Lucie Castets, candidate du Nouveau Front populaire au poste du Première ministre, est l'invitée de BFMTV-RMC ce jeudi.
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00:00Il est tout pile 8h35 sur RMC et BFM TV. Bonjour Lucie Castet.
00:05Bonjour.
00:05La plupart des auditeurs et téléspectateurs ne vous connaissent pas.
00:09Vous êtes celle que la gauche a choisie pour devenir Première Ministre.
00:12Après plus de deux semaines de conclave, le Président a dit non mais ça, on va y revenir.
00:17D'abord, les présentations. Vous avez 37 ans, vous êtes énarque.
00:21Vous êtes diplôme de Sciences Po Paris.
00:23Vous avez travaillé à la Direction Générale du Trésor Public.
00:25Et depuis six mois, vous êtes Directrice des Finances au sein de la ville de Paris.
00:30Alors Lucie Castet, comme vous n'êtes pas une femme politique de profession,
00:35s'il vous plaît, pas de langue de bois au moins sur la première question.
00:38Quand le nouveau FPP vous a proposé d'être la candidate au poste de Premier Ministre,
00:43vous saviez très bien que vous n'iriez pas à Matignon.
00:46Pas du tout. L'enjeu c'est bien sûr d'aller à Matignon.
00:51Un espoir s'est levé avec le résultat des élections.
00:55Le nouveau FPP est arrivé en tête et la logique institutionnelle,
00:58c'est que le Président de la République forme un gouvernement sur la base de ses résultats.
01:02L'idée c'est bien d'exercer ses responsabilités et j'y suis déterminée.
01:06Nous avons suivi de près ces deux semaines de conclave au sein de la gauche.
01:11On a senti une accélération mardi matin avec la volonté de certains à gauche
01:16d'embêter le Président, de proposer un non avant 20h, avant qu'il réagisse à la télévision.
01:23C'était ça l'objectif de la gauche ?
01:26L'objectif de la gauche c'est de répondre aux problèmes soulevés par les Français
01:30qui se sont traduits très clairement dans les résultats des élections.
01:32Les problèmes des Français c'est l'accès aux services publics,
01:35c'est l'abrogation de la réforme des retraites, c'est la revalorisation de leur pouvoir d'achat.
01:40L'idée n'est pas d'embêter le Président mais de mettre en oeuvre le programme du nouveau FPP précisément.
01:45Vous n'êtes pas dit que j'ai été utilisé pour rassurer l'électorat de gauche
01:50et contraindre le Président à parler de nous à la télévision à 20h ?
01:53Je ne me suis pas dit ça, non.
01:54Pas du tout ?
01:55Non, pas du tout.
01:55Pas une seconde.
01:56Alors le Président vous a répondu, donc à 20h mardi, en disant le sujet c'est pas un non,
02:00le sujet c'est une majorité solide au sein de l'Assemblée.
02:03Alors je rappelle pour ceux qui nous écoutent ou pour qui nous regardent,
02:06la gauche a 193 députés, le camp présidentiel 166 et l'extrême droite 142.
02:13Il faut 289 élus pour avoir une majorité absolue au Palais Bourbon.
02:18Vous concédez au moins que c'est totalement éclaté à l'Assemblée ?
02:22On n'a pas de majorité absolue, c'est la réalité.
02:25Ce qui est très important de dire, c'est qu'il faut distinguer deux questions.
02:29D'une part il y a la formation d'un gouvernement,
02:30et d'autre part il y a le travail avec le Parlement.
02:32Je l'ai dit clairement, pour la formation d'un gouvernement,
02:35il ne nous est pas possible, il faudra des ministres
02:37qui sont pleinement en accord avec les orientations politiques.
02:40Les orientations politiques ce sont celles du programme du Nouveau Front Populaire.
02:44Elles sont très claires.
02:45Donc des ministres qui vont du PS aux Insoumis ?
