La victoire est en elles - Brigitte Henriques, Pauline Déroulède

  • il y a 2 mois
Cette semaine, Alexandre Delpérier reçoit la nouvelle présidente du CNOSF, Brigitte Henriques, première femme élue à ce poste. En deuxième partie, Pauline Déroulède, championne de France de tennis-fauteuil.

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00:00...
00:18-"Parce qu'il y a les femmes, parce qu'il y a le sport".
00:21Bienvenue dans votre rendez-vous dédié aux femmes dans le sport.
00:25Bienvenue dans La Victoire est en aile
00:27avec une émission exceptionnelle.
00:29Avec des femmes très inspirantes.
00:31Vous allez comprendre pourquoi. Voilà le sommaire.
00:33Émission exceptionnelle avec la présence de Brigitte Henriquez,
00:37nouvelle présidente du CNOSF,
00:39le Comité national olympique et sportif français.
00:42Première femme élue à ce poste.
00:43Elle est avec nous et répondra à toutes nos questions.
00:46Nous recevrons également Pauline Desrouledes,
00:49championne de France de tennis-fauteuil.
00:51Retour sur un parcours et des ambitions futurs
00:54pour cette jeune femme, elle aussi très inspirante.
00:57Bonjour, Brigitte.
00:58Je suis ravi de t'accueillir. On va se tutoyer parce qu'on se connaît.
01:02Parce qu'on a partagé des moments exceptionnels
01:04dans le foot féminin, ensemble.
01:07On a partagé le quotidien de ces sportives de haut niveau
01:11qui nous ont tant fait rêver, pleurer,
01:13tout ce qui va avec.
01:15Aujourd'hui, Brigitte, et c'est très intéressant,
01:18parce que depuis quelques jours, tu es, à 50 ans,
01:20la présidente du CNOSF, en lieu et place de Nima Seghlia,
01:24qui avait été élu et réélu depuis 2009.
01:28Tu as obtenu 577 voix.
01:31Ce qui est important, c'est surtout, dès le premier tour,
01:34avec plus de 57 % de voix,
01:36on va parler de ton projet, de ton parcours,
01:40de la femme que tu es.
01:41Ca nous intéresse dans cette émission
01:43parce qu'on prend le temps de parler aux invités.
01:46Est-ce qu'on peut parler de raz-de-marée ?
01:50En tout cas, ce qui est sûr,
01:52c'est que c'était pas gagné de passer au premier tour
01:55et même tout court d'être élu.
01:56S'il y avait eu un deuxième tour, ça aurait été serré,
01:59parce qu'on savait pas très bien le report des voix,
02:02puisqu'on était quatre candidats,
02:04avec Emmanuel Ouladj et Patrice Martin,
02:06et Thierry Ray.
02:08Sur les estimations que j'avais faites avant,
02:10on a toujours une estimation basse et une estimation haute.
02:13Sur l'estimation haute, c'était plutôt à 570,
02:16et sur l'estimation basse, à 550.
02:18Donc, finalement, 577, c'était la fourchette basse.
02:21Mais en tout cas, raz-de-marée, je sais pas.
02:24Ce qui est sûr, c'est que j'étais très contente
02:26de la campagne qu'on a menée avec tous ceux qui m'ont soutenu.
02:30L'équipe de bénévoles, à qui j'ai encore envie de rendre hommage,
02:33parce que c'était énorme d'avoir 14 jeunes volontaires
02:36qui venaient juste pour l'aventure humaine.
02:39On va revenir là-dessus, parce que ça s'est fait en quelques mois.
02:42C'est un vrai combat,
02:44parce qu'il y a des candidats de qualité à côté,
02:46et c'est une femme qui s'impose dans un monde d'hommes.
02:49Auparavant, tu étais vice-présidente du CNOSF
02:52et de la diversité des pratiques.
02:54Tu deviens donc la première femme en France à diriger ce CNO,
02:59ce qu'on appelle vulgairement le CNO.
03:01Rien que ça, je trouve que c'est une symbolique extraordinaire.
03:04Il y a eu une soirée en hommage à Denis Masséglia
03:07la veille de l'élection, où on s'est croisés, où j'étais,
03:10et je voyais tous ces hommes.
03:12Je me disais, comment Brigitte va-t-elle renverser la table ?
03:15En fait, c'était le pari.
03:18C'est vrai que, comme tu le dis, Alexandre,
03:20c'était symbolique, parce qu'il n'y a que deux femmes
03:23qui sont présidentes de fédérations olympiques.
03:26Isabelle Jouin, présidente de la fédération de hockey sur gazon,
03:29et Nathalie Péchala, de la fédération de hockey sur glace.
03:32On a 14 présidentes sur les fédérations infinitaires
03:35et scolaires, et sur 108 fédérations, c'est beaucoup d'hommes.
03:39Et pourtant...
03:40C'est ces hommes qui t'ont élu.
03:42Quand j'ai été élue, c'est la première chose que j'ai dit.
03:45Je dédie cette victoire aux femmes,
03:47parce que c'est important pour nous de doser,
03:49de penser qu'on est légitime et qu'on peut gagner.
03:52Mais par ailleurs, j'ai eu la chance d'être élue
03:55par tous ces hommes, et en plus d'être portée par eux
03:57pendant la campagne, parce que c'était important
04:00qu'il y en ait qui me soutiennent, qui s'engagent, qui viennent avec moi.
04:04J'ai vécu six mois de campagne extraordinaire,
04:07et là, on vient de se mettre en place.
04:09Il y a beaucoup de travail et pas de transition, pour le coup.
04:12On est fiers, ici, dans cette chaîne olympique,
04:15d'avoir cette émission dédiée au sport pour les femmes.
04:18J'ai retenu trois dates.
04:19Il y en aura d'autres, mais j'aimerais qu'on s'arrête là-dessus.
04:23D'abord, 2008, tu deviens manager du PSG section féminine,
04:27jusqu'en 2010, avec qui vous remportez la Coupe de France.
04:30C'est le premier trophée de l'histoire du club.
04:33C'est important, ce passage au PSG ?
04:35Oui, très important, d'abord parce que j'avais eu mes filles
04:38qui étaient nées en 2001 et en 2003...
04:41En 2004, pardon.
04:42C'est vrai que ça me manquait.
04:44J'avais arrêté à la fin de ma carrière en 99.
04:46J'avais encore joué, je jouais encore un peu,
04:49j'entraînais encore un peu.
04:51J'ai fait vraiment un break pendant 4-5 ans.
04:53Je vais taper à la porte du district du 95 pour dire
04:56que j'ai envie de réentraîner, car j'ai des diplômes d'entraîneur.
05:00Je fais des spécifiques attaquantes le dimanche matin
05:03pendant presque 4 ans, j'intègre le comité de direction.
05:06C'était à l'époque Simon Tard et Pierre Neuges,
05:09les présidents de la section amateurs,
05:11qui viennent me demander d'être manager général.
05:13J'y suis allée sans savoir où je mettais les pieds,
05:16car c'était plutôt le club de Saint-Germain-en-Laye
05:19en 2008 qu'autre chose.
05:20Et on est en 2008.
05:22Ca peut paraître hier, mais c'est à des lustres.
05:24Carrément. En plus, elles jouaient sur le terrain synthétique.
05:28Tout était compliqué, elles étaient 8e au classement.
05:31C'était mon premier challenge.
05:32Je pose vraiment sur le papier ce projet-là.
05:35J'essaie de trouver les moyens financiers.
05:37J'ai une chance énorme, c'est qu'à l'époque,
05:40c'est Sébastien Bazin qui est le président intermédiaire au PSG.
05:43On parle bien d'une époque, c'est avant l'arrivée de PSG.
05:47En plus, il y avait eu un décès, avec les supporters.
05:50Le club n'allait pas bien, les résultats n'étaient pas bons.
05:53C'était Sébastien Bazin qui faisait l'intermède.
05:56Il avait vécu aux Etats-Unis, il connaissait parfaitement
05:59le soccer américain. Il me dit qu'il double son budget.
06:02Mon projet lui plaît, il me double le budget.
06:04Je peux faire venir des Camille Abili, des Sonia Bonpastor.
06:08Mais surtout, j'ai un projet structurant,
06:10sur trois ans, avec des objectifs clairs.
06:12C'est énorme, parce que, comme tu l'as dit,
06:15on gagne le trophée de la Coupe de France,
06:17avec une équipe et surtout une aventure humaine
06:20qui était vraiment très belle.
06:22Pourquoi elle a été importante, cette étape ?
06:25C'est la première fois que j'avais un projet,
06:27pour lequel j'avais, en tout cas dans le sport,
06:30toutes les cartes en main.
06:31J'allais chercher les moyens financiers,
06:34je mettais mon équipe en place.
06:36Cette année-là, j'ai tout appris. En un an, j'ai tout appris.
06:39C'est-à-dire que, par exemple,
06:41j'étais plutôt d'une nature à me dire
06:43qu'il faut faire confiance à tout le monde,
06:45sinon c'est compliqué.
06:47Je me suis aperçu très vite que c'était utopique
06:50et que ça m'a vraiment construit en tant que dirigeante.
06:53J'ai appris tellement de choses sur la manière de fédérer
06:56sur des erreurs que j'avais pu faire,
06:58avec les gens avec qui j'avais pu travailler.
07:00J'ai énormément appris.
07:02Le fait de vivre cette expérience séjoueuse,
07:04qui était là depuis 8 ans, 9 ans, des Sabrina Delanois,
07:07des Laure Boulot, qui trimait, qui s'entraînait,
07:10qui n'était pas pro, absolument pas pro.
07:13Et là, c'est énorme.
07:14Quand on dit pro, le statut professionnel.
07:16C'est vrai que je me souviens, la finale,
07:19c'était au stade de Bondoufle, à Ivry.
07:23Et en fait, on gagne...
07:25En plus, on écrase Montpellier, c'est rare, quand même,
07:28sur un dernier match, sur une finale comme ça.
