Céline Alonzo et André Bercoff reçoivent Frédéric Granier, journaliste et écrivain.
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##LA_CULTURE_DANS_TOUS_SES_ETATS-2023-06-30##
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00:00 Bonjour à vous et merci d'être avec nous sur Sud Radio.
00:02 Alors dans cet ouvrage, vous relatez l'histoire méconnue de 12 chansons, 12 succès planétaires,
00:07 qui racontent donc les bouleversements politiques et sociomageurs des 60 dernières années.
00:11 Alors la question première qu'on se pose, c'est pourquoi 12 chansons ? Il y en a tellement.
00:15 André rigole.
00:17 - Oui, mais c'est vrai. Pourquoi 12 ? Parce qu'ils ne pouvaient pas faire 400 000 pages.
00:21 - C'est ça.
00:22 - Au début j'en avais 50 et puis je me dis que 12 c'était un peu un chiffre magique.
00:25 C'était...
00:26 - Les 12 apôtres ?
00:27 - Oui, il y a de ça, et puis surtout, 12...
00:30 Moi je suis très attaché au vinyle.
00:33 Et le vinyle, c'est quoi ? C'est 40-45 minutes d'écoute.
00:37 Et c'est en général 12-13 chansons.
00:40 Et 12, ben finalement, ça fait comme si on écoutait un vinyle ou une sorte de playlist de l'histoire
00:45 qui déroulerait de 1967 à nos jours.
00:49 Une sorte de panorama en chanson de tous les bouleversements politiques, sociaux, culturels.
00:57 - Alors vous consacrez le premier échabit de votre livre à "Imagine"
01:00 qui a été et qui est le plus grand succès de la carrière solo de Lennon.
01:04 Il l'a sorti en octobre 71, ça faisait un an et demi que les Beatles s'étaient séparés, c'est ça ?
01:09 - Oui. Les Beatles se sont séparés en avril 70.
01:13 Et depuis, Lennon est un peu perdu. Il se cherche.
01:16 Il fait cette sorte de thérapie du cri primal
01:20 où il faut rentrer dans une salle et hurler son désespoir.
01:24 - Avec Yoko Ono, bien sûr.
01:25 - Avec Yoko Ono, de manière à sortir toutes ses angoisses et à renaître.
01:30 Il sort des disques qui sont très estimés par la critique mais assez peu suivis par le public.
01:36 Et puis, il voit ses anciens camarades progresser.
01:40 Paul, qui a un numéro 1 avec Uncle Albert,
01:43 George avec My Sweet Lord, Ringo aussi, Carton aussi avec It Don't Come Easy.
01:48 Et puis il se dit "Moi j'ai besoin d'un tube, mais qu'est-ce qu'on va faire pour avoir un tube ?"
01:52 Et donc il va s'enfermer dans...
01:53 - Il cherchait vraiment le succès, enfin quelque chose qui le passait.
01:56 - Lennon, c'était quelqu'un qui était extrêmement partagé
01:59 entre une facette disons très avant-gardiste, un peu provocatrice,
02:03 l'air de ne pas vouloir vraiment se mettre complètement dans le bain.
02:09 Et en même temps, c'était un écorché vif, il avait besoin qu'on l'aime.
02:12 Et il avait besoin surtout de se rattacher à un énorme succès commercial.
02:18 Et quand il a composé cette chanson, qu'il avait un peu en tête depuis plusieurs années
02:22 puisque les connaisseurs savent qu'en 69, début 69, pendant les sessions de la Tidby,
02:27 enfin du get-back qui deviendra la Tidby, il y avait déjà quelques accords de piano
02:31 qui ressemblaient un petit peu à ça.
02:33 Et puis il va travailler cette chanson en s'inspirant vaguement d'un poème,
02:37 une sorte d'haïku de Yoko Ono.
02:41 Et puis il va appeler, donc dans cette chanson, de ses vœux,
02:45 une sorte de fraternité d'hommes, une sorte de rêve utopique,
02:49 d'un monde sans concession, sans possession, pardon,
02:54 où tout le monde se tiendrait la main et où tout irait bien.
02:58 Et il va l'inscrire, ça va devenir la chanson-titre de son album qui va sortir fin 71,
03:03 et il va réussir son coup puisque ça va être un succès planétaire.
03:07 - Oui, mais on peut dire que cette chanson est quand même paradoxale
03:10 parce qu'elle ne correspond absolument pas à l'image de Lennon quand elle sort.
03:13 - Vous avez tout à fait raison, exactement.
03:15 C'est tout le paradoxe de cette chanson qui finalement
03:19 marque un peu les derniers feux des utopies des années 60,
03:23 alors qu'on est déjà en 71.
03:25 - L'éripie, oui.
03:27 - Lennon n'est plus du tout le Bard avec sa barbe
03:31 qui appelait justement à résoudre les problèmes de manière pacifique.
03:38 Lennon, il est plutôt engagé un peu sur tous les fronts.
03:43 D'ailleurs, il a un album qui va sortir en 72
03:46 qui s'appelle "Sometime in New York City"
03:48 où il embrasse à peu près toutes les causes, le féministe, l'Iran...
03:51 - Oui, il est très révolutionnaire à l'époque.
03:53 - Il devient même une sorte de caricature de révolutionnaire
03:56 avec le Béret Guévariste, le Point Levé, etc.
03:59 Et d'ailleurs, quand la chanson "Imagine" sort,
04:02 lui il est un peu embarrassé parce que, certes, c'est un grand succès public,
04:05 mais la frange la plus radicale des gauchistes et des liberals américains
04:10 trouvent qu'il ne se mouille pas trop.
04:13 - Un peu pacifiste tout ça.
04:15 - C'est un peu la poésie de carte postale, on va dire,
04:17 et qu'il mériterait d'être un peu plus engagé.
04:19 - Ce qui est quand même extraordinaire, c'est que, encore aujourd'hui,
04:22 quand il y a des marches, quand il y a des célébrations,
04:24 même après des attentats, on chante "Imagine".
04:27 C'est la chanson qui continue, en France et ailleurs, d'être chantée partout.
04:32 - Eh oui, c'est ça. En fait, effectivement, vous le racontez bien dans votre livre,
04:35 c'est-à-dire qu'on a gardé de Lennon son côté pacifiste,
04:39 utopiste, alors qu'effectivement, on peut dire qu'il n'a pas été un saint dans sa vie.
04:45 - Non, il n'a pas été un saint, mais parce que, heureusement,
04:48 quel homme est un saint ? Quel artiste est un saint ?
04:50 - Exactement.
04:51 - Voilà, mais heureusement, sauf qu'on est aussi dans une période
04:54 où on voudrait que nos icônes soient complètement pures.
04:58 Et je pense que c'est... Alors, Lennon en avait un peu honte.
05:01 Pour lui, il s'est un peu démarqué de cette chanson
05:04 qui, au début, n'était pas totalement un hymne.
05:06 C'était un succès, mais ce n'était pas un hymne.
05:07 Et puis, lui, il disait, oui, mais vous savez,
05:09 c'est le manifeste du Parti communiste mis en chanson
05:13 et enrobé de sucre, si vous voulez.
05:15 - Sauf que, pardon, sur Imagine, il dit "No religion too".
05:18 - "No religion too", tout à fait.
