionne ensemble, en fait. »
17:33– Léo, si vous voulez bien, on va parler du matériel,
17:35parce que vous nous avez amené deux fauteuils.
17:38Qu'est-ce qui différencie ces fauteuils-là des fauteuils de ville ?
17:43– Alors, typiquement, ces fauteuils-là,
17:45ils vont être déjà beaucoup plus lourds et beaucoup plus rigides.
17:49Enfin, rigides, ce n'est pas le bon mot, solides d'ailleurs,
17:52bien que suspendus, donc c'est pour ça que le rigide ne fonctionne pas,
17:55pour justement absorber tous les chocs et toutes les contraintes liées au skatepark
18:00qui vont pouvoir être assez importantes, comme vous en doutez.
18:04Et du coup, ces fauteuils-là, ils sont développés par un fabricant européen
18:09qui permet d'avoir des amortis à l'avant sur les fourches.
18:12On va avoir un amortisseur à l'arrière,
18:14on a des roues avec un rayonnage souple pour éviter qu'on voile les roues.
18:18Et on a, par rapport à un fauteuil de sport,
18:22on entend que les fauteuils de sport sont toujours carrossés comme ça,
18:25avec des roues très penchées.
18:26Ici, cet angle, il est à zéro degré, donc ils sont perpendiculaires au sol,
18:30pour la simple et bonne raison que pencher les roues,
18:32ça augmente la stabilité du fauteuil.
18:34Et en skatepark, je pense que vous l'aurez compris,
18:36on cherche l'instabilité permanente,
18:37on cherche de jouer avec cette instabilité.
18:39Et donc du coup, c'est pour ça que les roues sont grottes.
18:42– Du coup, en regardant quand même quelques vidéos,
18:45je vois qu'il y a souvent de la casse.
18:47Et un fauteuil, dites-moi si je me trompe,
18:49mais ce n'est pas l'objet, le meilleur marché, c'est un peu cher.
18:56Comment on fait pour allier votre discipline
19:01et finalement gestion d'un budget raisonnable ?
19:03– C'est justement l'intérêt d'avoir des fauteuils spécifiques.
19:06Moi, typiquement, jamais je n'irais conseiller un fauteuil à quelqu'un
19:09d'utiliser son fauteuil du quotidien dans un skatepark,
19:12parce que si il le plie ou quoi que ce soit, il n'en a plus du tout.
19:15Alors que le fait d'avoir un fauteuil dédié à cette activité,
19:17ça permet que si on l'abîme, si on le plie,
19:19on peut prendre le temps de le réparer sans être bloqué dans son quotidien.
19:22– Mais ce n'est pas remboursé, ça ?
19:24– Ceux-là, ils ne sont pas encore certifiés sur le territoire,
19:25donc effectivement, ils ne sont pas remboursés.
19:27– Et alors, combien ça coûte un fauteuil comme ça ?
19:28– Ces modèles précis-là, ils sont à 4 000 euros
19:30parce que ce sont des modèles club,
19:31c'est-à-dire qu'on peut encore faire varier certaines dimensions
19:34pour justement l'adapter à plein de personnes.
19:36Typiquement, pour le moment, pour avoir ce genre de fauteuil,
19:39soit les personnes sont prêtes à financer et elles le font.
19:42Nous, on a aussi commencé à aider des gens à essayer de le faire financer
19:46par la MDPH, donc les Maisons départementales
19:48des personnes en situation de handicap, pour permettre de faire des dossiers.
19:52Comme ils ne sont pas certifiés, on n'a pas de certitude,
19:54on attend encore les réponses, donc pour le moment, on est un peu…
19:57Voilà, on attend.
19:59Et clairement, pour découvrir la discipline,
20:01c'est aussi pour ça qu'avec Wilfrid,
20:02on a beaucoup travaillé sur l'accès au matériel,
20:04c'est-à-dire de le financer dans l'association
20:07et de pouvoir le mettre à disposition.
20:08C'est pour permettre aux personnes de venir essayer,
20:10découvrir la discipline, voir si ça leur convient ou pas.
20:13Et ensuite, pourquoi pas les accompagner sur un achat plus tard
20:16si jamais elles sont convaincues.