07:31Montpellier a été un des clubs précurseurs
07:33dans le foot féminin en France.
07:35On peut en profiter pour rendre hommage à Loulou et Nicolas.
07:38Et d'ailleurs à son fils, qui continue, à Laurent,
07:41de développer la section féminine.
07:43Mais c'est un moment magique.
07:44Et c'est vrai que ça a vraiment contribué à me dire
07:47que je peux aussi réussir en tant que dirigeante, en tant que...
07:51Toi, la femme Brigitte Henriquez, tu t'es dit là,
07:54j'ai peut-être un chemin à faire,
07:56parce que je sais entraîner avec moins de gens,
07:59je sais mettre en place des projets,
08:01et on sait faire aboutir et gagner.
08:03Exactement. C'était quelque chose que j'avais expérimenté
08:06en tant que joueuse.
08:07C'est comme on disait, les athlètes,
08:09on s'entraîne, c'est dur, on en bave,
08:11on met tout de côté, surtout que moi non plus,
08:13j'ai jamais été professionnelle.
08:15On sait que quand on gagne des matchs,
08:17on a cette saveur de gagner des matchs.
08:19Quand on gagne des titres, alors là,
08:21le fait de porter le maillot bleu quand il y a la Marseillaise,
08:24c'est la consécration de tout ce travail.
08:27Et c'est vrai que vivre ça en tant que manager d'un club,
08:30d'emmener du monde avec soi...
08:31C'est un déclic.
08:33C'est un déclic, et surtout, en fait,
08:35là, ça peut marcher que si on embarque tout le monde avec soi.
08:38Et je crois que c'est vraiment l'aventure humaine
08:41que j'ai... que j'ai vécue, en fait, au PSG,
08:43qui a été aussi bonne, je vais me permettre de le dire,
08:46qui a été aussi bonne que les 10 ans que j'avais passé
08:49dans le club où j'ai commencé à jouer avec la GSF Poissy,
08:52parce que ces 10 ans que j'ai passé dans ce club-là,
08:54les personnes, je les vois toujours, c'est une famille,
08:57et cette aventure humaine, je voulais vraiment la permettre
09:00aux licenciés, aux pratiquantes, aux dirigeants,
09:03aux éducateurs, éducatrices, de vivre la même chose
09:06pendant ces 3 années au Paris Saint-Germain.
09:08On se construit. 3 années après,
09:10Noël Legrette t'appelle à la FED, en tant que secrétaire général,
09:13avec pour objectif la féminisation du football et son développement.
09:17Ca va très vite. 3 ans, c'est peanuts.
09:19Alors, ce qui est drôle, c'est que, finalement, le PSG,
09:22malgré le fait qu'on ait réussi, je démissionne,
09:25après la Coupe de France, parce qu'on n'a pas les moyens
09:28d'aller plus loin. C'est vrai qu'à cette époque-là,
09:30j'avais 3 vies, mes enfants étaient en bas âge,
09:33mes parents, en même temps, plus le job de manager,
09:36mon staff, c'était pareil, on était complètement sous l'eau,
09:39et le fait qu'il n'y ait pas de perspective,
09:42voilà, avec des moyens financiers supplémentaires,
09:45du coup, je démissionne.
09:46T'as tapé dans l'oeil de Noël Legrette.
09:48C'est dur. Quand je démissionne, c'est dur,
09:51parce que j'ai du mal à me dire que je n'ai pas été
09:53au bout des 3 ans, alors que je m'étais engagée.
09:56Quand Noël Legrette m'appelle...
09:58Tu viens de ce moment-là ?
10:00Qu'est-ce qu'il te dit ?
10:01Je suis avec ma collègue, prof de PS,
10:04avec qui on avait 6 heures de décharge artistique et théâtrale.
10:07On était en train de travailler, de plancher sur le spectacle
10:10avec 150 élèves, en partenariat avec le Moulin Rouge.
10:13La vraie vie.
10:14On est en train de penser au décor, au costume de nos élèves,
10:18aux chorégraphies, tout ça.
10:19Et Noël me dit, voilà, je suis Noël Legrette, je veux...
10:23Tu le connaissais ?
10:24Je le connaissais, bien sûr. Qui connaît pas Noël Legrette ?
10:27Tu le connaissais perso ?
10:28Non, je le connaissais pas. Tout à fait, je le connaissais pas.
10:32Tu te rends compte que c'est le président de la FED qui t'appelle ?
10:35Il m'appelle et me dit, voilà, je veux vous rencontrer,
10:38vous avez exactement le profil de la personne
10:41que je recherche pour mon équipe
10:43pour partir en campagne à l'élection de la présidence,
10:46je veux vous rencontrer.
10:47Là, si je vous raconte, vous allez rigoler,
10:50parce que... Premier rendez-vous avec Noël Legrette.
10:53On se retrouve... Non, c'est lui qui me demande.
10:55Donc je lui donne rendez-vous, en fait, à la Place Richy,
10:59dans un café qui fait l'angle,
11:02parce que c'était pas très loin d'où je travaillais.
11:05Et on discute, donc il me parle tout de suite
11:08de devenir numéro un du football féminin,
11:10qu'il me donnerait les moyens,
11:12qu'il avait envie de faire bouger les choses.
11:14Donc j'écoute tranquillement. Je demande un deuxième rendez-vous.
11:18Donc là, deuxième rendez-vous, il me dit, en fait,
11:20si vous pouvez être à plein temps et en détachement,
11:23que vous soyez secrétaire générale.
11:25Donc là, je commence à avoir des gouttes, là,
11:27je lui dis secrétaire générale.
11:29Donc je lui dis, très bien, je vais en discuter avec mon mari.
11:33Voilà, donc après, troisième rendez-vous.
11:36Et puis là, à l'issue du rendez-vous,
11:38j'avais toujours pas décidé, en fait.
11:40C'est un truc de fou, quand même,
11:41de passer de prof de PS à secrétaire générale.
11:44Et là, Noël Legrette me dit, bon, c'est bon, il faut y aller.
11:47Super, venez avec moi.
11:49Et ça se passe comme ça, et c'est un moment important,
11:51parce que c'est lui qui m'emmène et qui me dit,
11:54mais si, allez-y, il faut oser et venez.
11:56Et je me rappelle vraiment de ce moment-là,
11:58parce qu'il m'a vraiment tendue la main très fort.
12:01Et puis voilà, après, c'est parti, c'était extraordinaire.
12:05On gagne l'élection en juin 2011.
12:07C'était pas très attendu.
12:09Et puis surtout, on part à la Coupe du monde en 2011,
12:11d'emblée, en Allemagne.
12:13-"Coupe du monde féminine en France".
12:15En Allemagne, c'était en 2011.
12:17Oui, c'est ça.
12:18Vous avez un parcours exceptionnel, que j'ai le plaisir de commenter.
12:21Et puis derrière, il y a la réélection,
12:24il y a l'organisation de la Coupe du monde en France,
12:26la Coupe du monde féminine en France,
12:28qui a été un succès populaire colossal.
12:31C'est ton bébé, cette Coupe du monde ?
12:33C'était surtout un rêve, parce que, comme moi,
12:35j'ai pas été joueuse professionnelle.
12:37J'allais beaucoup jouer aux Etats-Unis avec l'équipe de France.
12:41D'ailleurs, on prenait un peu des raclées.
12:43Tu étais devenue vice-présidente de la Fédération française de football.
12:47Quand j'étais joueuse, j'allais jouer aux Etats-Unis,
12:50et je me disais, quand est-ce que ça sera comme ça dans notre pays ?
12:53On voyait les stades plein, on était escortés,
12:56les Américaines signaient des autographes,
12:58il y avait une ambiance de folie.
13:00Et surtout, toutes les petites jouaient autour avec leurs équipes.
13:03Avant, il y avait des animations, ça grouillait de partout.
13:06Quand on revenait en France, je me disais,
13:09quand est-ce que ça sera comme ça chez nous ?
13:11Et organiser cette Coupe du monde ?
13:13C'était ce rêve, parce que les stades ont été remplis.
13:17C'était, franchement, le 7 juin, au Parc des Princes.
13:20En plus, on gagne contre la Corée, le stade est rempli,
13:23et on a vécu ça pendant un mois.
13:25La finale à Lyon, c'était aussi extraordinaire.
13:28Des dizaines de millions de Français devant la télé.
13:31Des millions de téléspectateurs.
13:33Au-delà de ce qu'on avait pu imaginer.
13:35Personne n'avait imaginé ça.
13:37Un an avant, personne ne savait qu'il y avait la Coupe du monde.
13:41C'est vrai qu'on a eu un comité local d'organisation
13:43avec Erwann Le Prévost, qui était le directeur général,
13:46avec la FIFA, qui a fait un travail phénoménal.
13:49Mais surtout, on a embarqué, et c'était la mission que j'avais,
13:53les ligues, les districts, les clubs, les villes hautes,
13:56à ce que les stades soient remplis.
13:58On s'est régalés.
13:59Juste une anecdote pour vous dire à quel point c'était fabuleux.
14:03Quand je vais à TF1, pour ne pas les citer,
14:07parce qu'il fallait expliquer ce que pouvait être la Coupe du monde,
14:11il y avait tous les salariés de TF1 en charge de ça, ceux de la fédération.
14:16Je raconte ma petite histoire,
14:18celle que je raconte en disant que c'était un rêve.
14:21Je voyais bien dans le regard de tout le monde...
14:24Elle est gentille.
14:26Ils étaient très bienveillants, mais elle est gentille.
14:29Avec l'explosion des audiences, finalement, ça a été énorme.
14:34Et les élus qui sont venus, des neuf villes hautes,
14:37mais surtout de nos 100 districts et de nos 13 ligues,
14:40à la fin de la Coupe du monde,
14:42ils me disent, alors, t'es heureuse ?
14:44Je les regarde et je leur dis,
14:46vous avez plus d'étoiles dans les yeux que moi,
14:49parce qu'on a réussi ensemble.
14:50C'est ça qui était beau dans cette histoire-là.