05:20 - Il dit "Supprimer les religions, on fait enfiler avec nos religions,
05:22 il ne faut pas oublier parce que..."
05:23 - Il a eu quelques problèmes quand il a dit que les Vitolds
05:25 étaient plus populaires que le Christ.
05:27 - Que le Christ, oui, oui.
05:28 - Donc, c'est peut-être une sorte de retour de bâton.
05:29 - Il a été maladroit quand il a sorti ça, non, quand même ?
05:31 - C'est provocateur.
05:33 - Est-ce qu'il n'avait pas eu raison, en même temps ?
05:35 Parce qu'au milieu des années 60,
05:37 la jeune génération ne préférait pas écouter les Vitolds
05:40 plutôt que d'aller à la messe.
05:41 Il n'a fait qu'affirmer un constat.
05:44 Et d'ailleurs, quand cette petite phrase est sortie en Angleterre,
05:47 quand c'est Maureen Cleave qui avait recueilli ça en 1966,
05:50 en Angleterre, on a l'habitude, des artistes un peu provoquent.
05:54 Par contre, c'est quand la phrase a été publiée aux États-Unis,
05:57 alors là, à Tolé, dans la même curiosité...
05:59 - Oui, c'est ça, ça a fait un Tolé, oui, oui.
06:01 - Exactement. Mais ce que vous dites est vrai.
06:03 Et pourquoi Lennon, on l'associe aujourd'hui à "Imagine",
06:05 c'est parce qu'il a été assassiné en décembre 80.
06:08 Et à partir du moment où il a été assassiné,
06:11 c'est-à-dire que toutes les facettes de son œuvre
06:15 ont disparu derrière cette image de Saint Lennon,
06:18 du chanteur de la paix, finalement du martyr.
06:21 Et c'est ce qui est dommage, c'est qu'aujourd'hui,
06:23 je trouve qu'on a tendance à retenir "Imagine",
06:26 qui est devenu une sorte de chanson de tube emblématique,
06:30 on pourrait dire de marque déposée de Lennon.
06:33 Alors que c'est un peu l'arbre qui cache la forêt,
06:35 et qui cache aussi toutes les facettes de Lennon.
06:37 - Et il faut appeler nos auditeurs,
06:40 et je suis sûr que vous serez d'accord Frédéric Gagné,
06:42 à se rapper son livre, là, de... comment il s'appelle ?
06:44 "In his own words". - "In his own words", bien sûr.
06:46 - Qui est formidable. - "En flagrant délire", en français,
06:48 on a appelé ça. - "En flagrant délire", voilà.
06:50 C'était d'ailleurs l'émission de radio, mais ça n'a rien à voir.
06:53 Mais il avait un humour, un humour ravageur.
06:55 - Horrosif, et puis c'était quelqu'un
06:58 qui n'était pas un saint.
07:00 C'était quelqu'un qui a, dans "It's getting better",
07:02 qui raconte... - Il avait un petit côté voyou, non ?
07:05 - Qui tapait sa femme. - Ouais, quand même.
07:07 - Il avait un côté voyou, il a eu quelques problèmes,
07:09 notamment lors de son fameux "Lost Weekend",
07:12 où il a fait un peu n'importe quoi avec ses copains
07:14 à Los Angeles en 1974.
07:16 Mais c'était un écorché.
07:18 Et puis, honnêtement, c'était aussi quelqu'un
07:20 que la politique intéressait assez peu.
07:22 D'ailleurs, c'est ce que des gens comme Tariq Khali
07:24 lui reprochaient beaucoup en Angleterre,
07:26 en disant "mais pourquoi t'es pas là
07:28 à manifester avec nous en 68 ?"
07:30 En 68, qu'est-ce qu'il faisait ?
07:32 Il était en train de chercher la réponse à la grande question
07:34 "qui suis-je ou où vais-je ?"
07:36 dans un ashram à Rishikesh en Inde.
07:38 - Il était très mystique. Sa quête spirituelle
07:40 a été insatiable tout au long de sa vie, on peut dire.
07:42 - Il a eu une quête, alors il était mystique,
07:44 mais il était à peu près tout.
07:46 Il a cherché à peu près dans la psychothérapie,
07:48 dans le cri primal. Il s'est toujours cherché un gourou.
07:51 Alors ce gourou, ça pouvait être Brian Epstein,
07:53 qui était le manager des Beatles au début.
07:55 Ça pouvait être...
07:57 - Le Maharishi après.
07:59 - Le Maharishi, le docteur Janoff, le créateur de cette théorie
08:01 du cri primal.
08:03 Et ça a été évidemment Yoko Ono
08:05 qui a été sa femme, mais aussi son gourou.
08:07 Et qui aujourd'hui est devenu
08:09 une sorte de grande prêtresse
08:11 du culte lénonien, on va dire.
08:13 - C'est ça. - C'est normal, je veux dire.
08:15 - C'était faux. - C'est faux.
08:17 J'allais dire le fond de commerce, mais ce serait pas très gentil.
08:19 Mais peut-être qu'on devrait passer
08:21 à une autre...
08:23 - Là on va écouter effectivement
08:25 un autre tube, effectivement planétaire,
08:27 cette hymne punk des années 70.
08:29 * Extrait de "God Save The Queen" de The Beatles *
08:31 - Eh oui, les Sex Pigs
08:45 sur Suède Radio. Alors cette chanson
08:47 est sortie en 1977, c'est un pied de nez
08:49 à la royauté. Quelle est la jeunesse
08:51 de ce titre, Frédéric Gragnet ?
08:53 - 77, c'est une année mythique.
08:55 Parce que c'est la naissance
08:57 du punk. En 77,
08:59 là on sort des grandes célébrations
09:01 à la fois du jubilé de la Reine,
09:03 et puis de la mort de la Reine, qui ont créé
09:05 une émotion terrible.
09:07 On a aujourd'hui
09:09 un attachement
09:11 assez important à la royauté.
09:13 En 77, c'est pas tout à fait ça. En 77,
09:15 c'est les 25 ans
09:17 du couronnement de la Reine. L'Angleterre
09:19 va mal. C'est
09:21 James Callaghan
09:23 qui a succédé à Harold Wilson,
09:25 donc un travailliste un peu
09:27 terne, qui d'ailleurs à la fin de sa vie dira
09:29 qu'il a été le pire
09:31 Premier Ministre de toute l'histoire de l'Angleterre.
09:33 - Voilà, elle lucidera
09:35 cette lucidité. - L'Angleterre va mal.
09:37 - C'est Thatcher qui a pris la suite
09:39 après, oui. En 79.
09:41 - En 79, tout à fait.
09:43 Et il a été obligé de
09:45 quémander des sous
09:47 auprès du FMI pour sauver la livre Sterling.
09:49 Donc il y a cette image. On ne sait
09:51 pas trop si on doit
09:53 célébrer les 25 ans parce que
09:55 il n'y a plus d'argent.
09:57 Et derrière tout ça,
09:59 il va se créer un mouvement
10:01 contestataire, mais pas seulement.
10:03 Une sorte de mouvement nihiliste
10:05 avec la naissance d'une génération qui est là
10:07 contre la génération, cette génération
10:09 glorieuse du Blitz
10:11 qu'avait subie la Seconde Guerre mondiale.