02:47Oui, éventuellement une ouverture, si ça s'avère nécessaire,
02:50à la société civile par exemple, aux représentants de forces vives.
02:53On est en train d'y travailler, soyez-en sûr.
02:56L'autre question c'est le travail parlementaire.
02:58Là nous sommes conscients qu'il n'y a pas de majorité absolue.
03:01La question ce sera de trouver projet après projet,
03:04sujet après sujet, un chemin pour gouverner.
03:07Et là-dessus je suis confiante.
03:09Les Français ont exprimé des aspirations très claires,
03:12par exemple sur les services publics.
03:13Vous savez que c'est un engagement personnel de longue date pour moi
03:16de lutter pour la préservation des services publics.
03:18Là-dessus, par exemple, quand on a fait du porte-à-porte pendant la campagne,
03:22on a rencontré beaucoup de gens, notamment des électeurs du Rassemblement National,
03:26qui eux-mêmes nous disaient que leur préoccupation majeure c'était les services publics.
03:30C'était d'avoir un bureau de poste à proximité.
03:32C'était de ne pas avoir à faire des kilomètres de voiture
03:34pour pouvoir accoucher dans une maternité près de chez eux.
03:37C'était d'avoir un professeur devant la classe de leur enfant à la rentrée de septembre.
03:41C'est ça qui concerne les Français.
03:42Donc vous comptez sur la bonne volonté des oppositions pour voter certains textes.
03:45Ça n'est pas une question de bonne volonté, c'est une question de conviction.
03:48Je pense qu'il y a énormément de députés, bien au-delà du nouveau Front populaire,
03:52qui sont convaincus par le fait qu'il faut restaurer les services publics,
03:55mais aussi qu'il faut abroger la réforme des retraites.
03:57Alors, Lucie Cassez, depuis le 7 juillet, tous les députés du RN,
04:02tous les députés des Républicains, tous les députés du camp présidentiel disent
04:08s'il y a un seul ministre insoumis dans ce gouvernement,
04:12nous déposons et nous votons une motion de censure.
04:15Pourquoi voulez-vous à tout prix vous faire censurer ?
04:18On ne veut pas se faire censurer, on veut mettre en œuvre notre programme.
04:21Là, vous entendez ce que je dis ?
04:22Bien sûr.
04:23Vous dites, il y aura un ministre insoumis, voire plusieurs.
04:25Eux, ils disent, s'il y en a un, vous tombez dans la minute.
04:28Mais je pense que les députés prendront leur responsabilité.
04:30Quand on leur proposera des projets de textes qui sont conformes aux engagements
04:34du nouveau Front populaire qui ont reçu l'assentiment des Français,
04:37ils prôneront leur responsabilité.
04:39Encore une fois, je pense qu'il y a un large consensus sur le fait
04:43qu'il faut renforcer nos services publics, qu'il faut abroger la loi
04:46sur la réforme des retraites, mais aussi probablement sur la réforme du chômage.
04:49On va y revenir sur le fond, sans problème, on aura du temps.
04:52Mais est-ce qu'il y a une forme d'opération kamikaze à gauche ?
04:54Non, il n'y a pas une forme d'opération kamikaze.
04:56Nous sommes sereins, nous sommes au travail et je pense que nous sommes responsables.
04:59Si je reviens sur le fond, nous sommes plus responsables que ce que le gouvernement sortant a fait,
05:03y compris sur le plan économique.
05:05Par exemple, nous nous proposons de renforcer les recettes de l'État.
05:08Là où elles ont été vidées par le gouvernement sortant.
05:11Et donc, nous sommes prêts, nous sommes responsables
05:13et nous sommes prêts à gouverner la France en toute responsabilité.
05:16Alors, on entend votre détermination, elle est claire ce matin.
05:18Les Français semblent toutefois donner raison à Emmanuel Macron.
05:20Sondage ce matin, Elabe pour BFMTV.
05:2358% jugent que le Président ne doit pas vous nommer à Matignon.