14:53Brigitte Henriquez, c'est aussi 3 titres de championne de France de football,
14:56avec Juvizy, aujourd'hui le Paris FC.
14:5832 sélections en équipe de France.
15:00Tu le lisais, prof de PS de 93 à 2011.
15:04Je voudrais juste, en une phrase, que t'arrives à me dire quelque chose.
15:07Le foot, dans ta vie, c'est ?
15:10Le foot, dans ma vie, c'est ma vie.
15:13Ça commence à 5 ans et j'ai encore envie de jouer.
15:17C'est vrai que j'ai un peu moins de temps, mais j'ai encore envie de jouer.
15:19Je vais faire des fives dès que je le peux.
15:22Et c'est toute ma vie, en fait.
15:23J'ai transpiré, tu le sais, Alex, j'ai 5 frères.
15:27On était dans une famille où ça transpirait du matin jusqu'au soir.
15:30On regardait téléfoot, on regardait tous les matchs.
15:33Chaque fois que j'allais voir mes frères,
15:34parce que je ne pouvais pas jouer dans un club,
15:36c'était des Coupes du monde.
15:37Je me rappelle de Carl, mon frère de 2 ans, mon aîné.
15:41Il y avait des tournois.
15:42Je me rappelle d'un tournoi à Saint-Oual-aux-Maunes.
15:44Ils avaient gagné le tournoi.
15:45Je me souviens, c'était l'époque où les parents étaient là.
15:49Dès qu'il y avait un but...
15:50Ils avaient gagné la Coupe du monde.
15:51C'était exactement pareil.
15:52Ils couraient après les matchs et ça me faisait rêver.
15:55En plus, parce que moi, je ne pouvais pas.
15:57Il n'y avait pas de club qui accueillait les filles à l'époque.
16:00C'est toute ma vie.
16:01Mes 4 autres frères qui avaient un an d'écart et qui sont plus âgés que moi,
16:04je voyais les 4 dans la même équipe.
16:06Quand on y allait, ils ont joué quand ils étaient jeunes,
16:09aussi au club de l'AS Poissy.
16:11Mais après, ils ont aussi joué en vétéran.
16:13J'étais tout le temps sur les terrains.
16:15Moi, j'avais mon ballon et je jonglais, je jouais.
16:18J'adore ce jeu depuis que je suis petite.
16:20C'est ce jeu que j'aime.
16:21Ça va être intéressant de nous montrer comment tu as pu
16:23quitter la famille du football.
16:25Il y a encore du football.
16:26Une équipe de France Olympique pour aller aujourd'hui à la tête du CNO.
16:30Trois chiffres clés.
16:31120, le nombre de mesures de ton programme.
16:34Comment on pond 120 mesures
16:36sans que ça ne soit que des arguments électoraux ?
16:39Alors...
16:40D'une manière très concise.
16:42Oui, bien sûr.
16:43En fait, c'est simple, c'est que ces 120 mesures,
16:46finalement, c'est la feuille de route qui dicte aujourd'hui
16:48ce qu'on va faire avec l'ensemble des équipes du CNOSF
16:52et surtout des élus.
16:54Tout simplement, moi, j'avais fait le parti pris
16:56de construire ce programme-là, de le co-construire, en fait.
16:58J'aurais pu arriver avec un programme tout fait.
17:00J'avais déjà fait ça avec la fédération, en fait.
17:02On construit un programme ensemble, on arrive,
17:04on voit les élus et on convainc.
17:05Là, moi, j'ai pas fait ça, je voulais pas faire ça.
17:08Parce que pour convaincre d'une idée d'un projet,
17:10il faut impliquer les gens dans la construction et dans la genèse.
17:13Mais surtout, Brigitte, j'ai envie de te poser une question.
17:15Toi, sortant du foot,
17:16qui est un milieu très professionnalisé,
17:19arrivant sur cette discipline olympique
17:21où on est dans l'amateurisme,
17:23et c'est pas péjoratif quand je dis ça,
17:24mais dans le vrai amateurisme,
17:26on peut pas arriver avec les mêmes idées,
17:27avec, oui, des convictions,
17:29mais il y a pas les budgets,
17:31il y a souvent pas les personnes pour le faire.
17:33Donc, oui, il faut accompagner.
17:35Donc, j'imagine que c'est en découvrant ce qui n'allait pas
17:39avant la campagne que tu as pu établir ton plan de campagne.
17:41Alors, en fait, c'est même pas avant la campagne,
17:44parce qu'en quatre ans avant,
17:45Noël Legratte me demande de remplacer Bernard Désumère,
17:48qui était représentant de la fédération au comité olympique.
17:50Donc, ça faisait quatre ans que j'y étais.
17:51Et en fait, ce qui m'a donné envie de candidater,
17:53c'était ce plaisir, justement,
17:54d'écouter les difficultés des fédérations
17:57et surtout leur diversité quand j'animais des ateliers,
17:59puisque c'était un rôle que j'avais dans la dernière mandature.
18:03Et c'est vrai que je me disais,
18:04mais qu'est-ce que c'est riche, cette diversité des 108 fédérations ?
18:06Tu te sentais écoutée ?
18:07C'est surtout moi qui écoutais, en fait, les autres.
18:10Et plus je les écoutais, plus je me disais,
18:12mais ça me donne envie de me battre.
18:13Je peux être utile.
18:14Exactement, je peux être utile.
18:15Et surtout, c'est pas juste, en fait,
18:17de ne pas connaître la vraie valeur de ces 108 fédérations.
18:20Le sport, c'est un levier extraordinaire pour notre société.
18:23Donc, du coup, voilà, c'est ça qui m'a donné envie de candidater.
18:26Et aujourd'hui, c'est ça qui m'anime.
18:27Je me sens remplie, en fait, de cette énergie,
18:30de cet investissement.
18:31Quand on aime le sport, et c'est ton cas,
18:33et j'ai pas de doute là-dessus,
18:34Président Luciano, c'est une mission,
18:36une mission au quotidien pendant des années.
18:39On va revenir sur cette décision.
18:41Juste, je t'avais dit, trois chiffres clés.
18:42120, c'est le nombre de mesures.
18:4550, c'est ton âge.
18:46À 50 ans, on est...
18:48À 50 ans, on est sereine, épanouie.
18:51Et voilà, je trouve que plus ça va
18:53et plus j'ai confiance en moi.
18:56Et plus j'aime la vie, on va dire.
18:58Et non, je trouve que c'est un bel âge.
19:01Après, j'ai juste pas envie de plus pouvoir, voilà,
19:04courir aussi vite que je courrais,
19:05et de plus pouvoir jouer au foot,
19:08d'avoir mal si je veux.
19:10Après, par exemple, là, je me suis remise à courir
19:12depuis le mois de novembre, parce que j'habite à Paris.
19:14Et du coup, j'ai beaucoup plus de temps.
19:16Et c'est vrai que très vite, je suis allée courir deux fois,
19:19trois fois, quatre fois, cinq fois par semaine.
19:21Et puis voilà, au bout de trois mois,
19:22comme toute personne caca génère qui se respecte,
19:26j'ai attrapé une tendinite et ça fait deux mois que je peux plus.
19:29Donc voilà, en tout cas,
19:31je me sens plutôt dans la force de l'âge et tout va bien.
19:34Brigitte, tu as 50 ans, ici, on se dit tout.
19:36Je sais que la vie ne t'a pas épargnée non plus.
19:38Il y a eu de nombreuses disparitions dans ta famille,
19:41dans tes proches, tes parents, un frère, ton mari.
19:44En quoi ça t'a changé, toi, la femme ?
19:46C'est vrai que quand on vit
19:49autant de disparitions cumulées et condensées,
19:52c'est vrai qu'entre 2013 et 2018,
19:57finalement, j'ai perdu tous mes piliers.
19:59Et c'est vertigineux, en fait.
20:01Et c'était dur, vraiment, c'était très, très dur,
20:04parce qu'on a l'impression tout d'un coup
20:06que le sol se dérobe sous nos pieds,
20:08qu'on va s'écrouler.
20:10Ça va être dur, quoi. Comment on va faire ?
20:14Et puis, en fait, non, passer vraiment la déchirure,
20:19c'est dur, et il y a toujours,
20:21ce sera des blessures à vie.
20:23Mais je crois que j'ai eu la chance d'avoir, d'abord,
20:26des parents, et je suis dans une famille très aimante,
20:29donc ce qui s'est passé quand j'ai perdu mes parents,
20:32je me suis sentie très vite remplie de tout l'amour
20:35qu'ils avaient pour moi, pour nous,
20:37et ça s'est transformé en force.
20:39C'est vrai qu'après, de perdre un frère dans la foulée,
20:42c'était trop violent, franchement.
20:44Déjà, c'était dur d'avoir perdu les deux.
20:47Et après, le décès de mon mari,
20:49c'est vrai que j'en ai jamais parlé,
20:51mais il a été malade trois ans,
20:53et en fait, très sincèrement,
20:55je pense que c'était inespéré que ça tienne encore trois ans.
20:58Et j'ai eu la chance, avec lui,
21:00de pouvoir échanger sur l'après, sans lui,
21:02et je pense qu'on lui doit ça, avec mes enfants,
21:05d'avoir tenu plus longtemps que ce qui était possible.
21:08Il nous a donné envie de...
21:10Il nous reste encore, avec mes filles,
21:12qui ont 17 et 20 ans,
21:13une paire d'années à vivre.
21:15Et pour lui, il nous avait dit,
21:17j'espère que vous ne serez pas tristes trop longtemps,
21:20parce qu'il faut profiter.
21:21On lui rend hommage, chaque jour, de cette manière.
21:24Ca nous a renforcés dans l'envie de vivre, de profiter.
21:27Et encore aujourd'hui, c'est le discours que je tiens,
21:30que j'ai tenu hier au directeur du CNOSF et aux directrices,
21:33et là, à mes élus, en leur disant,
21:35peut-être que demain, on n'est plus là,
21:37donc perdons pas de temps, soyons heureux au travail
21:40et prenons du plaisir chaque jour.