10:13 - La génération Churchill, enfin,
10:15 cette génération de Churchill.
10:17 - Mais eux, les punks, etc.,
10:19 ils étaient anarchistes,
10:21 en fait, on peut dire. Enfin, anarchistes.
10:23 - Anticonformistes, nihilistes. - Je ne veux pas
10:25 idéologiquement, mais c'était quoi ?
10:27 Pourquoi je vous parle de ça ?
10:29 Vous avez le grille Marcos Lipstick Traces
10:31 qui lit
10:33 le mouvement punk
10:35 de Johnny Rotten Sex Pistols
10:37 avec des situationnistes.
10:39 - Oui, je dirais que c'est plus situationniste.
10:41 C'est plutôt utiliser l'art
10:43 comme une sorte de pied-de-nez,
10:45 une manière de déconstruire le capitalisme.
10:47 Malcom McLaren
10:49 dira plus tard, qui était le manager des Sex Pistols,
10:51 qu'il avait été très inspiré par
10:53 les situationnistes. Je trouve
10:55 qu'il ne faut pas trop mettre non plus
10:57 d'idéologie dans ce qui est avant tout
10:59 un grand coup de pied dans la fourmilière.
11:01 Et les Sex Pistols,
11:03 qui est ce groupe qui a été
11:05 un peu créé de toutes pièces par ce manager.
11:07 - Par Malcom McLaren.
11:09 - Qui était le compagnon de
11:11 Vivian Westwood, qui avait une boutique
11:13 sex à Londres.
11:15 - Kings Road.
11:17 - Et qui a décidé
11:19 justement de
11:21 perturber le Jubilé de la Reine
11:23 qui finalement a été organisé.
11:25 - Avec ce titre.
11:27 - En créant ce groupe et avec ce titre,
11:29 "God Save the Queen". - Qui a fait scandale à sa sortie.
11:31 - Qui a fait scandale. - Dans la presse, on a parlé
11:33 de haute trahison, de pendaison.
11:35 C'est incroyable. - Oui, oui.
11:37 Parce que c'était vraiment... On s'attaquait
11:39 à une icône. D'ailleurs, on voit
11:41 dans la pochette du disque et puis les affiches,
11:43 on voyait
11:45 les yeux, la bouche
11:47 étaient complètement arrachées.
11:49 C'était un vrai crime
11:51 de lèse-majesté. - Et oui, et dans cette
11:53 chanson, ils disent effectivement, le régime anglais,
11:55 c'est un régime fasciste, ils y vont.
11:57 - Et après, Frédéric Ranier
11:59 le traduit en français, "Never mind the
12:01 bollocks, here are the Sex Pistols".
12:03 Comment on traduit ?
12:05 "Never mind the bollocks".
12:07 - "Au samba, les couilles..."
12:09 - "Au samba, les roubignoles,
12:11 voici les Sex Pistols".
12:13 - Exactement, titre de leur album mythique.
12:15 Produit par
12:17 Thomas, qui était l'ancien
12:19 producteur des Beatles, comme quoi ils n'étaient pas
12:21 si éloignés de l'ancien monde, les Sex Pistols.
12:23 Quoi qu'ils en disent.
12:25 - Donc on disait effectivement, la BBC
12:27 a même censuré ce titre.
12:29 - La BBC l'a censuré.
12:31 Il est possible
12:33 qu'elle ait été... Que John Peel,
12:35 le DJ mythique de la BBC,
12:37 ait mis deux fois l'antenne.
12:39 Il faudrait vérifier.
12:41 Mais ce qui est fou avec ce
12:43 titre, c'est que ça a été,
12:45 malgré l'absence de promo, malgré l'interdiction
12:47 d'antenne sur la BBC, qui était vraiment
12:49 incontournable à l'époque, ça a quand même
12:51 réussi à être numéro 2.
12:53 Ça a été sûrement numéro 1, mais il y a eu
12:55 une magouille dans les charts, parce qu'il y a eu
12:57 une chanson de Rod Stewart qui était numéro 1 à cette époque,
12:59 complètement inoffensive la chanson,
13:01 et il y a eu sans doute...
13:03 - Ça a été un très gros succès.
13:05 - Ça a été un très gros succès, et puis surtout,
13:07 je pense qu'au-delà
13:09 de l'aspect
13:11 naissance du punk, c'est vraiment
13:13 un pionnier,
13:15 pas seulement à la reine, mais la naissance d'une génération.
13:17 Comme je vous disais, quand on dit
13:19 "Gods of the Queen",
13:21 un régime fasciste,
13:23 c'est vraiment...
13:25 - Un plus fasciste. - Un droit d'honneur
13:27 à l'encontre de cette génération du blitz
13:29 qui s'est battue contre Hitler.
13:31 Et finalement, que s'attaquer à la reine...
13:33 Il disait d'ailleurs, la reine,
13:35 on s'en fiche un peu, il disait, la reine,
13:37 Johnny Rotten, le chanteur, que c'était une sorte
13:39 de carton qu'on déplaçait.
13:41 C'est un peu comme inaugurer
13:43 les chrysanthèmes pour nos présidents de la République de la 4e ère.
13:45 - Ça me rappelle un autre qui était
13:47 un peu punk, on revient juste à un moment,
13:49 John Lennon, vous savez ce qu'il a dit au Royal Albert Hall ?
13:51 Il a dit "Les gens
13:53 d'en haut, applaudissez,
13:55 les autres, remuez vos prologues."
13:57 - Mais revenons
13:59 sur le fait qu'ils étaient vraiment haïs à l'époque.
14:01 Ils étaient tellement haïs qu'ils étaient obligés,
14:03 vous le racontez, de se produire incognito
14:05 sous pseudonyme. Et le Daily Mirror
14:07 à l'époque, un député
14:09 travailliste avait lancé un appel pour
14:11 punir les punks. Et cet
14:13 ordre a été suivi à la lettre
14:15 par certaines personnes, parce qu'ils ont été violemment agressés,
14:17 vous le racontez, dans les rues. - Ils ont été agressés
14:19 par des skins, par des militants d'extrême droite.
14:21 Oui, oui, ça a été
14:23 très dur.
14:25 On disait, c'était
14:27 le Daily Mirror qui appelait ça
14:29 "le bruit et la fureur".
14:31 Ils avaient fait cette manchette.
14:33 Et les Sex Pistols,
14:35 quand ils se sont reformés en 1996,
14:37 en pieds nés au Daily Mirror,
14:39 ils avaient appelé leur tournée "The Fields
14:41 and the Fury". - Ah oui, mais ils n'ont pas
14:43 survécu longtemps, quand même, après cet été de la haine.
14:45 - Non, mais finalement,
14:47 c'est ce qui fait toute la poésie
14:49 des Sex Pistols, finalement. Parce que
14:51 c'était pas une aventure, c'était
14:53 une étoile filante qui
14:55 devait exploser, à un moment.
14:57 Et le fait qu'ils aient quelques
14:59 chansons, un album mythique,
15:01 franchement dépassable, c'était un
15:03 totem du punk, à ajouter à leur
15:05 légende, évidemment. - Mais Frédéric Ramey, est-ce que pas
15:07 quelqu'un qui a ajouté beaucoup à la légende,
15:09 on en parle beaucoup moins, c'est Sid Vicious.