05:28Ça vous surprend, ce résultat ?
05:30Ce sondage, il est parfait, merci de l'avoir commandé.
05:34En réalité, il y a 48 heures, j'étais totalement inconnue des Françaises et des Français.
05:39Aujourd'hui, on a 41% des Français qui disent que Emmanuel Macron doit me nommer Premier ministre.
05:45Ça veut dire que les Français souhaitent que l'on sorte de la paralysie.
05:48Parce qu'on ne peut pas attendre pour répondre à leurs problèmes.
05:51Pour l'instant, c'est non.
05:52Mais les Insoumis ont dit depuis quelques jours, on va appeler une mobilisation de la société,
05:58je cite l'expression, pour vous imposer, vous, Lucie Castex, à Matignon.
06:03Ça veut dire quoi ? Des manifestations ? Des happenings ? Comment ça va se passer ?
06:07En réalité, la société civile, les syndicats, le monde syndical, la société civile organisée,
06:12les associations, les mouvements associatifs, ils sont déjà organisés.
06:15Ils attendent que l'espoir qui s'est levé se traduise aujourd'hui en actes.
06:19Depuis mardi, on n'entend plus les syndicats dire qu'il faut que Lucie Castex soit à Matignon.
06:24Il y a eu un communiqué de presse de la CGT hier
06:26qui demande au Président de la République de sortir de la paralysie.
06:29Vous les appelez à plus vous soutenir, à être plus dans l'action ?
06:32Je ne vais pas les appeler, je pense qu'ils savent ce qu'ils font
06:35et ils sont avec nous pour que la paralysie cesse.
06:39Avant de venir à votre parcours notamment, j'ai bien écouté le Président mardi soir.
06:44Il n'a même pas cité votre nom quand on lui a posé la question.
06:48Ça vous a surpris, blessé ?
06:51Ça ne m'a pas blessé. Le sujet, ce n'est pas moi, c'est le collectif qui nous porte.
06:54Ce sont les électeurs qui ont souhaité que le Nouveau Front Populaire gouverne.
06:58C'est ça le sujet, c'est sortir de la paralysie.
07:01C'est encore une fois répondre aux problèmes des Français.
07:03Vous avez été désignée à gauche, Lucie Castex, par consensus et ce n'était pas gagné d'avance.
07:08J'entends beaucoup de personnalités à gauche saluer votre parcours,
07:11depuis deux jours votre personnalité.
07:14Si vous êtes si formidable que ça, et franchement je n'en doute pas une seconde,
07:18pourquoi votre nom ne s'est pas imposé au soir du second tour des élections législatives ?
07:23Mon nom ne s'est pas imposé parce que je ne suis pas membre d'un des partis.
07:26Traditionnellement, on appelle plutôt à ces fonctions des personnes
07:29qui ont des responsabilités politiques.
07:31Moi je n'en ai pas eu, je n'en ai pas exercé.
07:33Moi je suis une fonctionnaire très engagée au service de l'Etat
07:36et au service de l'intérêt général sur les sujets économiques et financiers
07:39et en particulier la criminalité financière.
07:43Mais aussi j'ai un engagement extrêmement sincère de longue date dans le milieu associatif,
07:47en particulier sur les services publics.
07:49Donc je pense que mon nom a fait consensus dans un second temps
07:52parce que précisément j'étais en dehors de ces logiques partisanes.
07:55Vous assumez de dire que vous n'étiez pas le plan A ?
07:57Ce n'est pas une question de plan A, c'est juste une question...
07:59Les partis ont discuté et à la fin ils se sont mis d'accord sur ma candidature
08:03parce que précisément ça permettait de dépasser ces clivages
08:06et aussi de parler à la société civile.
08:08Durant ces deux semaines de conclave, les négociations ont été âpres, on le sait, en coulisses.
08:13Vous, vous regardez ça, j'imagine, un petit peu de loin.
08:17Vous étiez plutôt une militante, heureuse de voir la gauche arriver en tête aux législatives.