21:42Ca s'est transformé, c'est ce qu'on appelle la résilience.
21:45Après, il y a des jours où c'est pas si simple.
21:48J'avoue que pendant la campagne, j'étais contente d'avoir
21:51Carl, mon frère, à mes côtés,
21:53mais aussi mes autres frères qui étaient là le jour de l'élection.
21:57Et voilà, comme on dit, c'est des moments...
21:59C'est des moments difficiles, et voilà, en tout cas,
22:02avec mes filles, on est fortes, on va dire ça comme ça.
22:05Ca se sent et ça se voit.
22:07Et on profite.
22:08Evidemment.
22:09Un autre chiffre, Brigitte, et merci pour ta sincérité.
22:12Dix ans après ta nomination à la FFF comme secrétaire,
22:15tu es présidente du CNOSF.
22:18Dix ans, c'est court, long, compte tenu de ce qui t'attend.
22:22Pareil, de manière courte.
22:24Je pense que 12 ans au sein de la FFF,
22:26ça a été vraiment...
22:2712 ans, c'est.
22:28On a été élu en 2011, donc là, c'est 10 ans.
22:31Ca fait 10 ans.
22:32Je sais pas pourquoi je dis 12 ans, mais c'est 10 ans.
22:35Je me suis trompée.
22:36J'ai énormément appris aux côtés de Noël Legret.
22:39C'est vrai que dans ces dix ans à ses côtés,
22:44j'ai énormément appris, surtout politiquement.
22:46C'est un vrai capitaine.
22:48Oui, et puis, en fait, il a de l'expérience.
22:50Donc, là encore, j'ai des phrases, par exemple,
22:54des devises qu'il a, de dire...
22:56C'est beaucoup plus facile de faire la guerre que la paix.
22:59C'est important d'avoir cette devise-là.
23:02Ou quand il y a un secret,
23:03s'il y en a deux qui sont au courant, il y en a un de trop.
23:06Toutes ces petites choses qui me servent au quotidien.
23:10C'était vraiment la durée nécessaire, en tout cas,
23:13pour acquérir l'expérience que j'ai pu avoir.
23:15Qu'est-ce qu'il t'a dit quand tu es partie ?
23:18Le jour où t'as été élue.
23:19Vous vous êtes parlé, vous vous êtes vu.
23:22Il était là, il est venu voter.
23:25La Fédération française de football votait.
23:27Il est venu voter et, du coup,
23:29quand le temps est suspendu, quand il y a les résultats...
23:3257,1 %.
23:34Et que tout le monde se lève.
23:35J'ai réalisé quand tout le monde s'est levé.
23:38Je me suis mis dans les bras de ma fille qui m'accompagnait,
23:41de Fanny. Et Noël était juste là
23:43au moment où je devais prendre la parole.
23:45Je ne savais même pas que j'allais prendre la parole.
23:48Noël est là et il m'a félicité.
23:50Il était très content, il était très content pour moi.
23:53Il était fier. Il m'a appelé plusieurs fois.
23:56Il m'a appelé trois, quatre fois dans la semaine qui a suivi
24:00pour prendre de mes nouvelles
24:02et me dire qu'il était vraiment fier.
24:04Mais c'est vrai qu'il m'a énormément appris,
24:07y compris sur la manière de mener une campagne...
24:09Et de prendre des coups.
24:11Oui, après, ça les coût... Je crois qu'au foot...
24:14Il y a les coups physiques et les coups...
24:16Que ce soit sur le terrain ou en dehors.
24:19Je l'ai dit souvent aux élus qui m'accompagnaient,
24:22c'est un peu ce qu'on vit au quotidien,
24:24c'est tout le temps, en fait.
24:26C'est vrai. En fait, c'est comme ça,
24:28c'est très exposé, c'est très médiatique, le football.
24:31Et donc, oui, on est habitués à la critique, en fait.
24:34Parce que même cette présidence, c'est un rôle très envié.
24:37Quand tu as décidé d'être candidate à la présidence du CNO,
24:42t'as été voir ton patron, Noël Legrette,
24:45qu'est-ce que tu lui as dit ?
24:46En fait, c'était pas facile, vraiment,
24:48de lui dire que j'allais...
24:50Ca veut dire, président, merci pour tout,
24:52mais je vais peut-être couper le cordon.
24:55En fait, oui, c'est vrai qu'on a...
24:57Et c'était quand ?
24:58C'était au mois de janvier.
25:00En fait, au mois de décembre,
25:01on savait pas si Noël repartait.
25:03Et donc, au mois de janvier,
25:05j'étais, du coup, parti en congé une semaine au mois de décembre.
25:08Et quand je suis revenu, j'avais décidé...
25:11J'avais aussi décidé, parce qu'au mois de décembre,
25:14Michel Vion, finalement, renonce à candidater.
25:16Et puis, dans les présidents qui étaient pressentis
25:19pour vraiment cocher les cases, il y avait Jean-Pierre Ciotta,
25:22le président de la fédération de basket.
25:25Et lui non plus ne voulait pas y aller,
25:27il voulait se consacrer à sa fédération.
25:29Et j'arrivais dans les noms qui suivaient
25:31pour cocher les cases, et c'est vrai que le fait de sentir que...
25:35Y a des gens qui t'ont dit que c'était l'heure ?
25:37Des présidents.
25:38Plusieurs présidents m'ont dit ça.
25:41Et donc, au mois de janvier, en rentrant,
25:43je crois que c'est le 10 janvier, Noël vient me voir en me disant...
25:47T'en as parlé à tes filles, avant ?
25:49Oui, j'en ai parlé, bien sûr, à mes filles,
25:51mais d'abord, j'avais pas encore véritablement parlé à Noël,
25:55donc tant que j'avais pas fait ça...
25:58Donc, en fait, voilà, je vais le voir,
26:00et c'est lui qui vient me voir dans mon bureau pour me dire
26:03que je repars, que je suis la directrice de campagne,
26:06que j'ai besoin de lui, donc je lui dis,
26:08pas de problème, président, je vais faire tout ce qu'il faut
26:11pour qu'on soit réélus, parce que je voulais pas quitter le navire,
26:15alors que c'était très compliqué, avec la crise du Covid,
26:18je veux parler, et dans la foulée, je lui dis,
26:21il faut que je vous dise quelque chose,
26:23je vais candidater à la présidence du CNESF.
26:26Et en fait, il était déjà content, déjà content pour moi,
26:30c'est quelqu'un qui sait qu'à un moment donné,
26:32on doit prendre son envol, parce que c'était mon cas,
26:35j'étais juste athlète, je venais de finir ma carrière,
26:38j'étais prof de PS, enfin voilà, il est venu me chercher,
26:41j'étais au début, surtout à la fin de ma carrière de sportive,
26:45et il était content, il savait, voilà,
26:49et puis 10 ans à la fédération, c'est bien aussi,
26:52à un moment donné, d'apporter un souffle nouveau,
26:54et ce que j'ai trouvé très bien, c'est de pouvoir être très clair
26:58dès le départ, en disant, si jamais je suis élu,
27:00puisqu'on doit démissionner dans les 3 mois,
27:03les choses étaient claires, et pour nos électeurs
27:05du monde du football, puisqu'eux-mêmes ont posé la question
27:08de savoir ce qui se passerait si j'étais élu,
27:11et finalement, eux aussi, ils étaient contents,
27:13parce qu'ils savaient que je voulais me battre plus haut,
27:17les bénévoles du foot, c'est les mêmes que les bénévoles
27:20de la fédération des esports, c'est les mêmes bénévoles
27:23que la fédération de pelote basque, donc je vais mener
27:25et c'est pour servir tout le monde,
27:27donc ils savaient pourquoi je m'engageais.
27:30Comment t'as mené 2 campagnes ?
27:32En fait, elles n'étaient pas dans le même temps,
27:34c'est-à-dire que la campagne pour le foot,
27:37on a commencé à s'y mettre mi-février,
27:39donc je candidate le 28 janvier pour le CNO,
27:41donc en fait, j'ai beaucoup réfléchi,
27:43surtout à comment j'allais m'organiser,
27:46et puis après, je me suis mis vraiment à fond
27:48dans la campagne du foot, parce que j'aime ça aussi,
27:51pouvoir aller voir nos élus de terrain
27:53et pouvoir répondre à leurs questions,
27:55leurs interrogations, les convaincre avec notre programme,
27:58donc j'ai vraiment...
28:00Je me suis consacré pendant 2 mois à la campagne pour la FFF,
28:03et puis après, par contre, sorti de là,
28:05on a mis les bouchées doubles, donc je le redis,
28:08il y a ces 12 volontaires qui sont venus avec moi,
28:11on avait des visio le dimanche à 18h,
28:13on avait des visio lundi matin, ça n'a pas arrêté,
28:15on a travaillé beaucoup pendant 6 mois,
28:18et comme le travail paie toujours,
28:19je suis vraiment contente d'avoir gagné ce temps-là,
28:22parce que là, je me mets en place, il n'y a pas de transition.
28:26Le lundi, le mardi, le mercredi, on est en place.
28:28Et tu pars pour Tokyo quand ?
28:30Le 19.
28:31Ca arrive très vite.
28:32N'oublie pas de regarder la validité de ton passeport.
28:35Il y a un truc qui est juste, moi, je trouve, exceptionnel,
28:38et ici, on aime recevoir des femmes inspirantes,
28:41et tu en fais partie, tu en es une.
28:43On se rend compte, quand on regarde
28:45que ce sont les présidentes fédées
28:47qui élisent le ou la présidente du CNOSF.
28:50108 fédérations, 14 femmes seulement,
28:53dont seulement deux dans les disciplines olympiques,
28:56avec Isabelle Jouin, le hockey, Nathalie Péchala,
28:59les sports de glace.
29:01Comment une femme a pu convaincre tant d'hommes
29:04qui sont bien entre eux,
29:06on le sait, c'est comme ça, les fédés,
29:09c'est des hommes.
