La Ve République à bout de souffle ?

  • le mois dernier
Avec Emmanuel Rivière, politologue, enseignant à Paris I et à Sciences-Po

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##C_EST_A_LA_UNE-2024-07-05##

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00:00Sud Radio, 7h13, c'est à la une, la crise politique que nous vivons, montre peut-être
00:05et bien les limites de notre cinquième république. Est-elle à bout de souffle ? A-t-elle encore un avenir ? Ces questions,
00:11on se les pose avec vous, Emmanuel Rivière. Bonjour !
00:14Bonjour ! Et merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio. Vous êtes politologue, enseignant parien, science-po également.
00:20Emmanuel Rivière, dans l'histoire de la cinquième république,
00:22on en a vécu des crises politiques, de nombreuses crises. En quoi est-elle différente celle que nous vivons actuellement ?
00:30Oui, c'est vrai qu'on a vécu de nombreuses crises et surtout on a vécu des années avec
00:36des réponses des français, quand on les interroge sur leurs institutions, sur la vie politique,
00:41qui sont un petit peu alarmantes. Est-ce qu'on peut se satisfaire d'un pays où
00:4570% des gens disent durablement que la démocratie fonctionne mal ou 80% disent que les hommes politiques se
00:53préoccupent pas de ce que les gens pensent. Mais ça pouvait tenir, ça pouvait tenir ça quand
01:00les élections, parce qu'en fait la crise elle est au moins démocratique,
01:04je ne sais pas si elle est institutionnelle, elle est au moins démocratique, et ce qui est censé résoudre une crise démocratique
01:09ou donner satisfaction à une démocratie sont les élections qui permettent de se sentir
01:15représenté. Et cela, c'est vrai, on est rentré dans quelque chose de nouveau depuis quelques années, mais depuis
01:21par l'éruption d'Emmanuel Macron. Je vais être extrêmement schématique, si vous le permettez.
01:27Tant que le paysage politique se résumait en un affrontement entre la gauche et la droite,
01:34c'était à peu près le cas pendant 50 ans de la Vème République,
01:38vous aviez une élection, l'élection phare, la présidentielle, où ces deux camps s'affrontaient. Il n'y a eu qu'une exception entre
01:451974 et 2012, c'était 2002, ces deux camps s'affrontaient au second tour.
01:49Et à l'issue de ce second tour, vous aviez une petite moitié des français mécontents et déçus,
01:55le camp des perdants, mais qui disaient, ok, on est minoritaire, ils sont majoritaires. On est arrivé à
02:02un autre schéma aujourd'hui, une espèce de tripartition du paysage politique. Très bien, le dépassement, est-ce que finalement
02:10cette frontière entre la gauche et la droite était un peu artificielle ? En tout cas, la situation est là. Il y a une gauche, une droite, un centre.
02:17Et si vous gardez les mêmes
02:20fonctionnements démocratiques, les mêmes types d'élections, et notamment la présidentielle, vous n'avez pas une moitié de déçus, mais quasiment deux tiers de déçus
02:27à l'issue de la présidentielle. C'est ce niveau de mécontentement-là aussi, dont on a hérité, et qui s'est vraiment cristallisé en 2022.
02:36Pour moi, 2022 ont vraiment été les élections qui ont enterriné le fait qu'il n'y avait plus le consentement de la minorité
02:43aux faits majoritaires, parce que ce fait majoritaire n'était pas tant que ça.
02:47Mais c'est ce qu'a voulu aussi Emmanuel Macron, d'une certaine manière, justement, un peu
02:52finalement mettre fin à ces clivages traditionnels.
02:56Oui, mais d'une manière très traditionnelle. Alors, on ne veut pas le blâmer spécialement lui, mais finalement les constats que j'ai annoncés tout à l'heure,
03:03le défiance à l'égard des politiques, le fait qu'on ait le record d'Europe,
03:06de la mauvaise image des partis politiques, etc.
03:10Finalement, chaque responsable politique qui prétendait à la présidentielle disait « Non, mais avec moi ce sera mieux parce que je suis meilleur. »
03:17Et en fait, non, il y a un vrai problème démocratique dans ce pays, d'ailleurs avec
03:22les Gilets jaunes, on peut aussi le lire comme ça, comme
03:26fondamentalement un problème démocratique de gens qui disent « Là-haut, on prend des décisions qui nous font du mal, qui ne sont pas adaptées, qui ne fonctionnent même pas,
03:34et sans jamais nous consulter, se préoccuper de ce qu'est véritablement notre vie. » Donc, c'est un petit peu ça qu'il faut arriver à revitaliser et
03:42je crois que la grande messe présidentielle
03:45ne fonctionne plus. D'ailleurs, ça se voit à un indicateur, c'est que les présidents qu'on élit en gros depuis le début du siècle
03:51sont beaucoup plus impopulaires que les présidents qu'on élisait et ils sont beaucoup plus impopulaires plus vite.
03:57Alors, Emmanuel Rivière, je vous posais la question très directement, crise démocratique, vous l'avez dit, est-ce qu'on est sur une crise de régime ?
04:04Est-ce que, d'une certaine manière, la Ve République a atteint ses limites ? Est-ce que ces jours sont comptés ?
04:09Il me semble qu'on est peut-être en train de rentrer, sans le dire, dans une forme de sixième république. On verra ce qui se passe dimanche, on verra s'il y a une majorité trouvable au Parlement et si ce n'est pas le cas, il va falloir peut-être inventer quelque chose, et on ne va pas être complètement dans l'inconnu.
04:30Il faudra juste regarder ce qui se passe autour de nous.
04:34Quand on évoque ces chambres où il n'y a pas de majorité claire, on revient à la quatrième, la troisième république, il ne suffit pas de regarder ce qui se passe en Allemagne, ce qui se passe aux Pays-Bas, ce qui se passe dans la plupart des systèmes parlementaires de l'Union Européenne, où il n'y a pas beaucoup plus de facilité à trouver des majorités évidentes, et on les construit.
04:56Mais c'est vrai que c'est un tout autre schéma où il va falloir peut-être désapprendre, et du coup effectivement quelque part changer de régime, cette espèce de grand soir où par la magie de la désignation d'un homme providentiel, on pourrait dire d'une femme, mais ça n'a jamais été une femme à l'Élysée, tout d'un coup tout va changer, et on a ce moment béni les 100 jours, etc.
05:20Tout ça c'est un petit peu une mythologie je pense, auquel les gens ne croient plus. Alors je ne sais pas, moi je ne suis pas un constitutionnaliste, s'il faut changer les institutions ou le mode de scrutin, mais des changements finalement potentiellement pas si importants que ça des institutions, ne sera-t-ce que le mode de scrutin à l'Assemblée Nationale, pourrait nous faire rentrer dans une culture politique complètement différente, mais ça suppose aussi effectivement de changer la culture politique.
05:46Avec potentiellement, j'imagine que vous faites référence à ça, mais une possible proportionnelle, effectivement.
05:52La proportionnelle en fait changerait probablement tout, parce que le schéma habituel, on élit un Président de la République, donc il est censé représenter la moitié des Français, mais en fait une fois deuxième tour est souvent achevée par défaut, puis ensuite on lui donne une majorité à l'Assemblée,
06:07ce serait complètement revisité, si l'Assemblée était plus représentative de ce qu'est la situation et les attentes du peuple.
06:16Merci beaucoup d'avoir été avec nous Emmanuel Rivière, merci pour votre décryptage politologue, enseignant à Paris 1 et à Sciences Po, très bonne journée à vous.

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