• il y a 6 mois
Cette semaine, Alexandre Delpérier reçoit Stéphanie Gicquel, coureuse d'ultrafond et championne de France des 24 heures. En deuxième partie, la dirigeante de la semaine est Pascale Soncourt, directrice technique nationale de la fédération française de bowling et sports de quilles.

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Sport
Transcription
00:00...
00:18-"Parce qu'il y a les femmes, parce qu'il y a le sport",
00:21soyez les bienvenus dans votre rendez-vous.
00:24Bienvenue dans La Victoire est en elle.
00:26Comme toutes les semaines,
00:27casting de choix que de femmes inspirantes.
00:30Cette semaine, nous recevons Stéphanie Giquel,
00:32la spécialiste française de l'ultrafond,
00:34qui revient d'une grave blessure à la jambe
00:37et vient tout juste d'être sacrée encore
00:39championne de France, vous avez bien entendu,
00:42des 24 heures toujours aussi inspirantes.
00:44La dirigeante de la semaine est Pascale Soncourt,
00:47DTN de la Fédération française de bowling et de sport de quilles.
00:50Pourtant, elle n'était pas prédestinée à intégrer cette fédération.
00:54Retour sur son parcours.
00:55Bonjour, ma chère Stéphanie.
00:57Nous sommes en Skype avec l'amie Salim.
01:00Salut, Salim.
01:02Salut, Alex. Bonjour, Stéphanie.
01:04Bonjour.
01:05Salim, je suis très heureux de te retrouver.
01:07Stéphanie aussi, parce que tu es déjà venue il y a...
01:10Oui.
01:11Je suis venue pour la sortie d'un livre,
01:14en mouvement.
01:15C'était l'année dernière.
01:17Ta vie est juste incroyable, fascinante,
01:20pour nous qui aimons le sport.
01:22Tu es au-delà de ce qu'on imagine.
01:25Tu fais des courses de 100 km,
01:27tu fais des courses de 24 heures, avec des distances incroyables.
01:30Tu viens de battre le record de France
01:32avec 240 km et 280 m.
01:3528 m, pardon.
01:36Le record des championnats de France.
01:38Le record de France, il est encore à 3 km.
01:41Plus loin.
01:42Donc, presque.
01:43C'est juste des choses qui sont...
01:45Je trouve ça phénoménal.
01:46Salim, ça t'inspire quoi, quand on donne ces chiffres-là ?
01:50Ça m'inspire toujours la même chose.
01:52C'est une grande incompréhension de la manière de gérer tout ça.
01:55Parce qu'on en avait parlé, déjà,
01:57de la différence entre gérer un temps par rapport à une distance
02:01et l'inverse, ce que tu fais sur les 24 heures.
02:04On te dit, cours pendant 24 heures,
02:06le but, c'est de faire la plus grande distance.
02:08C'est une préparation mentale qui prend tout son sens,
02:11ce que tu fais.
02:12C'est beaucoup de préparation mentale, effectivement,
02:15déjà pour aller s'entraîner,
02:16puisqu'on a des sorties de 5 heures, 6 heures.
02:20Parfois, il faut les enchaîner.
02:21Quand j'ai préparé les championnats de France,
02:24j'avais des sorties avec mon entraîneur en Bretagne
02:27de 5 heures une journée.
02:28Le lendemain, il faut remettre ça.
02:30À quel rythme ?
02:31La lure de départ, pour moi, est à 11 km heure.
02:35En fait, la lure, elle dépend, en principe, de sa VMA
02:39ou de sa vitesse sur d'autres distances.
02:41L'objectif, sur un 24 heures,
02:43c'est de maintenir la lure le plus longtemps possible
02:45et d'avoir le moins de déperditions.
02:48C'est une discipline très différente de l'ultra-trail,
02:50que je pratique aussi,
02:52où, là, on varie la lure en fonction du dénivelé,
02:55en fonction du terrain.
02:57En général, on se place en début de course aussi
02:59pour éviter d'être gênée sur certains sentiers.
03:02Sur le 24 heures, il faut une allure qui soit modérée
03:06et qui soit la plus lisse possible.
03:08Donc, 11, c'est modérée ?
03:09Oui, c'est ça.
03:11C'est mon allure modérée.
03:13D'accord. Et pendant 24 heures ?
03:15Tu arrives à tenir ce 11 pendant 24 heures ?
03:17L'objectif, c'est de le tenir.
03:18Sur les championnats de France, j'ai couru 240 km.
03:22J'ai rencontré deux difficultés sur ces championnats.
03:25La première difficulté, c'est le sommeil.
03:27C'est-à-dire qu'il faut tenir aussi la nuit.
03:29Donc, il n'y a pas uniquement...
03:31Oui, parce que pendant 24 heures, on ne s'arrête pas.
03:33On ne s'arrête pas.
03:35J'ai fait 10 arrêts toilettes, je crois, de 70 secondes chacun.
03:40Ce sont mes seuls arrêts durant 24 heures.
03:43Après, on peut gérer la course différemment,
03:45mais si on veut vraiment viser le haut niveau
03:46et une haute performance, il faut courir tout le temps.
03:50C'est vraiment l'objectif de cette discipline.
03:52Et ce qui est compliqué, c'est que, comme on court tout le temps,
03:57on a énormément de chocs qui créent des lésions musculaires
04:00et qui peuvent induire ce qu'on appelle une rhabdomyolyse, notamment.
04:06C'est pourquoi il faut beaucoup s'entraîner
04:08de manière à s'habituer aux chocs, aux impacts.
04:10Et avoir l'alimentation et l'hydratation optimales
04:12pendant ces 24 heures. Tu mets ton corps à mal.
04:14La deuxième difficulté que j'ai rencontrée lors de ces championnats,
04:17c'est que le taux d'humilité était très élevé à Brive ce jour-là.
04:20J'ai eu des troubles gastriques pendant quasiment toute la course,
04:26à partir de 7h20 de course.
04:27Et ça m'a considérablement gênée pour maintenir l'allure.
04:31Les jambes, par contre, ont été au rendez-vous,
04:33donc je suis assez confiante pour les prochaines échéances.
04:36Je trouve ça juste incroyable.
04:38Pardon, Salim. Tu parlais de...
04:41Tu parlais de blessures, et c'est important,
04:42parce que quand tu étais venue, tu avais été blessée à la jambe,
04:46tu avais eu une trottinette qui t'avait fauchée.
04:48C'était en préparation ou dans la vie de tous les jours ?
04:51J'étais en train de m'entraîner quand ça m'est arrivé.
04:53Et tu avais eu quoi comme blessure ?
04:55J'ai eu une fracture de la rotule.
04:56J'ai été immobilisée pendant plusieurs semaines,
04:59ce qui m'a permis de terminer en mouvement.
05:01Mais en même temps, c'était un moment qui était assez compliqué pour moi
05:05parce que je préparais à l'époque les championnats d'Europe.
05:08Il se trouve que ces championnats d'Europe
05:09ont été annulés à cause de la Covid.
05:11Donc je n'ai pas manqué des championnats d'Europe,
05:13mais j'ai manqué beaucoup d'autres courses.
05:15Et puis, il y a eu une période très longue de rééducation,
05:18avec les kinés qui ont fait un travail vraiment formidable.
05:22Stéphanie, malheureusement, la blessure fait partie de la vie d'un sportif.
05:26Bon, là, il se trouve que c'est une blessure, malheureusement,
05:28de la vie avec une trottinette qui te fauche.
05:32On imagine que quand on va puiser autant dans son corps,
05:36pour les performances qui sont les tiennes,
05:37240 kilomètres non-stop pendant 24 heures,
05:41que l'absence d'entraînement,
05:43donc ces fameux trois mois,
05:45ont été très préjudiciables pour la suite.
05:47J'imagine que le retour, psychologiquement, évidemment,
05:50mais il doit y avoir de l'appréhension,
05:51mais physiquement, j'ai envie de dire, surtout.
05:53Oui, c'est énormément de travail,
05:55beaucoup de travail de rééducation,
05:56beaucoup de travail de réathlétisation.
05:59Quand j'ai recommencé à courir, je ne courais pas.
06:02J'étais en suspension, on va dire.
06:04C'est de la marche suspendue,
06:06mais j'étais vraiment contente de faire ça
06:08parce que c'est la première fois
06:10que j'avais un mouvement qui ressemblait à la course,
06:12et ça, c'était en mai dernier.
06:14Donc, trois mois après l'accident.
06:16Voilà, exactement.
06:17Après, je suis partie en stage de rééducation
06:20et réathlétisation avec mon entraîneur.
06:22Après, je suis partie à fond remue aussi.
06:24On a fait un très, très gros travail
06:28vraiment de renforcement
06:29parce que j'ai perdu beaucoup de force
06:32dans mon quadriceps gauche,
06:33et je ne l'ai toujours pas retrouvé.
06:35On a fait pas mal de tests sur une machine en isocynétique.
06:39Aujourd'hui, je n'ai pas encore retrouvé
06:40toute la force de mon quadriceps.