08:22Vous vous disiez quoi, franchement, vous disiez quoi ?
08:24Vous disiez, qu'est-ce qu'ils sont en train de faire là, c'est beaucoup trop long ?
08:27Vous disiez ça ?
08:28Ce que je me dis aujourd'hui, c'est que...
08:30Pendant ces deux semaines, vous vous disiez quoi ?
08:31Pendant ces deux semaines, tout mon espoir était dans le fait que la gauche unie, demeure unie.
08:35Et donc je suis absolument ravie que la gauche demeure unie
08:39et qu'elle continue d'être en mesure de porter son programme.
08:41Certains n'ont pas caché leur colère.
08:42Marine Tendelier, patronne des écologistes, s'est dite écœurée durant ces deux semaines.
08:47François Ruffin a parlé de la nullité de la gauche.
08:51Est-ce qu'ils ont dit tout haut ce qu'une grande partie de l'électorat de gauche a pensé tout bas durant deux semaines ?
08:57Je pense qu'il y avait une forte attente de la part de l'électorat de gauche,
09:00mais pas seulement de gauche, je l'ai déjà dit, y compris sur des sujets comme la réforme des retraites et les services publics,
09:05mais aussi la transition écologique.
09:07Je pense qu'ils ont traduit ce qu'attendaient les Français
09:11et aujourd'hui, l'espoir levé doit être poursuivi et donc on a répondu à cette attente.
09:15Ça vous a choqué ces termes-là, écœurer une unité de la gauche ?
09:18Non, ça ne me choque pas.
09:20Simplement, je ne m'intéresse pas à ça.
09:21Maintenant, je regarde devant et je regarde ce qu'on a à faire.
09:23Alors, comme on se connaît peu, j'imagine les Français, et vice versa,
09:29j'aimerais savoir un petit peu plus sur vos convictions politiques et votre positionnement à gauche.
09:33Vous disiez, je n'ai pas d'étiquette politique.
09:36Comment je peux vous qualifier ? Vous êtes plus socialiste qu'insoumise, je peux dire ça ?
09:39Je ne me situe pas, je ne suis pas militante dans un parti,
09:43donc je suis de gauche, je suis engagée, j'ai des convictions très fortes,
09:47mais je n'ai pas d'étiquette particulière au sein de ces partis.
09:50C'est d'ailleurs pour ça, je crois, qu'ils m'ont désignée pour être leur candidate.
09:54Vous travaillez avec Anne Hidalgo et vous étiez candidate sur une liste PS en 2015,
09:58pour les élections régionales.
10:00Donc nous, on s'est dit, on peut plus PS.
10:02Oui, non, je ne suis pas plus PS.
10:04Je suis maintenant engagée au service de l'ensemble du Nouveau Front Populaire.
10:09Alors, vos convictions politiques, votre positionnement à gauche.
10:11Depuis le 7 octobre dernier, l'attaque d'Israël,
10:13la gauche s'écharpe sur une question très simple,
10:17et pourtant la réponse est assez compliquée.
10:19Le Hamas, selon vous, est-il une organisation terroriste ?
10:24Oui.
10:25Sans problème ?
10:26Le programme du Nouveau Front Populaire est extrêmement clair à ce sujet.
10:30Il y a une priorité, c'est que les massacres en cours à Gaza cessent
10:35et que les otages soient libérés.
10:37Ceux qui ont dit le contraire se sont disqualifiés, selon vous ?
10:40Je ne souhaite pas commenter ça.
10:42Sur le conflit de Porche-Orient, toujours, votre nouvel allié LFI,
10:45je ne sais pas si vous connaissez encore Thomas Porte,
10:47a jugé, je le cite, que les athlètes israéliens n'avaient pas leur place en France
10:52pour ces Jeux Olympiques. Et vous ?
10:54Pour moi, la priorité, je le dis encore une fois,
10:56c'est que les massacres en cours à Gaza cessent.
