À l'approche des Jeux olympiques de Paris 2024, André Bercoff et Céline Alonzo reçoivent Sébastien Chesbeuf, lanceur d'alerte, et Thierry Vildari, journaliste d'investigation au service des sports de France Télévisions. Ensemble, ils publient "La face cachée des JO" aux éditions JC Lattès, une enquête inédite qui révèle les coulisses du plus grand événement sportif mondial.
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##LA_CULTURE_DANS_TOUS_SES_ETATS-2024-07-05##
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00:00SUDRADIO, la culture dans tous ses états. André Bercoff, Céline Alonso.
00:06...
00:20L'hymne officiel des JO sur SUDRADIO, André Bercoff.
00:23La cérémonie d'ouverture aura lieu précisément dans 3 semaines.
00:27Et aujourd'hui sur SUDRADIO, c'est une enquête implacable sur les dessous des jeux olympiques et paralympiques dont nous allons parler, André, avec nos invités.
00:35Oui, oui, j'adore parce qu'on nous parle toujours, et c'est merveilleux, c'est vrai, le sport, la glorieuse incertitude, les Olympiades, la Grèce antique, on est là.
00:46C'est très, très bien de parler des performances sportives et vive le sport, d'ailleurs, dans tous ses états.
00:52Mais aussi, justement, il y a d'autres choses. Il y a d'autres choses. Il y a la face cachée des jeux olympiques.
00:59Alors vous allez me dire, comment ? Comment ? L'univers du sport, il n'est fait que de pureté, il n'est fait que de grands sentiments, de noblesse, d'audace, etc.
01:08Mais il y a des choses, par exemple, nous attendions, rappelez-vous, qu'un Hidalgo aille plonger dans la scène pour montrer à quel point la scène était dépolluée et pure.
01:19Enfin, nous avions tout cela, tout cela, et puis on ne sait plus. Et puis voilà que paraît un livre, Céline, de Sébastien Chesseboeuf, c'est ça ?
01:28Jean-François Laville et Thierry Villarry, et ils nous parlent bien de choses, de coulisses, dont peu de gens avaient entendu parler.
01:37Et oui, il faut en parler aussi. Vous savez, il y a la lumière et l'ombre, mais l'ombre, elle renseigne quelquefois beaucoup plus que la lumière.
01:46Alors, qu'est-ce qui se passe ? Comment ça s'est passé au niveau du budget, au niveau des grandes manœuvres, au niveau de ce que ça va nous coûter,
01:56et surtout, et surtout, au niveau de cette organisation et de cette gestion des Jeux Olympiques, Céline ?
02:02Et oui, une gestion qu'on peut qualifier parfois d'amateur. On va en parler dans un instant sur Sud Radio.
02:09Alors restez avec nous, la face cachée des JO, c'est tout de suite.
02:14Sud Radio, la culture dans tous ses états. André Bercoff, Céline Alonso.
02:35Ariel Dombal qui chantera cet hymne lors de l'arrivée de la flamme olympique à Paris le 14 juillet.
02:41André Bercoff, soit 12 jours avant la cérémonie d'ouverture des JO qui ne cesse de faire polémique.
02:46Nous allons en parler avec Sébastien Chesseboeuf et Thierry Vildari qui publient la face cachée des JO chez La Tess.
02:53André, alors bonjour à vous. Thierry Vildari, vous êtes journaliste d'investigation au service des sports de France Télévisions.
03:00Sébastien Chesseboeuf, après 4 ans au sein des équipes du comité d'organisation de Paris 2024, vous avez été licencié assez brutalement, on peut le dire, en février 2020.
03:09Pour avoir dénoncé des abus, racontez-nous lesquels.
03:14Écoutez, d'abord merci de nous recevoir. J'ai effectivement été responsable des relations institutionnelles de Paris 2024, donc du comité d'organisation, jusqu'en 2020.
03:23Où j'ai été licencié. Les raisons invoquées par Paris 2024 pour mon licenciement étaient perte de confiance et de loyauté.
03:32J'ai saisi le tribunal des prud'hommes. Le tribunal des prud'hommes a condamné Paris 2024 pour licenciement abusif sans cause réelle et sérieuse.
03:40Et j'ai donc interjeté appel auprès de la cour d'appel de Paris pour faire reconnaître mon statut de lanceur d'alerte.
03:46Parce que les véritables raisons de mon licenciement ont été les alertes formulées tout au long de mon expérience au sein de Paris 2024.
03:53Alors quelles alertes ?
03:55Il y avait de trois ordres. Essentiellement des dysfonctionnements au niveau de la gouvernance du comité d'organisation.
04:03Des risques de dépassement budgétaire et un manque de transparence avec les pouvoirs publics.
04:09C'est-à-dire que des décisions ont été prises par le comité d'organisation sans forcément les partager avec les pouvoirs publics.
04:14Et vous avez informé la direction du comité. L'État a été informé de toutes vos alertes.
04:20Oui tout à fait. Alors j'ai eu au cours de ces quatre années deux directrices successives qui ne sont restées en poste que six mois chacune.
04:27Dont une est aujourd'hui secrétaire générale de la cour des comptes.
04:31Elles ne sont restées que six mois parce qu'elles se sont rendu compte évidemment des dysfonctionnements en interne.
04:36Et que précisément elles ne validaient pas ces dysfonctionnements. Donc elles sont parties.
04:41Et moi j'ai effectivement formulé des alertes auprès d'abord de mes directrices.
04:46Auprès du directeur général et du président. Donc d'Étienne Taubois, directeur général du comité d'organisation.
04:53Et Tony Estanguet, président du comité d'organisation.
04:56Et voyant que ces alertes n'étaient pas suivies des faits, j'ai, ce qui était dans mon rôle, échangé avec les contrôleurs généraux économiques et financiers de Bercy.
05:04Qui eux-mêmes faisaient remonter ces alertes auprès de la délégation interministérielle au jeu qui était à l'époque pilotée par Jean Castex.
05:12Et vous le racontez effectivement que Jean Castex avait conscience à partager toutes vos inquiétudes.
05:18Qu'est-ce qui fait qu'il ne vous a pas entendu ? Personne ne vous a entendu en quelque sorte ?
05:22C'est encore une question que je me pose aujourd'hui.
05:24Et c'est un peu aussi l'objet de ce livre co-écrit encore une fois avec Thierry et avec Jean-François.
05:29Parce que si effectivement il y a une responsabilité qui incombe au comité d'organisation.