06:41Il n'a pas encore retrouvé tout son volume.
06:44Donc, je vais faire des exercices d'occlusion à l'INSEP
06:47dans les prochaines semaines.
06:48Je ne sais pas comment ça sera quand t'auras récupéré.
06:52Tes adversaires, ils vont se dire,
06:53« Ouh là, faites gaffe, elle va nous péter 245. »
06:57C'est l'objectif, même au-delà.
07:01Non.
07:02Tu penses pouvoir gagner plus de 5 km heure sur 24 heures ?
07:05Plus de 5 kilomètres.
07:07Kilomètres, pardon, oui.
07:08Oui, c'est l'objectif.
07:09Salim.
07:11Qu'est-ce que ça t'a appris sur toi ?
07:13Parce qu'on parle toujours du terme de résilience,
07:16un peu comme le terme magique.
07:18Là, tu nous donnes un élément de réponse
07:19en nous disant que tu n'es pas revenu
07:22complètement à 100 % au niveau de ton quadriceps gauche.
07:25Mais sur toi, globalement,
07:27qu'est-ce que cette période un peu difficile,
07:30très, très difficile de reconstruction,
07:32t'a donné comme info ?
07:33Est-ce que ça t'a donné des pistes pour la suite, peut-être ?
07:36Déjà, sur la pratique de l'ultrafond,
07:39je me posais beaucoup de questions
07:41parce que je suis restée trois ans sans pratiquer l'ultra,
07:44qui est quand même ma discipline.
07:46D'abord, à cause de la Covid,
07:48toutes les compétitions ont été annulées en 2020.
07:51Les championnats du monde que l'on préparait à cette époque-là
07:53ont été annulés.
07:54Ensuite, j'ai eu deux accidents à la suite
07:57puisque j'ai d'abord eu un accident tout bête sur la piste.
08:00Je suis tombée sur la piste et fracture de l'orteil.
08:02Ça, c'était en 2020.
08:04Ensuite, cet accident renversé par une trottinette,
08:09ça m'a appris une chose essentielle en ultra,
08:12c'est que je pensais qu'il fallait courir vraiment beaucoup,
08:15et tout le temps ne jamais s'arrêter.
08:18Finalement, j'ai bien mieux récupéré suite à ce championnat
08:22puisque le lendemain, j'étais bien,
08:24je n'avais quasiment plus aucune courbature.
08:27J'étais beaucoup mieux que lors des championnats du monde à Albi en 2019,
08:31où j'avais parcouru aussi 240,6 km en 24 heures.
08:35Aujourd'hui, j'ai fait la même distance
08:37malgré tout ce qui s'est passé entre-temps.
08:40J'ai appris énormément sur ma discipline.
08:42Je crois aussi que la variation permet d'aller plus loin.
08:46On répète beaucoup.
08:47C'est vrai, dans le sport en général, le geste, il faut le répéter.
08:50Répéter le geste, beaucoup de discipline.
08:53Là, en l'occurrence, la répétition, elle sert à,
08:56on va dire, assimiler cette allure,
08:59en l'occurrence, le 11 km heure,
09:00de manière à pouvoir le faire de manière totalement innée.
09:03On a une foulée qui est très rasante,
09:04donc s'habituer à cette foulée très rasante.
09:06Ça veut dire quoi, une foulée rasante ?
09:07Ça veut dire qu'on ne monte pas le genou.
09:10On court vraiment très différemment des marathoniens.
09:13Je pratique aussi 200 km aujourd'hui.
09:15Ça ressemble à de la marche rapide ?
09:17Alors, d'extérieur, quand je suis au crêpe, ça fond Romeux.
09:20Il y a souvent des visiteurs qui visitent le CNA.
09:23Souvent, les gens ont l'impression que je suis en équipe de France de marche
09:26parce que d'extérieur, ça peut donner cette impression
09:29qu'on est en train de marcher.
09:30Sauf qu'à 11 km heure, on ne marche plus.
09:32Voilà, sauf qu'en fait, on est vraiment dans un mouvement de course à pied,
09:34mais avec une foulée extrêmement rasante.
09:36Donc, on ne monte pas le genou, le talon ne va pas vers la fesse.
09:40Il faut vraiment travailler juste le segment bas
09:43et ça, ça permet de limiter les chocs
09:46et donc limiter le risque de lésions musculaires
09:48parce que les lésions musculaires entraînent des déchets dans l'organisme
09:51et ces déchets peuvent se retrouver ensuite dans les reins
09:54et ça, c'est pour le coup extrêmement préjudiciable.
09:56Tu as 39 ans, Stéphanie ?
09:58J'ai 39 ans, oui.
09:59À partir de quel âge le corps peut dire non ?
10:02Depuis 10 ans.
10:05Alors, en ultra, 39 ans, c'est jeune.
10:10C'est-à-dire que je peux réaliser encore mes meilleures performances
10:13à 43, à 45 ans, ça, c'est clair.
10:17Après, je suis aussi exploratrice, je réalise des expéditions.
10:21Je les ai mises entre parenthèses en ce moment
10:23de manière appréciée, consacrée aux sports de haut niveau, voilà.
10:26Les gars, il reste encore 150 bornes.
10:28Ça fait déjà huit heures qu'on marche.
10:31Donc là, pour le coup, en matière d'expédition,
10:34je fais aussi de l'ultra-endurance
10:35et là, on voit que certains explorateurs ont 20 ans de plus que moi
10:38et sont encore sur le terrain, en Arctique ou en Antarctique.
10:41Donc là, je ne m'inquiète pas trop.
10:46Maintenant, je sais que...
10:48puisqu'aujourd'hui, je me tourne aussi vers les distances plus courtes,
10:50en particulier le 100 kilomètres.
10:52Oui, ce qui devient facile.
10:54Alors, c'est complètement différent.
10:55Le 100 kilomètres est proche du marathon, vraiment, dans la façon dont...
10:58Oui, ça n'est que deux fois et demi.
11:00Non, mais...
11:01Salim, je t'en prie, dis quelque chose, ne me laisse pas tout seul, là.
11:04Je sais.
11:07On trouvera toujours quelque chose pour t'expliquer
11:09que ça lui paraît moins compliqué qu'à nous.
11:12Nous, ça nous...
11:14Voilà, c'est incroyable.
11:16On est très, très loin de ce qu'on peut imaginer,
11:19du commun des mortels.
11:20Et c'est pour ça que t'as vraiment une expertise
11:25qui se complète, même, en allant chercher tout ce qui concerne...
11:30Tu parlais du viscéral, tout à l'heure.
11:32Tu vas toujours chercher même la petite conséquence.
11:34C'est peut-être ça, aussi, la clé de la performance.
11:37Oui, totalement.
11:38Et j'aimais aussi beaucoup travailler avec des chercheurs.
11:43Je travaillais pas mal avec des chercheurs à l'INSEP
11:45sur cette capacité d'adaptation.
11:48Au sol, aux chaussures, au...
11:51au relief, à quoi ?
11:52A tout.
11:53C'est-à-dire qu'on travaille notamment
11:55à la capacité d'adaptation aux stress environnementaux.
11:57Donc, chaleur, froid, hypoxie.
12:00Comme j'ai été dans le grand froid,
12:02notamment quand j'ai parcouru 2 000 km à travers l'Antarctique,
12:04mais aussi en Arctique.
12:05Oui, non, tranquille.
12:09C'est marrant, ça m'avait presque manqué, ça.
12:11J'allais y venir.
12:14Toutes ces expériences m'ont beaucoup appris.
12:17Tu parlais tout à l'heure de ce que j'ai appris.
12:20Je me suis rendu compte, aussi,
12:21qu'on avait une formidable capacité d'adaptation.
12:24On a souvent tendance à l'oublier,
12:25et puis on adapte tout ce qu'il y a autour de nous.
12:27Pardon, excuse-moi, Stéphanie, il faut que je t'interrompe,
12:29parce qu'en préparant cette émission,
12:31et je me souviens de me l'être dit, il y a un an,
12:33quand c'était la première fois que Salim venait avec nous,
12:35et je le redis là,
12:36mais aujourd'hui, vraiment, cette passerelle,
12:38elle me paraît évidente,
12:39c'est que capacité d'adaptation, c'est ta vie, toi, Salim.
12:42Tu as perdu la vue, mais tu l'as eue,
12:45petite, même si elle n'était pas d'une grande qualité,
12:47et vous devez tellement vous comprendre.
12:50Mais alors, moi, ce que j'adore
12:52dans ce qu'elle nous dit depuis tout à l'heure,
12:53et j'ai pris ma petite note là déjà tout à l'heure,
12:56mais elle a parlé de deux choses,
12:58et je parle sous ton contrôle, Stéphanie,
13:00mais le fait de répéter d'une part et de varier d'autre part.
13:04Moi, j'ai toujours tendance à dire que de sortir,
13:08enfin, oui, de sortir de sa zone de confort,
13:10finalement, ça revient à en agrandir la superficie.
13:14Et c'est un peu ça, le fait de varier.