10:58Je pense que toute l'énergie de la diplomatie française
11:02doit être mise sur cette priorité.
11:04De voir ces athlètes israéliens, que l'on va les voir défiler demain soir à Paris,
11:08vous dites qu'ils sont les bienvenus
11:10ou ça vous choque de les voir défiler avec leur maillot ?
11:13Ils sont là maintenant.
11:14Toutes nos forces, les forces de la diplomatie française,
11:16doivent être orientées pour faire cesser les massacres à Gaza,
11:19y compris en utilisant des moyens de pression,
11:21de pression politique, pour qu'Israël cesse cet agissement à Gaza.
11:25Je vous sens un peu embarrassé ?
11:26Non, pas du tout. Le programme est très clair à ce sujet.
11:29Moi, je trouve qu'ils ont leur place.
11:31Ou non, ils n'ont pas leur place.
11:33Je vous le répète, ma priorité, c'est que les massacres cessent
11:36et c'est que la justice internationale puisse faire son travail à ce stade.
11:39J'avais dit pas langue de bois.
11:41Je ne sais pas de la langue de bois.
11:43Une autre question sur le fond, le nucléaire.
11:45J'ai bien relu le long, long programme du Nouveau Front Populaire.
11:49Il y a à peine quelques mots sur le nucléaire.
11:53On connaît les dissensions à gauche.
11:55Les écologistes, eux, veulent le limiter au minimum.
11:57Le Parti Communiste considère que c'est la bonne solution pour l'énergie en France.
12:01Et vous ?
12:02Il y a des positions, des sensibilités différentes au Nouveau Front Populaire.
12:06Désormais, notre travail, c'est de préparer un programme jour pour jour,
12:11jour après jour, mois après mois, pour lorsque nous gouvernerons la France.
12:16Et donc, nous allons travailler sur le sujet du nucléaire,
12:18comme sur les autres, avec détermination,
12:20pour rentrer dans des détails et produire des propositions techniques très précises.
12:24Vous n'avez pas de conviction toute faite sur le nucléaire ?
12:26Je n'ai pas de conviction toute faite sur le nucléaire.
12:28Je pense qu'il faut encore y travailler.
12:29D'accord.
12:30On va y venir maintenant à vos premières mesures de première ministre.
12:34Vous arrivez à Matignon.
12:36Là où il n'y a pas de débat à gauche, profitez-en.
12:39C'est sur l'abrogation de la réforme des retraites,
12:42celle d'Elisabeth Borne et d'Olivier Dussopt.
12:45Les Insoumis vont déposer une proposition de loi
12:47pour abroger cette réforme des retraites.
12:50Sauf qu'il y a un calendrier parlementaire
12:52et que c'est plutôt le parti de Marine Le Pen, l'URN,
12:55qui va pouvoir déposer et faire examiner une proposition de loi à l'Assemblée en premier.
13:01Ce sera le 31 octobre prochain.
13:04Est-ce que vous voterez ou vous appelez vos alliés à voter
13:08une abrogation de la réforme des retraites proposée par l'URN ?
13:13Je vous confirme que l'abrogation de la réforme des retraites
13:16est une de nos premières priorités à mettre en œuvre dans l'immédiat.
13:19Ce qui est très intéressant, c'est qu'on peut revenir sur cette réforme
13:23par la voie d'un décret, puisqu'on peut décaler son entrée en vigueur.
13:26Ça date d'entrée en vigueur en ce qui concerne les générations.
13:29Donc vous dites d'abord qu'on va faire un décret dans un premier temps ?
13:31Exactement.
13:32Ensuite viendra le temps de la loi et de l'organisation des débats parlementaires.
13:36Je ne suis pas du tout inquiète à ce sujet.
13:38Alors étape par étape, d'abord vous dites
13:40j'arrive à Matignon, décret pour reporter l'application.
13:44Vous la reportez à quand par exemple ?
