Punchline - la tentative d'assassinat sur Donald Trump peut-elle affaiblir Joe Biden ?

  • il y a 2 mois

Aujourd'hui dans "Punchline", Yoann Usaï et ses invités débattent de l'impact de la tentative d'assassinat sur Donald Trump dans la politique américaine.
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline

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Transcript
00:00On est à 18h01 sur CNews et sur Europe 1, nous poursuivons nos débats.
00:04Deux jours après la tentative d'attentat qui a visé Donald Trump,
00:08les États-Unis sont toujours sous le choc.
00:10Nous reviendrons dans un instant sur les premières déclarations de Donald Trump.
00:14Mais avant cela, je vous propose d'entendre les mots du président Biden
00:17qui appelle les Américains à ne pas sombrer dans la violence.
00:23À l'approche des élections, nous sommes tous confrontés à une période de test.
00:26Plus les enjeux sont élevés, plus les passions sont ferventes.
00:29Il incombe donc à chacun d'entre nous de veiller à ce que nos convictions,
00:33aussi fortes soient-elles, ne sombrent jamais dans la violence.
00:39François Pipponi, est-ce qu'il va devenir plus difficile pour Joe Biden
00:43de critiquer, d'attaquer politiquement, verbalement Donald Trump ?
00:47Parce que si les choses se poursuivent comme avant, on risque de lui dire
00:51mais en attaquant aussi frontalement Donald Trump,
00:53vous lui collez quelque part une cible dans le dos ?
00:56Bien sûr, c'est ce qui est déjà dit aux États-Unis.
00:57Les Républicains en particulier disent le fait d'avoir critiqué Trump
01:00comme on l'a fait pendant tant d'années, on lui a mis une cible dans le dos.
01:04Donc, si vous continuez, vous serez responsable.
01:06Bien entendu que la campagne ne pourra plus être la même
01:09et que les attaques contre Trump, telles qu'on a pu les connaître,
01:12vont certainement cesser.
01:13Alors, est-ce qu'elles reprendront ? Je ne suis pas sûr.
01:16Les États-Unis sont sous le choc.
01:18C'est un événement qui est déjà arrivé aux États-Unis, on le sait,
01:21contre des présidents ou des candidats ou des anciens présidents.
01:24Mais là, on a franchi un cap
01:26et on avait rarement connu une telle violence verbale.
01:28Donc, moi, je suis convaincu qu'effectivement,
01:30les Démocrates vont se trouver dans une situation extrêmement difficile
01:33où ils vont devoir changer de stratégie de campagne.
01:35Nathan Devers.
01:36Oui, déjà, le problème, c'est que si les Démocrates veulent combattre
01:39Donald Trump, ils peuvent réfléchir à la question de leur candidat,
01:43parce que, mine de rien, une élection, ça se joue avant tout
01:46candidat contre candidat.
01:48Et il est vrai qu'il était étonnant déjà lors des précédentes élections
01:52américaines de se dire qu'un pays comme les États-Unis
01:55et un parti comme les Démocrates n'aient pas réussi, finalement,
01:59à faire émerger des figures jeunes, des figures émergentes,
02:02des figures nouvelles, qui est une forme de rigueur politique.
02:06Et d'ailleurs, les grandes figures jeunes chez les Démocrates,
02:10il y a quelques années, c'était un Barack Obama.
02:12Aujourd'hui, c'est plutôt des AOC, Alexandria Ocasio-Cortez,
02:15qui est très radicale et qui tient un discours
02:18qui, évidemment, ne l'amènera pas à la Maison Blanche.
02:21Donc ça, c'est la première question.
02:22Comment se fait-il que M.
02:24Biden, qui a été, par ailleurs, un président qui a un très,
02:26très beau bilan, un bilan qui peut le défendre ?
02:28Mais comment se fait-il que M.
02:30Biden reste accroché à son fauteuil, qu'il n'y ait personne pour lui dire
02:33de s'en aller avec efficacité et qu'il n'y ait aucun candidat susceptible,
02:38si vous voulez, de représenter quelque chose et une puissance ?
02:41Face à cela, évidemment,
02:43tant qu'ils n'auront pas posé cette question, avoir de la violence
02:46contre Donald Trump, verbale ou autre, mais c'est même verbal,
02:51c'est évidemment pas utile.
02:52Et deuxième chose, évidemment, la question de la violence
02:54aux États-Unis, elle est centrale.
02:56On dit souvent qu'on assiste à une américanisation
02:58de la vie politique française.
02:59Et si c'est le cas, il faut s'en inquiéter.
03:01Nous avons aussi en France des capteurs d'un débat politique
03:05qui devient de plus en plus, non seulement polarisé, mais brutalisé
03:08de politiques qui n'ont pas de problème, notamment sur les réseaux sociaux,
03:12à se comporter de manière absolument indécente,
03:14à livrer leurs opposants à des formes de harcèlement,
03:17parfois les insulter, parfois les attaquer sur leur vie privée,
03:20vraiment à se comporter dans un mélange de cours de récréation
03:23et de violence. Ceci doit nous alerter.