05:34Il y a une responsabilité aussi importante qui incombe au pouvoir public.
05:38Parce qu'à notre sens et au regard des alertes qui ont été formulées et répercutées par la Cour des comptes.
05:44Je pense que les pouvoirs publics auraient dû se saisir plus tôt du dossier de l'organisation.
05:50Et en tout cas, davantage contrôler ce qui était fait.
05:53Et oui, effectivement, vous le dites précisément dans votre livre.
05:55Le comité d'organisation des jeux n'est pas le seul responsable de tous les mots que vous avez dénoncés.
05:59La part de responsabilité des pouvoirs publics est bien trop lourde de conséquences pour être passé sous silence.
06:04Racontez-nous précisément ce qui s'est passé.
06:06De quoi s'agit-il ? Quels sont ses dysfonctionnements dans le concret ?
06:10Parce que vous avez parlé de...
06:11Alors justement avec Céline, quand Céline préparait cette émission avec moi.
06:15Ce qui m'a frappé, c'est cette association loi 1901 et la Cour des comptes.
06:21Alors j'ai entendu quelque chose qui m'a quand même assez halluciné.
06:25C'est que si vous êtes l'association 1901, vous ne pouvez pas être contrôlé par la Cour des comptes.
06:30Alors, c'est pas exactement ça.
06:31C'est plus compliqué.
06:32Expliquez-nous.
06:33En fait, à notre sens, le péché originel, ce qu'on appelle le péché originel,
06:38c'est effectivement le choix du statut du comité d'organisation.
06:42Lorsqu'on était en phase de campagne pour avoir l'organisation des Jeux,
06:48le comité de candidature était sous le format de GIP, groupement d'intérêt public.
06:53D'accord.
06:54Et lorsqu'on passe, une fois qu'on a gagné les Jeux et qu'on passe en phase d'organisation,
06:59à ce moment-là, le choix du statut s'oppose et le comité d'organisation,
07:04donc l'exécutif du comité d'organisation,
07:06donc Tony Estanguet, Étienne Taubois et d'autres,
07:08militent pour que le choix associatif soit retenu.
07:12C'est-à-dire qu'ils voulaient que le comité d'organisation
07:15soit régi par le statut loi 1901 d'association de droit privé.
07:19Pour quelle raison ?
07:20Attendez, sans profit.
07:22C'est une association non-profit, comme on dit aux Américains.
07:25Exactement.
07:26Mais le vrai souci, c'est que les contrôles effectués par la Cour des comptes
07:32et le contrôle général économique et financier de Bercy
07:36n'est pas du tout le même sur un groupement d'intérêt public
07:40que sur une association loi 1901, une association de droit privé.
07:44Et en réalité, la marge de manœuvre laissée à l'exécutif du comité d'organisation
07:50sous statut association de droit privé,
07:53la marge de manœuvre est beaucoup plus importante
07:57que si on avait été sous statut juridique de groupement d'intérêt public.
08:02Je vous donne un exemple très concret.
08:04Le règlement intérieur et financier qui a été mis en place
08:08par le comité d'organisation, encore une fois sous statut association loi 1901,
08:13permet, et c'est le cas encore aujourd'hui,
08:16de passer des marchés pour des prestataires, par exemple, en communication,
08:21de tout ce qui est inférieur à un million d'euros
08:25peut être passé sans aucun contrôle.
08:28– Ah d'accord, aucun contrôle ? – Aucun contrôle.
08:30C'est-à-dire que les contrôleurs généraux économiques et financiers
08:33ne sont pas du tout saisis et on ne soumet pas les marchés
08:37aux contrôleurs généraux économiques et financiers
08:39sous la barre des un million d'euros.
08:41– D'accord. Et quoi d'autre ?
08:43C'est-à-dire qu'il y a une marge de manœuvre ?
08:46Enfin, on peut faire un peu ce qu'on veut au-dessous d'une certaine somme.
08:49– Un autre exemple, il est arrivé fréquemment
08:51que ces mêmes contrôleurs généraux économiques et financiers
08:54demandent des pièces sur certains marchés qui étaient attribués
08:57et que, précisément, l'exécutif du comité d'organisation
09:01se réfugie derrière ce statut d'association de droit privé
09:04pour dire mais nous n'avons pas, légalement, juridiquement,
09:07à vous transmettre ces pièces.
09:09Alors que si on avait été sous statut de groupement d'intérêt public,
09:13la question ne se posait même pas.
09:15Et la réalité, c'est ce qui a posé problème au départ
09:18parce que les contrôleurs généraux économiques et financiers,
09:21la Cour des comptes était habituée à suivre
09:23tout ce qui se faisait en phase candidature
09:25puisque nous étions sous statut juridique
09:28du groupement d'intérêt public.
09:30Et lorsqu'on est passé en comité d'organisation,
09:32statut de loi 1901, association de droit privé,
09:34ils n'avaient plus accès aux mêmes pièces.
09:36– Oui, mais là, cette association,
09:38elle brasse plus de 8 milliards d'euros, c'est ça ?
09:42Et des milliards d'argent public.
09:44– Alors, le budget auquel vous faites référence,
09:47qui est de 8,8 milliards d'euros.
09:49– C'est un budget provisoire ?
09:51– Ah non, c'est le budget qui regroupe
09:53les deux établissements en charge des Jeux.
09:55Il y a un établissement public qui est la Solidéo,
09:58qui est la société de livraison des ouvrages olympiques
10:01et qui, elle, est en charge des infrastructures du pérenne.
10:04– Les équipements, les terrains, etc.
10:06– Exactement, et vous avez le comité d'organisation
10:08qui, lui, est en charge de l'organisation des épreuves.
10:10Ça veut dire quoi ?
10:11Ça veut dire que, grosso modo,
10:13on a un budget de 8-8 qui est scindé en deux.
10:16– C'est ça.
10:17– Alors qu'au départ, on partait sur un budget initial
10:19de 6,6 milliards d'euros,
10:21on est donc aujourd'hui à un budget officiel de 8,8 milliards d'euros.
10:25– Deux milliards d'euros en plus.
10:26– Deux milliards d'euros en plus, précision importante,
10:29hors budget sécurité et hors budget transport.
10:32– D'accord.
