La sécheresse sévit dans le Périgord noir - Comment va la planète

  • il y a 3 mois
Avec Morad Aït-Habbouche, fondateur de la plateforme 2 degrés de plus.
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##COMMENT_VA_LA_PLANETE-2024-07-28##

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Transcription
00:00Bonjour Laurence, on profite de ces vacances pour vous emmener dans le périgord noir.
00:05Les truffes, les noix, les oies, le canard et le foie gras.
00:11Bienvenue dans la ferme du lac noir, notre guide c'est Jean-François Roudier.
00:17Jeff est éleveur et producteur de foie gras.
00:20On prend son 4x4 pour se rendre à la rivière où une surprise nous attend.
00:25À ce champ là, il y a 10 ans, on ne l'aurait pas traversé à la saison que l'on est en voiture.
00:29Pourquoi ? Parce qu'il était toujours inondé.
00:31Il y a une autre source qui arrive ici et qui coulait tout le long, qui rejoignait l'autre.
00:36Celle-là, ça fait, on va dire plus de 15 ans déjà qu'elle est tarie.
00:41Plus d'eau ou de lac à la ferme du lac noir.
00:44Ironique, il y a juste le chant des oiseaux.
00:47On n'entend plus me dire, Jeff, la rivière qui coule.
00:51L'eau ne coule plus.
00:53Autour de nous, tout est sec ou presque.
00:57Il y a un an, Jean-François en est sûr, elle s'écoulait ici et sur près de 4 kilomètres.
01:05On enquête et on part de la source pour voir jusqu'où elle s'écoule désormais.
01:11On est à moins de 500 mètres du départ.
01:14Et là, il n'y a plus rien, le lit est sec.
01:17Alors ici, on entendait tout le temps l'eau couler, il y avait une petite cascade.
01:22Mais là, il n'y a plus de bruit du tout.
01:27On continue de remonter le lit de la rivière qui est complètement à sec.
01:32Voilà, elle s'arrête ici.
01:35Alors qu'avant, elle était à cette hauteur, à ce niveau-là.
01:38Et voilà, c'est la fin.
01:39Et peut-être l'année prochaine, 20 mètres plus loin, et dans deux ans, 30 mètres plus loin.
01:42Et peut-être dans dix ans, carrément au point de départ.
01:46On revient sur nos pas.
01:48Gamin, Jeff a vu son père créer cette source et ce puits.
01:51Aux eaux, jusque-là, miraculeuses.
01:56Elle est très pure en plus.
01:57C'est un trésor pour la ferme, c'est un trésor pour la nature.
02:00Aussi bien, vous voyez comment on est situé.
02:02Pour la faune sauvage, les animaux qui veulent boire et tout ça.
02:05C'est une source qui sert à tout le monde.
02:07Aujourd'hui, il n'y a plus que nous.
02:08Il n'y a plus que nous parce que les autres fermes ont cessé leur activité.
02:11Les gens vieillissants ou sont partis.
02:13Pas de repreneurs derrière.
02:15Quand on était gamin, on venait s'y baigner.
02:17C'est plus possible.
02:20La vie de la ferme dépend évidemment en grande partie de cette source.
02:24Si on n'a plus d'eau, ça veut dire plus de fraises, plus de possibilités d'irriguer.
02:27Une augmentation considérable des coûts de production sur le levage de canards.
02:31Ça fait mal au cœur, mais c'est très préoccupant.
02:33Pour l'avenir, on sait que l'eau, c'est tout simplement la vie.
02:38La vie ici, c'est les poussins.
02:40Il y en a près de 600 qui courent et tournent autour de nous.
02:43Un balai incroyable.
02:45On va à la poussinière.
02:47On est avec des canetons et des canettes mulardes qui ont 9 jours.
02:51Ils vont rester ici pendant 3 semaines.
02:54Pendant les 8-10 premiers jours, on les chauffe.
02:56On maintient le bâtiment à 28 degrés.
02:59Et après, progressivement, on baisse la température
03:02pour qu'ils s'adaptent tout seuls à leur vie future.
03:05Son père, qui a créé la ferme en 1977,
03:08n'a jamais voulu mettre tous les oeufs dans le même panier.
03:11Sur 42 hectares, les cultures sont donc multiples.
03:14Là, il s'agit de fraises.
03:16On a plusieurs variétés.
03:18On a de la gariguette, de la clairie, de la murano,
03:22qui va donner une production sur toute la saison,
03:25qui va démarrer prochainement, comme on peut voir,
03:28et qui va produire, si on le souhaite, jusqu'aux premières gelées.
03:31Là, on est sur la gariguette.
03:33Les coûts de production augmentent,
03:35la concurrence étrangère de plus en plus forte,
