• il y a 6 mois
L'Institut Montaigne s'est penché sur le volet immigration du programme du Rassemblement national pour vérifier les économies annoncées par le parti d'extrême droite. Le think tank classé à droite considère que ces économies sont surestimées. Les explications avec Frédéric Bianchi, journaliste BFM Business. 

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00:00Bonjour Fred. Bonjour Pauline. Alors on va parler du financement du projet du Rassemblement National, on le sait, il a prévu des milliards d'euros de dépenses publiques dans son programme et vous, vous vous êtes penché sur la façon dont il compte financer tout ça et notamment sur les coupes dans les dépenses sociales.
00:14Dans les dépenses sociales, évidemment vers les étrangers et vers les immigrés. Alors pourquoi ces dépenses-là, d'abord c'est un marqueur évidemment très fort idéologique du Rassemblement National et puis surtout ce sont à peu près les seules pistes d'économie qui sont vraiment chiffrées dans le programme.
00:27Jordan Bardella leur parle de lutter sans merci par exemple contre les fraudes sociales et fiscales mais bon, il y a déjà une administration fiscale, elle ne se tourne pas les pouces à l'heure où on se parle.
00:36Donc on va prendre les mesures une par une. D'abord, vous le voyez à l'écran, réservez le RSA aux étrangers qui ont au moins travaillé 5 ans en France.
00:45Selon le Rassemblement National, c'est 4 milliards et demi d'euros d'économie mais on va voir qu'il y a eu un chiffrage indépendant de l'Institut Montaigne qui est un think tank classé à droite qui dit que ce sera beaucoup moins.
00:56Alors d'abord, il y a un énorme casse-tête juridique avec cette mesure, risque de censure du conseil constitutionnel, il l'a fait d'ailleurs en janvier avec la précédente loi immigration.
01:06Il faudrait renégocier la plupart des traités européens, un sujet sur lequel l'éventuel Premier ministre du Rassemblement National n'aurait pas la main.
01:13Mais bon, passons sur ces détails entre guillemets juridiques. L'Institut Montaigne estime que si cette mesure était appliquée, ce serait au maximum pas 4 milliards et demi mais 2 milliards et demi d'euros d'économie en moins.
01:25Et on va voir que quand même ces chiffres ont de l'importance. Et si on tient compte du principe en droit français largement répandu qui est le principe de non-rétroactivité des droits acquis,
01:35quand on supprime un droit, eh bien ce n'est pas rétroactif. Eh bien là, si on tient compte de ça, on n'est plus à 4 milliards et demi, il y a 2 milliards et demi mais à 600 millions d'euros d'économie. Autrement dit, pas grand-chose.
01:44Alors il y a une autre question, celle des prestations familiales.
01:48Exactement. Alors les prestations familiales, elles seraient, elles aussi, réservées aux Français. Là encore, mêmes obstacles juridiques que pour le RSA, rupture d'égalité constitutionnelle, etc.
01:59Mais passons, admettons que le politique est plus forte que le droit français et arrive à l'appliquer. L'ERN, cette fois, le chiffre à près de 4 milliards d'euros de supprimer ses prestations familiales.
02:10Là encore, c'est très hypothétique parce que dans le calcul de 4 milliards d'euros, il y a tous les ressortissants européens qui sont concernés et qui n'auraient plus ces aides.
02:17Les Italiens, les Espagnols, les Portugais, les Allemands, enfin voilà, tous les ressortissants européens, aujourd'hui, ont droit à ces aides. Eh bien leur supprimer, encore une fois, c'est contraire au texte européen.
02:27Et au final, le gain de 4 milliards se transforme en gain au maximum de 2 milliards et quelques.
02:31Et puis Jordan Bardella parlait aussi de la fin de l'aide médicale d'État pour les étrangers en situation irrégulière.
02:36C'est avec ça qu'il comptait financer dans un premier temps sa petite réforme des retraites avant éventuellement de remettre en question l'autre.
02:41Mais déjà, on parle de sommes bien moins importantes. L'aide médicale d'État, on rappelle, c'est 1 milliard d'euros par an. On n'est plus aux 5-6 milliards de tout à l'heure.
02:49Ensuite, le Rassemblement national veut la remplacer par une aide d'urgence vitale. Il faudra bien la financer, cette aide d'urgence vitale.
02:54Au final, on estime que l'économie n'est que de 700 millions.
02:59On peut citer d'autres mesures, mais elles sont purement symboliques et plutôt liées aux questions de sécurité.
03:08On parle de la suppression des allocations mineures et sédivistes, 2 millions d'euros.
03:12La suspension des allocations après avoir perturbé à l'école 340 000 euros. Autrement dit, c'est rien sur le plan économique.
03:19Alors tout ça mis bout à bout. J'ai fait le calcul. En prenant les fourchettes vraiment hautes, les plus optimistes du Rassemblement national,
03:25on est au maximum à 7 milliards d'euros d'économie, c'est-à-dire seulement la moitié de la baisse de la TVA sur l'énergie,
03:32sans compter les autres milliards d'euros de dépenses. Alors comment on finance ça ? On ne sait toujours pas.
03:38Mais en économie, vous savez, il n'y a pas de baguette magique quand on dépense beaucoup. Soit on fait des dettes, soit on augmente les impôts.
03:44Merci beaucoup Fred.

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