10:33– Et avec une précision qui est importante aussi,
10:38la part d'argent public dans cette histoire,
10:42parce que le président de la Cour des comptes,
10:44Pierre Moscovici, qui, encore une fois,
10:46la Cour des comptes a fait un travail remarquable
10:48sur le suivi du comité d'organisation,
10:51avec ses moyens, qui étaient limités,
10:53puisque je viens de vous l'expliquer,
10:56Pierre Moscovici, le 26 mars dernier,
10:58a dit que la contribution d'argent public au dossier des JO
11:03allait être comprise entre 3 et 5 milliards d'euros.
11:07– Eh oui, c'est incroyable.
11:09– C'est du contribuable.
11:10– Exactement.
11:12– Moi, j'aimerais qu'on revienne surtout sur la facture.
11:15Tony Estanguet, il est payé 300 000 euros par an.
11:19En France, comment fait-on pour payer un président d'association
11:22à ce tarif-là ?
11:23Ça paraît indécent.
11:24Thierry Vilgaris, si vous pouvez nous expliquer cela, s'il vous plaît.
11:29– Alors, comment on fait ?
11:32On engage un cabinet spécialisé en droits associatifs
11:37pour voir de quelle manière on peut aller à la lisière
11:40de ce qui est permis par le droit en France pour arriver à ça.
11:45Et comme un président ne peut pas être payé à ce tarif,
11:49le maximum que l'on puisse payer à un président dans une association,
11:53c'est environ 11 000 euros, brut.
11:56– Un mois.
11:57– Ce qui est un salaire de ministre.
11:59– Oui.
12:00– Voilà.
12:01Bon, Tony Estanguet et le comité d'organisation
12:03ont estimé que payer un président d'association au niveau d'un ministre,
12:09ça n'était pas assez, ça n'était pas reconnaître sa valeur.
12:13Donc ils ont engagé un cabinet qui a fait une étude
12:16et qui est arrivé à la conclusion qu'en fait,
12:18il fallait que Tony Estanguet soit un président,
12:21mais un président en même temps entrepreneur
12:25qui facture ses prestations de président à l'association.
12:30Et dans ce cas-là, ils estiment, le PNF se pose la question,
12:34le parquet national financier, les magistrats, eux, se posent la question.
12:37– C'est illégal ce statut, c'est ça le… ouais.
12:40– C'est la question que se posent actuellement
12:42les magistrats du parquet national financier
12:44qui ont ouvert une enquête préliminaire à ce sujet.
12:47Donc, mais actuellement, Tony Estanguet, depuis 2020,
12:54facture chaque mois sa prestation,
12:57quand on a découvert ça, je vais vous dire,
13:00on est tombé de notre chaise.
13:02– Non mais c'est, attendez, c'est extraordinaire.
13:04Pardon Thierry Bidari, vous voulez dire que c'est un cabinet de conseil,
13:10privé bien sûr, qui a décidé de lui-même
13:13que Tony Estanguet devait être payé trois fois Gabriel Attal,
13:18ou un de ses ministres ?
13:19– Voilà, non, il y a un cabinet d'avocats qui a fait une étude,
13:23qui a été fourni au comité des salaires de Paris 2024,
13:27qui a décidé qu'effectivement, il leur a dit, c'est légal,
13:32ça peut être légal, ça serait éventuellement légal,
13:35ou on est sûr que c'est légal,
13:37et qui ont donc décidé de valider ce montage financier qui est unique,
13:44qui est que c'est un président, en quelque sorte,
13:47intermittent du spectacle, qui facture pour être président
13:52et pour représenter Paris 2024, voilà.
13:55À mon sens, c'est un cas unique en France.
13:59– Un peu unique, non ?
14:01– Un peu unique, oui.
14:03– Alors justement, est-ce qu'on peut dire que tout cela explique,
14:06en quelque sorte, les perquisitions qui ont eu lieu en septembre 2023
14:09au siège du comité olympique, et chez le directeur général
14:12et le directeur des opérations de Paris 2024 ?
14:15– Alors, ce dossier-là est à part, il y a quatre enquêtes en tout, actuellement.
14:23C'est une première dans l'histoire olympique,
14:26puisque ce n'est pas la première fois que des juges sont amenés à enquêter
14:30sur soit des attributions de candidature, des achats de voix,
14:34soit des malversations au cours de l'organisation.
14:37C'était le cas à Rio, par exemple, c'était le cas à Tokyo plus récemment,
14:41mais c'est la première fois qu'il y a des perquisitions
14:44par des policiers, ordonnées par des magistrats,
14:47avant même que se tiennent les Jeux olympiques.
14:50Ça porte essentiellement sur des suspicions d'attribution de marché
14:56ou d'intérêts croisés, c'est-à-dire de personnes
14:59qui ont été dans des sociétés, qui ont bénéficié,
15:05qui se sont vues attribuer des marchés par Paris 2024,
15:08et puis quelques temps après, qui ont été embauchées par Paris 2024
15:11à des postes où ils ont théoriquement un devoir de contrôle
15:15de ces marchés qu'ils ont obtenus quelques jours, quelques semaines,
15:18quelques mois plus tôt.
15:20Encore une fois, il y a la présomption d'innocence,
15:23on peut en faire clair avec ça, personne n'est condamné,
15:26mais en tout cas, il y a suffisamment d'éléments
15:28qui ont été dans un premier temps pointés par l'Agence française anticorruption
15:32pour que les magistrats du parquet national financier,
15:37qui ne sont pas, je dirais, il n'y a pas de grands et de petits magistrats,
15:41mais il y a des magistrats qui sont plus spécialisés que d'autres
15:44dans les délits financiers, et eux, c'est leur travail exclusif.
15:47Quand ils décident d'ouvrir des enquêtes préliminaires,
15:50ça veut dire qu'ils ont des questions, ils ont matière à poser.
15:55Incroyable, comment les pouvoirs publics ont-ils pu laisser faire ça ?
15:59C'est vraiment incroyable.
16:01C'est la question à 14 milliards.
16:04Oui, c'est ça.
16:05Parmi les nombreux exemples de dérive budgétaire que vous citez dans votre livre,
16:09il y a celui-ci, 12 millions d'euros investis dans la dépollution
16:12d'un terrain à la Courneuve où devaient avoir lieu les épreuves de tir.
16:15Au final, ce terrain ne servira que de point de départ du paramarathon.
16:21Qu'est-ce qui s'est passé ?
16:23Là, on revient à l'origine du dossier.
16:25Dans le dossier de candidature, les experts du COJO
16:29commencent à travailler sur la répartition, la carte des sites.