13:16Répéter, on maîtrise le geste,
13:19et varier, on en apprend de nouveau,
13:21ou en tout cas, on sort, on se fait un peu des coups de pied aux fesses,
13:24mais ça, c'est formidable.
13:26Et c'est pour ça que je suis content de vous avoir une clé d'expertise
13:29dans ce que je fais au quotidien,
13:31pas sur des trucs pharaoniques comme tu es,
13:33mais c'est assez incroyable.
13:35Je reviens juste, moi, sur un sujet
13:38où tu vas vraiment chercher très, très loin,
13:41sur un sujet pointu,
13:43c'est tout ce qui est viscéral,
13:46tout ce qui est... Tu parlais d'humidité, tout à l'heure,
13:48et des conséquences sur tout ce qui est gastro-intestinal,
13:51mais jamais, jamais, je n'aurais pensé à ça.
13:53Et pourtant, j'ai une formation paramédicale, je suis kiné.
13:57Tout ce qui est néphro, tout ça, le rein,
14:00j'y aurais pensé, sur l'évacuation des déchets,
14:02mais jamais, j'aurais pensé à un truc comme ça.
14:04Est-ce que tu t'attendais à avoir ce genre de conséquences,
14:08pardon, sur l'estomac, avec un taux d'humidité élevé ?
14:11Alors, avant ce championnat,
14:13et c'était vrai aussi quand je suis partie sur d'autres compétitions,
14:16notamment quand j'avais couru les 7 marathons en 7 jours,
14:19et on s'était vus à l'époque aussi...
14:21Oui, oui, vous avez bien entendu, 7 marathons en 7 jours.
14:23Oui, oui. Tranquille.
14:25J'étais à l'INSEP.
14:26C'était avant ou après les 2000 à l'Antarctique ?
14:28C'était après. Ah oui, d'accord.
14:30Vas-y, continue. C'était après.
14:31C'est interrompu, pardon.
14:32Et donc, j'ai fait des séances d'acclimatation
14:35en chambre thermique à l'INSEP.
14:36Alors, l'acclimatation, en fait, elle a pour objectif
14:39d'être exposée pendant 7 à 14 jours.
14:42Les chercheurs ont vu que c'était effectivement pertinent
14:46de le faire de cette manière-là.
14:47Quand on est exposé de 7 à 14 jours
14:50à une température de 35 à 40 degrés en chambre thermique
14:53et que l'on fait un effort qui nous conduit
14:55à avoir une température centrale qui atteint 38,5,
14:58donc on le mesure en avalant une gélule,
15:00et cette gélule, elle mesure notre température centrale,
15:03on finit par s'acclimater.
15:05C'est-à-dire que le jour de la compétition,
15:07notre fréquence cardiaque diminue,
15:09notre température centrale diminue,
15:11alors que si on n'avait pas été confronté
15:14à ce protocole d'acclimatation,
15:16on aurait eu une température centrale tellement élevée
15:19qu'on n'aurait pas pu pouvoir...
15:21On n'aurait pas pu réaliser la performance que l'on visait
15:24et que l'on est capable de réaliser en milieu tempéré.
15:26Donc, je m'étais préparée à la chaleur
15:28parce qu'on parlait de vagues de chaleur très élevées
15:31au mois de mai.
15:32Et au final, il n'a pas fait très chaud.
15:34Par contre, le taux d'humidité était à 80 %.
15:37Et l'humidité, donc, le protocole d'acclimatation,
15:41m'a probablement préparée,
15:42c'est-à-dire que ma température centrale n'est pas trop montée.
15:45Par contre, on ne peut pas préparer...
15:46Enfin, en tout cas, je ne sais pas si c'est possible,
15:48je ne l'ai pas fait.
15:50On ne peut pas préparer l'estomac.
15:53Et puis, le fait de...
15:54En fait, je mange beaucoup de fruits
15:56qui sont réduits en glucides.
15:58Pendant 24 heures, tu manges quoi, tu bois quoi ?
15:59Je mange des fruits.
16:01Quel volume ?
16:02Alors, j'étais sur...
16:03Parce qu'on répète, c'est 24 heures non-stop.
16:06Alors, j'étais, je crois...
16:08Parce que j'ai noté tout ça à la fin de la course.
16:11Je crois que j'étais à 500 ou 600 millilitres d'eau par heure.
16:17Alors, certains moments, un peu plus.
16:18C'est un demi-litre ?
16:19C'est un demi-litre.
16:21Pas plus.
16:22Alors, après, il y a de l'eau aussi dans les fruits,
16:24parce que je les mixe.
16:25Donc, je mélange avec de l'eau aussi.
16:28Donc, les fruits, c'est un jus, en quelque sorte.
16:30Oui, c'est un jus. C'est plus facile à absorber.
16:32Maintenant, quand le taux d'humidité est élevé,
16:36les fruits ne sont peut-être pas la meilleure option.
16:38Donc, il faut que je travaille là-dessus,
16:40dans la mesure où ils sont riches en fibres.
16:42Donc, ça fermente.
16:43Comment il faut que tu travailles ?
16:44C'est pas toi qui travaille.
16:45Il n'y a pas des gens qui sont autour de toi ?
16:46Si, je travaille avec mon nutritionniste,
16:48Didier Chaud, sur ce sujet.
16:49On va essayer de mettre en place un nouveau protocole de ravitaillement
16:52pour les championnats d'Europe.
16:54Parce qu'autant, c'est un protocole
16:56qui me convient très bien sur 100 kilomètres.
16:58Mais aujourd'hui, sur 24 heures, on se rend compte
17:00que le protocole que j'avais mis en place a probablement ses limites.
17:04Et c'est quand même dommage d'être limité par des troubles
17:06gastriques.
17:07Stéphanie, tes performances, tes records
17:10sont juste époustouflants.
17:11Moi, j'ai pas de mots.
17:13Comment tu estimes,
17:16si tenté qu'on puisse le faire,
17:18l'équilibre entre ta capacité physique,
17:20tes prédispositions physiques ou pas,
17:22et tes prédispositions ou ton travail mental ou pas ?
17:27Alors, je crois que...
17:28Parce que, pardon, mais pour courir sans s'arrêter
17:30pendant 24 heures, 240 kilomètres,
17:32pour faire 1 000 kilomètres dans le grand froid,
17:35pour enchaîner cette marathon en 7 jours,
17:37il faut avoir un truc de différent, des gens normaux comme moi.
17:40Alors...
17:41Non, je pense qu'en fait,
17:43ce sont des projets qui me font vibrer,
17:45qui me donnent très envie.
17:46C'est...
17:47Donc, c'est mental. Mais il faut que le corps suive.
17:49Oui. Mais j'ai l'impression,
17:51c'est ce que j'écris dans un mouvement,
17:54j'ai l'impression que quand on écoute cette petite voix intérieure,
17:57cette motivation sincère,
18:00ce qui nous fait vibrer,
18:01j'ai l'impression que l'on va vers ce pour quoi on est disposé,
18:04ce pour quoi le corps est disposé.
18:06Comme un musicien qui va vers la musique
18:08parce qu'il entend cette petite voix.
18:10J'ai l'impression que je ressens un peu la même chose.
18:11Moi, j'ai commencé la course à pied par les voyages,
18:14parce que je rêvais de voyager.
18:15Donc, j'ai commencé à faire des expéditions,
18:17des raids engagés à pied, à ski de randonnée, en courant.
18:21Et là, je me suis rendu compte
18:22que j'aimais énormément la course sur ultra-distance.
18:25Et donc, je me suis tournée vers la compétition.
18:27J'ai découvert la compétition, vraiment, presque par hasard,
18:30en commençant par le voyage et par le sport-aventure.
18:34Et aujourd'hui, j'évolue dans le haut niveau.
18:36Et effectivement, je pense qu'il y a des dispositions du corps,
18:39après, pour pouvoir courir 24 heures
18:44et surtout maintenir l'allure.
18:46À un moment donné, le mental, évidemment, a toute sa place.
18:50Et j'ai encore du travail aussi sur cet aspect-là
18:53pour ne jamais m'endormir sur l'allure.
18:56Parce que sur un marathon...
18:57Pour l'essence du terme.
18:58Sur un marathon, on dit ne jamais s'endormir sur l'allure.
19:01Mais c'est 42 kilomètres.
19:0242 kilomètres où chaque kilomètre, on regarde son chrono.
19:05Là, il faut le regarder sur 24 heures.
19:07Et si on perd l'allure sur deux heures ou trois heures,
19:11on n'atteint pas la performance que l'on a en objectif.
19:15Donc, j'ai encore du travail aussi là-dessus.
19:18Et moi, je trouve ça extrêmement enrichissant.
19:21Et puis d'avoir encore toutes ces marges de progression,
19:24ces éléments sur lesquels je peux encore travailler,
19:27c'est ça qui me plaît aussi.
19:29Tu nous parlais, Stéphanie, de tes engagements,
19:33et tu en as beaucoup.
19:34Je citerai par exemple l'association Le Petit Prince.
19:36Tu peux nous rappeler les autres, bien sûr, éventuellement.
