X. Hollandts : « La ferme familiale ne sera plus le modèle agricole dominant »

  • il y a 2 mois
Stratégie agricole d'Emmanuel Macron

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00:00Xavier Hollande, vous êtes universitaire et vous vous intéressez depuis plusieurs années au monde agricole, à la gouvernance du monde agricole.
00:14Emmanuel Macron parle de faire une révolution culturelle du secteur agricole. Est-ce que les agriculteurs doivent s'inquiéter de cette sémantique ?
00:25Oui et non. Si on entend révolution culturelle par changement de métier et alignement sur des pratiques liées à l'innovation, à l'augmentation de la taille des exploitations, ça peut être une source d'inquiétude pour les agriculteurs.
00:44Non si la révolution culturelle porte sur notamment les relations commerciales, comme les états généraux de l'alimentation l'ont montré.
00:53Et non si la révolution culturelle porte aussi sur les différents acteurs des filières agricoles, notamment la grande distribution et les industriels.
01:01Là je crois que c'est plutôt un motif d'espoir pour les agriculteurs. Donc il faudra sans doute à travers le futur projet de loi que certains éléments soient apportés pour savoir en quoi consiste exactement cette révolution culturelle qu'Emmanuel Macron a récemment présentée.
01:17En France, les professionnels défendent un modèle familial de l'agriculture française. Est-ce que ça signe l'arène mort de ce modèle familial ?
01:29En tout cas, clairement l'exploitation familiale est en danger. Certains disent même qu'on est arrivé au bout de ce modèle-là.
01:36Sûrement ce modèle-là ne sera plus le modèle dominant, le modèle dominant qui a été au cœur de l'agriculture française.
01:43On risque à mon avis de se diriger vers un modèle qui fera cohabiter deux types d'agriculture.
01:53Une agriculture bien armée pour une économie mondialisée où on va se battre pour avoir les coûts les plus bas parce que derrière ce qu'on va rechercher c'est les prix les plus bas pour que le consommateur puisse acheter les produits agricoles français.
02:09Et de l'autre côté un modèle plutôt de proximité qui sera lié plus ou moins au circuit court avec une logique de production plutôt locale et une logique de consommation également plutôt locale.
02:20Et là on verra sans doute ce modèle peut-être à deux vitesses qui à mon avis mettra en cause le modèle classique de l'exploitation familiale qui est essayé par certains côtés de jouer sur ces deux tableaux.
02:33On est ici au cœur du salon de l'agriculture, il ne serait plus juste de parler du salon des agricultures parce qu'on a effectivement des modèles agricoles différents.
02:41Et il faudra effectivement, et c'est là toute la difficulté de notre politique agricole nationale et de la politique agricole commune, c'est d'avoir une politique qui s'adresse aussi bien à l'agro-industrie qu'à des modèles agricoles beaucoup plus modestes.
02:54Et ça veut dire qu'il faut à la fois soutenir une agro-industrie, également arriver à soutenir par des moyens sans doute différents et des subventions aussi différenciées ces deux modèles-là pour que l'ensemble du tissu agricole ait sa chance et puisse perdurer dans le futur.
03:09Ça veut dire effectivement avoir des politiques agricoles différenciées, c'est toute la difficulté dans laquelle on s'est trouvé d'un point de vue politique depuis 30 ou 40 ans.
03:18On a essayé de ménager ces deux éléments-là sans vraiment réussir. Alors l'agro-industrie a peut-être mieux réussi que l'autre modèle, mais c'est toute la difficulté à l'heure actuelle de la politique agricole française.
03:30Il faut aussi constater que dans ce phénomène-là, le consommateur joue de plus en plus un rôle actif en ayant parfois une action concrète, en soutenant directement les producteurs et en venant quelque part en substitution de l'intervention publique en termes d'agriculture.

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