20:17– Messieurs, merci beaucoup.
20:18On en sait un petit peu plus sur votre discipline.
20:21Maintenant, on va essayer d'en savoir un petit peu plus sur vous.
20:23– Générique de fin –
20:28– Wilfrid Panatier, vous êtes devenu tétraplégique
20:31à la suite d'un accident de sœur.
20:33C'était il y a 15 ans, vous nous l'avez dit en première partie d'émission.
20:36Mais vous êtes surtout connu pour avoir fondé cette association praticable.
20:41Finalement, pourquoi est-ce que vous l'avez fondée ?
20:43Parce que vous-même, si j'ai bien compris,
20:46vous êtes un peu limité dans la pratique.
20:49– Oui, je suis même très limité dans la pratique.
20:51Mais par contre, comme vous l'avez dit,
20:54je suis amoureux de cet univers, de la glisse.
20:58Et malgré tout, de tout ce que ça m'apporte au quotidien.
21:03C'est-à-dire que j'en consomme beaucoup, que ce soit en vidéo ou autre.
21:08Mais l'idée de Praticable, c'était de pouvoir aussi apporter un peu un phare
21:16sur cette discipline qui était trop peu médiatisée, trop peu sous-estimée.
21:24Et j'avais une vraie envie comme ça de combler un manque
21:29et d'être acteur de ce nouveau projet
21:35dans lequel j'étais sûr que j'allais pouvoir y trouver des choses intéressantes.
21:43– Vous aviez envie d'aider ?
21:44– Aider mais mettre en avant aussi.
21:46Parce qu'en fait, justement, dans mes longues recherches,
21:51je me suis aperçu que même sur le territoire,
21:53on avait des riders handis qui avaient déjà fait des trucs énormissimes
22:00en termes de performances et personne ne le sait.
22:04Et ça, ça me paraissait tellement ahurissant.
22:08On a quand même un sportif en France, Jérôme Elbridge, pour ne pas le citer,
22:14qui a juste gagné les X Games en étant paraplégique.
22:19Et personne ne le sait, ça me paraissait tellement…
22:22Moi justement, fan de glisse, pour qui les X Games,
22:25c'est le mec de la compétition, quelqu'un qui la gagne, c'est un dieu vivant.
22:32Et lui, personne ne le sait et ça me paraissait complètement dingue.
22:35– On reviendra sur le côté compétition dans une autre émission
22:38qu'on va dédier vraiment à ce côté-là, la compétition.
22:42Léo Aubricot, vous êtes plutôt pratiquant de skateboard,
22:48à la base, votre métier, c'est ergothérapeute.
22:50La question, c'est comment est-ce que vous vous êtes rencontré ?
22:53– Wilfried avait créé l'association quelques années avant que je le rejoigne.
22:58Moi, je voulais créer des choses au début de mon poste, au début de ma carrière.
23:03J'ai tout de suite senti que c'était un créneau que je voulais explorer et exploiter
23:08parce que ça rejoignait deux passions qui étaient mon métier et mes loisirs.
23:12Et ça m'a permis aussi de rencontrer pas mal de gens dans l'Europe
23:17parce qu'à force de poser des questions, de rencontrer des champions, etc.,
23:20ils m'ont indiqué le fait qu'il y avait des choses qui se passaient à Bordeaux.
23:23Et plutôt que de créer mon association dans mon coin de manière isolée,
23:27je me suis dit, il y a déjà des gars qui font des trucs trop cools en France,
23:31pourquoi je ne vais pas les voir ?
23:32Et c'est comme ça que j'ai contacté Wilfried
23:35et que finalement, depuis, on parle tous les jours, on ne s'est pas quitté.
23:38– Mais vous, vous avez tout lâché pour travailler pour l'Asso ?
23:42– Oui, je travaillais à l'assurance maladie il n'y a encore pas très longtemps
23:44et j'ai tout lâché pour justement me dédier à ça
23:48parce que ce projet, il a besoin d'énormément de temps.
23:50C'est un projet dans lequel je m'étais déjà énormément de temps avant
23:53mais en plus de mon emploi et ça a eu ses limites pour moi.