16:33Et très vite, ils arrêtent l'épreuve de tir olympique
16:38pour la mettre sur ce qu'on appelle le terrain des essences à la Courneuve,
16:43qui est un terrain où étaient stockés des hydrocarbures
16:47pendant des années, jusqu'en 2002, je crois.
16:50Pour pouvoir réaliser les infrastructures et cette compétition de tir,
16:55il faut procéder à la dépollution du site.
16:58Cette dépollution coûte 12 millions d'euros.
17:02On part sur ce schéma-là.
17:06Les travaux s'engagent de dépollution.
17:09Au retour des Jeux Olympiques de Tokyo,
17:13probablement parce que les gens de Paris 2024 se rendent compte
17:18que le stand de tir à Tokyo était beaucoup plus grand
17:22que celui retenu à la Courneuve,
17:24on se rend compte qu'il manque 3 hectares en superficie.
17:27Ils essayent de les grappiller comme ils peuvent,
17:30mais à proximité, il y a des réserves pour les oiseaux.
17:34C'est problématique.
17:37Très vite, on abandonne l'idée de la Courneuve
17:43et le tir part à Châteauroux.
17:47Sauf qu'on a investi 12 millions d'euros dans la dépollution du site.
17:51Il faut bien en faire quelque chose.
17:54L'argent qui a été investi, c'est de l'argent public de la Solidéo.
17:58Donc il faut justifier cette dépense de 12 millions d'euros.
18:02En urgence, on trouve l'idée de faire partir le marathon du terrain des essences.
18:08Ça rentre dans le cadre de ce qui est autorisé.
18:11Hallucinant que vous racontez dans votre livre.
18:13À la Concorde à Paris, un stade temporaire a été construit
18:15pour accueillir les sports urbains.
18:17L'enveloppe sécurité est de plus de 100 millions d'euros.
18:20Vous dites que personne n'avait prévu de payer cette facture.
18:23Comment est-ce possible ?
18:25On est en décembre 2019.
18:27L'idée naît de regrouper les sports urbains
18:31sur un stade temporaire Place de la Concorde,
18:34qu'on appelle le parc urbain.
18:36Sauf qu'on réalise très vite, au regard des études qui sont réalisées,
18:41que le surcoût sécurité va être important.
18:44Au moment de la préparation du conseil d'administration,
18:47je m'en ouvre au directeur général et je lui dis
18:49« Étienne, on a un souci, c'est que tu veux faire passer cette délibération
18:54lors du prochain conseil d'administration.
18:56Sauf qu'aujourd'hui, on n'est pas en capacité de payer le surplus sécurité
19:01et l'État ne s'est engagé qu'à payer ce qui était prévu.
19:06Ce parc n'étant pas prévu, c'est pas bon. »
19:09Là, il me dit « C'est pas grave, on va faire voter cette délibération
19:14parce qu'une fois qu'elle sera votée, l'État ne pourra pas faire autrement
19:17que de payer. »
19:19Ce qui est surprenant dans cette affaire,
19:21c'est que je n'ai pas été le seul à le signaler à l'époque.
19:24Jean Castex, délégué interministériel aux Jeux encore une fois
19:27et futur Premier ministre,
19:29adresse un mail quelques jours avant le conseil d'administration
19:32pour dire « N'est-il pas prématuré de voter ce site Place de la Concorde
19:37alors qu'on ne sait pas combien ça va coûter ? »
19:39Incroyable.
19:41Alors même qu'il n'a pas de réponse à cette question,
19:45dix jours plus tard, au moment du vote,
19:47il vote en faveur de la Place de la Concorde.
19:50Incroyable. On peut dire que l'amateurisme...
19:53C'est exactement ce qu'on écrit dans le livre.
19:55Le mode de fonctionnement n'a été que celui-là
19:59dans les nombreux exemples qu'on a et qu'on donne dans le livre
20:02sur le choix des sites.
20:04La Place de la Concorde, la cérémonie d'ouverture, c'est exactement la même.
20:07Le surf, ça a été la même. Il n'y a pas eu d'étude d'impact au préalable.
20:10On a décidé ça comme ça et après on voit comment on s'organise et comment on gère.
20:14On fera « on ira » et puis l'État payera quoi qu'il en coûte.
20:16C'est exactement ça.
20:17Ce n'est pas cher, c'est l'État qui paye.
20:19Rappelez-vous à l'ancien président de la République.
20:21La cérémonie d'ouverture, centaines de milliers de personnes sont attendues le 26 juillet.
20:27Des professionnels de la sécurité vous ont dit avoir interdit à leur famille d'y assister.
20:32Alors est-ce une folie criminelle de la maintenir comme l'a dit l'expert Alain Bauer ?
20:37On va en parler dans un instant sur Sud Radio, alors restez avec nous.
20:42Sud Radio, la culture dans tous ses états.
20:44André Bercoff, Céline Alonso.
20:46La Seine a de la chance, elle n'a pas de soucis.
20:49Elle se la coule douce, le jour comme la nuit.
20:52Et elle sort de sa source, tout doucement, sans bruit, et sans se faire de mousse, sans sortir de son lit.
20:59Elle s'en va vers la mer, en passant par Paris.
21:02La Seine a de la chance, elle n'a pas de soucis.
21:06Et quand elle se promène tout le long de ses quais, avec sa belle robe verte et ses lumières dorées,
21:12Notre Dame, jalouse, immobile et sévère, du haut de toutes ses pierres, la regarde de travers.
21:19Et oui, la Seine n'a pas de soucis, mais ça c'était avant.
21:22Et la merveilleuse voix de Jeanne Moreau.
21:23Exactement, ça c'était en 1945, date à laquelle Jacques Prévert a écrit ce sublime poème.
21:29Alors aujourd'hui, la Seine et ses quais inquiètent les plus grands experts en sécurité, Sébastien Chesseboeuf et Thierry Vildari.
21:36La cérémonie d'ouverture des Jeux devrait avoir lieu donc dans trois semaines sur ce fleuve.
21:40À Paris, le choix de ce lieu, Thierry Vildari, est une première dans l'histoire des JO ?
21:47Oui, absolument. C'est la première fois qu'une cérémonie d'ouverture sort d'un stade.
21:54L'idée est certainement apparue lors des Jeux Olympiques de la jeunesse à Buenos Aires,
22:00avec une parade qui avait lieu dans l'artère principale de Buenos Aires, avec la place du 5 mai à Buenos Aires.
22:11Et là, le président du CIO, Thomas Barre, a été séduit par cette affaire.