19:39Comment est-ce que tu fais pour lier, justement,
19:43ta volonté d'engagement, de rester, allez, je l'ose,
19:46en mouvement aussi dans ce domaine-là,
19:49et, on va dire, ton besoin naturel,
19:53presque impérieux de recherche de la performance
19:56et, du coup, d'entraînement pour aller avec ?
19:58Comment est-ce que tu arrives à relier tout ça dans ta vie ?
20:02Alors, la conciliation entre les différentes activités
20:06est effectivement très complexe.
20:08Sur le temps long, déjà, j'essaye de mettre
20:11certaines idées dans un coin de la tête.
20:13Je pense notamment aux expéditions.
20:15J'ai réalisé beaucoup d'expéditions par le passé,
20:17et en ce moment, ces expéditions, elles ne sont pas compatibles
20:20avec le sport de haut niveau,
20:21parce que quand je suis rentrée d'Antarctique, je pesais 39 kg.
20:24On n'a absolument pas un corps et un poids...
20:26Ton poids de forme, c'est combien ?
20:27Alors, le poids de forme, il est à 42-43 kg.
20:30Donc, 39 kg, c'était vraiment faible,
20:33et ça ne permet pas, évidemment, de se préparer ensuite
20:36pour une performance de haut niveau dans le sport de haut niveau.
20:39Tu peux me rappeler ta taille, pardon, pour qu'on ait le...
20:411,60 m.
20:42Donc, un petit gabarit.
20:45Ce qui a des avantages.
20:47Ce qui a des avantages, effectivement.
20:50Mais bon, on peut quand même courir longtemps,
20:53malgré le petit gabarit,
20:55donc une plus faible amplitude de foulée,
20:57mais on essaye de compenser avec la fréquence.
21:01Donc, la conciliation, c'est assez compliqué.
21:02Après, au jour le jour,
21:04j'essaye de garder du temps pour l'écriture,
21:06puisque c'est vraiment une activité qui me passionne.
21:09Je transmets beaucoup aussi dans les entreprises,
21:11dans les écoles, sur l'audace, l'engagement,
21:14le fait qu'il faut croire en ses rêves,
21:16il faut écouter cette petite voix intérieure,
21:17sur la résilience aussi,
21:19qui est un sujet qui me plaît énormément.
21:21Donc, j'essaye de faire des ponts.
21:22Je rencontre aussi beaucoup les entrepreneurs.
21:24Je suis marraine d'un réseau qui s'appelle Femmes des territoires.
21:27Qui rassemble les femmes porteuses de projets.
21:30J'interviens souvent devant ces publics
21:33qui, évidemment, ont des...
21:35Il y a énormément de ponts et de points communs.
21:37Parce qu'être sportive de haut niveau ou être aventurier,
21:39c'est avant tout être entrepreneur aussi.
21:41Créer sa vie, savoir être indépendant
21:44et savoir s'entourer aussi.
21:47Donc, je fais énormément de liens entre toutes mes activités.
21:49Maintenant, il est vrai que...
21:51Je pense que c'est une chance d'avoir énormément de passion.
21:53Après, il est vrai que quand je serai...
21:58Quasiment à la limite de ce que je peux atteindre
22:00en course sur l'ultra-distance,
22:02peut-être que je consacrerai plusieurs mois,
22:06deux, trois mois ou peut-être plus à la performance,
22:09de manière à être sûre d'atteindre cette performance.
22:13Attends, attends.
22:14C'est quoi la limite de la performance pour toi ?
22:15Parce que là, on sait plus où...
22:17C'est le jour où j'irai, peut-être,
22:19chercher un record d'Europe, voire au-delà.
22:22Aujourd'hui, lors des derniers championnats du monde...
22:24Sur 24 heures.
22:25Sur 24 heures, j'ai terminé 7e.
22:27Là, j'ai fait la 3e meilleure performance de l'année
22:30avec les 240 km.
22:33Je suis dans le top mondial,
22:36mais il y a encore quelques marches à gravir pour...
22:38C'est combien, les performances de ces jeunes femmes ?
22:40Il y en a 10 qui sont au-delà de 250 km,
22:44et c'est mon objectif.
22:45Et donc, ramenons ça à une moyenne de kilomètre heure.
22:49Toi, tu es à 11. Elles sont à combien ?
22:50Alors, moi, je démarre à 11.
22:52Et donc, quand je fais 240 km, je suis à 10 en moyenne.
22:55Le record d'Europe, il est à 10,8 km heure.
23:01Donc, 0,8 km heure à aller chercher sur 24 heures.
23:04Oui.
23:07Ces championnats de France, ils t'ont rassurée ?
23:09Oui, énormément.
23:10Parce que revenant de blessures, et puis une fois de plus...
23:12Énormément.
23:13En fait, la veille de la course, et même les jours qui précédaient,
23:18j'avais encore, à la fin de certaines sorties longues,
23:21des tiraillements dans la jambe.
23:23Les fameuses sorties longues de 5 ou 6 heures.
23:26Oui, c'est ça.
23:27Sauf que là, c'est 24 heures le lendemain.
23:28Voilà. Du fessier jusqu'au pied.
23:30Alors, c'est totalement logique.
23:32Ça ne m'a pas du tout inquiétée.
23:34C'est lié au fait qu'il y a des compensations dans le corps,
23:37parce que je n'ai pas encore retrouvé intégralement
23:39la force de mon quadriceps.
23:40L'escue au jambier n'est pas aussi souple qu'avant.
23:42Il faut énormément d'exercices de souplesse, d'étirement.
23:45Donc là aussi, tu parlais tout à l'heure
23:46de ce que cela a pris sur mon corps.
23:48C'est qu'aujourd'hui, je fais beaucoup plus d'étirement qu'avant,
23:50parce que j'ai eu cet accident et que j'ai vu l'importance des étirements.
23:54Au quotidien, pour tout un chacun, je pense.
23:56Donc, la veille, je ressentais cela.
23:59Et donc, forcément, j'étais face à une inconnue.
24:04Et j'ai couru 24 heures. Je n'ai rien ressenti à ma jambe.
24:07Comment tu expliques ?
24:09C'est ta tête qui fait le tri ou c'est vraiment le corps qui...
24:11Je pense que quand on est face à un très gros défi,
24:15le corps comprend que là, c'est le moment
24:18où il doit être fort.
24:20Et ça, j'ai pu le vivre...
24:22Toi, tu es la locomotive et lui, il est le wagon derrière.
24:23Voilà, j'ai pu le vivre aussi en Antarctique,
24:26quand j'étais confrontée à du moins 50 degrés,
24:29une rage dedans aussi pendant un mois.
24:31En fait, on sait à un moment donné qu'on doit rester en vie.
24:37Et donc, le corps suit dans ces moments-là.
24:40Avant de terminer, je voudrais quand même qu'on passe à quelque chose.
24:42Et là, j'en appelle à ta...
24:45Sors ta calculatrice, s'il te plaît, Salim, à ta comptabilité.
24:48Il y a les championnats du monde le 27 août à Berlin de 100 kilomètres.
24:53Oui.
24:54Et trois semaines après, il y a les championnats d'Europe d'Ultra à Véronne.
24:57Donc là, c'est une course de 24 heures.
24:58Tu fais comment pour enchaîner un 100 bornes et un 240 et plus si affinités
25:03quelques trois semaines après ?
25:04Est-ce que tu vas mettre ton corps à mal ?
25:06Comment on récupère ?
25:07Comment on prépare l'un, sachant qu'on ne les prépare pas,
25:10j'imagine, de la même façon ?
25:12Non, la préparation n'a rien à voir.
25:13Le 100 kilomètres est très, très proche du marathon.
25:16Encore une fois, c'est vraiment une préparation qui est très proche du marathon.
25:18Ce sont juste les allures qui changent,
25:20mais la foulée, c'est la même que celle d'un marathonien.
25:24Le 24 heures, c'est évidemment très, très différent.
25:27Donc, on va choisir, avec mon entraîneur, de préparer l'une de ces courses.
25:31Ce sera le 100 kilomètres, la première course,
25:34parce que c'est un championnat du monde.
25:36Et puis après, je me présenterai donc sur cette course à Véronne
25:40trois semaines après.
25:42Donc, ce n'est pas tant la récupération qui m'inquiète,
25:45puisqu'on peut récupérer trois semaines après.
25:48Maintenant, on est obligé de choisir l'une des deux disciplines
25:52pour la préparation.
25:53Donc, on se présente sur une épreuve en n'étant pas préparé
25:55de manière optimale pour l'épreuve,
25:56c'est-à-dire de manière spécifique pour l'épreuve.
25:58Maintenant, j'ai la chance de pouvoir faire ces deux championnats internationaux.
26:04Je suis la seule dans ce cas-là.
26:07C'est peut-être que je ne suis pas normale, excuse-moi.
26:10J'essaierai. En tout cas, c'est mon défi.
26:12Il n'y a pas un marathon entre les deux à glisser, non ?
26:14Non, mais tiens, maintenant que tu le dis, peut-être, pourquoi pas.