15:11 Sid Vicious, parce que moi,
15:13 j'ai gardé, vous voyez, dans le film de Malcolm McLaren,
15:15 quand il chantait "My Way". - Tout à sa
15:17 manière. - C'est fabuleux, quoi. Sid Vicious
15:19 entend "My Way", alors qu'après
15:21 Sinatra et compagnie, c'était
15:23 pas lui le vrai punk des
15:25 Sex Pistols ? Il mord
15:27 au verre douce. - C'était le punk par
15:29 essence parce que c'était vraiment
15:31 le moins professionnel de tous.
15:33 C'est-à-dire que le premier bassiste
15:35 des Sex Pistols a été
15:37 viré sous prétexte qu'il
15:39 aimait McCartney et les Beatles.
15:41 Ça, c'est la légende. Et on l'a
15:43 remplacé par Sid Vicious, qui faisait
15:45 partie du cercle
15:47 des suiveurs des Sex Pistols,
15:49 je vais les voir tout le temps, et qui était
15:51 un type un peu perdu,
15:53 complètement cramé à l'héroïne,
15:55 et incapable de tenir une basse aussi.
15:57 Et il représente
15:59 un peu cet ange
16:01 noir du mouvement punk,
16:03 parce que contrairement à Johnny
16:05 Rotten, Johnny Lydon, qui aura une
16:07 brillante carrière, notamment au sein de Public
16:09 Imaginity d'après,
16:11 Sid Vicious va
16:13 mourir d'overdose avec
16:15 sa compagne Nancy Spuggan.
16:17 - C'est passionnant. - En tout cas, dans
16:19 votre livre, vous racontez que Gainsbourg, Serge,
16:21 s'est sans doute inspiré de l'exemple des
16:23 Sex Pistols, qui avait perturbé,
16:25 on l'a dit, le Jubilé de la Reine un an avant la sortie,
16:27 de sa marseillaise version
16:29 reggae. Alors,
16:31 quelle est l'histoire de cette chanson ?
16:33 Vous allez tout nous raconter dans un instant
16:35 sur Sud Radio, parce que cette chanson
16:37 a vraiment fait scandale à l'époque.
16:39 On vous dit tout dans un instant. Restez avec nous.
16:41 * Extrait de Sud Radio *
17:03 Frédéric Ragné, alors dans
17:05 quel contexte Gainsbourg a
17:07 enregistré cette version de la marseillaise ?
17:09 Racontez-nous. C'était le 13 mars
17:11 1979. - Gainsbourg, il sort
17:13 d'une décennie compliquée pour lui.
17:15 Parce qu'il a eu beaucoup de succès
17:17 avec les chansons qu'il a fait interpréter par d'autres,
17:19 notamment Jane Birkin. Mais sa
17:21 carrière en solo, on va dire,
17:23 c'est pas... Il a
17:25 fait des chefs-d'oeuvre, des albums concept,
17:27 Melody Nelson, le homme à la tête de chou,
17:29 mais ça n'a pas bien marché.
17:31 Par contre, là, 78,
17:33 qu'est-ce qu'il a eu ? Un tube, pour une fois, dans sa vie.
17:35 Sex and Son,
17:37 un tube disco, dont il a un peu honte,
17:39 parce qu'il se dit... - C'est vraiment
17:41 une chanson de plage. - C'est vraiment une chanson de plage.
17:43 Il a l'impression d'être comme toutes ces icônes
17:45 niayées, comme Sheila avec Spacer, ou
17:47 Claude François avec Alexandre et Alexandra,
17:49 à faire du disco pour être à la mode.
17:51 Et il se dit "Non, mais je veux faire autre chose,
17:53 quelque chose de révolutionnaire."
17:55 Et il décide, sur les conseils de son manager,
17:57 de partir pour Kingston, en Jamaïque,
17:59 pour enregistrer avec des musiciens jamaïcains,
18:01 notamment Sly and Robbie,
18:03 mythique... - Les Bussins Bob Marley !
18:05 - Oui, et ils ont
18:07 enregistré tout un album,
18:09 sur lequel,
18:11 Pierre Angulaire, ça va être,
18:13 Ozarm, etc., qui va donner le titre
18:15 à l'album,
18:17 et qui va être une relecture
18:19 littérale de
18:21 La Marseillaise de Rouget de Lis,
18:23 qu'il avait composée en 1792,
18:25 et Gainsbourg, il est dans un état d'esprit
18:27 où il veut redonner
18:29 ses vertus révolutionnaires
18:31 à un chant qui, jusqu'ici,
18:33 était un peu...
18:35 A fin du 19ème siècle,
18:37 c'était plutôt un chant de gauche, et puis,
18:39 dans les années 30, c'était plutôt quelque chose d'un peu
18:41 cocardier, et il veut
18:43 vraiment la débarrasser de tous ses
18:45 oripeaux idéologiques,
18:47 pour lui redonner un peu ses vertus universelles,
18:49 révolutionnaires.
18:51 Il y a un peu de provoque, évidemment, il y a toujours un peu de provoque
18:53 chez Gainsbourg, mais je crois qu'il était sincère.
18:55 Et pour ce petit
18:57 juif qui a eu
18:59 l'étoile jaune pendant la guerre,
19:01 Gainsbourg, pour lui,
19:03 c'était une manière de
19:05 prendre sa revanche sur l'histoire.
19:07 - Et un torrent de haine s'est abattu sur lui,
19:09 c'est incroyable, la polémique a éclaté dans le Figaro
19:11 magazine, c'était le 1er juin 1979,
19:13 soit 3 mois
19:15 après la commercialisation
19:17 du 45 Tours.
19:19 Que raconte le journaliste
19:21 Michel Droit dans cette tribune ?
19:23 - Il va lancer les hostilités, et
19:25 vous avez tout à fait raison de rappeler
19:27 que la tribune du Figaro
19:29 magazine apparaît 3 mois
19:31 après la chanson. Non, 3 mois, il ne s'est rien
19:33 passé, ce qui veut dire, certainement,
19:35 que la polémique, elle ne vient pas
19:37 de la chanson de Gainsbourg, mais bien de la tribune
19:39 de Michel Droit. Et donc le Figaro magazine,
19:41 ce n'est pas le Figaro magazine qu'on a aujourd'hui,
19:43 c'est plutôt, à l'époque, c'était un peu
19:45 le temple de la Nouvelle Droite.
19:47 - Louis-Paul, elle, s'y dirigeait.
19:49 - Voilà, avec des figures comme Alain de Benoît,
19:51 voilà.
19:53 Et ça correspond... Michel Droit
19:55 va faire une théâtrie,
19:57 une sorte d'article, de biais polémique,
19:59 qui ne lui ressemble pas vraiment, parce que Michel Droit,
20:01 c'était l'interlocuteur privilégié
20:03 du Charles de Gaulle.
20:05 - Oui, il s'est énervé, là.
20:07 - Il s'est énervé,
20:09 et qu'est-ce qu'il dit ? Il dit
20:11 "Chassieux, barbe de 3 jours,
20:13 lippe dégoulinante, bouson savamment
20:15 avachi, main au fond des poches,
20:17 bref, plus attentivement délabrée,
20:19 plus minutieusement débraillée,
20:21 plus définitivement crado que jamais."