29:10Comment tu as fait ?
29:11A la fois, c'est venez voter pour moi,
29:14mais derrière, ça va changer.
29:16Je crois que déjà, en fait,
29:18moi, j'ai passé toute ma vie dans des environnements
29:21où il n'y avait que des hommes,
29:22le foot, quand je passe...
29:24C'est pas la même chose.
29:26Que tu aies l'habitude de travailler avec des hommes,
29:29c'est bien, mais les convaincre, c'est ça.
29:31Je suis convaincue de la mixité,
29:33et donc, depuis le départ, c'est ce que j'incarne,
29:36c'est ce que j'ai incarné depuis toujours.
29:38Ce qui fonctionne, c'est quand on est des hommes et des femmes.
29:42C'était le premier message.
29:43Ensuite, la manière dont j'ai convaincu,
29:46je le redis, c'est parce qu'on a construit ensemble quelque chose,
29:49et c'est ça qui est important.
29:51Du coup, on a vraiment, je vous dis,
29:53travaillé trois fois par semaine,
29:55on avait des débats où chacun avait sa place,
29:57et on était des hommes et des femmes.
29:59D'avoir co-construit ce programme,
30:01c'est ça qui a permis de les convaincre.
30:04Je viens d'un sport collectif, donc on était une équipe.
30:07Il y a eu des moments de convivialité.
30:09Quand on avait des réunions plénières,
30:11dès qu'on a pu, avec la levée des restrictions sanitaires,
30:14on a passé des moments de convivialité très sympas.
30:17Et puis, c'est une aventure humaine,
30:19et je crois que c'est comme ça que ça a marché.
30:21C'est le collectif qui a marché.
30:23Je suis très vite passé du jeu au nous,
30:25et on était bien ensemble, et aujourd'hui, on est bien aussi.
30:28Il y a Tokyo qui arrive dans quelques semaines,
30:31et puis Paris, trois ans après, les Jeux de Paris 2024.
30:34Comment vois-tu ta relation avec le Cojo,
30:36qui est chargé de l'organisation des Jeux ?
30:38Déjà, dire que Paris 2024, le mouvement sportif et le CNO-SF
30:42va vraiment contribuer à la réussite des Jeux,
30:45pour moi, des Jeux de Paris 2024 réussis,
30:47c'est l'excellence organisationnelle,
30:49la performance sportive, le rayonnement sur le territoire,
30:52et c'est l'héritage.
30:54La relation est simple.
30:55J'ai eu l'occasion dès le lendemain de l'élection.
30:58J'allais à Paris 2024 avec Tony Estanguet et Mickaël Alosio,
31:01qui étaient là, et Julie Caron, qui était au CNO-SF.
31:04En fait, la mission, là, qui nous attend, nous, au CNO-SF,
31:08c'est de créer la stratégie de mobilisation
31:11et d'animation des 101 fédérations,
31:13y compris non olympiques et affinitaires et scolaires.
31:16C'est important de rembarquer tout le monde.
31:18On est en plein dans le timing.
31:20D'abord, ce qu'il faut savoir, c'est qu'il y a beaucoup
31:23de fédérations, il y a 50 fédérations qui sont impliquées
31:26dans cette mobilisation-là pour Paris 2024.
31:29Donc, ça veut dire quoi ?
31:30C'est, du coup, Terre de Jeux, c'est le label 2024,
31:33c'est les semaines olympiques, les journées olympiques,
31:36les classes olympiques.
31:37Il y a déjà plein de choses mises en place.
31:40En fait, avec 108 fédérations,
31:41on va animer tout ce réseau-là au sein du CNO-SF.
31:44J'avais dit à Tony, l'expérience de la Coupe du monde,
31:47pour moi, elle était très riche,
31:49pour pouvoir embarquer ceux qui sont sur le terrain.
31:52On va faire la même chose.
31:53On a nommé ce matin le comité de pilotage politique
31:56au sein du CNO.
31:57Tu connaissais Tony Astanguet ?
31:59Comme champion, oui.
32:00Bien sûr que je le connaissais comme champion.
32:03Je connaissais aussi un de ses frères,
32:05qui était, du coup, aussi au Cap-Est,
32:07quand moi, je l'étais aussi en kayak.
32:09Et l'homme ?
32:11J'ai beaucoup d'admiration pour Tony, beaucoup de respect.
32:14Mais tu connaissais l'homme, l'organisateur, le président ?
32:18Non, j'avais eu l'occasion de le rencontrer
32:20depuis qu'on a obtenu la candidature,
32:22puisqu'on avait l'occasion...
32:23Moi, je représentais d'ailleurs la Fédération française de football
32:27sur ça, tout au début, quand il fallait se poser la question
32:30de comment on pouvait faire,
32:31et que le Cojo, avec Paris 2024, organisait des brainstormings.
32:35Donc j'avais rencontré Tony à cette occasion-là,
32:37comme tous les autres présidents de fédération.
32:39Et là, j'avais eu l'occasion, pendant la campagne,
32:42comme il avait reçu les autres candidats,
32:44d'échanger.
32:45Je lui ai dit qu'il pouvait compter sur...
32:48Là, c'est obligé d'être comme ça.
32:50Tous partenaires, comme dans mon programme,
32:52Révélons la France du sport.
32:54Et tout se passe bien.
32:55Et tout se passe très bien.
32:56Il y a du boulot pour que nous, on embarque tout le monde
32:59pour pouvoir le faire, et surtout sur l'héritage.
33:02Aujourd'hui, une femme présidente du CNO, toi,
33:04une femme ministre des Sports, Roxana Maracini, à nous,
33:07c'est logique, c'est...
33:09Enfin, ça n'est que le début. C'est quoi ?
33:12C'est des rôles-clés, attention.
33:14Je pense que c'est une belle évolution,
33:18je trouve, de la place des femmes.
33:20Comme je le disais, c'est pas naturel pour nous
33:22d'accéder au poste à responsabilité.
33:24On se sent pas légitime,
33:26un peu comme un...
33:27C'est pas valable pour tout le monde,
33:29mais on voit bien qu'on a besoin d'être accompagnés
33:32pour dépasser ce plafond de verre.
33:35Je pense que c'est important.
33:36J'ai aussi candidaté pour ça, en disant
33:39I can do it, you can do it.
33:40Je pense que c'est aussi important
33:42d'avoir vraiment des femmes à des postes importants,
33:45parce que c'est ce qui permet à d'autres de se dire
33:48pourquoi pas moi, et on a besoin d'embarquer tout le monde.
33:51Qu'est-ce qui t'a donné envie d'être la femme que tu es ?
33:54Alors, moi, j'ai...
33:56Dans la représentation mentale dont on a besoin
34:00pour vraiment se dire que je vais dépasser mes limites,
34:02je vais sortir de ma zone de confort,
34:04j'ai Simone Veil, évidemment,
34:06parce qu'elle a marqué l'histoire
34:08de par les combats qu'elle a gagnés,
34:10avec la loi sur l'avortement,
34:12mais j'ai aussi Marie-George Buffet,
34:14qui m'a inspirée,
34:15que j'ai pu rencontrer pendant la campagne.
34:18Voilà, oui, parce qu'elle a...
34:20C'est vrai que quand on demande beaucoup
34:22aux gens dans le sport
34:24quelle personnalité est marquante,
34:27Marie-George Buffet, elle ressort beaucoup.
34:30Donc, voilà, c'est des personnes inspirantes.
34:33J'en aurais plein d'autres, mais...
34:35J'en ai une, d'ailleurs, qui vient juste d'être réélue,
34:38c'est important de le dire, c'est Marie-Amélie Le Fur,
34:41qui vient juste d'être réélue présidente
34:43du comité paralympique français.
34:45C'est juste énorme, elle est athlète,
34:47elle est huit fois médaillée aux Jeux olympiques,
34:50et en plus, elle est présidente du comité paralympique.
34:53Alors là, franchement, c'est respect.
34:55Je lui ai déjà dit plein de fois qu'elle m'avait inspirée,
34:58et elle m'inspire, et puis on sera derrière elle aussi
35:01pour Tokyo, pour les Jeux paralympiques.
35:03J'ai des pionnières du sport à te proposer.
35:05Tu vas me dire laquelle tu choisis.
35:07J'ai Alice Milia, qui a été une des premières
35:10à avoir des responsabilités dans le sport en France
35:13et à l'international, Florence Sarto,
35:15la première femme victorieuse de la Route du Rhum,
35:17Stéphanie Frappard, la première femme arbitre féminin
35:20chez les hommes, même maintenant,
35:22et Béline Genkine, l'immense championne de tennis
35:25engagée pour les droits des femmes.
35:26C'est dur de choisir.
35:28C'est très, très dur, parce que quand on voit
35:31la carrière que Stéphanie fait,
35:33en fait, avec Stéphanie, tout est possible.
35:36Florence Sarto, évidemment,
35:38j'ai eu une grosse pensée pour elle et pour sa famille.
35:41Elle a marqué aussi l'histoire.
35:43Et Béline Genkine, je l'ai rencontrée,
35:45j'ai eu l'occasion de la rencontrer.
35:48Tout le monde sait, en fait, ce qu'elle a fait.
35:50C'est elle qui a permis qu'il y ait les mêmes primes
35:53pour les filles et les garçons sur le tennis.
35:55Mais c'est quand même à l'ISMIA que je retraindrai.
35:58J'étais à l'inauguration, et c'est Emmanuelle Oulage
36:01qui avait contribué avec Béatrice Barbus
36:03à ce qu'il y ait cette statue à côté de Pierre de Courbertin.
36:06Et voilà, parce que c'est incroyable,
36:08tout ce qu'elle a pu faire, notamment sur le fait
36:11qu'on puisse participer aux Jeux olympiques.
36:14A une autre époque.
36:15A une autre époque, puisque c'était en 1920,
36:17il y avait la natation qui était présente,
36:20et grâce à elle, en 36, il y a l'athlétisme aussi.
36:22Elle a créé les fédérations de sport féminin.
