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00:00Retour à l'actualité internationale avec le premier titre que nous développons, l'élection présidentielle en Iran ce vendredi.
00:0761 millions de personnes appelaient à désigner le successeur d'Ebrahim Raisi, le président iranien tué dans un crash, c'était en mai dernier.
00:17Nous en parlons avec notre invité du jour.
00:20Avec nous Myriam Benrad, bonjour, merci d'être avec nous sur l'antenne de France 24, vous êtes politologue, professeur de relations internationales.
00:35Cette élection présidentielle iranienne, Myriam Benrad, est-elle si importante que cela dans la mesure où en Iran, le vrai chef, si l'on peut dire, c'est le guide suprême ?
00:47Oui, il y a tout de même un certain nombre d'enjeux.
00:51Cela ne veut pas dire que cette élection va changer en profondeur la nature du régime qu'est la République islamique d'Iran.
01:00Cela étant, on voit tout de même aujourd'hui un certain nombre de fractures au sein de la population iranienne.
01:09Vous avez mentionné plutôt la présence des modérés ou l'effort qui est fait par une certaine franche plus modérée que celle des ultraconservateurs de revenir dans le jeu politique.
01:19On a par exemple la candidature de Massoud Pézéchkian qui appelle à sortir l'Iran de l'isolement, à se rapprocher des États-Unis, de l'Europe,
01:29qui s'opposent radicalement de ce point de vue aux ultraconservateurs qui, eux, souhaitent au contraire renforcer les liens avec la Chine, avec la Russie,
01:39donc continuer dans cette opposition frontale avec l'Occident et ses alliés.
01:44Et puis il y a la question bien sûr aussi tout de même de la population, du taux d'abstention qui sera sans doute égal à celui qu'il a été en 2021.
01:53Elle donnera la température, cette élection, de la situation politique dans le pays, même si encore une fois, bien entendu, ça ne change pas profondément les structures du régime.
02:03– Et justement, professeur Myriam Benrad, l'Iran, on le sait, c'est un mélange à la fois de démocratie et de théocratie.
02:11Que sait-on de la façon dont les deux cohabitent dans ce pays ?
02:16Et puis bien sûr, est-ce que cela peut changer, le cadre institutionnel iranien étant assez contraint ?
02:24– On peut parler, je pense, de démocratie autoritaire.
02:27Alors c'est vrai, dans la forme, dans la nature du régime, on parle d'une théocratie.
02:33Il est vrai que le suffrage finalement populaire ne sert généralement qu'à légitimer la pratique qui est celle du régime
02:42et encore une fois de cette frange ultra-conservatrice qui est alignée sur les orientations du guide suprême Khamenei.
02:48Mais au-delà, c'est vrai qu'on a tout de même vu, comme je l'ai dit,
02:54un certain nombre de mobilisations sociales, politiques, très violentes,
02:58pour justement demander à ce que cette démocratie soit une démocratie authentique,
03:04qu'elle reflète les aspirations du peuple.
03:06On l'a vu avec la mobilisation féministe, on l'avait vu auparavant avec d'autres mouvements sociaux
03:11qui réclamaient justement un rééquilibrage des pouvoirs.
03:15Bon, ça n'est pas vraiment favorisé, si vous voulez, dans la mesure où on a cette configuration régionale aujourd'hui
03:21extrêmement tendue, avec la guerre évidemment à Gaza et puis le rôle qu'a joué l'Iran ces dernières années,
03:29ces deux dernières décennies, sur un certain nombre de conflits qui l'ont placé plutôt en position de force.
03:35– On va revenir, si vous le voulez bien, sur les ambitions régionales de Téhéran.
03:41Un mot peut-être, encore une fois, sur les enjeux de cette élection iranienne, des clés peut-être.
03:47Le pouvoir espère un regain de participation.
03:50On rappelle que les dernières législatives ont été boudées par la population.
03:55Est-ce que le pouvoir, sur le plan de la participation, peut-être entendu,
04:00compte tenu de cette grogne autour de la situation économique, qu'on l'a dit,
04:04une inflation à 40%, un taux de chômage à plus de 8% ?