20:23 Voilà. Et
20:25 il va accuser carrément
20:27 Gainsbourg aussi de faire le jeu de l'antisémitisme.
20:29 - Oui. - En disant que... - Très, très limite,
20:31 son... - Ah non, mais c'était...
20:33 - C'est la... - Il l'accuse
20:35 de tourner la Marseillaise en dérision
20:37 pour en tirer
20:39 commercialement profit, voilà.
20:41 - Ah oui. - Vieille rengaine anti-juive. - Gainsbourg a été
20:43 très blessé par cette tribune.
20:45 Il dira, à propos de ce journaliste,
20:47 justement, il m'a remis l'étoile jaune une deuxième fois.
20:49 - Oui. Mais il a été profondément
20:51 blessé. Même si
20:53 on peut pas se mettre dans la tête de Gainsbourg, il y a toujours,
20:55 comme je disais tout à l'heure, une part de provoque.
20:57 Après, qu'est-ce qui est provocateur
20:59 à part ? C'est pas le premier à avoir
21:01 remis la Marseillaise au goût du jour.
21:03 Il y a des gens comme Django Reinhardt qui l'avait interprétée
21:05 à la guitare. - Tout à fait. - Vous vous rappelez de cette
21:07 polémique en 1974 quand
21:09 Valéry Giscard d'Estaing avait voulu
21:11 ralentir un petit peu le rythme.
21:13 Bon, déjà, on avait crié, mais...
21:15 La Marseillaise, c'est un
21:17 hymne national, mais qu'on peut tout à fait
21:19 réadapter. - Et Frédéric, rappelez,
21:21 parce que c'est très amusant, parce qu'on lui dit "Pourquoi tu as mis
21:23 etc." - Etc. - C'est amusant, ça.
21:25 - Ça fait un peu partie de la provoque.
21:27 C'est-à-dire que ça correspond à cette image
21:29 de Gainsbourg un peu nonchalante. Parce
21:31 qu'en fait, quand il écrivait, au lieu
21:33 d'écrire "Ad lib",
21:35 au lieu de toujours les paroles, il écrivait
21:37 les couplets, et puis au moment du refrain, il mettait
21:39 "Aux armes", etc. Et ça donne
21:41 cette impression que, finalement, "Aux armes",
21:43 et puis j'ai un peu la flemme
21:45 de raconter la suite. - Non, mais c'est juste un mot, je ne sais pas si
21:47 vous le savez, mais peut-être...
21:49 Vous savez que dans les livres,
21:51 dans les livres des manuels,
21:53 certains manuels d'histoire,
21:55 c'est écrit "Aux armes", etc. - Ah, je ne savais pas ça.
21:57 - Absolument. C'est-à-dire que ce n'est pas Gainsbourg qui l'a inventé,
21:59 ça. C'est-à-dire que dans certains manuels d'histoire,
22:01 vous aviez, parce que le type ne voulait pas
22:03 répéter, donc il disait "Aux armes, citoyens",
22:05 "On ne va pas répéter le refrain
22:07 quatre fois", et il mettait "Aux armes", etc.
22:09 Moi, j'ai un manuel d'histoire où il y a ça.
22:11 - Mais comme quoi, on a accusé Gainsbourg
22:13 justement de nonchalance, alors que finalement,
22:15 il a juste lu un livre d'histoire. - Absolument.
22:17 - En tout cas, à l'époque, Gainsbourg a été
22:19 inondé de courriers injurieux,
22:21 surtout parce qu'il avait répondu à la tribune
22:23 de droit dans le matin,
22:25 dans une tribune intitulée "L'étoile des braves".
22:27 Et à l'époque,
22:29 il faut le rappeler, c'est que des associations
22:31 d'anciens combattants et de parachutistes ont mené des actions
22:33 pour faire interdire les concerts,
22:35 notamment, c'était à Strasbourg,
22:37 le 4 janvier 1980.
22:39 Racontez-nous ce qui s'est passé. - Gainsbourg
22:41 a voulu se produire.
22:43 Effectivement, dans une période de tensions
22:45 terribles, c'était une sorte de guerre
22:47 entre Gainsbourg et les éditorialistes.
22:49 C'est à l'époque où il disait
22:51 "On n'a pas le con
22:53 d'être aussi droits", c'était sa formule.
22:55 Et face aux...
22:57 Quand il a dû
22:59 se produire à Strasbourg
23:01 avec ses musiciens jamaïcains,
23:03 il a été empêché
23:07 par une association de paramilitaires.
23:09 Et
23:11 John Birkin, dans les coulisses, lui a dit
23:13 "Laisse tomber, ça ne sert à rien".
23:15 Et de rage, il est monté sur scène
23:17 dans son habit
23:19 un peu comme un tréhi, son habit militaire
23:21 à lui, a levé le bras,
23:23 et puis il a chanté sa marseillaise,
23:25 donc débarrassé des arrangements...
23:27 - Il a chanté la marseillaise, à capo !
23:29 - Voilà, à capella.
23:31 Exactement.
23:33 Et puis, étonnamment,
23:35 les paras qui étaient présents dans la salle
23:37 se sont mis à l'entonner aussi
23:39 parce qu'ils étaient un peu obligés.
23:41 Le concert n'a pas pu se faire.
23:43 Et puis, après, l'histoire a continué.
23:45 C'est-à-dire qu'il a voulu montrer
23:47 qu'il était vraiment un patriote.
23:49 C'était un patriote, John Birkin le dit très bien d'ailleurs.
23:51 Et il a racheté
23:53 un des exemplaires du manuscrit de Roger Delisle.
23:55 Mais je dirais que...
23:57 - Mais ça a créé à nouveau des tensions.
23:59 On citait que Dominique Janet,
24:01 effectivement, à ce propos dans le quotidien de Paris,
24:03 a dit "Comment se fait-il qu'aucun patriote
24:05 n'ait trouvé au fond de ses poches
24:07 135 000 francs pour empêcher
24:09 un Rasta de mettre ses sales pattes
24:11 sur la Marseillaise ?"
24:13 - C'est dur.
24:15 Quand on lit ça, on est étonné.
24:17 On a l'impression qu'on est en 33, 34.
24:19 Alors qu'on est en 79.
24:21 Et 15 mots.
24:23 Alors,
24:25 Michel Droit, entre la polémique
24:27 et cet épisode,
24:29 il va entrer à l'Académie française
24:31 donc il va éviter de remettre son nez là-dedans.
24:33 Mais effectivement, Dominique Janet reprend
24:35 le flambeau.
24:37 C'est pas à son honneur, ça.
24:39 Mais Gainsbourg va être
24:41 blessée. Et je suis persuadé
24:43 que l'évolution suivante
24:45 de Gainsbourg, c'est-à-dire que
24:47 l'esthète un peu Germano Pratin,
24:49 le dandy à Mocassin,
24:51 va se transformer
24:53 finalement en...
24:55 - Gainsbarre. - En Gainsbarre.
24:57 De provoqué, il est devenu provocateur.
24:59 Et la provocation, qui n'était qu'une facette
25:01 de sa personnalité,
25:03 a pris le dessus.
25:05 Et je crois que cette affaire, finalement,
25:07 elle a cru...