26:17Non, parce qu'il y a quand même un truc qui est important, Salim,
26:19c'est que tu fais des disciplines qui ne sont pas olympiques.
26:22Or, dans un an et demi, il y a des petits JO à Paris.
26:25Si tu veux y participer, il n'y a pas de 24 heures,
26:28il n'y a pas de 100 bornes,
26:29mais tu me dis que c'est la même chose qu'un marathon.
26:30Or, il y a un marathon.
26:32Ça pourrait te tenter, ça serait possible.
26:33Pourquoi pas ? En fait, j'ai essayé le marathon,
26:37justement, quand je suis revenue de cet accident,
26:41parce que j'ai commencé par des distances courtes
26:43avant d'aller sur l'Ultra.
26:44Court, c'est un marathon pour toi ?
26:46Voilà, un marathon.
26:47D'accord.
26:48Parce que c'était le meilleur moyen de me remettre à la compétition.
26:51Oui, bien sûr.
26:52Il y en a qui font 500 mètres, toi, c'est un marathon.
26:55Et c'était le meilleur moyen de faire un petit peu de volume
26:57avant de revenir sur l'Ultra.
26:59Donc, j'ai fait quand même pas mal de compétitions
27:01à partir du mois de septembre 2021.
27:02Et t'as performé comment ?
27:04Et j'ai couru le marathon en janvier, en 2h54.
27:08Donc, c'est une expérience...
27:10Enfin, c'est la première fois que je préparais un marathon.
27:12Sachant que c'était une petite course de remise en forme.
27:14Voilà. C'est-à-dire qu'on ne l'a pas préparé pendant trois mois,
27:16comme on le fait généralement.
27:17Et parce que mon entraîneur voulait aussi quand même
27:20que je garde des réserves pour ce qui venait après,
27:23et c'est bien normal.
27:24Et puis, en plus, j'étais encore, évidemment,
27:27de retour de cet accident, donc...
27:30Mais les meilleures mondiales, quand toi, tu fais 2h54,
27:32elles font combien ?
27:33Alors, sur le marathon, là, pour le championnat d'Europe,
27:36la qualif, elle est à 2h32.
27:38Donc, il y a encore, évidemment, un gap.
27:4022 minutes à aller chercher.
27:41Voilà. Maintenant, c'est compliqué,
27:43parce qu'aujourd'hui, j'aime énormément l'ultra,
27:47et j'ai des performances à aller chercher à l'ultra
27:49qui me plaisent énormément.
27:51En gros, il y a des choix à faire.
27:52Voilà. Autant, on parlait tout à l'heure de la conciliation
27:54entre le sport d'aventure et le sport de haut niveau,
27:55mais dans le sport de haut niveau, c'est un peu la même chose.
27:58C'est que j'aurais probablement des compétences pour le marathon,
28:01mais si je choisis le marathon,
28:02je vais devoir mettre entre parenthèses l'ultra pendant quelque temps,
28:05parce que dans une saison, les deux ne sont pas compatibles.
28:07Et comment ça, à te connaître ?
28:09Je pense que si c'est pour faire le marathon et dire
28:11j'ai fait le marathon à Paris aux Jeux,
28:13ce que tu veux, c'est performer, toi.
28:14Oui. Donc, c'est...
28:16Donc, tu vas te décider quand ?
28:18Là, pour l'instant, mon objectif, c'est de rester sur l'ultra,
28:21puisqu'on a les championnats du monde à Taipei en 2023,
28:24en décembre 2023,
28:26et que là, pour le coup, je vise un podium, un individuel,
28:28et vraiment une très, très grosse performance.
28:31En mouvement, j'ai adoré ce livre.
28:33Il y a autre chose qui arrive ?
28:34Je travaille sur d'autres ouvrages,
28:36et d'ailleurs, j'étais justement à INSEP aujourd'hui
28:38dans le cadre d'un livre sur lequel je travaille.
28:41J'ai plusieurs ouvrages qui sont en cours de préparation
28:44sur des thématiques un peu différentes en mouvement.
28:48En mouvement, c'est la résilience, la persévérance,
28:51toutes ces ressources que l'on met en œuvre pour atteindre ses objectifs.
28:54Et là, je travaille sur des ouvrages qui ont davantage un lien
28:57avec le bien-être, l'équilibre, la nutrition,
29:00l'adaptation, toutes ces petites choses
29:02qui font qu'on est capable aussi d'aller plus loin
29:05quand on prend soin de son corps.
29:06Moi, je pense que tu devrais faire un livre avec Salim, mais bon.
29:08Salim, le mot de la fin, l'analyse sur cette femme qui est juste...
29:12Je dirais complète, parce qu'elle l'est
29:15et que c'est ce qu'elle veut être dans la préparation qu'elle a,
29:18dans la recherche de toutes les infos
29:21pour être à la fois performante
29:23et pour se mettre au service des autres,
29:26pour que sa performance ne soit jamais dans le vent,
29:28jamais pour rien.
29:29Et voilà, moi, j'ai envie de dire complète.
29:31Alors, je ne sais pas si elle sera d'accord avec moi,
29:35mais en tout cas, c'est ce qu'elle m'inspire à chaque fois.
29:38Et sincèrement, c'est toujours des leçons
29:41que d'entendre ce qu'elle a à dire, de lire ce qu'elle a à raconter
29:44et on sent qu'elle a à nous apprendre sur comment s'améliorer soi-même.
29:48C'est ça que j'aime beaucoup.
29:50J'aime beaucoup le terme que tu emploies, complète.
29:52Je pense effectivement que c'est la façon dont j'essaye de construire ma vie aussi,
29:56d'embrasser la vie, et c'est pourquoi j'ai beaucoup changé aussi.
29:58Je suis allée dans pas mal de secteurs différents,
30:01le monde de l'entreprise, le sport de haut niveau, l'exploration,
30:04l'écriture aussi maintenant,
30:05et c'est effectivement peut-être le mot qui me caractérise,
30:09d'essayer de...
30:10Il ne manque plus qu'un record pour l'être à l'heure.
30:12Oui, il y a un record.
30:13Tu le vois, l'autre, là, qui fait le malin ?
30:15Il n'est même pas venu en plateau, il est à Libourne
30:17et il commence à dire, maintenant, tu vas péter des records, s'il te plaît.
30:21C'est moi qui vais me faire engueuler, après.
30:25C'est pour ça que j'en profite.
30:26Merci, Salim. On t'embrasse. À très vite.
30:28Merci beaucoup, Salim.
30:29Merci à toi.
30:31C'est juste... Non, complet, je suis désolé,
30:33c'est pas assez... Pour moi, il faut un truc plus...
30:35Tu vois, c'est incroyable.
30:37Merci et bravo.
30:38Une dirigeante avec nous, dans quelques secondes.
30:46Et notre dirigeante de la semaine est une montagnarde,
30:49échouée, alors quand je dis échouée, ça n'a rien de négatif, évidemment.
30:52Du côté de Toulouse, c'est Pascal Soncourt.
30:54Bonjour, Pascal.
30:56Bonjour, Alexandre.
30:57Je suis ravi de vous accueillir aujourd'hui dans La Victoire est en elle.
31:00Vous êtes la DTN, directrice technique nationale
31:03de la Fédération française de bowling et de sport de kia.
31:08Le Covid, il n'a pas dû vous faire du bien, ma pauvre Pascal.
31:12Non, non, non. Il est vrai que les bowling,
31:14étant fermés pendant deux ans, pratiquement,
31:16il a fallu, depuis qu'ils ont réouvert en juin dernier,
31:19repartir à la conquête des licenciés
31:22qui étaient partis vers d'autres cieux, éventuellement,
31:24ou qui avaient totalement arrêté l'activité.
31:26Donc, il faut beaucoup travailler.
31:28Oublier, c'est normal, on avait d'autres chats à fouetter.
31:31De toute façon, c'était fermé.
31:32Je voudrais, avant de parler de la stratégie et de cette fédération,
31:35parce que c'est intéressant, parce que vous avez beaucoup bougé,
31:38notamment dans d'autres disciplines, revenir à l'origine.
31:41D'abord, vous êtes personnelle, jeunesse et sport depuis 1987.
31:44Ça veut dire quoi ? C'est quoi ?
31:47Ça veut dire que je suis une fonctionnaire d'État
31:49qui est spécialisée et experte dans le sport,
31:53toute question du sport,
31:54et qui est affectée à une fédération
31:57pour aider cette fédération à se développer.
32:00Il y a plusieurs domaines, l'entraînement de haut niveau,
32:02la formation, le développement, et plusieurs niveaux de mission.
32:05Et là, vu que ça fait presque 35 ans que je travaille,
32:08j'ai plus ou moins atteint la plus haute mission
32:11de niveau de cadre technique,
32:12c'est-à-dire directeur technique nationale d'une fédération.
32:14Oui, bien sûr. Comment on obtient ce statut, à la base ?
32:18Il faut passer un concours,
32:19qui s'appelle le concours de professeurs de sport,
32:21et non pas professeurs d'EPS.