03:24Oui, alors, puisque vous évoquez la situation politique en France
03:27et vous dites qu'on assiste peut-être en France
03:29à une américanisation de la vie politique,
03:31on va écouter le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
03:34qui explique que ce qui est arrivé à Donald Trump aux États-Unis,
03:37eh bien, il se pourrait bien que ça arrive un jour en France.
03:41La violence politique,
03:43malheureusement, elle va de pair avec le bruit, la fureur,
03:48les appels à la sédition, parfois les appels à la violence.
03:51Alors, c'est vrai que les États-Unis ont malheureusement une tradition
03:55de s'en prendre aux personnages les plus importants de leur pays
03:58et notamment les candidats ou les présidents des États-Unis.
04:00Donc, je voudrais avoir une pensée pour M. Trump, bien sûr,
04:02et puis pour l'Amérique, qui doit être très choquée aujourd'hui.
04:05Mais c'est tout à fait possible que cela puisse nous concerner
04:07dans les prochains temps.
04:10Joseph Touvenel, quand le ministre de l'Intérieur dit
04:12la violence politique va de pair avec le bruit, la fureur,
04:16les appels à la sédition, quand il dit cela, Gérald Darmanin,
04:19il est évident qu'il vise la France insoumise et Jean-Luc Mélenchon.
04:22Il a raison.
04:23Regardez le tweet pas si vieux de Rima Hassan,
04:26qui nous disait en gros que la vie, la liberté,
04:30ne peut surgir que du cadavre en putréfaction des colons.
04:35Si ce n'est pas un appel au meurtre, je ne sais pas ce que c'est.
04:39En nous disant que voilà, si on veut avoir un monde brillant,
04:42mais c'est exactement le discours des révolutionnaires en 93,
04:45ou en 91.
04:46Les colons qui, dans son esprit, disons-le clairement,
04:48sont tous les hommes blancs, en réalité.
04:49Les colons, dans son esprit, c'est évidemment les Israéliens.
04:54Et les hommes blancs en général.
04:55Mais c'est aussi dans nos banlieues.
04:57C'est très, très grave ce qu'elle fait et ça passe.
05:00Donc, c'est véritablement un appel et il ne faut pas le laisser faire.
05:03C'était très bien dit.
05:04Après, on n'est jamais à l'abri.
05:06Rappelez-vous, il y a eu un attentat contre Jacques Chirac.
05:11Donc, ça peut nous arriver,
05:12mais on sent monter des tensions avec des gens
05:14qui, aujourd'hui, vivent de ces tensions
05:18et sont en train de continuer.
05:21Enfin, tous ceux qui pratiquent un peu les banlieues, et ça m'arrive,
05:23je vois très bien,
05:25ne serait-ce que les endroits où je pouvais rentrer avant
05:27et où je ne peux plus rentrer maintenant.
05:29C'est simple, ça.
05:29C'est géographique, c'est clair, c'est net.
05:32Et c'est à quelques kilomètres d'ici, par exemple, dans des cités de vitrier.
05:35Louis Dracnel, comment est-ce qu'il faut interpréter
05:37les propos du ministre de l'Intérieur ?
05:40Je pense qu'il fait référence à la France insoumise
05:43et à l'extrême gauche de manière globale.
05:45Puisque, en fait, dans le même temps, Gérald Darmanin dit que,
05:48dans le cadre d'une coalition,
05:49s'il était amené à continuer à travailler au gouvernement,
05:51il ne le pourrait qu'à la seule condition
05:54qu'il n'y ait pas dans ce gouvernement
05:56des gens du Rassemblement national.
05:57Mais d'abord et avant tout, des gens de la France insoumise,
06:00des écologistes et des communistes.
06:01Il explique qu'il n'y a que des socialistes
06:03avec lesquels, éventuellement, il serait prêt à travailler.
06:06Et donc, forcément, ça fait référence aussi à ce qu'il a vu
06:08comme ministre de l'Intérieur.
06:10Tout à l'heure, vous parliez, vous évoquiez la question
06:12des manifestations contre les bassines dans les Deux-Sèvres.
06:16Eh bien, Gérald Darmanin a forcément en tête et en souvenir
06:20le fait qu'il a voulu dissoudre les soulèvements de la terre,
06:22qui, à Sainte-Sauline, avait d'ailleurs violenté...
06:26Il y avait 47 gendarmes qui avaient été blessés à l'époque.
06:29Et donc, voilà, cette violence politique,
06:30je pense qu'elle fait écho à tout ça.