25:09 - Oui, c'était le cas, tu disais,
25:11 quand Gainsbarre se bourre, Gainsbourg se barre.
25:13 Mais est-ce que vraiment,
25:15 alors justement, j'ai vu ce que vous dites,
25:17 mais au fond, Gainsbourg
25:19 n'a pas fait que ça, après.
25:21 Est-ce que ça a été
25:23 vraiment une rupture ? Mais je vous pose la question.
25:25 Parce que
25:27 est-ce qu'il n'a été que
25:29 je veux dire, provocateur
25:31 après ça ? Alors c'est vrai
25:33 que ça a accentué le fait,
25:35 mais est-ce qu'il n'était pas déjà
25:37 peut-être la santé, la maladie
25:39 n'a pas joué ? - Je sais pas.
25:41 En tout cas,
25:43 ce qui est vrai, c'est que ça a marqué une rupture.
25:45 Il y a quelques belles choses sur l'album suivant,
25:47 sur les Nouvelles des Étoiles,
25:49 notamment
25:51 La Nostalgie Camarade. Les albums suivants,
25:53 pour moi, qui sont pratiquement
25:55 des albums de rap, je trouve qu'ils s'aventurent
25:57 sur un terrain qui n'était pas très bon.
25:59 Love on the beat,
26:01 pour moi, passer de "Je t'aime moi non plus"
26:03 à "Love on the beat, c'est pas bien".
26:05 Et pour moi, je crois que
26:07 ce qui est dommage aujourd'hui,
26:09 c'est que dans les
26:11 best of télé, on rappelle essentiellement
26:13 ça. On rappelle l'histoire de la Marseillaise
26:15 et on met cette histoire de la Marseillaise
26:17 à côté de choses
26:19 pas très glorieuses, c'est-à-dire les billets de
26:21 500 francs brûlés, ou alors
26:23 à la provoque à Whitney Houston, chez Drucker.
26:25 - Là, vous avez tout à fait raison, c'est vrai.
26:27 On entend beaucoup moins
26:29 les "Rossard 58",
26:31 les "Black Baudelaire"
26:33 magnifiques, etc. - C'est toute la merveille
26:35 des années 70.
26:37 Effectivement,
26:39 et c'est
26:41 dommage. Et je crois
26:43 que ce changement
26:45 de paradigme,
26:47 voilà, Gainsbourg
26:49 a pris le dessus, sans doute parce qu'il
26:51 s'est senti meurtrier, provoqué.
26:53 - Ah oui. - Ça a joué, oui. - Alors, écoutons
26:55 à présent cette chanson
26:57 sublime, qui symbolise la naissance du
26:59 "Charity Business". Elle est sortie
27:01 en 1984.
27:03 * Extrait de "Charity Business" de Whitney Houston *
27:05 - Hmm.
27:07 - Oui, c'est bon.
27:31 - Attends.
27:33 * Extrait de "Charity Business" de Whitney Houston *
27:35 - Frédéric Graniès,
27:43 cette chanson a été co-écrite
27:45 par Michael Jackson et
27:47 Lionel Richie, c'est ça ? - Oui.
27:49 C'était une chanson qui a été co-écrite
27:51 fin 1984, qui est sortie
27:53 début 1985,
27:55 et qui marque la naissance
27:57 de ce business humanitaire. Jusque-là, le rock,
27:59 il y avait assez peu de
28:01 manifestations
28:03 caritatives qui étaient organisées dans le monde
28:05 du rock. Il y avait eu ce concert
28:07 pour le Bangladesh en 71, qui avait été
28:09 mis en scène par George Harrison,
28:11 il y avait Dylan, Ringo Starr,
28:13 mais là, on passe vraiment à un
28:15 cran supérieur. A l'époque, on est en
28:17 83-84, il y a une famine
28:19 terrible qui touche l'Ethiopie,
28:21 dans un pays qui est
28:23 qui en est 10 ans après la mort de
28:27 Elie Zelassier, et
28:29 il va y avoir des déplacements de population,
28:31 des récoltes catastrophiques, et
28:35 tout d'un coup, à la BBC, on va avoir
28:37 les images
28:39 de ces enfants en train de mourir,
28:41 de ces hommes et ces femmes en train de mourir,
28:43 et ça va créer une émotion.
28:45 En Angleterre, il y avait eu une chanson,
28:47 puisque Bob Geldof, qui était l'initiateur
28:49 du band Aid, va faire
28:51 cette chanson, et aux Etats-Unis, ça va
28:53 donner des idées à
28:55 Aribella Fonte, qui nous a quittés il n'y a pas très longtemps,
28:57 et qui va se dire "pourquoi on ne ferait
28:59 pas la même chose aux Etats-Unis ?"
29:01 Alors d'abord, il pense faire uniquement, faire
29:03 chanter ça par des artistes afro-américains,
29:05 et puis il se dit "bah non, finalement,
29:07 cette famine, elle nous touche tous,
29:09 c'est de l'universalisme, c'est normal",
29:11 et
29:13 il va appeler son copain
29:15 Quincy Jones, qui a
29:17 produit les deux
29:19 albums de Michael Jackson,
29:21 - Avec les succès qu'on sait ! - Ah oui, oui, oui !
29:23 Voilà, deux disques assez obscurs,
29:25 mais quelques exemplaires,
29:27 "Thriller" et "Off the Wall",
29:29 et il se dit "bon, faites équipe
29:31 avec Lionel Richie pour composer un hymne",
29:33 et
29:35 Michael Jackson va finalement
29:37 sans doute composer la chanson largement
29:39 dans son coin, et arriver avec une démo,
29:41 avec cette chanson, cette balade
29:43 qui évoque
29:45 par exemple "Human Nature",
29:47 sur "Thriller",
29:49 et qui est une sorte de chanson de réconfort,
29:51 qui est là pour montrer que...
29:53 - Nous sommes un monde, nous sommes unis,
29:55 - Exactement, et l'autre coup de génie
29:57 de Quincy Jones, c'est que
29:59 début 1985, il va y avoir
30:01 une grande cérémonie
30:03 des
30:05 American Music Awards qui va être organisée...
30:07 - Pardon, c'est lui qui a réuni
30:09 tous les... Qui a réuni ? - Oui, c'est Quincy !
30:11 - C'est Quincy ! - C'est Quincy Jones, c'est-à-dire
30:13 à l'occasion de ces American Music Awards,
30:15 où Lionel Richie,
30:17 Michael Jackson, Prince vont être en compétition
30:19 pour le disque de l'année, il va y avoir tout le gratin
30:21 de la pop et du rock,
30:23 en ayant profité pour dire "Distribuez
30:25 des cartons, mettez votre
30:27 ego à la porte, venez me voir
30:29 dans les studios d'Hollywood, et pendant
30:31 toute une nuit, on va chanter
30:33 cette hymne qui va
30:35 être destinée à sauver
30:37 l'Ethiopie, sauver l'Afrique de l'Europe...
30:39 - Quel casting incroyable ! - Mais le casting est incroyable !
30:41 Il y avait Bob Dylan, Tina Turner,
30:43 Diana Ross, Ray Charles, Stevie Wonder,
30:45 Billy Joel... En revanche,
30:47 il n'y avait ni Prince, ni Madonna, ce qui est quand même
30:49 étonnant, et leur présence a été...