22:17L'idée a fait son chemin et elle a été vendue ensuite par les organisateurs de Paris 2024 au président Macron,
22:24qui a dit publiquement « j'ai trouvé l'idée folle donc j'ai dit Banco ».
22:29Il aime ça, il aime ça.
22:31On ne s'imaginait pas à l'époque que c'était la première d'une série d'idées folles qui lui venait à l'esprit
22:36et à laquelle il disait Banco et Lico.
22:39La dernière est assez récente, elle fait encore beaucoup plus de bruit que ça.
22:42Alors ce lieu a été… Pardon, excusez-moi.
22:45Allez-y, allez-y.
22:46Et donc, quand la première chose, alors Sébastien parlait tout à l'heure d'idées qui sont lancées comme ça,
22:55un peu comme des pièces en l'air, sans aucune espèce, il faut quand même bien l'entendre,
23:05sans aucune espèce d'études préalables.
23:09On annonce la tenue de cette cérémonie sur la scène, sans aucune étude.
23:14Les yeux bandés.
23:15Eh oui, mais le problème aujourd'hui, est-on en capacité d'assurer la sûreté d'un tel événement le 4 janvier ?
23:21Le journal L'Express a révélé que Didier Lallement, ancien préfet de police,
23:24aurait dit devant Anne Hidalgo et le comité olympique « Vous êtes tous fous ».
23:29Depuis, personne ne l'a contredit.
23:31Personne.
23:32Non, mais en off, tous les gens de la sécurité, dont c'est le métier, du bas de l'échelle jusqu'au sommet
23:41sont tous opposés à ça encore aujourd'hui.
23:45Encore aujourd'hui, même si personne n'ose le dire officiellement.
23:48On est à trois semaines, personne ne peut vous assurer que ça va se tenir.
23:51C'est clair.
23:52Aujourd'hui, à l'heure où l'on parle, personne ne vous a assuré que ça peut se passer ?
23:57De façon très concrète, si la cérémonie avait lieu aujourd'hui, elle ne pourrait pas avoir lieu sur la scène.
24:04Ne serait-ce que par rapport à la navigabilité.
24:07Aujourd'hui, c'est impossible.
24:09C'est pour ça que les répétitions...
24:12Trop de courant.
24:13Exactement.
24:14Les répétitions étaient remises à plus tard, puisqu'il devait y avoir une répétition encore la semaine dernière et elle n'a pas eu lieu.
24:20Le président de la République lui-même l'a précisé en décembre à la télé.
24:27Il l'a rappelé au printemps, lors d'une matinale.
24:32Il a dit qu'effectivement, on travaillait sur des plans B, sur des plans C, sur des plans D.
24:38Il a aussi un peu contredit Tony Distanguet, qui depuis le départ, laissait entendre qu'il n'y avait qu'un plan A,
24:43et que tout le monde travaillait sur ce plan A.
24:45Le président de la République dément.
24:47Il a même dit que ce serait au Trocadéro.
24:49Il y a plusieurs options.
24:50Si la scène n'est pas pratiquable à ce moment-là, ou pour des raisons de sécurité,
24:54il y aurait un plan B qui consisterait à rapatrier la cérémonie sur la place du Trocadéro.
25:00La pire des hypothèses serait de rapatrier ça au Stade de France,
25:04dans une cérémonie purement protocolaire, où le président de la République se contenterait de décréter les jours ouverts.
25:08Ou alors à l'Elysée en musique.
25:10On pourrait faire ça aussi en musique à l'Elysée.
25:12Ce serait pas mal.
25:14J'ai envie de vous poser une question.
25:16Parce que je crois qu'en fait, personne ne mesure vraiment la responsabilité ou l'irresponsabilité,
25:24il faut quand même le dire à un moment, des gens qui organisent cette manifestation.
25:28Quand vous engagez des centaines de millions d'euros,
25:31des millions d'heures de fonctionnaires,
25:35qui travaillent uniquement là-dessus depuis maintenant des mois et plus d'une année.
25:41Ce sont des gens qui sont consacrés à ça, sur une folie, sur 13 kilomètres de berge,
25:46si on compte les îles en même temps.
25:48Que vous n'êtes pas capable de produire les chiffres cohérents de jauge.
25:54Vous passez d'un million à 600 000 pour finir à 300 000.
25:57Que vous n'êtes pas capable de dire, on organise ça, on réduit un peu l'ampleur,
26:04et puis on a des plans B.
26:06Que vous n'êtes pas capable de dire que sur le triathlon, si la scène n'est pas baignable,
26:09ça se transformera en duathlon, etc.
26:12Est-ce que vous êtes un organisateur responsable ?
26:19Thierry Billary, moi je vais vous dire,
26:21vous savez que nous sommes des millions à être extrêmement frustrés.
26:24Nous attendions le 23 juin qu'Anne Hidalgo, la mère que le monde entier nous envie,
26:28fasse sa baignoire, se baigne, se baptise même, comme au Jourdain,
26:33quoi qu'elle soit là avec tout le monde.
26:34Rien !
26:36Juste un mot, pardon.
26:37Est-ce que la scène aujourd'hui, elle est baignable ou pas ?
26:41À l'heure où on parle, aujourd'hui, vraiment pas.
26:43Elle ne l'est pas.
26:44Elle ne l'est pas ?
26:45Elle ne l'est pas.
26:46C'est-à-dire que la scène aujourd'hui, on ne peut pas y plonger sans risque ?
26:48Non.
26:49Les dernières études, et notamment les dernières dates de la semaine dernière,
26:52je crois que c'est Surfrider qui a dû faire des prélèvements,
26:55ils ont confirmé que c'était 5 fois supérieur au taux acceptable pour la baignade.
27:01Raison.
27:02Oui, d'accord.
27:03Pour la tenue de compétition, en combinaison.
27:08Oui, c'est ça, oui.
27:09Il faut le préciser, oui, absolument.
27:11Alors la jauge, effectivement, évalue à 320 000 personnes sur les bords de scène.
27:15Vous le dites, c'est 4 stades de France.
27:18Comment vont-ils réussir à gérer les flux d'entrée, les flux de sortie,
27:22et à réduire les temps d'attente ?
27:24Ça paraît une folie.
27:25Est-ce que c'est réalisable ou pas ?
27:27Écoutez, finalement, nous on a fait un peu un travail, je dirais, en amont,
27:34sans savoir ce qui allait sortir après, puisqu'on a bouclé le livre,
27:37même s'il est sorti début mai, on a bouclé le livre fin avril.