32:23Et lorsqu'on réussit ce concours,
32:25après, on est affecté sur un poste précis,
32:28parce que les postes sont affectés par nombre à chaque fédération,
32:31en fonction des besoins et des budgets de l'État.
32:34Et donc, lorsqu'on passe le concours,
32:35on sait qu'il y a un ou deux postes.
32:37Et donc, si on réussit, on sait qu'on sera affecté.
32:40On emmène dans cette émission comprendre
32:42pourquoi ces gens qui ont des responsabilités importantes,
32:44et c'est votre cas, sont arrivés là.
32:46Vous, plus jeune, vous pratiquez la boxe, je crois, c'est ça ?
32:49Oui, moi, je suis une grande sportive.
32:52J'ai commencé par la gym pendant plein d'années.
32:54Quand j'étais ensuite en STAPS,
32:55on m'a fait découvrir la boxe française.
32:57On m'a dit, tu vas essayer, et j'ai beaucoup aimé.
33:00C'était plus facile pour moi d'être bonne en boxe française
33:03qu'en gymnastique, parce que la gymnastique,
33:05c'est quand même assez difficile.
33:07La poutre, les bars, etc.,
33:08ça commence à faire peur quand on est plus âgé.
33:10Et donc, j'ai choisi, après l'option boxe française,
33:13je me suis perfectionnée, j'ai fait de la compétition,
33:15j'ai été championne de France,
33:17j'ai passé des diplômes d'État parallèlement,
33:19j'ai enseigné dans un club,
33:20en même temps que je faisais mes études.
33:22Et ensuite, quand j'ai réussi ce concours de prof de sport
33:24que j'ai passé en option boxe française,
33:27j'ai eu un poste à la fédération de Savate Boxe Française.
33:30C'était quoi, ce poste, à cette époque-là ?
33:33C'était conseiller technique régional, affecté en Midi-Pyrénées.
33:36Et donc, j'étais là pour développer la région,
33:39le nombre de licenciés, le nombre de clubs,
33:41les jeunes compétiteurs,
33:43la formation des enseignants, des arbitres, tout.
33:47Pascal, en somme, vous êtes quelqu'un de carré, d'organisé.
33:49Vous avez ça dans les gènes.
33:52Oui, c'est à cause de mes parents, probablement,
33:54mais je crois que je suis aussi un peu hyperactive
33:55et ça aide dans ce genre de métier,
33:57parce qu'en fait, il n'y a jamais de fin.
33:59Chaque fois qu'on travaille, on se crée plus de travail, en fait.
34:01Donc, quand on a le souci de réussir,
34:04de faire des choses bien faites, ça occupe.
34:07Et puis, vous grimpez dans cette fédération française de boxe
34:09et de Savate ?
34:11Jusqu'où ?
34:13Jusqu'au poste de détenue adjointe à la formation,
34:16en passant par conseiller technique national,
34:18donc affecté sur des missions de développement
34:20chez les jeunes, etc.
34:21Entraîneur national de l'équipe de France féminine
34:24pendant 11 ans, quand même.
34:26Et sur les deux dernières années,
34:28DTN adjointe à la formation,
34:30ce qui consistait à organiser tous les diplômes fédéraux de formation
34:33et les diplômes d'État aussi à la fédération de Savate.
34:36Et puis, votre vie devient compliquée avec un accident de la vie.
34:40Vous décidez de tout changer, racontez-moi.
34:44Il se trouve que j'étais mariée avec quelqu'un
34:47qui s'appelait Bertrand Soncourt,
34:48qui était un très bon boxeur, amateur,
34:52et qui était champion d'Europe, champion du monde,
34:54membre des équipes de France,
34:56et sur la fin aussi entraîneur adjoint de l'équipe de France des hommes
34:59pendant que j'étais entraîneur titulaire de l'équipe des femmes.
35:01Et donc, on s'était bien trouvés, on avait les mêmes passions,
35:04on avait fondé notre famille,
35:06mais il a eu un accident de moto qui lui a été fatal.
35:08Et moi, j'ai dû continuer, pour mes enfants surtout,
35:12mais quand même, c'était difficile de rester
35:14à la fédération de boxe française,
35:16donc j'ai changé de travail pour m'occuper de mes filles aussi,
35:20et j'ai demandé à avoir un poste dans les bureaux
35:22à la direction régionale de la jeunesse des sports de Toulouse,
35:24où j'ai eu d'autres missions pendant 12 ans.
35:27En fait, je me suis occupée de manager les conseillers techniques
35:30de toutes les fédérations qui étaient présentes dans cette région,
35:33enfin, les ligues,
35:34et puis en même temps, j'étais conseillère régionale de formation,
35:36ce qui voulait dire que je faisais un plan de formation
35:40pour tous les personnels jeunesse des sports de la région midi-pyrénées,
35:43et je travaillais avec des consultants
35:45pour monter les contenus de formation
35:46et faire monter les gens en compétence
35:48par rapport aux missions qu'ils avaient.
35:50C'est passionnant, ça, Pascale.
35:51Pascale, c'est passionnant, ça.
35:53Parce que c'est à la fois transverse et à la fois...
35:57Enfin, il y a tout, quoi.
36:00Voilà, et beaucoup d'humains.
36:01Moi, ce que j'aime, en fait, c'est m'occuper des gens
36:03et c'est faire réussir les gens.
36:05Donc, c'est ça, mon bonheur, en fait.
36:06C'est quand les gens que j'ai pris sous mon aile
36:10arrivent à réussir quelque chose.
36:11Donc, former des garçons qui sortent des cités, par exemple,
36:15et qui ont un brevet d'état de boxe française
36:16et qui vont pouvoir en vivre, après, enseigner, etc.,
36:19c'était le top pour moi, ça. C'était bien.
36:22C'est votre petit-fils ou votre petite-fille
36:24ou c'est votre chien à la boule de poil que j'ai vue à côté, là ?
36:27C'est un chien que j'ai pris depuis trois semaines
36:30et qui vient partout avec moi, mais il est petit, mais il est sage.
36:33Ah, mais il est mignon.
36:34C'est ma manière de maïrer le cerveau.
36:36On peut le montrer, c'est pas grave.
36:38On aime tout, ici.
36:39Il saute.
36:40Et donc, après, quand vous avez fait ça,
36:43vous avez décidé de vous rapprocher d'une autre fédé,
36:45comment ça s'est passé ? Et de changer encore ?
36:49Oui. Alors, pourquoi changer ?
36:50Parce qu'en fait, moi, dans les bureaux, ça va un moment,
36:52mais c'est pas ma place de thé, en fait.
36:54Il faut que je sorte, il faut que je sois en déplacement,
36:56il faut que je sois sur le terrain.
36:58Donc, quand mes filles ont été grandes,
37:00j'ai percuté qu'elles étaient grandes
37:02et je me suis dit, je retourne en fédération.
37:03Et j'ai cherché un poste.
37:05Et donc, je savais qu'à la boxe française,
37:08le poste de DTN était vacant,
37:09mais je n'ai pas pu l'avoir,
37:10parce que le président de l'époque avait déjà choisi son futur DTN.
37:15C'est pas grave, j'ai cherché un autre poste.
37:17Et en fait, il y avait un poste de DTN adjoint au Golfe,
37:20à la Fédération française de golf.
37:22J'ai postulé, ils m'ont auditionné,
37:24ils m'ont dit, OK, tu peux venir.
37:26Et donc, le ministère m'a affectée sur ce poste de DTN adjoint
37:29à la Fédération française de golf,
37:30où j'étais en charge de la structuration sportive territoriale
37:34au niveau de chaque région,
37:35d'aider les ligues à se développer
37:37et de manager aussi les conseillers techniques fédéraux et d'État
37:40qui étaient affectés à cette FEDE.
37:42Ils y étaient au début cinq ou six, et à la fin, une petite vingtaine,
37:45que j'avais réussi à faire recruter des gens par les ligues, en fait.
37:49Vous étiez physiquement où à cette époque ?
37:51Encore à Toulouse, ou vous aviez dû partir ?
37:54J'étais obligée de monter chaque semaine à Paris,
37:57donc je prenais l'avion toutes les semaines.
37:58J'y restais trois jours, en plus de mes déplacements nationaux,
38:01parfois, quand il fallait aller voir les ligues sur place, etc.
38:06Mais c'est la vie normale dans le cadre technique, ça.
38:08Vous attraissez huit ans à la FEDE de golf, je crois.
38:11Voilà, huit ans.
38:12Vous retenez quoi ?
38:12Huit ans.
38:14Je retiens, j'ai appris beaucoup de choses avec eux.
38:16C'est une excellente fédération.
38:17En fait, j'en suis partie purement parce que je voulais moins me déplacer
38:21et j'avais envie d'avoir plus de responsabilités encore
38:23que ce que je pouvais avoir dans cette grande FEDE.
38:25Mais c'est une FEDE où il n'y a que des gens professionnels, compétents.
38:30Il y a beaucoup, beaucoup d'actions.
38:32Il y a quand même 150 salariés à la Fédération de golf,
38:34en comptant 70 qui sont au golf national.