36:25Donc on lui doit quand même de pouvoir faire du sport
36:28et surtout de participer aux Jeux.
36:30Et là, il y aura la parité dans les délégations à Paris-du-Nile 24.
36:34Et on y est aussi, d'ailleurs, à Tokyo, vous vous rendez compte ?
36:37Il faut attendre maintenant pour qu'il y ait autant de femmes
36:40et d'hommes dans les délégations.
36:42C'est vraiment à l'ISMIA qui m'a inspirée.
36:45J'ai versé une larme sur la cérémonie
36:48avec l'inauguration, avec l'hymne olympique.
36:50C'était un beau moment.
36:51Une belle reconnaissance de la place des femmes dans le sport.
36:55J'ai également, là, des citations à te proposer
36:58sur le sexisme dans le sport, sans tomber dans les clichés,
37:01mais ça existe. Tu as dû le vivre, toi.
37:03Alors moi, je l'ai vécu, oui, je l'ai vécu.
37:06Moi, c'était plus, en fait, d'entendre régulièrement...
37:10Voilà, t'es un garçon manqué,
37:12et dans le foot, il n'y a que des femmes entre elles.
37:15C'était ce qu'on entendait tout le temps.
37:18Donc c'est vrai que c'était fatigant.
37:20Après, voilà, bien évidemment que c'était pas simple.
37:25Faut pas se leurrer.
37:26Alors, j'ai des suggestions.
37:28Mydéna Robert-Michon a dit
37:30que c'est sûr que c'est le bon moment,
37:32tu peux faire des enfants plus tard.
37:34Donc là, pour la lanceuse de poids, un truc genre...
37:37Ouais, il faut dissocier les deux.
37:40Alors que je pense que c'est un des combats
37:42pour les années à venir,
37:44c'est qu'on peut être femme, mère,
37:46future maman, maman vraiment, et mener une carrière sportive.
37:49Je crois que c'est un enjeu stratégique et sociétal.
37:52Marie-Bathel, la nageuse, dit
37:54que dès qu'une nageuse prend 500 grammes ou un kilo,
37:57elle peut avoir droit à une réflexion,
37:59alors qu'un nageur peut prendre jusqu'à 10 kilos.
38:02Marion Bartholy, la championne de tennis,
38:05a déclaré lors de sa victoire à Wimbledon
38:07qu'elle n'était pas un canon.
38:09J'ai rétorqué que j'avais toujours rêvé
38:11de remporter un grand chelem.
38:13L'emballeuse Cléopâtre Darleux dit
38:15qu'une fille tombe sur les fesses pendant un match
38:18et qu'elle s'en est pris plein le cul.
38:20Une déclaration de toi, Brigitte, où tu as dit
38:23que tu as le foot dans les tripes depuis l'âge de 5 ans
38:26et que tu as découvert l'injustice
38:28quand le club où jouaient mes frères m'a refusé à cause de mon sexe.
38:31C'est difficile de choisir.
38:33C'est vrai que celle qui est marquante,
38:35c'est celle du club où je vais pour m'inscrire.
38:38On allait m'inscrire en même temps que mon frère,
38:41donc j'avais le même enthousiasme.
38:43C'est vrai que sur le moment
38:44quand on dit qu'on ne prend pas les filles,
38:47je suis très déçue et, pour autant, c'était incroyable
38:50parce que je me suis dit que c'est comme ça.
38:52C'est seulement très longtemps après
38:54que je me suis rendu compte que c'est de la discrimination
38:58et que c'est ce qui a guidé mon parcours.
39:01Aujourd'hui, je me dis qu'on était 50 000 en 2011,
39:04à mon époque, on n'était même pas 15 000,
39:06aujourd'hui, on est 210 000, et surtout, ce que j'adore,
39:09et j'aime voir quand une petite fille joue avec un ballon
39:12qu'elle jouait avec son papa,
39:14et je me dis que les barrières culturelles sont tombées
39:17et cette phrase-là, elle a guidé mon combat,
39:19elle a mené ma vie de dirigeante,
39:21et je suis contente, ça bouge,
39:23il y a encore beaucoup à faire, mais ça bouge.
39:26Pour moi, il y a deux thématiques sociétales profondes
39:29et indispensables à faire évoluer,
39:31c'est l'argent, pour les athlètes olympiques,
39:33parce qu'on a eu des cas, et on les a vus,
39:35de champions olympiques, de vice-champions olympiques
39:38qui faisaient les beaux jours des médias
39:41pendant les 15 jours d'une Olympiade,
39:43se retrouvaient sans domicile fixe,
39:45plus impossible de payer son loyer.
39:47Ca, c'est un truc, moi, qui me bouleverse.
39:49Qu'est-ce qu'on peut faire ?
39:51En tout cas, c'est certain, et on parle des athlètes olympiques
39:55et aussi des autres qui sont champions d'Europe,
39:57champions du monde, et c'est vrai qu'on l'a vu
40:00avec cette athlète-là, en tout cas avec Émilie.
40:03Moi, j'ai pris ça à bras-le-corps dans mon programme.
40:06J'ai tout de suite consulté, au sein du comité olympique,
40:09le CIO impose qu'on ait une commission
40:11des athlètes de haut niveau,
40:12donc, là, c'est Astrid Guillard et Romain Giroud
40:15qui sont les représentants, élus par leur père,
40:17et très vite, pendant la campagne,
40:19je les ai sollicités plus d'autres athlètes
40:21pour construire mon programme.
40:23Et dedans, on a justement tout un tas d'engagements et de mesures.
40:27Par exemple, on a créé le Club France des entreprises.
40:30On a besoin, en plus du pack Performance,
40:33qui existe déjà avec l'INSEP et l'Agence nationale du sport,
40:36sur la haute performance, on a besoin d'aller plus loin.
40:39J'ai envie que ces entreprises écoutent ces athlètes,
40:42qu'ils puissent être écoutés sur leur parcours.
40:45Ensuite, on a besoin de les accompagner
40:47dans leur conversion.
40:48On sait qu'un athlète, s'il veut être bon,
40:51il doit se consacrer au sport.
40:52Il y a à la fois les ressources humaines,
40:55les ressources économiques dont ils ont besoin,
40:57mais aussi de pouvoir penser à demain
40:59pour ne pas être au chômage dès la fin de carrière.
41:02Il faudra que tu reviennes pour qu'on fasse
41:05toute une partie consacrée.
41:06C'est frustrant de devoir le faire en quelques secondes.
41:09C'est tellement important qu'Astrid Guillard
41:12soit nommée ce matin.
41:13J'avais annoncé qu'elle serait vice-présidente
41:16en charge des athlètes au sein de la gouvernance,
41:18mais elle a été nommée ce matin secrétaire générale adjointe,
41:22avec Didier Séminet et Michel Callot,
41:24qui sont dans cette équipe restreinte,
41:26et Jean-Pierre Ciotta, premier vice-président délégué.
41:29C'est un acte fort.
41:30Moi, j'étais athlète.
41:32En 2011, j'ai été élue secrétaire générale.
41:34Je voulais avoir aussi une athlète dans la gouvernance.
41:37Je suis très contente qu'Astrid,
41:39à qui on souhaite bonne chance pour les Jeux olympiques,
41:42fasse partie de cette équipe.
41:44Comment embarquer des femmes en leur disant
41:46que tu vas renoncer à ta vie
41:48et te consacrer à ta carrière pour devenir champion olympique,
41:51sauf qu'il n'y en a qu'un ?
41:53A la chance, tu fais deux ou trois Olympiades,
41:55mais peu ont accès à ça.
41:57Et même avec ça,
41:58tu n'auras plus rien derrière pour vivre.
42:00C'est renoncer pour avoir un truc très improbable,
42:03voire compliqué, avec aucune garantie.
42:05La garantie, on ne peut pas l'offrir,
42:07et une dernière toute petite chose,
42:09il faut qu'on aille très rapidement là-dessus,
42:11mais là aussi, il faudra que tu reviennes et qu'on en reparle,
42:15c'est cette possibilité aux femmes d'être mères.
42:17Ces jeunes athlètes.
42:19Oui, c'est vrai que c'est très important.
42:21Je voulais absolument avoir des enfants à 30 ans,
42:24donc j'ai arrêté de jouer à 28 ans.
42:26C'était plutôt là que j'étais au top de ma forme.
42:29Voilà, c'est difficile de faire ce choix-là.
42:32On doit évoluer.
42:34Il y a des choses qui commencent à se mettre en place.
42:36Avec le handball, la convention collective,
42:39on a vu... J'étais au championnat d'Europe,
42:41qui a eu lieu en France, où elles ont gagné.
42:44On voyait les joueuses qui étaient avec leurs petits-enfants.
42:47On voit qu'il y a des disciplines qui ont déjà passé le pas.
42:50Il faut encore aller plus loin.
42:52Il y a plein de disciplines.
42:53Si tu tombes enceinte, tes contrats s'arrêtent,
42:56et tant pis pour toi.
42:57C'est vrai que c'est quelque chose qu'on doit envisager
43:00pour 2024, que les choses puissent changer.
43:03Il y a des pays qui sont en avance sur nous
43:05et tout est organisé.
43:06Il faut dire qu'avec le CIO,
43:08les athlètes qui ont des enfants en bas âge
43:11qui doivent à l'été vont pouvoir le faire.
43:14C'est aussi un pas en avance,
43:16mais on a beaucoup de choses à faire encore.
43:18On va marquer une petite pause et accueillir sur ce plateau
43:21Pauline Desrouledes, une championne de tennis,
43:24toute jeune championne de France, fauteuil.
43:27Elle va vous raconter sa vie compliquée,
43:30cet accident qui l'a fauchée dans sa vie,
43:32dans tous les sens du terme.
43:34Vous aurez beaucoup de choses à vous dire.
43:41Avec Brigitte Henriques, la nouvelle présidente du CNOSF,
43:45que je remercie d'être avec nous et de s'être livrée
43:48pendant plus de 40 minutes pour comprendre la femme
43:51qui anime la nouvelle présidente qui va nous porter
43:54le sport olympique français pendant quelques années.