30:51 leur absence a été vraiment remarquée.
30:53 - Madonna c'est étonnant, parce que c'est vraiment...
30:55 Yacine Dilopper qui est un peu son succès
30:57 d'année, on va dire, à l'époque.
30:59 Mais Madonna,
31:01 son absence est étonnante,
31:03 et Prince, on saura des années
31:05 plus tard pourquoi. Alors lui,
31:07 donner cette explication comme quoi
31:09 il n'a pas pu y aller,
31:11 pourtant il était à Los Angeles à l'époque,
31:13 il n'a pas pu y aller parce qu'il y avait eu un problème
31:15 avec ses gardes du corps...
31:17 Il se rattrapera en
31:19 composant une chanson pour le 33 tours,
31:21 mais il n'est pas sûr, effectivement,
31:23 sur le 45 tours. - Enfin, il y a déjà
31:25 tellement de monde... - Oui, on parle de rivalité
31:27 entre lui et Jackson à l'époque,
31:29 c'est ça ? - C'est sans doute vrai, et surtout,
31:31 dans la...
31:33 Quand cette guitariste sortira sa biographie
31:35 25 ans plus tard, elle avouera
31:37 que Prince n'avait pas voulu se rendre ce soir-là
31:39 dans les studios, parce qu'il ne voulait pas
31:41 chanter cette chanson pourrie
31:43 parmi ces enfoirés !
31:45 - Carrément ! - En tout cas, grâce à ce
31:47 hymne, plus de 63 millions
31:49 de dollars ont été récoltés. Alors,
31:51 à l'époque, Reagan a soutenu
31:53 cette lutte contre la famine en Afrique,
31:55 mais sous condition, vous le rappelez dans votre
31:57 livre, c'est très intéressant, racontez-nous.
31:59 - C'est-à-dire que, on est
32:01 en pleine phase du Reaganisme triomphant,
32:03 et pour Reagan,
32:05 montrer...
32:07 Parce que le régime en Ethiopie, c'est un régime
32:09 rouge, c'est Magintzu,
32:11 qui tient les reines
32:13 10 ans après Sélassié, et qui...
32:15 C'est une dictature
32:17 qui est soutenue, bon, un peu...
32:19 Une dictature rouge, mais soutenue un peu
32:21 du bout des lèvres par les
32:23 soviétiques. Et pour Reagan,
32:25 c'est tout bénef de montrer, finalement,
32:27 que les Etats-Unis sont là
32:29 pour aider un régime qui est
32:31 incapable de gérer ses affaires intérieures.
32:33 - Est-ce que, juste parce que nous arrivons en fin du...
32:35 Pas de l'émission, heureusement, mais du module,
32:37 est-ce que ça a été immédiatement
32:39 un succès mondial ? Immédiatement ?
32:41 - Parce que Sibiez s'est fait pour,
32:43 parce que ça a été
32:45 matraqué, et c'est l'ère du matraquage,
32:47 c'est-à-dire qu'il y a moins de canaux de diffusion,
32:49 et puis, comment dire...
32:51 C'était aussi la naissance,
32:53 c'était un peu inédit comme exercice.
32:55 Et acheter un 45 tours
32:57 ou diffuser une chanson, c'est bien,
32:59 c'est un acte généreux, c'est aussi une manière
33:01 de s'acheter une bonne conscience à peu de frais, si vous voulez.
33:03 Et donc, quand on achetait
33:05 ce 45 tours... - On participait à un acte
33:07 qualitatif. - Voilà.
33:09 Je ne veux pas non plus être trop cynique.
33:11 Et cette chanson va quand même ouvrir
33:13 la voie à des chansons
33:15 bientôt, je pense à Sun City,
33:17 contre la partaid un an plus tard,
33:19 ou il va y avoir des chansons... - Gréceland aussi.
33:21 - Voilà, ou des chansons contre
33:23 le sida...
33:25 - Ça va ouvrir la voie
33:27 aux chansons grandes choses. - Voilà.
33:29 Le problème, c'est qu'il y a certains artistes qui vont
33:31 plonger là-dedans et devenir
33:33 oubliés qu'ils sont avant tout des chanteurs
33:35 de rock, et qu'ils vont s'inventer
33:37 une sorte de
33:39 posture de chœur un peu
33:41 christique. Je pense à Michael Jackson, avec
33:43 les chansons dans les années 90, "Heart Song"
33:45 ou "Heal the World", où on a l'impression
33:47 que c'est
33:49 l'avènement du Messie. Ou Bono, par exemple.
33:51 - C'est vrai.
33:53 Bono, lui, est devenu complètement là-dedans.
33:55 Mais c'est dommage, juste un mot, parce que vous avez vu
33:57 les chansons de la répétition
33:59 de ce que devait faire Jackson
34:01 avant de mourir, quoi. Et là, il revenait
34:03 aux origines. Il y avait un côté "Back to the
34:05 Roots", plus ou moins, mais assez fort.
34:07 - Je pense que c'est un des grands regrets
34:09 de l'histoire du rock.
34:11 C'est troublant de savoir que, finalement,
34:13 il semblait si frêle et en même temps
34:15 si dynamique à la fois.
34:17 On saura jamais.
34:19 - Alors, les artistes, effectivement,
34:21 mais les politiques aussi,
34:23 ont profité, certains, d'un phénomène musical
34:25 pour se faire élire et diriger
34:27 un pays. C'est le cas d'un grand
34:29 politique international. On va en parler
34:31 dans un instant. On vous dira, Luc Alain, tout de suite.
34:33 (musique)
34:35 (musique)
34:37 (musique)
34:39 (musique)
34:41 - Suite emblématique du groupe Oasis
34:43 a contribué à réinstaller les travailleurs
34:45 les travaillistes, pardon, au pouvoir
34:47 en Angleterre en 1997.
34:49 Frédéric Granier.
34:51 Alors, quelle a été la stratégie des
34:53 conseillers de Tony Blair pour y parvenir ?
34:55 Parce que, quand même, l'exercice
34:57 était périlleux, on peut dire, non ?
34:59 - Effectivement.
35:01 Ça a toujours été,
35:03 dans l'histoire, c'est un peu,
35:05 on le voit encore, parmi nos dirigeants,
35:07 cette volonté de s'associer
35:09 à des artistes à la mode, pour pouvoir
35:11 se faire élire. Je pense à Wilson,
35:13 en 1964, avec
35:15 les Beatles, qui pourtant avait juré de ne pas
35:17 faire de politique, mais il a réussi à faire sa petite photo.
35:19 Tony Blair va être
35:21 très très malin, au début des années 90.
35:23 Il faut se souvenir, au début des années 90,
35:25 l'Angleterre s'ennuie,
35:27 pour paraphraser le monde.
35:29 C'est-à-dire que
35:31 on entend à la radio
35:33 que des chansons américaines,
35:35 on a l'impression que la culture anglaise
35:37 est un peu mise de côté.
35:39 Et puis, tout d'un coup, il va y avoir ce qu'on appelle
35:41 la "Britpop", c'est-à-dire un courant musical
35:43 où, tout d'un coup, on va rassembler des artistes
35:45 anglais, autour de la
35:47 bannière de l'Union Jack,
35:49 et il va y avoir Blur,
35:51 il va y avoir Pulp, et il va y avoir le premier de ces groupes,
35:53 qui est Oasis, et qui,
35:55 en 1995, va sortir
35:57 son second album,
35:59 et est porté par cette chanson
36:01 "Wonderwall", qui est une sorte
36:03 de balade de réconfort,
36:05 qui évoque un peu, d'ailleurs, ce que pouvaient produire
36:07 les Beatles, au milieu des années 60.