38:37Et donc, chaque fois qu'on a besoin d'une compétence, elle y est.
38:40Il y a deux jurys, il y a dix personnes à la com.
38:43C'est un service de suivi des clubs de dix personnes aussi.
38:47C'est un bonheur.
38:49C'est très bien.
38:50J'ai appris beaucoup et je m'en sers beaucoup, d'ailleurs,
38:52dans cette fédération-là.
38:53Les huit années à la FEDE de golf, vous terminez, vous êtes DTN ?
38:57Non, je suis toujours sur le statut de DTN adjointe.
38:59Il y a un DTN extrêmement compétent et brillant
39:03qui s'appelle Christophe Mugneza, qui est là et qui ne bougera pas
39:07tant qu'il n'aura pas envie de changer.
39:08Il est très bien à sa place.
39:09Et puis, Pascal, tranquillement, décide de revenir à Toulouse.
39:13C'est-à-dire qu'il vient de me chercher, en fait.
39:15Le président de la Fédération de bowling m'appelle un jour et me dit
39:19« J'ai entendu dire que vous vouliez changer éventuellement.
39:22Est-ce que vous vouliez devenir DTN du bowling ? »
39:24C'était quand ?
39:25C'était en juin 2021, parce que je lui ai dit
39:29« Écoutez, bon, pourquoi pas ? »
39:32J'étais surprise, en fait, cette fédération, je ne la connaissais pas.
39:34Je lui ai dit « Donnez-moi quelques temps pour réfléchir. »
39:37Et puis, en fait, j'en ai parlé à mes collègues d'autres fédérations.
39:40Ils m'ont dit « Mais oui, vas-y, c'est une petite fédération.
39:42C'est bien pour un premier poste de DTN.
39:44En plus, c'est à côté de chez toi, il y a tout qui match. »
39:47J'ai rappelé le président, j'ai dit « Bon, quoi, j'arrive. »
39:50Et pendant les six mois, en attendant ma date de nomination,
39:53nous avons travaillé ensemble,
39:55en plus de ce que je faisais à la Fédération de golf,
39:58pour rédiger le projet de développement,
40:00que je puisse présenter au ministère tous mes projets
40:02et être acceptée, bien sûr, sur ce poste.
40:05Donc, si je peux me permettre, Pascale,
40:06je pense que c'est en juin 2020 qu'ils vous contactent,
40:09et pas 2021,
40:11et vous intégrer en début 2021 à la Fédé, soit il y a un an et demi.
40:14C'est ça, oui, oui.
40:16Bowling, jet ski, certains ont dû sourire.
40:20Oui, oui, mais ils ne sourient plus quand je leur explique, en fait,
40:23que jouer au bowling, ce n'est pas une bière dans la main et lancer une boule,
40:27c'est étudier une piste qui est huilée, qui a des profilages différents,
40:31et que c'est comme au golf, en fait, où on a 11 clubs,
40:34au bowling, où on a au minimum six boules,
40:37et il y a une boule pour faire les strikes,
40:38il y a une boule pour faire les spares,
40:39il y a une boule pour faire chaque chose qu'on veut faire, en fait.
40:42Et donc, c'est très compliqué,
40:44parce que les boules, elles sont faites individuellement pour chaque personne,
40:47il y a des notions de centre de gravité,
40:51il y a des notions de précision extrêmement pointues que j'ignorais
40:55et qui rendent cette pratique extrêmement difficile, en fait.
40:58La France, on est bon en bowling ?
41:01Je parle à l'échelle internationale ?
41:04À l'échelle internationale.
41:05Alors, récemment, il y avait les Jeux méditerranéens,
41:07on a fini premier, donc on était hyper fiers.
41:09Ah oui ?
41:11En ce moment, il y a les Jeux, les championnats d'Europe à Helsinki,
41:16et on a eu une médaille de bronze en individuel,
41:18et on vise une médaille demain, une médaille encore,
41:21on ne sait pas encore laquelle,
41:22mais on est plutôt cinquième européen.
41:25Parce que le problème, c'est qu'il y a des joueurs suédois et finlandais
41:29qui sont professionnels et qui sont payés pour s'entraîner
41:32et qui s'entraînent tous les jours, toute l'année.
41:34Et nous, on n'a pas la chance.
41:36Oui, bien sûr.
41:37Et donc, l'élite du bowling en France, c'est combien de personnes ?
41:41Il y a des équipes de France, ils sont où ?
41:43Comment c'est ça fait ? Expliquez-moi.
41:45Il y a trois équipes de France.
41:46Une équipe de France junior, avec des filles et des garçons,
41:48qui sont six et six.
41:50Et après, il y a une équipe de France dames
41:51et une équipe de France hommes,
41:53composée d'environ huit à dix personnes,
41:56que je vais resserrer pour avoir plus de qualitatifs
41:58à partir de la prochaine saison.
42:01Et ils sont plutôt sur le nord de la France,
42:05pour les hommes et les dames.
42:07Et après, les jeunes, ils sont plutôt soit dans leur famille,
42:10un peu partout, et surtout au Pôle France de Toulouse, en fait.
42:12Il y a un Pôle France où ils sont là, internes,
42:15et ils ont leur double projet à mener,
42:17le projet scolaire et le projet sportif.
42:19Un projet sportif pour le bowling,
42:20c'est de l'entraînement, évidemment, j'imagine.
42:23C'est aussi une approche physique, mentale.
42:26Il y a tout ça ou pas encore ?
42:27Effectivement, oui.
42:29Tous les aspects de la performance sont à prendre en compte,
42:31même la performance physique,
42:33même si on est sur des efforts de faible intensité,
42:36mais sur un temps relativement long.
42:38Sachez quand même que sur une compétition de bowling,
42:40les gens soulèvent l'équivalent de deux tonnes de boules.
42:42Donc forcément, il faut quand même préparer les muscles et le corps.
42:46Et ça doit être compliqué,
42:47parce qu'on ne lance qu'avec un seul bras.
42:49Donc j'imagine qu'il faut anticiper ça,
42:53déjà pour ne pas trop déséquilibrer la musculature du corps.
42:56Et puis certains vont être focus sur le lancer du bras,
42:59mais il y a le gainage, il y a les jambes, il y a tout ça.
43:02Oui, il y a tout ça.
43:03Et donc, en fait, dans la préparation physique,
43:04elle a aussi un aspect prophylactique,
43:07c'est-à-dire la prévention des blessures
43:09plutôt que d'avoir de la force pure,
43:11puisque nous, on n'a pas besoin d'avoir de la force pure
43:13en profil du geste du balancier et de l'accélération.
43:16Il y a une question qui me turlupine, Pascale.
43:19Est-ce qu'il y a un âge où on est à l'apogée,
43:21au sommet de sa forme et de sa gloire dans le bowling ?
43:25Ou est-ce qu'il y a des champions qui ont 26 ans et d'autres 45 ?
43:30Alors, il y a des champions...
43:31La majorité, actuellement, ils ont autour de...
43:34Entre 25, 30, 35.
43:37Il y a parfois des exceptions.
43:38L'année dernière, j'avais une dame qui était dans mon équipe de France
43:41qui avait 46 ans.
43:43Mais après, il faut savoir que c'est un sport à maturation lente,
43:47c'est-à-dire qu'il faut s'entraîner beaucoup
43:49pour maîtriser tout ça.
43:50Donc, en fait, maintenant, ce qu'on fait,
43:51on commence à faire la détection des jeunes à 10 ans,
43:55et dans les régions, on leur demande
43:56de bien s'occuper des U14 pour alimenter.
43:59Après, nous, on a des stages nationaux de détection
44:01d'enfants U14 pour alimenter nos équipes de France junior,
44:05qui vont donc jusqu'à moins de 21 ans.
44:07Donc, on les prend à 14 ans,
44:08et en pôle, on les prend à 14 ans,
44:10et il nous faut au minimum trois ans
44:12pour, après, qu'ils soient bons
44:13pour rentrer en équipe de France jeune, junior.
44:16Mais donc, on va dire, le leader masculin et la leader féminine,
44:19ils ont quel âge aujourd'hui ?
44:21Ils ont moins de 35 ans.
44:24Et évidemment, ils ne sont pas professionnels,
44:25donc ils ont une vie à côté.
44:28Eh oui, ils travaillent.
44:29Alors, les garçons, plutôt, eux,
44:32s'arrangent pour travailler dans les bowling.
44:34Ils sont gestionnaires de bowling
44:36ou certains responsables des pistes, etc.
44:40Comme ça, en fait, ils sont sur place,
44:41et après, ils ont accès souvent aux pistes
44:43pour pouvoir s'entraîner.
44:44Sachant que quand même, quand on s'occupe d'un bowling,
44:47on a des horaires très atypiques,
44:48parce qu'ils sont ouverts jusqu'à une heure, deux heures du matin.
44:52Donc, tous les week-ends,
44:54c'est un boulot très prenant, en fait, pour ces jeunes-là.
44:58Ce n'est pas évident.