03:37et le climat chamboulé.
03:39Le résultat est là.
03:41Il faut savoir qu'il y a 10 ans,
03:43on avait à peu près 2 hectares de fraises.
03:45Aujourd'hui, vu le peu d'eau qui reste à la source,
03:47ça serait complètement impossible
03:49à refaire des surfaces comme ça.
03:52Là, il y a un tiers d'hectare, on va dire,
03:54il y a 8 000 pieds.
03:56Quand vous avez du personnel et tout ça,
03:58vous travaillez, mais vous savez le matin
04:00que vous partez déjà perdre de l'argent.
04:02Dans le département, il y a encore 2 000 fermes,
04:05mais 800 agriculteurs environ vivent du RSA,
04:09ce qui fait un peu plus de 400 euros par mois.
04:11Certains paysans sont à bout.
04:13Le problème, c'est que les gens sont souvent
04:16dans la détresse psychologique,
04:19souvent isolés,
04:21sur la ferme, souvent très endettés,
04:23beaucoup de travail, beaucoup de fatigue,
04:25beaucoup de responsabilité.
04:27Jean-François s'arrête soudain,
04:29on le sent au bord des larmes.
04:31Pas plus tard encore que cette semaine,
04:33on a perdu un ami,
04:35qui, suite aux dégâts de grêle,
04:37qui ont détruit totalement son exploitation,
04:39n'est pas rentré dans le cadre
04:41des minimis d'indemnisation.
04:43Il n'a pas pu supporter,
04:45il ne pouvait pas supporter financièrement
04:47la réparation de ses bâtiments,
04:49les animaux aussi qu'il a perdus,
04:51suite à l'effondrement de certains bâtiments
04:53et à la grosseur et la violence de la grêle.
04:56Il n'a pas pu traverser cette épreuve,
04:58et puis il a décidé de nous quitter cette semaine.
05:08Et il y a quelques mois aussi,
05:10un ami, un jeune d'une trentaine d'années,
05:12qui a aussi, suite à ce premier vaticulé tiers,
05:16qui a souhaité tout abandonner.
05:19Jean-François est le président
05:21de la Confédération Paysanne de la Dordogne.
05:23Malgré les drames, il refuse de baisser les bras.
05:26Il faut résister, il faut se battre.
05:28C'est notre ADN aussi.
05:30C'est notre raison d'être.
05:32Fier d'être paysan, c'est écrit sur son T-shirt.
05:35C'est aussi le leitmotiv de la Confédération Paysanne.
05:38Une fierté et surtout une envie de rappeler à tous
05:41que les produits de la ferme sont bien meilleurs
05:43que tout ce que l'on peut vendre dans les supermarchés.
05:48Pendant l'été, pour renouer avec les consommateurs,
05:51il organise dans la ferme un grand banquet paysan.
05:54Toute la famille est en cuisine.
05:58Sur les tables, il n'y a que des produits et des plats locaux,
06:01un menu 100% Périgaord noir.
06:04Ça va, tout se passe bien ?
06:05Ça va pas mal.
06:06Il y a du monde, hein ?
06:07Ah, ça arrive, ça arrive.
06:09Ils sont pas tous là encore, mais ça arrive.
06:11C'est chaud !
06:12Vous attendez combien de personnes, là ?
06:14Oh, les 600 peut-être.
06:16Un banquet qui est une vieille tradition
06:18que son père a relancée.
06:20C'est le travail du paysan avec le consommateur.
06:23Quand on voit des tablets comme il y a ce soir,
06:26ça fait vraiment plaisir.
06:27Les gens le sourirent, ils sont détendus, ils sont heureux.
06:30Moi, je suis heureux.
06:32Vous allez voir, heureux.
06:34La salade ?
06:35Oui.
06:36C'est pour papa.
06:37Ah oui, alors.
06:39C'est pour ton père.
06:41Je sais qu'il a bon appétit, ton père.
06:44Une belle ambiance et des sourires partout.
06:47Je vous garantis, Laurence, que ça donne la patate.
06:50On oublie l'espace d'une soirée,
06:52les difficultés du monde paysan.
06:54C'est une promotion déjà de la ferme,
06:56et puis c'est maintenir la tradition.
06:58La convivialité, surtout.
07:00Accueillir du monde chez soi,
07:02ça fait partie de l'ADN de notre famille.
07:05On a toujours eu du monde à la maison.
07:08Là, on le fait en version un peu plus intensive.
07:11Franchement, on s'est régalés.
07:13Mais à travers les éleveurs de canards,
07:15on sent la réalité du monde de demain.
07:17Un monde qui souffre de plus en plus.
07:19Le dérèglement climatique ne fait qu'accentuer encore plus
07:23la pression sur ce métier déjà si difficile.
07:26Saleton pour la planète.

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