04:11– Alors déjà, ce qu'on peut dire, si vraiment on se concentre sur l'élection,
04:14c'est qu'il y a eu 80 candidatures, deux ont été retirées,
04:19ce qui pourrait faire penser à une diversité, encore une fois, d'opinions,
04:22mais comme je l'ai dit, ces candidatures sont en réalité adoubées par le Guide suprême
04:29et reflètent une frange ultra-conservatrice qui s'est imposée à peu près sur tous les dossiers,
04:36sur le nucléaire, sur les alliances au niveau régional,
04:39sur la manière de gérer la contestation au plan interne,
04:42sur l'absence quasi-institutionnalisée de réformes en réalité,
04:47donc je ne pense pas qu'il y ait grande mobilisation.
04:51Il y aura une mobilisation, si vous voulez, de la part de ceux qui soutiennent
04:55ce qu'est la République islamique aujourd'hui et ce qu'elle incarne,
04:58mais la jeunesse notamment qui a manifesté dans les rues,
05:02qui demande des réformes significatives et qui soient, encore une fois,
05:07authentiques au-delà des discours, va sans doute s'abstenir.
05:10Je pense que ce sera malheureusement l'une des caractéristiques de ce scrutin.
05:14– Et qu'est-ce que, depuis l'étranger, on peut attendre de cette élection ?
05:20On en revient aux ambitions régionales de l'Iran.
05:24Par étranger, on entend bien entendu les Occidentaux,
05:26mais également les Chinois, les Russes, vous en avez parlé tout à l'heure.
05:29Qu'est-ce que l'étranger peut attendre de ce vote ?
05:34– Alors, pour le moment, il est clair que les outsiders,
05:40donc ceux qui vraiment, je pense par exemple à Saïd Jalili,
05:44l'ancien négociateur sur le dossier nucléaire,
05:46bon, il y en a d'autres qu'on pourrait citer,
05:48mais ceux qui sont donnés favoris ne sont absolument pas des candidats
05:53pour un quelconque rapprochement avec les Occidentaux.
05:56Donc, ce qu'on va, à mon avis, voir plutôt au terme de cette élection,
05:59c'est un approfondissement encore plus grand des relations
06:04qui sont établies aujourd'hui par la République islamique
06:06avec la Russie en matière de défense, avec la Chine en matière économique,
06:11surtout dans le contexte de ce grand projet de nouvelle route de la soie
06:15qui, évidemment, est très séduisant pour les Iraniens.
06:19Donc, une volonté en réalité de rester dans le camp anti-occidental
06:22et d'ailleurs aussi d'en incarner une avant-garde
06:25au niveau régional, au niveau du Moyen-Orient.
06:27– Est-ce que les derniers échanges musclés entre l'Iran et Israël
06:33auxquels on a assisté, peuvent avoir un impact ?
06:38– Ça va dans le sens de ce que je viens de dire,
06:40c'est-à-dire qu'il y a un éloignement aujourd'hui quasi irrémédiable
06:45entre la République islamique et les Occidentaux
06:47et évidemment la guerre à Gaza qui a été sanglante,
06:51l'alignement, le soutien apporté par les Iraniens,
06:55dont on peut discuter ce qu'il est au Hamas,
06:59à d'autres proxys anti-israéliens dans la région,
07:02et puis cette guerre désastreuse,
07:04tout cela ne va absolument pas dans le sens,
07:06encore une fois, d'un quelconque réchauffement des relations
07:09avec les Occidentaux et avec Israël
07:11qui est de toute façon perçu par les Iraniens
07:13comme un relais de l'hégémonie américaine au Moyen-Orient.
07:18– Merci.
07:18– De ce point de vue, ça vient encore conforter leur discours.
07:21– Merci beaucoup Myriam Benrad d'avoir été l'invité
07:25de la Une Week-end,
07:26politologue spécialiste du monde arabe.
07:28Merci, voilà ce qu'on pouvait dire avec vous
07:30de cette élection présidentielle iranienne ce vendredi.

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