44:59Alors, on négocie des contrats d'insertion professionnels
45:02avec ceux qui le souhaitent
45:03pour qu'ils aient des horaires aménagés,
45:06qu'ils soient libérés, par exemple,
45:07pour 20 % de leur temps de travail
45:09pour s'entraîner ou pour partir en compétition,
45:11parce qu'il faut partir dans tous les bowling de France,
45:14voire même à l'étranger, et assez loin, parfois.
45:16Donc, on négocie avec les employeurs.
45:19L'État prend une partie en charge.
45:20La fédération a une partie en charge.
45:22Et on donne ça à l'employeur
45:23de manière à ce qu'il soit indemnisé du manque à gagner, en fait.
45:26Le bowling, ce n'est pas une discipline olympique.
45:28Est-ce qu'on peut nourrir l'espoir qu'un jour, ça le devienne ?
45:32Oui, la fédération internationale de bowling,
45:35elle y travaille, d'autant qu'en 2028,
45:37ce sera aux États-Unis.
45:38Donc, c'est un sport qui est même plutôt américain
45:40et qui est beaucoup, beaucoup joué là-bas.
45:42Donc, je sais qu'ils sont sur le dossier.
45:44Donc, ça serait bien.
45:46Et ça serait bien aussi avec les paralympiques,
45:48où il existe, nous, en bowling,
45:51on a, en relation avec la fédération Andy Sport,
45:54une équipe de France de sourds, sourds et malentendants.
45:58Et avec la fédération de Andy,
46:00ils participent à des Jeux olympiques de sourds, déjà.
46:02Donc, parfois, et là, actuellement, il y en a deux,
46:05un garçon et une fille,
46:06qu'on prend dans nos équipes de France pour jouer,
46:09parce qu'ils jouent bien, même s'ils sont sourds,
46:10on les prend avec les valides.
46:11Mais l'idéal, ce serait d'avoir une équipe de France Andy,
46:16peut-être Andy fauteuil, etc.
46:18Mais là, on essaie de...
46:19Enfin, ce n'est pas évident de développer ça.
46:21On n'est pas encore prêts à ça.
46:22Peut-être qu'en 2028, mais ça serait limite.
46:25Pascal, en 2024, à l'heure du téléphone, des réseaux sociaux,
46:30des plateformes,
46:32comment on fait pour faire venir les jeunes dans les bowling
46:34qui, un jour, deviendront des champions ?
46:37Là, pour l'instant, on a essayé de faire plutôt classique,
46:41mais on va dans les écoles.
46:43On forme les enseignants des écoles primaires.
46:46Ils font un cycle de 5, 6, 7 séances, autant qu'ils veulent.
46:48On leur prête le matériel.
46:50On a des pistes de bowling qui sont des sortes de moquettes
46:53avec des lattes dessinées dessus.
46:55On a des petites... des quilles en bois et des boules en bois.
46:57Voilà, vous les montrez, là.
46:59Des quilles en plastique et des boules plus légères.
47:01Et on met des ateliers en place.
47:03Les enseignants enseignent ça, le bowling en EPS.
47:07Et la dernière séance du cycle,
47:08ils doivent venir la faire dans un bowling.
47:10Ils sont reçus par le club de bowling et l'établissement concerné,
47:13qui leur fait une séance, une vraie séance de bowling
47:16sur les pistes, avec les scoreurs et tout.
47:18Et là, on essaie de faire ce qu'on appelle une passerelle, en fait,
47:21entre l'école et l'école de bowling.
47:24On invite, on a des procédés, des process pour que les enfants
47:30reviennent s'inscrire au club.
47:32Après, au niveau de...
47:33Pascal, c'est hyper ludique comme discipline,
47:36et toutes celles et ceux qui l'ont fait un jour peuvent en témoigner.
47:39C'est ludique, il y a aussi une petite part de chance.
47:41Donc j'imagine que pour faire que les jeunes se marrent,
47:44entre guillemets, ça peut se faire, quoi.
47:47Si ça, c'est bien encadré, ça peut le faire.
47:51Alors, oui, et ça, c'est mon cheval de bataille.
47:54Depuis que je suis arrivée, j'avais noté que dans les écoles de bowling,
47:57l'enseignement était très classique, basé sur la répétition
47:59et sur l'imitation de l'enseignant quand il y avait un enseignant.
48:03Et donc, j'ai beaucoup rédigé avec mes deux collègues quatre d'État,
48:05parce qu'on n'en a que deux dans cette fédération.
48:08On a mis en place, par exemple, des petits grades techniques,
48:11un peu comme les ceintures ou les étoiles de ski.
48:14Pour les 7-11 ans, ça n'existait pas.
48:16C'est des quilles de couleurs blanches, roses, violettes,
48:19rouges et quilles de bronze.
48:20En cinq ans, ces enfants, s'ils valident les cinq quilles,
48:24ils sont extrêmement bons, ils sont meilleurs que certains adultes.
48:27Parce qu'à l'intérieur, on a mis des compétences techniques,
48:30physiques, mentales, sociétales, stratégiques,
48:32connaissances de l'environnement.
48:34Et donc, on accompagne, on éduque l'enfant.
48:37C'est ludique.
48:38Et pour mieux encore les garder,
48:40la pédagogie que je défends actuellement...
48:43Ce week-end dernier, j'étais en stage avec mes coordonnateurs
48:46d'équipes techniques régionales qui sont censés faire
48:48les formations d'animateurs.
48:50Je leur ai demandé...
48:51Je leur ai présenté les générations Alpha et Z,
48:53les caractéristiques de nos jeunes enfants
48:56qui sont nés avec les téléphones, avec la vidéo,
48:59avec les réseaux sociaux.
49:01Et par exemple, c'est des enfants, il ne faut pas les garder longtemps,
49:04ils appent, ils appent, donc il faut des situations rapides, ludiques.
49:08Et travailler beaucoup avec les téléphones, avec la vidéo,
49:10parce qu'ils sont nés là-dedans.
49:11Donc, voilà, on s'adapte.
49:13C'est un exemple, quoi, en fait.
49:15Juste une question, si en 2028,
49:17il y a les Jeux de Los Angeles qui intègrent le bowling,
49:20est-ce qu'on est prêt ? Est-ce qu'on y sera ?
49:22Ou est-ce qu'on est un peu loin, à l'échelle internationale ?
49:25Non.
49:26Non, non, on pourra y être, on n'est pas une mauvaise nation.
49:30On va voir, là, on va partir aux World Games au mois de juillet.
49:34Les World Games, c'est les Jeux olympiques des fédérations non olympiques.
49:38Donc, on y va, on envoie quatre, deux filles, deux garçons.
49:41J'y vais avec un coach, on va voir ce qu'on va donner.
49:45Mais du moment que, sur le niveau européen,
49:48on est quand même dans les cinq premiers,
49:51au niveau mondial, même si on tombe dans les dix premiers,
49:54on pourra participer, ça, c'est sûr.
49:58Et on n'est pas à l'abri d'une bonne surprise.
49:59Un mot pour terminer sur l'association Femix,
50:03dont vous êtes membre.
50:04Oui, je suis membre de cette association depuis très longtemps
50:08parce que j'adhère à cette idée.
50:10C'est une association qui développe et favorise la mixité dans le sport.
50:16J'étais très amie avec la présidente précédente,
50:19Marie-Françoise Potreau,
50:20qui est maintenant vice-présidente du CNOSF,
50:23mais qui a été DTN comme moi, on est collègues de travail depuis longtemps.
50:25Maintenant, c'est Emmanuelle Ducrot,
50:27qui est présidente depuis un mois ou deux.
50:30Et je travaille dans cette association.
50:32Je travaille bénévolement, je donne un peu de temps,
50:35parce que DTN, c'est beaucoup de travail.
50:36Je manage avec une autre collègue qui s'appelle Nathalie Janvier,
50:39qui est prof de PS et qui a été manager
50:41de l'équipe de France de rugby féminine pendant des années.
50:44Je manage un réseau d'ambassadrices.
50:46Elles sont réparties sur toute la France.
50:47Et ces dames, ces filles, nous contactent en disant,
50:50« J'aime vos valeurs, je veux participer,
50:52je veux faire des actions, je veux apporter ma pierre. »
50:55Donc, on les forme.
50:56Et ensuite, après, on les envoie assister à des conférences,
50:59parler de féminité, de mixité, pardon,
51:03organiser des actions aussi.
51:05Elles aiment ça et on fédère tout ce réseau.
51:09En plus, des actions de formation de dirigeantes
51:12que conduit Femix Sport.
51:13C'est génial tout ça.
51:15Et bravo, c'est pour ça aussi que vous êtes là aujourd'hui.
51:17Merci infiniment, Pascale, d'être passée nous voir.
51:19Merci à vous.
51:21Merci beaucoup.
51:22Au revoir.
51:23Merci et merci à vous qui nous regardez.
51:24Je vous souhaite une bonne fin de journée.
51:26Je vous donne rendez-vous très prochainement.
51:28Salut à tous. Merci encore.
51:43Sous-titrage Société Radio-Canada

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