23:56Donc, j'ai dû faire un choix et ce choix, finalement,
23:59je n'ai pas trop eu à y réfléchir, j'ai choisi avec le cœur, donc c'est allé vite.
24:03– Wilfried, comment est-ce qu'on peut faire pour soutenir l'association ?
24:07– Alors, il y a des moyens multiples, c'est-à-dire que, comme toutes les Asso,
24:12on va dire le premier stade, ça va être de vouloir adhérer à l'Asso,
24:17comme toutes les Asso loi 1901, on peut y adhérer sans problème,
24:22avec grand plaisir et après, tout ce qui va être adhésion,
24:28donc ça c'est les premières phases.
24:31Et ensuite, alors nous, on essaie beaucoup de créer des partenariats,
24:36notamment avec des mécènes privés qui peuvent nous apporter assez de fonds,
24:42justement pour acheter les fauteuils qui coûtent quand même très cher
24:47et pour en avoir une flotte assez conséquente, ça va vite.
24:51Donc, on a forcément dû trouver des partenaires ou en tout cas,
24:56plusieurs petits partenaires pour avoir des sommes annuelles
25:01qui nous permettent d'avoir tout ce matériel
25:04et de pouvoir honorer des ateliers d'initiation et autres.
25:09Ça pourrait prendre la forme de plateforme de participation
25:13ou de crowdfunding sur un projet particulier,
25:18on avait pensé à le faire il y a quelques années,
25:20on ne l'a pas encore mis en place,
25:21mais ça fait partie des choses qui sont dans les tuyaux.
25:25Et puis après, ça c'est l'aspect finalement pécunier,
25:29mais après il y a ne serait-ce que venir s'intéresser,
25:33essayer d'être bénévole sur un premier atelier.
25:37– Bien sûr, pratique.
25:37– Oui, carrément, c'est ça, ça me dit 40 ans.
25:42– Parce qu'en fait, il faut préciser que Léo, vous, vous n'avez pas de handicap
25:45et que finalement, pour vous, c'est un sport à part entière.
25:49– C'est un sport à part entière, tout à fait,
25:50mais j'avais la facilité aussi de m'y mettre
25:54parce que je faisais déjà du fauteuil.
25:56Depuis que j'ai commencé mon poste,
25:57j'évolue beaucoup en fauteuil roulant pour comprendre les enjeux
26:01et puis tout simplement savoir ce que je conseille
26:03parce que conseiller un produit qu'on n'utilise pas,
26:05ce n'était pas vraiment une démarche avec laquelle je me retrouvais.
26:09Et finalement, j'ai très vite transposé ça vers le sport
26:12puisque c'est des activités qui réunissent finalement un petit peu tout ça.
26:16– Wilfried, juste pour terminer,
26:17le skateboard a fait son entrée aux Jeux Olympiques à Tokyo.
26:22Il sera toujours au programme des Jeux de Paris.
26:25Est-ce que ça aussi, c'est complètement utopiste ou c'est réalisable
26:31que le skateboard adapté, voire le wheelchair motocross
26:35intègre les Jeux Paralympiques à l'avenir ?
26:38– Ça fait partie de nos doux rêves,
26:40mais en même temps qui ont une certaine crédibilité
26:45dans le sens où finalement, quelque part, en y réfléchissant,
26:49il n'y a pas vraiment de raison si le skate,
26:53en plus, il n'y a pas très longtemps, a été confirmé pour le coup au JO
26:58puisque ça a eu lieu la dernière fois,
27:01mais ça avait besoin d'être enterriné quelque part comme décision
27:05et c'est chose faite.
27:06Donc, potentiellement, pourquoi il n'y aurait pas le pendant Andy ?
27:12En tout cas, c'est quelque chose pour lequel on se prépare dès maintenant.
27:18– Merci messieurs d'être venus sur le plateau de Sport en France
27:21et bravo pour vos engagements respectifs.
27:24On le rappelle, cet engagement, il se fait au sein de l'association Pratiquable
27:29et vous pouvez la soutenir.
27:31Merci à vous de nous avoir suivis.
27:33On se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau numéro d'Avant-Marque
27:36avec une nouvelle thématique et de nouveaux invités.
27:38Salut à tous !
27:39Sous-titrage ST' 501