Le dépôt des candidatures pour le second tour est clos depuis hier. Les 221 désistements pour faire barrage au Rassemblement national peuvent-ils faire basculer la balance d'un côté ou de l'autre ? L'analyse de notre éditorialiste politique, Matthieu Croissandeau.
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00:00Les 220 désistements pour faire barrage au RN peuvent-ils changer la donne dimanche soir ?
00:06Sur le papier, oui, les désistements de la gauche au profit du camp présidentiel
00:11et du camp présidentiel au profit de la gauche ont permis de diviser par 3 le nombre de triangulaires,
00:17ce qui permet sur le papier d'éviter un éparpillement des voix. Pourquoi ?
00:21En fait, ça va rendre la partie plus difficile pour les candidats du RN,
00:24qui vont devoir récolter en cas de duel plus de 50% des voix pour se faire élire,
00:29alors que quand il y a une triangulaire et que les voix, par exemple, se répartissent en 3 tiers,
00:33vous pouvez être élu avec seulement 35%.
00:35Par ailleurs, quand vous avez une forte participation, ce qu'on a vu dimanche dernier,
00:3950% c'est encore plus difficile à atteindre parce qu'il faut convaincre encore plus de gens.
00:44C'est une tactique qui a longtemps fonctionné par le passé
00:46pour empêcher les candidats d'extrême droite de se faire élire
00:49parce que les électeurs de chaque camp se reportaient sur le candidat du RN
00:53de façon assez automatique.
00:55Est-ce que ce RN fonctionne encore aujourd'hui ?
00:58Plus comme avant, pour trois raisons.
00:59D'abord, parce que les électeurs n'aiment plus se faire tordre le bras.
01:03Dans un sondage Elab pour BFMTV la semaine dernière,
01:06une majorité des électeurs Ensemble et une majorité des électeurs du Nouveau Front Populaire
01:10se déclaraient opposés à ces désistements.
01:12Vire 3 électeurs sur 4 expliquaient qu'ils ne suivraient aucune consigne de vote.
01:18Ça, c'est la première raison.
01:19La deuxième raison, c'est que le RN d'aujourd'hui
01:22n'a plus la même image que le RN d'hier.
01:25Il fait moins peur et il fait plus envie.
01:27La stratégie de dédiabolisation de Marine Le Pen a fonctionné.
01:31Aujourd'hui, le parti n'est plus considéré comme un danger pour la démocratie
01:34pour beaucoup de Français.
01:35Certains ont même envie d'essayer, c'est ce qu'on entend dans tous les reportages.
01:39La troisième et dernière raison, c'est qu'à l'inverse,
01:41les deux camps qui se sont désistés l'un pour l'autre n'ont cessé de se diaboliser.
01:45La gauche répète depuis deux ans qu'Emmanuel Macron est un président autoritaire,
01:50qui ne respecte pas la démocratie, qui fait voter des lois de liberticide.
01:53De l'autre côté, le camp présidentiel n'a cessé de dépeindre la gauche
01:58Guerre civile, a dit Emmanuel Macron il y a quelques jours,
02:00renvoyant le nouveau Front populaire et le RN dos à dos.
02:04Du coup, il est difficile à la fois pour la gauche et pour le camp présidentiel
02:08de dire que leurs désistements feront voter pour le candidat le moins pire.
02:12En fait, on a deux logiques qui s'affrontent.
02:13Une logique arithmétique sur le papier qui montre qu'avec les désistements,
02:17la majorité absolue sera difficile à obtenir pour le RN.
02:20Et puis, il y a une question de dynamique politique,
02:23celle enregistrée par le RN au premier tour,
02:27qui pourrait entraîner une confirmation, voire une amplification au second.
02:30La question qui se pose, c'est est-ce que le vote pour le RN
02:34sera plus élevé ou moins élevé que le vote contre le RN ?
02:38Réponse dimanche soir.