43:57On est ravis d'accueillir Pauline Desrouledes,
44:00qu'on avait déjà reçue ici il y a quelques mois.
44:03Pauline, tu as 30 ans.
44:05Tu viens d'être sacrée championne de France de tennis-fauteuil.
44:08Deux ans seulement après avoir découvert le tennis-fauteuil,
44:12être rentrée dans cet univers. Pourquoi deux ans ?
44:14Parce que le 27 octobre 2018,
44:17tu es victime d'un accident de scooter à l'arrêt,
44:20fauchée par une personne qui perd le contrôle de sa voiture.
44:23Tu perds ta jambe.
44:24Oui, c'est le drame de ma vie, évidemment.
44:27C'est là où ma vie bascule, où j'étais comme les autres.
44:31Je pensais que les accidents n'arrivaient qu'aux autres.
44:34Effectivement, je n'ai pas le choix.
44:36Je perds ma jambe sur le coup.
44:38Quelques heures après cet accident,
44:40comme pour rassurer mon entourage et moi-même,
44:44je leur dis que je veux faire les Jeux paralympiques à Paris en 2024.
44:48C'est la chair de poule. Comment ça peut aller aussi vite ?
44:51J'avais en tête la nomination de Paris.
44:53J'étais fière, heureuse de vivre les Jeux en tant que spectatrice.
44:58Tu n'étais pas sportive de haut niveau.
45:00Tu avais un bon niveau de tennis.
45:02J'étais très sportive.
45:03Quelque part, j'avais finalement un vieux rêve de petite fille
45:07de faire du sport de ma vie.
45:09Je n'ai pas fait ça, finalement.
45:11Mais j'ai associé les deux et je me suis dit que c'était ma chance
45:15de transformer ce drame en quelque chose d'autre.
45:17Paris 2024, ça me laisse le temps, c'est parti, quoi.
45:22Sur le moment, c'est vrai que ça donne une raison de rester en vie.
45:26C'est un objectif auquel je pense tous les jours.
45:29Quand je suis dans le dur...
45:31Encore une fois, par le sport, j'ai réussi à m'en sortir.
45:35Je suis rentrée en rééducation et j'ai remarché au bout de 4 mois.
45:39J'ai commencé à vraiment me réathlétiser
45:42en vue de, finalement, concrétiser ce projet.
45:45Heureusement, la Fédération française de tennis m'a détectée,
45:50m'a donné ma chance.
45:51Et voilà, depuis 2 ans, c'est parti pour l'aventure.
45:55Il y a cet accident le 27 octobre 2018.
45:58Et puis là, fin juin 2021, tu es championne de France.
46:03C'est un objectif que je visais depuis longtemps avec ma coach.
46:07On en a beaucoup parlé.
46:09Je pense que c'est important d'être championne de son pays
46:13avant de prétendre au reste.
46:15C'est une étape par laquelle je voulais passer.
46:19Ça a été vraiment un bonheur de vivre ça.
46:23Beaucoup d'émotions, effectivement.
46:25Ça fait partie des moments, comme la fois où j'ai remarché,
46:28comme ma sélection en équipe de France cette année,
46:31où je me refais le film.
46:33Je me dis que je suis en train de prendre ma revanche sur la vie.
46:36Ça fait du bien de vivre ces moments avec ceux qui sont là depuis le début.
46:41Brigitte ?
46:42C'est dur de trouver les mots.
46:45Je suis bouleversée de...
46:47Je suis bouleversée, franchement.
46:49C'est fort.
46:51C'est dur de trouver les mots.
46:52Tellement inspirant.
46:54Moi, je trouve ça fascinant.
46:55La vie finit toujours par prendre le dessus.
46:58Le sport m'a beaucoup aidée.
46:59Quand on fait beaucoup de sport,
47:02c'est vrai que c'est un moteur.
47:04Et là, plus que jamais,
47:05ça l'a été au moment où j'en avais le plus besoin.
47:08Le paralympisme, ça vient de la rééducation.
47:11J'ai vécu cette ambiance de se challenger,
47:14déjà pour réapprendre à marcher,
47:16et ensuite pour retrouver le corps que j'avais avant.
47:19J'étais quand même balèze, j'avais tout perdu.
47:22Donc il a fallu se réentraîner.
47:24C'était pas une évidence, le tennis en fauteuil,
47:27même si le tennis a toujours été mon sport.
47:29C'est plus le même sport.
47:31Les gestes sont différents.
47:32Et puis le fauteuil.
47:34J'avais un blocage psychologique.
47:36C'était compliqué pour moi de faire mon sport en fauteuil.
47:39Mais j'ai fait les bonnes rencontres,
47:41notamment celle de Stéphane Houdet,
47:43qui va être notre porte-drapeau.
47:45Pour moi, c'était déjà un modèle à l'époque où je l'ai rencontrée.
47:50Il m'a dit cette phrase bête.
47:52Tu sais, Pauline, j'arrive debout sur un cours de tennis,
47:55je me mets dans le fauteuil, je gagne mon match et je repars debout.
47:59C'était tout bête, mais j'avais besoin de l'entendre.
48:02Jouer en fauteuil, ça ne me dispenserait pas
48:04d'être debout dans la vraie vie.
48:06C'est notre fierté, de pouvoir être debout.
48:09C'est le seul moment où tu t'assoies dans un fauteuil.
48:12Ça demande beaucoup de travail pour gérer le fauteuil,
48:15parce que c'est pas du tout inné chez moi.
48:17Je suis debout dans la vraie vie.
48:19C'est un instrument de travail aussi, voire plus important
48:22que la raquette.
48:23C'est nos jambes, les roues du fauteuil.
48:26Le haut du corps déclenche le mouvement en poussant les roues.
48:29C'est pas naturel, au début.
48:31Les Jeux olympiques, c'est ce que l'on voit à la télé.
48:34Heureusement, depuis quelques années,
48:36le handisport a une place digne.
48:38Et enfin...
48:40Enfin !
48:41Quand tu entends ce parcours-là, tu comprends.
48:44Déjà, merci de la leçon de vie que tu donnes.
48:48J'imagine que tu dois donner à beaucoup de personnes.
48:51Merci pour l'inspiration.
48:52La résilience que t'as pu trouver est incroyable.
48:55Je regardais les images.
48:57Tu transpires une force, déjà.
48:59Je pense que Paris 2024 peut déjà se préparer à t'accueillir.
49:02Je pense que tu seras prête, je te le dis avec mon coeur.
49:05C'est ce que tu dégages quand on regarde.
49:08C'est très important.
49:09Marie-Amélie Le Fur fait quelque chose d'extraordinaire.
49:12Là, il va y avoir les Jeux à Tokyo
49:15qui vont avoir lieu après les Jeux olympiques.
49:18Les Jeux paralympiques.
49:19Exactement, ça sera à partir du 24 août.
49:23J'irai, d'ailleurs, là-bas, pour aller voir des épreuves
49:27et pour aller voir aussi Marie-Amélie.
49:29C'est très important.
49:30Pour le coup, l'inclusion, ça se décrète pas, ça se construit.
49:34Il y a toute cette sensibilisation à faire pour le grand public,
49:37à pouvoir dire qu'il y a la possibilité de pratiquer
49:40quand on a un handicap,
49:41et que les fédérations s'engagent.
49:43Il y a la fédération d'handisport, de sport adapté,
49:46mais il y a aussi beaucoup de fédérations qui s'y mettent.
49:49C'est un travail qui se construit dans le temps.
49:52On travaille main dans la main avec le CPSF.
49:54J'ai envie qu'on puisse faire avancer les choses.
49:57Il y a ce symbole de cette équipe de France olympique et paralympique.
50:01Unifiée. C'est génial, ça.
50:03Oui, c'est beau.
50:04Et enfin, parce que nous,
50:06entre guillemets, athlètes en handisport,
50:09on a envie que les gens nous voient comme des sportifs,
50:12et qu'il y ait vraiment cette dimension sportive.
50:15Moi, je peux comprendre, il y a beaucoup de préjugés.
50:18J'en avais, d'ailleurs, avec le fauteuil roulant,
50:20qui faisait trop handicapé pour moi.
50:22Mais quand on s'intéresse, quand on fait les bonnes rencontres,
50:26en fait, l'handicap, on l'oublie.
50:29Voilà, c'est des athlètes avant tout.
50:32Et moi, je trouve ça génial, enfin,
50:34qu'il y ait ce message de la France unie,
50:37que ce soit une seule et même équipe.
50:39C'est bien.
50:40Il y a encore beaucoup de travail à faire
50:43sur la visibilité de tous les parasports.
50:45Voilà, moi, si je peux être une ambassadrice de Paris 2024
50:49pour parler du paralympisme, c'est avec plaisir,
50:52parce que moi, je dis souvent
50:54qu'il y a un engouement qui se prépare au Jeu de Paris.
50:58Je parle beaucoup de Paris, c'est mon objectif.
51:01Bien sûr, il y a Tokyo avant.
51:02Et on se rend compte que peu importe la discipline qu'on va faire,
51:06si on est handicapé, valide, on va jouer pour la France.
51:09Et ça, ça rassemble tout le monde.
51:11C'est ça qu'il faut faire passer comme message,
51:14faire connaître des athlètes qu'on ne connaît pas encore,
51:17raconter leur histoire, et voilà, on va y arriver.
51:20-"Raconter leurs histoires", c'est essentiel.
51:22On écoute Pauline deux minutes, on est embarqués.
51:25C'est sûr, et je pense que notre jeunesse a besoin
51:28d'avoir des rôles modèles inspirants comme toi
51:30et comme les athlètes.
51:32Ils étaient magnifiques, les quatre, hier,
51:34avec Clarisse aussi, Abdegnegou, et puis Samira Aïd Saïd.
51:37Et avec, du coup, Stéphane Oudet et Sandrine Martinet.
51:40Ils étaient magnifiques.
