Sylvain Mégrier (Oda) : « Le marché à terme permettra de limiter la volatilité »

  • il y a 2 mois
Marchés laitiers

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00:00Bonjour, bienvenue sur la SpaceWeb TV, le plateau où j'accueille Sylvain Maigrier,
00:13bonjour.
00:14Bonjour.
00:15Alors vous êtes consultant chez Offre et Demande Agricole, on va parler du marché
00:19laitier dans un contexte où la fin des quotas s'annonce dans quelques mois au 1er avril
00:242015. Je voudrais savoir quelle analyse et quelles conséquences vous tirez de cette
00:30fin des quotas pour les éleveurs français et même dans un contexte international ?
00:36On pense tout d'abord que ça va augmenter la volatilité. Par exemple simple, aujourd'hui
00:43en France, la protection par les quotas permet une volatilité assez faible qui tourne aux
00:49alentours de 11%. Alors qu'au niveau international, les Etats-Unis sont à 18% de volatilité
00:55et la Nouvelle-Zélande à 26%, ce qui est quand même assez important.
00:58Donc la fin des quotas en France va davantage soumettre les éleveurs à une plus forte
01:06variation des prix ?
01:07Tout à fait, une plus forte variation impactée, je dirais en corrélation avec le marché
01:12international.
01:13Comment les éleveurs demain pourront faire face à cette volatilité accrue ?
01:19Plusieurs outils, notamment le marché à terme. Le marché à terme qui a été mis
01:24en place par exemple au niveau des Etats-Unis en 1990, où là les éleveurs l'utilisent
01:29énormément, les éleveurs et également les industriels. Et en Europe ça commence,
01:34ça existe un petit peu mais très peu utilisé, notamment avec Eurex par exemple, où à Eurex
01:40il y a un marché pour la poudre de lait et pour le beurre.
01:42La fin des contrats sera effective au 1er avril 2015. Pourtant les éleveurs auront
01:51un contrat avec leurs collecteurs. Ces contrats entre éleveurs et collecteurs ne permettront
01:58pas de limiter l'impact de la volatilité sur les élevages ?
02:03Alors ça limitera toujours un petit peu la volatilité, tout à fait. Mais je dirais
02:07que comme les producteurs aujourd'hui après seront un peu libres dans la production et
02:12qu'on devrait avoir une augmentation de la production, ça va nous ouvrir davantage
02:15au marché international. Comme par exemple avec l'usine de Carré qui est en train d'ouvrir.
02:19Vous me disiez en préparant cette émission, l'usine de Carré, pour donner cet exemple,
02:24aura un impact en tant que tel sur le marché français du lait ?
02:29Ça aura un impact sur le marché du lait français puisque c'est une ouverture en
02:33plus du marché français sur l'international, notamment sur la Chine.
02:38Globalement, la soumission à la volatilité dans les élevages français sera due à une
02:50plus grande exposition au marché export. C'est-à-dire que la France va davantage exporter donc elle
02:56sera davantage soumise aux aléas du marché international ?
03:00C'est possible qu'elle exporte davantage, ça c'est très difficile à dire aujourd'hui,
03:05mais je pense que ça sera quand même soumis davantage au prix du marché international
03:11et par conséquent d'une volatilité plus forte. Cette volatilité qui ne sera pas simple
03:15à gérer vu que ce sera vraiment une remise en cause des outils pour gérer cette volatilité
03:22demain.
03:23Comme à l'image des céréaliers aujourd'hui qui utilisent pour bon nombre les marchés
03:28à terme, vous pensez que sur le marché laitier, les éleveurs seront amenés à utiliser
03:35et gérer les marchés à terme pour se couvrir de ces variations de prix ?
03:38Je pense oui. Certains éleveurs ont déjà montré un intérêt pour ces marchés à
03:44terme, mais en face de ça, ça ne répondait pas forcément présent au niveau des industriels.
03:48Or, on remarque depuis quelques mois que les industriels s'intéressent de plus en plus
03:52à ces marchés, aux marchés à terme, à se couvrir sur du beurre. Je pense que si les
03:59deux parties, et pour qu'un marché fonctionne, il faut que les deux parties soient présentes
04:03et qu'il y ait de la liquidité, comme on dit.
04:05Un éleveur aurait-il intérêt à se positionner et à s'intéresser d'ores et déjà aujourd'hui
04:11sur ces marchés à terme ?
04:12S'y intéresser, oui, je pense. Vraiment qu'aujourd'hui, il faut s'y intéresser,
04:17il faut savoir comment ça fonctionne pour que demain, le jour où il y aura vraiment
04:21besoin de les utiliser avec cette fin de quota, ils soient opérationnels le plus rapidement
04:26possible.
04:27En attendant la fin des quotas, en France, quelle perspective de prix, de marché, de
04:34contexte vous prévoyez, vous analysez ces prochaines semaines, ces prochains mois ?
04:39On sort d'une période où les prix étaient vraiment bons, assez élevés, et là on a
04:45un retour de l'Océanie. C'est-à-dire que l'an dernier, il était peu présent à cause
04:50de la sécheresse en Australie notamment. Et donc là, avec leur retour d'une part,
04:55l'embargo de la Russie sur les produits d'origine agroalimentaire au niveau de l'Europe,
05:02et une dernière chose qui est la Nouvelle-Zélande qui va rentrer dans sa période de pic de production.
05:07Donc il y a de grandes chances que les marchés baissent sur les semaines et les mois à
05:12venir.
05:13Et donc la crainte qu'on peut avoir, l'inquiétude qu'on peut avoir pour les éleveurs, c'est
05:19que l'on va arriver dans un contexte libéralisé, sans quotas, alors que les prix ne seront
05:26pas très porteurs ou ne seront pas à la hausse.
05:29Il est difficile de dire quels seront les prix au mois de mars, mais si la conjoncture
05:34que l'on est en train de décrire continue, oui tout à fait, on pourrait arriver dans
05:38un contexte assez difficile qui se libéralise. Après pourquoi pas se couvrir avec ces outils
05:45et s'y intéresser dès aujourd'hui ?
05:46Sylvain Magrier, merci.
05:47Merci.

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