06:33Et simplement, si on peut faire un parallèle
06:35entre ce qui se passe aux États-Unis et ce qui se passe chez nous,
06:38et Nathan Devers l'expliquait un peu pour les États-Unis,
06:40c'est qu'on assiste quand même à un blocage politique
06:42dans les deux pays.
06:43Dans un cas, vous avez des candidats qui sont les mêmes
06:46depuis pas mal de temps, avec un président sortant
06:49dont on voit aussi toutes les limites.
06:51Et puis, Donald Trump, qui a tout fait aussi pour prendre sa revanche.
06:54Et en France, alors, ce n'est pas autour de personne,
06:57mais il y a un blocage politique qu'on décrit maintenant
06:59depuis plusieurs semaines et on a énormément de mal à voir
07:02comment est-ce que ça peut se débloquer.
07:04Il y a très peu d'issues possibles.
07:06Et enfin, pour terminer, moi, ce qu'on observe en France,
07:10pour le coup, depuis quelques années, c'est le fait qu'on voit
07:14que la société maintenant est très compartimentée,
07:16en camp totalement étanche, un peu comme ce qui se passe aux États-Unis.
07:19C'est-à-dire que Donald Trump ne cherche pas à convaincre des démocrates.
07:22Il cherche à surmobiliser son camp.
07:25Et c'est la même chose, d'ailleurs, pour Joe Biden.
07:27En France, on assiste à une forme de parallélisme par rapport à ça,
07:32puisque maintenant, quand vous vous adressez à des gens,
07:34vous vous adressez uniquement à une communauté,
07:35un peu comme sur les réseaux sociaux,
07:37mais vous cherchez assez peu à convaincre l'autre.
07:41Il y a assez peu de discours universels, universalistes.
07:44Il y a assez peu de discours qui font référence au projet commun,
07:48au projet collectif.
07:49À chaque fois, maintenant, c'est ce qu'on appelle le marketing politique.
07:51Et je pense que c'est une vraie dérive,
07:53parce que le marketing politique enlève à toute personne le projet commun.
07:57Il suffit simplement de voir.
07:58Aujourd'hui, les gens, quand on leur parle de leurs attentes politiques,
08:01ils pensent simplement à leurs intérêts catégoriaux.
08:03Ils ne vous disent pas, moi, mon souhait, c'est que mes voisins
08:06ou les gens qui souffrent vivent mieux.
08:08Non, à chaque fois, ils disent, moi, je veux payer moins d'impôts
08:11ou alors je veux avoir plus d'aides sociales par rapport à ma propre vie.
08:14Et c'est là où je pense qu'il y a une bascule de la société
08:16qui s'est produite en France.
08:18Il y a 25, 30 ans, ce n'était pas le cas.
08:20Il y avait une idée de projet commun.
08:21Aujourd'hui, j'ai l'impression que c'est complètement terminé.
08:24François Pomponi, rapidement, la violence politique
08:27aujourd'hui en France, elle est principalement verbale.
08:29Mais est-ce qu'au bout d'un moment, cette violence verbale
08:32ne devient pas nécessairement une violence physique ?
08:34Bien sûr.
08:35Moi, je suis convaincu qu'en tout cas, on l'a vécu la dernière mandature
08:39et il y a toujours eu des joutes verbales à l'Assemblée.
08:43Très bien, mais on n'en venait jamais aux mains, ou très rarement.
08:46Je connais ça une fois où on a failli en venir aux mains, mais c'est très rare.
08:50Tous mes collègues,
08:51dans sa collègue, lors de la dernière mandature, disaient qu'à un moment,
08:53c'était tellement tendu qu'on pouvait en venir aux mains.
08:56Et on voit très bien la volonté de la France insoumise de tendre les choses.
08:59Et bien sûr qu'on peut en venir.
09:01Soit physiquement entre deux élus, ça peut arriver.
09:04Et puis, on fait basculer dans la violence physique
09:07des gens qui ont un esprit faible.
09:09En les excitant avec le discours que certains véhiculent,
09:12ils peuvent passer à l'acte.
09:13Et on voit bien les agressions contre les élus.
09:15Donc, bien entendu que la violence verbale va laisser la place à la violence physique.
09:18En deux mots, très rapidement, Nathan Devers.
09:20Oui, je voulais juste dire que ce que disait Louis était très intéressant,
09:22que Barack Obama, quand il a utilisé pour la première fois
09:25les réseaux sociaux pour une campagne,
09:27le but de ça, c'était de repérer ses électeurs potentiels.
09:31Donc, ce n'était pas une communication de la persuasion des autres.
09:34C'était vraiment une communication de prêcher ses convaincus.
09:36Et en effet, je suis tout à fait d'accord.
09:38On est enfermé là-dedans,
09:39ou avec une sorte où chacun parle à sa sphère, à sa bulle de filtre.
09:42Et c'est très dangereux pour l'intérêt général.

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