« Les moments où j’étais en deuil, j’étais dans une culpabilité immense de transmettre des émotions négatives à mon bébé ». Un mois avant qu’elle n’accouche, @christelle.yoga a perdu son frère. Pour Lou, elle est venue nous raconter comment elle a traversé l’épreuve du deuil alors qu’elle était enceinte de 8 mois.
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00:00J'étais jamais en présence avec mon enfant et j'étais beaucoup dans ma tête, dans mon coeur,
00:05en train de revivre des souvenirs très forts avec mon frère, en train de préparer son enterrement
00:10et je pensais pas à ce moment-là à mon enfant. Salut Lou, je suis Christelle Garnier et aujourd'hui
00:15je vais vous parler du deuil pendant la grossesse. À un mois de mon accouchement, j'ai perdu mon
00:19frère aîné. J'étais en état de choc extrême, enceinte quasiment jusqu'au bout. C'était une
00:25première grossesse et du coup déjà enceinte, les émotions sont assez intenses. C'était des
00:31émotions extrêmement contradictoires qui s'installaient, c'est-à-dire que les petits
00:36moments où j'arrivais à être en joie, je culpabilisais de ne pas être dans la tristesse
00:40par rapport à mon frère et les moments où j'étais en deuil, qui étaient quand même plus réguliers,
00:46j'étais dans une culpabilité immense de transmettre des émotions négatives à mon bébé et
00:54forcément l'émotion qu'on aimerait ressentir avec son enfant, c'est celle d'amour, de douceur et moi
01:01à ce moment-là, j'étais juste mal. J'avais envie qu'il soit hors de mon corps le plus rapidement
01:07possible pour que je puisse être triste, tranquille, toute seule et paradoxalement, c'est malgré tout
01:14ce qu'il me donnait la force de tenir. Il fallait quand même garder la tête froide pour pouvoir
01:20préparer la naissance qui arrivait à grands pas, mais en parallèle d'une préparation à la naissance,
01:26il y a une préparation d'un enterrement. Je me souviens avoir dit à mon mari s'il te plaît,
01:31occupe-toi du bébé. Je lui ai demandé de mettre les mains sur mon ventre et c'est lui qui lui
01:36parlait tous les jours, qui lui expliquait ce qui se passait et il a été un soutien incroyable. Il m'a
01:42donné confiance en moi aussi pour aller jusqu'au bout, pour mettre au monde ce bébé, mais malgré
01:47un accouchement qui a été extrêmement long. L'accouchement a duré 57 heures. Je pense que
01:52ma non-dilatation de mon col était clairement due à ma tristesse. L'hormone qui me manquait,
01:59c'était l'ocytocine. L'ocytocine, c'est l'hormone du bonheur. C'est un petit peu compliqué d'en
02:04produire dans une période de deuil immense. À la suite de la naissance de mon fils, le premier
02:11truc auquel je pense, c'est le soulagement. Déjà, il est là, il va bien et je l'ai fait. Après,
02:18quand j'avais mon bébé dans les bras, j'avais une douleur de me dire que ce petit être magnifique
02:25n'allait pas rencontrer son oncle. Il y a une partie de moi qui sait que mon frère, il est tout
02:32le temps là. Il n'est plus là physiquement, mais il fait partie de mon quotidien et j'essaye
02:37d'honorer son héritage en voulant transmettre certaines choses à mon enfant de ce qu'il a
02:43laissé ici. Je me suis dit que finalement, mon frère, il avait rencontré mon bébé. Lui était
02:48déjà parti, mon bébé n'était pas encore là et je me dis que dans ce moment de suspension, peut-être
02:54ils ont eu un échange ensemble quelque part. Ça, ça m'a donné beaucoup de réconfort.