Avec Morad Aït-Habbouche, fondateur de la plateforme 2 degrés de plus.
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00:00Sud Radio comment va la planète? Bonjour Laurent ce qui me donne la patate ce matin c'est de me
00:08rendre sur un petit bout de terre et me dire la vie est belle et pour être heureux direction la
00:15Bretagne j'ai débarqué sur l'île de Sein un coin perdu en mer d'Iroise et sur le port Didier-Marie
00:22Lebillon m'attend. Ici il est connu comme le loup blanc à la fois peintre et photographe et devinez
00:30quoi? Comme nous parlons ici de notre belle planète et bien Didier-Marie est un chasseur
00:35et un croqueur de tempêtes et sur l'île de Sein on peut dire qu'il est gâté. Il y a des tempêtes
00:41qui sont des lumières mais extraordinaires, d'autres sont très écrasées, c'est gris, c'est
00:47plat, c'est triste, puis il y en a d'autres qui sont lumineuses, qui sont belles, il n'y en a pas deux pareil.
00:53Fermez les écoutilles car la tempête peut être aussi brutale que soudaine. En tant qu'artiste
01:02même que spectateur, je veux dire la tempête attire, elle est belle. Après il faut toujours
01:09penser aussi à ceux qui sont en mer, les dangers que ça peut représenter. Nous on a la chance d'être
01:15à l'abri, on se sent en sécurité quand on est sur l'île. Je me sens plus en sécurité sur l'île que
01:21quand je suis sur le continent. Au cœur de l'hiver, l'île de Sein compte une centaine d'habitants
01:26environ. Didier-Marie lui a jeté l'encre et posé son chevalet ici il y a plus de 30 ans. Du pain
01:32béni pour l'artiste. Il faut dire qu'un jour de tempête, l'île ressemble à un bateau ivre
01:38balloté de toutes parts par des vagues scélérates. Le 4 février 2014, il s'en souvient bien pour la
01:48première fois, il prend sa caméra et se rend en haut du phare. Alors moi j'ai pris les images
01:53d'ici là sur le balcon, j'avais senti que ça arrivait vraiment bien fort de là. L'hiver est
02:02terrible. Une trentaine de tempêtes en l'espace de trois mois. Ce jour-là, il filme une vague puis
02:09une autre. Cette image là, elle est forte parce qu'on sent cette puissance de la nature qu'on ne
02:27peut pas maîtriser. On ne peut que contempler et subir. Et c'est vrai que toute la côte française
02:34à ce moment-là, en permanence, était assaillie par les tempêtes. Donc chacun s'est un peu senti
02:41concerné. Didier-Marie prend tous les risques. C'est un jour de grandes marées et de tempêtes
02:46de tous les diables. Il me raconte alors qu'il est sur la digue, face au phare, il tient à peine debout.
02:52C'est vrai, on pourrait me reprocher de montrer que des images catastrophiques. Mais c'est un
03:00moyen, en même temps, de communication pour alerter les gens qu'il y a un problème. Si
03:07on ne montre pas des images dites catastrophiques, ça ne leur parle pas. Mais ce problème, on peut
03:16le résoudre. Voilà, c'est une question de volonté. Ici, avec le dérèglement climatique, la météo
03:22règle la vie de chaque habitant. Il ne faut pas non plus se focaliser que sur l'Île-de-Sein. Ailleurs,
03:28c'est pareil. Mais c'est plus spectaculaire ici, c'est vrai. Régulièrement, l'île est submergée
03:35par l'eau de mer. Des épisodes difficiles à vivre parfois, surtout pour Jean-Pierre Kerlock,
03:40qui à l'époque était le maire de l'Île-de-Sein. J'ai toujours dit que l'Île-de-Sein, c'était comme
03:44un diamant. Si le diamant n'est pas sorti, il ne tient pas. Eh bien l'île, c'est pareil. Si l'île
03:49n'est pas protégée par les digues, elle va être immergée par l'eau. Et à ce moment-là, tous les
03:54autres projets que vous avez entamés ne tiendront pas non plus. Chaque année, juste avant l'hiver,
03:58les ouvriers colmatent les brèches. Un travail de scisif. Là, on a l'exemple d'un ouvrage bien
04:04fait. C'est rassurant puisque là, enfin, on a des fondations. Il faut savoir que quand on a construit
04:10les digues sur l'Île-de-Sein, on les a construites sur du sable. Elles n'avaient pas de fondation.
04:15Et c'est la raison pour laquelle, aujourd'hui, avec la mer qui monte et avec des tempêtes qui
04:20sont plus fréquentes, elles résistent moins du fait qu'elles ne sont pas sur des bases solides.
04:28Les digues et l'Île-de-Sein, une vieille histoire. En 1762, le duc des Guyons offre aux habitants la
04:35possibilité de quitter l'île et de s'installer sur le continent. La population refuse en bloc.
04:40Les premiers ouvrages de défense sont alors construits. Ils ceinturent l'île sur près de
04:45deux kilomètres. Vous savez, on est un petit peu comme des bierniques. On est accrochés à notre
04:49île. Il faudrait vraiment qu'on soit envahi par la mer pour qu'on s'en aille. Moi-même, pour rien
04:54au monde, je ne quitterai mon île-de-Sein. Je ne l'envisage même pas. L'île-de-Sein est condamnée
05:00à se protéger des attaques de la mer. Les tableaux et photos de Didier-Marie Lebillan,
05:05qui sont exposés dans son atelier au centre de l'île, rappellent à tous la vulnérabilité de
05:11l'île face au climat qui devient fou. Mais les élus veulent aussi et surtout utiliser les éléments
05:17pour devenir plus résilients. Le vent, pour produire de l'énergie. Cette année, 65% de
05:25l'électricité sera renouvelable avec des éoliennes. Elle est pas belle, la vie ?