27:40Donc on a fait des calculs, on a demandé à des spécialistes
27:43comment on contrôle 300 000 personnes qui doivent rentrer dans cet enceinte,
27:47quel périmètre de sécurité autour on prend,
27:49ces 500 m minimum à partir des berges,
27:52de périmètre de sécurité qu'on neutralise,
27:54comment on fait rentrer tous ces gens, combien de temps ça prend,
27:57combien de temps ça prend pour contrôler une personne, etc.
28:00On est arrivé, on s'est dit, en restant mesuré,
28:03il faut arriver au moins 4 heures avant.
28:05Maintenant, on sait que tout le monde doit être installé à 18h30 pour un début,
28:10à 19h30, et qu'il faudra arriver à partir de 14h.
28:14Donc, s'il pleut, vous voyez le chantier,
28:22et s'il fait très chaud, nous c'est ce qu'on a dit dans le bouquin,
28:26c'est réserver uniquement à des athlètes de haut niveau
28:28qui peuvent résister à des chaleurs de 30 degrés
28:30et rester tout un après-midi en bord de Seine
28:33sans pouvoir venir avec son petit siège de camping.
28:36Et pas d'eau.
28:38Il y aura de l'eau sur place, il y aura des fontaines, etc.
28:41Bien sûr, on peut faire confiance à l'organisation pour fournir ça.
28:45Mais enfin, ça veut dire que c'est des mesures qui sont démentielles
28:50pour assister à un événement populaire.
28:53En plus, ce qui est vraiment alarmant dans votre livre,
28:55c'est que vous dites par exemple les fouilles, les effets personnels.
28:58Vous dites que le passage sous des portiques à rayons X
29:01semble difficile voire impossible à mettre en œuvre.
29:04Comment vont-ils le faire pour contrôler les gens ?
29:06Le risque terroriste est quand même élevé.
29:09Le risque terroriste est au maximum.
29:12J'espère qu'ils l'ont intégré dans le dispositif de sécurité.
29:17Ce qui est problématique aujourd'hui et ce qui a été longtemps un problème,
29:20c'est le recrutement des agents de sécurité privée.
29:23Parce que c'est un métier, ça ne s'improvise pas, ça s'apprend.
29:27Nous, on a été interloqué quand on a vu que le préfet de la région Ile-de-France,
29:34Marc Guillaume, envoyait des mails aux entreprises de BTP
29:39pour proposer aux salariés du BTP d'être débauchés
29:43pour assurer la sécurité des jeux pendant les épreuves,
29:47en tout cas la cérémonie d'ouverture.
29:49Encore une fois, sur le discours officiel qui consistait à dire
29:54finalement on a réussi, il y a encore quelques jours on nous disait
29:57il ne manque plus que 400 agents de sécurité privée.
30:00Avant-hier, on nous dit qu'on est encore à la recherche de mille effectifs qui manquent.
30:07Que la formation, encore une fois,
30:10elle n'est pas au niveau de ce qu'impose l'événement.
30:15En plus, il y a un appel à la grève de la part de la CFDT.
30:18En plus, il y a effectivement un appel à la grève.
30:21En fonction des résultats des élections législatives.
30:24Parlons du risque, parce que vous avez rencontré un formateur en métier de sécurité.
30:29Vous avez passé certains aspects de la cérémonie au crible.
30:33Le premier est celui des drones.
30:35Est-on en capacité d'empêcher une attaque simultanée de drones ?
30:40Peut-être qu'on le sera.
30:43Peut-être qu'on le sera.
30:45Il y avait des problèmes de livraison et de fourniture du matériel anti-drone.
30:53On est focalisés sur la difficulté des forces de sécurité.
31:03C'est qu'on est focalisés sur la Seine et sur les bords de Seine.
31:07Mais vous allez avoir des stations de métro qui vont être fermées en amont.
31:11Vous allez avoir des gens qui vont prendre le métro et les parking-relais,
31:14même à l'extérieur de Paris.
31:16Vous allez avoir des approupements, des files d'attente,
31:19dans des stations de métro, à l'entrée de station de métro,
31:22dans des files très en amont, dans des files d'entrée, etc.
31:27Tout ça, ce sont des zones sensibles,
31:29qui vont devoir être mises sous haute surveillance.
31:32On imagine des risques de dône qui tomberaient sur les bateaux pendant le défilé.
31:37Ça, c'est le pire.
31:39Mais vous pouvez très bien avoir des gens qui décident
31:41de créer des mouvements de panique ou du stress de la manifestation
31:44dans l'après-midi, sur des files d'attente très en amont.
31:49Oui, mais ne voyons pas, Thierry, peut-être toujours le verre à moitié vide.
31:54J'espère que le verre sera à moitié plein.
31:56Soyons un peu optimistes, non ?
31:59Nous aussi, on l'espère.
32:00Sauf que, quand vous travaillez dans la sécurité,
32:02vous ne vous êtes pas dans un métier où vous pouvez vous dire
32:07si ça se trouve, ça se passera bien.
32:10Et vous le précisez, effectivement, dans votre livre.
32:13Le mouvement de panique est la première angoisse
32:15des grands spécialistes de la sécurité pour cette événement.
32:17Oui, bien sûr.
32:18Parce qu'on ne pourra pas assurer les secours.
32:20Il n'y aura pas d'accès.
32:21Les pompiers, tout ça.
32:22Le problème, et c'est ce que soulignait déjà Alain Bauer
32:25dans sa prise de parole, c'est que vous avez d'un côté la scène
32:28et de l'autre côté des salles d'évacuation.
32:30Or, si vous avez un mouvement de foule,
32:32là, pour le coup, sur site au moment de la cérémonie,
32:35j'imagine les dégâts si on a des spectateurs
32:39qui tombent dans la scène.
32:40Alors, autre problème inquiétant que vous soulevez dans votre livre,
32:43c'est la résistance des quais de scène au poids de 320 000 spectateurs.
32:47Aucune étude préalable sur la solidité des quais n'a été faite,
32:52ni sur ce qu'il faudrait mettre en œuvre pour les renforcer.
32:57Comment, vous, le savez-vous ?
32:59Qui vous a informé de cela ?
33:01On a demandé à un spécialiste qui lui-même a été contacté en amont.
33:09C'est-à-dire, après l'annonce de la cérémonie,
33:12on lui a demandé s'il était OK pour faire une étude.