13:46On reporte afin que les générations qui devaient être touchées
13:49par l'application de cette réforme ne le soient pas immédiatement.
13:52Ensuite on travaille un projet, un texte législatif
13:56qui permet de revenir complètement sur cette réforme.
13:59On sait que le travail parlementaire va reprendre début octobre.
14:01Vous n'aurez sûrement pas le temps, et c'est le travail parlementaire,
14:05de déposer une proposition de loi à ce moment-là.
14:08Le 31 octobre, je repose ma question,
14:10le RN, il y a un débat dans l'Assemblée.
14:13Proposition de loi RN sur l'abrogation de la réforme des retraites.
14:15Que votent nos fonds populaires ?
14:17Je vous ai répondu, on passe d'abord par décret.
14:19Donc la réforme deviendra caduque de fait.
14:21Donc vous ne votez pas cette proposition de loi ?
14:23Cette proposition de loi sera devenue sans objet
14:26puisque la réforme ne s'appliquera pas immédiatement.
14:28Ensuite, nous travaillerons sur un projet de loi.
14:30Est-ce que vous dites, je refuse que la gauche vote toute proposition de loi du RN ?
14:36On ne fera pas de coalition avec le RN.
14:38Oui, ça c'est une certitude.
14:39En revanche, il est possible, y compris sur les sujets des services publics,
14:42que nos députés votent des choses qui seront proposées
14:44par le nouveau fonds populaire, des choses ensemble.
14:46Ça c'est tout à fait possible.
14:47Mais est-ce que vous pourriez voter des choses proposées par le RN ?
14:50Sur les services publics, sur les retraites ?
14:52Ça c'est en fait quoi ? En cas de subélie ?
14:54Cette question devra être discutée.
14:56On regardera projet après projet comment on organise des coalitions de vote.
15:00Est-ce qu'on a entendu notamment le Président de la République dire
15:03que ce n'est pas une bonne chose, pour reprendre ses termes,
15:06d'avoir aucun poste pour le RN à l'Assemblée
15:11alors qu'ils ont fait 11 millions de voix au premier tour ?
15:15Ça vous choque vous aussi ça ou pas ?
15:17Ce qui me surprend, c'est l'importance que porte le Président de la République
15:21sur le sujet porté par le RN.
15:23Lors de sa dernière intervention où il a balayé l'idée de nommer
15:26quelqu'un du nouveau fonds populaire Premier ministre,
15:28le Président de la République a parlé quasi exclusivement de sécurité.
15:32J'ai vu un sondage en arrivant ici sur le fait que le niveau des Français
15:39préoccupés par la question terroriste n'a jamais été aussi bas.
15:43Aujourd'hui, ce qui intéresse les Français,
15:46ce sont leurs pouvoirs d'achat et les services publics.
15:49Ça, le Président de la République n'en parle jamais.
15:51J'y reviens à ma question, est-ce que le fait que le premier groupe
15:55à l'Assemblée n'ait aucun poste au Palais-Bourbon,
15:58est-ce que ça vous interpelle, voire choque ?
16:01Moi, ce qui me réjouit, c'est que le nouveau fonds populaire
16:03ait réussi à obtenir des postes clés à l'Assemblée.
16:05Je pense que c'est fondamental, ça nous aidera à gouverner.
16:08Le RN vous a aidé à avoir ces postes ? Ils ont voté pour ces postes-là,
16:11notamment les deux vice-présidences insoumises ?
16:14La situation est qu'on a réussi à avoir beaucoup de postes à l'Assemblée
16:17et ça sera déterminant pour nous pour gouverner
16:19et pour trouver des alliances projet après projet.
16:21Pardon d'insister, mais j'ai du mal à voir votre positionnement,
16:24même de militante vis-à-vis du RN.
16:26Je me dis que vous avez participé à des mobilisations anti-RN,
16:30que vous avez peut-être eu peur que le RN n'ait la majorité absolue à l'Assemblée.