36:09 Donc, une sorte de tube
36:11 qui est tout à fait calibré
36:13 pour les radios.
36:15 À l'époque, c'est un groupe qui est incarné
36:17 par les frères Gallagher, qui se castagnent,
36:19 qui s'envoient des invectives,
36:21 par médias interposés, on suit leur épopée
36:23 un peu comme on suivrait un soap opéra.
36:25 Et...
36:27 L'essor d'Oasis,
36:29 ça correspond à une sorte
36:31 de renouveau de la culture anglaise.
36:33 Vous vous souvenez, c'est l'époque
36:35 de The Full Monty, au cinéma,
36:37 c'est l'époque de...
36:39 - Oui, c'est-à-dire qu'il y avait
36:41 toute l'époque punk,
36:43 sex-piste, enfin,
36:45 Malcolm McClaren, Vivienne Westwood,
36:47 et compagnie, et puis ça avait sombré,
36:49 et puis là...
36:51 - Alors justement, Tony Blair, en quoi a-t-il été malin ?
36:53 Comment ses conseillers ont fait pour l'approcher ?
36:55 C'était un musicien, Tony Blair, non ?
36:57 - C'était un musicien, il jouait de la guitare
36:59 dans un groupe amateur, quand il était jeune,
37:01 d'ailleurs, avec un journaliste
37:03 qui deviendra plus tard
37:05 le rédacteur en chef du magazine Q.
37:07 Il en a joué,
37:09 surtout il est malin, c'est-à-dire que face à lui,
37:11 qu'est-ce qu'il a ? Déjà, il a...
37:13 Quand on arrive en 97,
37:15 en 95, ça fait 16 ans
37:17 que Tatcherisme est au pouvoir.
37:19 Alors Tatcher est parti au début de la décennie,
37:21 mais elle a été remplacée par John Major,
37:23 qui n'est pas le plus charismatique
37:25 des dirigeants. D'ailleurs, on se moque
37:27 de lui tous les soirs dans "Speeding Image",
37:29 l'équivalent des guignols de l'info,
37:31 en disant que c'est un "grey man",
37:33 il est complètement gris,
37:35 il est littéralement grisâtre.
37:37 Et Tony Blair sait pertinemment
37:39 que s'il veut gagner les élections,
37:41 il faut se mettre la jeunesse dans sa poche.
37:43 Qu'est-ce qu'il va faire ?
37:45 Sous les conseils de ses "spin doctors",
37:47 c'est qu'il va répéter à l'envie
37:49 dans les interviews qu'effectivement,
37:51 il avait son petit groupe de rock,
37:53 qu'il adore Oasis.
37:55 Pourquoi Oasis ? Parce que c'est le groupe
37:57 le plus successeux du moment.
37:59 Et puis, il prend bien soin
38:01 de citer une chanson
38:03 un peu obscure d'Oasis pour montrer
38:05 qu'il ne s'est pas contenté du tube, etc.
38:07 Et à cette époque,
38:09 "Wonderwall", quand ça sort
38:11 en single fin 95,
38:13 ça balaye tout
38:15 sur son passage. C'est-à-dire que
38:17 c'est un moment important
38:19 où un tube britannique
38:21 va avoir du succès,
38:23 pas seulement en Angleterre, mais en Europe
38:25 et outre-Atlantique. Et ça va faire espérer
38:27 à toute l'industrie musicale
38:29 une sorte de nouvelle invasion britannique
38:31 comme on avait pu avoir au début des années 60
38:33 avec les Beatles, les Stones, les Kings,
38:35 les Animals, etc.
38:37 - En tout cas, le 1er mai 1997,
38:39 Tony Blair remportera les élections,
38:41 mais l'état de grâce où le raconter
38:43 ne va pas durer. André Berkhoff,
38:45 heureux de rendre l'antenne, j'aimerais que l'on dise un mot
38:47 sur le festival de Correspondances
38:49 qui aura lieu à Grignan du 4 au 8 juillet
38:51 cette année, c'est la 27ème édition,
38:53 sur le thème "Lettre d'amour et de haine"
38:55 et au programme, donc différents spectacles, André.
38:57 - Oui, d'ailleurs,
38:59 ils auraient pu franchement intituler
39:01 "Propre en hommage à Gainsbourg" en disant
39:03 "Je t'aime, moi non plus". Ça aurait été plus fort.
39:05 Enfin, très très bien Grignan,
39:07 si vous êtes dans les parages, et même si
39:09 vous n'êtes pas dans les parages, allez-y, du 4 au 8 juillet,
39:11 Correspondances d'Antoine et
39:13 Consuelo de Saint-Exupéry, avec
39:15 Antoine Dulleri, Anne Pariot,
39:17 énormément de comédiens, mais je cite juste
39:19 les Correspondances, Napoléon et Joséphine,
39:21 Catherine et Alain Robbier,
39:23 Cocteau, Amaré,
39:25 Franz Kafka, Milena Jezinska,
39:27 et la haine, est-elle vraiment
39:29 le contraire de l'amour ? Vaste question
39:31 philosophique. Mais j'aurais une dernière
39:33 question à poser, justement, avant qu'on
39:35 rende l'antenne à Frédéric Ragné.
39:37 Au fond,
39:39 les chansons, c'est vraiment,
39:41 je dirais, c'est peut-être plus
39:43 important que la politique, en tout cas pour les gens.
39:45 - Écoutez, Lennon,
39:47 quand j'ai écrit une biographie des Beatles
39:49 il y a quelques années, il y a trois ans
39:51 maintenant, il y avait une citation
39:53 de Lennon qui disait
39:55 "J'ai fait beaucoup plus pour
39:57 mettre fin à la guerre du Vietnam que
39:59 tous les diplomates
40:01 du Congrès de Paris en 73."
40:03 J'ai trouvé ça ridicule, parce que bon, c'est pas
40:05 le plus humble des musiciens. - Oui. - Et en même temps,
40:07 et en même temps, qu'est-ce qui reste aujourd'hui ?
40:09 Est-ce qu'il reste "Imagine" ?
40:11 Est-ce que, finalement, dans la psyché collective,
40:13 les figures de Kissinger,
40:15 de Les Ductos, sont pas en train de
40:17 disparaître ?
40:19 Finalement, est-ce que, voilà, peut-être que
40:21 une bonne chanson, ça vaut tous les grands discours.
40:23 - En fait, c'est pas tout fini par des chansons,
40:25 tout commence par des chansons.
40:27 - Exactement, Frédéric Ragné, merci d'être
40:29 venu sur Sud Radio. Je rappelle que votre livre "Imagine",
40:31 douze chansons qui ont fait l'histoire, est parue
40:33 aux éditions Perrin, de même que
40:35 votre biographie sur les Beatles, qui
40:37 vient d'être réédité dans la collection
40:39 Tempus. Tout de suite, sur Sud Radio,
40:41 vous retrouverez Brigitte Lai.