33:14Lui, il a refusé pour faire une étude sur la résistance des quais de scène.
33:17C'est bien la preuve qu'il n'y a eu aucune espèce d'étude préalable.
33:22Depuis, il y a des études qui ont été faites depuis cette annonce,
33:26mais c'est toujours après.
33:27C'est pour ça qu'il y a des quais qui seront neutralisés,
33:30sur lesquels il n'y aura ni structure, ni public.
33:33Et même, d'ailleurs, le chorégraphe, le metteur en scène de la cérémonie
33:38comptait sur un des quais de Saint-Louis amarrer une partie de son matériel.
33:44On lui a déconseillé parce que ça risquait d'arracher un quai.
33:47Donc ça, c'est juste une illustration des risques qu'il y a.
33:52Mais vous savez, il y en a aussi en aérien, par exemple, au Trocadéro,
33:55où actuellement, il y a des structures qui sont montées.
33:58Paris, c'est un gruyère, avec parfois des lignes de métro
34:01qui sont très profondes ou d'autres fois qui affleurent.
34:04Ils sont à simplement 2-3 mètres.
34:06Et sous le Trocadéro, il y a une ligne qui passe, pas loin du Trocadéro,
34:10et qui n'est pas très profonde, et qui pourrait, par exemple,
34:16on sait qu'il y a des questions qui se posent actuellement
34:19sur des problèmes de poids d'infrastructure,
34:23notamment de la Tour Média, par exemple.
34:25Donc tout ça, ce sont des questions, je veux dire,
34:29prendre un an pour faire une étude sur tous les risques,
34:32où est-ce qu'on peut implanter des choses,
34:33où sont les problèmes de résistance,
34:35qu'est-ce qui sera neutralisé, qu'est-ce qu'on peut utiliser,
34:37qu'est-ce qu'on ne peut pas utiliser ?
34:39Prendre un an pour faire tout ça,
34:40avant d'annoncer les choses ou de modifier un plan,
34:42c'est pour ça que vous avez 7 ans pour organiser,
34:44entre l'annonce de la candidature et les Jeux,
34:47c'est pour ça que vous avez 7 ans pour organiser des Jeux.
34:49– Attendez, attendez, si je vous écoute…
34:51– Il y a toujours une partie de 1 an, 2 ans,
34:53dans laquelle le projet que vous avez vendu se modifie énormément.
34:55– Mais si je vous écoute, ça, il y a fait 10 ans qu'il y a eu la décision…
34:59– 7 ans.
35:00– 7 ans, très bien, 7 ans.
35:02Alors, ce que vous êtes en train de nous dire,
35:04si je vous écoute, parce que là, il y a de quoi se dire,
35:06c'est les fous qui ont pris la position de l'asile,
35:09c'est-à-dire qu'on a commencé à travailler depuis 1 an,
35:13et on n'a pas pris les précautions, les études préalables,
35:16dans tous les domaines, pour essayer de se dire,
35:18attendez, on a 7 ans, on va commencer tout de suite pour se dire,
35:21qu'est-ce qu'on peut faire, qu'est-ce qu'on ne peut pas faire, etc.
35:24– Mais pour preuve, simplement,
35:27si on reste sur la cérémonie d'ouverture,
35:30la délibération est mise au vote en décembre 2021.
35:33Dans la note qui accompagne la délibération,
35:36dans la note qui est dans le dossier pour les administrateurs,
35:39il est écrit, noir sur blanc, qu'à date, et à ce stade de l'instruction,
35:45le comité d'organisation n'est pas en mesure de savoir
35:48combien ça coûte, et si on est capable ou non de sécuriser.
35:51– En 2021.
35:52– Au moment du vote.
35:53Et vous avez autour de la table 48 membres du conseil d'administration,
35:57et il y a un seul membre qui ne prend pas part au vote,
35:59c'est Guy Druth, et qui dit, je ne prends pas part au vote
36:02parce que je n'ai pas les études d'impact
36:04et tous les éclairages nécessaires qui me permettent
36:06de prendre part au vote de façon responsable.
36:10– Alors justement, on a dit, on a entendu cette rengaine
36:13pendant des années, les jeux financent les jeux,
36:16il n'y aura pas d'impôt géo, selon vous,
36:19est-ce qu'il y aura un impôt déguisé dans quelques années ?
36:22– Pardon, mais il existe déjà.
36:24– C'est-à-dire ?
36:26– Quand vous avez, d'abord le président de la Cour des comptes
36:30qui dit que ça va coûter aux contribuables
36:325 milliards d'euros d'argent public,
36:35c'est déjà de la contribution et donc de l'impôt,
36:38quand vous avez…
36:39– Oui, mais les entrées payantes, ça va compenser.
36:42– Oui, sauf que là, ils viennent de demander une rallonge à l'État
36:45de 33 millions d'euros pour compenser le déficit
36:48sur l'achat d'étiquettes pour les paralympiques.
36:51Après, quand vous additionnez à ça les primes
36:56qui seront versées aux fonctionnaires de police
36:58qui sont, entre nous, légitimes,
37:00parce qu'encore une fois, les pauvres fonctionnaires de police,
37:03ça fait trois ans qu'ils sont en flux tendu,
37:05et donc ce n'est pas normal non plus qu'on les indemnise pour ça.
37:08Mais vous avez 1900 euros de primes par fonctionnaire,
37:12vous avez besoin de 45 000 fonctionnaires
37:14sur la cérémonie d'ouverture,
37:15on arrive tout de suite à des millions d'euros.
37:18Probablement que ça ne s'appellera pas impogéo,
37:21parce que ce serait malheureux qu'ils l'appellent impogéo.
37:24Mais ce qui est certain, c'est que oui, aujourd'hui,
37:28de dire les jeux financent les jeux et il n'y aura pas d'impogéo,
37:32c'est inexact et c'est mensonger.
37:34– Oui, c'est ça, oui.
37:36– Une dernière question rapide.
37:37– C'est bien ce fumisterie.
37:39– Une question rapide avant de faire une petite pause pub.
37:42Au Trocadéro, effectivement,
37:44si la cérémonie est transférée sur ce lieu,
37:48quand sera-t-il des sponsors ?
37:50Parce qu'il y a des millions qui ont été investis,
37:52notamment LVMH,
37:54il risque d'y avoir quand même des conséquences financières
37:56pour les sponsors, pour l'organisation du moins.
37:58– Alors, c'est une vraie question.