16:34Il y a un cordon sanitaire avec le RN ou pas ?
16:36Ma position vis-à-vis du RN est extrêmement claire
16:39et je l'ai montré année après année.
16:40J'ai un engagement de très longue date dans la lutte contre le RN
16:44et surtout contre ses idées, et pas contre ses électeurs.
16:47Il me semble fondamental de répondre point par point.
16:49J'ai notamment été beaucoup sur les plateaux,
16:51lorsque j'étais encore coporte-parole du collectif Nos Services Publics,
16:55pour expliquer à quel point la mise en œuvre du programme du RN
17:01nuirait aux services publics,
17:03là où le discours du RN était précisément de dire
17:05« on va restaurer les services publics ».
17:07Je pense que c'est fondamental d'expliquer aux gens
17:09que ce n'est pas ce programme-là qui aurait permis
17:11que les services publics soient améliorés
17:13et que ça change leur quotidien.
17:15Autre dossier prioritaire avec la réforme des retraites,
17:17c'est la hausse du SMIC à 1 600 euros net.
17:21C'est dans le programme du nouveau Front Populaire.
17:23Et ce, par décret.
17:25J'ai entendu, depuis 7 ans maintenant,
17:28beaucoup de personnalités de gauche dénoncer
17:30dès qu'Emmanuel Macron, son gouvernement,
17:32utilisait un décret synonyme de passage en force.
17:37Ce n'est plus le cas ?
17:39Passer par décret, ça ne veut pas dire du tout
17:41qu'avant, il n'y aura pas des concertations
17:43et des consultations, en particulier avec le monde syndical.
17:46Maintenant, ce qui est important de dire
17:48sur la revalorisation des rémunérations des gens,
17:50pour améliorer leur pouvoir d'achat,
17:52c'est qu'il faut avoir une approche très générale.
17:54Il faudra revaloriser les bas salaires,
17:57mais il faudra aussi revaloriser le point d'indice
17:59des fonctionnaires.
18:01Et il faut aussi s'attaquer à la pauvreté
18:03qui est subie par les Français,
18:05en revalorisant les minima sociaux.
18:07Le décret, c'est un déni de travail parlementaire ?
18:09Ce n'est pas du déni de travail parlementaire.
18:11Sur la méthode, on a toujours assumé
18:13le fait qu'on voulait un changement de méthode,
18:15qu'on voulait tourner le dos à la brutalité
18:17dans la conduite de la nation et de la gouvernance.
18:21On passera par décret lorsque ça s'y prête.
18:24Les décrets d'application, notamment des lois,
18:26c'est tout à fait normal dans la vie institutionnelle
18:28de notre pays.
18:29Et surtout, je le répète, ça n'empêche
18:31en aucun cas des concertations
18:33avec les syndicats, le monde syndical,
18:35la société civile si nécessaire, etc.
18:37Alors le décret, oui. Et le 49.3 ?
18:39Par principe, je ne peux pas affirmer
18:43aujourd'hui que je n'engagerai pas
18:45la responsabilité de mon gouvernement
18:47lorsque ce sera nécessaire pour faire advenir
18:49une loi qui est soutenue par la grande majorité
18:51des Français. Par exemple,
18:53l'abrogation de la réforme des retraites
18:55ou l'abrogation de la réforme du chômage.
18:57En revanche, je vous le répète,
18:59mon objectif, notre objectif,
19:01c'est de tourner le dos sur la méthode
19:03à la manière de conduire le pays
19:05d'une manière autoritaire et d'une manière brutale.
19:07Et donc, on essaiera,
19:09autant qu'on peut, de trouver des consensus
19:11sujet après sujet, loi après loi.
19:13Merci beaucoup Lucie Casté.
19:15On se donne rendez-vous à la rentrée.
19:17Vous serez à Matignon.
19:18Exactement.
19:19Vous viendrez en tant que Premier ministre.
19:20Merci beaucoup d'avoir été notre invité.