51:42J'ai eu la chance de déjeuner avec eux hier midi.
51:44J'ai passé un moment exceptionnel.
51:46Et puis, c'est pas les uns et les autres,
51:49c'est les quatre ensemble.
51:50Toute la communication entre les quatre.
51:52C'était un moment magique, et on a raison de le dire.
51:55C'est le moment, enfin, maintenant,
51:57il y a besoin de cette inclusion, de cette unité.
52:00Du coup, il faut que tout le monde envoie des messages,
52:03les bleus, pour pouvoir soutenir tous ces athlètes
52:06qui sont à Tokyo et qui seront aux Jeux Paralympiques.
52:09Alors, moi, je me dis,
52:10rendez-vous Paris 2024 avec toi. Vraiment.
52:13Rires
52:15Je vais essayer d'honorer ce rendez-vous.
52:17Ce titre de championne de France acquise,
52:20c'était quoi, tes premières pensées ?
52:22Beaucoup de fierté.
52:23J'ai toujours dit que j'aime mon pays,
52:25et être championne de mon pays, c'est symbolique.
52:28Mais voilà, c'est que le début, je sais que c'est une étape.
52:31Non, c'est pas que le début.
52:33C'est une étape importante.
52:35En plus, c'était un objectif.
52:36Deux ans. Attends, attends.
52:38Je crois que personne... Enfin, t'as oublié,
52:40mais quand je prépare cette émission,
52:42je dis qu'il y a deux ans, elle pose ses fesses
52:45pour la première fois sur un fauteuil.
52:47Après, t'es championne de France.
52:49Le revers, c'est pas le même.
52:50C'est pas un revers.
52:52T'as tout à apprendre.
52:54Oui, oui, oui.
52:55Non, mais je suis vraiment très heureuse.
52:57J'ai été très émue, parce que c'est vrai
52:59qu'encore une fois, comme je le disais,
53:02on se refait le film,
53:03on repense aux moments difficiles,
53:05où on a voulu baisser les bras.
53:06Quand j'ai commencé l'entraînement,
53:08j'ai jamais voulu baisser les bras.
53:10J'étais partie.
53:12Mais voilà, on parlait de l'envers du décor.
53:14Il y a toujours, d'ailleurs, un envers du décor.
53:17Il y a des moments de doute, de down.
53:19Finalement, quand on a une victoire comme celle-là,
53:22des championnats de France,
53:23ça vient balayer tout, et voilà.
53:26En fait, je me sens en vie.
53:27Je suis ravie d'être là.
53:29Je me sens en vie et privilégiée d'être là, en fait.
53:32Elle est magique, cette fois.
53:33Je me sens en vie.
53:35C'est la beauté du sport, la magie du sport, aussi.
53:37Je pense que, même abîmée par la vie,
53:41on peut, malgré tout, faire un sport.
53:44C'est aussi le message que j'ai envie de faire passer.
53:47Pas forcément au haut niveau,
53:49mais quand je vais dans les écoles,
53:51les gamins sont ébahis quand ils imaginent qu'on...
53:54Ils savent pas qu'on peut jouer en fauteuil, par exemple.
53:57C'est vrai qu'il y a une vraie éducation à faire.
54:00Je pense qu'il y a beaucoup de personnes en situation de handicap
54:03qui connaissent pas, finalement, cet outil-là.
54:06Et voilà, c'est un message que j'ai envie de faire passer.
54:09Le sport m'a sauvée.
54:11C'est quoi, les questions des enfants ?
54:13Les enfants ont cette sincérité, cette naïveté,
54:16ce regard différent.
54:17Est-ce qu'il y a des questions qui doivent être surprenantes ?
54:20C'est vrai qu'il n'y a pas de filtre, mais j'adore.
54:23J'adore ce public enfant.
54:25Finalement, ils cassent tous les filtres de la société.
54:28Moi, je trouve ça bien,
54:30parce que c'est le traitement qu'on a envie...
54:32Je peux pas parler au nom de tout le monde,
54:35mais moi, j'ai envie d'avoir un traitement sans pitié,
54:38sans compassion.
54:39C'est drôle, quand je marche dans la rue
54:41et que je suis en short et qu'on voit ma prothèse,
54:44c'est les parents qui sont plus gênés que les enfants.
54:47Les enfants montent du doigt.
54:48Un jour, un petit garçon a dit à sa mère,
54:51regarde, elle a une jambe de super-héros.
54:53Cette phrase, elle est restée et elle me porte souvent.
54:56Quand il y a des jours où c'est plus dur que d'autres,
54:59d'avoir le regard des gens,
55:01parce qu'avec une prothèse, visuellement,
55:03on peut pas la rater, la jambe de robot.
55:05Je repense à ce petit garçon qui m'avait dit
55:08que j'ai des pouvoirs de super-héros grâce à lui.
55:11C'est super, les enfants, ils ont une innocence,
55:13c'est un bonheur.
55:14Qu'est-ce que vous avez à en dire, vous, les deux femmes ?
55:18Les deux femmes qui sont exemplaires.
55:20Toi, la petite joueuse de football, à 5 ans,
55:22dont on a dit qu'il n'y avait pas de filles
55:25qui a organisé la Coupe du monde en France,
55:27qui est la présidente du CNO.
55:29Toi, fauchée par la vie et par ce monsieur
55:31qui a perdu le contrôle de sa voiture,
55:33championne de France et qui n'a qu'un rêve,
55:36c'est d'être à Paris dans 3 ans pour les JO.
55:38Qu'avez-vous envie de vous dire ?
55:40J'aimerais vous laisser toutes les deux.
55:42Moi, le petit gars qui vous regarde et qui dit...
55:45Moi, j'espère que je pourrai prendre le même chemin que vous,
55:49parce que...
55:51C'est vrai, parce que le parcours est quand même admirable.
55:55Finalement, c'est un peu la consécration et la médaille
55:58que vous deviez avoir avec ce parcours.
56:01Voilà, moi, je ne peux que envier d'avoir le même chemin plus tard.
56:06Eh bien, écoute, merci, ça me touche beaucoup.
56:09Moi, j'aurais envie de dire que...
56:12Je le redis, en fait, t'es une leçon de vie
56:14et quand on voit comment tu transpires la vie
56:17et tu dis que tu te sens en vie, en tout cas, t'es très vivante
56:20et la joie de vivre que t'as et la force,
56:22elle est transmissible et merci, du coup,
56:25pour ce que tu transmets, parce que ça fait vraiment du bien.
56:28Je pense que ça ferait du bien à beaucoup de gens
56:31et ça doit faire beaucoup de bien à tous les gens que tu côtoies,
56:34parce qu'alors, la vie, tu la transpires,
56:37mais alors, merci pour ça, parce que la vie,
56:39elle peut être difficile à des moments,
56:41mais tu as raison, elle est belle et il faut en profiter.
56:45Et vous, en tant que femme, là, maintenant,
56:47vous, les deux femmes qui rayonnez, chacun dans votre domaine ?
56:51De faire passer un message, tu veux dire...
56:53Oui, toi, la femme.
56:55Au-delà de l'athlète, encore plus loin.
56:58Moi, j'ai un leitmotiv, c'est vrai que je me dis
57:01qu'il y a toujours pire que soi et ça me porte vraiment...
57:05Je me sens privilégiée, voilà, j'aurais pu ne plus être là.
57:08Bon, je suis là, dans cet état,
57:10mais en fait, je pense que c'est le fait d'être passée
57:13dans l'hôpital, d'avoir vu des choses que j'aurais jamais dû voir
57:17qui m'a fait prendre conscience que j'ai pas à me plaindre
57:21et on le disait, il y a pas de hiérarchie dans la douleur,
57:24chacun a ses problèmes à son niveau,
57:26mais il faut toujours essayer de se dire qu'il y a toujours pire.
57:30Moi, ça m'aide parfois de me dire que...
57:32Et je pense que n'importe quelle personne handicapée,
57:35tu peux le dire à un tétraplégique, il te dira qu'il y a toujours pire.
57:39C'est vraiment une philosophie de vie qu'il faut garder en tête.
57:43Et voilà.
57:44Toi, la femme, que tu es.
57:45C'est beau, ce que vous dites.
57:47Je crois que c'est de dire aussi qu'aujourd'hui, on est là,
57:50on l'est plus, parce que la vie, elle est comme ça.
57:53On pense que tout va bien et des fois, ça peut basculer.
57:56Mais surtout dire, j'ai dédié aussi cette victoire à toutes les femmes,
58:00parce que je crois qu'on a aussi besoin de se dire qu'on peut,
58:03qu'il faut oser.
58:05Et je pense que ça nécessite vraiment tout un travail,
58:08peut-être pas pour toutes les femmes,
58:10mais quand même pour une majorité, de se dire qu'on est légitime
58:13et qu'on a aussi notre place pour briser ce plafond de verre
58:16et que, moi, je veux dire à tout le monde, il faut y aller.
58:20On peut le faire.
58:21Et voilà, il y a de la place aussi pour nous,
58:23tout là-haut, en numéro 1 et à des postes à responsabilité.
58:26Il faut y aller.
58:28Voilà nos deux numéros 1 du jour, la patronne du CNOSF
58:31et la championne de France de tennis-fauteuil.
58:34Merci, mesdames.
58:36Tellement inspirantes, formidables.
58:38Tellement heureux de faire cette émission.
58:40Allez, messieurs, au travail.
58:42Soyons... Prenons l'exemple de ces femmes.
58:44Merci à vous encore. Bonne chance pour les Jeux.
58:47Vérifiez la validité du passeport.
58:49Bonne chance pour la suite. Un jour, je jouerai contre toi.
58:52On l'avait dit, on ne l'a pas fait.
58:54Merci encore à vous tous.
58:55Ravi vraiment de t'avoir rencontrée.
58:57Chapeau. T'as pas une jambe de héros, t'es Wonder Woman.
59:01Pas encore.
59:02A très bientôt.
59:03Salut à tous.
59:19Sous-titrage ST' 501

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