38:00Moi, je n'ai pas eu connaissance du contrat évidemment,
38:02puisque c'est quelque chose de confidentiel
38:04entre le Cojo et les partenaires.
38:06Mais ce qui est sûr, c'est qu'au regard de l'engagement de LVMH,
38:10notamment tardif sur le dossier des Jeux,
38:12et en ayant obtenu des droits spécifiques
38:15en termes d'affichage et autres,
38:17je pense qu'il ne serait pas incohérent
38:19qu'il y ait effectivement des clauses de dédit.
38:21C'est-à-dire que si la cérémonie ne devait pas se passer sur la Seine,
38:24il y aurait probablement des compensations financières
38:27du côté Cojo, enfin, comité d'organisation,
38:29vis-à-vis de LVMH et d'autres sponsors.
38:32– Et oui, en tout cas, cette cérémonie d'ouverture
38:34est une véritable affaire d'État, on peut le dire.
38:36La face cachée des JO,
38:38nous en parlons dans un instant sur Sud Radio.
38:40– Sud Radio, la culture dans tous ses états.
38:44André Bercoff, Céline Alonso.
38:46– Sous le ciel de Paris s'envole une chanson
38:53de l'aîné d'aujourd'hui dans le cœur d'un garçon.
38:59– Et oui, Paris qui accueillera les Jeux Olympiques
39:01du 26 juillet au 11 août
39:03et les Jeux paralympiques du 28 août au 8 septembre.
39:06André Bercoff, Sébastien Chesseboeuf et Thierry Vildary,
39:09en mars dernier, vous avez contacté le comité d'organisation de Paris 2024
39:13pour obtenir un point de vue sur les problèmes soulevés dans votre livre.
39:17Avez-vous eu un retour ?
39:19– Aucun. – Et non ?
39:21– Aucun. Dans le cadre d'une enquête comme celle qu'on a conduite,
39:24il était normal qu'on sollicite Paris 2024
39:27pour avoir des réponses à nos questions.
39:30– Vous avez envoyé votre manuscrit, c'est ça ?
39:32– Alors, on a envoyé un certain nombre de questions,
39:34par thème, d'ailleurs qu'on publie à la fin du livre,
39:38qui sont totalement officielles, et on a eu zéro réponse.
39:41– Bien. – Rien du tout.
39:43– Et la ministre des Sports, dans tout ça,
39:45est-ce qu'elle s'est un jour manifestée ou pas du tout ?
39:48– Alors, la ministre des Sports, elle s'est manifestée
39:50quand elle est entrée en fonction,
39:52c'est-à-dire qu'elle est nommée en mai 2022,
39:54et très vite, elle donne l'impression,
39:56en plus, elle est ministre des Sports et des Jeux Olympiques,
40:00ce que n'était pas Roxana Maracinehanou qui était ministre avant elle.
40:03Donc, elle avait une marge de manœuvre qui était plus importante.
40:06Et ça, pour nous, c'était gage de sérieux,
40:09puisque les pouvoirs publics s'intéressaient à nouveau au dossier.
40:13Il s'avère que moi, j'ai eu l'occasion de déjeuner
40:16avec la ministre des Sports le 1er août 2022,
40:19et on a partagé un certain nombre d'inquiétudes.
40:21Je lui ai livré une partie de ce qu'on soulève, d'ailleurs, dans le livre.
40:26J'ai eu l'impression qu'elle était très à l'écoute,
40:29mais il s'avère que ça ne s'est pas traduit dans les faits par la suite.
40:34Oui, elle était très inquiète, en tout cas,
40:36quand elle a eu connaissance de vos alertes,
40:37c'est ce que vous racontez dans votre livre.
40:39En tout cas, Sébastien Chesseboeuf,
40:41au regard de tout ce que vous nous avez raconté depuis le début de cette émission,
40:44pensez-vous qu'une commission alimentaire,
40:47alimentaire aussi, d'ailleurs,
40:49devrait être mise en place ?
40:53Je pense que ce serait, effectivement,
40:58ce serait légitime, pour vous dire les choses clairement.
41:02Je pense que ce serait une façon pour les pouvoirs publics
41:06de montrer qu'il faut, de temps en temps,
41:10être un petit peu sérieux,
41:12et qu'on puisse, au travers de cette commission d'enquête parlementaire,
41:16si elle devait avoir lieu,
41:18relever un certain nombre d'écueils
41:20et faire en sorte que ces écueils ne se reproduisent plus à l'avenir.
41:24C'est-à-dire que, peut-être que,
41:26si d'aventure on doit être organisateur des Jeux d'hiver 2030,
41:31peut-être que ce serait bien que l'État soit...
41:33Qu'on sache.
41:34Voilà, qu'on sache et que l'État soit plus impliqué dès le départ et plus en contrôle.
41:37Thierry Bildari, une commission d'enquête parlementaire,
41:40ça ne pourrait se passer qu'après les Jeux olympiques.
41:43Est-ce que ça y aurait vraiment une certaine importance,
41:47ou est-ce que ce serait, comme d'habitude,
41:49circuler, il n'y a rien à voir ?
41:51Qu'est-ce que vous en pensez ?
41:52Non, je pense...
41:53D'abord, je pense qu'on n'y coupera pas.
41:55Premièrement.
41:56Deuxièmement, il faut rappeler que,
41:58quand on est auditionné par une commission d'enquête parlementaire,
42:02c'est le seul cas dans le droit français,
42:06dans le droit pénal français,
42:07où on est sous serment,
42:08et où on peut être condamné en cas de mensonge.
42:11De parjure, effectivement.
42:12Voilà.
42:13Pour parjure.
42:15Donc ça, vous ne pouvez pas mentir,
42:17une commission d'enquête parlementaire,
42:18parce que sinon vous risquez d'être poursuivi par la justice.
42:22Donc, je pense qu'il y en aura une,
42:24je pense que ce sera intéressant,
42:26et je pense que ça pourrait être complémentaire
42:29des enquêtes qui sont menées par ailleurs,
42:31par le parquet national financier,
42:33puisque ça, ça va reprendre derrière.
42:34Et aussi, il faut rappeler que la Cour des comptes
42:37va repasser pour présenter l'addition à l'automne.
42:43Et c'est à la fin du bal qu'on paiera les musiciens,
42:47à cette occasion.
42:48Et c'est effectivement au pied du mur qu'on voit le bûcheron,
42:51donc on va voir où on taillera.
42:53Merci messieurs.